Une nouvelle fois, le jeudi 20
octobre, la
rue africaine a été rougie par le sang de ces enfants. Cette fois-ci c’est le
régime fantoche du Tchad qui tire sur les manifestants faisant au moins 70
morts et des centaines de blessés. Ce 20 octobre le peuple Tchadien répondait
massivement à l’appel à manifester de plusieurs partis d’opposition et de
nombreuses associations pour protester contre la décision unilatérale du
président Mahamat Idris Deby Itno de prolonger son
mandat à la tête du pays pour deux ans. Symboliquement la manifestation se
tenait le jour de la fin des 18 mois de transition décrétés par le conseil
militaire après la mort du président Idriss Deby, père de l’actuel président.
Rappelons que le président
actuel du Tchad Mahamat Deby est venu au pouvoir par un coup d’Etat après la
mort de son père dans des conditions non encore élucidée aujourd’hui. Il fut
immédiatement adoubé par Paris qui se déplaça à N’Djamena pour les obsèques de
Deby père. Après avoir aidé Deby père à venir au pouvoir en 1990, après lui
avoir apporté un soutien à toute épreuve pendant trois décennies,
l’impérialisme français aide aujourd’hui son fils à instaurer par la force une
véritable monarchie. Si Macron soutient aussi fortement Déby fils, comme il a
soutenu tout autant Déby père, c’est que le Tchad est un élément essentiel de
la stratégie de l’impérialisme français pour contrôler la région. Outre les
richesses de ce pays, l’enjeu stratégique est central pour Paris et Bruxelles.
Le général De Gaulle résumait comme suit cet enjeu : « Le Tchad
est au cœur de l’Afrique ; celle-ci se trouve en pleine gestation : le destin
de ce continent pèse lourd dans celui du monde. Or vous êtes le chef d’un Etat
dont le nord de son territoire est une part du Sahara, dont le centre penche à
la fois vers le Nil et vers le Niger, et dont le Sud touche aux régions qui
descendent vers le Congo. » C’est ce qui explique que le Tchad est le
pays d’Afrique qui a connu le plus d’interventions militaires françaises depuis
l’indépendance. Après l’opération appelée « Limousin » entre 1969 et 1972, ce
fut le tour de l’opération nommée « Tacaud » de 1978 à 1980, puis de
l’opération dite « Manta » de 1983 à 1984 », puis de l’opération intitulée «
Epervier » de 1986 à 2014 et enfin de « Barkhane » depuis.
C’est ce qui explique la
logique du « deux poids deux mesures » à l’endroit des coups d’Etat
de la région. Alors que le gouvernement français a tout fait pour exiger des
sanctions scandaleuses et meurtrières contre le coup d’Etat au Mali pourtant
soutenu par la très grande majorité du peuple malien, il adoube le coup d’Etat
de Déby fils pourtant rejeté par la grande majorité du peuple tchadien. Bien
sur aucune sanction n’est exigée pour ce bon élève de la Françafrique et de
l’Eurafrique.
Le soutien par Paris et
Bruxelles à Mahamat Déby, le massacreur est sans faille au moment où
l’impérialisme français rencontre de plus en plus de difficulté au Sahel. La
Françafrique et l’Eurafrique y sont en effet confrontées à un progrès important
de la conscience politique anticoloniale se traduisant par le retrait des
troupes de Barkhane imposé par le peuple malien d’une part et des
manifestations populaires du Burkina au Niger en passant par le Bénin ou le
Niger pour exiger ce même retrait d’autre part.
Dans ce contexte l’intérêt
des travailleurs français est de soutenir totalement les peuples africains en
lutte pour leur souveraineté et contre le néocolonialisme français et européen.
Les travailleurs français et les peuples africains ont le même ennemi : la
bourgeoisie française et européenne. Ce sont elles qui sont responsables de la
paupérisation ici et de la guerre là-bas avec comme seule motivation la défense
de leurs profits.
« Un peuple qui en
opprime un autre, ne saurait être libre » Karl Marx