Le
préfet du Nord a promulgué vendredi 28 juillet un
arrêté d’expulsion contre l’imam Hassan
Iquioussen. Le jour même le ministre de l’intérieur
Gérald Darmanin présente à la presse les motifs
de cette décision : « Ce
prédicateur
tient depuis des années un discours haineux à
l’encontre des valeurs de la France, contraire à nos
principes de laïcité et d’égalité
entre les femmes et les hommes. Il sera expulsé du territoire
français. » Quatre jours après le même
Darmanin se fait applaudir à l’assemblée par les
89 députés du Rassemblement National dévoilant
ainsi les véritables objectifs de l’opération de
communication et de la mise en scène médiatique de
Macron par l’intermédiaire de son ministre de
l’intérieur : résoudre sa crise de
légitimité et ses difficultés liées à
l’absence de majorité absolue à l’assemblée
nationale en proposant au Rassemblement National les bases d’un
consensus [sécuritaire, anti-immigré, islamophobe,
etc.]. Les travailleurs n’ont rien à gagner à ce
type de consensus qui ne peut que diviser encore plus notre classe,
faire diversion sur nos véritables problèmes et
diffuser le venin du racisme en général et de
l’islamophobie en particulier. Ils ont au contraire, beaucoup à
perdre, car cette expulsion signifie un pas de plus dans la
destruction de nos droits démocratiques qui va de pair avec
celle de nos conquis sociaux.
Une
décision scandaleuse
Hassan
Iquioussen est en effet né en France, est père de 5
enfants et de quinze petits enfants et dispose d’un titre de
séjour de 10 ans. Jusqu’à une époque
récente il était en raison de ces caractéristiques
inexpulsable, la loi française stipulant l’in-expulsabilité
des étrangers arrivés en France avant l’âge
de 13 ans et à fortiori de ceux qui y sont nés et qui
ont toute leur histoire et leur famille dans l’hexagone. Cela
ne voulait pas dire que ces personnes bénéficiaient
d’une impunité en cas de délit mais simplement
que ceux-ci devaient être jugés dans l’hexagone et
les peines prononcées exécutées en France. Ce
sont les récentes lois « sur le séparatisme »
et « Asile immigration » [que le rassemblement
communiste avait déjà dénoncée comme
liberticide] qui rendent possible légalement une expulsion qui
divise une famille. Mais le scandale ne s’arrête pas à
là. Ces lois et cette première mise en application
transfèrent à l’administration un pouvoir nouveau
sans passage par la case de la justice. Elles s’inscrivent
ainsi dans le processus de dérégulation généralisée
que veut instaurer le capitalisme mondialisé [destruction du
droit du travail, remise en cause du pouvoir des prud’hommes,
etc.]. Enfin cette expulsion est un cadeau de mariage à
l’extrême-droite qui en annonce d’autres. Déjà
Darmanin annonce son intention d’un nouveau projet de loi à
la rentrée visant à lever les obstacles à
l’expulsion et en particulier la fameuse clause
d’in-expulsabilité pour les étrangers entrés
en France avant 13 ans. Une nouvelle fois il s’agit de
canaliser la colère sociale grandissante vers des cibles
bidon, de détourner l’opinion publique populaire vers de
faux débats.
Les
intérêts de notre classe
Nous
ne partageons, bien entendu, pas les opinions et points de vue de cet
imam. Notre programme communiste est même à l’antipode
de plusieurs de ceux-ci. La question n’est pas là. Ce
que nous défendons ce sont nos droits démocratiques. Ce
que nous refusons c’est l’instrumentalisation des luttes
contre l’antisémitisme et le sexisme d’une part et
de la laïcité d’autre part à des fins
racistes et islamophobes. Rappelons que la banalisation de ce type de
mesure ces dernières années [dissolution du CCIF, du
CRI, du comté Palestine vaincra, du comité action
Palestine, etc.] a été de pair avec la montée
des atteintes à nos droits syndicaux, avec l’intensification
de la répression antisyndicale et avec des violences
policières contre nos manifestations grandissantes. Toutes ces
attaques s’inscrivent dans le même processus de
fascisation promu par les nantis en prévision des explosions
populaires prévisibles du fait de l’ampleur de la
régression sociale que nous subissons.
Se
taire c’est être complice
Cette
mesure scandaleuse n’a suscité que peu de réaction
de condamnation [comme pour la loi sur le séparatisme] par
peur d’être accusé d’« islamogauchisme
» et de complaisance avec des « islamistes ».
Une telle situation ne peut que renforcer le processus de
fascisation. Rappelons qu’une des leçons de l’histoire
du mouvement ouvrier est que les droits ne se divisent pas. A chaque
fois que nous avons toléré une atteinte aux droits pour
certains celle-ci s’est généralisée à
tous ensuite. Comme le disait le pasteur Martin Niemöller pour
la seconde guerre mondiale :
«
Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai
rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand
ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai
rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand
ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je
n’étais pas syndicaliste.
Quand
ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour
protester. »
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