Beaucoup
de gens se sont réveillés ce 24 février 2022
dans l’incompréhension la plus totale en découvrant
l’entrée en guerre de la Russie. Il est vrai que les
questions internationales ne sont pas toujours le premier sujet de
préoccupation quand il faut faire bouillir la marmite et
veiller à boucler les fins de mois, et que ce ne sont pas les
questions les plus simples. Il est vrai aussi que nous sommes
abreuvés de médias qui ont vite faits de résumer
les évènements en quelques phrases
simplistes : « Poutine est un « dictateur
brutal », « tyran fou » avide de
conquêtes et de bombardements, contre la démocratie
ukrainienne et, bientôt, contre « l’Europe de
la paix » ; les forces de l’OTAN sont garantes
de notre démocratie ».
Plus
personne n’a le droit au doute désormais face à
ce récit officiel. Une seule pensée a le droit de
citer, notamment dans les médias, et les champions de la
« liberté d'expression » qui nous
gouvernent en viennent même à interdire désormais
RT France et Sputnik, les chaînes russes d'information….
alors que jamais dans des conflits passés la chaîne CNN
des Etats-Unis aurait été inquiétée par
exemple.
Le
parti pris anti-russe est tel que l’arme du boycott en matière
culturelle et sportive (exclusion par exemple de la Russie de la
Coupe du Monde de Football) devient subitement acceptable….
alors que le boycott est régulièrement dénoncé
voire judiciairement condamné en France quand il concerne
Israël, Etat ayant pourtant été de
multiples fois condamné par l’ONU pour son occupation
des terres palestiniennes.
Évidemment,
pour en arriver à un tel consensus « anti-Poutine »,
il faut cumuler des années de propagande anti-russe et
l’occultation totale du contexte géopolitique
aujourd’hui. Or si l’on veut arriver à
trouver une issue à la guerre, il faut éviter de foncer
tête baissée dans la surenchère émotionnelle
et guerrière et réfléchir aux causes
profondes : la paix viendra d’une
résolution des problèmes existants, pas de leur
négation.
Le
contexte, le voici :
-
Les occidentaux sont engagés depuis 30 ans dans l’encerclement
militaire direct de la Russie, contrairement aux engagements pris
devant l’URSS, au moment de la réunification allemande
en 1990, de ne pas étendre l’OTAN vers l’Est. Non
seulement, l’OTAN depuis s’est rapprochée des
frontières de la Russie, non seulement l’Ukraine a été
poussée par les Etats-Unis afin qu’elle demande à
intégrer l’OTAN, mais la menace d’installation de
missiles balistiques, voire de missiles hypersoniques pouvant
atteindre Moscou en 5mn à partir de l’Ukraine, était
réelle depuis que les Etats-Unis s’étaient
retirés en août 2019 du Traité sur les forces
nucléaires à portée intermédiaire (traité
FNI datant de 1987).
-
Les gouvernements impérialistes européens et US sont
les champions toutes catégories de la violation du « Droit
International » et en particulier du respect des
frontières qui est mis en avant dans la crise actuelle. En
1999, l’OTAN a bombardé Belgrade, capitale de la Serbie,
pendant 78 jours…. première attaque de l’OTAN
hors de son territoire depuis la fin de la 2ème Guerre
Mondiale. Tout cela au « secours » de la
province albanophone du Kosovo, qui était une partie de la
Serbie, et qui aujourd’hui a proclamé son
« indépendance » (reconnue par nombre de
pays occidentaux dont les USA et la France).
-
Le régime ukrainien est issu d’un coup d’Etat
orchestré par les USA en 2014, dans le cadre d’une
« révolution colorée », qui a
conduit au renversement du Président élu Ianoukovitch
qui était jugé trop pro-russe. Les milices fascistes
néo-nazies (Pravy Sektor, bataillon Azov, parti Svoboda), qui
étaient la force motrice de cette « révolution »,
ont à leur actif la mort de centaines d’ukrainiens
russophones, en particulier à l’Est du pays, ou à
Odessa où périrent 42 personnes dans la Maison des
Syndicats incendiée le 2 mai 2014 (les responsables, connus,
n’ont jamais été inquiétés).
Le
gouvernement ukrainien, où siégea plusieurs ministres
néo-nazis, laisse se répandre les hommages au criminel
collaborateur de l’Allemagne nazie Stepan Bandera (qui a une
statue en plein centre de Lviv, la grande ville de l’ouest
ukrainien), a remplacé dès 2014 le « Jour du
défenseur de la patrie » (fête de tradition
soviétique) par la date de commémoration de la
fondation de l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne,
qui combattait en 1942 aux côtés des nazis), et
pourchasse les communistes (le Parti communiste a été
interdit de se présenter aux élections). Encore tout
récemment, le 17 décembre 2021, l’Assemblée
Générale de l’ONU votait à une écrasante
majorité une résolution de « lutte contre la
glorification du nazisme et du néo-nazisme » avec
seulement les votes Contre…. de l’Ukraine et des USA
(les Etats européens s’abstenant).
-
Le gouvernement nationaliste ukrainien et ses paramilitaires
fascistes harcèlent et bombardent les populations
russophones du Donbass qui, depuis 2014, réclament leur droit
à l’auto-détermination et ont proclamé
deux « républiques » autonomes (Donetsk
et Lougansk) par refus de « l’ukrainisation »
nationaliste. Qui parle aujourd’hui chez nous de cette
véritable guerre qui dure depuis 8 ans contre ces deux régions
dites sécessionnistes ? 14 000 morts, dont plus de 2
600 civils et 5 500 blessés par les frappes massives de
l’armée ukrainienne, plus de 2200 infrastructures
civiles détruites, des centaines de milliers de russophones
exilés vers la Russie voisine. Quelle presse digne de ce
nom est allée enquêter sur place ?
-
Les accords de Minsk en 2014, proposés par la
Russie, signés par le régime ukrainien
sous les auspices de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité
et la Coopération en Europe) fixaient des droits
politiques et des garanties de sécurité pour les
populations russophones du Donbass : ils prévoyaient une
décentralisation des pouvoirs en Ukraine avec une autonomie
locale pour les régions de Donetsk et Lougansk. Encouragé
par l’impérialisme occidental, le gouvernement ukrainien
n’a jamais appliqué ces accords et a au contraire
aggravé la guerre à l’Est et les provocations
anti-russes,
Pour
un véritable mouvement anti-guerre !
Un
véritable mouvement anti-guerre doit se forger par
l’expérience bien comprise des manipulations
impérialistes sur « l’opinion publique »
depuis des décennies. Il doit comprendre que la guerre à
laquelle nous voulons nous opposer n’a pas commencé en
2022 mais en 2014 avec le putsch eurofasciste ukrainien et la chasse
aux sorcières antirusse qu’il a lancées,
piétinant les accords de Minsk et autres fausses promesses de
l’OTAN pour garantir, à l’époque, la
sécurité de la Russie.
Toutes
les guerres récentes de l’OTAN en général
et de l’impérialisme français en particulier, qui
ont pulvérisé les peuples afghan, irakien, yougoslave,
libyen, syrien, yéménite, du Sahel africain, ont été
fomentées sur des média-mensonges flagrants ou sur la
négation des contextes ou des faits qui conduisent aux
guerres.
Depuis
la restauration capitaliste consécutive à l’implosion
de l’URSS, la Russie bourgeoise reste confrontée à
l’avancée et à l’encerclement de l’OTAN,
organisme qui aurait dû disparaître pourtant avec la fin
de la guerre froide.
Le
mouvement anti-guerre ne doit pas être dupe du patient travail
de manipulation pour obtenir notre consentement à l’offensive
contre la Russie, pays qui est resté l’une des cibles
principales, avec la Chine aujourd’hui, de la nouvelle guerre
froide que l’impérialisme déploie depuis
l’effondrement de l’Union Soviétique. Car il
s’agit d’extirper toute tentative de faire émerger
un monde multipolaire qui batte en brèche la domination de
l’impérialisme occidental. La bataille d’Ukraine
doit ainsi être replacée dans ce contexte général
d’une véritable guerre d’encerclement menée
par les Etats-Unis, l’OTAN et l’Union Européenne.
Si
nous voulons vraiment la paix, si nous voulons vraiment un cessez-le
feu et que cette bataille d’Ukraine que nous ne pouvons que
déplorer soit stoppée, il faut donc mettre fin à
cette guerre d’encerclement ! C’est
tout l’enjeu des négociations qui ont commencé
entre la Russie et l’Ukraine et qui doivent se poursuivre. Il
est simplement dommage d’en être arrivé là
aujourd’hui, alors que depuis des mois et des années la
Russie tire la sonnette d’alarme !
Ne
cédons pas à la peur et aux discours
catastrophistes sur
la « menace nucléaire » russe. Dès
le jeudi 24 février, Le Drian, ministre des affaires
étrangères, clamait : « Je
pense que Vladimir Poutine doit aussi comprendre que l’Alliance
atlantique est une alliance nucléaire ».
On ne s’étonnera pas dès lors que la Russie ait
« mis en alerte » sa « force
de dissuasion ».
Y
répondre par l’envoi de militaires, notamment français,
dans les pays frontaliers de la Russie et par des livraisons d’armes
à l’Ukraine n’est qu’ajouter de l’huile
sur le feu !
Aujourd’hui
autant qu’hier, nous exigeons que la France -
l’un des pays clés du front impérialiste US-UE
qui prépare, et nous prépare, à toutes les
guerres - sorte de l’OTAN, condition sine
qua non de notre souveraineté et de la paix.
Les
va t’en guerre hypocrites Macron
(avec son récent théâtre « diplomatique »
fait de provocations, de mépris anti-russe et de servilité
pro-US), BHL, Jadot, Hidalgo, Taubira et autres prétendants à
la présidence de la République, sont
de dangereux agents du front impérialiste fauteur de guerre
mondiale, qu’il faut chasser par les urnes en même temps
que les nostalgiques du nazisme, Le Pen et Zemmour,
analogues français des paramilitaires ukrainiens qui
travaillent depuis 2014 à la « dérussification »
de l’Ukraine et bombardent copieusement le Donbass insoumis.
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