Une
nouvelle fois les États-Unis, qui voient leur hégémonie
mondiale remise en cause partout sur la planète, tentent de la
réimposer par la force d’une logique de guerre. Après 30
ans d’extension de l’UE et de l’OTAN vers les
frontières de la Russie, la stratégie états-unienne
vise à amener l’allié européen à
entrer dans une confrontation frontale avec la Russie, alors qu’un
pays comme l’Allemagne n’y a pas intérêt en
raison de son approvisionnement en gaz. Pour cela, il
fallait camoufler le contexte historique du conflit
en cours en Ukraine pour présenter la
Russie comme puissance agressive. C’est ce scénario
que les Etats-Unis déploient depuis plusieurs semaines et que
les médias dominants diffusent à longueur de journées
dans nos chaumières.
L'importance du contexte
historique
Ne
pas resituer un conflit dans son contexte, c’est se
condamner à ne pas comprendre les enjeux qu’il véhicule
et les intérêts qu’il met en opposition. Qu'est-ce
qui explique ainsi l'apparition des républiques russophones de
Donetsk et de Lougansk ?
Il
faut rappeler que les populations russophones des régions de
l'Est de l'Ukraine vivaient autrefois dans un seul et même
pays que leurs voisins russes : l'URSS. L'éclatement
nationaliste de l'URSS a conduit ces populations à se
retrouver dans un statut de « minorité nationale »
au sein de l'Ukraine indépendante. Tant que celle-ci
respectait plus ou moins ses minorités, cette situation était
tenable, mais en 2014, une pseudo « révolution » à
Kiev, soutenue par l’ensemble des pays occidentaux, a
mis au pouvoir des forces ultranationalistes. Cette pseudo
« révolution » a été
marquée ainsi par la présence active de
nombreuses forces se réclamant ouvertement du
fascisme et par un déploiement du discours raciste contre les
Russes ou russophones d’Ukraine. Le nouveau gouvernement issu
de ce coup d’état comporte par exemple en 2014
quatre ministres du parti Svoboda, un parti se revendiquant de Stépan
Bandera un leader fasciste ukrainien ayant combattu l’URSS avec
les troupes nazies lors de la seconde guerre mondiale. Ce
parti s’appelait d’ailleurs jusqu’en 2004 « parti
national-socialiste ». La fascisation de l’appareil
d’état est illustrée par l’intégration
à la garde nationale ukrainienne du régiment Azov,
coupable de nombreuses exactions et dirigé par Andriy Biletsky
homme politique d’extrême droite.
Le
nouveau pouvoir a abrogé en 2014 la loi
sur les langues régionales qui protégeait les langues
minoritaires (russe essentiellement, mais aussi roumain,
hongrois). Le statut de langue officielle de ces langues dans les
régions où ces minorités sont fortement
représentées, principe datant de l'URSS, est
alors abrogé. C’est cette politique d’oppression
nationale qui conduit à la proclamation des républiques
de Donetsk et de Lougansk à l'Est de l'Ukraine après
un référendum d’autodétermination en mai
2014.
La
Russie, puissance « agressive » ?
Le
nouveau pouvoir installé en Ukraine à partir de
2014 est bien sûr pro-états-unien, ce qui se
traduit par des livraisons massives d’armes et d’aide
financière à ce pays. Le contexte historique est aussi,
ainsi, celui d’un encerclement grandissant de la Russie par les
troupes de l’OTAN qui cherche à intégrer
l’Ukraine fascisante. Il suffit de lire la liste des pays
membres de l’OTAN pour se rendre compte de l’encerclement
militaire terrestre, aérien et naval de la Russie.
Aujourd'hui, depuis
des semaines le gouvernement états-unien annonce l’imminence
d’une invasion de l’Ukraine par l’armée
russe. Il s'agit, à longueur d'antenne, de diffuser
la peur d’une guerre de la « grande Russie »
contre la « petite Ukraine », des méchants
russes contre les gentils ukrainiens et les gentils occidentaux, de
Goliath contre David. Comme d’habitude la plupart des
grands médias ont alimenté cette politique de la peur
et de la diabolisation visant à justifier au pire une entrée
en guerre de l’OTAN et aux mieux la poursuite de l’extension
de cette alliance militaire dans la région avec en particulier
l’entrée souhaitée et préparée de
l’Ukraine dans cette alliance. Que l’Etat russe veuille
stopper cette logique d’encerclement militaire grandissant est
une évidence. Qu’il vise, en faisant une démonstration
de ces forces militaires aux frontières ukrainiennes, à
souligner ses capacités de riposte en cas de nouvelle
agression, est logique. Derrière l’agresseur désigné
se cache ainsi l’agresseur réel, celui qui a intérêt
à la logique de la tension et de la guerre, celui qui a
menti pour attaquer l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la
Syrie. Humilié en Afghanistan après une guerre de vingt
ans et freiné dans plusieurs conflits [Afrique, Syrie,
Georgie, etc.] par l’alliance grandissante de la Chine et
de la Russie, les Etats-Unis ont un intérêt immédiat
à chercher à entraîner la Russie pour l’embourber
dans un conflit local.
De
la provocation, à la guerre ?
Depuis
plusieurs jours, l’armée ukrainienne a lancé des
attaques et bombardements contre les infrastructures électriques
de Gorlovka dans le Donbass, contre le gazoduc vers Lougansk,
sur l’aéroport de Donetsk en violation du cessez-le-feu
en vigueur depuis juillet 2020. Des dizaines de milliers d’habitants
russophones de ces deux républiques ont fui vers la
Russie voisine et en particulier vers la ville de Rostov
sur le Don qui n’est qu’à une vingtaine de
kilomètres de la frontière. Le gouvernement ukrainien
tente ainsi, avec l’appui des Etats-Unis, de vider de leurs
habitants ces républiques afin de régler une question
qu’il n’a pas pu trancher militairement et
diplomatiquement. Bien sûr ces agressions sont
présentées par le gouvernement ukrainien comme étant
le fait d’actes de sabotage des « séparatistes
russes ». L’ampleur des dégâts, les
endroits où se situent les destructions, le nombre de réfugiés
russophones, le caractère stratégique des cibles pour
les deux républiques russophones (infrastructure électriques,
gazières et aéroportuaire), démentent cette
version officielle ukrainienne (propagande fasciste relayée
massivement ici par nos médias). C’est dans ce contexte
qu’il faut situer la décision russe de reconnaître
officiellement ces deux républiques et de signer avec elles
des « accords d’entraide » d’une
durée de 10 ans prévoyant la présence d’« unités
militaires russes nécessaires au maintien de la paix dans la
région et d'assurer une sécurité durable ».
La
réaction occidentale est sans surprise l’annonce de
nouvelles sanctions contre la Russie et de nouvelles menaces
guerrières. L’Union Européenne impérialiste et le
pouvoir bourgeois de France vont bien sûr dans la même
direction. Rappelons que des avions de guerre français et
de l’OTAN ont été récemment reconduits par
l’aviation russe après avoir franchi l’espace
aérien de la Russie. Face à ces nouvelles menaces
de guerre, les peuples ont un intérêt immédiat à
développer un véritable mouvement de la paix capable de
faire pression sur leur gouvernement. Dans l’immédiat,
le peuple français a intérêt à répondre
fermement aux fauteurs de guerre : Pas
une arme, pas un soldat français en Ukraine !
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