Aux
quatre coins du monde, les téléspectateurs ont assisté
médusés à un spectacle révélateur
de la décadence de l’impérialisme hégémonique
US : l’invasion du Capitole par des supporters fascistes
de Trump pour contester les résultats de l’élection
présidentielle donnant Biden vainqueur.
C’est
sans doute l’un des avatars les plus significatifs de la crise
actuelle du capitalisme impérialiste, incapable de gérer
sérieusement une crise sanitaire historique. Le
« libéralisme » capitaliste est à
terre; face aux rescapés du camp socialiste
dont la Chine vainqueur du COVID19, les pénuries (tests,
masques, puis aujourd’hui vaccins) s’accumulent à
l’Ouest. Ils sont devenus la caricature qu’ils
avaient scandaleusement placardé sur le camp ennemi de
« l’Est » ! Il est certain que si
ce camp existait encore, il aurait, comme la Chine, Cuba ou encore le
Vietnam aujourd’hui, vaincu haut la main la pandémie. Toutes
les « certitudes » des dominateurs sont
ébranlées et le désarroi se manifeste sous des
formes diverses et inquiétantes. La « plus grande
démocratie du monde » n’est donc pas exempte
des signes de retour des vieux démons… et tout le monde
a bien mesuré le sens profond d’un tel défilé
de drapeaux sudistes, de pancartes ségrégationnistes et
« suprématistes blancs » dans les
couloirs du Parlement US.
Dans
les pays opprimés par l’impérialisme, à
commencer par ceux de l’Amérique du Sud qui tentent
depuis des décennies de résister aux coups d’Etat
fomentés par Washington, l'affaire de l'intrusion dans le
Capitole, c'est l’arroseur arrosé :
l’oppresseur vacille, et ce n’est pas bon signe dans un
premier temps, tant la bête enragée peut se montrer plus
agressive en sentant sa fin approcher. La démocratie
aujourd’hui, c’est surtout en Amérique du Sud
qu’elle se manifeste, contre les USA prédateurs, avec le
retour du MAS chassant les putschistes fascistes pro-US aux dernières
élections boliviennes, le référendum
chilien, l'élection législative et la lutte
contre les agitateurs fascistes au Vénézuela…
En
Europe, cette intrusion dans un parlement fait aussi écho :
face à l’ampleur des mouvements de lutte ces dernières
années et les conséquences dévastatrices de la
gestion de la crise sanitaire comparables à celles des USA,
les vieux démons peuvent aussi ressurgir. Ils s’y
manifestent de plus en plus souvent, par des regains de popularité
des partis et organisations fascistes (le plus souvent avec des
connivences trumpistes d’ailleurs comme en Italie avec la
Ligue du Nord ou en France avec le RN).
Nous
assistons à des connivences à peine dissimulées
de l’appareil d’Etat avec les fascistes : la
rencontre récente par exemple, normalement secrète,
entre Bruno Roger Petit, conseiller de Macron, et Marion Maréchal
Le Pen, a choqué l’opinion jusque dans les rangs de la
droite « classique ». De façon plus
générale, la « normalisation »
dans le champ politique des partis fascistes voire des gouvernements
fascisants (Hongrie, Pologne, etc.) est aujourd’hui
évidente, et pour cause : les politiques dites
« ultralibérales » (comme celle de
Macron) développent de plus en plus franchement des tendances
répressives « d’extrême droite » :
loi sur les « séparatismes », loi
sur « la sécurité globale », fichages,
répression policière décomplexée dans les
quartiers populaires et contre les mouvements sociaux, les
manifestations… Ces tendances liberticides, inenvisageables
il y a seulement quelques dizaines d’années, sont
maintenant bien ancrées parallèlement à la
continuation de la criminalisation du communisme. Les militants
qui ont, il y a quelques mois en France, manifesté dans le
sillage du mouvement antiraciste Black Lives Matter devant les
statues coloniales peuplant l’espace public, ont encore en
mémoire la bienveillance réciproque des bandes de
provocateurs néonazis et des CRS, « protégeant »
les statues au coude à coude… C’est visiblement
la même bienveillance policière qui a permis aux
manifestants fascistes d’entrer dans le Capitole avec
relativement peu de difficultés… Des manifestants
progressistes et « multicolores » auraient-ils
profité d’une telle bienveillance ?
Dans
la lutte de classe à l’échelle internationale,
qui se divise en deux camps, travailleurs et peuples opprimés
d’un côté, bourgeoisies impérialistes de
l’autre, c’est désormais le premier, pourtant
systématiquement diabolisé par la presse dominante, qui
incarne pleinement la démocratie, pendant que l’autre se
démasque dans le clair-obscur d’une décadence pouvant
déboucher sur le pire… ou le meilleur. Il ne
s’agit donc pas de s’amuser des accoutrements des
manifestants qui ont pénétré le Capitole :
ils sont les marionnettes manipulées d’un pouvoir de
classe aux abois. Le film « Le dictateur »
de Charlie Chaplin (1940) l’illustrait formidablement :
les premières milices fascistes, les chemises brunes, les SA
n’étaient pas moins ridicules ou moins burlesques, mais
tout aussi inquiétantes.
La
fascisation croissante du système capitaliste et la
compétition entre partis libéraux (ou « sociaux »-
libéraux) et forces fascistes ou semi-fascistes qui sont à
la fois faire-valoir et éventuelles roues de secours des
premiers, nous montre, aux Etats-Unis comme en France, l'état
de putréfaction politique du système de la
dictature de classe dans lequel nous vivons, et la nécessité,
pour en sortir au plus vite, d'ouvrir une alternative populaire.
C'est la tâche à laquelle nous souhaitons contribuer, ce
qui passe par rassembler les forces communistes dispersées et
bâtir un front de résistance antilibéral,
eurocritique, anti-guerre impérialiste et antifasciste.
|