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Imprimer 2021_01_08_capitole.pdf Jan 2021
La "plus grande démocratie du monde" tombe le masque

Invasion du Capitole par des manifestants pro-Trump

Aux quatre coins du monde, les téléspectateurs ont assisté médusés à un spectacle révélateur de la décadence de l’impérialisme hégémonique US : l’invasion du Capitole par des supporters fascistes de Trump pour contester les résultats de l’élection présidentielle donnant Biden vainqueur.

C’est sans doute l’un des avatars les plus significatifs de la crise actuelle du capitalisme impérialiste, incapable de gérer sérieusement une crise sanitaire historique. Le « libéralisme » capitaliste est à terre;  face aux rescapés du camp socialiste dont la Chine vainqueur du COVID19, les pénuries (tests, masques, puis aujourd’hui vaccins) s’accumulent à l’Ouest.  Ils sont devenus la caricature qu’ils avaient scandaleusement placardé sur le camp ennemi de « l’Est »  ! Il est certain que si ce camp existait encore, il aurait, comme la Chine, Cuba ou encore le Vietnam aujourd’hui, vaincu haut la main la pandémie.
Toutes les « certitudes » des dominateurs sont ébranlées et le désarroi se manifeste sous des formes diverses et inquiétantes. La « plus grande démocratie du monde » n’est donc pas exempte des signes de retour des vieux démons… et tout le monde a bien mesuré le sens profond d’un tel défilé de drapeaux sudistes, de pancartes ségrégationnistes et « suprématistes blancs » dans les couloirs du Parlement US.

Dans les pays opprimés par l’impérialisme, à commencer par ceux de l’Amérique du Sud qui tentent depuis des décennies de résister aux coups d’Etat fomentés par Washington, l'affaire de l'intrusion dans le Capitole, c'est l’arroseur arrosé : l’oppresseur vacille, et ce n’est pas bon signe dans un premier temps, tant la bête enragée peut se montrer plus agressive en sentant sa fin approcher. La démocratie aujourd’hui, c’est surtout en Amérique du Sud qu’elle se manifeste, contre les USA prédateurs, avec le retour du MAS chassant les putschistes fascistes pro-US aux dernières élections boliviennes, le référendum chilien, l'élection législative et la lutte contre les agitateurs fascistes au Vénézuela…

En Europe, cette intrusion dans un parlement fait aussi écho : face à l’ampleur des mouvements de lutte ces dernières années et les conséquences dévastatrices de la gestion de la crise sanitaire comparables à celles des USA, les vieux démons peuvent aussi ressurgir. Ils s’y manifestent de plus en plus souvent, par des regains de popularité des partis et organisations fascistes (le plus souvent avec des connivences trumpistes d’ailleurs comme en Italie avec la Ligue du Nord ou en France avec le RN).

Nous assistons à des connivences à peine dissimulées de l’appareil d’Etat avec les fascistes : la rencontre récente par exemple, normalement secrète, entre Bruno Roger Petit, conseiller de Macron, et Marion Maréchal Le Pen, a choqué l’opinion jusque dans les rangs de la droite « classique ». De façon plus générale, la « normalisation » dans le champ politique des partis fascistes voire des gouvernements fascisants (Hongrie, Pologne, etc.) est aujourd’hui évidente, et pour cause : les politiques dites « ultralibérales » (comme celle de Macron) développent de plus en plus franchement des tendances répressives « d’extrême droite » : loi sur les « séparatismes », loi sur « la sécurité globale », fichages, répression policière décomplexée dans les quartiers populaires et contre les mouvements sociaux, les manifestations… Ces tendances liberticides, inenvisageables il y a seulement quelques dizaines d’années, sont maintenant bien ancrées parallèlement à la continuation de la criminalisation du communisme.
Les militants qui ont, il y a quelques mois en France, manifesté dans le sillage du mouvement antiraciste Black Lives Matter devant les statues coloniales peuplant l’espace public, ont encore en mémoire la bienveillance réciproque des bandes de provocateurs néonazis et des CRS, « protégeant » les statues au coude à coude… C’est visiblement la même bienveillance policière qui a permis aux manifestants fascistes d’entrer dans le Capitole avec relativement peu de difficultés… Des manifestants progressistes et « multicolores » auraient-ils profité d’une telle bienveillance ?

Dans la lutte de classe à l’échelle internationale, qui se divise en deux camps, travailleurs et peuples opprimés d’un côté, bourgeoisies impérialistes de l’autre, c’est désormais le premier, pourtant systématiquement diabolisé par la presse dominante, qui incarne pleinement la démocratie, pendant que l’autre se démasque dans le clair-obscur d’une décadence pouvant déboucher sur le pire… ou le meilleur. Il ne s’agit donc pas de s’amuser des accoutrements des manifestants qui ont pénétré le Capitole : ils sont les marionnettes manipulées d’un pouvoir de classe aux abois. Le film « Le dictateur » de Charlie Chaplin (1940) l’illustrait formidablement : les premières milices fascistes, les chemises brunes, les SA n’étaient pas moins ridicules ou moins burlesques, mais tout aussi inquiétantes.

La fascisation croissante du système capitaliste et la compétition entre partis libéraux (ou « sociaux »- libéraux) et forces fascistes ou semi-fascistes qui sont à la fois faire-valoir et éventuelles roues de secours des premiers, nous montre, aux Etats-Unis comme en France, l'état de putréfaction politique du système de la dictature de classe dans lequel nous vivons, et la nécessité, pour en sortir au plus vite, d'ouvrir une alternative populaire. C'est la tâche à laquelle nous souhaitons contribuer, ce qui passe par rassembler les forces communistes dispersées et bâtir un front de résistance antilibéral, eurocritique, anti-guerre impérialiste et antifasciste.



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