La
loi de bioéthique qui vient d'être votée en
deuxième lecture à l'Assemblée Nationale nous
est présentée comme un progrès indiscutable,
centré sur l'ouverture de la PMA (Procréation
Médicalement Assistée) à toutes les femmes même
fertiles.
Cette
loi d'opportunité, dans l'optique macronienne visant à
dresser un camp « progressiste » contre les
« réactionnaire », est présentée
comme permettant à des couples de femmes homosexuelles et
aux femmes célibataires souhaitant un enfant, de satisfaire
éventuellement ce souhait sans les lourdes contraintes
administratives et financières liées aux démarches
de l'adoption (et les méfaits possibles des mafias
pro-impérialistes de l'adoption « internationale »).
Elle aligne la France sur les arrêts de 26 juin 2014 de la
Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), qui ont condamné
la France pour n'avoir pas permis la transcription à l'état
civil français de la filiation d'enfants nés de GPA
faites légalement à l'étranger.
Mais
comme toujours dans les stratégies politiques de
l’ultralibéralisme, « le diable se cache dans
les détails » : Les propositions collatérales
de ce texte sont lourdes de significations sur les objectifs profonds
du capitalisme impérialiste dont Macron est le
représentant politique.
Il
est évident que nous, communistes, progressistes, féministes,
devons prendre en compte les droits nouveaux qui
répondent à des besoins objectifs dont l'état
civil des enfants nés de la GPA à l'étranger en
nous démarquant clairement de la droite et l'extrême
droite fasciste qui s'opposent à cette loi dans un
élan réactionnaire globalement anti-PMA et dans le
sillage fascisant de la « manif pour tous »
(« un enfant doit avoir un père et une mère »,
etc.).
Pour
autant, il ne faut pas être dupe des objectifs réels du
capital : Dans les pays impérialistes les plus
ultralibéraux, comme les USA, la marchandisation des
grossesses et des enfants est déjà un fait. Nous savons
que le capitalisme impérialiste français suit le
même chemin.
La
maternité est la différence biologique majeure entre
l'homme et la femme. Le patriarcat a opprimé les femmes
pendant des siècles : Au nom de cette différence,
le féodalisme a enfermé les femmes au foyer, puis le
capitalisme en a fait une main d’œuvre sous-payée
puisque « moins productive ». Le féminisme
bourgeois, dont la principale fonction est de service
le capitalisme en divisant sexuellement le mouvement ouvrier et
populaire, a déformé la revendication juste
de l'égalité homme-femme, mais en niant les
raisons objectives pour lesquelles elles sont moins payées (le
coût de l'absence réelle ou supposée pour cause
de maternité) jusqu'à considérer que la
maternité même est un « fardeau »
pour les femmes qui veulent s'en « libérer ».
[1]
Le
mode de production capitaliste repose son exploitation sur
l'extraction de la plus-value en instituant l'inégalité
homme et femme et entre les nations. Dans cette perspective, le
capital n'a de cesse de réduire la maternité à
sa plus simple expression, en transformant le corps des femmes en un
simple réceptacle passif pour la reproduction, en réduisant
ou en supprimant les congés maternité, en développant,
par exemple, le marché ultra-lucratif du lait de vache pour
nourrissons tout en dressant toutes sortes d'obstacles à
l'allaitement maternel le plus longtemps possible, etc. [2]
Dans
une France et un monde où règne en maître absolu
le capital exploiteur et spoliateur, la GPA ne peut pas ne pas
devenir le prolongement de cette oppression capitaliste et de
violence patriarcale contre les femmes. Le patriarcat et le
capitalisme enlève ici à la femme sa liberté de
se réapproprier réellement son corps (liberté
qui n'est pas rappelons-le une « obligation de
procréer »). « La liberté »
et le « consentement » (« pourquoi
interdire la GPA si la mère porteuse est d’accord ? »)
souvent prônés par les féministes bourgeoises
sont deux notions que les communistes doivent examiner sous l'angle
de l'analyse de classe de la société, voire de la
mondialisation capitaliste et de la lutte des classes. [3]
La
GPA ouvre ainsi la voie à une atteinte aux Droits des
femmes, mais aussi une atteinte aux Droits de l'enfant, et cette
atteinte n'est pas celle que la droite et l'extrême droite
fasciste pointent du doigt : Il ne s'agit pas
d'affirmer que tout enfant doit avoir un père et une mère,
mais de prendre en compte le lien mère enfant qui a
commencé pendant la grossesse. Contrairement à la GPA,
la PMA n'implique pas la séparation du nouveau-né avec
sa mère biologique qui l'a porté neuf mois durant.
L'enfant
a des besoins physiologiques et psychologiques qu'on ne saurait nier.
De ce point de vue, le capitalisme en général et
le libéralisme en particulier mettront le droit
individualiste « d'avoir un enfant » au-dessus
du droit de l'enfant à avoir des parents. L'ONU est clair à
ce sujet : « l'essentiel des conventions de GPA
pratiquées y compris dans les pays dits développés
ne sont rien d'autre que de la vente d'enfants, quels que soient les
artifices juridiques employés. » (Rapport sur la
vente et l'exploitation sexuelle des enfants).
On
ne peut comparer une pouponnière qui accueille des enfants
souffrant déjà d'un abandon et qu'il s'agit de rendre
heureux avec de nouveaux parents à l’odieuse maffia dite
« Arche de Zoé » sous la férule
d’amis de Sarkozy qui arrachait des nouveaux nés à
des mamans nécessiteuses. De même on ne peut comparer la
PMA qui permet à de nombreux parents d'avoir un enfant même
en cas d’infertilité (ou l’adoption par de couples
homosexuels hommes) à la GPA qui ne peut servir
majoritairement que la marchandisation dans les conditions de la
mondialisation capitaliste actuelle.
L'objectif
de Macron est d'instrumentaliser l'autorisation de la PMA pour toutes
les femmes même fertiles comme première étape
vers la légalisation anti-démocratique sans débat
sérieux de la GPA. Un véritable loi de bioéthique
doit être adossée à d’autres
revendications, féministes, mettant la maternité à
l’honneur contre les intérêts du patronat :
Congés maternité d'un an (comme c'était le cas
dans le camps socialiste au vingtième siècle) payés
à 100% par le patron (ce qui n'empêche en rien
l'existence du congé paternité !), aides gratuites
à l'allaitement, formation de professionnels de santé
spécialisés dans l'accouchement naturel (contre les
accouchements à la chaîne par césarienne qui
font la triste réputation du Brésil actuellement),
développement de crèches spacieuses sur les lieux de
travail, etc.
La ré-humanisation
de l'accouchement et de la maternité, était,
rappelons-le, un des axe principaux du combat militant des
féministes de la CGT jusqu'aux années 70 pour l'égalité
salariale et la lutte contre le patriarcat.
Pour
reconstruire un véritable mouvement féministe de
classe, il est indispensable aujourd'hui de se réapproprier
ces questions et ces revendications avec dialectique pour reprendre
l’offensive. L'utérus n'est pas un moyen de production
capitaliste ! Porter la vie n'est pas une valeur d’échange !
Le
capitalisme à son stade suprême l'impérialisme
produit inévitablement l'exploitation, l'inégalité
et l'oppression des peuples que la loi bioéthique de Macron,
le GPA des USA et autres États impérialistes ne feront
qu'aggraver. Changeons par la révolution la société
pour que de telles lois soient vraiment au service de l'égalité
des peuples et de l'humanité.
[1]
Ce type de féminisme est dès lors totalement compatible
avec la possibilité « d’externaliser »
la procréation par GPA, en oubliant que les mères
porteuses, même « rémunérées »
seront des femmes exploitées.
[2]
La recherche scientifique a rendu incontestable la supériorité
biologique du lait maternel sur les laits de vache dits
« maternisés ». L’OMS recommande
un allaitement maternel jusqu’à deux ans voire plus pour
satisfaire tous les besoins biologiques de l’enfant.
[3]
Dans les « usines à enfants » d’Inde
où des femmes accouchent pour autrui à la chaîne
pour satisfaire le « marché » de
l’enfant de la bourgeoisie des USA, les plus cyniques des
« féministes bourgeoises » pourront
affirmer que ces « travailleuses » sont
consentantes puisqu’elles louent leur utérus pour de
l’argent…
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