Comment redorer le
blason d’un gouvernement qui a reprimé impitoyablement
et parfois dans le sang toutes les luttes sociales, des Gilets Jaunes
au mouvement contre la destruction de nos retraites en passant par
les grandes manifestations antiracistes et contre les violences
policières ? Comment redorer le blason d’un
gouvernement qui s’est tragiquement ridiculisé aux yeux
du monde par l’une des gestions les plus calamiteuses lors de
la crise sanitaire?
Reculs sociaux et
démocratiques sans précédent d’un coté,
multiplication des prises de conscience politique dans notre camp…
sur la calamité du libéralisme capitaliste, sur la
fascisation rampante de l’appareil d’Etat, sur la
supériorité des systèmes économiques
contrôlés par l’Etat (Chine, Cuba, etc.) lors de
la pandémie…
Que reste t-il à
la macronie pour tenter de restaurer l’autorité et la
légitimité dans un climat qu’on pourrait dire
pré-insurrectionnel, alors que déferle l’une des
pires crise économiques des dernières décennies,
années trente comprises ?… L’ECOLOGIE, bien
sûr !
Evidemment la
« Convention citoyenne pour le climat » est un
piège à triple fond. Si Macron, qui l’a organisé,
le propose à plus ou moins brève échéance
sous la forme d’un référendum, il apparaîtra
comme un « grand démocrate » et un
« protecteur de la nature » tout en
organisant la plus grande diversion possible face à la crise
économique qui s’annonce.
Les « citoyens
élus par tirage au sort » chargés de
proposer ces lois permettront de faire passer un référendum
« pour ou contre Macron », plus que nécessaire
pour lui dans la période, pour un « RIC »
(Référendum d’Initiative Citoyenne, tant
révendiqué par les gilets jaunes l’année
dernière). Pour Macron, premier président de l’histoire
rappelé à l’ordre par l’ONU pour atteinte
aux Droits de l’Homme, la restauration de l’image est
primordiale et urgente.
A l’époque
du référendum sur la Constitution Européenne en
2005, le pouvoir organisait les « pour » et les
« contre », sur la base d’une division à
« gauche » faisant passer tout opposant à
l’impérialisme européen (dont la France est l’une
des têtes pensantes) pour un « nationaliste »
à la limite de la xénophobie. Cette fois, c’est
l’écologie qui fera office de consensus obligatoire,
comme on pouvait le prédire depuis plusieurs années de
propagande intensive « écolo » pour
mettre au pas et faire payer au peuple les excès polluants du
capital.
Cette stratégie
sera évidemment renforcée par l’effet de choc
psychologique lié à la période inédite de
confinement et de nécessité « d’union
nationale » face au péril.
Le réchauffement
climatique est en soi un enjeu martial où on pourra faire
endosser aux « mauvais citoyens » la pleine
responsabilité du problème en rassemblant par ailleurs
les « bons » : Si on suit les
préconisations de la Convention, les « bons
citoyens » sont les habitants des centre-villes utilisant
le vélo ou, à défaut, ceux dont le véhicule
est flambant neuf et connaissent le télétravail…
et les « mauvais », les travailleurs qui
doivent utiliser pour bosser loin de chez eux, sur des chantiers par
exemple (comment télétravailler ?), de vieux
véhicules polluants. Ces derniers seront bien évidemment
réprimés, stigmatisés (interdiction des
centre-villes aux conducteurs marqués d’une vignette
« pollueur »), surtaxés… voire
judiciarisés !
Les taxes carbone ne
seront pas destinées aux patrons pollueurs, dans un système
qui a massivement désindustrialisé, mais au contraire
aux Etats en voie de développement de l’hémisphère
sud, qui seront les cibles faciles et consensuelles du crime
« d’écocide ». Ces Etats pourront,
après avoir été traînés en justice
auprès du Tribunal Pénal International (sic), subir les
justes bombardements de l’impérialisme protecteur du
climat mondial sous les applaudissements de toutes les mouvances
vertes de la recomposition sociale-démocrate !
Evidemment, nous en
avons l’habitude, les verts ne manqueront pas de mettre en
avant les « avancées » progressistes de
ce qui nous sera proposé (voire imposé si le NON
l’emporte ensuite !) par cette Convention :
Renégociation du CETA, funeste accord mercantile entre les
puissances euro-nord-américaines par exemple. Mais nous ne
sommes pas dupes : Le noyau de ces propositions, c’est
évidemment la formation d’un « Haut Conseil »
chargé de surveiller la « durabilité »
des politiques nationales notamment en France. Bref, c’est une
nouvelle attaque, massive et réassaisonnée avec les
concepts à la mode, contre la souveraineté nationale.
C’est faire payer aux travailleurs la crise économique
qui va frapper rapidement les pays impérialistes et ceux qui y
sont asservis. Le tout sous couvert d’écocitoyenneté
et des « bonnes intentions » de dizaines de
« conventionnaires » tirés au sort -mais
eux-mêmes travaillés par des décennies de
propagande du « capitalisme vert », nouveau
visage du capitalisme impérialiste massivement
désindustrialisé-.
Or qu’est-ce
qu’une vraie politique de protection du climat mondial ? A
l’évidence, pour ceux qui refusent le discours
autocentré et chauvin, c’est clairement les Etats du sud
majoritairement néocolonisés, souvent issus du camp
socialiste, qui, comme au moment de la crise sanitaire, peuvent
« nous » donner la leçon : La
Chine, Cuba, et même des Etats comme le Kérala
communiste de la Fédération Indienne, le Vietnam (qui
vient d’interdire le glyphosate)…
C’est
précisément en reforestant (comme les Etats
volontaristes chinois et cubain, reconnus par l’ONU pour ces
politiques), en accomplissant une transition énergétique
sans précédent (la Chine est leader pour TOUTES les
énergies propres à ce jour et de très loin), en
limitant voire en interdisant les pesticides et en développant
l’agroécologie (comme à Cuba), qu’on
réalise une telle protection de l’environnement,
conséquente, et pointant les vrais responsables (le capital,
qui seul en paie les frais, y compris en Chine où pleuvent les
taxes et amendes sur le secteur privé ne respectant pas les
règles).
Il faut d’ailleurs
pousser plus loin l’analyse : dans ces pays du Sud
largement inspirés par des politiques planifiées et
contrôlées par l’Etat comme ce fut le cas dans le
camp socialiste au vingtième siècle, c’est un
regain, et non une limitation de souveraineté nationale qui
est visée (contre la pression de l’agrobusiness
impérialiste et la dépendance énergétique
vis-à-vis des grandes puissances stratégiques) !
Que valent en effet
les recommandations de la Convention, qui ne va guère plus
loin que la timide et hypocrite ambition hulo-macroniste, face au
leader mondial incontesté de l’agroécologie,
Cuba, qui a interdit purement et simplement les pesticides depuis 20
ans ?
Cessons donc ce jeu de
dupe : S’il faut juger la politique ultralibérale
française, y compris en matière d’écologie
(CETA, lobbying des pesticides et de l’agrobuziness, dégâts
environnementaux autant que sociaux imposés par la France à
ses néocolonies, taxe carbone, etc.), c’est sur la base
du bilan des pays authentiquement leaders dans le domaine, que nous
combattrons cette nouvelle mise en cause de nos conquêtes
sociales et démocratiques ! Ils chercheront à
déguiser leur écroulement économique
irresponsable avec le concept criminel de « décroissance ».
Nous défendrons contre eux les acquis de l’écologie
réelle, ceux de l’indépendance nationale, d’une
véritable planification écologique, et de la sauvegarde
de ce que le capital détruit systématiquement et sans
scrupules : Notre environnement !
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