De Minneapolis,
Washington, Londres, Bruxelles, Berlin, Paris et en Australie, des
millions de citoyens crient leur rejet du terrorisme meurtrier
raciste, des crimes policiers racistes, du racisme d'état et
font chuter les statues des esclavagistes et des colonialistes.
Nous écrivions en
septembre 2014 « Alors que Léonard Pelletier,
militant des droits des peuples amérindiens est en prison
depuis 38 ans, et que Mumia Abu Jamal est maintenu en
prison après avoir été longtemps dans le
"couloir de la mort", voilà que depuis juillet 2014
Eric Garner, John Crawford III, Michael Brown, Ezell Ford sont tués
par la police Yankee... Des centaines de milliers de manifestants
sont descendus dans les rues pour exiger que les policiers assassins
soient arrêtés et que justice soit faite. La question
nationale noire, amérindienne et hispanique présentée
comme dépassée avec l'élection du "noir/métis"
Obama est de retour » (Le réveil de la question
nationale aux USA).
Voilà que l'écho
du crime raciste policier de G. Floyd se répand à
travers la planète pour rappeler à l'humanité
que la « démocratie la plus puissante au monde »
est, non seulement, née de la colonisation de peuplement et de
l'esclavage, mais est aussi loin de s'être débarrassée
du racisme d'état malgré les conquêtes
démocratiques anti-racistes obtenues par les luttes des
minorités nationales soutenues et dirigées par les
Black Panthers, Malcolm X, Martin Luther King et le Parti Communiste
des USA. Ces luttes ont été dévoyées pour
faire émerger une « classe moyenne »
noire tout en maintenant les discriminations racistes sur la grande
majorité des noirs tout comme les conquêtes
sociales et démocratiques en Occident impérialiste
l'ont été par l'affaiblissement du mouvement communiste
miné par l'opportunisme ainsi que les avancées obtenues
par la première phase de libération nationale éliminées
par le néo colonialisme.
Dans la foulée des
mobilisations populaires contre les violences policières
racistes les statues des esclavagistes et des colonialistes tombent
des USA, de la Grande Bretagne aux Antilles (Martinique, Guadeloupe,
Guyane).
La lutte contre le
racisme des États impérialistes (USA et d'Europe) se
« mondialise ». En effet, le capitalisme
impérialiste est fondé sur le plan intérieur sur
deux piliers qui sont : exploitation de classe et
oppression raciale.
Les USA, l'Afrique du Sud
de l'apartheid, l'Australie, la nouvelle Zélande et la
Palestine sous la botte criminelle du sionisme israélien en
sont les exemples historiques les plus aboutis. Mais les autres
impérialistes comme ceux d'Europe n'en sont pas exempts au vu
du traitement raciste d'Etat qu'y subissent l'immigration, les
réfugiés, les exilés tous sans papiers.
Tous les Etats
impérialistes sont atteints du fléau du racisme et des
discriminations raciales en raison même de leur ADN
colonialiste et néocolonialiste. Le racisme est donc inhérent
au capitalisme. C'est une variable de la concurrence de tous contre
tous, de l'exclusion et de la marginalisation des travailleurs sur la
base de la couleur, des origines, de la culture, de la
religion. L'impérialisme, c'est donc à la fois
l'exploitation des travailleurs toutes origines, toutes couleurs,
toutes cultures, toutes religions confondues, l'asservissement
racialisé des minorités nationales systématiquement
discriminées à l'intérieur de leurs frontières
nationales et l'oppression nationale des autres peuples à
l'extérieur.
La fonction politique du
racisme et des discriminations raciales est de diviser pour mieux
régner sur le peuple en hiérarchisant les rapports
entre les différentes catégories de travailleurs et en
faisant des minorités nationales les bouc-émissaires
des fléaux sociaux engendrés par la société
capitaliste. Le but des trois formes de subordination du monde du
travail au capital est le profit maximum pour les riches actionnaires
des grands monopoles capitalistes. L'oppression raciale est une
gangrène que les libéraux et les fascistes utilisent
pour diviser et/ou détruire le mouvement ouvrier et populaire.
Aujourd'hui ce second
pilier interne du capitalisme impérialiste vacille devant les
coups de butoirs protestataires d'une jeunesse toutes couleurs,
toutes cultures, toutes religions et toutes origines confondues.
La IIIème Internationale Communiste avait analysé,
dès 1928, la dimension mondiale du pilier de l’oppression
raciale et nationale organisée, édifiée par
l’impérialisme : « La question noire aux
Etats-Unis doit être traitée en relation avec les
questions et les luttes des Noirs dans d'autres parties du monde. La
race noire est une race opprimée partout. Qu'elle constitue
une minorité (Etats-Unis, etc.), une majorité (Afrique
du Sud) ou qu'elle habite un soi-disant état indépendant
(Libéria, etc.), les Noirs sont opprimés par
l'impérialisme. Ainsi, un intérêt commun est
établi pour une lutte révolutionnaire de libération
raciale et nationale contre la domination impérialiste des
Noirs dans les diverses régions du monde »
(Résolutions du CEIC et de la Commission Noire, 1928 et 1930).
Ce lien dialectique de la
lutte contre l'oppression interne et externe doit être étendu
aujourd'hui aux Amérindiens, aux Hispaniques opprimés
aux USA et aux peuples Sud Américains qui luttent pour sortir
de la prison qu'est « l'arrière cour »
sud-américain de l'impérialisme étatsunien;
tout comme les peuples africains luttent pour briser
l'assujettissement aux impérialismes françafricain,
eurafricain et USafricain.
Cette approche léniniste
de la question nationale noire dans ses dimensions interne aux pays
impérialistes USA/UE et externe avec le système des
colonies et néo colonies a toujours été et est
encore à la base du panafricanisme du mouvement ouvrier et
communiste noirs par opposition au panafricanisme des impérialistes
eux-mêmes (empires coloniaux ou pré-carré de la
zone monétaire CFA/ECO) et des bourgeoisies africains
serviles. Il en est de même du projet d'unification
Bolivarienne en Amérique du Sud.
L'American way of
life, qui a été le conte de fée du
capitalisme impérialiste pour vaincre temporairement le
socialisme et duper les travailleurs et les peuples, prend l'eau de
toutes parts. C'est une conséquence à la fois de la
crise systémique de surproduction et de suraccumulation du
capitalisme à son stade suprême, l'impérialisme,
et du monde multilatéral dans lequel entre l'humanité
en raison de la force montante des pays « émergents »
que sont les pays rescapés du camp socialiste (Chine, Vietnam,
Corée du Nord, Cuba), la Russie, l'Inde, etc.
La première brèche
historique dans le dispositif de la « mondialisation »
dominée par les impérialistes étasuniens et
européens a été d'abord l'œuvre de la
seule Révolution indépendantiste et abolitionniste de
l'esclavage au XIXème siècle : la Révolution
Haïtienne (Ayiti) qui continue de payer jusque de nos jours son
héroïsme révolutionnaire d'alors.
La seconde brèche,
qui aura duré 70 ans, est celle ouverte au XXème siècle
par la Révolution d'Octobre 1917. La Révolution
Bolchevique, après la Commune de Paris, a fait la synthèse
entre Révolution ouvrière et Révolution
nationale libératrice pour devenir la matrice de toutes les
autres Révolutions Chinoise, Cubaine, Coréenne,
Vietnamienne sans oublier celles qui n'ont pas pu aboutir en Asie, en
Amérique du Sud, en Europe, en Afrique, mais dont les
expériences doivent être étudiées pour en
tirer toutes les leçons au service des luttes sociales et
nationales du XXIème siècle.
La nouvelle phase de
l'épreuve de force qui se profile entre capital/travail,
impérialisme/rescapés du camp socialiste (Cuba, Corée
du Nord, Vietnam, Chine) et impérialisme/peuples opprimés
repose la question stratégique de la liaison dialectique entre
question nationale et question sociale.
Dans les colonies et néo
colonies, le mouvement ouvrier communiste et patriotique doit lier
lutte pour l'indépendance nationale panafricaine,
panaméricaine et solidarité internationaliste avec
les luttes ouvrières et populaires globales et spécifiques
dans les pays impérialistes pour vaincre le colonialisme, le
néocolonialisme et réaliser l'indépendance
nationale et panafricaine et panaméricaine.
Dans les pays
impérialistes, le mouvement ouvrier et communiste doit fédérer
lutte globale de la classe ouvrière et mouvements populaires
démocratiques antiracistes pour l'égalité des
droits et solidarité internationaliste avec les peuples
opprimés avant tout par « son » propre
impérialisme pour être en capacité de
renverser le capitalisme et édifier la société
socialiste-communiste.
Cette double stratégie
révolutionnaire convergente est résumée
par le mot d'ordre de l'Internationale Communiste toujours
d'actualité : « Prolétaires de tous pays et
peuples opprimés, unissez vous ! »
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