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Imprimer Mai 2020
VIDEO - La lutte contre le COVID grace à la classe ouvrière et malgré la pression impérialiste

L'exemple de la Tunisie, à travers les témoignages de camarades marxistes léninistes tunisiens et du PPDS de Tunisie



Chers camardes du rassemblement communiste,

Chers amis français ou vivant en France,

Nous nous adressons à vous en ce moment difficile pour tous afin de, tout d’abord, exprimer notre profonde solidarité et notre soutien inconditionnel à vos efforts et sacrifices face au COVID-19.

Un COVID-19 qui est certes, porteurs de malheurs, misères et détresse pour l’ensemble de l’humanité mais qui peut être, toute fois, le catalyseur du salut, de la délivrance et de la libération pour cette même humanité qui n’est pas en train de subir uniquement le fardeau de cet épidémie passagère mais également, et ce depuis un bon moment, subit les ravages permanents du joug impérialiste et de ses politiques néolibérales.

En Tunisie, nous ne pouvons certainement pas prétendre -au moins pour les 100 dernières années- que le COVID ait été le pire malheur ou la plus grande catastrophe que le peuple tunisien ait connu. Nous avons été témoins d’un colonialisme français, d’une désillusion face à une pseudo indépendance, de l’autocratie des régimes dictateurs, d’un appauvrissement planifié, et surtout des milliers voire des millions de rêves d’une vie digne bafoués et moqués par ceux qui se sont auto-proclamés maîtres de ces même vies...

Donc, excusez-nous chers camarades et amis français ou vivant en France si quelque part nous arrivons à tempérer cet état de panique face à cette pandémie. Comment ne pas relativiser cette menace en constatant venir des brises d’autonomie et de vraie indépendance souffler sur nos territoires pourvu qu’elles se transforment en mistral déracinant le vrai COVID de la Tunisie, celui de l’impérialisme et ses agents locaux.

En effet, depuis l’apparition du 1er cas positif au COVID-19 suivi par l’annonce du couvre-feu et de quelques mesures gouvernementales absurdes et impopulaires pour l’affronter, on ne cesse de découvrir le vrai potentiel des masses laborieuses en Tunisie. Sens de l’initiative, travail rigoureux et don de soi, tels étaient la devise de notre classe ouvrière afin de juguler cette pandémie. Ainsi, on pouvait très bien constater la mobilisation sans précédent des ouvriers travaillant dans des usines tunisiennes destinées à la production des masques, charlottes, combinaisons stériles et autres protections. Nous pouvons, entre autres, évoquer l’exemple d’une usine dans la région de Kairouan où 150 ouvriers, dont 110 femmes, s’y sont confinés avec de quoi vivre en quasi autarcie, afin de continuer à fabriquer des masques et protections pour les soignants luttant contre le nouveau coronavirus dans les hôpitaux et centres de soins tunisiens. De la même manière, les ouvriers dans les unités de production des médicaments et produits pharmaceutiques ont de leur part relevé le défi et assuré leur aptitude à fabriquer les quantités nécessaires en traitement à base de chloroquine et ce non seulement à l’échelle national mais également pour les pays voisins, notamment l’Algérie, la Lybie et la Mauritanie à condition de fournir les principes actifs importés essentiellement de l’Inde. Dans un autre domaine, celui de la robotique, la Tunisie a réussi à travers des ingénieurs et ouvriers tunisiens à produire son premier robot chargé de faire respecter le couvre-feu et un autre chargé d’aider les soignants. Le premier patrouille dans les quartiers afin de s'assurer que les gens observent le confinement, tandis que le deuxième est spécialisé dans le domaine médical puisqu’il peut mesurer la température, le pouls ou encore la saturation d’oxygène dans le sang afin de limiter les contacts entre soignants et malades et afin d’améliorer les échanges entre patients et familles. Notons également qu’un premier oxygénateur à haut débit (respirateur) vient d’être réalisé par une équipe d’enseignants et d’étudiants de l’une des écoles nationales d’ingénierie tunisienne et qui pourrait très bien être produit en masse par une main d’œuvre tunisienne dans les prochains jours afin de palier certaines carences dans un nombre d’établissement sanitaires étatique. Cela vient s’ajouter à la mise en place de quelques structures d’appui pour trier les malades contaminés ainsi que des extensions de certains services d’urgence conçu par des jeunes architectes et architectes d’intérieurs tunisiens et qui sont et vont être réalisés en seulement 15 jours par des ouvriers du secteur des bâtiments. Rappelons dans ce contexte que les jeunes ingénieurs, architectes et architectes intérieurs en Tunisie, de par leurs conditions de travail et l’insécurité de leur existence, prennent part plutôt aux conditions de vie du prolétariat et nous pouvons alors les inclure, tout en restant vigilent sur les facteurs de leur ascension sociale, dans la catégorie de la classe ouvrière dans son sens large, surtout que nous constatons d’une manière croissante ,avec la nouvelle organisation de la production internationale, que cette différenciation rigide entre les prestations en nature et les prestations en services a tendance à s’effacer devant un mode de production capitaliste où la production devient de plus en plus celle d’un produit social collectif d’un travailleur collectif ou comme le dit si bien Marx dans son Capital : « Il n’est plus nécessaire désormais, pour travailler de manière productive, de mettre soi-même la main à la pâte; il suffit pour cela d’être un organe quelconque du travailleur collectif, d’exécuter l’une de ses sous-fonctions. »

Ceci dit, nous ne pouvons pas nous étaler sur la question de la classe ouvrière en Tunisie et de son rôle prépondérant en cette période de crise sans évoquer le rôle de la paysannerie chez laquelle le nombre des travailleurs agricoles augmente au détriment de celui des petits et moyens paysans suite à la restructuration du secteur agricole basée essentiellement sur la promotion des grandes exploitations agricoles. Sans s’attarder sur le devoir de l’état d’assainir les réseaux de distribution, cette classe ouvrière agricole continue toujours d’assurer la production des denrées et à alimenter le marché local qui ne souffre, jusqu’à présent, d’aucune pénurie. L’un des enjeux majeurs de la période à venir sera le ravitaillement de toutes les régions en denrées alimentaires. La classe ouvrière agricole, de par son pourcentage majoritaire dans l’ensemble des acteurs responsable de la production agricole, constitue un rempart indispensable contre une crise alimentaire qui risquerait de toucher le pays en cas d’une insuffisance de la production agricole débarrassée sensiblement, en ce moment, des activités commerciales internationales qui viennent s’inscrire dans le cadre de la sécurité alimentaire imposée par les grandes firmes multinationales afin de monopoliser la production agricole du monde entier et de contrôler l’alimentation des peuples selon les critères du profit.

Comme on a pu voir à travers cette sélection brève d’exemples, la Tunisie à démontrer qu’elle était bien capable grâce à sa classe ouvrière de satisfaire à ses propres besoins et à se hisser dans la liste des pays indépendants et souverains. Ce n’est guère le savoir-faire ni l’enthousiasme populaire qui manque. Ce qui manque vraiment, c’est un état capable de chercher des solutions de l’intérieur à travers un réseau synergique dont la classe ouvrière en serait l’essence et le fer de lance au lieu de se précipiter d’aller chercher des solutions factices de l’extérieur, chez des parties étrangères.

En effet, l’état tunisien s’obstine toujours, suite aux pressions des lobbys locaux et internationaux, à vouloir sauver par tous les moyens des secteurs qui avaient démontré leur extrême fragilité et leur incapacité à se hisser au rang de secteurs stratégiques dans la structure économique du pays tels que l’extractivisme, les services, la sous-traitance ou encore le tourisme et qui ne peuvent constituer que des maillons faibles au sein d’une économie nationale, surtout en temps de crise.

Cet état, dont le gouvernement et l’assemblée des représentants du peuple sont composé essentiellement de partis bourgeois, s’est empressé de succomber à la stratégie du choc des institutions financières internationales qui veulent profiter des moments de crise pour implémenter les politiques néolibérales les plus dures à accepter. Ainsi, on a dû recourir en Tunisie à un nième prêt dont la majeur partie servira au remboursement de la dette précédente et au sauvetage de la pseudo « paix sociale » en distribuant des allocations ridicules aux masses les plus pauvres et en aidant les entreprises privés des secteurs devenus improductifs lors de la crise à payer une partie des salaires de leurs effectifs. Ces mêmes entreprises du secteur privé, locales et étrangères, ne se sont pas fait trop attendre pour affirmer qu’elles ne comptaient plus payer les salaires de leurs effectifs au-delà du mois de mai. Certaines même ont déjà, tout simplement, fermé leurs portes et licencié leurs personnels. La pandémie a aussi été une opportunité tant attendu par cet assemblée des représentants du peuple patriote jusqu’au cou afin d’entamer les discussions autour de deux projets de loi relatifs aux échanges commerciaux et aux investissements communs entre la Tunisie et la Turquie d’un côté et entre la Tunisie et le Qatar de l’autre. Sous prétexte qu’il s’agirait de l’un des rares recours afin de dynamiser l’économie face à une période non définie de récession, les deux accords violeront sans scrupule ce qui reste de la souveraineté tunisienne.

En somme, la Tunisie se retrouve en ce moment, comme c’est le cas pour plusieurs pays souffrant du joug du néocolonialisme et de l’avarice des forces impérialistes, face à deux cas de figures. Le premier entreprit par une élite politique bourgeoise au pouvoir qui est vendu et subordonné aux institutions financières de pillage tels que le FMI et la Banque Mondial et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle qu’elle ne peut que graviter autour de ces institutions en voulant aborder la crise. Le deuxième exprimée, même d’une manière simple et assez basique, par le peuple mais d’une manière consciente et prononcée par son avant-garde, entre autres, par une couche très large de la classe ouvrière non seulement parce que cette dernière se retrouve la plus touchée par la crise ou qu’elle va en payer le prix et les sacrifices les plus chers mais aussi parce qu’elle constitue la clé de voûte capable de rassembler toutes les alternatives visant à faire face à la pandémie et à ses répercussions ultérieures en leurs procurant une force motrice sur le court terme et une profondeur stratégique sur le long terme.

La phase post-COVID doit impérativement rétablir le rôle de l'État dans la lutte contre ce capitalisme sans restriction et ses politiques néolibérales dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de l'environnement et du logement car ils sont les garants d'une socialisation équilibrée et équitable pour tous les individus et sont capables de protéger les masses populaires en période de pandémies et de catastrophes sans discrimination, à l’instar des pays rescapés du camp socialiste.

Contrairement aux Etats Unis de Trump qui a préféré atermoyer toute négociation traitant d’un confinement ou d’un arrêt de l’activité économique préférant ainsi sauver des cycles économiques au détriment des cycles de vie, des pays rescapés du camp socialiste tels la Chine ou le Cuba se sont dépêchés d’appliquer les mesures du confinement afin d’atteindre et de dépasser le pic des cas plus tôt que prévu. Un vrai travail de fourmi s’est vu déployer dans les deux pays en vue de protéger, par tous les moyens disponibles, leurs populations. En chine, s’est mis à l’exercice toute la prouesse chinoise en matière de génie civile et de construction. Des milliers d’ouvriers se sont rassemblés dans différents sites afin de faire naître en seulement 10 jours plusieurs unités équipées de milliers de lits capables de consolider la structure hospitalière et sanitaire étatique pour la réception des cas touchés par le virus. Au cuba, l’état voulait à tout prix anticiper un rythme effréné de contagion et les autorités cubaines ont choisi de devancer au maximum l’apparition des symptômes chez les cas suspects. Ainsi, elles ont distribué dans les foyers cubains un traitement homéopathique censé augmenter les défenses immunitaires, et testent un vaccin ayant la même finalité auprès du personnel médical. Mais ces mêmes autorités s’appuient surtout sur le porte-à-porte réalisé depuis mi-mars par 28 000 étudiants en médecine dans tout le pays, en quête de possibles nouveaux cas.

Sur un autre pan, et tandis que dans la quasi-totalité des pays capitalistes, la population se retrouve face à des situations de bagarres quand il s’agit d’aller faire son approvisionnement en aliments ou même pour quelques rouleaux de papier hygiénique, le Cuba se voit auto-suffisant grâce à sa politique agricole basée sur le principe de la souveraineté alimentaire et grâce au carnet de ratio donnant à chaque individu ce dont il a besoin sans risque de privilège exclusif et à l’abri de toute tentative de monopolisation ou approche individualiste et égoïste encouragée par la doctrine de consommation capitaliste.

Là où l'économie américaine vient de détruire 20,5 millions d'emplois au mois d'avril ramenant le taux de chômage à 14,7%, les autorités cubaines avaient décidé d'intégrer les quelques milliers de citoyens vivant des secteurs devenus improductifs en temps de COVID à l'instar du tourisme dans la chaîne de production des masques et autres équipements de protection, leur évitant un chômage forcée et brusque.

A l’échelle internationale, il est bon de se rappeler que pendant que l’Italie s’est retrouvée le temps de cette crise orpheline d’une union européenne dont l’existence devient de plus en plus absurde et insensé, il y a eu, en contrepartie, des aides et des délégations médicales et administratives chinoises et cubaines qui étaient au rendez-vous dans le but d’aider le peuple italien et de répandre encore une fois les traditions internationalistes des deux pays issus du précédent camp socialiste. Cela, ne s’était guère limité à l’Italie mais cette vague de solidarité internationaliste a également fait le tour de plusieurs autres pays dont la Tunisie.

Si l’on compare le nombre de cas pour 1 million de personnes entre la Chine et le Cuba d’un côté et la France et les Etats Unis d’un autre, nous allons très vite éprouver de la compassion avec les peuples français et américains non seulement à cause du résultat de cette comparaison mais aussi à cause de tout cet argent des contribuables gaspillé par leurs médias au service de la propagande anti régime chinois et cubains (ce chiffre atteint la barre des 900 millions de dollars par année aux Etats Unis).

En effet, en ce 8 Mai 2020, le nombre des cas pour 1 million de personnes en Chine est estimé à 59. Au Cuba, il s’agit de 154 cas pour 1 million de personnes. Toutefois, ce même rapport en France et aux Etats Unis s’élève respectivement à 2054 et 3915. Malgré les ravages du blocus financier et politique imposé à Cuba par les États-Unis, encore renforcé depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le rapport entre les personnes guéries et les personnes atteintes au Cuba s’élève à 60% tandis que ce même rapport ne dépasse pas les 13% aux États-Unis à la même date d‘aujourd’hui.

De là, vient la stupeur quand il s’agit de se rappeler des définitions des pays développés et de celles en voie de développement ou sous-développés. Devrions-nous nous obstiner à les réciter sans tenir compte des faits ou bien devrions-nous enfin comprendre que les standards de quelconque développement doivent se mesurer autrement car à quoi bon d’être un pays développé si ce développement ne profite pas dans son intégralité à son peuple et si ses fruits se rapportent uniquement à une oligarchie capitaliste qui ne cesse de transgresser toutes volonté de souveraineté économique et d’autonomie politique dans chaque région du monde.

Un spectre de conscience hante aujourd’hui le monde entier et évoque la nécessité de maintenir les écosystèmes naturels, de cibler la croissance, de réorienter les économies vers la production et la consommation responsables, d’investir dans la santé et l’éducation publique, de garantir un revenu décent, de réduire les inégalités… Des idéaux qui sont poussés à devenir archaïques depuis la campagne de promotion de la fin de l'histoire et du dernier Homme. Le système capitaliste est certes ravageur et oppresseur mais nos modes de vie et nos économies y sont pré-conditionnées. La crise du Covid-19 constitue un pas de plus en vue de briser les chaines de ce système. Certainement pas toutes, mais cette crise pourrait constituer l’occasion d’un virage économique bénéfique tout à fait négociable, si les bons piliers de l’économie nationale sont soutenus et si l’attitude est de réguler les relations de production et de mobiliser les ressources locales et les moyens de production entre les mains de la classe ouvrière à travers un état qui la représente afin d’envisager une vraie souveraineté nationale et de nouvelles relations solidaires avec les peuples du monde entier en vue d’une émancipation collective.

Le PPDS (Parti des Patriotes Démocrates Socialistes), le 8 mai 2020.


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