VIDEO - La lutte contre le COVID grace à la classe ouvrière et malgré la pression impérialiste
L'exemple de la Tunisie, à travers les témoignages de camarades marxistes léninistes tunisiens et du PPDS de Tunisie
Chers camardes du
rassemblement communiste,
Chers amis français
ou vivant en France,
Nous nous adressons à
vous en ce moment difficile pour tous afin de, tout d’abord,
exprimer notre profonde solidarité et notre soutien
inconditionnel à vos efforts et sacrifices face au COVID-19.
Un COVID-19 qui est
certes, porteurs de malheurs, misères et détresse pour
l’ensemble de l’humanité mais qui peut être,
toute fois, le catalyseur du salut, de la délivrance et de la
libération pour cette même humanité qui n’est
pas en train de subir uniquement le fardeau de cet épidémie
passagère mais également, et ce depuis un bon moment,
subit les ravages permanents du joug impérialiste et de ses
politiques néolibérales.
En Tunisie, nous ne
pouvons certainement pas prétendre -au moins pour les 100
dernières années- que le COVID ait été le
pire malheur ou la plus grande catastrophe que le peuple tunisien ait
connu. Nous avons été témoins d’un
colonialisme français, d’une désillusion face à
une pseudo indépendance, de l’autocratie des régimes
dictateurs, d’un appauvrissement planifié, et surtout
des milliers voire des millions de rêves d’une vie digne
bafoués et moqués par ceux qui se sont auto-proclamés
maîtres de ces même vies...
Donc, excusez-nous chers
camarades et amis français ou vivant en France si quelque part
nous arrivons à tempérer cet état de panique
face à cette pandémie. Comment ne pas relativiser cette
menace en constatant venir des brises d’autonomie et de vraie
indépendance souffler sur nos territoires pourvu qu’elles
se transforment en mistral déracinant le vrai COVID de la
Tunisie, celui de l’impérialisme et ses agents locaux.
En
effet, depuis l’apparition du 1er
cas positif au COVID-19 suivi par l’annonce du couvre-feu et de
quelques mesures gouvernementales absurdes et impopulaires pour
l’affronter, on ne cesse de découvrir le vrai potentiel
des masses laborieuses en Tunisie. Sens de l’initiative,
travail rigoureux et don de soi, tels étaient la devise de
notre classe ouvrière afin de juguler cette pandémie.
Ainsi, on pouvait très bien constater la mobilisation sans
précédent des ouvriers travaillant dans des usines
tunisiennes destinées à la production des masques,
charlottes, combinaisons stériles et autres protections. Nous
pouvons, entre autres, évoquer l’exemple d’une
usine dans la région de Kairouan où 150 ouvriers, dont
110 femmes, s’y sont confinés avec de quoi vivre en
quasi autarcie, afin de continuer à fabriquer des masques et
protections pour les soignants luttant contre le nouveau coronavirus
dans les hôpitaux et centres de soins tunisiens. De la même
manière, les ouvriers dans les unités de production des
médicaments et produits pharmaceutiques ont de leur part
relevé le défi et assuré leur aptitude à
fabriquer les quantités nécessaires en traitement à
base de chloroquine et ce non seulement à l’échelle
national mais également pour les pays voisins, notamment
l’Algérie, la Lybie et la Mauritanie à condition
de fournir les principes actifs importés essentiellement de
l’Inde. Dans un autre domaine, celui de la robotique, la
Tunisie a réussi à travers des ingénieurs et
ouvriers tunisiens à produire son premier robot chargé
de faire respecter le couvre-feu et un autre chargé d’aider
les soignants. Le premier patrouille dans les quartiers afin de
s'assurer que les gens observent le confinement, tandis que le
deuxième est spécialisé dans le domaine médical
puisqu’il peut mesurer la température, le pouls ou
encore la saturation d’oxygène dans le sang afin de
limiter les contacts entre soignants et malades et afin d’améliorer
les échanges entre patients et familles. Notons également
qu’un premier oxygénateur à haut débit
(respirateur) vient d’être réalisé par une
équipe d’enseignants et d’étudiants de
l’une des écoles nationales d’ingénierie
tunisienne et qui pourrait très bien être produit en
masse par une main d’œuvre tunisienne dans les prochains
jours afin de palier certaines carences dans un nombre
d’établissement sanitaires étatique. Cela vient
s’ajouter à la mise en place de quelques structures
d’appui pour trier les malades contaminés ainsi que des
extensions de certains services d’urgence conçu par des
jeunes architectes et architectes d’intérieurs tunisiens
et qui sont et vont être réalisés en seulement
15 jours par des ouvriers du secteur des bâtiments. Rappelons
dans ce contexte que les jeunes ingénieurs, architectes et
architectes intérieurs en Tunisie, de par leurs conditions de
travail et l’insécurité de leur existence,
prennent part plutôt aux conditions de vie du prolétariat
et nous pouvons alors les inclure, tout en restant vigilent sur les
facteurs de leur ascension sociale, dans la catégorie de la
classe ouvrière dans son sens large, surtout que nous
constatons d’une manière croissante ,avec la nouvelle
organisation de la production internationale, que cette
différenciation rigide entre les prestations en nature et les
prestations en services a tendance à s’effacer devant un
mode de production capitaliste où la production devient de
plus en plus celle d’un produit social collectif d’un
travailleur collectif ou comme le dit si bien Marx dans son
Capital : « Il n’est plus nécessaire
désormais, pour travailler de manière productive, de
mettre soi-même la main à la pâte; il suffit pour
cela d’être un organe quelconque du travailleur
collectif, d’exécuter l’une de ses
sous-fonctions. »
Ceci dit, nous ne pouvons
pas nous étaler sur la question de la classe ouvrière
en Tunisie et de son rôle prépondérant en cette
période de crise sans évoquer le rôle de la
paysannerie chez laquelle le nombre des travailleurs agricoles
augmente au détriment de celui des petits et moyens paysans
suite à la restructuration du secteur agricole basée
essentiellement sur la promotion des grandes exploitations agricoles.
Sans s’attarder sur le devoir de l’état d’assainir
les réseaux de distribution, cette classe ouvrière
agricole continue toujours d’assurer la production des denrées
et à alimenter le marché local qui ne souffre, jusqu’à
présent, d’aucune pénurie. L’un des enjeux
majeurs de la période à venir sera le ravitaillement de
toutes les régions en denrées alimentaires. La classe
ouvrière agricole, de par son pourcentage majoritaire dans
l’ensemble des acteurs responsable de la production agricole,
constitue un rempart indispensable contre une crise alimentaire qui
risquerait de toucher le pays en cas d’une insuffisance de la
production agricole débarrassée sensiblement, en ce
moment, des activités commerciales internationales qui
viennent s’inscrire dans le cadre de la sécurité
alimentaire imposée par les grandes firmes multinationales
afin de monopoliser la production agricole du monde entier et de
contrôler l’alimentation des peuples selon les critères
du profit.
Comme on a pu voir à
travers cette sélection brève d’exemples, la
Tunisie à démontrer qu’elle était bien
capable grâce à sa classe ouvrière de satisfaire
à ses propres besoins et à se hisser dans la liste des
pays indépendants et souverains. Ce n’est guère
le savoir-faire ni l’enthousiasme populaire qui manque. Ce qui
manque vraiment, c’est un état capable de chercher des
solutions de l’intérieur à travers un réseau
synergique dont la classe ouvrière en serait l’essence
et le fer de lance au lieu de se précipiter d’aller
chercher des solutions factices de l’extérieur, chez des
parties étrangères.
En effet, l’état
tunisien s’obstine toujours, suite aux pressions des lobbys
locaux et internationaux, à vouloir sauver par tous les moyens
des secteurs qui avaient démontré leur extrême
fragilité et leur incapacité à se hisser au rang
de secteurs stratégiques dans la structure économique
du pays tels que l’extractivisme, les services, la
sous-traitance ou encore le tourisme et qui ne peuvent constituer que
des maillons faibles au sein d’une économie nationale,
surtout en temps de crise.
Cet état, dont le
gouvernement et l’assemblée des représentants du
peuple sont composé essentiellement de partis bourgeois, s’est
empressé de succomber à la stratégie du choc des
institutions financières internationales qui veulent profiter
des moments de crise pour implémenter les politiques
néolibérales les plus dures à accepter. Ainsi,
on a dû recourir en Tunisie à un nième prêt
dont la majeur partie servira au remboursement de la dette précédente
et au sauvetage de la pseudo « paix sociale »
en distribuant des allocations ridicules aux masses les plus pauvres
et en aidant les entreprises privés des secteurs devenus
improductifs lors de la crise à payer une partie des salaires
de leurs effectifs. Ces mêmes entreprises du secteur privé,
locales et étrangères, ne se sont pas fait trop
attendre pour affirmer qu’elles ne comptaient plus payer les
salaires de leurs effectifs au-delà du mois de mai. Certaines
même ont déjà, tout simplement, fermé
leurs portes et licencié leurs personnels. La pandémie
a aussi été une opportunité tant attendu par cet
assemblée des représentants du peuple patriote jusqu’au
cou afin d’entamer les discussions autour de deux projets de
loi relatifs aux échanges commerciaux et aux investissements
communs entre la Tunisie et la Turquie d’un côté
et entre la Tunisie et le Qatar de l’autre. Sous prétexte
qu’il s’agirait de l’un des rares recours afin de
dynamiser l’économie face à une période
non définie de récession, les deux accords violeront
sans scrupule ce qui reste de la souveraineté tunisienne.
En somme, la Tunisie se
retrouve en ce moment, comme c’est le cas pour plusieurs pays
souffrant du joug du néocolonialisme et de l’avarice des
forces impérialistes, face à deux cas de figures. Le
premier entreprit par une élite politique bourgeoise au
pouvoir qui est vendu et subordonné aux institutions
financières de pillage tels que le FMI et la Banque Mondial et
c’est d’ailleurs la raison pour laquelle qu’elle ne
peut que graviter autour de ces institutions en voulant aborder la
crise. Le deuxième exprimée, même d’une
manière simple et assez basique, par le peuple mais d’une
manière consciente et prononcée par son avant-garde,
entre autres, par une couche très large de la classe ouvrière
non seulement parce que cette dernière se retrouve la plus
touchée par la crise ou qu’elle va en payer le prix et
les sacrifices les plus chers mais aussi parce qu’elle
constitue la clé de voûte capable de rassembler toutes
les alternatives visant à faire face à la pandémie
et à ses répercussions ultérieures en leurs
procurant une force motrice sur le court terme et une profondeur
stratégique sur le long terme.
La phase post-COVID doit
impérativement rétablir le rôle de l'État
dans la lutte contre ce capitalisme sans restriction et ses
politiques néolibérales dans les secteurs de la santé,
de l'éducation, de l'environnement et du logement car ils sont
les garants d'une socialisation équilibrée et équitable
pour tous les individus et sont capables de protéger les
masses populaires en période de pandémies et de
catastrophes sans discrimination, à l’instar des pays
rescapés du camp socialiste.
Contrairement aux Etats
Unis de Trump qui a préféré atermoyer toute
négociation traitant d’un confinement ou d’un
arrêt de l’activité économique préférant
ainsi sauver des cycles économiques au détriment des
cycles de vie, des pays rescapés du camp socialiste tels la
Chine ou le Cuba se sont dépêchés d’appliquer
les mesures du confinement afin d’atteindre et de dépasser
le pic des cas plus tôt que prévu. Un vrai travail de
fourmi s’est vu déployer dans les deux pays en vue de
protéger, par tous les moyens disponibles, leurs populations.
En chine, s’est mis à l’exercice toute la prouesse
chinoise en matière de génie civile et de construction.
Des milliers d’ouvriers se sont rassemblés dans
différents sites afin de faire naître en seulement 10
jours plusieurs unités équipées de milliers de
lits capables de consolider la structure hospitalière et
sanitaire étatique pour la réception des cas touchés
par le virus. Au cuba, l’état voulait à tout prix
anticiper un rythme effréné de contagion et les
autorités cubaines ont choisi de devancer au maximum
l’apparition des symptômes chez les cas suspects. Ainsi,
elles ont distribué dans les foyers cubains un traitement
homéopathique censé augmenter les défenses
immunitaires, et testent un vaccin ayant la même finalité
auprès du personnel médical. Mais ces mêmes
autorités s’appuient surtout sur le porte-à-porte
réalisé depuis mi-mars par 28 000 étudiants en
médecine dans tout le pays, en quête de possibles
nouveaux cas.
Sur un autre pan, et
tandis que dans la quasi-totalité des pays capitalistes, la
population se retrouve face à des situations de bagarres quand
il s’agit d’aller faire son approvisionnement en aliments
ou même pour quelques rouleaux de papier hygiénique, le
Cuba se voit auto-suffisant grâce à sa politique
agricole basée sur le principe de la souveraineté
alimentaire et grâce au carnet de ratio donnant à chaque
individu ce dont il a besoin sans risque de privilège exclusif
et à l’abri de toute tentative de monopolisation ou
approche individualiste et égoïste encouragée par
la doctrine de consommation capitaliste.
Là où
l'économie américaine vient de détruire 20,5
millions d'emplois au mois d'avril ramenant le taux de chômage
à 14,7%, les autorités cubaines avaient décidé
d'intégrer les quelques milliers de citoyens vivant des
secteurs devenus improductifs en temps de COVID à l'instar du
tourisme dans la chaîne de production des masques et autres
équipements de protection, leur évitant un chômage
forcée et brusque.
A l’échelle
internationale, il est bon de se rappeler que pendant que l’Italie
s’est retrouvée le temps de cette crise orpheline d’une
union européenne dont l’existence devient de plus en
plus absurde et insensé, il y a eu, en contrepartie, des aides
et des délégations médicales et administratives
chinoises et cubaines qui étaient au rendez-vous dans le but
d’aider le peuple italien et de répandre encore une fois
les traditions internationalistes des deux pays issus du précédent
camp socialiste. Cela, ne s’était guère limité
à l’Italie mais cette vague de solidarité
internationaliste a également fait le tour de plusieurs autres
pays dont la Tunisie.
Si l’on compare le
nombre de cas pour 1 million de personnes entre la Chine et le Cuba
d’un côté et la France et les Etats Unis d’un
autre, nous allons très vite éprouver de la compassion
avec les peuples français et américains non seulement à
cause du résultat de cette comparaison mais aussi à
cause de tout cet argent des contribuables gaspillé par leurs
médias au service de la propagande anti régime chinois
et cubains (ce chiffre atteint la barre des 900 millions de dollars
par année aux Etats Unis).
En effet, en ce 8 Mai
2020, le nombre des cas pour 1 million de personnes en Chine est
estimé à 59. Au Cuba, il s’agit de 154 cas pour 1
million de personnes. Toutefois, ce même rapport en France et
aux Etats Unis s’élève respectivement à
2054 et 3915. Malgré les ravages du blocus financier et
politique imposé à Cuba par les États-Unis,
encore renforcé depuis l’arrivée au pouvoir de
Donald Trump, le rapport entre les personnes guéries et les
personnes atteintes au Cuba s’élève à 60%
tandis que ce même rapport ne dépasse pas les 13% aux
États-Unis à la même date d‘aujourd’hui.
De là, vient la
stupeur quand il s’agit de se rappeler des définitions
des pays développés et de celles en voie de
développement ou sous-développés. Devrions-nous
nous obstiner à les réciter sans tenir compte des faits
ou bien devrions-nous enfin comprendre que les standards de
quelconque développement doivent se mesurer autrement car à
quoi bon d’être un pays développé si ce
développement ne profite pas dans son intégralité
à son peuple et si ses fruits se rapportent uniquement à
une oligarchie capitaliste qui ne cesse de transgresser toutes
volonté de souveraineté économique et
d’autonomie politique dans chaque région du monde.
Un spectre de conscience
hante aujourd’hui le monde entier et évoque la nécessité
de maintenir les écosystèmes naturels, de cibler la
croissance, de réorienter les économies vers la
production et la consommation responsables, d’investir dans la
santé et l’éducation publique, de garantir un
revenu décent, de réduire les inégalités…
Des idéaux qui sont poussés à devenir archaïques
depuis la campagne de promotion de la fin de l'histoire et du dernier
Homme. Le système capitaliste est certes ravageur et
oppresseur mais nos modes de vie et nos économies y sont
pré-conditionnées. La crise du Covid-19 constitue un
pas de plus en vue de briser les chaines de ce système.
Certainement pas toutes, mais cette crise pourrait constituer
l’occasion d’un virage économique bénéfique
tout à fait négociable, si les bons piliers de
l’économie nationale sont soutenus et si l’attitude
est de réguler les relations de production et de mobiliser les
ressources locales et les moyens de production entre les mains de la
classe ouvrière à travers un état qui la
représente afin d’envisager une vraie souveraineté
nationale et de nouvelles relations solidaires avec les peuples du
monde entier en vue d’une émancipation collective.
Le
PPDS (Parti des Patriotes Démocrates Socialistes), le 8 mai
2020.