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Fédérons les forces sociales et politiques contre Macron et le fascisme!

Déclaration du RC sur les résultats des élections européennes

« L’Europe est menacée par la montée des populismes », « Ce qu’il faudrait c’est une vraie union contre l’extrême droite », puis finalement : « Jean Luc Mélenchon est un populiste puisqu’il s’adresse au peuple », tandis que : « Marine Le Pen, elle n’est pas comme son père quand même ! »…

Voilà des lieux communs martelés par les médias aux ordres et qui cherchent à perturber tous les repères : C’est un effet logique et classique des sociétés en crise.

Notre camp, celui de la vraie gauche, antilibérale, celui qui a démasqué et condamné le « social-libéralisme » PS-Verts au moins depuis la campagne victorieuse pour le NON à la constitution européenne en 2005, celui qui se trouve aujourd’hui malheureusement en partie partagé entre France Insoumise et PCF, notre camp… se doit de battre en brèche de tels contre-feux qui sont allumés pour masquer les luttes sociales menées ces derniers mois contre Macron et pour empêcher l'alternative politique antilibérale et antifasciste d'émerger.

Le contexte de cette élection, c’est celui d’une illusion démocratique éculée : le Parlement européen, paravent  de l'Union Européenne qui n'est rien d'autre qu'une institution euro-transpatronale fondamentalement réactionnaire et antisociale. Mais au-delà d’un tel contexte il s’agissait avant tout en France d’un prévisible et légitime référendum pour ou contre Macron, sur fond de luttes sociales d’ampleur historique, celles des « gilets jaunes » et des « gilets rouges », contre une blitzkrieg libérale elle aussi d’ampleur historique…

De ce point de vue, la baisse de l’abstention, pourtant habituelle lors d’une élection européenne, n’est pas surprenante en soi. Il ne faut donc pas minorer les résultats, ou se mentir sur l’ampleur de la tâche que nous avons devant nous, si nous voulons éviter le scénario annoncé pour 2022 : Sortir d’un piège savamment et patiemment construit contre notre camp, celui du peuple, des travailleurs, celui des luttes, celui des gilets jaunes et rouges. Ce piège est celui bâti par Macron pour remplacer la bipolarisation « droite et gauche » par le duel « libéral et fasciste ».

« L’Europe est menacée par la montée des populismes » ?

S’agit-il d’une résurgence spontanée, sans cause, inexorable ? Nous savons tous qu’une telle montée traduit politiquement la tendance d’une alliance impérialiste (l’Europe) en crise, cherchant par le racisme et l’islamophobie à détourner la colère des travailleurs sur des boucs émissaires dans leur propre camp. Les peuples sont en colère contre un pouvoir capitaliste de plus en plus sauvage dans sa recherche de profit maximum. Il faut donc organiser une fausse opposition, avec laquelle on finit d’ailleurs si les conditions sont réunies, par s’allier contre ceux qui luttent. Les milices nazies des années trente en Allemagne ont oscillé, selon les circonstances, entre répression meurtrière des grèves ouvrières, et le bluff du soutien de ces mêmes grèves quand il fallait canaliser les colères. Il ne s’agit pas d’une montée des « populismes » mais bien d’une montée du fascisme en Europe… et cette fascisation graduelle est consubstantielle à toute construction capitaliste de l’Europe (qui n’a pas pour vocation de satisfaire les peuples mais d’entrer en guerre économique voire militaire contre d’autres puissances comme la Chine).

La percée fasciste ne va pas « faire éclater » l’Europe, elle est au contraire l’expression démasquée de ses intérêts fondamentaux, et sa consolidation sous une forme plus adaptée aux circonstances : la surexploitation, la répression des travailleurs en lutte, des immigrés, à l’intérieur, et la guerre à l’extérieur.

Macron, comme d’autres en Europe, pavent la voie à ce fascisme tout en faisant mine de s’y opposer, comme la copie s’oppose à l’original. Et les reculs démocratiques actuels en France liés notamment à la répression du mouvement des gilets jaunes témoigne déjà de cette possible connivence.

« Marine Le pen n’est pas comme son père quand même » ?

Le travail de sape des médias aux ordres du gouvernement consiste à construire un adversaire ennemi, le RN, tout en faisant oublier, paradoxalement, ce que signifie le fascisme, le danger mortel qu’il  représentait  aux yeux des masses pendant toute la période des conquêtes victorieuses de la classe ouvrière au vingtième siècle. Il faut le rappeler sans cesse : Le parti fasciste aux portes du pouvoir, banalisé par la « classe politique » et ses agents, celui de Marine Le Pen, est mille fois plus dangereux que celui, caricatural, minoritaire et ostracisé, de Jean Marie Le Pen. Hitler lui-même, rappelons-le, a accédé au pouvoir par les urnes, et par un « adoucissement de sa ligne » par rapport à la caricature militariste des débuts du NSDAP. Telle est le contexte dans lequel il faut comprendre le slogan de leurs affiches pour cette élection : « Le pouvoir au peuple ». Car ce qui est « populiste » n’est pas le slogan, copié sur celui de la France Insoumise en 2017, mais le fait de voler nos slogans au bénéfice de l’ennemi de classe.

« Jean Luc Mélenchon est un populiste » ?  

Voilà pour semer la confusion et faire diversion l’ennemi qu’on a jeté à la vindicte depuis des mois ! L’immense espoir créé par les 20% de Jean Luc Mélenchon en 2017, il faut maintenant lui faire « payer ». Et les occasions n’ont pas manqué pour briser l’élan de la France Insoumise depuis : Harcèlement judiciaire, harcèlement médiatique, inlassable travail de division de notre camp social, dans lequel elle représente encore un axe incontournable, trahisons internes, etc.

Nous voilà donc avec un résultat d’élection attendu : Le vote anti-Macron a profité aux contre-feux qu’il a lui-même remis en selle par un habile jeu de propagande, et la France Insoumise, de même que le PCF, récoltent l’un comme l’autre, dans leurs dimensions relatives, un score décevant, même additionné.

Les couches les plus hostiles aux gilets jaunes, les plus perméables à la propagande médiatique, ont consolidé le camp LREM tandis que les opposants à Macron ont pu tomber dans les diversions stériles de « l’immigration » ou du « climat » (sans une planification écologique par l’Etat telle que prônée par la France Insoumise par exemple, l’écologie sera toujours une diversion individualiste et utopique). Et si certains ont cru voter RN « sans partager leurs idées » pour « battre Macron », c’est qu’ils ont perdu, et on le comprend dans le contexte, le sens profond de ce terme apparemment usé ou anachronique : le fascisme.

Et maintenant ?

Il y a bien sûr deux impératifs dans la stratégie que notre camp social doit développer désormais : 1) Poursuivre la juste ligne antifasciste de la France Insoumise et du PCF consistant à maintenir la digue anti-Le pen. 2) Poursuivre une ligne qui s’y inclut, ligne consistant selon la formule de Mélenchon à « unir le peuple » avant d’unir la « gauche », cette dernière ne se bornant qu'aux seules campagnes électorales… car dans cette « gauche » dont les contours sont dessinés par nos ennemis de classe, nous ne pouvons revenir sur ce qui avait propulsé Mélenchon à 20% en 2017 : rejeter toute alliance avec la fausse gauche des sociaux-libéraux, des Jadot, du PS et des Hamon, pour unir ce qui compte dans la durée, c'est-à-dire le front des travailleurs sur le terrain, des militants politiques et syndicaux en rappelant les principes de base : Il faut un front populaire clairement dessiné, antifasciste, antilibéral, anti-guerre, eurocritique.

Toutes ces positions rassemblent les organisations qui ont œuvré à la victoire du NON au TCE en 2005, et dont les forces motrices sont aujourd’hui encore dans la France Insoumise et le PCF.

C’est également au sein du mouvement historique des gilets jaunes et de la lutte contre les lois travail et les ordonnances Macron qu’un tel front doit, non pas recouvrir, mais puiser des forces et permettre la connexion la plus large avec les revendications populaires, qui se sont exprimées avec force sur le plan social ces derniers mois et dernières années.

Le Rassemblement Communiste, qui s’inscrit depuis le départ sur une telle ligne de rassemblement populaire du camp social, politico-syndical anti-Macron, antifasciste, anti-guerre et eurocritique appelle à fédérer toutes les composantes d’un tel camp, dans la rue, dans l’entreprise comme dans les urnes, pour déjouer les pièges tendus et retrouver l’élan puis la victoire !

Nous payons dans ces élections européennes nos divisions, celles entre la FI et du PCF/Front de gauche et des forces politiques et syndicales qui ont fait la victoire du NON au TCE, l'unité sur la base de la démocratie contre les libéraux et les fascistes est la solution pour avancer et commencer à gagner.



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