Nous
apprenons la condamnation à 9 mois de travaux forcés
contre des dirigeants communistes polonais.
Dans
l’UE, en pleine fascisation, cette nouvelle serait le signe
d’une étape qualitative supérieure de ce
processus. Le pouvoir polonais a certes montré sa nature
cléricalo-conservatrice et autoritaire.
Mais en
condamnant des militants politiques pour leurs convictions, ce
pouvoir franchit le Rubicon qui sépare de manière
de plus en plus ténue la démocratie bourgeoise et
un régime fascisant.
Les
signataires s’adressent aux forces démocratiques et
ouvrières de France pour s’élever contre cette
mesure inique qui rappelle les heures les plus sombres de notre
continent.
Il
s’agit de défendre la liberté d’expression
et d’organisation.
Il
s’agit de défendre la liberté de militants
communistes qu’un pouvoir fascisant veut faire taire.
Chaque
citoyen pourra par la même occasion constater que l’UE
est non seulement silencieuse face à cette répression
mais qu’elle nourrit cet anticommunisme qui lui-même est
le signe avant-coureur d’une attaque contre la démocratie
et les droits sociaux et démocratiques des peuples, comme
on le voit déjà en France avec la multiplication des
lois liberticides, les violences policières contre les
manifestants, la criminalisation des ouvriers CGT de Goodyear et
d’Air France, etc.
Cette
criminalisation galopante du communisme, à laquelle les
pseudo-travaux de Courtois et Cie ont ouvert la voie en France, est
d’autant plus inquiétante qu’elle s’accompagne
d’une réhabilitation de moins en moins rampante des
fascistes, des nazis et des racistes.
Pour ne
prendre qu’un exemple, il n’est que de voir comment
l’UE-OTAN continue de soutenir le pouvoir de Kiev qui vient
d’interdire le PC ukrainien, qui a massacré des
syndicalistes à Odessa et qui vient de promouvoir au poste de
président du Parlement le fondateur du Parti
national-socialiste ukrainien.
Nous
appelons à une solidarité de grande ampleur de la part
de tous les communistes, de tous les syndicalistes combatifs, de
tous les démocrates.
Dans les
heures et les jours qui viennent les signataires prendront des
initiatives dans ce sens.
APPEL
DU PARTI COMMUNISTE DE POLOGNE À LA SOLIDARITÉ
INTERNATIONALE
Quatre
militants du PCP ont été condamnés le 31 mars
2016 par le tribunal régional de Dąbrowa Górnicza
pour propagande de l’idéologie communiste dans le
journal Brzask et sur le site internet du parti. Ils ont été
condamnés à 9 mois de restriction de liberté
assortie de travaux d’intérêt général
obligatoire et d’amendes.
Ce
verdict provocateur a été prononcé lors d’une
procédure sommaire, sans la présence de toutes les
parties, ce qui a cours généralement pour les
infractions, lorsque la culpabilité de l’accusé
est déjà établie. Le tribunal n’a pas
suivi la procédure judiciaire habituelle et a fondé son
verdict uniquement sur une accusation. En outre, les accusés
n’ont même pas eu la possibilité de se défendre.
Les condamnés avaient déjà émis des
objections au jugement en exigeant la mise en œuvre de
procédures judiciaires habituelles.
Ces
militants du PCP sont accusés d’avoir enfreint l’article
256§1 du Code pénal : « Quiconque promeut
publiquement un système fasciste ou totalitaire ou incite à
la haine pour des motifs de différences nationales, ethniques,
raciales ou religieuses ou d’absence de confession religieuse
est passible d’une amende, d’une peine de restriction de
liberté ou d’une peine de prison pouvant atteindre deux
ans. »
Une
tentative préalable visant à amender cet article en y
ajoutant une interdiction des symboles communistes avait suscité
des manifestations à la fois en Pologne et à
l’étranger. Le 19 juillet 2011, la Cour
constitutionnelle a dénoncé ce projet d’amendement
arguant qu’il était contraire au principe de liberté
d’expression.
Les
accusations de promotion de système totalitaire à
l’encontre des militants du PCP sont encore un exemple de la
manière d’associer le communisme au fascisme et
d’endiguer l’activité communiste.
L’affaire
a démarré en raison d’une accusation proférée
en 2013 par Bartosz Kownacki, député du Parti pour la
Loi et la Justice (PiS). Le procureur avait refusé de donner
suite à l’affaire. Toutefois, en 2015, les poursuites
ont repris et se sont accélérées après la
victoire du PiS aux élections. Le 31 décembre 2015, le
Parquet régional de Katowice a déféré
l’affaire au tribunal régional de Dąbrowa Górnicza.
L’acte d’accusation stipulait que les militants faisaient
publiquement la promotion d’un système totalitaire en
publiant dans le journal Brzask des articles « directement
liés au système communiste et au marxisme-léninisme,
qui, compte tenu de l’expérience du passé, sont
contraires aux valeurs démocratiques » – il
s’agit pourtant d’activités menées par un
parti politique légal.
L’affaire
revêt également une importance dans le cadre de la
politisation du Parquet, qui se retrouve subordonné au
ministre de la Justice – Zbigniew Ziobro, membre du PiS, nommé
Procureur général. Le système judiciaire adopte
ouvertement une attitude différente envers l’extrême
droite. En effet, tandis que des membres de la rédaction du
journal Brzask sont condamnés, des néofascistes de
l’ONR (Camp national-radical) manifestent librement dans les
rues de Białystok pour commémorer le 82e anniversaire de
leur organisation. Au cours de la manifestation aux couleurs du
symbole de la phalange, ils ont défilé avec des
flambeaux et ont promis « d’en finir »
avec les ennemis politiques ; preuves patentes de fascisme.
Nonobstant, le ministère de la Défense envisage d’armer
les néofascistes dans le cadre de la défense
territoriale. Auparavant, le tribunal de Częstochowa avait
acquitté un homme vendant des T-shirts racistes, n’y
voyant aucune violation de l’article 256 du Code pénal.
Récemment, le ministre de la Justice et le Procureur général
ont accordé un sursis à un nationaliste condamné
pour agression d’un policier.
Le
verdict condamnant les communistes polonais a été
prononcé au moment même où, le 1e avril, le
Parlement a adopté une loi « pour interdire la
promotion du communisme » qui oblige les autorités
locales à modifier le nom des rues ou d’autres objets
qui sont associés au communisme, ce qui représente une
atteinte à la tradition du mouvement des travailleurs.
L’Institut de la Mémoire nationale a créé
un registre et exige des autorités locales qu’elles
liquident les monuments en l’honneur des soldats soviétiques
et d’autres liés au communisme. La destruction et la
liquidation des monuments ainsi que la falsification de l’Histoire
sont des pratiques courantes du fascisme.
Le gouvernement et la
bourgeoisie se fourvoient s’ils pensent que le PC de Pologne et
les communistes polonais se laisseront intimider par cette
persécution anticommuniste et s’ils croient que cette
campagne anticommuniste les fera se soumettre. Les mesures prises à
l’encontre des communistes vont de pair avec l’escalade
de la ligne politique antisociale et barbare du gouvernement et de
l’UE. Il est primordial que la solidarité envers le PC
de Pologne, qui traverse une période difficile, et que le
soutien en faveur des communistes persécutés s’exprime
actuellement de façon résolue et à grande
échelle. Par exemple à grand renforts de manifestations
devant les ambassades de Pologne dans chaque pays, de motions de
solidarité, etc.
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