Suite aux odieux
crimes terroristes de Paris, les slogans "Je suis Charlie"
ou "Je ne suis pas Charlie" sont devenus une frontière
de division au sein du peuple. L'État de classe bourgeois
somme tout le peuple au ralliement à "l'unité
nationale" au nom du slogan "Je suis Charlie".
La
simple critique de la ligne éditoriale du journal et notamment
de la publication des caricatures de Mahomet est assimilé à
une « apologie du terrorisme », des enfants
dont un de 8 ans sont arrêtés et mis en garde à
vue pour avoir refusé de s'y soumettre, une mère de
famille musulmane se voit retirer brutalement ses cinq enfants un
matin, à 6h00, par ces mêmes forces de police qui vont
jusqu’à refuser qu’elle allaite son bébé
de 3 mois, les médias à longueur de journée
continuent de suggérer directement ou indirectement le
mensonge de "l'incompatiblilité de l'islam avec les
valeurs républicaines", laissent libre cours à
l'hystérie anti-musulmane des Zemmour, Fourest, Finkelkraut,
Houellebecq, etc, font le silence sur les centaines d'actes
islamophobes qui font parfois des morts, les discriminations à
l'emploi, au logement, bref sur le racisme au quotidien subi par les
noirs, les rroms, les arabes et les musulmans.
L'Etat
dirigé alternativement par la droite et la gauche socialiste
instrumentalise et met de plus en plus en place des lois qui
discriminent les minorités dont les deux illustrations les
plus flagrantes sont les honteuses lois sur "le colonialisme
positif" (amendé) et sur "le voile à l'école"
qui bafoue le principe de l'école obligatoire pour les enfants
et favorise l'école privée confessionnelle au détriment
de l'école publique.
Les
stigmates historiques de l'oppression des minorités
L'Histoire
de France, notre nation commune, est jalonnée de périodes
de persécutions des minorités opprimées comme
l'illustrent les exemples du massacre de la Saint-Barthélemy
contre les protestants en août 1572, des fausses accusations de
"trahison" et de la condamnation judéophobe du
capitaine Dreyfus, de la rafle du Vel d'Hiv, ou encore plus près
de nous du massacre des Algériens à Paris le 17 octobre
1961, etc. A chaque fois "deux Frances" se sont opposées:
celle de l'oppression qui divise le peuple et celle de l'unité
avec les victimes qui unit le peuple.
Originaires
ou descendants des ex-colonies, vous gardez en mémoire, pour
l'avoir subi directement ou indirectement, les pratiques et les
théories racistes à la fois assimilationnistes et
ségrégationnistes de l'Etat colonial français
qui ont aussi été ponctuées de massacres, voire
de génocides coloniaux.
Il
n'y a rien de plus douloureux pour nous communistes et pour
l'avant-garde consciente de la classe ouvrière de notre pays
(dont vous faites partie), que de se remémorer les soldats
africains démobilisés qui, après avoir contribué
à libérer l'Hexagone, furent tués pour avoir
exigé le paiement de leurs indemnités en décembre
1944 au Sénégal, la barbarie des meurtres de masses à
Sétif, Guelma en Algérie le 8 mai 1945 pour avoir
brandi le drapeau de la future Algérie indépendante,
les massacres de 1947 à Madagascar et ceux de 1955 à
1960 au Cameroun, etc.
De
même, nous communistes et l'avant-garde combative du mouvement
ouvrier de notre nation commune portons avec fierté l'étendard
de la "France" qui a combattu ces crimes et génocides
coloniaux de l'autre "France" en payant souvent de la
vie des militants, à l'exemple de Fernand Iveton, Raymonde
Peschard, Daniel Timsit, Pierre Ghenassia, Danièle Minne,
Henri Maillot, Maurice Audin, etc, ou en subissant la persécution
tyrannique du pouvoir bourgeois à l'exemple de Jeanson,
Curiel, Fanon, Suret-Canal, Henri Alleg, Henri Martin, etc.
Notre
nation commune est reconnaissante et s'incline devant la mémoire
du Polonais G. Politzer, l'Arménien Manouchian, la Roumaine
Olga Bancic, le Malien Tiémokho Garang Kouyaté, tous
résistants assassinés et les milliers de soldats du
Maghreb et d'Afrique noire des Forces Françaises Libres qui
ont contribué à libérer au prix de leur vie
notre patrie sous occupation des Nazis et des collabos français
bourgeois fascistes entre 1940 et 1945. Quelle fierté de
rappeler que c'est l'usine Renault où près de 80% des
salariés étaient des immigrés, pères des
jeunes Français que vous êtes, qui la première, a
lancé la grève générale pour défendre
la jeunesse estudiantine en révolte en 1968 et arracher par la
lutte les conquêtes sociales d'alors !
La
colonisation est la racine historique du racisme et de l'islamophobie
d'Etat. Colonisation qui n'est d'ailleurs pas un fait du passé,
mais une réalité du présent: Kanaky, Martinique,
Guadeloupe, Guyane, Mayotte, etc.
Mondialisation,
recomposition du capital et minorités opprimées
La
défaite du camp socialiste et, avec elle, la disparition des
équilibres issus de la seconde guerre mondiale transforment
profondément le fonctionnement de l’économie
mondiale et en conséquence de chacune des économies
nationales. Ce qui est communément appelé
‘mondialisation’ est le résultat de l’exploitation
des nouvelles marges de liberté que possède le capital
depuis la fin du contrepoids que constituaient les pays de l’Est,
en particulier l'URSS. Ces mutations profondes ont des conséquences
précises sur les modes de gestion de la force de travail dans
chacun des pays capitalistes développés. L’immigration,
les femmes et les minorités jouent un rôle particulier
dans l’émergence de ces nouvelles modalités du
rapport salarial.
·
Le rôle classique de
l'immigration et des minorités au sein des économies
nationales
Pour
saisir les enjeux des transformations actuelles, il convient d’avoir
à l’esprit le modèle antérieur et la place
qu’y tenait l’immigration. Résumons à trois
les fonctions jouées par l’immigration :
économique, politique et idéologique.
·
L’instance économique :
L'immigration comme variable d’ajustement structurel
La
tendance à la circulation du capital vers les secteurs à
fort taux de profits a pour conséquence le besoin de faire
circuler la force de travail. Ce besoin de circulation se heurte au
rapport de forces entre le capital et le travail à chaque
moment historique dont une des dimensions est la lutte des salariés
pour un meilleur niveau de vie et les sécurités
sociales. La lutte entre le capital et le travail peut ainsi se lire
également comme antagonisme entre le besoin de circulation de
la force de travail pour le capital et les revendications sociales
pour les travailleurs. L’immigration est ainsi une nécessité
des économies capitalistes non seulement en terme de besoin
quantitatif de force de travail mais également en terme de
disposition de cette force de travail au bon endroit, dans les bons
secteurs, etc. c’est-à-dire que l’immigration est
une variable d’ajustement.
Cette
fonction économique d’ajustement peut se formaliser dans
la formule suivante : “ premiers licenciés,
premiers embauchés ”. Les restructurations et
crises économiques sont ainsi tout au long du siècle
dernier l’occasion de licenciements massifs de la force de
travail immigrée, rendue disponible pour migrer une nouvelle
fois, mais cette fois-ci vers d’autres secteurs économiques.
Les périodes de reprises (et l’incertitude qui pèse
toujours sur leur durée et leur ampleur) conduisent pour les
mêmes raisons à d'importantes embauches de force de
travail immigrée. D’autres catégories de la
population jouent également cette fonction d’ajustement :
les femmes et les jeunes. Ces trois catégories ont en commun
d’être plus précarisées que le reste du
monde du travail, c’est-à-dire de disposer de capacités
moindres de résistances face à l’instabilité
imposée par les besoins du capital.
Pour
que ce traitement spécifique (des immigrés, des femmes,
des jeunes) soit possible, il faut qu’il apparaisse comme
“ naturel ”, c’est-à-dire que le
capital exerce une pression idéologique pour faire accepter
des salaires différents à l'ensemble du monde du
travail et même à ces catégories discriminées.
Le machisme, le racisme et l’adultocentrisme sont trois outils
idéologiques destinés au monde du travail afin qu’il
accepte un traitement discriminatoire contre une de ses composantes.
·
L’instance politique : les
minorités comme modalité de gestion du rapport de
classes
La
seconde fonction des minorités et de l’immigration est
politique. Elle consiste à utiliser l’immigration et les
femmes pour affaiblir les résistances ouvrières. En
fonction des rapports de classes nationaux la configuration peut
varier. Dans le cas français, l’immigration a été
utilisée pendant longtemps pour éviter les
affrontements de classes entre petite paysannerie et capitalistes. La
raison est à rechercher dans la place centrale jouée
par la petite paysannerie dans la révolution antiféodale
de 1789. Celle-ci a été la véritable base
d’offensive de la révolution anti-féodale
contraignant ainsi la nouvelle classe dominante, la bourgeoisie, à
inscrire dans la durée le processus de dépossession de
la paysannerie qu’exige l’industrialisation. L’exode
rural en France s’est pour cette raison inscrit sur une durée
beaucoup plus longue que dans d’autres pays impérialistes.
Le besoin en force de travail a été compensé par
le recours à l’immigration et aux femmes selon les
périodes.
De
manière plus générale, l’immigration est
utilisée pour “ libérer ” les
ouvriers "nationaux" des secteurs et des postes de travail
les plus durs, les plus flexibles, les plus instables. Cet aspect est
repérable dans l’analyse historique des statistiques des
emplois pénibles, des maladies professionnelles, des accidents
du travail, des espérances de vie.
L’immigration
est ainsi un élément de négociation avec les
organisations ouvrières, et donc un facteur
d'aristocratisation et de bureaucratisation du mouvement ouvrier, les
concessions aux ouvriers "nationaux" se réalisant
sur la base d’un traitement discriminatoire de la composante
immigrée et féminine de la classe ouvrière.
Le
nationalisme, voire le chauvinisme est alors un excellent outil
idéologique pour rendre “naturelle” et même
“ souhaitable ” cette discrimination. La
frontière de la nationalité est ici utilisée
pour masquer la frontière de la classe sociale. A la division
entre un “ nous ” ouvrier et un “ eux ”
capitaliste, est substitué un clivage entre un “ nous ”
national et un “ eux ” immigré. Cette
frontière de la nationalité n'était pas
formellement applicable aux enfants Français dits "issus
de l'immigration", alors les critères de couleurs, de
patronyme, de faciès, de culture et de religion deviennent la
ligne majeure de ségrégation entre les soi-disant de
"souches" et les "issus de l'immigration".
·
L’instance idéologique :
Eviter la conscience d’une communauté d’intérêts
de classe
Les
deux fonctions précédentes en supposent une troisième
sans laquelle rien n’est possible. Nous définissons
l’idéologie comme représentation de classe
inversée de la réalité sociale, de ses clivages
et contradictions, de ses lois de fonctionnement. Elle se traduit par
une négation des classes et de la lutte des classes et une
inversion des causes et des conséquences, par la production de
différences là où il n’y en a pas et de
ressemblances là où elles n’existent pas, par des
attributions causales culturalistes et individualistes à des
processus fondamentalement économiques, sociaux et collectifs.
Dans
le même temps où le capital a sans cesse besoin de force
de travail immigrée, il lui est également nécessaire
de la ghétoïser, c’est-à-dire d’éviter
le “ vivre ensemble ” avec le reste du monde
ouvrier, susceptible de donner naissance à une conscience et
une subjectivité de classe collective et commune. Nous avons
déjà souligné le racisme et le culturalisme dont
la racine est coloniale comme deux outils essentiels de ce besoin
idéologique. De nombreux autres existent : discours sur
l’invasion, l’insécurité, les dangers pour
“ l’identité nationale ”, les
sans-papiers définis comme "clandestins", etc. Le
point commun à tous ces outils est la production permanente de
la frontière entre un “ nous national ”
et un “ eux étranger ” en lieu et place
de la contradiction réelle entre classes sociales.
·
Les mutations contemporaines
Le
discours dominant sur la mondialisation présente ces mutations
contemporaines comme un processus inéluctable issu des progrès
scientifiques et techniques rendant caducs de nombreux
fonctionnements de la période antérieure. Ce qui est
occulté dans cette présentation idéologique,
c’est à la fois l’origine de la mondialisation, le
fait qu’elle est le résultat des lois du système
capitaliste libéré du contrepoids qu'était le
camp socialiste, l'URSS, qui se traduit dans des choix patronaux
précis cohérents avec une logique d’intérêts
privés et enfin ses exigences et conséquences.
·
L’origine et les effets de la
mondialisation
La
comparaison des dates permet sans aucun doute de relier des
phénomènes que l’idéologie bourgeoise
dominante s’évertue à dissocier. C’est dans
la même période historique que s’effondrent les
pays de l’Est et que se développe la mondialisation.
Indépendamment des analyses possibles sur la nature de ces
pays et des causes de leur défaite, force est de constater que
leur existence contraignait les classes dominantes à un
certain fonctionnement et que leur disparition les libère de
cette contrainte. La mondialisation n’est ainsi pas
fondamentalement le résultat des progrès scientifiques
et techniques, même si ce facteur y a contribué, mais
résulte surtout de la gestion délibérée
et dans une direction précise des nouvelles marges de libertés
disponibles pour le capital depuis la disparition de ces pays. Ce
nouveau contexte permet en quelque sorte le retour à une
“ logique pure ”du mode de production
capitaliste. Il n’est pas inutile de rappeler ce que le nouveau
contexte mondial transforme dans les rapports de forces.
·
D’une concurrence freinée
à une concurrence exacerbée
L’affrontement
socialisme/capitalisme a eu comme conséquence une tendance à
la régulation de la concurrence face à “ l’ennemi
commun ”. Y compris dans les moments d’affrontements
radicaux entre différentes grandes puissances de l’Ouest
(la seconde guerre mondiale par exemple), les voix n’ont pas
manqué pour rappeler l’existence d’un intérêt
commun, y compris avec les Etats fascistes, contre un ennemi
commun le socialisme, surtout après la victoire de Stalingrad.
Cette régulation de la concurrence se réalisait, bien
entendu, à partir des rapports de forces et n’était
pas exempte de contradictions. La disparition de cet affrontement
structurel fait voler en éclat les règles antérieures
produisant ainsi une exacerbation de la concurrence entre l’ensemble
des pays capitalistes, entre l'ensemble des Firmes transnationales.
L’exigence d’éclatement des barrières
douanières, de libéralisation des échanges, de
suppression des freins à la circulation des capitaux, des
matières premières et des productions, la
mondialisation de la spéculation financière et des
fraudes fiscales, etc., ne sont que des expressions de cette
concurrence dérégulée et exacerbée.
·
L’affaiblissement des pays du
Sud
L’affrontement
socialisme/capitalisme a également eu comme conséquence
la possibilité pour les anciennes colonies de disposer de
marges de manœuvres non négligeables. La décennie
70 a ainsi été marquée par une amélioration
des termes de l‘échange en faveur des ex-colonies
productrices de matières premières. La décennie
60 avait pour sa part été marquée par une
accélération des décolonisations afin d’éviter
des indépendances plus radicales. Ces deux décennies
ont enfin été caractérisées par des
projets de développement et d’industrialisation dans
plusieurs pays du Sud se traduisant par une amélioration des
conditions d’existence de leurs peuples. La disparition de
l’affrontement socialisme/capitalisme se traduit ainsi
logiquement par une remise en dépendance des pays du Sud,
c’est-à-dire par un processus de recolonisation. Les
moments successifs et logiquement articulés de ce processus de
remise en dépendance sont connus : imposition de termes
de l’échange plus dégradés produisant un
endettement structurel qui lui même contraint à des
plans d’ajustement structurel libéraux imposés
par le FMI, la Banque Mondiale et l'OMC ayant pour effet une
paupérisation massive.
·
Une déstabilisation du monde
ouvrier dans les pays capitalistes développés
La
disparition des pays de l’Est, c’est enfin une
déstabilisation profonde du mouvement ouvrier dans les pays du
Nord. La fin du “ socialisme réel ” est
utilisée idéologiquement pour détruire l’idée
d’une alternative possible au système capitaliste. Cette
campagne idéologique cumulée avec une vague de
restructurations touchant les “ bastions ouvriers ”
atteindra la culture ouvrière elle-même. Le monde
ouvrier est ainsi touché dans ses territoires, ses structures
de socialisations, sa ”contre société
civile ” au sens gramscien du terme. Pour la première
fois, la génération actuelle d'ouvriers est menacée
de vivre moins bien que la précédente. Comme un
boomerang, les mêmes politiques politiques libérales
sévissent actuellement dans les pays du centre du système
impérialiste mondial, notamment dans les pays de l'UE.
·
La fin d’un compromis social
La
mondialisation correspond donc à un choix délibéré
des classes dominantes révélant une orientation
stratégique nouvelle permise par le nouveau rapport de forces
à l’échelle mondiale. Au niveau de la théorie
économique, elle marque la fin du compromis keynésien
(correspondant à un autre rapport de forces, celui produit
hier par l'existence du socialisme, de l'URSS) et le triomphe du
libéralisme et du monétarisme. Sans être
exhaustif, quelques conséquences importantes sont repérables
qui ont, elles mêmes, des effets sur les fonctions tenues par
l’immigration, les minorités :
·
Une tendance à la concurrence par le prix de la force de
travail : La fin du compromis keynésien signifie une
pression à la baisse sur tous les salaires et à la
hausse sur toutes les formes de l’intensification du travail :
flexibilité, annualisation du temps de travail, contre-réforme
des retraites, etc. De manière générale, il
s’agit de remettre en cause l’idée d’un
marché du travail régulé par un code du travail,
des conventions collectives, des statuts protégés par
des règles de droit.
·
Une tendance à la privatisation des services publics : Au
prétexte de l’efficacité, l’essentiel des
services publics a pour vocation dans le nouveau modèle à
être privatisé, c’est-à-dire à être
restitué à la logique marchande. Ces privatisations
sont en fait de nouvelles confiscations du salaire indirect ainsi
détourné au profit des actionnaires.
·
Une segmentation du marché du travail : Afin d’éviter
des mouvements sociaux d’opposition au nouveau modèle
libéral, une segmentation du marché du travail est pas
à pas construite. Tous les secteurs sont attaqués les
uns après les autres, pas en même temps, ni avec le même
rythme et la même intensité. A la tendance ancienne à
la construction d’un marché du travail unique, imposée
par les luttes en 36, en 45, en 68, succède la tendance à
l'émiettement, à la fragmentation des travailleurs
caractérisée par des règles, des protections et
des statuts différents favorisés notamment par la
sous-traitance.
·
Ces reculs sociaux et anti-démocratiques sont aussi impulsés
par l'intégration des marchés du travail au plan
national dans la division et l'exploitation du travail par le capital
à l'échelle mondiale, notamment par la liberté
de circulation du capital à travers les délocalisations
des activités industrielles, commerciales, des finances et des
services.
Ces
tendances peuvent se lire comme éléments d’un
procès général de précarisation,
c’est-à-dire comme le retour du prolétariat au
plan national en tant que force de travail dépouillée
de toutes protections. C’est en prenant en compte ce procès
que peuvent se saisir les nouvelles fonctions attribuées à
la force de travail immigrée et féminime.
Les
nouvelles fonctions des minorités et de l’immigration
Compte
tenu des évolutions démographiques des pays du Nord,
l’immigration et les minorités jouent une fonction
particulière dans le procès de reproduction de la force
de travail. Contrairement aux discours publics et médiatiques,
c’est par un appel à de nouveaux migrants que les
sociétés du Nord renouvelleront leurs forces de
travail. La contradiction apparente entre le discours officiel
(fermeture des frontières, expulsion des sans-papiers, etc.)
et les besoins démographiques et économiques révèle
une stratégie de production d’un prolétariat
hyperprécarisé.
·
La production du prolétariat
par appel externe
Le
travailleur sans papiers est la figure idéale de la force de
travail pour le capital. Ne disposant d’aucun droit, soumis à
la précarité absolue, coupé du reste du monde du
travail, etc., ce travailleur est contraint de vendre sa force de
travail à n’importe quelles conditions. Sa situation
ressemble à bien des égards au prolétaire
national des débuts de l’ère industrielle :
embauche à la tâche ou à la journée,
flexibilité absolue (quotidienne, hebdomadaire et annuelle),
absence de charges sociales, c’est-à-dire de salaire
indirect (sécurité sociale, retraite, accès aux
services publics, etc.), etc. Si nous appelons classe ouvrière
le prolétariat ayant arraché par ses luttes des
sécurités et garanties sociales, c’est-à-dire
ayant acquis une diminution de la précarité, alors les
sans-papiers sont la figure avancée d’une
reprolétarisation du monde du travail. Les sans-papiers sont
ainsi des révélateurs d’un procès de
reprolétarisation de l’ensemble du monde du travail.
Donnons
quelques exemples des formes prises par cette reprolétarisation
·
Les secteurs non délocalisables à faible composition
organique du capital : C’est dans ces secteurs
caractérisés par une forte consommation de main d’œuvre
que s’enclenche le procès de reprolétarisation.
Ce n’est donc pas étonnant que les sans-papiers se
retrouvent majoritairement employés dans ce type de secteurs :
agriculture, bâtiment, restauration, nettoyage, gardiennage,
textile, etc. Nous ne sommes pas seulement en présence dans
ces secteurs de l’action illégale de quelques employeurs
verreux qui fraudent le fisc et font de superprofits, mais à
la mise en place d’un système avec approbation et
encadrement par les différents états nationaux à
travers des lois xénophobes et racistes qui fabriquent des
"clandestins". A titre d’exemple abordons rapidement
le cas du bâtiment en France et la complicité de l’Etat
qu’il révèle.
L’essentiel
des grands travaux étatiques a été réalisé
(et se réalise) par l’utilisation importante de la main
d’œuvre sans-papiers. Le mécanisme est simple. Le
donneur d'ordre de marché qu’est l’Etat se
contente d’attribuer dans ses appels d’offres un budget
inférieur au coût moyen du marché. L’employeur
retenu ne peut ainsi préserver ses marges qu’en
employant des sans-papiers. L’utilisation des sans-papiers est
l’implicite du contrat, la clause secrète non écrite
entre l’employeur et l’Etat. D'ores et déjà
de nombreux exemples existent et ont été dénoncés :
construction du métro parisien, infrastructures des jeux
olympiques d’hiver d’Alberville, Arche de la défense,
Stade de France, tunnel sous la Manche, etc. Les mêmes
mécanismes avec toutefois d’autres acteurs sont
repérables dans l’agriculture. A ce niveau, ce n’est
pas la commande de l’Etat (ou des collectivités locales)
qui agit, mais les contraintes imposées par le grossiste
(grande distribution, multinationales, etc.).
·
Les autres secteurs : Enclenchée avec les secteurs non
délocalisables à faible composition organique du
capital, la logique, ci-dessus décrite, tend à
s’étendre aux autres secteurs. Le rythme de cette
extension est fonction des rapports de forces dans le secteur
d'activité concerné. Pour saisir la possibilité
de cette extension, il convient de prendre en compte les mutations
touchant les candidats à l’immigration. La paupérisation
massive et les guerres d'agression impérialiste (dont "notre"
propre impérialisme français) dans les pays du Sud
poussent désormais à l’émigration des
membres qualifiés de la classe ouvrière et des couches
moyennes. La précarisation organisée du droit au séjour
contraint ces travailleurs qualifiés immigrés à
accepter des travaux correspondants ou pas à leurs
qualifications, mais sans le statut et les conditions de travail
qu'exigent le code du travail existant. La force de travail complexe
peut ainsi être achetée au prix de la force de travail
simple. L’exemple français le plus parlant est celui des
médecins. Depuis plusieurs décennies les hôpitaux
voient se multiplier les embauches de médecins étrangers
avec un salaire correspondant sous évalué et parfois au
S.M.I.G. Ces médecins ont souvent été
sans-papiers et ne disposent que d’un titre de séjour
précaire dépendant pour son renouvellement de la
possession d’un travail. Des secteurs comme l’informatique
ou la mécanique connaissent des scénarios similaires.
C'est cela le but des lois de "l'immigration choisie".
·
L’accompagnement politique de
la reprolétarisation : la précarisation du séjour
Le
procès de reprolétarisation par l’utilisation des
sans-papiers n’est possible que par la construction étatique
d’un contexte juridique, social et idéologique
conduisant à une précarisation du séjour. Les
discours permanents sur la fermeture des frontières, la lutte
contre l’immigration clandestine, l'immigration choisie, etc.,
ne visent qu’à produire ce que Gramsci appelait un
“ arôme idéologique immédiat ”.
Celui-ci vise à faire apparaître comme souhaitable une
“ exclusion-répression ” en en masquant
les véritables objectifs. Soulignons deux de ces objectifs
masqués par la mise en scène idéologique
étatique :
·
organiser un volant permanent de sans-papiers : Il n’y a
aucune volonté (ni possibilité actuellement) d’expulser
tous les sans-papiers. L’enjeu du discours sur la fermeture des
frontières et la soi-disant invasion est tout autre. Il s’agit
de faire peser une “ épée de Damoclès ”
sur les intéressés afin qu’ils acceptent comme
incontournable une période probatoire de plusieurs années
sans aucun statut ni droits. Il s’agit également de
faire accepter cette situation au reste du monde ouvrier en la
présentant comme nécessaire et incontournable. Sur la
longue durée ces sans-papiers sont régularisés,
mais d’une part après une vie d’esclave de
plusieurs années et d’autre part en étant
remplacés par de nouveaux sans-papiers. Le patronat dispose
ainsi pour chacun des pays d’un volant permanent de nouveaux
prolétaires de plusieurs centaines de milliers de personnes. A
ce niveau la bataille du vocabulaire est essentielle. Les différents
gouvernements s’évertuent à appeler ces
travailleurs des “ clandestins ” afin de
masquer la production systématique d’un volant permanent
de nouveaux prolétaires. Les luttes des intéressés
ont à juste titre mis en avant l’expression
“ sans-papiers ” indiquant ainsi qu’ils
ne sont pas clandestins, mais que les politiques gouvernementales
visent à les renvoyer dans l’anonymat, l’invisibilité
et la clandestinité. Le combat pour la visibilité
sociale est de ce fait central. En fait l’expression juste,
mais malheureusement peu commode, devrait être :
travailleur sans aucun statut reconnu.
·
précariser le séjour : Après la période
probatoire, les anciens sans-papiers se retrouvent face à une
nouvelle difficulté : la précarité du droit
au séjour. Depuis deux décennies les contre-réformes
successives du droit au séjour précarisent ce dernier
en le soumettant à des conditionnalités grandissantes
(emploi, intégration, etc.). Cette précarisation a pour
fonction de diminuer les prétentions (salariales, de
conditions de travail, etc.) de ces nouveaux légaux. Par ce
biais est produite une concurrence entre travailleurs nationaux et
travailleurs immigrés légaux, mais en précarité
de séjour, ce qui conduit à une pression permanente à
la baisse des salaires et à la dégradation des
conditions de travail de l’ensemble des salariés. C’est
la raison pour laquelle la seule revendication susceptible de
contrecarrer la production délibérée d’un
volant permanent de nouveaux prolétaires sans-papiers est
celle de la régularisation globale et sans condition avec le
titre de séjour de 10 ans, l'abrogation de toutes les lois
racistes et la citoyenneté automatique après 5 ans de
présence sur le territoire pour ceux et celles qui en font la
demande. Cette exigence d’un droit à la stabilité
du séjour est la seule à pouvoir s’opposer à
la reprolétarisation de l’ensemble du monde du travail.
Ces revendications sont indissociables.
La
reproduction du prolétariat par les mécanismes internes
Les
visées stratégiques du nouveau modèle libéral
ne se limitent pas à la gestion et à l’organisation
des sans-papiers et des nouveaux régularisés. Nous
sommes en présence d’un plan de reprolétarisation
de l’ensemble du monde du travail. Pour ce faire, un second
outil est disponible : les jeunes issus de l’immigration
ou les Français récents. Ces derniers sont pour la
plupart des "nationaux". Ils disposent de la nationalité
du pays de séjour, sont une composante de la classe ouvrière
et de la nation, mais sont néanmoins à une place
particulière. Situés au plus bas de l’échelle
sociale, ils sont les premiers touchés par les attaques contre
les services publics (éducation nationale, droit à la
formation, au logement social,etc.). Dans une période où
grandissent les inégalités sociales, ils sont de part
leurs caractéristiques sociales de départ des
“ dominés-exploités parmi les
dominés-exploités ”.
Le
processus d'exploitation, de domination et de sélection
sociale se réalise de manière visible et invisible par
le biais des discriminations systémiques (à l’école,
dans l’emploi, au logement, etc.). Les discours sur
l’insécurité, l’intégration, la
toxicomanie, la délinquance, etc., permettent de constituer
ces jeunes pourtant nationaux comme “ ennemis de
l’intérieur ”. Parallèlement, on peut
observer que ces jeunes nationaux sont confinés, comme le sont
les noirs aux Etats Unis, au sport, à la musique comme ultime
moyen d'existence ou de survie.
Ces
discours idéologiques tendent ainsi à construire la
réalité à partir d’une hiérarchie
des couleurs, des cultures, des origines, voire des religions se
traduisant par des affectations implicites à certains secteurs
économiques et à certains postes de travail. Le marché
du travail tend ainsi à se segmenter en fonction des origines
supposées. Confrontés à ces discriminations, mis
en accusation comme “ ennemis de l’intérieur ”
de manière permanente, de nombreux jeunes intériorisent
cette place sociale assignée et finissent par réduire
leurs aspirations et se penser en "étrangers". La
réduction objective du champ des possibles finit par être
intériorisée comme “ naturelle ”
et “ normale ”.
D'ores
et déjà ces jeunes sont massivement représentés
dans toutes les décompositions liées à la
précarité sociale (prison, toxicomanie, délinquance,
mortalité, etc.). Ils sont également surreprésentés
dans les secteurs les plus précaires et les plus flexibles.
Même si cela tend à se généraliser, ils
sont enfin les premiers "clients" des nouveaux contrats de
travail précaires : contrat à durée
déterminée, intérims, cumul de plusieurs petits
emplois, contrats saisonniers, etc. Le nouveau prolétariat ne
se constitue pas seulement par l’appel aux sans-papiers, mais
aussi par un mécanisme de production à l’interne
touchant les jeunes nationaux issus de l’immigration et les
femmes.
La
place nouvelle attribuée à l’immigration et aux
nationaux qui en sont issus n’est qu’une première
phase dans le processus général de reprolétarisation
qui touche peu à peu l’ensemble du monde du travail.
Progressivement, ce qui sera devenu banal pour cette composante des
salariés, sera généralisé à
l’ensemble. C’est dire l’importance de reposer les
frontières là où elles sont réellement et
non là où le discours idéologique bourgeois
dominant les situe. Il y a effectivement une frontière entre
un “ nous ” et un “ eux ”
dans nos sociétés, simplement celle-ci ne sépare
pas des nationalités, des origines, des cultures et/ou des
religions. Hier comme aujourd’hui cette frontière sépare
des classes sociales dont les travailleurs avec ou sans religion de
notre nation commune.
Contexte
évolutif du racisme anti-immigré à
l'islamophobie
Résumons
nous : la crise économique du système capitaliste qui
ne cesse de s'approfondir s'est manifestée à la fin des
années 70 par la montée inexorable du chômage de
masse. Le système capitaliste mondial connaît ainsi une
crise structurelle de surproduction. Les Multinationales se livrent à
une guerre économique et commerciale sans merci pour accaparer
des marchés, les matières premières et les
débouchés. Cette longue crise a entraîné
des restructurations pour maintenir et développer le profit
maximum.
Trois
conditions sont à réunir pour prétendre dominer
dans cet affrontement planétaire des Monopoles transnationaux
et des Etats à leur service :
·
Réduire les salaires, c’est-à-dire le coût
de la force de travail par le chômage, la précarité
et les délocalisations, les privatisations, la
marchandisation;
·
Flexibiliser en augmentant les cadences de travail, c’est-à-dire
dégrader à l’extrême les conditions de
travail des salariés, casser le code du travail;
·
Affaiblir le mouvement syndical et les forces communistes.
La
recherche de coûts de production toujours plus bas, donc de
profits toujours plus élevés, est à la base de
la tendance à la réduction des salaires, du pouvoir
d'achat des travailleurs dans leur ensemble, de la dégradation
des conditions de travail, de la liquidation du salaire minimum, des
privatisations, de la suppression des services publics, du
démantèlement de la protection sociale et médicale
et des délocalisations vers les zones de la planète où
les salaires sont non concurrentiels à qualifications
professionnelles égales.
A
l’époque de l’expansion économique, entre
1945 et 1970, l’immigration avait été utilisée
comme main d’œuvre taillable et corvéable à
merci. Elle a été une aubaine pour le patronat qui
avait besoin d’une main d’œuvre pas ou peu
qualifiée en plus de la surexploitation des peuples et des
richesses des colonies pour assurer le profit maximum, base de la
dite « société de consommation ».
Une période durant laquelle le patronat français
pouvait sans investir dans les technologies nouvelles s’assurer
une marge satisfaisante de profits grâce à la
surexploitation de cette main d'oeuvre bon marché.
Avec
la crise du système capitaliste, un nouveau processus de
concentration du capital à l’échelle de la
planète se déroule sous nos yeux. Par des fusions, des
phagocytoses, des rachats, des liquidations, des faillites, etc, de
nouveaux Monopoles transnationaux à dimension planétaire
surgissent des entrailles du capitalisme en crise. Les
Multinationales se soumettent, plus encore que par le passé,
les Etats Nationaux. L’Union Européenne en construction
en est un des reflets économiques et politiques.
La
« Mondialisation », c’est la guerre
économique et commerciale des grands monopoles capitalistes
étatsuniens, européens et japonais au nom de la
« compétitivité ». Ce facteur
détermine les politiques de gestion libérale de la
crise économique par des attaques en règle contre les
conquêtes sociales de la génération précédente
de salariés.
C’est
dans ce contexte de gestion patronale de la crise qu’il faut
placer les lois et politiques racistes répressives contre les
minrotiés opprimées et leur corollaire la montée
du fascisme en France et en Europe. C'est aussi ce contexte de guerre
économique à l'échelle mondiale entre grands
groupes patronaux qui pousse de plus en plus "notre"
impérialisme à s'engager dans les aventures guerrières
contre les peuples, notamment ceux des pays majoritairement musulmans
ayant des richesses stratégiques comme le pétrole,
l'uranium, le gaz, etc.
Voilà
pourquoi on est passé subrepticement, sous l'influence du
Front National, d'un racisme d'Etat anti-immigré négrophobe
et arabophobe à l'islamophobie doublée d'une
rromophobie bruyante.
La
construction d'un ennemi intérieur musulman
C'est
Pierre Mauroy, alors Premier Ministre, qui ouvrait la boîte de
pandore de l'islamophobie lorsqu'il déclare le 27 janvier
1983 à propos de la grève de Renault-Flins : « Les
travailleurs immigrés sont agités par des groupes
religieux et politiques qui se déterminent en fonction de
critères ayant peu à voir avec les réalités
sociales françaises » (Le Monde, 30-31 janvier
1983).
Le
2 avril 1987 au Zénith, J.M. Le Pen s’égosillait
devant ses supporters robotisés tenant des propos qui sont de
plus en plus largement partagés par une droite et une gauche
socialiste qu'il qualifie maintenant "d'UMPS" : « A
deux mille ans de distance, ce sont pratiquement les mêmes
peuples qui nous font courir les mêmes dangers. N’est-il
pas vrai que les moudjahidins iraniens sont les descendants de ces
perses qui furent vaincus à Marathon, que le monde islamique,
qui vient battre les frontières de l’Europe et la
pénètre lentement, est composé des fils de ces
Turcs qui vinrent jusqu’à Vienne et de ces Arabes que
Martel vainquit à Poitiers? ».
Et
le président du CRIF d'ajouter maintenant : « Toutes
les violences aujourd’hui, et il faut dire les choses, sont
commises par des jeunes musulmans » en suggérant
tactiquement avant de se dédire que la présidente du
Front National, Marine Le Pen, « était
irréprochable personnellement ».
Plusieurs
décennies d'offensive idéologique du FN de plus en plus
banalisé au PS en passant par l’UMP ont abouti à
ce que certains appellent aujourd’hui un « problème
musulman ».
Ces
sorties islamophobes s'ancrent dans un contexte marqué par les
interventions militaires de l'impérialisme français
contre les peuples du Moyen et Proche Orient et dans le Sahel
africain. Mais aussi, il faut le dire, de soutien à peine
voilé aux agressions criminelles d'Israël contre le
peuple palestinien dont la manifestation la plus scandaleuse a été
les interdictions par l'Etat des manifestations de solidarité
avec Gaza martyrisé durant l'été 2014.
Il
y a une unanimité de la classe dirigeante bourgeoise dans le
pays pour chercher à criminaliser toute dénonciation du
sionisme et de sa barbarie assassine coloniale en semant
délibéremment la confusion avec "l'antisémitisme".
Cet amalgame intolérable entre antisionisme et antisémitisme
vise en fait à empécher toute solidarité
internationaliste avec le peuple Palestinien. Or, l'antisémitisme
est un phénomène né en Europe et dont
l'aboutissement criminogène a culminé avec les
camps d'extermination nazis dans lesquels ont été
réalisés les génocides des juifs, des gitans,
des slaves et des communistes.
Désigner
hypocritement les musulmans "d'antisémites", dont
certains d'ailleurs sont "sémites", c'est insulter
l'histoire et les faits, c'est attribuer mensongèrement à
l'autre les théories moyenâgeuses dangereuses du "choc
des civilisations, des cultures, des religions". En effet, dans
aucun pays où la majorité est musulmane, les juifs ne
sont persécutés ou discriminés. C'est le cas en
Iran, au Maroc, etc, pour ne citer que ces exemples.
Le
nouveau cycle des guerres impérialistes pour le contrôle
des matières premières stratégiques et contre
l'accès au pétrole, au gaz et à l'uranium, etc
des pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine,
Afrique du Sud) nécessite donc pour la classe patronale
au pouvoir la fabrication d'un "ennemi musulman intérieur"
au nom de la "lutte contre le terrorisme".
Ce
processus de construction de "l'ennemi intérieur"
auquel nous assistons est ainsi une modalité de gestion
patronale du rapport de classes à l'intérieur du pays.
Mais, comme on va le voir, cet "ennemi intérieur"
est aussi à double emploi.
Le
capitalisme en crise fabrique des terroristes et des manipulateurs
On se souvient de
Hollande appelant à la guerre contre la Syrie avant d'être
laissé au milieu du gué par le vote du parlement
britannique et le congrès US saisi par Obama? Fabius, le
ministre des affaires étrangères encensait les
assassins d'Al Nostra, la branche syrienne d'Al Qaïda, comme des
"combattants de la liberté". Les chefs d'état
de l'UE et des USA savaient déjà à l'époque
que des milliers d'enfants et de jeunes "jihadistes" de nos
quartiers populaires constituaient une part importante des
"jihadistes" qui semaient la désolation et la mort
en Syrie.
Et
c'est seulement une fois le projet israélien et impérialiste
de guerre contre la Syrie mis en échec par la Russie, la
Chine, l'Iran et les pays libérés d'Amérique du
Sud notamment, et "l'Etat islamique" installé sur un
territoire couvrant à la fois une partie de la Syrie et de
l'Irak, que le discours des gouvernants bourgeois a commencé à
se préoccuper des "1400 jeunes jihadistes Français".
Tant
qu'il s'agissait d'en finir avec le pouvoir laïc pan-arabe de
Syrie, pas un mot sur les "jihadistes" qui de ce fait
apparaissaient comme des alliés de l'impérialisme et de
nos gouvernants. Il est de notoriété publique que les
bandes terroristes sont financées par les théocraties
des pétro-dollars saoudienne, qatarie, koweitienne et des
Emirats et armées par les marchands d'armes capitalistes de
chez nous. En effet seuls les intérêts de la firme
pétrolière TOTAL comptent pour les commis serviteurs
"démocrates" à la tête de nos Etats
qu'ils soient de droite ou de gauche en croisade pour la domination
mondiale des USA et de l'UE.
Apprentis
sorciers, ils fabriquent ainsi les monstres "jihadistes"
qui ont assassiné (et assassinent) les musulmans, les tenants
des autres religieux et les athées de l'Afghanistan dans les
années 79, d'Algérie dans les années 90,
de Libye, du Mali, du Nigéria et du Cameroun avec Boko Haram,
de Syrie et d'Irak puis de Paris et du Danemark, etc.
On
assiste à l'utilisation du chaos ainsi créé par
l'impérialisme pour se lancer dans la "croisade contre
les barbares" au nom des "valeurs de la civilisation
occidentale".
La
manipulation ici s'étend aussi au laisser faire de l'argent
des pétro-dollars pour financer et embrigader les victimes de
l'islamophobie dans les quartiers de nos villes. L'argent des
salafistes, wahhabites, takfiristes des monarchies totalitaires du
Moyen-Orient vient remplacer les subsides publics qui servaient,
hier, à l'encadrement de la misère sociale, notamment
des victimes de la discrimination raciste dans les quartiers
populaires. Les enfants du peuple sont ainsi condamnés à
faire le circuit de la case dealers à la case prison, pour
certains à la case jihadistes avant de finir abattus comme les
Kouachi et Coulibaly au nom de la "sécurité et de
la lutte anti-terroriste".
Cette
décadence parasitaire criminelle guerrière de
l'impérialisme US et de l'UE se manifeste par une stratégie
de la tension surfant à la fois sur l'émotion, la peur
et le racisme islamophobe, rromophobe, négrophobe qui pave la
voie à la fascisation. Cette stratégie de l'insécurité
permanente n'a d'autre but que de diviser et d'opposer les
travailleurs et les peuples confrontés à la régression
sociale et à la broyeuse des conquêtes démocratiques.
Les lois liberticides à l'instar du "patriot act" US
serviront ainsi à mâter toute résistance à
la barbarie capitaliste et impérialiste.
Pour
empêcher que nos jeunes ne deviennent des monstres terroristes
et les jouets des manipulateurs impérialistes et de leurs amis
des pétro-dollars, il faut l'unité du peuple pour
battre les fascismes de tous bords et renverser le capitalisme et
l'impérialisme.
L'assimilation,
une des formes du racisme d'Etat
Français,
vous êtes, parce que les patrons et l'Etat sont allés
chercher vos parents par dizaines et centaines de milliers comme main
d'oeuvre pour "reconstruire" le pays après guerre.
Comme le montre le sociologue A. Sayad "toute immigration a
vocation au peuplement". Ce à quoi l'Etat de classe de la
bourgeoisie en France a répondu par "l'assimilation"
que le dictionnaire Larousse définit ainsi : "Considérer
quelque chose ou quelqu'un comme semblable à quelque chose ou
quelqu'un d'autre - Intégrer quelqu'un, une minorité à
un groupe social, lui faire prendre les caractères de
celui-ci : Un pays qui a assimilé des millions
d'étrangers". Ce terme "assimilation" copié
collé du traitement colonial, qui avait forgé "l'élite
coloniale assimilée", a été remplacé
par le mot "intégration" pour masquer la volonté
étatique bourgeoise de vous faire changer de "nature"
(ne dit-on pas "naturaliser" pour citoyen français),
c'est-à-dire faire de vous des clones en vous rendant
"semblables" aux autres concitoyens qui constituent avec
vous notre nation. Pour justifier cela les médias et l'élite
bourgeoise vous opposent même aux "Espagnols, Italiens,
Polonais" prétendant que vos particularités
culturelles, de couleurs, d'origines, voire religieuses sont un
obstacle à votre appartenance à notre nation commune.
Nous
déclarons solennellement que vouloir nous rendre tous
"semblables" est une négation totale de l'évolution
objective du peuplement de notre nation forgée par l'histoire
récente, celle de la seconde moitié du XXéme
siècle. Nier l'histoire récente du peuplement de ce
pays en cherchant à reproduire des clones d'un "français"
mythique qui serait culturellement immuable, éternellement
figé, en somme l'imaginaire de l'ancêtre "gaulois"
que la colonisation donnait aux colonisés relève de
l'absurdité consanguine signe de décadence. Notre
nation incorpore des origines, des cultures, des couleurs, des
religions ou pas nouvelles, celles de minorités récentes.
Vouloir faire tourner la roue de l'histoire vers le passé
conduit inexorablement à l'apartheid que nous devons combattre
de toutes nos forces.
La nation est une
catégorie historique engendrée par le capitalisme qui
évolue en fonction du peuplement sur un territoire et dans un
Etat donné. Vous êtes les "Mohamed, Fatima,
Mamadou, Bintou" aussi également "français"
que les "Paul, Virginie, Dupont" qui, ensemble, forment
notre peuple et notre nation de France.
La
laïcité est incompatible avec l'islamophobie
La
religion est une affaire personnelle, c'est-à-dire que la
religion doit être confinée à une affaire privée
par rapport à l'Etat. L'Etat n'a pas à s'occuper de la
religion, les organisations religieuses ne doivent pas être
liées au pouvoir d'Etat. Chacun doit être absolument
libre de pratiquer la religion qui lui plaît ou de n'en
reconnaître aucune, c'est-à-dire d'être athée.
C'est cela et seulement cela la laïcité conquise de haute
lutte par le peuple contre le pouvoir de la religion sur l'Etat.
Ceci
revient à dire que l’Etat laïc, loin des
incessantes stigmatisations anti-musulmanes à la suite
desquelles les actes islamophobes du quotidien se déchaînent,
se doit de garantir le droit aux cultes minoritaires (ce qu’il
fait pour la communauté juive mais jamais pour la communauté
musulmane, bien au contraire) autant qu’il protège la
liberté d’être athée.
Toute
distinction des droits entre citoyens, selon leurs croyances
religieuses, est absolument inadmissible. Toutes lois ou toutes
politiques visant une religion professée à titre
personnel par des citoyens doivent être totalement supprimées.
L'Etat ne doit accorder aucune subvention à aucune religion.
Les religions doivent être des unions de citoyens
coreligionnaires, unions absolument libres, indépendantes
vis-à-vis du pouvoir.
Seule
la satisfaction pleine et entière de ces revendications peut
mettre un terme à la confusion hypocrite que sont les
ingérences fréquentes des politiques et gouvernants
dans les affaires religieuses qui rappellent ce passé honteux
et maudit de la dépendance féodale qui a existé
en France entre la religion et l'Etat. La séparation totale
des religions et de l'Etat, voilà la revendication que le
prolétariat révolutionnaire et nous autres communistes
défendons, c'est-à-dire la laïcité qui
confine les religions dans la sphère des droits personnels et
privés sans distinction entre les croyances.
Or,
force est de constater que la laïcité est de plus en plus
détournée de sa fonction initiale de séparer le
spirituel du temporel, les religions de l'Etat. En effet, non
seulement les infractions sont de plus en plus nombreuses de la part
des gouvernants, lesquels manifestent de plus en plus leur
inféodation à certaines religions dans des stratégies
électoralistes notamment, mais pire se manifeste de plus en
plus la propension à désigner au nom de la soi-disant
"identité nationale menacée" la minorité
musulmane. C'est un scandale que nous condamnons et combattons
fermement.
Les
valeurs universelles bourgeoises comme fin de l'histoire
C'est
le leitmotive systématiquement avancé pour justifier
les mesures racistes islamophobes, rromophobes, arabophobes,
négrophobes visant les minorités nationales opprimées
par les élites, les médias et les gouvernants en
France.
Les
"valeurs universelles" de la révolution bourgeoise
contre la noblesse, le régime féodal sont ainsi érigées
en alpha et omega de la "civilisation moderne". C'est ainsi
que l'on construit les multiples préjugés vis-à-vis
des minorités opprimés et des autres peuples de la
planète. Tout y passe : le féminisme, la façon
de s'habiller, d'être, de parler, les goûts, l'amour,
etc, tout est vu et jugé selon les "valeurs universelles"
décadentes propagées par la bourgeoisie et dont la
marque de fabrique est: "fais ce que je dis, mais moi je fais le
contraire".
La
preuve, ce diktat de la pensée unique bourgeoise est martelé
alors que les forces obscures théocratiques moyenâgeuses
alliées des impérialistes étatsuniens,
israéliens et européens, notamment Français, que
sont l'Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats, le Koweit travaillent
à embrigader la jeunesse des minorités nationales pour
en faire des croisés terroristes au nom du mal nommé
"djihad" dans le but dresser les travailleurs et les
peuples entre eux.
Ce
poison diviseur est aussi alimenté par de prétendus
militants "anti-système" dieudo-soraliens, alliés
tactiques du Front National, pour dévoyer la colère
légitime de la jeunesse musulmane contre les "juifs qui
dominent le monde". Cette tromperie qui masque la véritable
cause de l'oppression des minorités par le système
capitaliste est ensuite utilisée par les politiciens de droite
et de gauche socialiste pour isoler et marginaliser les minorités
opprimées.
Les
délires islamophobes d'aujourd'hui rappellent l'antisémitisme
des années 30 à l'instigation des nazis dont étaient
victimes les juifs confinés dans les ghettos et quartiers
populaires sur leurs «sacrifice rituel des animaux, port de la
barbe, du fichu pour les femmes, pratiques rituelles,
'communautarisme', etc». Ce sont les mêmes dénigrements
culturalistes racistes que l'on entend aujourd'hui sur les musulmans
qu'instrumentalisent les dieudo-soraliens et autres zélateurs
d’Hitler pour faire croire que ce sont les juifs qui
« gouvernent le monde depuis toujours » et non
les actionnaires bourgeois des grands groupes monopolistes.
Ainsi
le piège se referme, opposant ceux et celles qui doivent être
unis contre la classe des capitalistes qui exploitent et oppriment
l'ensemble des travailleurs quelles que soient leurs origines, leurs
cultures, leurs couleurs et qu'ils soient religieux ou non.
Toutes
ces forces anti-populaires ont ceci en commun : Nier l'existence des
classes sociales, la lutte des classes et mettre au dessus de tout,
notamment au dessus de l'appartenance commune sur des bases de classe
à la même nation, les particularismes religieux,
culturels ou l'origine identitaire.
En
effet considérer "l'identité française"
ou celles des minorités comme bloquées dans le temps et
ne pas voir que tout est en mouvement, en transformation parce qu'en
inter-action constante, c'est "ethiniciser",
"communautariser" la nation et par là frayer la voie
royale au fascisme. A l'inverse, considérer sous l'influence
des parrains saoudien, qatari, koweitien, émirati qu'il faut
se soumettre à «l'enfer capitaliste» sur terre
pour obtenir «le paradis au ciel», c'est abdiquer sur la
nécessité humaine du droit au bonheur sur terre pour
tous contre l'exploitation de l'homme par l'homme, c'est-à-dire
le capitalisme.
Les
communistes reconnaissent l'existence de minorités oppprimées
par l'Etat bourgeois, luttent avec les victimes contre cette
oppression spécifique en l'inscrivant dans la lutte commune de
tous les travailleurs pour vaincre l'origine réelle du mal à
savoir le capitalisme, l'exploitation de l'homme par l'homme.
Pour
obtenir la victoire contre le capitalisme et ses stratagèmes
de division des travailleurs, il faut unir les travailleurs, unir le
peuple.
Voilà
pourquoi comme Maurice Thorez en 36 et Georges Marchais en 76
s'adressant aux travailleurs chrétiens, nous appelons
aujourd'hui à l'union du peuple de France contre le racisme
islamophobe, arabophobe, négrophobe, rromophobe, contre les
guerres impérialistes et contre la classe des capitalistes.
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