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Imprimer Mar 2013
36e Congrès du PCF: Des Assises du Communisme sont plus que jamais nécessaires!

Contribution du Cercle Barbusse pour les Assises du Communisme (fin juin 2013)

Les lampions se sont éteints sur le 36ème congrès du PCF. Auréolé du succès de la campagne antilibérale du Front de Gauche durant les élections présidentielle et législative, le PCF « récuse totalement » que « la double exigence d’accroître la discipline budgétaire et de rendre les entreprises plus compétitives est une impasse dramatique » (spécial 36ème congrès, Humanité du 13/02/13), pointe et dénonce l’aveu significatif exprimé par Hollande au parlement européen : « La crise de la zone euro est largement derrière nous, (…) ce qui nous menace aujourd’hui, ce n’est plus la défiance des marchés, c’est celle des peuples » (idem, cité dans le rapport de Pierre Laurent). Le PCF appelle encore à la « bataille du changement » parce que « si ne s’engage pas rapidement, massivement, une remise en mouvement général des forces du changement pour exiger les ruptures attendues par notre peuple au printemps dernier, la politique du gouvernement conduira tout droit à la déception, à la démoralisation, à l’échec. Pas question de l’accepter. Que personne ne compte sur nous pour entonner les sirènes de la résignation et du défaitisme face aux forces de la finance ! » (idem).     

Si le fait d’attendre du PS une quelconque « rupture » d’avec les politiques patronales libérales eurocratiques est une illusion, on ne peut que partager ce refus exprimé par le PCF « d’entonner les sirènes de la résignation et du défaitisme face aux forces de la finance ».

Toutefois derrière les aspects antilibéraux et le refrain des luttes sociales « on lâche rien », le 36ème congrès du PCF marque de nouveaux abandons idéologiques et poursuit le cours -nous allons l’examiner- de sa social-démocratisation.   

Crise du capitalisme ou crise civilisationnelle ?

Le PCF croit et fait croire que « le capitalisme n’a fait qu’aggraver de manière spectaculaire des crises structurelles grandissantes. Pourquoi ? Parce que mis au défi du développement humain des sept milliards d’habitants de notre planète (sic !), et non plus seulement de la préservation des seuls intérêts de puissance d’un petit monde capitaliste occidental, le capitalisme mondialisé a gravement échoué. Au point qu’aujourd’hui, si n’émerge pas un autre mode de développement humain, un nouveau type de relations à l’échelle de l’humanité tout entière, ses logiques de compétition à outrance et les crises qu’elles engendrent nous enfonceront dans une impasse civilisationnelle »(idem). Ainsi, pour le PCF, les crises structurelles ne sont pas inhérentes au capitalisme, lequel est même « mis au défi du développement humain » et non celui de la recherche par tous les moyens de la plus value et du profit maximum. « Plutôt que d’ouvrir une ère du partage, de la coopération, du bien commun et du service public, le capital a choisi la voie d’une nouvelle guerre économique mondialisée, mis en concurrence les salariés du monde entier, développé entre elles une compétition coupe-gorge terriblement destructrice, notamment en emplois industriels dans les pays avancés. Voilà la réalité ; ce système est devenu fou et destructeur » (idem). Les lois du capitalisme sont ramenées à un « choix du capital devenu fou », lequel aurait pu faire d’autres choix que la guerre économique, la concurrence, la compétition, le chômage de masse, etc.

Notons ici que le « choix du capital » est « la destruction d’emplois industriels dans les pays avancés », c'est-à-dire aux USA, au Japon et dans l’UE, contre lequel il faut un « changement radical de cap [qui] implique d’inventer de nouvelles formes d’appropriation sociale avec des droits et des pouvoirs nouveaux des salariés qui leur permettront d’intervenir sur tous les choix stratégiques des entreprises et qui transformeront le travail (sic !). Il implique aussi que la banque et la monnaie redeviennent des biens communs publics au service de l’intérêt général » (idem).

Le « défi civilisationnel » posé au capitalisme n’est pas seulement le « développement des sept milliards d’humains de notre planète », ni celui d’empêcher « la destruction des emplois industriels » dans les pays de la triade, mais, s’étonne le PCF, « d’inventer les droits à polluer qui désormais s’échangent en places boursières et a favorisé l’épuisement des ressources naturelles traditionnelles tout en laissant hors d’atteinte de populations entières un environnement sain, notamment l’accès à l’eau potable » (idem). 

En plus de ces « choix » scandaleux du capitalisme en général, « loin de saisir l’opportunité de construire un multilatéralisme incluant toutes les nations du monde, les puissances occidentales capitalistes ont renforcé les stratégies néo-impérialistes, leurs logiques de domination oligarchique. L’OTAN n’a pas été dissoute. (…) Jamais la communauté internationale (sic !) n’aurait dû rester spectatrice de la dégradation de la situation jusqu’à ce qu’elle ne permette d’autres choix (sic !) que le recours à l’intervention militaire pour stopper l’avancée des groupes islamistes radicaux (sic !). (…) Le capitalisme a joué avec le feu du ‘choc des civilisations’, avec l’instrumentalisation des religions, continuant à cultiver l’arrogance du modèle occidental. Les discours sur la stigmatisation de l’Islam ont fait florès comme en France avec la droite et l’extrême droite » (idem). Le PCF ne voit apparemment aucune contradiction entre le fait de constater que « les puissances occidentales capitalistes ont renforcé les stratégies néo-impérialistes, leurs logiques de domination oligarchique » et le fait de déclarer que « jamais la communauté internationale n’aurait dû rester spectatrice de la dégradation de la situation jusqu’à ce qu’elle ne permette d’autres choix que le recours à l’intervention militaire pour stopper l’avancée des groupes islamistes radicaux ».

De ce nœud inextricable de contradictions, le PCF en déduit que « la crise est une crise globale, multiple, devenue bien plus qu’une crise structurelle du capitalisme. C’est une crise de civilisation qui résulte de la conjonction, de l’entrechoquement de plusieurs crises. Elle présente une triple dimension : une crise systémique du capitalisme, une crise du sens, de la pensée et de l’action humaine ; une crise du rapport écologique ».

A la lecture de cette théorie « d’une crise de civilisation majeure », on a l’impression que le PCF, à sa façon réformiste, « redécouvre la roue », celle qu’enseignait Karl Marx sur la nature véritable du capitalisme il y a 150 ans : « Le capital a horreur de l'absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le capital devient hardi. A 20% il devient enthousiaste; à 50% il est téméraire; à 100% il foule au pied toutes les lois humaines et à 300% il ne recule devant aucun crime... » (Le Capital). En effet, il ne s’agit pas de « choix » ou de « folie », mais de l’essence même du mode de production capitaliste arrivé à son stade suprême, l’impérialisme ; celui du capital financier, fusion du capital bancaire et du capital industriel, celui des monopôles. La contradiction fondamentale à la base de tous les phénomènes qui déterminent les choix politiques des capitalistes pris isolément et dans leur ensemble, y compris les choix des Etats de dictature de classe bourgeoise est la contradiction entre le caractère de plus en plus social, à l’échelle mondiale, de la production et des services, et l’appropriation privée de celle-ci.

La prétendue « crise civilisationnelle » est en réalité celle du capitalisme en putréfaction, pourrissant, agonisant  et qui va vers son renversement révolutionnaire par la classe ouvrière et ses alliés des autres classes populaires, condition indispensable pour l’édification du socialisme, première phase du communisme.

Le PCF découvre « l’Europe » onze ans après le PS

La presse bourgeoise n’aura retenu du 36ème congrès du PCF que l’abandon du symbole de la faucille et du marteau, ‘scoop’ sur lequel Pierre Laurent se fera un « plaisir de dire quelques mots » en ces termes : « Je veux leur faire une révélation. A la naissance du PCF en 1920, la faucille et le marteau ne figurent pas à la une de l’Humanité. Pas plus d’ailleurs qu’en 1921, 1922, 1923… Il a fallu que Lénine meurt pour que la faucille et le marteau s’affichent à la Une du journal. C’est vrai aussi de la carte du Parti Communiste Français. En 1944, sur la carte du Parti des fusillés, pas de faucille ni de marteau. Mais, par contre, un liséré bleu blanc rouge, le symbole de la Résistance. Alors, oui, notre carte a changé. Elle n’a plus les outils, mais elle a deux qualités. Elle est rouge et elle comporte le sigle du Parti de la Gauche Européenne, car nous sommes fiers d’afficher notre ambition d’ouvrir des chemins émancipateurs pour l’Europe » (spécial 36ème congrès du PCF, Humanité du 13/02/13).

Faisons d’abord remarquer que le PCF naît en 1920 en rupture avec les sociaux-traîtres pro-impérialistes, et qu’il faudra à ce jeune parti un travail de bolchevisation jusqu’en 1924 pour se débarrasser des scories de cette trahison social-démocrate. « L’union sacrée » avec la bourgeoisie avait tué dix millions d’hommes entre 1914 et 1918, et le fondateur de l’Humanité Jean Jaurès.

En 1944, la nature démocratique antifasciste du combat antinazi dirigé par l’URSS à l’échelle mondiale nécessitait temporairement l’union des forces du prolétariat et de l’ensemble du peuple avec les éléments bourgeois antifascistes.   

Le 36éme congrès du PCF proclame donc que la faucille et le marteau, symboles de l’alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie, ces deux principales forces sociales victorieuses de la dictature du capital, sont dorénavant remplacés par « le sigle du Parti de la gauche européenne car nous sommes fiers d’afficher notre ambition d’ouvrir des chemins émancipateurs pour l’Europe »…

Force est de constater que le PCF a été jusqu’ici la force principale de la résistance des travailleurs et du peuple de France contre cette prison prédatrice des peuples qu’est la CEE mutée en UE. Il fut engagé dans la campagne contre le traité de Rome, puis contre la CED dans les années 50 et 60 et plus récemment contre le traité de Maastricht en 1992 par lequel fut imposé l’euro comme monnaie unique et contre le TCE en 2005. Il vient donc de renier sa propre histoire anti-européenne pour rejoindre avec armes et bagages son « grand frère socialiste », cet allié historique de la droite pour la réalisation de l’union des bourgeoisies européennes.

Ce faisant le 36éme congrès ne fait nullement acte de « nouveauté » : en réalité le PCF ne fait que répéter une nouvelle fois la tragédie du suivisme idéologique et politique vis-à-vis de son aîné socialiste qui a commencé au milieu des années 70 avec le « programme commun de gouvernement », s’est poursuivi par l’abandon de la dictature du prolétariat en 76, la participation au premier gouvernement Mitterrand en 1981, la mutation idéologique social-démocrate avec Robert Hue et les travaux pratiques de la collaboration de classe avec le gouvernement de la « gauche plurielle ». Le nouvel aboutissement des abandons idéologiques du PCF est « L’Europe », qui selon son projet incarnerait « le renouveau communiste, de la transformation accélérée de notre parti, de la construction désormais clairement engagée d’un communisme de nouvelle génération ».

Il n’y a vraiment rien de nouveau sous le soleil au PCF. En effet, lisez tout simplement dans un texte intitulé « socialistes de toute l’Europe, unissez-vous ! » ce qu’écrivent, onze ans plus tôt, Laurent Fabius, Pierre Mauroy et Michel Rocard, tous ténors et hauts responsables de l’Internationale Socialiste : « le socialisme dans un seul pays n’a évidemment plus de sens. Si l’on veut être efficace et peser vraiment sur le cours des choses, les politiques à mettre en œuvre et les régulations à construire se situent désormais à l’échelle des continents et du monde. (…) La social-démocratie se définit par la recherche d’un triple compromis entre le capital et le travail, le marché et l’Etat, la compétition et la solidarité. (…) Les trois compromis de la social-démocratie doivent donc être actualisés, nos méthodes réformées et internationalisées. (…) Il faut aussi éviter tout repli sur soi, car le déséquilibre actuel qui fait des Etats-Unis l’acteur dominant du système international doit être corrigé. (…) La refondation de la social-démocratie passera d’abord par l’Europe. (…) devant les enjeux de la gouvernance internationale … l’Europe constitue le bon échelon d’intervention et de représentation… (dans) un monde qui se structurera autour de quatre ou cinq grands ensembles régionaux, dont l’Europe. (…) la social-démocratie doit prendre appui sur l’Europe » (Le Monde du 29 octobre 2002).

Quelle différence y a-t-il entre ce que dit le PCF et son aîné social-démocrate quand on lit ceci dans le compte rendu du congrès: « Notre ambition est donc de refonder la construction européenne. Cette belle idée d’Union des peuples et des nations européennes que les dirigeants actuels ont salie et dénaturée. C’est l’un des grands défis du combat de classe de notre époque. ‘Construire l’Europe’ ne doit pas signifier nous couler dans le moule de la mondialisation libérale, mais nous donner au contraire des moyens – économiques, financiers, politiques – de faire vivre un modèle social et culturel avancé, notamment par une réorientation de la Banque Centrale Européenne pour placer son pouvoir de création monétaire au service du développement social et de la transition écologique » (idem). Si les choses ne sont pas suffisamment claire, citons encore ceci : « Construire l’Europe ne doit pas conduire à former un bloc (ou un sous bloc) ‘occidental’ prêt à tout pour ‘tailler des croupières’ aux blocs concurrents, mais doit permettre d’user du poids et de l’influence acquis ensemble pour faire émerger d’autres règles dans les relations internationales : plus équitables, plus démocratiques, plus pacifiques » (idem).

Peut être faut-il tout simplement demander au PCF : Pourquoi la classe ouvrière et le peuple de France doivent-ils croire à une ‘construction européenne’ qui donnerait « des moyens – économiques, financiers, politiques – de faire vivre un modèle social et culturel avancé » ? Concrètement l’UE, c’est jusqu’ici les délocalisations à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE, à la recherche d’une main d’œuvre taillable et corvéable à merci. Pourquoi les peuples d’Europe et d’ailleurs devraient-ils croire que l’UE use de son « poids et de l’influence acquis ensemble pour faire émerger d’autres règles dans les relations internationales : plus équitables, plus démocratiques, plus pacifiques » autres que celles libérales de l’OMC pilotée par les USA, le Japon et l’UE ? En quoi les bourgeoisies européennes qui ont agressé l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan, la Libye, le Mali et soutiennent les djihadistes en Syrie et les fascistes sionistes d’Israël seraient-elles plus pacifiques ? Quelle autre réalité y a-t-il derrière « l’Europe » si ce n’est que l’expansion de la chrétienté telle que le préconisait le Traité Constitutionnel Européen (TCE) ? Le seul autre point commun qui unit les Etats impérialistes européens n’est-il pas leur passé et encore présent de colonisateurs ? En quoi la thèse d’un soi-disant « modèle social et culturel avancé » se distingue t-il alors de la « mission civilisatrice », combattu par le jeune PCF section Française de l’Internationale Communiste contre les positions chauvines impérialistes de la SFIO ? En quoi son aboutissement révisionniste et raciste ‘le rôle positif de la colonisation’ ou ‘l’ingérence humanitaire’ diffère-t-il du ‘choc des civilisations’ états-unien ? En quoi la soumission au diktat libéral de l’UE dans chaque pays européen malgré l’opposition manifestée par les travailleurs et les peuples dans les rues et par la grève, diktat qui va jusqu’à imposer ses commis au pouvoir comme en Grèce et en Italie serait-elle une alternative démocratique ?

La dictature de ‘l’Europe’ consiste à faire ouvertement adopter par les parlements des traités libéraux rejetés par le peuple lors du référendum. ‘L’idée européenne’ est antisociale, antidémocratique, raciste, guerrière et anticommuniste, bref c’est l’antithèse du mot d’ordre de Marx, Engels, de la Commune, de l’URSS, du Camp socialiste et de l’Internationale Communiste : « Travailleurs et peuples opprimés de tous les pays, unissez-vous » !   

Le PCF fait ici comme si la construction de l’UE était une volonté des peuples, ce qui est totalement faux. L’UE est une construction supranationale des bourgeoisies impérialistes européennes, d’abord dirigée dans le cadre de la « guerre froide » contre le camp socialiste et l’URSS et servant aujourd’hui à la fois les ambitions de préservation de l’hégémonie mondiale des USA et celles du nouveau Reich Allemand. Entre ces bourgeoisies impérialistes, il y a un consensus sur les politiques libérales de gestion de la crise du capitalisme mondiale et en particulier de la crise de la zone euro. La question est : le PCF est-il partie prenante de l’objectif de l’Internationale Socialiste, faisant de l’Europe le bon échelon d’intervention pour satisfaire le projet d’une UE bourgeoise impérialiste supranationale dominée par l’Allemagne et hégémonique au plan mondial ? Il sera difficile au PCF d’échapper à une réponse claire et précise à cette question. 

Quel projet de société à la place du capitalisme ? Le communisme ?    

« Ce que nous nommons communisme, dit le texte de notre congrès, c’est bien l’incessant mouvement démocratique d’appropriation citoyenne et de partage, par toutes et tous, de tous les avoirs, autrement dit les richesses, de tous les savoirs, de tous les pouvoirs, qui enverra peu à peu l’ancien régime du capitalisme aux oubliettes et fera grandir l’humain partout et dans l’humanité tout entière » (idem). Le communisme dans l’esprit du PCF, c’est le « partage des richesses, des savoirs, des pouvoirs ». Le PCF, mais aussi toute la constellation des trotskistes, osent t-ils poser la question essentielle du « partage » de la propriété privée des moyens de production et d’échange ? « Partager les richesses » n’est rien d’autre que la vieille revendication ouvrière d’augmentation du salaire. En effet toute lutte, toute grève qui débouche sur une augmentation des salaires est un « partage de richesses » qui ne dit pas son nom.  Il s’agit ici d’une simple revendication économique qui a par ailleurs le défaut de se référer au « partage » comme aumône chrétienne. Voilà comment, à force de dérive réformiste, on abandonne la revendication ouvrière directe, précise et claire, de « faire payer les riches, les patrons » par la hausse des salaires ou la réduction du temps de travail, pour son ombre (le « partage des richesses »). Une substitution qui s’accommode tout à fait avec l’idéologie patronale.

« L’ancien régime », expression de la bourgeoisie de 1789 contre la noblesse, est aussi l’anachronisme que le congrès nous ressert pour éviter la question décisive du pouvoir de classe. Aujourd’hui la classe sociale au pouvoir est la bourgeoisie impérialiste, c’est elle qui doit être renversée par la classe ouvrière et ses alliés des classes populaires. N’en déplaise au PCF, c’est le salariat qui doit par la révolution, en finir avec le capital. La crise systémique actuelle de surproduction et ses conséquences sociales montrent à de plus en plus de travailleurs et aux peuples que le capitalisme n’a plus rien à offrir à l’Humanité que les calamités et les guerres. Les communistes doivent dire aux travailleurs et aux peuples la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sur la nature inhumaine, dictatoriale, criminelle et sans avenir pour l’Homme, du capitalisme.

Le communisme est par nature démocratique, car l’émancipation des travailleurs est inévitablement l’œuvre des travailleurs et des peuples. Cependant l’exercice de la démocratie ne peut être conçu hors de la lutte des classes, hors de tout contexte lié à celle-ci. Mieux ; Lénine enseigne aux communistes dignes de ce nom que « les marxistes, eux, savent que la démocratie n'élimine pas l'oppression de classe, mais rend seulement la lutte des classes plus claire, plus ample, plus ouverte, plus accusée ; c'est ce qu'il nous faut. Plus la liberté du divorce est complète, et plus il est évident pour la femme que la source de son "esclavage domestique" est le capitalisme, et non l'absence de droits. Plus le régime est démocratique, et plus il est évident pour les ouvriers que l'origine du mal est le capitalisme, et non l'absence de droits. Plus l'égalité en droits des nations est complète (elle n'est pas complète sans la liberté de séparation), et plus il est évident pour les ouvriers de la nation opprimée que tout tient au capitalisme, et non à l'absence de droits. Et ainsi de suite (…). Toute la "démocratie" consiste dans la proclamation et la réalisation de "droits" difficilement réalisables et d'une façon très conditionnelle en régime capitaliste ; mais sans cette proclamation, sans que la lutte pour les droits soit menée immédiatement et sans délai, sans que les masses soient éduquées dans l'esprit d'une telle lutte, le socialisme est impossible » (Lénine, V. I., Sur l'émancipation de la femme, Moscou, Éd. du Progrès, 1973).

Aux capitulations idéologiques face aux mensonges, aux diffamations et aux calomnies de la bourgeoisie, amalgamant sciemment communisme et fascisme sous le label du totalitarisme, les communistes répondent par des analyses qui arment les forces populaires victimes de l’exploitation capitaliste.

Sur ce terrain, le congrès s’enferme aussi dans une amnésie insupportable sur le rôle et la place incontournables des communistes, du PCF, dans toutes les conquêtes sociales, démocratiques et culturelles en France. Or ces conquêtes ont été l’œuvre des masses en lutte sous la direction du PCF et des militants communistes héros d’hier et ‘pestiférés’ (sic !) d’aujourd’hui comme M. Thorez, J. Duclos, B. Frachon, Martha Desrumeaux, Madeleine Riffaud, Colonel Fabien, G. Mocquet, G. Politzer, Manouchian, G. Cogniot, H. Barbusse, Jeannette Vermeersch, Paul Vaillant Couturier, Aragon, Henri Martin, Henri Krasucki, Lamine Arfan Senghor, Hadj Abdelkader, Tiémoko Garang Kouyaté, etc.

Voici comment une communiste soviétique, Nina Andreeva, à partir de l’expérience de la contre révolution en URSS, met en garde contre les pièges de la bourgeoisie dans la lutte de classe : « L'exacerbation de la conscience de lutte de classe jusqu'à la reconnaissance de la dictature du prolétariat avait été considérée par Lénine comme étant un des acquis fondamentaux de Marx et Engels. Staline n'a fait que confirmer et maintenir cette position. C'est précisément cette partie de l'enseignement marxiste léniniste qui a été de plus en plus soumise aux attaques des politiciens et idéologues bourgeois et qui a finalement pratiquement disparu du programme de toute une série de partis communistes. Il ne s'agit pas d'une question de terminologie mais bien de contenu, du contenu de ce concept. Tout Etat est une dictature, dictature de l'une ou de l'autre classe. Classe qui dispose du pouvoir économique. Cependant Il ne faut pas confondre la teneur du pouvoir – c'est-à-dire dans l'intérêt de qui, de quelle classe on met en application et on défend le pouvoir de classe - avec la forme, les moyens, le régime d'exécution de ce pouvoir. C'est ainsi que le fascisme est une forme terroriste de la dictature de la bourgeoisie. Le fascisme apparaît lorsque que le capital est obligé de se départir des formes démocratiques de gouvernement pour passer en un régime de soumission directe et brutal des travailleurs.

La dictature du prolétariat est assurée par la classe des travailleurs et par ses alliés. La dictature du prolétariat peut apparaître dans des formes extrêmement diversifiées de pouvoir.

Les travailleurs souhaitent que cette méthode de mise en application de leur pouvoir soit elle-même démocratique. Cependant comme l'histoire l'a montré, cette possibilité ne dépend pas toujours des travailleurs eux-mêmes. L'opposition à la bourgeoisie peut nécessiter des formes de pouvoir beaucoup plus brutales. La révolution doit être à mesure de se défendre de façon à pouvoir subsister.

Les Idéologues et les opportunistes bourgeois confondent volontairement le contenu de la dictature du prolétariat en tant que substance de classe du pouvoir de l'Etat du prolétariat, avec les méthodes et formes de sa mise en application. Ceci est fait dans le but d’identifier le socialisme au fascisme de façon à désorienter les travailleurs. Les sociaux-démocrates et « l'Eurocommunisme » se sont embarqués sur cette voie. Le malheur est que certains communistes n'y voient même pas un piège.

Cependant, il ne faut pas opposer dictature et démocratie en tant que contenu du pouvoir. Dictature et démocratie ne peuvent être opposées que seulement du point de vue de la forme, des moyens, du mode de mise en application du pouvoir par l'une ou l'autre classe.

C'est cela la substance de l'opposition qui est faite entre dictature et démocratie. Le leitmotiv des opportunistes Gorbatchéviens du PCUS a été la paix civile dans une période où la contre révolution s'attaquait aux victoires du socialisme dans le pays.

L'expérience des trois et quatre dernières décennies de l'histoire de l'URSS a montré que l'ennemi principal de la gestion stalinienne, l'opportunisme, mène inévitablement à la restauration ouverte du capitalisme. L'hystérie antistalinienne jouait un rô1e de paravent dans le renforcement de la campagne anti-léniniste et anticommuniste » (Conférence de presse tenue le 2 mai 1992 à Bruxelles, publiée dans Solidaire, N°823 du 27 mai 1992).

La bourgeoisie ne renie pas ses prédécesseurs… D’où peut donc venir le reniement de nos anciens, y compris quand ils ont pu commettre des erreurs ?

Est-il admissible qu’on en soit réduit à déclarer au 36ème congrès du PCF sur le projet de société qui doit remplacer le capitalisme : suivez moi, mais je ne sais pas où je vais !

Voilà pourquoi nous pensons que les communistes dans et hors du PCF doivent absolument mettre en place une espace de débat et d’unité d’action pour travailler à dégager les axes programmatiques de la révolution communiste à venir. Les Assises du communisme peuvent ainsi être déclinées sous la forme d’un tour de France thématique, tout en assurant une expression nationale commune sur les grandes questions de l’actualité nationale et internationale. Dans ce travail nous devons rassembler les communistes dans et hors du PCF sur les grandes questions suivantes :

La nationalisation sans indemnisation des patrons des entreprises qui ferment et délocalisent ;

- La sortie de l’euro et de l’UE ;

- L’unité combative de la classe ouvrière, du monde du travail dans sa diversité culturelle, religieuse et d’origine ;

- La lutte pour l’égalité des droits et contre le fascisme ;

- La lutte contre les guerres impérialistes ;

- La reconstruction communiste et la construction d’un front populaire antifasciste

- La solidarité internationale avec les expériences progressistes : Cuba, Corée du Nord, Vietnam, Chine, l’Alba, etc. ;

- La lutte contre l’anticommunisme et l’étude critique des expériences socialistes de l’URSS et des pays de l’Est ;

- Le projet communiste aujourd’hui.



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