Les
lampions se sont éteints sur le 36ème congrès du
PCF. Auréolé du succès de la campagne
antilibérale du Front de Gauche durant les élections
présidentielle et législative, le PCF « récuse
totalement » que « la double exigence
d’accroître la discipline budgétaire et de rendre
les entreprises plus compétitives est une impasse dramatique »
(spécial 36ème congrès, Humanité
du 13/02/13), pointe et dénonce l’aveu significatif
exprimé par Hollande au parlement européen : « La
crise de la zone euro est largement derrière nous, (…) ce
qui nous menace aujourd’hui, ce n’est plus la défiance
des marchés, c’est celle des peuples » (idem,
cité dans le rapport de Pierre Laurent). Le PCF appelle encore
à la « bataille du changement »
parce que « si ne s’engage pas rapidement,
massivement, une remise en mouvement général des forces
du changement pour exiger les ruptures attendues par notre peuple au
printemps dernier, la politique du gouvernement conduira
tout droit à la déception, à la démoralisation,
à l’échec. Pas question de l’accepter.
Que personne ne compte sur nous pour entonner les sirènes de
la résignation et du défaitisme face aux forces de la
finance ! » (idem).
Si
le fait d’attendre du PS une quelconque « rupture »
d’avec les politiques patronales libérales eurocratiques
est une illusion, on ne peut que partager ce refus exprimé par
le PCF « d’entonner les sirènes de la
résignation et du défaitisme face aux forces de la
finance ».
Toutefois
derrière les aspects antilibéraux et le refrain des
luttes sociales « on lâche rien »,
le 36ème congrès du PCF marque de nouveaux abandons
idéologiques et poursuit le cours -nous allons l’examiner-
de sa social-démocratisation.
Crise
du capitalisme ou crise civilisationnelle ?
Le
PCF croit et fait croire que « le capitalisme n’a
fait qu’aggraver de manière spectaculaire des crises
structurelles grandissantes. Pourquoi ? Parce que mis au défi
du développement humain des sept milliards d’habitants
de notre planète (sic !), et non plus seulement de
la préservation des seuls intérêts de puissance
d’un petit monde capitaliste occidental, le capitalisme
mondialisé a gravement échoué. Au point
qu’aujourd’hui, si n’émerge pas un autre
mode de développement humain, un nouveau type de relations à
l’échelle de l’humanité tout entière,
ses logiques de compétition à outrance et les crises
qu’elles engendrent nous enfonceront dans une impasse
civilisationnelle »(idem). Ainsi, pour le PCF, les
crises structurelles ne sont pas inhérentes au capitalisme,
lequel est même « mis au défi du
développement humain » et non celui de la
recherche par tous les moyens de la plus value et du profit maximum.
« Plutôt que d’ouvrir une ère du
partage, de la coopération, du bien commun et du service
public, le capital a choisi la voie d’une nouvelle guerre
économique mondialisée, mis en concurrence les salariés
du monde entier, développé entre elles une compétition
coupe-gorge terriblement destructrice, notamment en emplois
industriels dans les pays avancés. Voilà la réalité ;
ce système est devenu fou et destructeur »
(idem). Les lois du capitalisme sont ramenées à un
« choix du capital devenu fou », lequel aurait
pu faire d’autres choix que la guerre économique, la
concurrence, la compétition, le chômage de masse, etc.
Notons
ici que le « choix du capital » est « la
destruction d’emplois industriels dans les pays avancés »,
c'est-à-dire aux USA, au Japon et dans l’UE, contre
lequel il faut un « changement radical de cap [qui]
implique d’inventer de nouvelles formes d’appropriation
sociale avec des droits et des pouvoirs nouveaux des salariés
qui leur permettront d’intervenir sur tous les choix
stratégiques des entreprises et qui transformeront
le travail (sic !). Il implique aussi que la banque et la
monnaie redeviennent des biens communs publics au service de
l’intérêt général »
(idem).
Le
« défi civilisationnel » posé
au capitalisme n’est pas seulement le « développement
des sept milliards d’humains de notre planète »,
ni celui d’empêcher « la destruction des
emplois industriels » dans les pays de la triade,
mais, s’étonne le PCF, « d’inventer
les droits à polluer qui désormais s’échangent
en places boursières et a favorisé l’épuisement
des ressources naturelles traditionnelles tout en laissant hors
d’atteinte de populations entières un environnement
sain, notamment l’accès à l’eau potable »
(idem).
En
plus de ces « choix » scandaleux du
capitalisme en général, « loin de saisir
l’opportunité de construire un multilatéralisme
incluant toutes les nations du monde, les puissances occidentales
capitalistes ont renforcé les stratégies
néo-impérialistes, leurs logiques de domination
oligarchique. L’OTAN n’a pas été dissoute.
(…) Jamais la communauté internationale (sic !)
n’aurait dû rester spectatrice de la dégradation
de la situation jusqu’à ce qu’elle ne permette
d’autres choix (sic !) que le recours à
l’intervention militaire pour stopper l’avancée
des groupes islamistes radicaux (sic !). (…) Le
capitalisme a joué avec le feu du ‘choc des
civilisations’, avec l’instrumentalisation des religions,
continuant à cultiver l’arrogance du modèle
occidental. Les discours sur la stigmatisation de l’Islam ont
fait florès comme en France avec la droite et l’extrême
droite » (idem). Le PCF ne voit apparemment aucune
contradiction entre le fait de constater que « les
puissances occidentales capitalistes ont renforcé les
stratégies néo-impérialistes, leurs logiques de
domination oligarchique » et le fait de déclarer
que « jamais la communauté internationale
n’aurait dû rester spectatrice de la dégradation
de la situation jusqu’à ce qu’elle ne permette
d’autres choix que le recours à l’intervention
militaire pour stopper l’avancée des groupes islamistes
radicaux ».
De
ce nœud inextricable de contradictions, le PCF en déduit
que « la crise est une crise globale, multiple, devenue
bien plus qu’une crise
structurelle du capitalisme. C’est une crise de
civilisation qui résulte de la conjonction, de
l’entrechoquement de plusieurs crises. Elle présente une
triple dimension : une crise systémique du capitalisme,
une crise du sens, de la pensée et de l’action humaine ;
une crise du rapport écologique ».
A
la lecture de cette théorie « d’une crise de
civilisation majeure », on a l’impression que le
PCF, à sa façon réformiste, « redécouvre la
roue », celle qu’enseignait Karl Marx sur
la nature véritable du capitalisme il y a 150 ans : « Le
capital a horreur de l'absence de profit. Quand il flaire un bénéfice
raisonnable, le capital devient hardi. A 20% il devient enthousiaste;
à 50% il est téméraire; à 100% il foule
au pied toutes les lois humaines et à 300% il ne recule devant
aucun crime... » (Le Capital). En effet, il ne
s’agit pas de « choix » ou de « folie »,
mais de l’essence même du mode de production
capitaliste arrivé à son stade suprême,
l’impérialisme ; celui du capital financier,
fusion du capital bancaire et du capital industriel, celui des
monopôles. La contradiction fondamentale à la base de
tous les phénomènes qui déterminent les choix
politiques des capitalistes pris isolément et dans leur
ensemble, y compris les choix des Etats de dictature de classe
bourgeoise est la contradiction entre le caractère de plus
en plus social, à l’échelle mondiale, de la
production et des services, et l’appropriation privée de
celle-ci.
La
prétendue « crise civilisationnelle »
est en réalité celle du capitalisme en putréfaction,
pourrissant, agonisant et qui va vers son renversement
révolutionnaire par la classe ouvrière et ses alliés
des autres classes populaires, condition indispensable pour
l’édification du socialisme, première phase du
communisme.
Le
PCF découvre « l’Europe » onze ans
après le PS
La
presse bourgeoise n’aura retenu du 36ème congrès
du PCF que l’abandon du symbole de la faucille et du marteau,
‘scoop’ sur lequel Pierre Laurent se fera un « plaisir
de dire quelques mots » en ces termes : «
Je veux leur faire une révélation. A la naissance du
PCF en 1920, la faucille et le marteau ne figurent pas à la
une de l’Humanité. Pas plus d’ailleurs qu’en
1921, 1922, 1923… Il a fallu que Lénine meurt pour que
la faucille et le marteau s’affichent à la Une du
journal. C’est vrai aussi de la carte du Parti Communiste
Français. En 1944, sur la carte du Parti des fusillés,
pas de faucille ni de marteau. Mais, par contre, un liséré
bleu blanc rouge, le symbole de la Résistance. Alors, oui,
notre carte a changé. Elle n’a plus les outils, mais
elle a deux qualités. Elle est rouge et elle comporte le sigle
du Parti de la Gauche Européenne, car nous sommes fiers
d’afficher notre ambition d’ouvrir des chemins
émancipateurs pour l’Europe » (spécial
36ème congrès du PCF, Humanité du
13/02/13).
Faisons
d’abord remarquer que le PCF naît en 1920 en rupture avec
les sociaux-traîtres pro-impérialistes, et qu’il
faudra à ce jeune parti un travail de bolchevisation jusqu’en
1924 pour se débarrasser des scories de cette trahison
social-démocrate. « L’union sacrée »
avec la bourgeoisie avait tué dix millions d’hommes
entre 1914 et 1918, et le fondateur de l’Humanité
Jean Jaurès.
En
1944, la nature démocratique antifasciste du combat antinazi
dirigé par l’URSS à l’échelle
mondiale nécessitait temporairement l’union des forces
du prolétariat et de l’ensemble du peuple avec les
éléments bourgeois antifascistes.
Le
36éme congrès du PCF proclame donc que la faucille et
le marteau, symboles de l’alliance de la classe ouvrière
et de la paysannerie, ces deux principales forces sociales
victorieuses de la dictature du capital, sont dorénavant
remplacés par « le sigle du Parti de la gauche
européenne car nous sommes fiers d’afficher notre
ambition d’ouvrir des chemins émancipateurs pour
l’Europe »…
Force
est de constater que le PCF a été jusqu’ici la
force principale de la résistance des travailleurs et du
peuple de France contre cette prison prédatrice des peuples
qu’est la CEE mutée en UE. Il fut engagé dans la
campagne contre le traité de Rome, puis contre la CED dans les
années 50 et 60 et plus récemment contre le traité
de Maastricht en 1992 par lequel fut imposé l’euro comme
monnaie unique et contre le TCE en 2005. Il vient donc de renier sa
propre histoire anti-européenne pour rejoindre avec armes et
bagages son « grand frère socialiste »,
cet allié historique de la droite pour la réalisation
de l’union des bourgeoisies européennes.
Ce
faisant le 36éme congrès ne fait nullement acte de
« nouveauté » : en réalité
le PCF ne fait que répéter une nouvelle fois la
tragédie du suivisme idéologique et politique vis-à-vis
de son aîné socialiste qui a commencé au milieu
des années 70 avec le « programme commun de
gouvernement », s’est poursuivi par l’abandon
de la dictature du prolétariat en 76, la participation au
premier gouvernement Mitterrand en 1981, la mutation idéologique
social-démocrate avec Robert Hue et les travaux pratiques de
la collaboration de classe avec le gouvernement de la « gauche
plurielle ». Le nouvel aboutissement des abandons
idéologiques du PCF est « L’Europe »,
qui selon son projet incarnerait « le renouveau
communiste, de la transformation accélérée de
notre parti, de la construction désormais clairement engagée
d’un communisme de nouvelle génération ».
Il
n’y a vraiment rien de nouveau sous le soleil au PCF. En effet,
lisez tout simplement dans un texte intitulé « socialistes
de toute l’Europe, unissez-vous ! »
ce qu’écrivent, onze ans plus tôt, Laurent Fabius,
Pierre Mauroy et Michel Rocard, tous ténors et hauts
responsables de l’Internationale Socialiste : « le
socialisme dans un seul pays n’a évidemment plus de
sens. Si l’on veut être efficace et peser
vraiment sur le cours des choses, les politiques à mettre en
œuvre et les régulations à construire se situent
désormais à l’échelle des continents et du
monde. (…) La social-démocratie se définit par
la recherche d’un triple compromis entre le capital et le
travail, le marché et l’Etat, la compétition et
la solidarité. (…) Les trois compromis de la
social-démocratie doivent donc être actualisés,
nos méthodes réformées et internationalisées.
(…) Il faut aussi éviter tout repli sur soi,
car le déséquilibre actuel qui fait des Etats-Unis
l’acteur dominant du système international doit être
corrigé. (…) La refondation de la social-démocratie
passera d’abord par l’Europe. (…)
devant les enjeux de la gouvernance internationale … l’Europe
constitue le bon échelon d’intervention et de
représentation… (dans) un monde qui se
structurera autour de quatre ou cinq grands ensembles régionaux,
dont l’Europe. (…) la social-démocratie
doit prendre appui sur l’Europe » (Le
Monde du 29 octobre 2002).
Quelle
différence y a-t-il entre ce que dit le PCF et son aîné
social-démocrate quand on lit ceci dans le compte rendu
du congrès: « Notre ambition est donc de
refonder la construction européenne. Cette belle idée
d’Union des peuples et des nations européennes que les
dirigeants actuels ont salie et dénaturée. C’est
l’un des grands défis du combat de classe de notre
époque. ‘Construire l’Europe’ ne doit pas
signifier nous couler dans le moule de la mondialisation libérale,
mais nous donner au contraire des moyens –
économiques, financiers, politiques – de faire vivre un
modèle social et culturel avancé, notamment par une
réorientation de la Banque Centrale Européenne pour
placer son pouvoir de création monétaire au
service du développement social et de la transition
écologique » (idem). Si les choses ne sont pas
suffisamment claire, citons encore ceci : « Construire
l’Europe ne doit pas conduire à former un bloc (ou un
sous bloc) ‘occidental’ prêt à tout pour
‘tailler des croupières’ aux blocs concurrents,
mais doit permettre d’user du poids et de l’influence
acquis ensemble pour faire émerger d’autres règles
dans les relations internationales : plus équitables,
plus démocratiques, plus pacifiques »
(idem).
Peut
être faut-il tout simplement demander au PCF : Pourquoi la
classe ouvrière et le peuple de France doivent-ils croire à
une ‘construction européenne’ qui donnerait « des
moyens – économiques, financiers, politiques – de
faire vivre un modèle social et culturel avancé » ?
Concrètement l’UE, c’est jusqu’ici les
délocalisations à l’intérieur et à
l’extérieur de l’UE, à la recherche d’une
main d’œuvre taillable et corvéable à
merci. Pourquoi les peuples d’Europe et d’ailleurs
devraient-ils croire que l’UE use de son « poids
et de l’influence acquis ensemble pour faire émerger
d’autres règles dans les relations internationales :
plus équitables, plus démocratiques, plus pacifiques »
autres que celles libérales de l’OMC pilotée
par les USA, le Japon et l’UE ? En quoi les bourgeoisies
européennes qui ont agressé l’Irak, la
Yougoslavie, l’Afghanistan, la Libye, le Mali et soutiennent
les djihadistes en Syrie et les fascistes sionistes d’Israël
seraient-elles plus pacifiques ? Quelle autre réalité
y a-t-il derrière « l’Europe »
si ce n’est que l’expansion de la chrétienté
telle que le préconisait le Traité Constitutionnel
Européen (TCE) ? Le seul autre point commun qui unit les
Etats impérialistes européens n’est-il pas leur
passé et encore présent de colonisateurs ? En quoi
la thèse d’un soi-disant « modèle
social et culturel avancé » se distingue t-il alors
de la « mission civilisatrice », combattu par
le jeune PCF section Française de l’Internationale
Communiste contre les positions chauvines impérialistes de la
SFIO ? En quoi son aboutissement révisionniste et raciste
‘le rôle positif de la colonisation’ ou
‘l’ingérence humanitaire’ diffère-t-il
du ‘choc des civilisations’ états-unien ? En
quoi la soumission au diktat libéral de l’UE dans chaque
pays européen malgré l’opposition manifestée
par les travailleurs et les peuples dans les rues et par la grève,
diktat qui va jusqu’à imposer ses commis au pouvoir
comme en Grèce et en Italie serait-elle une alternative
démocratique ?
La
dictature de ‘l’Europe’ consiste à faire
ouvertement adopter par les parlements des traités libéraux
rejetés par le peuple lors du référendum.
‘L’idée européenne’ est antisociale,
antidémocratique, raciste, guerrière et anticommuniste,
bref c’est l’antithèse du mot d’ordre de
Marx, Engels, de la Commune, de l’URSS, du Camp socialiste et
de l’Internationale Communiste : « Travailleurs
et peuples opprimés de tous les pays, unissez-vous » !
Le
PCF fait ici comme si la construction de l’UE était une
volonté des peuples, ce qui est totalement faux. L’UE
est une construction supranationale des bourgeoisies impérialistes
européennes, d’abord dirigée dans le cadre de la
« guerre froide » contre le camp socialiste et
l’URSS et servant aujourd’hui à la fois les
ambitions de préservation de l’hégémonie
mondiale des USA et celles du nouveau Reich Allemand. Entre ces
bourgeoisies impérialistes, il y a un consensus sur les
politiques libérales de gestion de la crise du capitalisme
mondiale et en particulier de la crise de la zone euro. La question
est : le PCF est-il partie prenante de l’objectif de
l’Internationale Socialiste, faisant de l’Europe le bon
échelon d’intervention pour satisfaire le projet d’une
UE bourgeoise impérialiste supranationale dominée par
l’Allemagne et hégémonique au plan mondial ?
Il sera difficile au PCF d’échapper à une réponse
claire et précise à cette question.
Quel
projet de société à la place du capitalisme ?
Le communisme ?
« Ce
que nous nommons communisme, dit le texte de notre congrès,
c’est bien l’incessant mouvement démocratique
d’appropriation citoyenne et de partage, par toutes et tous, de
tous les avoirs, autrement dit les richesses, de tous les savoirs, de
tous les pouvoirs, qui enverra peu à peu l’ancien régime
du capitalisme aux oubliettes et fera grandir l’humain partout
et dans l’humanité tout entière »
(idem). Le communisme dans l’esprit du PCF, c’est le
« partage des richesses, des savoirs, des pouvoirs ».
Le PCF, mais aussi toute la constellation des trotskistes, osent
t-ils poser la question essentielle du « partage »
de la propriété privée des moyens de production
et d’échange ? « Partager les
richesses » n’est rien d’autre que la
vieille revendication ouvrière d’augmentation du
salaire. En effet toute lutte, toute grève qui débouche
sur une augmentation des salaires est un « partage de
richesses » qui ne dit pas son nom. Il s’agit
ici d’une simple revendication économique qui a par
ailleurs le défaut de se référer au « partage »
comme aumône chrétienne. Voilà comment, à
force de dérive réformiste, on abandonne la
revendication ouvrière directe, précise et claire, de
« faire payer les riches, les patrons »
par la hausse des salaires ou la réduction du temps de
travail, pour son ombre (le « partage des
richesses »). Une substitution qui s’accommode
tout à fait avec l’idéologie patronale.
« L’ancien
régime », expression de la bourgeoisie de 1789
contre la noblesse, est aussi l’anachronisme que le congrès
nous ressert pour éviter la question décisive du
pouvoir de classe. Aujourd’hui la classe sociale au
pouvoir est la bourgeoisie impérialiste, c’est elle qui
doit être renversée par la classe ouvrière et ses
alliés des classes populaires. N’en déplaise au
PCF, c’est le salariat qui doit par la révolution, en
finir avec le capital. La crise systémique actuelle de
surproduction et ses conséquences sociales montrent à
de plus en plus de travailleurs et aux peuples que le capitalisme n’a
plus rien à offrir à l’Humanité que les
calamités et les guerres. Les communistes doivent dire aux
travailleurs et aux peuples la vérité, toute la vérité,
rien que la vérité, sur la nature inhumaine,
dictatoriale, criminelle et sans avenir pour l’Homme, du
capitalisme.
Le
communisme est par nature démocratique, car
l’émancipation des travailleurs est inévitablement
l’œuvre des travailleurs et des peuples. Cependant
l’exercice de la démocratie ne peut être conçu
hors de la lutte des classes, hors de tout contexte lié à
celle-ci. Mieux ; Lénine enseigne aux communistes dignes
de ce nom que « les marxistes, eux, savent que la
démocratie n'élimine pas l'oppression de classe, mais
rend seulement la lutte des classes plus claire, plus ample, plus
ouverte, plus accusée ; c'est ce qu'il nous faut. Plus la
liberté du divorce est complète, et plus il est évident
pour la femme que la source de son "esclavage domestique"
est le capitalisme, et non l'absence de droits. Plus le régime
est démocratique, et plus il est évident pour les
ouvriers que l'origine du mal est le capitalisme, et non l'absence de
droits. Plus l'égalité en droits des nations est
complète (elle n'est pas complète sans la liberté
de séparation), et plus il est évident pour les
ouvriers de la nation opprimée que tout tient au capitalisme,
et non à l'absence de droits. Et ainsi de suite (…).
Toute la "démocratie" consiste dans la proclamation
et la réalisation de "droits" difficilement
réalisables et d'une façon très conditionnelle
en régime capitaliste ; mais sans cette proclamation, sans que
la lutte pour les droits soit menée immédiatement et
sans délai, sans que les masses soient éduquées
dans l'esprit d'une telle lutte, le socialisme est impossible »
(Lénine, V. I., Sur l'émancipation de la femme,
Moscou, Éd. du Progrès, 1973).
Aux
capitulations idéologiques face aux mensonges, aux
diffamations et aux calomnies de la bourgeoisie, amalgamant sciemment
communisme et fascisme sous le label du totalitarisme, les
communistes répondent par des analyses qui arment les forces
populaires victimes de l’exploitation capitaliste.
Sur
ce terrain, le congrès s’enferme aussi dans une amnésie
insupportable sur le rôle et la place incontournables des
communistes, du PCF, dans toutes les conquêtes sociales,
démocratiques et culturelles en France. Or ces conquêtes
ont été l’œuvre des masses en lutte sous la
direction du PCF et des militants communistes héros d’hier
et ‘pestiférés’ (sic !) d’aujourd’hui
comme M. Thorez, J. Duclos, B. Frachon, Martha Desrumeaux, Madeleine
Riffaud, Colonel Fabien, G. Mocquet, G. Politzer, Manouchian, G.
Cogniot, H. Barbusse, Jeannette Vermeersch, Paul Vaillant Couturier,
Aragon, Henri Martin, Henri Krasucki, Lamine Arfan Senghor, Hadj
Abdelkader, Tiémoko Garang Kouyaté, etc.
Voici
comment une communiste soviétique, Nina Andreeva, à
partir de l’expérience de la contre révolution en
URSS, met en garde contre les pièges de la bourgeoisie dans la
lutte de classe : « L'exacerbation de la
conscience de lutte de classe jusqu'à la reconnaissance de la
dictature du prolétariat avait été considérée
par Lénine comme étant un des acquis fondamentaux de
Marx et Engels. Staline n'a fait que confirmer et maintenir cette
position. C'est précisément cette partie de
l'enseignement marxiste léniniste qui a été de
plus en plus soumise aux attaques des politiciens et idéologues
bourgeois et qui a finalement pratiquement disparu du programme de
toute une série de partis communistes. Il ne s'agit pas d'une
question de terminologie mais bien de contenu, du contenu de ce
concept. Tout Etat est une dictature, dictature de l'une ou de
l'autre classe. Classe qui dispose du pouvoir économique.
Cependant Il ne faut pas confondre la teneur du pouvoir –
c'est-à-dire dans l'intérêt de qui, de quelle
classe on met en application et on défend le pouvoir de classe
- avec la forme, les moyens, le régime d'exécution de
ce pouvoir. C'est ainsi que le fascisme est une forme terroriste de
la dictature de la bourgeoisie. Le fascisme apparaît lorsque
que le capital est obligé de se départir des formes
démocratiques de gouvernement pour passer en un régime
de soumission directe et brutal des travailleurs.
La
dictature du prolétariat est assurée par la classe des
travailleurs et par ses alliés. La dictature du prolétariat
peut apparaître dans des formes extrêmement diversifiées
de pouvoir.
Les
travailleurs souhaitent que cette méthode de mise en
application de leur pouvoir soit elle-même démocratique.
Cependant comme l'histoire l'a montré, cette possibilité
ne dépend pas toujours des travailleurs eux-mêmes.
L'opposition à la bourgeoisie peut nécessiter des
formes de pouvoir beaucoup plus brutales. La révolution doit
être à mesure de se défendre de façon à
pouvoir subsister.
Les
Idéologues et les opportunistes bourgeois confondent
volontairement le contenu de la dictature du prolétariat en
tant que substance de classe du pouvoir de l'Etat du prolétariat,
avec les méthodes et formes de sa mise en application. Ceci
est fait dans le but d’identifier le socialisme au fascisme de
façon à désorienter les travailleurs. Les
sociaux-démocrates et « l'Eurocommunisme »
se sont embarqués sur cette voie. Le malheur est que certains
communistes n'y voient même pas un piège.
Cependant,
il ne faut pas opposer dictature et démocratie en tant que
contenu du pouvoir. Dictature et démocratie ne peuvent être
opposées que seulement du point de vue de la forme, des
moyens, du mode de mise en application du pouvoir par l'une ou
l'autre classe.
C'est
cela la substance de l'opposition qui est faite entre dictature et
démocratie. Le leitmotiv des opportunistes Gorbatchéviens
du PCUS a été la paix civile dans une période où
la contre révolution s'attaquait aux victoires du socialisme
dans le pays.
L'expérience
des trois et quatre dernières décennies de l'histoire
de l'URSS a montré que l'ennemi principal de la gestion
stalinienne, l'opportunisme, mène inévitablement à
la restauration ouverte du capitalisme. L'hystérie
antistalinienne jouait un rô1e de paravent dans le renforcement
de la campagne anti-léniniste et anticommuniste »
(Conférence de presse tenue le 2 mai 1992 à Bruxelles,
publiée dans Solidaire, N°823 du 27 mai 1992).
La
bourgeoisie ne renie pas ses prédécesseurs… D’où
peut donc venir le reniement de nos anciens, y compris quand ils ont
pu commettre des erreurs ?
Est-il
admissible qu’on en soit réduit à déclarer
au 36ème congrès du PCF sur le projet de société
qui doit remplacer le capitalisme : suivez moi, mais je ne
sais pas où je vais !
Voilà
pourquoi nous pensons que les communistes dans et hors du PCF doivent
absolument mettre en place une espace de débat et d’unité
d’action pour travailler à dégager les axes
programmatiques de la révolution communiste à venir.
Les Assises du communisme peuvent ainsi être déclinées
sous la forme d’un tour de France thématique, tout en
assurant une expression nationale commune sur les grandes questions
de l’actualité nationale et internationale. Dans ce
travail nous devons rassembler les communistes dans et hors du PCF
sur les grandes questions suivantes :
La
nationalisation sans indemnisation des patrons des entreprises qui
ferment et délocalisent ;
-
La sortie de l’euro et de l’UE ;
-
L’unité combative de la classe ouvrière, du monde
du travail dans sa diversité culturelle, religieuse et
d’origine ;
-
La lutte pour l’égalité des droits et contre le
fascisme ;
-
La lutte contre les guerres impérialistes ;
- La
reconstruction communiste et la construction d’un front
populaire antifasciste
-
La solidarité internationale avec les expériences
progressistes : Cuba, Corée du Nord, Vietnam, Chine,
l’Alba, etc. ;
-
La lutte contre l’anticommunisme et l’étude
critique des expériences socialistes de l’URSS et des
pays de l’Est ;
-
Le projet communiste aujourd’hui.
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