Chokri
Belaid, secrétaire général du Parti des
Patriotes Démocrates Unifié et dirigeant du Front
Populaire de Tunisie, a été lâchement assassiné
par plusieurs balles.
Ce crime odieux intervient dans un contexte de multiplication des
agressions contre l’opposition, le mouvement syndical et de
manière générale contre tout mouvement de
contestation populaire. Ces violences sont l’œuvre de
milices agissant en toute impunité et donc avec une complicité
évidente du gouvernement du parti Enahdha.
Ce
meurtre survient dans un contexte de bras de fer entre d’une
part les forces syndicales, les mouvements sociaux populaires
soutenus par le Front Populaire qui regroupe les partis de gauche
depuis la révolution inachevée en Tunisie du 17
décembre 2010 et d’autre part le gouvernement islamiste
des frères musulmans et le FMI qui lui dicte une
politique d’austérité libérale fondée
sur la privatisation de l’économie nationale.
En
Tunisie tout comme en Egypte, les révoltes populaires qui ont
dégagé les dictateurs pantins des impérialistes
occidentaux que sont Ben Ali et Moubarak sont à l’origine
des mouvements sociaux anti-libéraux et anti-impérialistes
que la propagande impérialiste a réduit à leur
seule dimension démocratique.
Les
intégristes islamistes politiquement organisés, qui
n’avaient aucune implication dans ces luttes, ont été
ramenés par les impérialistes pour dévoyer ces
luttes en occultant leurs dimensions sociales pour en faire de
simples luttes contre les dictatures laïques qui ont servi les
intérêts de la domination et l’exploitation des
multinationales impérialistes jusqu’à leur chute.
Les
prétendues « révolutions des réseaux
sociaux grâce à Internet » ont été
dans un premier temps manipulées par l’impérialisme
US en particulier et leurs alliés politiques organisés
que sont les frères musulmans, et les salafistes
wahhabites.
Une
des leçons majeures de ce « printemps arabe »
est justement que plus que jamais les travailleurs, les forces
sociales progressistes (jeunes, femmes) ont BESOIN DE L’ORGANISATION
D’AVANT-GARDE qu’est le PARTI DE CLASSE pour empêcher
que la révolution ne soit dévoyée de ses
objectifs véritables de progrès social et démocratique.
Parallèlement
l’alliance des barbares en costume cravate (Obama/Bush,
Sarkozy/Hollande, Cameron/Blair et des fascistes enturbannés
d’Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweït et des Emirats va
lancer les agressions militaires coloniales en Libye, en Syrie et au
Mali précédées de la guerre coloniale de la
Françafric en Côte d’Ivoire.
Dans
un second temps, et plus vite qu’attendu par les impérialistes
et les classes sociales bourgeoises et féodales, les forces
sociales populaires, celles du monde du travail, après avoir
été temporairement dupées par la voie électorale
instrumentalisée par l’islamisme politique, ont repris
le chemin de la lutte en renouant avec les raisons profondes du
sacrifice protestataire du jeune BOUAZIZI : la misère
sociale imposée par les diktats libéraux et spoliateurs
du FMI, de la Banque Mondiale et de la domination impérialiste.
C’est
cela le nouveau contexte de l’évolution en cours du
processus révolutionnaire en Tunisie, en Egypte et même
en Libye où les premières manifestations sociales
viennent d’éclater, et dans lesquelles les masses
populaires font de plus en plus état des acquis sociaux et
sécuritaires perdus depuis l’assassinat de Kadhafi.
Le
FMI en demandant une « rencontre privée »
avec le Front Populaire Tunisien dont le président était
Chokri Belaïd secrétaire général du Parti
Unifié des Patriotes Démocrates et le vice président
est Hamma Hamami, secrétaire général du Parti
des Travailleurs de Tunisie (ex-PCOT) signe en fait le lâche
acte terroriste qu’est l’assassinat perpétré
contre la gauche antilibérale et anti-impérialiste
Tunisienne.
Le
terrorisme criminel est ici le passage à l’acte pour
interdire que le peuple tunisien de poursuive le chemin vers la
réalisation des exigences ainsi formulées par le Front
Populaire : « Le
Front Populaire saisit cette occasion pour exiger du gouvernement de
la Troïka de cesser toute collaboration avec le FMI qui porte
atteinte aux intérêts vitaux du peuple tunisien. Qu’il
mette fin aux négociations secrètes avec le FMI, la BM,
la Commission Européenne ou bien toute autre autorité
ayant pour objet les intérêts nationaux du peuple
tunisien. Enfin, le Front Populaire exige la suspension immédiate
du remboursement de la dette, le gel des intérêts et la
réalisation d’un audit de la dette tunisienne. Cet audit
doit associer la société civile et permettre de
comprendre les circonstances entourant la conclusion de ces prêts,
leur utilisation, d’identifier les responsabilités et
déterminer la part odieuse : celle qui doit être
annulée sans conditions ».
Prenons bien la
mesure de la signification révolutionnaire de l’affrontement
entre les peuples Tunisien et Egyptien avec les pouvoirs islamistes
réactionnaires libéraux pro-impérialistes que
nous annonçait la propagande bourgeoise mondiale avec les
« modèles turcs ou pakistanais». Les
révolutions inachevées se poursuivent en posant
concrètement les revendications sociales et démocratiques
contre les diktats libéraux et la soumission à la
domination impérialiste à travers les exigences du
pain, du travail, la terre, les droits démocratiques citoyens
et la souveraineté nationale.
C’est aussi
pour cela que nous nous inclinons devant le don de soi suprême
que représente l’acte de résistance de Chokri
Belaîd et de tous ses compagnons les camarades du Front
Populaire de Tunisie.
Chokri Belaîd ne sera pas le
Ferhat Hachet
de la seconde phase de libération nationale commencée
en Tunisie en décembre 2010, son sang arrosera le printemps
libérateur du peuple Tunisien, des peuples d’Afrique et
du monde Arabe.
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