Pour renverser la nouvelle Bastille qu'est le capitalisme, il faut contruire un Front Populaire de Gauche et reconstruire un véritable Parti Communiste!
La
malédiction de la division qui a fait échouer le projet
d’une candidature unique et unitaire du camp antilibéral
à la présidentielle de 2007 a été évitée
en 2012. JL Mélenchon a été ce candidat
unitaire. Il a obtenu plus de 11% au terme d’une campagne qui
a, au fil des jours, suscité une espérance, une ferveur
et une mobilisation de plus en plus populaire. Il a fait le choix
d’affronter ouvertement le parti fasciste et de le démasquer
comme parti de la grande bourgeoisie utilisant la démagogie
nationaliste et sociale pour tromper le peuple assommé par les
politiques libérales et l’austérité
imposée par l’UE du grand capital. Ce choix a fait
renaître une alternative antifasciste crédible dans le
pays.
Si le
PCF, le PG, le PCOF, la FASE, la Gauche Unitaire, le RCC, etc., ont
mené ensemble campagne sur le programme antilibéral du
Font de Gauche (FG) pour faire émerger une nouvelle
alternative électorale antilibérale à la
bipolarisation politique UMP/PS ou « droite/gauche »,
les organisations trotskistes (LO, NPA, POI) ont joué encore
une fois cavaliers seuls et des organisations de la reconstruction
communiste (PRCF, URCF) ont boycotté le premier tour.
L’émergence
électorale du camp du NON au Traité Constitutionnel
Européen (TCE) de 2005
C’est
la nouvelle brèche qui commence à s’ouvrir avec
la campagne menée par le Front de Gauche (FG) et qui doit
trouver confirmation dans les législatives. En effet la
fracture politique ouverte par l’opposition frontale du peuple,
près de 55%, au projet de constitutionnalisation du
libéralisme et d’unification politique de l’UE
s’est enfin électoralement frayée un chemin sous
la dalle socialement meurtrière du bloc impérialiste
prédateur européen. Plus de 4 millions d’électeurs
se sont emparés du vote Mélenchon/FG pour exprimer leur
refus de se soumettre à l’avalanche idéologique
de cette pensée unique du libéralisme eurocratique,
cimentée par le régime présidentiel, et imposant
le bipolarisme UMP/PS à partir de 1981.
Historiquement
dans le contexte de la guerre coloniale d’Algérie et des
indépendances Africaines, la bourgeoisie a mis fin au régime
parlementaire de la IVe République pour le remplacer par le
régime présidentiel de la Ve République dans le
but d’affaiblir le principal facteur « d’instabilité
politique » d’alors qu’était le PCF des
Thorez/Duclos/Frachon. Le piège consistait à enfermer
le Parti Communiste, longtemps majoritaire, dans une stratégie
d’alliance électorale avec le PS par le programme commun
de gouvernement et l’alternance politique en 1981, au moment où
se posait concrètement la nécessité de passer à
la robotisation des usines et donc au chômage de masse. Les
résultats en ont été la participation du PCF au
gouvernement et la réduction progressive et accélérée
de son influence électorale et de sa combativité de
classe. La répétition du « socialisme
ministériel » du 19éme siècle a servi
à ramener le PCF, jadis glorieux « Parti des
Fusillés », aux travaux pratiques de la
collaboration de classe en 1981 et en 1997 avec le « gouvernement
de gauche plurielle » devenue « gauche plus
rien ».
La
tragédie de la social-démocratisation du PCF accélérée
par la « mutation » opportuniste du
« communisme national » avec la défaite
du camp socialiste et la restauration du capitalisme en URSS a
désarmé le mouvement ouvrier, y compris syndical, qui,
malgré des luttes importantes, a subi défaites
sur défaites depuis plus de 30 ans.
L’hégémonie
sans partage du libéralisme a non seulement liquidé les
derniers restes marxistes au sein du PS (qui a succédé
à la SFIO), mais s’est fait sentir au plus haut niveau
dans le PCF lui-même et dans le mouvement syndical. Cette
influence du libéralisme, cette corruption délétère,
au sein du mouvement ouvrier et communiste, s’est opérée
par un ralliement progressif à la construction du bloc
impérialiste européen sous le trompeux label « Europe
sociale », métastase de la déviation
révisionniste des années 70 dite « Eurocommunisme ».
Mais
parallèlement les dégâts sociaux du libéralisme
et les effets de la crise capitaliste ont enclenché un
processus de différenciation au sein de la couche de
l’aristocratie ouvrière, au sein de la bureaucratie
syndicale, au sein de ce que d’aucun appelle « la
classe moyenne ». L’approfondissement et
l’aggravation de la crise économique a créé
une peur grandissante parmi les dites « classes moyennes »
issues de la « société de consommation »
à crédit. Cette situation a engendré les
phénomènes montants de l’abstention et du vote
lepéniste. La montée électorale du fascisme
lepéniste a été aussi manipulée par la
stratégie social-fasciste du PS de Mitterrand pour affaiblir
la droite et obtenir deux mandats présidentiels successifs.
Profitant
de la perte d’influence du PCF et du désarroi du
mouvement ouvrier, la bourgeoisie s’est lancée dans une
offensive ouverte contre les acquis sociaux et démocratiques
du monde du travail obtenus de haute lutte par les grèves
générales en 36, la résistance en 45 avec le
programme du Conseil National de la Résistance (CNR), et la
grève générale de 68, mais aussi grâce à
l’influence du PCF premier parti du pays dans l’immédiat
après guerre, et aux avancées révolutionnaires
du camp socialiste et de l’URSS. C’est pour mettre en
œuvre ce démantèlement ultralibéral qu’a
été élu Sarkozy en 2007, après le travail
de sape du PS et de la « gauche plurielle », et
que Denis Kessler, ex-vice président du MEDEF expliquait ainsi
sans complexe (« Adieu 1945, raccrochons notre pays au
monde ! ») : « Le modèle social français
est le pur produit du Conseil National de la Résistance (CNR),
un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de
le réformer, et le gouvernement s'y emploie. Les annonces
successives des différentes réformes par le
gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles
paraissent variées, d'importance inégale, et de portées
diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux
de retraite, refonte de la Sécurité Sociale,
paritarisme... A y regarder de plus près, on constate qu'il y
a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste
des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été
mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là.
Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire
méthodiquement le programme du Conseil National de la
Résistance ! » (Challenges, 4 octobre 2007).
C’est
ainsi Denis Kessler lui-même qui avoue que cet « adieu à
1945 » n’est devenu possible qu’aujourd’hui
parce qu’il « aura fallu attendre la chute du mur de
Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation
de la CGT dans quelques places fortes, l'essoufflement asthmatique du
Parti Socialiste comme conditions nécessaires pour que l'on
puisse envisager l'aggiornamento qui s'annonce. Mais cela ne
suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein
du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient
pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle
usé, devenu inadapté, laissent place à une
nouvelle génération d'entrepreneurs politiques et
sociaux. Désavouer les pères fondateurs n'est pas un
problème qu'en psychanalyse » (idem).
Saisissant
l’opportunité du référendum sur le traité
de Maastricht, puis surtout sur le TCE, les forces antilibérales
multiples et éparpillées se sont mobilisées,
notamment les forces syndicales et celles des innombrables luttes
sociales pour infliger une cinglante défaite dans les urnes à
l’offensive libérale du Medef et des partis eurocrates
UMP, PS, MODEM, Verts, etc.
Cette
réaction défensive du monde du travail dos au mur est
l’acte fondateur du processus de rupture en cours entre camp
libéral (UMP, PS, MODEM, Verts, FN) et camp antilibéral
(FG, PCF, PG, LO, NPA, POI) plus les organisations de la
reconstruction communiste (PRCF, PCOF, URCF, RCC) et de larges
secteurs du monde syndical et associatif. Le camp antilibéral
doit poursuivre et rendre irréversible sa séparation
d’avec le PS libéral.
Le
Front de Gauche doit aussi devenir un front antifasciste
La
campagne et les résultats électoraux du premier tour de
la présidentielle ont révélé encore une
fois la menace que constitue désormais le fascisme dans le
pays. La candidate du Front National a récolté 6,4
millions voix, près de 18% des électeurs. Le
traumatisme d’un JM Le Pen arrivant au second tour en 2002
avait été un des facteurs de la « rupture »
préconisée par Sarkozy pour gagner la présidentielle
de 2007, en plus des options du Medef pour en finir avec le
« compromis historique » gaullo-communiste
exprimé par le programme du CNR au sortir de la guerre. A
l’instar des autres pays, en France, la construction de l’UE
- bloc impérialiste à vocation hégémonique
mondiale - impulse aussi la montée en puissance partout de
forces fascistes qui, peu à peu, lèvent la tête
dans tous les pays du sous-continent européen. Les fascistes
d’aujourd’hui, tout comme ceux d’hier, surtout
après la crise de 1929, manient la démagogie
nationaliste et sociale, voire ‘socialiste’ pour capter
le mécontentement populaire et l’orienter contre
« l’ennemi de l’intérieur » :
immigré(e)s, musulmans, etc., et contre les concurrents de
‘notre’ impérialisme dans et à l’extérieur
de l’UE.
Du
point du vue des intérêts du capital financier Français
surtout en période de crise de l’impérialisme, le
FN fasciste sert à :
-
créer un « ennemi intérieur » à
la « nation » désigné comme étant
l‘immigré(e) et l’Islam ;
-
diviser le monde du travail selon les critères racistes
d’origine, de couleur, de culture, de religion ;
-
substituer les intérêts « nationaux »
aux intérêts de classe, c'est-à-dire semer la
confusion entre intérêts patronaux et intérêts
ouvriers et les rendre conciliables, à la place de la lutte
des classes entre patrons et travailleurs ;
-
empêcher toute prise de conscience sur le rapport entre
l’augmentation exponentielle des profits capitalistes et
l’extension exponentielle de la pauvreté, du chômage,
des fermetures d’entreprises, etc. ;
-
promouvoir les ambitions d’une partie de la grande bourgeoisie
française favorable à « l’Europe des
patries » comme moyen de rééquilibrer la
construction du bloc impérialiste européen entre
impérialisme français et allemand (position
démagogiquement et faussement présentée comme
une volonté de « sortir de l’UE »)
En
réalité les discours lepénistes apparemment
« anti-européens » sont exactement de la
même nature et de la même fonction que les discours
« anti-patronaux » qu’ils tiennent
parfois ; Ils relèvent de la démagogie sociale,
nationaliste, voire socialisante qui caractérise au fond la
stratégie de duperie, surtout en période de crise du
système capitaliste, des mouvements fascistes hier comme
aujourd’hui, ailleurs comme ici.
Comme
nous l’écrivions dans notre journal Chantiers
N°28 de septembre 2011 : « La crise du système
capitaliste précarise brutalement l’ensemble du salariat
et fait du même coup apparaître aux yeux de tous les
travailleurs que ce système est mauvais et qu’il faut le
changer, non pas en subissant mais en agissant collectivement. Le
fascisme est avant tout un antidote de la bourgeoisie pour maintenir,
approfondir même son système à travers une remise
en question démagogique. Depuis la crise de 2008, la fille Le
Pen fait croire que le FN est au service « des ouvriers, des
travailleurs Français » tout comme les Nazis le
faisaient croire aux « ouvriers et travailleurs Allemands »
après la crise de 1929 : « Nous sommes socialistes,
nous sommes des ennemis mortels de l’actuel système
économique capitaliste avec son exploitation des personnes
économiquement faibles, avec l’injustice des salaires,
avec son immoral classement des hommes suivant leur fortune et leur
argent au lieu de leur responsabilité et de leur travail et
nous sommes résolus à anéantir ce système
quelles que soient les circonstances » ou encore « Si
à gauche, 17 millions de prolétaires voient leur
dernier salut dans la lutte de classes, c’est parce que la
droite pendant 60 ans le leur a appris par la pratique; D’où
tirons nous le droit moral de nous opposer à la pensée
prolétarienne de la lutte des classes si l’Etat de
classe bourgeois n’est pas d’abord détruit de fond
en comble par une nouvelle composition socialiste de la communauté
allemande » (tiré du livre de Kurt Gossweiler,
Hitler, l’irrésistible ascension?) ».
La
présidente du FN fasciste répète en fait
aujourd’hui presque mot pour mot la ligne de duperie
social-démagogique que les nazis ont utilisé pour peser
sur la droite politique avant de la faire imploser, pour en rallier
les débris éparpillés.
L’évolution
récente de l’UMP sous la houlette de Sarkozy est un
signe inquiétant et dangereux de la fascisation en cours de
secteurs de plus en plus importants du Medef. A la base il y a la
crise du système, le rejet par une partie du capital français
de la domination du capital allemand et le besoin de détourner
la colère montante des travailleurs contre les patrons. Les
sorties xénophobes et racistes des Sarkozy, Hortefeux, Guéant
ne sont pas des accidents, mais obéissent à une
stratégie patronale de division des classes populaires pour
les maintenir prisonnières de l’idéologie
bourgeoise chauvine et nationaliste. Cette stratégie a été
conçue pour juguler le traumatisme du tremblement
électoral du second tour Le Pen/Chirac à la
présidentielle en 2002. Voilà pourquoi nos médias
sont infestés par des délires racistes du genre
« toutes les civilisations ne se valent pas »
(Guéant), « quand il y en a un, ça va,
c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a problème »
(Hortefeux), « l’identité Française
est menacée » (Le Pen), « les
émeutes de banlieues sont dues à la polygamie »
(Hélène Carrère d’Encausse), la loi
amendée sur le « colonialisme positif »,
etc.
L’idéologie
coloniale raciste revient en force au sein de la métropole
impérialiste, pour servir la mise au pas interne de la classe
ouvrière et du peuple de France devenus, de par l’évolution
de leur composition sociologique, multicolores, multiculturels et
multi-religieux.
Ce
caractère multinational du monde du travail exige la nécessité
d’élaborer et de lutter pour la satisfaction des
revendications sociales et démocratiques spécifiques de
l’immigration tout comme pour les revendications spécifiques
découlant de la double oppression des femmes (en tant que
travailleuses et en tant que femmes), comme le droit de vote des
étrangers à toutes les élections, la
pénalisation effective des actes et crimes racistes, de la
discrimination, de l’islamophobie, la régularisation de
tous les sans-papiers et l’interdiction des partis fascistes à
partir du principe « pas de liberté pour les
ennemis de la liberté » (Saint Just).
Le Front
de Gauche commence à se forger et continuera à se
forger comme seule alternative antifasciste, en prenant toute la
mesure du danger fasciste montant et en développant un
programme et une pratique de terrain qui liera revendications
globales et revendications spécifiques, luttes globales et
luttes spécifiques sociales et politiques. Les communistes
dans et hors du PCF doivent constituer l’aile révolutionnaire
anticapitaliste du front de gauche pour aider et contribuer à
cette liaison entre les luttes spécifiques et globales des
travailleurs et du peuple.
Le
Front de Gauche est aussi le fruit du mouvement altermondialiste avec
ses contradictions
L’objectif
fondamental du capital est donc de défaire tout ce qui a été
obtenu par le monde du travail quand existaient l’URSS et un
vrai PCF. Il s’agit ainsi de baisser les coûts de la
force du travail afin de rendre « compétitives »
les entreprises patronales et de maximiser les profits des
actionnaires. C’est cela le but des politiques libérales
impulsées par la « mondialisation »,
c'est-à-dire la tendance inhérente à
l’internationalisation du capital.
Après
des décennies de révisionnisme responsable de la
social-démocratisation du PCF, après des décennies
d’anticommunisme militant des forces trotskistes, anarchistes,
écologistes, etc., après des décennies de mépris
pour la théorie marxiste-léniniste dans et hors du PCF,
le programme antilibéral du FG reflète le niveau de
conscience du moment dans la résistance actuelle des masses
confrontées à la broyeuse libérale. Les luttes
éparpillées, souvent défaites, de ces décennies
ont connu quelques moments d’expression relativement forte,
notamment en novembre et décembre 1995 et en 2010 contre la
contre réforme des retraites. Les défaites successives
ont renforcé le sentiment d’impuissance sur fond de
désarroi né de la défaite de l’alternative
vivante au capitalisme qu’était l’URSS, le camp
socialiste, le socialisme réel.
Sans
projet global d’ensemble alternatif au capitalisme, les luttes
et résistances sociales et démocratiques ont fécondé
des idées parcellaires, partielles, souvent liées aux
aspects particuliers de ces combats sociaux et démocratiques.
Ce sont ces résistances qui ont donné naissance aux
mouvements « antimondialistes » puis
« altermondialistes » dont les principales
analyses et activités ont été centralisées
dans les « Forums Sociaux ».
Voilà
ce que nous écrivions dans notre brochure intitulée
« Les contradictions du mouvement altermondialiste :
Alternative au capitalisme ou nouvelle alternance dans les formes du
capitalisme ? (2003) » : « Le terme
“ libéral ” ou “ ultra-libéral ”
est une expression courante dans les textes, analyses et prises de
position de nombreux mouvements et organisations de l’alter
mondialisme. Un journal comme Le monde diplomatique en France
tente de lui donner un contenu théorique critique permettant
de fonder une action de contestation. Un mouvement comme Attac décrit
de la manière suivante la situation actuelle : “ La
mondialisation libérale a entraîné une montée
des inégalités et de l’instabilité à
l’échelle planétaire. La finance libéralisée
est un vecteur puissant de ces déséquilibres
mondiaux ”. Rien n’est erroné dans cette
formulation, mais elle est incomplète dans la mesure où
elle ne précise pas la source des crises, des guerres et de la
situation actuelle. Le libéralisme et l’ultralibéralisme
ne caractérisent pas un système économique mais
une politique économique déterminée au sein du
système capitaliste. Cette politique économique n’est
pas simplement le fait de décisions moralement mauvaises des
dominants mais correspond à un état des rapports de
forces entre classes sociales à l’échelle
mondiale. Le même système capitaliste utilisera des
politiques économiques différentes (comme des attitudes
différentes à l’égard des droits
démocratiques d’ailleurs) selon le contexte du rapport
de force. Ainsi l’existence du socialisme réel, des pays
de l’Est, des luttes de libération nationale et de la
lutte des travailleurs dans les pays du Nord ont conduit les classes
dominantes à adopter le keynésianisme pendant les
« trente glorieuses ». De même la
disparition de ces pays et les conséquences négatives
en chaîne sur les luttes de libération nationale et sur
les luttes des classes dans chacun des Etats ont conduit à
l’abandon du keynésianisme et à l’adoption
du monétarisme, c’est-à-dire du libéralisme.
Il ne s’agit pas ici d’une simple querelle de termes. Si
le système économique mondial est caractérisé
comme capitaliste, alors la solution doit logiquement être
recherchée dans l’abolition de ce dernier, c’est-à-dire
dans la suppression de la propriété privée des
moyens de production. Si au contraire, c’est son aspect libéral
qui est mis en avant, alors l’idée d’une possible
correction du capitalisme par une réglementation s’impose.
En fait, l’expression “ mondialisation libérale ”
est un mythe idéaliste visant à détourner le
combat vers une correction keynésienne du capitalisme. Nous
parlons d’idéalisme dans la mesure où une telle
correction n’est pas possible, n’est plus possible. Pour
qu’elle le soit de nouveau, il faudrait recréer une
situation de rupture, à l’instar de la Révolution
d’Octobre 1917, d’un ou de plusieurs pays avec le
capitalisme, rupture suffisamment importante pour qu’elle
puisse influer sur les décisions des classes dominantes des
autres pays restés capitalistes. Autrement dit, la condition
de possibilité du keynésianisme est justement de
combattre le capitalisme et de le faire céder dans plusieurs
maillons du système capitaliste mondial. Refuser de prendre le
capitalisme comme cible, c’est se condamner à la seule
perspective de correction de ses effets » (10 novembre
2003).
Mais
tenant compte de l’implication de ce rescapé du camp
socialiste qu’est Cuba dans les débats du mouvement
« altermondialiste », nous observions aussi :
« Nous sommes bien en présence de deux lignes
antagonistes : l’une voulant réformer les Institutions
Financières Internationales (I.F.I.), l’autre voulant
les combattre. Soulignons que cette divergence en révèle
une autre encore plus fondamentale : celle sur la question nationale.
Les uns proposent une réforme des I.F.I. parce qu’ils
considèrent que la forme nationale (l’Etat Nation ou
l’Etat Multinational) a fait son temps et qu’il convient
en conséquence de prendre acte de l’aspect inéluctable
de la re-mondialisation. D’autres au contraire, essentiellement
dans les pays du Sud, insistent sur le nécessaire combat pour
reconquérir une souveraineté nationale dans les choix
économiques » (idem).
Avant
de conclure : « Le mouvement altermondialiste
est l’expression de la résistance populaire à
l’échelle mondiale. Il est porteur de potentialités
énormes de luttes mais également de lignes différentes
et contradictoires. La force potentielle de ce mouvement suscite des
craintes de la part des classes dominantes et des grandes puissances
impérialistes. Ces dernières tentent et tenteront
d’affaiblir la force de contestation de ce mouvement en
diffusant par de multiples théorisations le mythe d’une
possible réforme des institutions qui régissent la
mondialisation capitaliste. Déjà des propositions de
rencontre se font visant à mettre autour d’une table de
négociation le mouvement social et les organisations
capitalistes internationales afin de neutraliser l’aspect
contestataire du mouvement alter mondialiste. De grands groupes
capitalistes n’hésitent pas à proposer des
financements pour l’organisation des Forums en se déclarant
pour un “ commerce éthique ”, pour une
“ gestion humaine de la dette ”, pour une
“ annulation progressive ”, pour des
“ comportements citoyens des entreprises ”,
etc. Le pôle impérialiste européen en
construction tente également d’instrumentaliser le
mouvement dans son combat féroce contre son rival états-unien.
Face à cette offensive visant à “ intégrer
pour neutraliser ”, il est urgent et important de mener le
débat et de clarifier les combats, en particulier sur les
points suivants : — Il ne s’agit pas de combattre des
excès libéraux ou ultralibéraux mais de remettre
en cause la domination d’un système économique
précis, le système capitaliste ; — Il ne
s’agit pas de s’opposer à un “ empire ”
mais de combattre un système impérialiste mondial
producteur de misère et de guerre ; — Il ne s’agit
pas de s’appuyer sur un impérialisme (l’Union
Européenne) pour en combattre un autre (les USA) ; —
Il ne s’agit pas de réformer les I.F.I. mais de les
combattre pour pouvoir les supprimer quand le rapport des forces le
permettra ; — Il ne s’agit pas de rendre
“ démocratique ” la re-mondialisation
capitaliste mais de se battre pour la souveraineté nationale ;
— Il ne s’agit pas de réformer et d’adoucir
la dette mais de la supprimer entièrement tout en imposant les
réparations pour les destructions de l’esclavage et de
la colonisation ; — Il ne s’agit pas de négocier
des règles plus souples de l’OMC en matière
agricole mais de refuser l’OMC et d’imposer des réformes
agraires radicales » (idem). Telle était notre
critique pertinente des limites des tenants altermondialistes dans
leur opposition justifiée au libéralisme triomphant,
critique qui nous a permis de fixer nos tâches vis-à-vis
de ce mouvement des masses petites bourgeoises peu à peu
rejoint par une fraction active et militante du mouvement ouvrier.
Le
mouvement altermondialiste est objectivement l’expression d’une
résistance populaire « économique »,
voire économiste, démocratique et de solidarité,
face au désastre causé par l’offensive libérale
du capitalisme mondial au centre et à la périphérie
du système impérialiste dans une période de
défaite du Mouvement ouvrier Communiste Mondial (MCI). A
l’instar de Cuba socialiste, les communistes dans et hors du
PCF doivent apporter dans cette résistance défensive
des masses la conscience que seul le socialisme libérera les
travailleurs et les peuples du système d’exploitation et
d’oppression qu’est le capitalisme.
Unité
autour du programme minimumantilibéral
et travail indépendant sur le programme maximumanticapitaliste
Si
la victoire du vote NON au TCE, majoritairement ouvrier, est la mère
du Front de Gauche, le mouvement altermondialiste en est le père.
Cet accouplement a produit le Front de Gauche comme expression
politique de la rébellion des masses populaires (ouvriers,
employés, paysans) encore dominées par les couches
sociales en voie de paupérisation et de déclassement
que sont la petite bourgeoisie, l’intelligentsia précarisée,
les professions libérales et l’aristocratie ouvrière.
Comment
s’étonner dès lors que le programme centré
sur « l’humain d’abord » reflète
les revendications syndicales (salaires, emplois, temps de travail,
etc.), les exigences de logements sur le principe juste « d’un
toit pour tous », l’égalité des sexes,
l’antiracisme, l’énergie propre et publique,
l’abandon du tout nucléaire, le développement du
transport public ferroviaire, fluviale, maritime, la transition
écologique de l’agriculture, la protection du petit
paysan contre l’agrobusiness, la relocalisation des emplois
délocalisés par l’interdiction des fermetures et
licenciements boursiers, la VIe République, la démocratie
participative, la fin de la marchandisation de la santé, de
l’école, etc. ? Tout ceci à partir des
positions antilibérales, et non anticapitalistes, du « partage
des richesses » (autrement dit limiter le taux
d’exploitation plutôt que l’endiguer) par la
« taxation des spéculateurs boursiers et du capital
financier, etc. ».
Bien
d’autres points restent en suspend, comme ceux de
l’immigration, des sans papiers, de l’islamophobie, des
Roms, de la laïcité, des guerres coloniales impérialistes
comme en Libye, en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en
Irak, en Yougoslavie, des subversions impérialistes en Syrie,
en Iran, notamment celles de « notre » propre
impérialisme, de la solidarité internationaliste
concrète avec Cuba socialiste, les pays de l’Alba, la
Corée du Nord, le Vietnam et les peuples soumis à la
« Françafric », à « l’Eurafric »,
à « l’Usafric ». Ajoutons aussi
les exigences du soutien internationaliste à la décolonisation
des Dom-Tom, de la paix avec les ‘pays émergents’
non impérialistes comme la Chine, l’Inde, le Brésil,
la Russie qui sont les véritables cibles en bout de course de
l’actuel cycle des guerres coloniales des USA et de l’UE
impérialistes. Enfin il y a la nécessité de
sortir de l’euro et de l’UE, d’annulation de la
dette que les peuples n’ont pas concocté, de la
compréhension de la nature dictatoriale de classe de la
‘démocratie’ bourgeoise et l’indispensable
expropriation des moyens de production des capitalistes par la
révolution socialiste comme en URSS en 1917, … Seuls
les communistes véritables sont porteurs d’un tel
programme, qu’ils doivent mettre en débat dans le
mouvement et le front afin que la vie elle-même, qui interpelle
déjà chaque composante du Front de Gauche, rende
inévitable l’engagement commun sur ces questions qui
touchent au programme maximum, celui de la révolution
socialiste et du pouvoir prolétarien.
Il
est important que les communistes continuent le travail indépendant
de propagation de leurs analyses et positions, notamment sur la
nécessité incontournable que le prolétariat se
mêle des « affaires politiques » dans le
cadre de la transformation progressive du Front de Gauche en Front
Populaire de Gauche, que le prolétariat se ré-occupe de
la « politique » et prenne progressivement la
tête des masses laborieuses en lutte. Ce travail indépendant
des communistes doit être mené parallèlement au
travail unitaire d’élargissement et d’enracinement
du programme minimum du Front de Gauche au sein des
masses afin de contraindre le capital et ses partis UMP/PS/MODEM/FN à
des reculs et stopper l’hémorragie sociale et
démocratique actuelle, étape vers l’offensive
révolutionnaire pour le socialisme.
C’est
à cette dialectique entre union pour ancrer
l’antilibéralisme dans les masses à travers
l’engagement dans le Front de Gauche et indépendance
pour gagner l’avant-garde prolétarienne à
l’anticapitalisme que nous invitons les forces de la
reconstruction communiste dans et hors du PCF.
L’influence
des expériences sud-américaines sur le Front de Gauche
De
la première alternance de 1981 jusqu’aujourd’hui
la gouvernance dictatoriale de classe bourgeoise a fait se
succéder dans le cadre du bipartisme, des gouvernements de
droite, de « gauche » et de cohabitation entre
eux. La droite et la gauche du capital ont appliqué un
programme libéral unique : celui dicté par la
coalition des grands groupes monopolistes et de l’oligarchie
régnante de l’UE.
Cette
offensive dévastatrice s’accompagne nécessairement
d’une opposition grandissante des victimes. Opposition qui
prend les formes du vote dit « contestataire »
au profit de partis prétendus « antisystème »
et de l’abstention. Le mouvement syndical est, quant à
lui, paralysé par les directions réformistes,
bureaucratiques, voire corrompues. L’appareil policier et
judiciaire complète le dispositif du joug bourgeois sur la
société pendant que les chiens de garde médiatiques
enivrent les populations de la fumée de leurs média
mensonges. Le parti historique de la classe ouvrière, le PCF,
est inféodé et intégré au régime
politique bipolaire par sa soumission au PS, le parti de la gauche du
capital.
Mais
la crise générale du système capitaliste, qui a
commencé dans les années 70, est entrée dans une
phase aigüe qui ne cesse de s’approfondir. Cette crise
frappe particulièrement les centres de l’impérialisme
mondial : les USA et les pays de l’UE. Le capital
financier des USA et des pays de l’UE cherche à baisser
radicalement le coût de la force de travail pour accroître
les profits et rendre ainsi « compétitifs »
les travailleurs dans la guerre économique qu’il livre
aux « pays émergents »… Pays
émergents où on peut constater le mouvement inverse,
avec la hausse du niveau de vie et des salaires des travailleurs.
Profitant de la mise à mort de l’URSS et du camp
socialiste, la bourgeoisie impérialiste a décrété
la fin de la « société de consommation »
à crédit et la fin des « classes moyennes »
pour faire payer sa crise aux peuples du Nord.
Comme
cela s’est passé notamment en Amérique du sud
après des décennies de diktats libéraux sous le
joug de régimes semi-coloniaux dictatoriaux soumis aux USA,
des différenciations au sein des mouvements populaires se sont
opérées, et les masses ont commencé à
secouer la férule sanguinaire de l’oppression
impérialiste et néocoloniale d’où ont
émergé les expériences progressistes
antilibérales et anti-impérialistes au Venezuela, en
Bolivie, en Equateur, au Nicaragua, etc. Expériences
progressistes antilibérales et anti-impérialistes qui
sont nées et s’appuient encore sur la formidable et
héroïque résistance de Cuba socialiste à
l’impérialisme criminel yankee.
Même
si « comparaison n’est pas toujours raison »,
nous assistons ici à un phénomène équivalent,
avec la différence suivante : les vieilles démocraties
bourgeoises comme la France et les autres pays de l’UE ont mis
en place un bipolarisme droite et gauche, superstructure politique de
l’économie et de la société dite de
consommation à crédit, qui a semé l’illusion
d’un capitalisme individualisant à visage humain avec
l’aide du réformisme dominant dans le mouvement ouvrier.
La fin d’une telle illusion va engendrer à terme des
grands affrontements de classe sur fond de rupture entre les masses
et les partis de droite et de gauche qui incarnent ce mensonge
historique. Les votes dits protestataires et l’abstention sont
une des formes de manifestation de cette césure progressive
qui va devenir un gouffre entre l’élite régnante
et les masses populaires trompées.
La
victoire du NON au TCE a été le tournant décisif
dans le processus de rejet du consensus bourgeois et l’émergence
du Front de Gauche en est le prolongement, le moyen et la forme
électorale organisée du moment. La haine rencontrée
par le candidat J.L. Mélenchon dans les médias, surtout
contre sa candidature à Hénin Beaumont face à un
PS corrompu et à la présidente du parti fasciste, de la
part des deux partis bourgeois de droite (UMP) et de « gauche »
(PS) et du parti fasciste, illustre bien la menace que constitue pour
le bipartisme le développement d’une force antilibérale
alternative à l’hégémonie des partis du
bipartisme bourgeois.
La
campagne électorale présidentielle et législative
de 2012 a été une étape dans la marche difficile
et complexe vers l’éclatement salvateur de cette
bipolarisation politique droite/gauche. La place et le rôle des
communistes dans et hors du PCF est d’aider à briser le
régime politique bourgeois du bipartisme et de l’alternance
pour la mise en œuvre du programme unique décidé
par le Medef.
Démarcation
idéologique et front antilibéral et antifasciste
Nos
camarades contradicteurs de la reconstruction communiste dans et hors
du PCF érige une muraille de chine infranchissable entre ces
deux exigences politiques du moment : se démarquer
idéologiquement pour unir les communistes véritables
d’une part, et forger un front antilibéral et
antifasciste avec les forces qui proclament leur opposition au diktat
de la pensée libérale et aux forces qui représentent
la dictature de classe de la bourgeoisie impérialiste d’autre
part. Ils passent ainsi leur temps à rechercher des
« exemples » qui montrent dans notre pratique
que nous sommes en infraction avec le principe léniniste de la
démarcation idéologique. Notre accord sur le programme
minimum qu’est le « programme partagé »
du Front de Gauche pour la présidentielle et les législatives
2012 est dénoncé comme la « preuve »
de notre délit de « soumission aux réformistes ».
Pour ce faire, nos camarades contradicteurs font semblant d’ignorer
qu’au moment de la constitution du Front de Gauche, à
l’occasion des élections européennes par exemple,
nous avons clairement refusé d’y participer parce que
nous avons une opposition de principe à la construction du
bloc impérialiste de l’UE et aux institutions qui
l’incarnent, notamment le parlement européen.
Nos
camarades reconstructeurs font comme si, malgré le rapport des
forces encore défavorable au mouvement ouvrier et communiste,
nous devons en tant que marxistes-léninistes rester
indifférents, voire sous-estimer :
-
le fait que la dernière expérience d’opposition
victorieuse dans les urnes contre les coups du Medef et des partis de
gouvernement UMP/MODEM et PS/Verts à son service a été
le « marcher séparément et frapper
ensemble » lors de la campagne pour le NON au TCE,
expérience qui pose la nécessité du front unique
antilibéral et antifasciste,
-
l’impact dangereux pour l’unité des travailleurs
de la crédibilisation par Sarkozy/Hortefeux/Guéant des
thèses racistes du parti fasciste, lequel doit d’ailleurs
à cela en partie d’avoir recueilli près de 18%
des électeurs à la présidentielle, ce qui exige
la mise en place d’un front antifasciste combatif,
-
la formidable bouée de sauvetage que constitue objectivement
le Front de Gauche aux yeux de millions d’électeurs
issus du peuple, le réarmement moral, le dynamisme,
l’enthousiasme, le réveil et la ferveur militante
suscités par notre campagne commune, notamment par le candidat
tribun hors pair J. L. Mélenchon, qui a eu un impact
mobilisateur chez des millions de travailleurs dont les luttes, les
grèves et les manifestations ont été battues par
le pouvoir fascisant de l’UMP,
C’est
Marx lui-même qui nous a enseigné que parfois, selon le
contexte, « tout pas en avant vaut mieux que dix
programmes » et Lénine d’expliquer qu’« à
chaque étape de l’évolution, à chaque
moment, la tactique du prolétariat doit tenir compte de cette
dialectique objective de l’histoire de l’humanité:
d’une part, en mettant à profit les époques de
stagnation politique [de défaite politique dirions nous
aujourd’hui], c’est-à-dire de développement
dit ‘paisible’, avançant à pas de tortue
pour accroître la conscience, la force et la combativité
de la classe d’avant-garde; d’autre part, en orientant
tout ce travail vers le ‘but final’ de cette classe et en
la rendant capable de remplir pratiquement de grandes tâches
dans les journées qui concentrent en elles vingt années »
(Maladie infantile du communisme).
Il
faut vraiment être aveugle pour nier que du point de vue de la
réalité du mouvement communiste, nous sommes à
une période de recul idéologique et politique,
d’éparpillement des forces et militants communistes.
Cette faiblesse des forces communistes nécessite de mener le
travail idéologique et théorique à la fois pour
nous réunir (reconstruction communiste) et pour recoudre la
liaison des communistes avec les masses, principalement les masses
populaires et prolétariennes (Front de Gauche). Nous devons
apprendre à marcher sur nos deux jambes dans l’accomplissement
de ces deux tâches imposées par l’histoire.
Qui
peut nier que lors de cette campagne présidentielle et
législative, le Front de Gauche, expression politique de la
victoire du NON au TCE, est sorti dans les urnes comme la quatrième
force politique du pays. Qu’il a surtout permis une bouffée
d’oxygène antilibéral et antifasciste chez plus
de 4 millions d’électeurs.
Le Front
de Gauche a affronté de face le totalitarisme bourgeois selon
lequel les banques, la finance, les actionnaires sont
« intouchables », selon lequel « sans
patron point de salut pour les travailleurs ». Il a
expliqué et crédibilisé les revendications
syndicales du smic à 1700 euros, la retraite à 60 ans
sans baisse de la pension, la taxation du capital au même taux
que le travail, celle des dividendes, des profits, de la spéculation
boursière, l’interdiction des licenciements boursiers et
des fermetures d’entreprises qui ont reçu des
subventions publiques et qui font des profits, des choix industriels
qui prennent en compte l’écologie, etc. Il s’est
attaqué de front aux thèses racistes, xénophobes
du parti fasciste, le FN, alors que le PS se taisait et que l’UMP
les imitait. Contre l’immigration, les sans papiers
bouc-émissaires des fléaux sociaux, il a désigné
clairement et directement les banquiers, les patrons, les
actionnaires comme les vrais responsables des souffrances des
travailleurs et du peuple. Il a démasqué le FN comme un
parti au service des intérêts des patrons milliardaires
dont la fonction est de tromper en les opposants pour les diviser la
classe ouvrière de France.
Le
Front de Gauche a montré que le monde du travail doit
s’émanciper de l’hégémonie sans
partage de l’idéologie libérale bourgeoise et
doit renouer avec la lutte des classes pour stopper l’offensive
prédatrice et socialement désastreuse du capitalisme en
crise systémique.
Les
insuffisances qui sont apparues dans cette formidable espérance
nouvelle qui contribue à réarmer le mouvement ouvrier
et populaire sur des positions antilibérales résident
d’abord dans l’illusion de « l’Europe
sociale ».
En
effet la forte dénonciation du poison raciste distillée
par le parti fasciste et son imitation par l’UMP dans un
silence coupable du PS n’a pas permis d’enrayer l’image
fausse du FN « seul parti opposé au diktat de
l’euro et de l’UE ». Or, la lutte des classes
exige l’affrontement du peuple avec la bourgeoisie Française
intégrée dans la construction du bloc impérialiste
de l’UE sous domination du grand capital allemand, pour
préserver les conquêtes sociales et démocratiques
de la période du PCF cheville ouvrière du programme du
CNR et de la victoire de l’URSS contre le fascisme mondial.
L’annulation
de la soi-disant « dette », des plans
d’ajustement structurel dit « d’austérité »
et de la politique agricole européenne qui offre sur un
plateau à l’agrobusiness notre agriculture et appauvrit
nos paysans, voilà des grandes exigences que doit porter le
Front de Gauche !
Une
autre grande question non abordée par le Front de Gauche est,
à travers l’exigence de sortie de la France de l’OTAN,
le retrait des bases militaires françaises d’Afrique
notamment, et l’opposition internationaliste aux guerres
impérialistes coloniales contre les peuples de Côte
d’Ivoire, de Libye, d’Afghanistan, guerres qui montrent
que « les déficits et la dette » ne sont
que des prétextes pour faire payer la crise aux travailleurs
d’ici et aux peuples de là bas.
L’émergence
du Front de Gauche sur la scène politique est donc globalement
un bon début au regard du processus de reflux de la capacité
combative politique et sociale du monde du travail, des forces
démocratiques et des communistes surtout depuis 1981 et au
regard de l’échec des collectifs antilibéraux
pour faire l’unité électorale en 2007.
Il
suffit de jeter un coup d’œil sur nos défaites
depuis au moins trente ans pour mesurer d’où nous
venons. Le révisionnisme et la social-démocratisation
du PCF a produit la collaboration de classe à travers les
participations aux gouvernements en 1981, puis en 1997 de la « gauche
plurielle » devenue « gauche plus rien »,
mais a produit aussi au sein de l’opposition communiste à
la mutation réformiste dans et hors du PCF une déviation
de gauche sectaire, reflet notamment de l’impuissance dans le
combat contre la déviation de droite.
Lénine
avertissait déjà sur le fait que la déviation de
gauche qu’est « la maladie infantile »
pouvait devenir un « vice enraciné » :
« Le doctrinarisme de gauche dans le mouvement
communiste international est, à l’heure
présente, mille fois moins dangereux et moins grave
que l’erreur représentée par le doctrinarisme de
droite ; mais cela vient uniquementde ce
que le communisme de gauche est une tendance de formation récente,
qui ne fait que naître » (Maladie Infantile).
Disons le clairement : à l’heure présente le
soi-disant « purisme idéologique »,
l’impatience, l’isolement sectaire, la méconnaissance
voire l’ignorance de l’état réel de la
conscience de classe des masses, la confusion du rôle et du
rapport entre avant-garde et masses, etc., conduisent à la
négation de ce que dénonçait avec vigueur Lénine
chez les adeptes de l’esprit révolutionnaire
petit-bourgeois : « pour que vraiment la classe
tout entière, pour que vraiment les grandes masses de
travailleurs et d’opprimés du capital en arrivent à
une telle position [la nécessité de la révolution
socialiste – A.N.], la propagande seule, l’agitation
seule ne suffisent pas. Pour cela, il faut que ces masses fassent
leur propre expérience politique » (Maladie
Infantile du communisme).
Nos
camarades contradicteurs, qui aiment citer à tout vent les
classiques, mais hors contexte malheureusement, devraient se
confronter à cet enseignement du Comité Exécutif
de l’Internationale Communiste (IC) contre les tenants de la
« maladie infantile du communisme » dans
les années 20 et 30 : « Le Comité
Exécutif de l’IC croit utile de rappeler à tous
les partis frères les expériences des Bolcheviks
russes, dont le parti est le seul qui ait jusqu’à
présent réussi à vaincre la bourgeoisie et à
s’emparer du pouvoir. Pendant les quinze années qui
s’étendent entre la naissance du Bolchevisme et sa
victoire (1903-1917), celui-ci n’a jamais cessé de
combattre le réformisme ou, ce qui revient au même, le
Menchevisme. Mais pendant ce laps de temps, les Bolcheviks ont à
plusieurs reprises passé des accords avec les Mencheviks. La
première scission formelle eut lieu au printemps de 1905. Mais
sous l’influence irrésistible d’un mouvement
ouvrier de vaste envergure, les Bolcheviks formèrent la même
année un front commun avec les Mencheviks. La seconde scission
formelle eut lieu en 1912. Mais, de 1905 à 1912, la scission
alterna avec des unions et des accords temporaires (en 1906, 1907 et
1910). Unions et accords ne se produisirent pas seulement à la
suite des péripéties de la lutte entre fractions, mais
surtout sous la pression des grandes masses ouvrières
éveillées à la vie politique et qui voulaient
voir par elles-mêmes si les voies du Menchevisme s’écartaient
véritablement de la révolution. Peu avant la guerre
impérialiste, le nouveau mouvement révolutionnaire qui
suivit la grève de la Léna engendra dans les masses
prolétariennes une puissante aspiration à l’unité,
que les dirigeants du Menchevisme s’évertuèrent à
exploiter à leur profit, comme le font aujourd’hui les
leaders des internationales « socialistes » et
ceux de l’Internationale d’Amsterdam. A cette époque
les Bolcheviks ne se refusèrent pas au front unique. Loin de
là, ils adoptèrent le mot d’ordre de « l’unité
à la base », c'est-à-dire de l’unité
des masses ouvrières dans l’action révolutionnaire
pratique contre la bourgeoisie. L’expérience montra que
c’était là la seule vraie voie tactique. Modifiée
selon les temps et les lieux, cette tactique gagna au communisme
l’immense majorité des meilleurs éléments
prolétariens Mencheviks » (Quatre Premiers
Congrès de l’IC, 1919-1923).
La
renaissance communiste et la reconstruction d’un parti
franchement communiste seront le fruit de notre capacité
commune dans et hors du PCF à rallier les éléments
d’avant-garde qui se révèlent dans les combats au
quotidien des travailleurs contre l’exploitation capitaliste à
l’entreprise, dans les quartiers populaires et dans les
communes rurales. Cette combativité des masses pour se
développer et vaincre l’actuel sentiment d’impuissance
a besoin de l’unité la plus large des forces qui
s’opposent, pour le moment sur des bases antilibérales
et antifascistes, aux conséquences destructrices du
capitalisme en crise.
Minoritaires
et disséminés, les communistes doivent se révéler
dans le front antilibéral et antifasciste en théorie et
en pratique comme les militants les plus conscients, les plus
déterminés et les plus conséquents pour faire
évoluer celui-ci vers le combat anticapitaliste. C’est
ainsi que faisant leur propre expérience et confrontant les
analyses antilibérales et anticapitalistes, les masses
laborieuses feront le tri entre le bon grain et l’ivraie.
Mais
refuser de contribuer à forger de façon unitaire les
organes et mouvements permettant de mettre en branle les masses,
alors que nous sommes réduits à l’étape de
cercles, de groupuscules, de groupes disséminés dans et
hors du PCF, c’est ériger notre propre impotence
théorique et notre impuissance pratique en ligne politique
sectaire, juste capable de nous donner « bonne
conscience de pureté doctrinaire ».
Voilà
pourquoi la majorité des organisations du Rassemblement des
Cercles Communistes (CC59, CCA, CCRP, CHB) engagées dans le
Front de Gauche ont interpellé les autres forces de la
reconstruction communiste dans et hors du PCF, les invitant à
venir renforcer le travail unitaire antilibéral et
antifasciste. Nous avons écrit notamment aux camarades du PRCF
pour leur dire clairement notre désaccord à propos de
leur candidature objectivement diviseuse avec le MPEP à Hénin
Beaumont contre celle, courageuse et juste, de J.L. Mélenchon
face au PS corrompu et surtout face à la candidate fasciste.
Les appels au boycott au premier tour de la présidentielle et
les bouderies que l’on a pu constater çà et là
de certains communistes dans et hors du PCF, mais aussi certaines
attitudes sectaires de la part d’éléments du PG
sont des calculs politiciens que les masses assommées par la
broyeuse antisociale du capitalisme débridé en crise
rejettent fermement.
Après
la brillante campagne et au moment où les acquis de celle-ci
doivent servir à implanter la nouvelle force politique partout
dans le pays, le réformisme agit et continuera d’agir au
sein du Front de Gauche pour le dévoyer vers la conciliation
avec les sociaux libéraux PS. Le pas en avant du Front de
Gauche dans la rupture d’avec le PS libéral doit être
développé et renforcé. C’est une tâche
majeure du moment alors que des tendances au sein du PCF et du PG
vont essayer de tirer en arrière pour un retour à la
soumission électoraliste au PS.
Nous
espérons que nos camarades de la reconstruction communiste,
tirant un bilan objectif et scientifique de l’expérience
électorale qui vient de s’achever rectifieront, sans se
laisser aveugler par l’orgueil, leur ligne d’isolement
sectaire pour s’engager dans le Front de Gauche avec nous et
contribuer au combat interne pour approfondir la rupture en cours
entre le camp libéral eurocrate et le camp antilibéral
issu de la victoire du NON au TCE.
L’essence
de classe des théories opportunistes de gauche a été
ainsi décrite dans le programme de l’Internationale
Communiste à son VIe Congrès en 1928 : « Le
Communisme se heurte, d’autre part à divers courants
petits -bourgeois reflétant et exprimant les fluctuations des
couches sociales instables (petite bourgeoise urbaine, moyenne
bourgeoisie en voie de dissolution, prolétariat en guenilles –
Lumpenprolétariat -, bohêmes intellectuels déclassés,
artisans tombés dans la misère, certains groupes de
paysans et maints autres éléments). Ces courants, qui
se distinguent par une extrême instabilité politique,
dissimulent souvent sous une phraséologie de gauche une
politique de droite ou tombent dans l’aventurisme, substituant
à la connaissance objective des forces en présence une
bruyante gesticulation politique, passant fréquemment de la
« surenchère » révolutionnaire la
plus insolente au plus profond pessimisme et à de véritables
capitulations devant l’ennemi. Ces courants peuvent, dans
certaines conditions, surtout au moment de changements brusques dans
la situation politique et dans la nécessité de reculs
momentanés, jouer dans les rangs du prolétariat un rôle
désorganisateur des plus dangereux et entraver ainsi le
mouvement ouvrier révolutionnaire ».
L’engagement
commun des forces communistes dans et hors du PCF dans le Front de
Gauche sera un acte de dépassement de la menace qui pèse
sur le mouvement communiste encore socialement petit bourgeois et de
l’expérience en cours du front antilibéral et
antifasciste lui aussi dominé par la rébellion de la
petite bourgeoisie en voie de paupérisation. En effet
aujourd’hui le Front de Gauche n'est pas et ne peut être
suffisamment un espace de « rupture avec le système
capitaliste ». Certaines forces au sein même du Front de
Gauche travaillent même à rendre cette rupture
inoffensive, et n’ont de cesse de renouer les liens avec le PS
et de chercher à intégrer le Front de Gauche au sein de
la « gauche ». On le voit avec le débat sur la
participation au gouvernement, sur la soi-disant « vocation
à gouverner » des uns et des autres et la façon
de se positionner face au PS, sur la façon de vouloir «
à tout prix » sauver un groupe de députés
au Parlement en remisant la notion essentielle « d'autonomie
conquérante » dans le grenier des vieilleries au
bénéfice d'une vieille alliance « gauche
plurielle ». Rappelons encore une fois que Les participations
au gouvernement social-démocrate libéral du PCF alors
que le PG actuel était à l’intérieur du PS
en 1981 puis en 1997 ont été des tournants politiques
décisifs dans les travaux pratiques de la collaboration de
classes qui a désarmé le mouvement ouvrier face aux
attaques sans précédent du capital et de ses serviteurs
de droite et de « gauche » au pouvoir. Le
« socialisme ministériel » de 1981 et de
1997 donne tout sa pertinence éclairante à
l’avertissement suivant de F. Engels en 1894 à partir de
l’expérience italienne d’alors: « Après
la victoire commune, on pourrait nous offrir quelques sièges
au nouveau gouvernement - mais toujours en minorité. Cela est
le plus grand danger. Après février 1848, les
démocrates socialistes français (...) ont commis la
faute d’accepter des sièges pareils. Minorité au
gouvernement des républicains purs, ils ont partagé
volontairement la responsabilité de toutes les infamies votées
et commises par la majorité, de toutes les trahisons de la
classe ouvrière à l’intérieur. Et pendant
que tout cela se passait, la classe ouvrière était
paralysée par la présence au gouvernement de ces
messieurs, qui prétendaient l’y représenter »
(La révolution italienne à venir et le Parti Socialiste
– œuvres choisies - P.486).
Il nous
faut donc également approfondir la rupture idéologique
et politique avec la social-démocratie libérale du PS
et lutter pour que le Front de Gauche reste ce qu’il est : une
force de rassemblement antilibéral de rupture avec le
social-libéralisme qui a tenté d’imposer le OUI
au TCE et a notamment depuis approuvé les différents
traités européens antisociaux jusqu’au MES voté
en avril dernier, et le faire ensuite évoluer vers un
véritable front populaire anticapitaliste. C’est la
tâche commune que la situation impose aux forces de la
reconstruction communiste.
Opportunisme
de droite et de gauche sur les questions du parti et du front :
l’exemple Grec
Nos
camarades de la reconstruction communiste qui nous opposent l’exemple
du Parti Communiste Grec (KKE) pour dénoncer notre engagement
dans le Front de Gauche ont des difficultés à
comprendre notre accord total avec les critiques idéologiques
de nos camarades Grecs adressées au Parti de la Gauche
Européenne (PGE) dont la ligne social-démocrate est le
fruit de décennies de révisionnisme théorique et
pratique, d’abandon du marxisme-léninisme et
d’antisoviétisme. Non seulement nous partageons la
défense de l’objectif de la révolution socialiste
avec nos camarades du KKE, mais nous soutenons aussi, DANS LE
CONTEXTE DE LA CRISE POLITIQUE ACTUELLE EN GRECE, leur opposition à
Syriza (qui est présenté comme l’équivalent
du Front de Gauche) et leur refus de participer à tout
gouvernement qui refuse d’exiger l’annulation de la
soi-disant dette et de sortir de l’euro et de l’UE.
En effet
le KKE est un vrai parti communiste qui a su opérer une
critique et une autocritique scientifique marxiste-léniniste
pour l’essentiel, alors que le PCF a jeté « l’eau
du bain et le bébé » en capitulant devant la
blitzkrieg idéologique et politique de l’impérialisme
triomphant lors de la défaite du camp socialiste et de l’URSS.
Le
KKE, par son travail idéologique et politique dans le contexte
de la contre-révolution bourgeoise des années 90, a
pour l’essentiel non seulement résisté, mais a su
préserver sa ligne révolutionnaire, son implantation
dans le mouvement ouvrier et populaire en tant que parti de classe et
ainsi garder son caractère prolétarien.
Nous
pensons que parmi les facteurs explicatifs décisifs de cette
performance du KKE, il y a contrairement à ce qui s’est
passé au PCF et au PCI, la lutte intransigeante pour défendre
le glorieux passé antifasciste et anti-impérialiste du
mouvement communiste Grec et sa lutte contre la dictature des
colonels (soutenus par les prétendues
« démocraties occidentales »), sans
oublier son combat contre l’idéologie chauvine
impérialiste et trotskiste qu’est « l’eurocommunisme ».
La
Grèce apparaît aujourd’hui comme un des maillons
faibles de la construction impérialiste sous domination
allemande qu’est l’UE. Le capitalisme en crise en fait le
laboratoire du recul social généralisé et de
l’appauvrissement généralisé du monde du
travail et des peuples des pays de l’UE. La crise politique y
prend la forme de l’effondrement de l’influence des
partis « traditionnels » de droite et de gauche
(socialiste) de la bourgeoisie sur le peuple. Syriza – en
réalité une sorte de PSU grec - qui regroupe des
scissionnistes provenant de la social-démocratie, des
trotskistes et d’autres débris politiques issus de la
petite bourgeoisie en cours de paupérisation accélérée,
apparaît ici comme un des ultimes recours pour sauver le
système bourgeois et la capture de la Grèce dans les
griffes de la prison des peuples qu’est l’UE prédatrice.
Syriza, tout comme le PCF, le PG et les trotskistes d’ici sont
encore prisonniers de l’illusion de « l’Europe
sociale ». L’autre recours possible, celui de la
dictature terroriste du capital grec inféodé au capital
financier eurocrate, est représenté par les partis
fascistes grecs.
Dans
le contexte de la crise politique en Grèce qui peut s’orienter
rapidement vers une crise révolutionnaire, l’appel à
Syriza pour former un gouvernement dit de « gauche »
même critique vis-à-vis du mémorandum antisociale
et anti-démocratique imposé par l’UE est un piège
pour décapiter le mouvement ascendant du peuple vers la prise
de conscience de la révolution sociale et politique. Dans un
tel contexte de recherche d’une stabilisation politique par la
bourgeoisie et l’UE, en cas de gouvernement Syriza, nos
camarades du KKE seront à Syriza ce que les Bolcheviks étaient
aux mencheviks entre février-mars et octobre 1917 (les soviets
en moins pour le moment).
Voilà
pourquoi nous soutenons sans aucune réserve l’attitude
politique révolutionnaire courageuse, ferme, déterminée
de nos camarades du KKE, indépendamment des évolutions
liées au niveau de conscience et d’expérience des
masses qui déterminera le rapport des forces évolutif
dans le cadre du bras de fer en cours en Grèce qui combine
lutte frontale de classe et de masses et luttes électorales.
Les masses sont en train de faire l’expérience que la
construction du bloc impérialiste de l’UE n’est
pas « réformable », que les peuples
doivent le détruire pour réaliser dans le cadre
national la révolution socialiste.
C’est
ce chemin, celui de la Révolution d’Octobre 1917, que
suit le KKE qui saura éviter, croyons nous, dans sa lutte pour
frayer la voie à la révolution prolétarienne
contre les manigances de la bourgeoisie nationale anti-patriotique
Grecque, laquais de l’UE impérialiste, la tragédie
portugaise des années 70 que Samuel Huntington décrit
ainsi : « La crise portugaise semblait, de bien
des manières, rejouer la révolution russe de 1917, le
coup d’état d’avril tenant lieu de révolution
de février, Caetano reprenant le rôle de Nicolas II et
les groupes dominants au sein du MFA celui des bolcheviks. La
dégradation de la situation économique et l’agitation
populaire constitue deux autres traits communs. Enfin, on peut
établir un parallèle entre la tentative de coup d’état
venue de la droite et perpétrée, en 1975, par le
général de Spinola, et la conspiration de Kornilov.
Toutes ces similitudes n’échappèrent pas aux
observateurs avisés. En septembre 1974, Mario Soares, ministre
des affaires étrangères du gouvernement provisoire et
leader du parti socialiste portugais, eut une entrevue avec le
secrétaire d’état américain Henry
Kissinger à Washington. Reprochant à Soares et aux
autres modérés de ne pas agir avec assez de vigueur
pour écarter la menace d’une dictature
marxiste-léniniste, Kissinger dit à ce dernier :
‘vous êtes un Kerenski… je crois en votre
sincérité, mais vous êtes un naïf.
-
Je n’ai aucune envie d’être un Kerenski, répliqua
Soares.
-
Kerenski n’en avait pas envie non plus’, rétorqua
Kissinger.
Le
Portugal, cependant, n’allait pas évoluer comme la
Russie. Les Kerenskis l’emportèrent ; La démocratie
triompha. Soares allait devenir premier ministre et plus tard
président. Et le Lénine de la révolution
portugaise, celui qui sut, au moment décisif, faire montre de
force et de maîtrise afin d’obtenir le résultat
politique désiré, fut un colonel taciturne, favorable à
la démocratie, nommé Antonio Ramalho Eanes. Le 25
novembre 1975, il écrasa les gauchistes des forces armées
et assura l’avenir de la démocratie »
(Troisième vague, les démocraties de la fin du XXéme
siècle, édition Nouveaux Horizons, p.2 et 3).
Disons
le clairement : La direction du PCF et le PG font une
critique opportuniste de droite du KKE alors que l’URCF, le
PRCF et l’opposition interne au PCF contre le Front de Gauche
tombent dans la déviation de gauche sectaire en présentant,
hors de tout contexte, la politique juste du KKE en Grèce
comme un modèle à imiter ici en France.
C’est
donc sous un pavillon usurpé que voyagent nos contradicteurs
du mouvement de la reconstruction communiste dans et hors du PCF,
pour semer la confusion entre la situation en Grèce et celle
qui prévaut ici en France.
En
effet, le PCF, à direction social-démocrate, a été
rejoint par une scission de gauche du PS (le PG) et des débris
trotskistes pour mettre en place le Front de Gauche sur la base d’une
orientation antilibérale. Cette nouvelle donne résulte
des résistances ouvrières et populaires, des luttes
nationales des peuples opprimés du sud, de la critique du
libéralisme par le mouvement altermondialiste avec ses
contradictions et de la rébellion dans les urnes du peuple
contre le TCE.
Le
rapport des forces entre mouvement communiste et mouvement
antilibéral est ici TOTALEMENT différent de la
situation Grecque. Ici nous devons travailler, à la fois, à
construire un large front de résistance populaire face au
saccage social et anti-démocratique du capital, et
reconstruire un parti communiste digne des meilleures traditions
révolutionnaires du PCF Section Française de
l’Internationale Communiste.
Dès
lors l’équation est ici comment et sur quelle base
politique agir avec toutes les forces antilibérales pour aider
le mouvement ouvrier et populaire dans ses luttes et comment œuvrer
à rassembler les communistes dans et hors du PCF pour les
unifier à terme dans un seul parti qui rassemblera
l’avant-garde prolétarienne dans l’optique du
renversement du capitalisme ?
Dialectique
des luttes électorales et de la lutte de classe des
travailleurs : l’avenir est à nous !
Comment
va évoluer le pays avec le retour du PS au pouvoir dans le
contexte d’une aggravation accélérée de la
crise du capitalisme et des diktats de la cure d’austérité
que l’UE impose aux peuples ? Dans un premier temps on
peut s’attendre à ce que là où la droite
fascisante Sarkoziste appliquait brutalement la casse des acquis
sociaux et démocratiques, le PS euro-libéral va
chercher à faire passer la pilule à dose homéopathique
en donnant des sucettes aux dirigeants syndicaux réformistes
et en instrumentalisant le fascisme lepéniste comme l’a
fait Mitterrand.
Rappelons
que la « solution » bourgeoise des Medefs
européens est de faire payer la crise aux peuples de tous les
pays de l’UE en baissant les salaires, c'est-à-dire le
coût de la force de travail du peuple travailleur au nom de la
« compétitivité » et des profits.
Tel est le programme unique de la dictature multipartiste de
classe de la bourgeoisie nationale impérialiste devenue
aujourd’hui eurocratique.
Les
fortes résistances du mouvement ouvrier, à l’instar
des mobilisations et grèves de novembre-décembre 1995,
de 2010 contre le saccage de la retraite, ont révélé
l’impotence et l’inefficacité des dirigeants
syndicalistes bureaucrates et de leur ligne réformiste
d’alliance au sommet qui ont empêché la
généralisation de la grève. Un des prétextes
majeurs pour éviter d’orienter la mobilisation gréviste
vers la grève générale a été qu’il
« n’y a pas d’alternative politique de
transformation sociale ». En pratique, l’émergence
du Front de Gauche met à l’épreuve ce faux
prétexte, car il n’y a pas et il ne peut y avoir de mur
infranchissable entre mouvement des masses en lutte et alternative
politique. Il y a une dialectique entre luttes des masses et les
expressions politiques dont celles-ci ont besoin.
Mais
ce qui guette à terme le PS revenu au pouvoir est le syndrome
grec où le PASOK (PS) et la droite ont été
rejetés par l’écrasante majorité du
peuple. L’application des politiques d’austérité
au nom de « la lutte contre les déficits et la
dette » va entraîner l’effondrement du PS et
parallèlement celui de l’UMP miné par l’influence
grandissante du fascisme lepéniste en son sein. Ce processus
vers l’implosion du régime de bipartisme de la
démocratie bourgeoise a déjà commencé
avec la reprise des thèses ouvertement racistes par Sarkozy,
l’ex-président candidat à la présidentielle,
par des pans entiers de l’UMP et le « ni-ni »
au second tour des législatives et les appels ouverts à
des accords avec le FN.
C’est
dès maintenant qu’il faut se préparer activement
à ce scénario, en soutenant partout les luttes sociales
et démocratiques à l’entreprise, dans les
quartiers populaires et dans les communes rurales, et en implantant
partout le Front de Gauche. Le face à face électoral de
cette année entre le Front de gauche et le FN est annonciateur
de l’inévitable face à face dans la rue et dans
les urnes lorsque le PS libéral aura épuisé, à
l’épreuve du pouvoir, son influence actuelle sur la
majorité du monde du travail et du peuple alors que la droite
(UMP et Modem) est en train de perdre son influence électorale
au profit du FN.
Là
réside aussi l’enjeu d’une prise de conscience
accélérée au sein des communistes hors et dans
le PCF pour se rassembler et enclencher le processus de
reconstruction de l’unité des véritables
communistes, et pour œuvrer par son engagement collectif dans
le Front de Gauche à sa transformation de front antilibéral
et antifasciste en front populaire anticapitaliste. C’est la
tâche historique qui interpelle et se pose aux communistes de
France, c’est le défi à relever pour être
dignes de nos anciens. Nous appelons à le faire
ensemble !