Dans les urnes le
Front de Gauche, expression politique de la victoire du NON au TCE en
2005, est sorti comme la quatrième force politique du pays.
Il a
surtout permis une bouffée d’oxygène antilibéral
et antifasciste par l’action de plus de 4 millions d’électeurs.
Il a
affronté le totalitarisme bourgeois selon lequel les banques,
la finance, les actionnaires sont « intouchables »,
selon lesquels sans « patron point de salut pour les
travailleurs ».
Il a
expliqué et crédibilisé les revendications
syndicales du SMIC à 1700 euros, la retraite à 60 sans
baisse de la pension, la taxation du capital au même taux que
le travail, celle des dividendes, des profits, de la spéculation
boursière, l’interdiction des licenciements boursiers et
des fermetures d’entreprises qui ont reçu des
subventions publiques et qui font des profits, des choix industriels
prenant en compte l’écologie, etc.
Il s’est
attaqué de front aux thèses racistes, xénophobes
du parti fasciste, le FN, alors que le PS se taisait et l’UMP
les imitait. Il a désigné clairement et directement les
banquiers, les patrons, les actionnaires comme les vrais responsables
des souffrances des travailleurs et du peuple. Il a démasqué
le FN comme un des partis au service des intérêts des
patrons milliardaires, dont la fonction est de tromper en les
opposant pour les diviser, la classe ouvrière de France.
Le Front
de Gauche a montré que le monde du travail doit s’émanciper
de l’hégémonie sans partage de l’idéologie
libérale bourgeoise et doit renouer avec la lutte des classes
pour stopper l’offensive prédatrice et socialement
désastreuse du capitalisme en crise systémique.
La
principale insuffisance qui est apparue dans cette formidable
espérance nouvelle qui contribue à réarmer le
mouvement ouvrier et populaire sur des positions antilibérales
réside dans l’illusion de « l’Europe
sociale ».
En effet
la forte dénonciation du poison raciste distillé par le
parti fasciste et son imitation par l’UMP dans un silence
coupable du PS n’a pas permis d’enrayer l’image
fausse d’un FN « seul parti opposé aux
diktats de l’euro et de l’UE ».
Or, la
lutte des classes exige l’affrontement du peuple contre la
bourgeoisie française intégrée dans la
construction de l’UE, bloc impérialiste dominé
par le grand capital allemand, pour préserver les conquêtes
sociales et démocratiques de la période où le
PCF était la cheville ouvrière du programme du CNR, et
où l’URSS avait vaincu le fascisme mondial.
L’annulation
de la soi-disante « dette », des plans
d’ajustement structurel dit « d’austérité »
et de la politique agricole européenne qui offre sur un
plateau à l’agrobusiness notre agriculture et appauvrit
nos paysans, voilà des grandes exigences que doit porter le
Front de Gauche !
Une
autre grande question non abordée par le Front de Gauche est,
à travers l’exigence de sortie de la France de l’OTAN,
le retrait des bases militaires françaises d’Afrique
notamment, et l’opposition internationaliste aux guerres
impérialistes coloniales contre les peuples de Côte
d’Ivoire, de Libye, d’Afghanistan, guerres qui montrent
que « les déficits et la dette » ne sont
que des prétextes pour faire payer la crise aux travailleurs
d’ici et aux peuples de là bas.
L’émergence
du Front de Gauche sur la scène politique est donc un bon
début au regard du processus de reflux de la capacité
combative politique et sociale du monde du travail et des forces
démocratiques surtout depuis 1981.
Les
participations au gouvernement social-démocrate libéral
du PCF alors que le PG actuel était à l’intérieur
du PS en 1981 puis en 1997 ont été des tournants
politiques décisifs dans les travaux pratiques de la
collaboration de classe qui a désarmé le mouvement
ouvrier face aux attaques sans précédent du capital et
de ses serviteurs de droite et de « gauche » au
pouvoir. Le « socialisme ministériel »
de 1981 et de 1997 donne tout sa pertinence éclairante à
l’avertissement suivant de F. Engels en 1894 à partir de
l’expérience italienne d’alors: « Après
la victoire commune, on pourrait nous offrir quelques sièges
au nouveau gouvernement - mais toujours en minorité. Cela est
le plus grand danger. Après février 1848, les
démocrates [marxistes] français (...) ont commis la
faute d’accepter des sièges pareils. Minorité au
gouvernement des républicains purs, ils ont partagé
volontairement la responsabilité de toutes les infamies votées
et commises par la majorité, de toutes les trahisons de la
classe ouvrière à l’intérieur. Et pendant
que tout cela se passait, la classe ouvrière était
paralysée par la présence au gouvernement de ces
messieurs, qui prétendaient l’y représenter »
(La révolution italienne à venir et le Parti Socialiste
– œuvres choisies - P.486).
Aujourd’hui
encore, le Front de Gauche n'apparaît pas suffisamment comme un
espace de « rupture avec le système capitaliste ».
Certaines forces au sein même du Front de Gauche travaillent à
rendre cette rupture inoffensive, et n’ont de cesse de renouer
les liens et d’intégrer le Front de Gauche au sein de la
« gauche ». On le voit avec le débat sur
la participation au gouvernement et la façon de se positionner
face au PS, sur la façon de vouloir « à tout
prix » sauver un groupe de députés au
Parlement en remisant la notion essentielle « d'autonomie
conquérante » dans le grenier des vieilleries au
bénéfice d'une vieille alliance « gauche
plurielle ». Il nous faut donc également
approfondir la rupture idéologique et politique avec la
social-démocratie libérale du PS et lutter pour que le
Front de Gauche reste ce qu’il est : une force de
rassemblement antilibéral de rupture avec le
social-libéralisme qui a tenté d’imposer le OUI
au TCE et a notamment depuis approuvé les différents
traités européens antisociaux jusqu’au MES voté
en avril dernier.
Fort du
travail unitaire qui a été mené lors des
élections régionales, présidentielle et
législatives, nous devons maintenant nous atteler à
implanter le Front de Gauche à la base partout dans le pays
pour aider les masses dans les combats quotidiens contre les
politiques libérales eurocratiques d’austérité
du pouvoir PS et Verts Ecologie. Les élus locaux, régionaux,
nationaux du Front de Gauche doivent être un point d’appui
et un relai de ces luttes ouvrières et populaires.
Construisons le Front Populaire de Gauche antilibéral dont les
travailleurs et le peuple ont besoin, étape vers le
renversement du capitalisme !
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