Le
gouvernement Hollande-Ayrault se met en place, avec ses premières
mesures symboliques (baisse des rémunérations du
président et des ministres) et ses premières annonces
(hausse de 25% de l’allocation de rentrée scolaire,
retour à la retraite à 60 ans – mais uniquement
pour ceux ayant commencé à travailler tôt) qui
visent à marquer une différence avec le gouvernement
déchu de Sarkozy.
Les
attentes sont fortes, sur bien des fronts : dans les entreprises
sous le coup de plans de licenciements, chez tous les salariés
qui aspirent à une hausse des rémunérations,
chez tous ceux, combattants de 2010, qui souhaitent un retour aux 60
ans comme âge légal de départ à la
retraite, chez les sans-papiers, lutteurs infatigables pour les
droits démocratiques souvent pourchassés, dans la santé
ou l’Education nationale, épuisés par le dogme du
non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à
la retraite…
Les
attentes sont fortes mais les 4 millions d’électeurs
du Front de gauche doivent maintenir une vigilance consciente face au
gouvernement social-démocrate, une volonté forte de
combattre pour imposer les revendications populaires. C’est
l’atout décisif pour la suite ! C’est ce qu’il
faut consolider dans l’immédiat lors de ces élections
législatives, en réussissant à prolonger le
vote Mélenchon en un vote pour les candidats de ce camp
anti-libéral de gauche qui se construit et s’exprime
dans et par le Front de gauche : il faut donner le maximum
de voix à cette gauche « autonome et conquérante »
(dixit Jean-Luc Mélenchon) et continuer ainsi à briser
le pseudo-monopole que le PS social-libéral exerçait
depuis 10 ans sur la gauche. Cela signifie aussi obtenir un maximum
de députés Front de Gauche à l’Assemblée
Nationale !
Parmi
ceux-ci, il y aura Jean-Luc Mélenchon, qui a eu le courage de
se lancer dans la bataille à Hénin-Beaumont, où
se présente Marine Le Pen. Épaulé par Hervé
Poly, son suppléant, premier secrétaire de la
Fédération du PCF du Pas-de-Calais, il rend possible le
gain d’une nouvelle circonscription pour le Front de gauche et
démontre qu’une gauche « sans complexe et
sans casserole », qui affirme nettement et fortement que
« l’adversaire n’est pas l’immigré
mais le banquier » peut bloquer la progression du Front
national.
La
vigilance et la détermination à combattre des
travailleurs, qui politiquement peut et doit s’exprimer dans le
Front de Gauche, est d’autant plus nécessaire que le
gouvernement Hollande-Ayrault a commencé à capituler
face au pouvoir du capital, comme l’a montré sa
première visite en Allemagne chez la patronne du club Europe,
la chancelière Merkel. Alors qu’il parlait dans sa
campagne de « renégocier » le ‘pacte
budgétaire européen’, c’est-à-dire
le fameux Traité de Stabilité, de Coordination et de
Gouvernance (TSCG) signé entre Merkel et Sarkozy, il est
seulement question aujourd’hui de le « compléter » par
un « volet croissance ».
Or
ce Traité (pas encore ratifié par la France, d’où
notre exigence d’un référendum sur le sujet),
prévoit que les États s’engagent à ce que
leur déficit « structurel » n’excède
pas à moyen terme 0,5% de leur PIB : c’est la
« règle d’or » de l’austérité
perpétuelle, que les États doivent élever au
rang de règle ayant valeur constitutionnelle ! Les États
devraient même s’engager à prendre, sous peine de
sanction financière, des mesures « correctives »
en cas de dépassement. Le budget ne pourrait être adopté
qu’avec le feu vert de la Commission Européenne. Il ne
resterait que peau de chagrin de la souveraineté nationale et
donc de la démocratie. La stabilité du sacro-saint
Euro est à ce prix !
Ce
« volet croissance » est un leurre, car
derrière ce terme se camouflent les positions libérales
des partisans de la « croissance par la flexibilité »
au détriment de la « croissance par la relance ».
Or, Hollande ne tranche pas publiquement et promet, de fait, une
politique de flexibilité puisqu’il accepte le principe
qu’il faut « payer la dette » et que
« tout le monde doit faire un effort ».
Dès
son discours de Tulle le 6 mai, Hollande a bien prévenu que
« tout ne sera pas possible » et il a cité
la réduction du déficit public comme l’une de ses
priorités. Le journal patronal La tribune du 21 mai
résume ainsi la situation : « Hollande
s’est engagé à respecter la parole donnée
par la France de ramener le déficit à 3 % du PIB l’an
prochain. Le vrai rendez-vous avec les marchés financiers sera
donc celui de la présentation du projet de budget pour 2013,
en septembre. (…) L’année 2013 concentre, sans
doute de façon excessivement rigoureuse, l’essentiel de
l’effort structurel de réduction des déficits des
cinq années qui viennent (– 1,4 point sur une seule
année, puis 3 points répartis sur quatre ans). Toutes
choses égales par ailleurs, cela ressemble un peu à
l’effort qu’avait dû consentir la France en 1997,
l’année de la qualification pour l’euro, lorsque
Lionel Jospin avait dû tenir les engagements pris un an plus
tôt par une majorité de droite. (…) La stratégie
macroéconomique de la gauche au pouvoir repose sur l’espoir,
celui d’une initiative de croissance européenne qui
équilibrera la nécessaire austérité
budgétaire. François Hollande a d’ailleurs
prévenu : qu’on ne compte pas sur lui pour une relance
budgétaire à la mai 1981. Le tournant de la rigueur,
c’est maintenant qu’il faut le faire, pour retrouver des
marges de manœuvre. La redistribution des éventuels
fruits de la croissance, ce sera pour plus tard, si le pari
réussit. »
Voilà
pourquoi il nous faut des députés du Front de Gauche
capables de refuser, dès cet automne, la rigueur
budgétaire ! Voilà pourquoi aucune
personnalité issue des organisations du Front de gauche ne
peut siéger dans un futur gouvernement Hollande remanié
après les élections législatives. L’autonomie
d’action du Front de Gauche est essentielle à préserver.
Il
est regrettable que cette affirmation de non-participation future
dans un gouvernement de compromis social avec le capital n’ait
pas été affirmé d’emblée –
avant même les législatives - par toutes les
forces du Front de gauche. En la matière, la clarté du
positionnement politique face à la social-démocratie
libérale ne peut que renforcer le
Front de Gauche, et le positionner comme un acteur incontournable des
luttes de résistances et de conquête en cours ou à
venir.
Car
le combat des urnes doit se doubler par le combat des usines et
des rues, enracinant un véritable front populaire de gauche
contre l’austérité imposée par
l’Euro et l’UE. C’est tout de suite qu’il
nous faut imposer nos revendications souvent étouffées
par l’Etat UMP dans la période précédente
!
l’interdiction
des licenciements et la nationalisation sous contrôle des
travailleurs des entreprises qui ferment ou délocalisent !
la
hausse des salaires, notamment des plus bas, et la baisse des prix du
gaz, de l’électricité, et de l’essence ;
la
juste rémunération des produits des paysans, des
éleveurs, des pêcheurs ;
l’arrêt
des expulsions et la réquisition des logements vides ; un
plan de construction de logements sociaux et un encadrement des
loyers;
le
retour à l’âge légal de la retraite à
60 ans, avec une baisse du nombre d’années de
cotisations exigées pour une retraite à taux plein, et
la possibilité de départs anticipés pour les
travaux pénibles ;
le
non-paiement de la dette publique illégitime, gonflée
artificiellement par les taux usuraires pratiqués par les
capitalistes actionnaires des banques ;
Mais
aussi la lutte contre les discriminations qui divisent notre
peuple et détournent les exploités des véritables
ennemis de classe que sont les patrons et les banquiers ; contre
la chasse aux Sans Papiers et pour leur régularisation ;
contre les propagandes racistes et islamophobes du fascisme FN.
le
combat anti-impérialiste et anti-guerre, qui a bien manqué
pendant que la Françafrique et l’OTAN pilonnaient la
Côte d’Ivoire et la Libye ; combat contre les
préparatifs de guerre en Syrie, actuellement déstabilisée
par l’ingérence islamo-occidentale ; combat à
mener contre le « bouclier anti-missile » de
l’OTAN, dispositif pour lequel Hollande, avant d’être
élu, avait exprimé des « réserves »….
aujourd’hui officiellement « levées ».
Contre
le FN et la droite, contre le capital, ne laissons pas les mains
libres au PS et à
l’Eurocratie impérialiste !
Par les urnes, par la rue, par la grève, dans l’unité
et la ténacité, il nous faut construire la seule
alternative contre l’offensive brutale du capital financier :
un véritable Front Populaire de Gauche !
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