Le
barbare lynchage de Mouamar Kadhafi et de plusieurs membres de sa
famille (dont certains ont été mutilés avant
d’être abattus) par les impérialistes
franco-anglo-américains et leurs protégés
n’avait rien de spontané : alors que le dirigeant
libyen, tombé les armes à la main comme il l’avait
juré et gravement blessé, était le prisonnier de
guerre de l’OTAN et de ses « rebelles »,
il a été froidement abattu. Le but était entre
autres d’éviter un procès public : sans
doute, comme le dirigeant yougoslave Milosevic opportunément
décédé en prison d’un « empoisonnement
alimentaire » (alors qu’il mettait en accusation ses
accusateurs otaniens…), le chef d’Etat aurait pu révéler
bien des choses de nature à embarrasser les grands Etats
capitalistes, Sarkozy en tête.
Ce
crime de guerre n’est que le point d’orgue d’une
opération otanienne qui, sous couvert de « protéger
les populations civiles », a donné lieu à
des milliers de frappes de l’OTAN sur la Libye, à des
dizaines de milliers de morts, à l’arasement total de la
grande ville de Syrte, à la répression sanglante des
partisans de Khadaffi manifestant pacifiquement à Tripoli
après la chute de la ville. En réalité, la
pseudo-légalité donnée par l’ONU à
l’agression néo-coloniale réclamée par
Sarkozy et par Juppé, et appuyée par le PS, a été
grossièrement violée : les impérialistes
sont allégrement passés de la soi-disant protection des
populations civiles, copieusement bombardées par l’OTAN,
à l’ingérence cynique et à la mise en
place d’un gouvernement fantoche qui n’aura rien à
refuser aux grandes sociétés pétrolières
Total, B.P., Shell, véritables bénéficiaires de
cette guerre coloniale.
Plus
que jamais le « droit d’ingérence
humanitaire » revendiqué par les impérialistes
sous la houlette du « socialiste » B. Kouchner
et du belliciste Bernard-Henri Lévy, honte de la philosophie
française, apparaît pour ce qu’il est : un
LEURRE idéologique pour réaliser l’union sacrée
entre la droite et la pseudo-gauche néo-coloniales : hier,
c’était au nom de la « civilisation
occidentale » ou de l’ « évangélisation »
des Africains que le colonialisme français, anglais, etc.
massacrait au Sud de la Méditerranée, aujourd’hui,
les « droits de l’homme » ou la
« libération de la femme » servent de
prétexte pour recoloniser l’Afrique, piller ses
richesses et surexploiter ses populations. Quelle absurdité
pourtant que de faire confiance à Sarkozy, qui en France même
détruit les libertés et promeut l’islamophobie
d’Etat, pour « libérer » les
peuples ! Quelle aberration de croire les impérialistes
quand ils bombardent la Libye, alors que les mêmes Sarkozy,
Obama et Cameron laissent les féodaux d’Arabie saoudite
envahir le Bahrein en lutte, qu’ils laissent Ali Saleh
massacrer ses opposants au Yémen, que l’U.E. et les USA
ne lèvent pas le petit doigt pour faire respecter les
résolutions de l’ONU contre les dirigeants d’Israël,
qui strangulent Gaza, colonisent les terres palestiniennes et
massacrent les ados désarmés qui s’insurgent
contre l’occupation !
Au
demeurant, chacun peut voir aujourd’hui que les nouveaux
gouvernants « libyens » imposés par
l’OTAN, dont certains sont d’ex-djihadistes
ultra-réactionnaires qui ont fait leurs armes contre la
République démocratique d’Afghanistan, veulent
établir une dictature religieuse dont les femmes libyennes,
qui jouissaient de droits étendus, feront les frais (le
premier acte du nouveau pouvoir a été de rétablir
la polygamie pour les hommes, que Kadhafi avait strictement
encadrée et réfrénée !). En
réalité, l’apprenti-sorcier Sarkozy a installé
à quelques encablures du littoral français des émules
surarmés d’El Quaïda, et des pirates sans scrupules
qui ne seront pas longs à transformer la Libye « libérée »
en une seconde Somalie !
Communistes
fidèles aux luttes anti-coloniales du PCF d’Henri Alleg,
d’Henri Martin et d’Henri Curiel, nous avons condamné
dès la première heure l’agression contre la Libye
car celle-ci avait pour objectif la main mise totale des « majors »
pétrolières sur les richesses énergétiques
libyennes, de dévoyer l’élan insurrectionnel
parti de Tunisie, de sceller une alliance avec les intégristes
pro-occidentaux, comme cela se dessine en Tunisie avec les
fondamentalistes d’Ennadha, absent de la résistance à
Ben Ali, et en Egypte avec les « Frères
Musulmans ».
Nous
avons également condamné cette agression conduite par
Sarkozy parce qu’elle est directement contraire aux
intérêts du peuple français : le
principal ennemi de celui-ci réside en France, où un
pouvoir ultra-réactionnaire sans précédent
depuis 70 ans, détruit l’indépendance nationale,
les services publics, les bases industrielles, les acquis sociaux, et
se sert des aventures néo-coloniales (Côte d’Ivoire,
Libye…) pour détruire tous les acquis de la Résistance
et de la Libération. « Un peuple qui en opprime
d’autres ne saurait être libre », disait
Marx, et la défaite (provisoire) du peuple libyen, - qui ne
tardera pas à résister comme cela s’est fait en
Irak après l’invasion américaine - , est aussi
une défaite pour le peuple français : celui-ci va
devoir payer une énorme facture militaire au moment même
où le pouvoir se fait gloire d’annoncer le budget le
plus antisocial depuis la Libération !
Cela
se voit aussi en Syrie où les impérialistes tentent de
dévoyer le mouvement protestataire en cours en guerre civile
pour faire éclater ce pays, une ancienne colonie française,
en petits états confessionnels sur lesquels l’impérialisme
pourrait dicter sa loi en entretenant les tensions inter-religieuses
comme en Irak. Nous communistes n’avons jamais idéalisé
les régimes nationalistes arabes de Damas, Tripoli, etc. :
nous savons que ces régimes n’ont eu que trop souvent la
main lourde contre les partis communistes, et qu’ils n’ont
pas toujours été conséquents, -c’est un
euphémisme-, dans leur résistance à
l’impérialisme. Mais nous appelons les travailleurs de
France à ne jamais oublier que le principal ennemi des
peuples, y compris du nôtre, c’est l’impérialisme,
y compris l’impérialisme français qui, pour faire
diversion à sa crise systémique du capitalisme, sera de
plus en plus enclin à mettre la planète à feu et
à sang.
C’est
pourquoi le PRCF et le RCC renouvellent leur condamnation totale de
la guerre d’agression coloniale menée par
les impérialistes contre la Libye et ils condamnent les appels
incessants de Sarkozy, d’Obama et d’Israël à
bombarder et attaquer la Syrie ou l’Iran. Après
l’Irak et l’Afghanistan, on voit que la guerre
devient une composante permanente de la politique impérialiste :
c’est tout particulièrement vrai en Afrique, où
la volonté d’ingérence impérialiste va
forcément s’aggraver. Car pour accroître ses
super-profits, l’impérialisme a tout intérêt
à maintenir ce continent sous sa domination pour continuer à
piller ses matières premières, notamment stratégiques,
et contrôler l’accès à celles-ci des « pays
émergents » d’Asie et d’Amérique
du sud.
Ce
recours impérialiste à la guerre permanente ne peut que
susciter la résistance unie des peuples agressés et des
peuples des Etats impérialistes. C’est pourquoi la
mobilisation permanente des communistes, des progressistes et des
syndicalistes de lutte contre les guerres impérialistes
constitue une composante essentielle de notre combat, en France
même, pour l’indépendance nationale, les libertés
démocratiques, les acquis sociaux et le mieux-être des
travailleurs.
Plus
que jamais nous devons reconstruire le front uni des travailleurs et
des peuples contre l’impérialisme sur la base de la
célèbre formule de Lénine et de l’internationale
Communiste : « Prolétaires de tous pays et
peuples opprimés, Unissez vous ».
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