Les
résultats du vote interne au PCF en juin dernier pour choisir
le candidat du Front de Gauche donnent 28251 voix -soit 59,12% des
votants- pour Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la direction
social-démocrate, et 17594 voix -soit 36,82% des suffrages-
pour André Chassaigne, représentant de l’opposition
à « l’effacement du PCF ». Avec
les 1944 communistes -soit 4,07%- qui ont voté pour Emmanuel
Dang Tran, 41% se sont opposés au total à la
candidature Mélenchon.
En
2007, le processus pour une candidature unitaire et unique à
la présidentielle émanant des collectifs anti-libéraux
issus de la victoire historique du NON au traité
constitutionnel européen (TCE) avait capoté et le front
avait implosé avant le premier tour.
Aujourd’hui,
les positionnements dans le PCF et dans de multiples groupes de la
reconstruction communiste posent une question cruciale :
« quelle campagne communiste mener dans le cadre du Front
de Gauche anti-libéral élargi, ou comment
visibiliser l’identité communiste dans le cadre d’une
campagne commune avec les autres composantes anti-libérales à
la présidentielle et aux législatives ? »
La
résistance de classe et populaire a besoin d’un large
front populaire combatif
Denis
Kessler, ex-vice-président du MEDEF indiquait hier sans
complexe le programme auquel s’attèle Sarkozy dans un
article intitulé « Adieu 1945, raccrochons notre
pays au monde ! » : « Le modèle
social français est le pur produit du Conseil National de la
Résistance (CNR), un compromis entre gaullistes et
communistes. Il est grand temps de le réformer, et le
gouvernement s'y emploie. Les annonces successives des différentes
réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de
patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance
inégale, et de portées diverses : statut de la fonction
publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la
Sécurité Sociale, paritarisme... A y regarder de plus
près, on constate qu'il y a une profonde unité à
ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple,
prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et
1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de
sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le
programme du Conseil National de la Résistance ! »
(Challenges, 4 octobre 2007).
De
l’aveu même de Denis Kessler, cet « adieu
à 1945 » est aujourd’hui une opportunité
parce qu’il « aura fallu attendre la chute du mur
de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation
de la CGT dans quelques places fortes, l'essoufflement asthmatique du
Parti Socialiste comme conditions nécessaires pour que l'on
puisse envisager l'aggiornamento qui s'annonce. Mais cela ne
suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein
du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient
pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle
usé, devenu inadapté, laissent place à une
nouvelle génération d'entrepreneurs politiques et
sociaux. Désavouer les pères fondateurs n'est pas un
problème qu'en psychanalyse » (idem).
A
cette sortie cynique, qui éclaire sur les objectifs réels
des patrons milliardaires et les raisons de leur réussite pour
l’instant, vient s’ajouter la crise du capitalisme
mondialisé qui accroît la recherche effrénée
du profit maximum par : 1) l’appauvrissement de masse et
la destruction des conquêtes sociales et démocratiques
des travailleurs dans les pays impérialistes ; 2) les
guerres, notamment les guerres coloniales, pour contrôler les
matières premières comme le pétrole, l’uranium,
etc.
La
victoire du NON à la Constitution Européenne de 2005
est une ligne de démarcation structurante de la lutte de
classe
Si
nous comprenons la nécessité d’une vigilance vis
à vis d’une dissolution éventuelle du PCF dans ce
« Die Linke » à la française que
pourrait être le Front de gauche, label dont le Parti de Gauche
de Mélenchon est d’ailleurs propriétaire, celle
ci ne saurait nous détourner sur le terrain d’une
dynamique pour rassembler toutes les forces du NON, à
l’exclusion des fascistes du FN, pour frayer la voie à
une alternative anti-libérale dans ce pays. Le danger
principal est en effet qu’en absence des forces de la
reconstruction communiste, le Front de Gauche ne soit réduit à
un simple cartel d’organisations. Or il s’agit de
rassembler les forces anti-libérales pour favoriser le
développement d’un vrai front populaire par lequel les
travailleurs, le peuple pourraient passer à l’offensive
contre les attaques patronales et gouvernementales.
La
bataille pour le NON au TCE a tracé une ligne de rupture
politique entre libéraux, sociaux libéraux et
anti-libéraux. Cette ligne reste un vrai boulet que traînent
les sociaux démocrates de la direction du PCF et du Parti de
Gauche dans leur penchant réformiste à « l’Union
de la Gauche » bis.
Il
est d’une importance majeure que les forces de la
reconstruction dans et hors du PCF trouvent les voies de l’unité
d’action stratégique pour peser et contraindre à
une rupture de classe entre sociaux libéraux et anti-libéraux.
C’est une étape nécessaire pour aller vers
l’unification des communistes sur la base léniniste du
« se démarquer pour s’unir » dans
une organisation unique.
La
dialectique « défense de l’identité
communiste » et « alliance des forces
anti-libérales »
Tout
comme le mouvement social, l’objectif de la campagne à
mener est de battre la droite dure décomplexée
sarkozyste, de montrer qu’avec les socialistes on a déjà
donné, et que le pire reste le FN de Marine Le Pen. La
résultante de ces impératifs est un « vote
utile » allant dans le sens du rapport de forces
nécessaire pour faire payer la crise aux milliardaires du
CAC40 : le vote Front de Gauche à la présidentielle
et aux législatives 2012.
Nous
pouvons et devons faire cela en communistes, c’est à
dire en développant nos exigences. Par exemple l’exigence
de rupture avec la Vème République et son
présidentialisme quasi monarchiste ; de refus de toute
participation à un gouvernement socialiste ; de sortie de
l’euro, étape vers la sortie de l’Union Européenne
du capital et de la crise ; de laïcité sans
discrimination à l’encontre notamment de la religion des
travailleurs et des citoyens récents de France ; de
punition effective du racisme ; de nationalisation des
entreprises qui délocalisent ; de régularisation
de tous les sans papiers avec une carte de 10 ans, d’arrêt
des guerres coloniales en Libye, en Afghanistan, en Côte
d’Ivoire ; de démantèlement des bases
militaires françaises en Afrique et de sortie de l’OTAN.
Il
n’y a pas de « muraille de Chine » entre
la loyauté vis-à-vis du front anti-libéral et
l’indépendance idéologique et politique des
communistes qui œuvrent surtout à ce que l’alliance
ne soit pas seulement une affaire de sommet mais deviennent l’affaire
des travailleurs dans leur ensemble et donc du peuple.
C’est
à cette politique que nous invitons l’ensemble des
groupes de la reconstruction communiste éparpillés dans
et hors du PCF. Cette unité d'action stratégique dans
le front doit nous permettre d’éviter les départs
successifs du PCF dans la désunion, la division et parfois
dans des querelles stériles qui ne profitent qu’à
l’ennemi de classe : notre bourgeoisie impérialiste
fait tout pour prendre sa revanche de classe contre les victoires de
nos anciens du temps de l’URSS patrie des ouvriers, paysans et
peuples opprimés qui a succédé à la
Commune, première démocratie prolétarienne !
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