Les
27, 28 et 29 août 2010 s’est tenue à Marseille une
Université d’été des communistes
réunissant des militants « dans » et en «
dehors » du Parti Communiste Français. Ces militants
étaient soit organisés en groupe, en section ou étaient
présents à titre individuel. La qualité des
échanges et les résultats de ces travaux communs
permettent de tirer quelques enseignements.
1.
Aborder de manière matérialiste la situation actuelle
des communistes
Pour
des raisons liées à l’histoire des reniements de
la direction du PCF, des communistes existent dans et hors du parti.
La diversité des réalités et rapports de forces
locaux, les vagues successives de reniements de la direction du PCF,
des éléments liés à la trajectoire et à
la personnalité des militants, etc., tous ces facteurs
expliquent cette situation inédite en France de communistes
unis dans leur volonté de rebâtir un réel parti
communiste mais ayant fait des choix organisationnels, tactiques et
stratégiques différents. A ce premier facteur objectif
s’en ajoute un autre : le besoin urgent pour notre classe
ouvrière de retrouver un « état-major » de
luttes, un véritable parti communiste. Ces deux facteurs
objectifs donnent des responsabilités particulières à
ceux qui veulent sérieusement être à la hauteur
du mot « communiste » et du parti qui pendant des
décennies a porté l’étendard de la classe
ouvrière, le PCF. Ces responsabilités supposent d’être
vigilants à deux dérives fréquentes et la
rencontre de Marseille a montré que cela était
nécessaire et possible :
-
La première est la dérive gauchiste consistant à
occulter l’existence au sein du PCF de communistes qui luttent
de manière incessante contre le réformisme de la
direction, de militants qui défendent l’héritage
du PCF révolutionnaire contre les liquidateurs, de combattants
de la lutte des classes qui mènent celle-ci au sein même
du PCF. Cette première dérive conduit, de fait, à
diviser les communistes.
-
La seconde est la dérive droitière consistant à
occulter l’hétérogénéité
actuelle des communistes dans un appel à l’unité
large mais sans principe. Notre hétérogénéité
est le résultat de plusieurs décennies de destruction
du parti par les réformistes ayant conduit les uns et les
autres à réagir comme ils le pouvaient, à
riposter sans forcément avoir une vue d’ensemble des
forces en présence, à résister sans avoir
forcément une analyse globale du projet de destruction de
notre parti de l’extérieur. Si les communistes doivent
s’unir, c’est de manière matérialiste en
prenant en compte les forts points d’accords et en organisant
scientifiquement le débat sur les points qu’il reste à
approfondir.
La
rencontre de Marseille a montré que cela était
possible, qu’il était possible de travailler ensemble en
dépit de notre hétérogénéité
et de nos choix différents. Le Rassemblement des Cercles
Communistes est fier d’avoir contribué à cette
rencontre dont l’esprit et l’ambiance de responsabilité
nous donnent des indications pour l’avenir.
2.
Des points d’unité conséquents
Marseille
a été la démonstration de l’existence de
points d’unité conséquents communs à
l’ensemble des participants qu’ils soient dans ou hors du
PCF :
-
Ainsi en a-t-il été sur la nécessité de
répondre aux théorisations petites bourgeoises du
capitalisme contemporain conduisant à des propositions
économistes, réformistes (taxation de la finance, par
exemple) et de réaffirmer que le capitalisme reste basé
sur l’extorsion de plus value ; c’est compléter
l’anti-libéralisme par l’anti-capitalisme ;
-
Ainsi en a-t-il été de la nécessité de
réinvestir la formation marxiste pour doter nos militants des
armes pour comprendre et agir ;
-
Ainsi en a-t-il été de la nécessité
d’actions communes permettant de donner une visibilité
commune d’une part et d’apprendre à agir ensemble
d’autre part.
3.
Un développement inégal selon les sujets
Marseille
a également mis en évidence un développement
inégal de nos analyses et mobilisations selon les sujets
abordés. Ainsi l’exposé portant sur l’approche
marxiste de l’écologie est d’une grande importance
pour le Rassemblement des Cercles Communistes qui n’a pas
encore abordé cette question. Aucun des groupes ou individus
présents à Marseille ne se considère comme «
l’avant-garde » mais chacun a développé en
fonction de son histoire et de ses réalités des
analyses et des actions nécessaires à tous et pouvant
nous enrichir tous.
4.
Des questions qui restent à approfondir
L’unité
communiste suppose qu’elle soit sérieuse et durable et
non de façade et superficielle. Sur certaines questions
demeurent des approches différentes qu’il nous faut
confronter de manière scientifique. En tant que matérialiste,
c’est la réalité des faits matériels qui
est notre critère de vérité. Ainsi des approches
différentes de la Nation et des mutations de la nation
subsistent qu’il nous faut dépasser par une démarche
d’échanges et de confrontations fraternelles en
distinguant les points d’unité et les points de
désaccords.
5.
Des perspectives communes
La
séance de clôture a permis de mettre en évidence
des dynamiques communes pour les mois et années à venir
:
-
Dynamique d’action concrète : manifestation de Lisbonne,
coordination pour une intervention simultanée dans plusieurs
régions sur les établissements d’un même
groupe industriel, etc. Le Rassemblement des Cercles Communistes est
favorable au fait de multiplier l’action commune chaque fois
que cela est possible et là où cela est possible ;
-
Dynamique d’expression politique commune visualisant l’unité
qui se construit : déclaration commune ; partage de nos
analyses, campagnes communes, etc. Le RCC est favorable à la
production de prises de positions communes sur les sujets centraux de
notre classe ouvrière afin de donner une parole nationale aux
révolutionnaires ;
-
Dynamique de connaissances mutuelles se traduisant par des
invitations aux initiatives des uns et des autres ;
-
Dynamique d’échanges : Marseille a été un
exemple d'espace de convergence et de débat dont les
révolutionnaires ont besoin. Le RCC est favorable à
l’inscription dans une régularité de cet espace
commun permettant de construire une réelle unité. C’est
dans ce cadre que les besoins en formation idéologique et
politique marxiste pourront trouver une réponse co-organisée
par tous les participants.
6.
Elargir à de nouvelles forces
L’ensemble
des forces communistes n’était pas présent à
Marseille. Nous devons en conséquence rester ouvert aux
communistes absents à Marseille. Le RCC est ouvert à
une convergence plus large sur la base de l’unité
d’action stratégique des communistes dans et hors du PCF
et sur la base de l’objectif de reconstruire à terme le
parti communiste qui manque à notre classe ouvrière.
Marseille
a été la preuve de l’existence d’une
nécessité, d’une possibilité et d’une
volonté de construire l’unité des communistes. A
nous tous de transformer cette nécessité, possibilité
et volonté en réalité concrète. Dors et
déjà le RCC invite tous nos camarades à
participer et à s’exprimer le 4 décembre 2010
lors de notre commémoration de la révolution d’Octobre
et célébration des 90 ans du PCF section de
l’Internationale Communiste né au congrès de
Tours.
«Les
communistes sont donc la fraction la plus résolue des partis
ouvriers de tous les pays, la fraction qui entraîne toutes les
autres ; sur le plan de la théorie, ils ont sur le reste du
prolétariat l’avantage d’une intelligence claire
des conditions, de la marche et des résultats généraux
du mouvement prolétarien » (Le Manifeste du Parti
Communiste)
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