Après
les élections européennes, les régionales
montrent que la crise du régime politique représentatif
de la bourgeoisie ne cesse de s’approfondir. Reflétant
clairement le rejet du pouvoir UMP et de Sarkozy, l'abstention
massive est aussi l'expression d’une décrédibilisation
de plus en plus forte des institutions mêmes de la gouvernance
bourgeoise. En effet, le peuple invité à se prononcer
par référendum sur le projet de traité européen
en 2005 s’est vu dépossédé de son vote NON
majoritaire par le vote OUI anti-démocratique, véritable
coup d'Etat anti-populaire des eurocrates libéraux de l’UMP
et du Modem, des sociaux-libéraux du PS et écolo-libéraux
des Verts devenus aujourd'hui Europe-Ecologie.
Les
électeurs FN de 2002, ralliés en 2007 par Sarkozy, sont
revenus pour une bonne part à la case départ, préférant
en 2010 l’original à la copie.
La
majorité des votants a rejeté massivement Sarkozy et
l’UMP dans 21 des 22 régions de l’hexagone.
Effaçant
en partie les échecs des candidatures unitaires à la
présidentielle et aux législatives, les forces du camp
du NON victorieux ont présenté des listes du Front de
Gauche, qui ont fait au premier tour des scores significatifs, mais
globalement encore trop insuffisants pour ouvrir une perspective
politique différente et créer l'événement.
En
refusant l’unité du camp des forces antilibérales
du NON, les trotskistes du NPA et de LO se sont marginalisés.
Les
forces de la reconstruction communiste se sont divisées entre
celles qui s’obstinent à s’isoler en appelant à
l’abstention (PRCF, URCF, Communistes, etc.) et celles
qui ont œuvré à l’intervention électorale
unitaire du camp des forces antilibérales du NON (PCOF, RCC,
etc.).
Se
démarquer au premier tour pour assurer une visibilité
alternative antilibérale
Le
référendum du 29 mai 2005 a objectivement tracé
une ligne de démarcation entre d’une part une gauche
eurocrate sociale-libérale et euro-écologiste et
d’autre part une gauche antilibérale du NON à la
constitution européenne, encore porteuse de l'illusion de la
possibilité de construire une « autre Europe »,
une « Europe sociale », sous le capitalisme. Il existe
une lutte à la fois ouverte et cachée entre la tendance
à la rupture et à l’unité entre ces deux «
gauches ». Lutte qui traverse le camp antilibéral que
les trotskistes (NPA, LO) ont cru devoir utiliser dans leur ambition
de terrasser les « staliniens » du PCF. Indépendamment
de l’erreur opportuniste de gauche des trotskistes, le PCF, via
la plupart de ses élus et de sa direction, est encore porteur
de la déviation de droite que représente l’unité
stratégique/soumission au PS.
Mais ne
voir que ce côté-là, c’est ne pas voir que
le PCF idéologiquement social-démocrate connaît
aussi un tournant antilibéral qui découle des liens
importants que garde encore ce parti avec la classe ouvrière.
C’est
aussi ne pas voir que l’offensive libérale et la crise
tendant à remettre en cause les acquis sociaux et
démocratiques conduisent à une différenciation
au sein de la classe entre aristocratie ouvrière et
prolétaires combatifs. Une telle différenciation touche
l’ensemble des catégories du monde du travail et se
reflète nécessairement au sein des organisations
représentatives des travailleurs : syndicats et partis.
Sans
surestimer ni sous-estimer ce processus objectif et ses effets, il
nous faut tenir compte de cette réalité pour saisir
toutes les occasions de frayer la voie à l’expression
politique du camp antilibéral de gauche et populaire qui a
fait triompher le NON contre le consensus de la bourgeoisie
eurocrate.
Nous
devons le faire chaque fois que c’est possible tout en sachant
aussi éviter le piège eurocrate comme nous le fîmes
lors des élections européennes en appelant au boycott
parce qu’il s’agissait alors d’entériner et
de légitimer une institution, le parlement du bloc
impérialiste européen en construction que le peuple a
rejeté en 2005.
S’unir
au second tour pour battre la droite et l’extrême droite
Le
réformisme et la collaboration de classe ont miné les
défenses du mouvement ouvrier et populaire. L’alternance
droite – gauche à partir de 1981, y compris sous la
forme de la cohabitation, a désarmé le mouvement
ouvrier et populaire. Droite ultra libérale et gauche
social-libérale ont un programme commun défini par la
table-ronde du capital financier : l’Europe et le libéralisme.
L’élection présidentielle de 2002 a confirmé
le naufrage politique de « la gauche plurielle »
devenue « la gauche plus rien », sanctionnée
dans les urnes au point que le chef du parti fasciste s'est retrouvé
au second tour.
C’est
ce « traumatisme » qui a donné naissance à
une « droite décomplexée » utilisant la
démagogie politique pour rallier l’électorat de
Le Pen d’avril 2002, les déçus de la gauche
social-libérale et même des électeurs originaires
des ex-colonies, issus de l’immigration dupés par «
la discrimination positive ».
Le
populisme sécuritaire, de l’apologie du travail et de
l’assimilation culturelle de l’immigration a été
le vernis de l’offensive idéologique du libéralisme
et du Medef contre tous les acquis sociaux et démocratiques
issus du programme du Conseil National de la Résistance (CNR).
C’est
cela qui a triomphé au soir de la victoire électorale
de Sarkozy en 2007, avec une tactique définie et mise en
pratique par le gouvernement UMP : attaquer sur tous les fronts à
la fois, alors que le PS social libéral attaquait subtilement
ces conquêtes l'une après l’autre. Aller vite en
besogne, profiter du KO du mouvement social paralysé par les
chefs réformistes à la tête du mouvement syndical
pour engranger au profit du patronat le maximum de points. Profitant
même du nouveau bond dans la crise générale du
capitalisme, le pouvoir UMP a nationalisé les pertes à
crédit et, pour « sauver » le CAC 40, n'a pas
hésité à s'affranchir des fameux et fumeux
critères de convergence de Maastricht, laissant filer son
déficit au-delà de l'exigence des 3% fixés par
l'UE.
Il
est clair que c’est la fraction la plus consciente et la plus
combative de la classe ouvrière et du peuple laborieux, celle
qui cherche à parer les coups et stopper l'offensive libérale,
qui est allée voter au premier tour majoritairement pour les
listes du Front de Gauche et, dans une moindre mesure, pour celles du
NPA et de LO.
La
masse des abstentionnistes rejette le système politique
bourgeois. Mais elle reste dans l’impuissance tout comme la
masse des travailleurs reste
souvent
passive
face
aux attaques du capital.
Les
travailleurs les plus conscients, eux, entament le combat: même
si ce combat n'est pas celui de la sauvegarde de l'emploi et devient
celui visant
à obtenir
des primes de licenciements les plus élevées
possibles - et cela reflète l’état réel et
actuel du rapport des forces déterminé par la
domination du mouvement ouvrier par le réformisme - ce
combat mérite d'être salué et tout militant
révolutionnaire se doit de participer de ce combat-là
et ne pas rester sur le bord du chemin.
Et
compte tenu de ce rapport des forces, quand les Contis, les Pimkies,
etc., négocient après une grève dure une prime
de licenciement en hausse, nous crions victoire. De même, quand
le premier tour donne de bons scores au Front de Gauche élargi,
insuffisants toutefois pour inverser la tendance et dégager
une alternative, nous appelons les travailleurs électeurs à
utiliser les urnes pour donner une gifle retentissante à
l’UMP.
Indépendamment
du fait, qu’ici et là les conditions posées ne
sont pas toujours satisfaisantes, l’appel à voter pour
battre la droite et l’extrême droite est juste et
conforme à l’objectif d’accroître les
contradictions dans le camp de la droite, donc de la fragiliser dans
son arrogance et par conséquent d’encourager le
mouvement ouvrier dans sa résistance aux coups du Medef et de
l’UMP.
Faisons
remarquer par ailleurs que les conditions – ne pas cogérer
et avoir la liberté totale de vote – ont été
parfois posées avec force selon l’implication des
révolutionnaires communistes dans le Front de Gauche. En
outre, plus le score du premier tour était élevé,
plus la possibilité, selon la situation politique locale, de
se maintenir au second tour était tactiquement envisageable et
juste.
Combattre
le danger du retour électoral du FN fasciste
L’imitation
par agitation des thèmes Lepenistes sur la « sécurité
», « l’identité nationale » et «
l’immigration » a fortement contribué au retour
électoral du FN. Dès le départ J.M. Le Pen a
bâti sa stratégie sur l’influence politique à
exercer sur la classe politique elle-même : « C’est
ça la politique, peser sur son temps, sur les décisions
du pouvoir, sur la pensée politique. Je pèse en
m’exprimant, j’oblige toute la politique française
à se droitiser et à se déterminer par rapport à
moi. C’est démocratique parce que ce que je pense, c’est
ce que pense le pays » (Le Monde du 21/11/84). A l’époque
F. Mitterrand avait utilisé l’émergence du FN
pour diviser la droite et pérenniser son pouvoir. Mais ce
faisant, le tournant libéral de la social-démocratie,
la délocalisation des entreprises à forte main-d’œuvre,
l’abandon du charbon et la robotisation provoquèrent le
chômage de masse, puis la précarité de masse. Le
blocage des salaires et le passage du franc à l’euro
entraînèrent l’appauvrissement de masse.
Le Pen
et le FN, à l’instar des partis fascistes depuis
toujours, se lancèrent dans une campagne raciste faisant de
l’immigration le bouc émissaire de tous les maux sociaux
engendrés par le capitalisme. Dans un contexte de recul
idéologique et politique des partis et organisations de classe
du mouvement ouvrier, le FN attira une partie de l’électorat
de la droite et commença même à mordre dans
l’électorat populaire.
Dans ce
contexte marqué par la défaite de l’URSS, du camp
socialiste dans le bras de fer qui l’opposa à
l’encerclement capitaliste, de 1917 aux années 1989/90,
l'athéisme, l'agnosticisme et la laïcité qui
étaient devenus des phénomènes de masse en
France depuis mai 68 ont commencé à subir un reflux,
conséquence de la contre-révolution bourgeoise
victorieuse. La défaite de l’URSS a réveillé
et même inversé le rapport des forces entre travail et
capital sur tous les plans et dans tous les domaines. La laïcité
conquête démocratique qui n’a cessé d’être
consolidée tout le long du XXème siècle n’y
échappe pas.
Ainsi la
substitution par les puissances impérialistes (USA, UE), pour
les besoins de leur stratégie de domination mondiale, de «
l’ennemi communiste » par « l’ennemi
islamiste », a conduit au reflux de l’athéisme,
de la laïcité comme phénomène de masse.
Peut-on
nier qu’il y ait une stratégie de construction du bloc
impérialiste européen qui fonctionne par la
construction au plan intérieur et au plan extérieur
d’un « ennemi défini comme religieux et
culturel » en lieu et place de « l’ennemi
communiste » d’hier ? Peut-on nier que ‘notre’
bourgeoisie impérialiste Française est pleinement
partie prenante de cette stratégie impérialiste globale
? Peut-on nier que l’activisme islamophobe de la droite UMP,
relayée hypocritement par la social-démocratie, résulte
du processus de dégénérescence assimilationniste
qui caractérise ceux qui refusent de voir que la nation
Française s’est transformée en raison de
l’évolution même de son peuplement ? André
Gerin, pourtant fer de lance du mouvement anti-mutation du PCF, se
fourvoie, en tombant sur ce point dans le piège de la division
de la classe ouvrière.
Sous
l’influence du FN, la classe politique connaît ici un «
repli communautariste » qui consiste à vouloir
ramener le peuplement de la France d’aujourd’hui à
ce qu’il a été au XIXème. Pour dépouiller
électoralement le FN en 2007, Sarkozy a mis en place une
communication électoraliste basée sur
l’instrumentalisation de toutes
les religions contre la laïcité, contre
l’athéisme, contre la science, contre le rationnel et
contre l’histoire en déclarant une prétendue
dimension « religieuse de la culture ». Avec «
l’identité nationale » Sarkozy a
subtilement mis en selle la version bourgeoise Française de la
« guerre des civilisations, du choc des religions »
qui nous vient tout droit des USA.
Or la
nation est une catégorie historique née avec le
capitalisme, et comme toute catégorie historique, elle évolue.
La nation Française est devenue multiraciale,
multiculturelle et multireligieuse dans la seconde moitié
du XXème et début du XXIème siècle.
Le
racisme est politique et procède de l’utilisation des
différences de formes visibles, perceptibles de couleurs, de
cultures, de religions pour justifier l’oppression économique,
culturelle et politique et pour diviser ceux qui devraient être
unis par les intérêts de classe.
Le
racisme des Etats impérialistes aggravé par la
mondialisation capitaliste n’est-il pas en train de transformer
l’UE en véritable prison pour ses minorités
immigrées ? La réponse à cette question se situe
dans la capacité d’unir la classe ouvrière, le
monde du travail dans sa totalité, les croyants des
différentes religions et les non croyants ensemble pour sortir
de l’Europe.
Le
combat démocratique pour faire reconnaître cette réalité
objective au sein du mouvement ouvrier participe du combat pour
l’égalité des droits contre le racisme, frein de
l’unité des travailleurs dans la lutte des classes qui
seule permettra d’atteindre l’objectif de sortir de l’UE.
Ou la bourgeoisie continue d’utiliser le racisme pour diviser,
ou les communistes et démocrates parviennent à s’unir
contre ce poison.
En écho
à toutes les raisons sociales, économiques,
culturelles, politiques que nous avançons tous, le slogan «
Sortir de l’Europe » doit s’appuyer ainsi sur la
dénonciation d’une construction européenne
raciste à l’intérieur et guerrière à
l’extérieur. C'est pourquoi nous devons absolument
contrer les Ecolos eurocrates qui utilisent le discours d’une «
Europe qui combat le racisme des Etats nationaux » pour
duper les « jeunes Français issus de l’immigration
».
La
réalité objective multiraciale,
multiculturelle et multireligieuse de la nation produit une
classe ouvrière, un monde du travail à son image :
multiraciale, multiculturelle et
multireligieuse.
Près de 30% de la classe ouvrière, du monde du
travail, est issue du peuplement récent provenant en majorité
des anciennes colonies de l’empire français.
Par
conséquent, il est important que dans le travail de
massification du front populaire de gauche tous ces éléments
soient pris en compte afin d’élaborer une plateforme
politique démocratique, antiraciste et antifasciste qui unisse
les travailleurs dans leur diversité sociale et culturelle. Il
s’agit ici pour le front antilibéral en construction de
briser toutes les tentatives fascistes de récupération
fasciste du mécontentement populaire légitime.
Construire
progressivement le front populaire antilibéral à la
base et au sommet
Échec
du front électoral à la présidentielle, puis aux
législatives en 2007 en raison de l’affrontement des
cultures politiques différentes et divergentes communistes,
écologistes, sociaux démocrates, trotskistes,
alter-mondialistes, etc. Derrière cet affrontement politique
se cachent toujours des intérêts de classes (y compris
pour une partie de l’aristocratie ouvrière en voie de
paupérisation), paysans, éleveurs, travailleurs
immigrés, sans-papiers, artisans, professions libérales
en voie de paupérisation, travailleurs intellectuels, et
petits patrons de PMI/PME, etc.
Mise à
part l’erreur réformiste de légitimer des
institutions de l’Etat supranational impérialiste en
construction qu’est l’UE en participant à des
élections européennes que nous avons boycottées,
les régionales ont été l’occasion de
prolonger l’expérience de listes municipales
antilibérales préfigurant l’actuel Front de
Gauche produit de la victoire du NON.
Il est
décisif de poursuivre le projet unitaire antilibéral
sur la base de l’expérience d’une campagne
électorale commune et des expériences çà
et là de collectifs antilibéraux du NON qui se sont
maintenus malgré les divisions et les échecs
précédents.
Ce
travail politique commun doit s’organiser à la base pour
intervenir sur toutes les questions locales et culminer dans des
actions politiques nationales unitaires.
Il
faut donc élaborer une plateforme revendicative et d’actions
unitaires qui structurent le travail politique unitaire dans la durée
dans et hors des périodes électorales. (notre
propos n’est pas ici d’en proposer, mais le point de
départ peut être le travail fait pour les programmes
électoraux régionaux et la critique du projet de
constitution en 2005).
Pour
cela il est nécessaire que les élus régionaux du
Front de Gauche élargi s’appuient sur des collectifs
organisés et relayent publiquement les débats et
actions sur le plan local, départemental, régional et
national. Ainsi nous commencerons à construire, par le travail
de terrain, une démocratie participative à la base dans
le but d’enrayer le phénomène de l’abstention
politique non organisée. En effet les USA ont un système
politique représentatif bourgeois qui obéit à la
logique des lobbies économiques patronaux et s’accommodent
sans aucun souci avec des taux d’abstention de plus de la
moitié des électeurs, tout en continuant sans scrupules
à se donner le titre de « plus grande démocratie
du monde ».
Construire
parallèlement l’unité des communistes véritables,
aile anticapitaliste du front antilibéral
Le RCC
considère que la tâche immédiate est la
construction du front populaire antilibéral de gauche sur le
principe énoncé par K. Marx lui-même : «
tout pas en avant vaut mieux que 12 programmes ». Celle-ci
n’est nullement incompatible et antinomique avec l’unité
d’action des communistes hors et dans ce front unitaire.
En
tenant compte, avec la plus grande rigueur, du rapport réel
des forces et sans nous départir de notre liberté de
décision, nous pensons que nous œuvrons à briser
progressivement le bipartisme droite/gauche, condition sine qua
non pour frayer la voie à l’alternative politique
antilibérale et à la lutte anticapitaliste.
S’isoler
et être réduit à constater que participer aux
élections revient trop cher et appeler sur cette base à
l’abstention, c’est accompagner le sentiment
d’impuissance de la partie la moins consciente de la classe
ouvrière.
Si le
PCF est devenu social-démocrate parce qu’ayant abandonné
l’objectif de renverser le capitalisme, d’exproprier les
capitalistes et d’édifier la démocratie
prolétarienne sans et contre la bourgeoise, force est de
constater qu’il connaît un tournant antilibéral,
le même qui a produit, au sein du PS, la scission avec le PG et
qu’en ce sens son programme actuel est proche de celui des
trotskistes du NPA qui confondent anticapitalisme et antilibéralisme.
En outre
il existe des communistes qui veulent rester communistes hors et dans
le PCF. C’est la dialectique du débat idéologique
et politique qui fera converger les communistes dans et hors du PCF
vers la nécessaire reconstruction communiste.
C’est
le développement de la lutte des classes et l’implication
militante unitaire des communistes Marxistes Léninistes dans,
hors ou n’ayant jamais été au PCF qui déterminera
les évolutions vers la reconstruction communiste.
Nous
devons apprendre à mettre en action la dialectique du front et
de l’unité d’action des communistes Marxistes
léninistes. C’est là où nous pêchons
fondamentalement par peur de la confrontation au jugement des masses,
qui ont tant besoin du parti qui peut les conduire à la
victoire contre le capital.
S’inspirer
des expériences d’avant-garde à la périphérie
pour avancer au centre
Il
existe une déviation chauvine selon laquelle le centre ne peut
s’inspirer de la périphérie. C’est
d’ailleurs une approche bien trotskiste et social-démocrate
qui a été à l’origine de courants
idéologiques droitiers chauvins comme « l’eurocommunisme
». On sait qu’historiquement il y a eu une réaction
« tiers-mondiste » tendant à opposer « le
vent du sud au vent du nord ». Toutes ces déviations ont
miné l’internationalisme au Nord et au Sud jusqu’à
la défaite du camp socialiste.
En effet
depuis la défaite de l’URSS et du camp socialiste dans
le bras de fer historique qui l’a opposé au camp
capitaliste, le rapport des forces au plan international a été
temporairement renversé. Le prolétariat, le mouvement
communiste et révolutionnaire international et les peuples
opprimés subissent la re-mondialisation du capitalisme. Les
forces révolutionnaires ont ainsi été acculées
à la défensive et à la résistance pour ne
pas être broyées par la machine infernale prédatrice
de l’offensive impérialiste qui détruit tous les
acquis sociaux, démocratiques, nationaux, culturels arrachés
dans la période précédente par le prolétariat,
les peuples, le mouvement communiste et révolutionnaire
international.
Dans la
période d’avant « la chute du mur de Berlin
» en 1989, l’existence de l’URSS, du camp
socialiste a contribué, selon le niveau d’organisation
des luttes nationales, aux victoires révolutionnaires directes
en 1949 avec la révolution nationale démocratique
populaire en Chine, en 1953 en Corée du Nord, en 1959 à
Cuba, en 1946, puis en 1976 au Vietnam, etc. Elle a permis
l’avènement des régimes des Démocraties
Populaires dans les pays d’Europe de l’Est entre 1945 et
1947, l’obtention des conquêtes sociales et démocratiques
en occident et les indépendances politiques des ex-colonies
d’Afrique et d’Asie.
Ces
victoires ouvrières, populaires et nationales résultèrent
du rapport des forces issu de la victoire de l’URSS et des
peuples contre le nazisme et le fascisme mondial. A l’époque,
les impérialistes US et occidentaux firent de gros efforts
pour le maintien du capitalisme dans les pays d’Europe de
l’Ouest, pour mettre en œuvre par la répression,
les assassinats et la corruption des « décolonisations »
qui préservaient une domination semi-coloniale et pour dresser
un « cordon sanitaire » protecteur contre la «
contagion communiste ».
Dans le
contexte international actuel de contre-révolution bourgeoise
impérialiste, les résistances nationales,
démocratiques, anti-impérialistes et sociales, malgré
le rapport des forces encore favorable aux impérialistes et
leurs alliés bourgeois nationaux compradores, se
manifestent dans certaines victoires électorales, notamment en
Amérique Latine. Les luttes sociales, nationales et
démocratiques débouchent par-ci par-là, dans les
urnes, sur des victoires portant au pouvoir, à l’instar
de Salvador Allende au Chili dans les années 70, des forces de
gauche révolutionnaires, des patriotes démocrates, des
anti-impérialistes.
C’est
cela qu’expriment les victoires électorales du père
Aristide à Haïti en 1991, puis en 2004 avant d’être
chassé par le putsch franco-étatsunien, de Lula au
Brésil, de Chavez au Venezuela, d’Evo Morales en
Bolivie, d’Ortega au Nicaragua, de Correa en Equateur, du Front
Farabundo Marti au Salvador, etc., ainsi que la contestation de
millions d’électeurs en faveur d’Obrador au
Mexique contre la fraude du candidat pro-US et même le coup
d’état d’Obama contre le président légitime
Zelaya au Honduras.
En
Amérique du Sud, la lutte anti-impérialiste prend
l’allure de victoires électorales des forces politiques
révolutionnaires anti-impérialistes et antilibérales
qui s’opposent à la social-démocratie sur le plan
idéologique et politique et sont plutôt proches du PC
Cubain. Les expériences nationales antilibérales et
anti-impérialistes amérindiennes et bolivariennes ont
pour source d’inspiration le socialisme Cubain et sa résistance
exemplaire, ce qui est en opposition totale avec la politique de
l’Internationale Socialiste (IS) au service de l’impérialisme
US et UE.
Le front
patriotique antilibéral et anti-impérialiste,
réunissant les forces ouvrières, paysannes, les
nationalités opprimées comme les Amérindiens
premier habitants du continent, les travailleurs de l’économie
informelle, les populations des favelas, des bidonvilles,
l’intelligentsia contestataire et voire même des sections
plus ou moins importantes de la bourgeoisie nationale selon les pays,
s’est forgé dans les luttes sociales, populaires et
démocratiques avant de culminer dans des fronts électoraux
victorieux.
C’est
ainsi qu’il faut également comprendre les victoires des
peuples français et néerlandais lors des référendums
sur la Constitution Européenne. Même si les expériences
en Europe et aux USA, le cœur du capitalisme mondial, sont
balbutiantes, la ligne de fracture entre sociaux-libéraux (ou
gauche social-démocrate et écologiste réformiste)
et antilibéraux (ou gauche populaire, ouvrière et
communiste internationaliste) passe ici par l’opposition à
« la gauche de la gauche » à la construction du
bloc impérialiste chauvin, raciste, atlantiste et
anti-communiste qu’est l’UE.
Cette
évolution correspond à une nouvelle étape,
succédant à la période de défaite des
années 80/90, marquée par la montée en puissance
progressive à partir de 1995 des résistances sociales,
populaires et nationales. Ces victoires électorales sont le
contre-pied de l’utilisation par l’UE et les USA des
élections pour prendre le contrôle de pays entiers et
poursuivre le démantèlement des Etats nations ou
multinationaux. C’est le cas des prétendues «
révolutions à fleurs » ou autres «
révolutions oranges » ou « vertes »
en Ukraine, en Géorgie, en ex-Yougoslavie, en Iran, au
Zimbabwe, etc.
Le RCC
pense que nous devons réexaminer ces approches dans un bilan
nécessaire pour comprendre pourquoi la seconde expérience
victorieuse de révolution prolétarienne, après
la Commune qui a duré trois mois, a été vaincue
après 70 ans d’existence dont environ 35 années
d’édification victorieuse du socialisme et comprendre
pourquoi les expériences en Amérique du sud produisent
des résultats d’avant-gardes dont il faut s’inspirer
pour aller de l’avant. Et ce, dans la perspective d'une
troisième et nouvelle expérience définitivement
victorieuse, issue de la matrice de la Révolution d'Octobre
1917.
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