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Imprimer Avr 2010
Bilan des régionales et perspectives - Construire le front antilibéral et son aile communiste marxiste-léniniste!

Après les élections européennes, les régionales montrent que la crise du régime politique représentatif de la bourgeoisie ne cesse de s’approfondir. Reflétant clairement le rejet du pouvoir UMP et de Sarkozy, l'abstention massive est aussi l'expression d’une décrédibilisation de plus en plus forte des institutions mêmes de la gouvernance bourgeoise. En effet, le peuple invité à se prononcer par référendum sur le projet de traité européen en 2005 s’est vu dépossédé de son vote NON majoritaire par le vote OUI anti-démocratique, véritable coup d'Etat anti-populaire des eurocrates libéraux de l’UMP et du Modem, des sociaux-libéraux du PS et écolo-libéraux des Verts devenus aujourd'hui Europe-Ecologie.

Les électeurs FN de 2002, ralliés en 2007 par Sarkozy, sont revenus pour une bonne part à la case départ, préférant en 2010 l’original à la copie.

La majorité des votants a rejeté massivement Sarkozy et l’UMP dans 21 des 22 régions de l’hexagone.

Effaçant en partie les échecs des candidatures unitaires à la présidentielle et aux législatives, les forces du camp du NON victorieux ont présenté des listes du Front de Gauche, qui ont fait au premier tour des scores significatifs, mais globalement encore trop insuffisants pour ouvrir une perspective politique différente et créer l'événement.

En refusant l’unité du camp des forces antilibérales du NON, les trotskistes du NPA et de LO se sont marginalisés.

Les forces de la reconstruction communiste se sont divisées entre celles qui s’obstinent à s’isoler en appelant à l’abstention (PRCF, URCF, Communistes, etc.) et celles qui ont œuvré à l’intervention électorale unitaire du camp des forces antilibérales du NON (PCOF, RCC, etc.).

Se démarquer au premier tour pour assurer une visibilité alternative antilibérale

Le référendum du 29 mai 2005 a objectivement tracé une ligne de démarcation entre d’une part une gauche eurocrate sociale-libérale et euro-écologiste et d’autre part une gauche antilibérale du NON à la constitution européenne, encore porteuse de l'illusion de la possibilité de construire une « autre Europe », une « Europe sociale », sous le capitalisme. Il existe une lutte à la fois ouverte et cachée entre la tendance à la rupture et à l’unité entre ces deux « gauches ». Lutte qui traverse le camp antilibéral que les trotskistes (NPA, LO) ont cru devoir utiliser dans leur ambition de terrasser les « staliniens » du PCF. Indépendamment de l’erreur opportuniste de gauche des trotskistes, le PCF, via la plupart de ses élus et de sa direction, est encore porteur de la déviation de droite que représente l’unité stratégique/soumission au PS.

Mais ne voir que ce côté-là, c’est ne pas voir que le PCF idéologiquement social-démocrate connaît aussi un tournant antilibéral qui découle des liens importants que garde encore ce parti avec la classe ouvrière.

C’est aussi ne pas voir que l’offensive libérale et la crise tendant à remettre en cause les acquis sociaux et démocratiques conduisent à une différenciation au sein de la classe entre aristocratie ouvrière et prolétaires combatifs. Une telle différenciation touche l’ensemble des catégories du monde du travail et se reflète nécessairement au sein des organisations représentatives des travailleurs : syndicats et partis.

Sans surestimer ni sous-estimer ce processus objectif et ses effets, il nous faut tenir compte de cette réalité pour saisir toutes les occasions de frayer la voie à l’expression politique du camp antilibéral de gauche et populaire qui a fait triompher le NON contre le consensus de la bourgeoisie eurocrate.

Nous devons le faire chaque fois que c’est possible tout en sachant aussi éviter le piège eurocrate comme nous le fîmes lors des élections européennes en appelant au boycott parce qu’il s’agissait alors d’entériner et de légitimer une institution, le parlement du bloc impérialiste européen en construction que le peuple a rejeté en 2005.

S’unir au second tour pour battre la droite et l’extrême droite

Le réformisme et la collaboration de classe ont miné les défenses du mouvement ouvrier et populaire. L’alternance droite – gauche à partir de 1981, y compris sous la forme de la cohabitation, a désarmé le mouvement ouvrier et populaire. Droite ultra libérale et gauche social-libérale ont un programme commun défini par la table-ronde du capital financier : l’Europe et le libéralisme. L’élection présidentielle de 2002 a confirmé le naufrage politique de « la gauche plurielle » devenue « la gauche plus rien », sanctionnée dans les urnes au point que le chef du parti fasciste s'est retrouvé au second tour.

C’est ce « traumatisme » qui a donné naissance à une « droite décomplexée » utilisant la démagogie politique pour rallier l’électorat de Le Pen d’avril 2002, les déçus de la gauche social-libérale et même des électeurs originaires des ex-colonies, issus de l’immigration dupés par « la discrimination positive ».

Le populisme sécuritaire, de l’apologie du travail et de l’assimilation culturelle de l’immigration a été le vernis de l’offensive idéologique du libéralisme et du Medef contre tous les acquis sociaux et démocratiques issus du programme du Conseil National de la Résistance (CNR).

C’est cela qui a triomphé au soir de la victoire électorale de Sarkozy en 2007, avec une tactique définie et mise en pratique par le gouvernement UMP : attaquer sur tous les fronts à la fois, alors que le PS social libéral attaquait subtilement ces conquêtes l'une après l’autre. Aller vite en besogne, profiter du KO du mouvement social paralysé par les chefs réformistes à la tête du mouvement syndical pour engranger au profit du patronat le maximum de points. Profitant même du nouveau bond dans la crise générale du capitalisme, le pouvoir UMP a nationalisé les pertes à crédit et, pour « sauver » le CAC 40, n'a pas hésité à s'affranchir des fameux et fumeux critères de convergence de Maastricht, laissant filer son déficit au-delà de l'exigence des 3% fixés par l'UE.

Il est clair que c’est la fraction la plus consciente et la plus combative de la classe ouvrière et du peuple laborieux, celle qui cherche à parer les coups et stopper l'offensive libérale, qui est allée voter au premier tour majoritairement pour les listes du Front de Gauche et, dans une moindre mesure, pour celles du NPA et de LO.

La masse des abstentionnistes rejette le système politique bourgeois. Mais elle reste dans l’impuissance tout comme la masse des travailleurs reste souvent passive face aux attaques du capital. Les travailleurs les plus conscients, eux, entament le combat: même si ce combat n'est pas celui de la sauvegarde de l'emploi et devient celui visant à obtenir des primes de licenciements les plus élevées possibles - et cela reflète l’état réel et actuel du rapport des forces déterminé par la domination du mouvement ouvrier par le réformisme - ce combat mérite d'être salué et tout militant révolutionnaire se doit de participer de ce combat-là et ne pas rester sur le bord du chemin.

Et compte tenu de ce rapport des forces, quand les Contis, les Pimkies, etc., négocient après une grève dure une prime de licenciement en hausse, nous crions victoire. De même, quand le premier tour donne de bons scores au Front de Gauche élargi, insuffisants toutefois pour inverser la tendance et dégager une alternative, nous appelons les travailleurs électeurs à utiliser les urnes pour donner une gifle retentissante à l’UMP.

Indépendamment du fait, qu’ici et là les conditions posées ne sont pas toujours satisfaisantes, l’appel à voter pour battre la droite et l’extrême droite est juste et conforme à l’objectif d’accroître les contradictions dans le camp de la droite, donc de la fragiliser dans son arrogance et par conséquent d’encourager le mouvement ouvrier dans sa résistance aux coups du Medef et de l’UMP.

Faisons remarquer par ailleurs que les conditions – ne pas cogérer et avoir la liberté totale de vote – ont été parfois posées avec force selon l’implication des révolutionnaires communistes dans le Front de Gauche. En outre, plus le score du premier tour était élevé, plus la possibilité, selon la situation politique locale, de se maintenir au second tour était tactiquement envisageable et juste.

Combattre le danger du retour électoral du FN fasciste

L’imitation par agitation des thèmes Lepenistes sur la « sécurité », « l’identité nationale » et « l’immigration » a fortement contribué au retour électoral du FN. Dès le départ J.M. Le Pen a bâti sa stratégie sur l’influence politique à exercer sur la classe politique elle-même : « C’est ça la politique, peser sur son temps, sur les décisions du pouvoir, sur la pensée politique. Je pèse en m’exprimant, j’oblige toute la politique française à se droitiser et à se déterminer par rapport à moi. C’est démocratique parce que ce que je pense, c’est ce que pense le pays » (Le Monde du 21/11/84). A l’époque F. Mitterrand avait utilisé l’émergence du FN pour diviser la droite et pérenniser son pouvoir. Mais ce faisant, le tournant libéral de la social-démocratie, la délocalisation des entreprises à forte main-d’œuvre, l’abandon du charbon et la robotisation provoquèrent le chômage de masse, puis la précarité de masse. Le blocage des salaires et le passage du franc à l’euro entraînèrent l’appauvrissement de masse.

Le Pen et le FN, à l’instar des partis fascistes depuis toujours, se lancèrent dans une campagne raciste faisant de l’immigration le bouc émissaire de tous les maux sociaux engendrés par le capitalisme. Dans un contexte de recul idéologique et politique des partis et organisations de classe du mouvement ouvrier, le FN attira une partie de l’électorat de la droite et commença même à mordre dans l’électorat populaire.

Dans ce contexte marqué par la défaite de l’URSS, du camp socialiste dans le bras de fer qui l’opposa à l’encerclement capitaliste, de 1917 aux années 1989/90, l'athéisme, l'agnosticisme et la laïcité qui étaient devenus des phénomènes de masse en France depuis mai 68 ont commencé à subir un reflux, conséquence de la contre-révolution bourgeoise victorieuse. La défaite de l’URSS a réveillé et même inversé le rapport des forces entre travail et capital sur tous les plans et dans tous les domaines. La laïcité conquête démocratique qui n’a cessé d’être consolidée tout le long du XXème siècle n’y échappe pas.

Ainsi la substitution par les puissances impérialistes (USA, UE), pour les besoins de leur stratégie de domination mondiale, de « l’ennemi communiste » par « l’ennemi islamiste », a conduit au reflux de l’athéisme, de la laïcité comme phénomène de masse.

Peut-on nier qu’il y ait une stratégie de construction du bloc impérialiste européen qui fonctionne par la construction au plan intérieur et au plan extérieur d’un « ennemi défini comme religieux et culturel » en lieu et place de « l’ennemi communiste » d’hier ? Peut-on nier que ‘notre’ bourgeoisie impérialiste Française est pleinement partie prenante de cette stratégie impérialiste globale ? Peut-on nier que l’activisme islamophobe de la droite UMP, relayée hypocritement par la social-démocratie, résulte du processus de dégénérescence assimilationniste qui caractérise ceux qui refusent de voir que la nation Française s’est transformée en raison de l’évolution même de son peuplement ? André Gerin, pourtant fer de lance du mouvement anti-mutation du PCF, se fourvoie, en tombant sur ce point dans le piège de la division de la classe ouvrière.

Sous l’influence du FN, la classe politique connaît ici un « repli communautariste » qui consiste à vouloir ramener le peuplement de la France d’aujourd’hui à ce qu’il a été au XIXème. Pour dépouiller électoralement le FN en 2007, Sarkozy a mis en place une communication électoraliste basée sur l’instrumentalisation de toutes les religions contre la laïcité, contre l’athéisme, contre la science, contre le rationnel et contre l’histoire en déclarant une prétendue dimension « religieuse de la culture ». Avec « l’identité nationale » Sarkozy a subtilement mis en selle la version bourgeoise Française de la « guerre des civilisations, du choc des religions » qui nous vient tout droit des USA.

Or la nation est une catégorie historique née avec le capitalisme, et comme toute catégorie historique, elle évolue. La nation Française est devenue multiraciale, multiculturelle et multireligieuse dans la seconde moitié du XXème et début du XXIème siècle.

Le racisme est politique et procède de l’utilisation des différences de formes visibles, perceptibles de couleurs, de cultures, de religions pour justifier l’oppression économique, culturelle et politique et pour diviser ceux qui devraient être unis par les intérêts de classe.

Le racisme des Etats impérialistes aggravé par la mondialisation capitaliste n’est-il pas en train de transformer l’UE en véritable prison pour ses minorités immigrées ? La réponse à cette question se situe dans la capacité d’unir la classe ouvrière, le monde du travail dans sa totalité, les croyants des différentes religions et les non croyants ensemble pour sortir de l’Europe.

Le combat démocratique pour faire reconnaître cette réalité objective au sein du mouvement ouvrier participe du combat pour l’égalité des droits contre le racisme, frein de l’unité des travailleurs dans la lutte des classes qui seule permettra d’atteindre l’objectif de sortir de l’UE. Ou la bourgeoisie continue d’utiliser le racisme pour diviser, ou les communistes et démocrates parviennent à s’unir contre ce poison.

En écho à toutes les raisons sociales, économiques, culturelles, politiques que nous avançons tous, le slogan « Sortir de l’Europe » doit s’appuyer ainsi sur la dénonciation d’une construction européenne raciste à l’intérieur et guerrière à l’extérieur. C'est pourquoi nous devons absolument contrer les Ecolos eurocrates qui utilisent le discours d’une « Europe qui combat le racisme des Etats nationaux » pour duper les « jeunes Français issus de l’immigration ».

La réalité objective multiraciale, multiculturelle et multireligieuse de la nation produit une classe ouvrière, un monde du travail à son image : multiraciale, multiculturelle et multireligieuse. Près de 30% de la classe ouvrière, du monde du travail, est issue du peuplement récent provenant en majorité des anciennes colonies de l’empire français.

Par conséquent, il est important que dans le travail de massification du front populaire de gauche tous ces éléments soient pris en compte afin d’élaborer une plateforme politique démocratique, antiraciste et antifasciste qui unisse les travailleurs dans leur diversité sociale et culturelle. Il s’agit ici pour le front antilibéral en construction de briser toutes les tentatives fascistes de récupération fasciste du mécontentement populaire légitime.

Construire progressivement le front populaire antilibéral à la base et au sommet

Échec du front électoral à la présidentielle, puis aux législatives en 2007 en raison de l’affrontement des cultures politiques différentes et divergentes communistes, écologistes, sociaux démocrates, trotskistes, alter-mondialistes, etc. Derrière cet affrontement politique se cachent toujours des intérêts de classes (y compris pour une partie de l’aristocratie ouvrière en voie de paupérisation), paysans, éleveurs, travailleurs immigrés, sans-papiers, artisans, professions libérales en voie de paupérisation, travailleurs intellectuels, et petits patrons de PMI/PME, etc.

Mise à part l’erreur réformiste de légitimer des institutions de l’Etat supranational impérialiste en construction qu’est l’UE en participant à des élections européennes que nous avons boycottées, les régionales ont été l’occasion de prolonger l’expérience de listes municipales antilibérales préfigurant l’actuel Front de Gauche produit de la victoire du NON.

Il est décisif de poursuivre le projet unitaire antilibéral sur la base de l’expérience d’une campagne électorale commune et des expériences çà et là de collectifs antilibéraux du NON qui se sont maintenus malgré les divisions et les échecs précédents.

Ce travail politique commun doit s’organiser à la base pour intervenir sur toutes les questions locales et culminer dans des actions politiques nationales unitaires.

Il faut donc élaborer une plateforme revendicative et d’actions unitaires qui structurent le travail politique unitaire dans la durée dans et hors des périodes électorales. (notre propos n’est pas ici d’en proposer, mais le point de départ peut être le travail fait pour les programmes électoraux régionaux et la critique du projet de constitution en 2005).

Pour cela il est nécessaire que les élus régionaux du Front de Gauche élargi s’appuient sur des collectifs organisés et relayent publiquement les débats et actions sur le plan local, départemental, régional et national. Ainsi nous commencerons à construire, par le travail de terrain, une démocratie participative à la base dans le but d’enrayer le phénomène de l’abstention politique non organisée. En effet les USA ont un système politique représentatif bourgeois qui obéit à la logique des lobbies économiques patronaux et s’accommodent sans aucun souci avec des taux d’abstention de plus de la moitié des électeurs, tout en continuant sans scrupules à se donner le titre de « plus grande démocratie du monde ».

Construire parallèlement l’unité des communistes véritables, aile anticapitaliste du front antilibéral

Le RCC considère que la tâche immédiate est la construction du front populaire antilibéral de gauche sur le principe énoncé par K. Marx lui-même : « tout pas en avant vaut mieux que 12 programmes ». Celle-ci n’est nullement incompatible et antinomique avec l’unité d’action des communistes hors et dans ce front unitaire.

En tenant compte, avec la plus grande rigueur, du rapport réel des forces et sans nous départir de notre liberté de décision, nous pensons que nous œuvrons à briser progressivement le bipartisme droite/gauche, condition sine qua non pour frayer la voie à l’alternative politique antilibérale et à la lutte anticapitaliste.

S’isoler et être réduit à constater que participer aux élections revient trop cher et appeler sur cette base à l’abstention, c’est accompagner le sentiment d’impuissance de la partie la moins consciente de la classe ouvrière.

Si le PCF est devenu social-démocrate parce qu’ayant abandonné l’objectif de renverser le capitalisme, d’exproprier les capitalistes et d’édifier la démocratie prolétarienne sans et contre la bourgeoise, force est de constater qu’il connaît un tournant antilibéral, le même qui a produit, au sein du PS, la scission avec le PG et qu’en ce sens son programme actuel est proche de celui des trotskistes du NPA qui confondent anticapitalisme et antilibéralisme.

En outre il existe des communistes qui veulent rester communistes hors et dans le PCF. C’est la dialectique du débat idéologique et politique qui fera converger les communistes dans et hors du PCF vers la nécessaire reconstruction communiste.

C’est le développement de la lutte des classes et l’implication militante unitaire des communistes Marxistes Léninistes dans, hors ou n’ayant jamais été au PCF qui déterminera les évolutions vers la reconstruction communiste.

Nous devons apprendre à mettre en action la dialectique du front et de l’unité d’action des communistes Marxistes léninistes. C’est là où nous pêchons fondamentalement par peur de la confrontation au jugement des masses, qui ont tant besoin du parti qui peut les conduire à la victoire contre le capital.

S’inspirer des expériences d’avant-garde à la périphérie pour avancer au centre

Il existe une déviation chauvine selon laquelle le centre ne peut s’inspirer de la périphérie. C’est d’ailleurs une approche bien trotskiste et social-démocrate qui a été à l’origine de courants idéologiques droitiers chauvins comme « l’eurocommunisme ». On sait qu’historiquement il y a eu une réaction « tiers-mondiste » tendant à opposer « le vent du sud au vent du nord ». Toutes ces déviations ont miné l’internationalisme au Nord et au Sud jusqu’à la défaite du camp socialiste.

En effet depuis la défaite de l’URSS et du camp socialiste dans le bras de fer historique qui l’a opposé au camp capitaliste, le rapport des forces au plan international a été temporairement renversé. Le prolétariat, le mouvement communiste et révolutionnaire international et les peuples opprimés subissent la re-mondialisation du capitalisme. Les forces révolutionnaires ont ainsi été acculées à la défensive et à la résistance pour ne pas être broyées par la machine infernale prédatrice de l’offensive impérialiste qui détruit tous les acquis sociaux, démocratiques, nationaux, culturels arrachés dans la période précédente par le prolétariat, les peuples, le mouvement communiste et révolutionnaire international.

Dans la période d’avant « la chute du mur de Berlin » en 1989, l’existence de l’URSS, du camp socialiste a contribué, selon le niveau d’organisation des luttes nationales, aux victoires révolutionnaires directes en 1949 avec la révolution nationale démocratique populaire en Chine, en 1953 en Corée du Nord, en 1959 à Cuba, en 1946, puis en 1976 au Vietnam, etc. Elle a permis l’avènement des régimes des Démocraties Populaires dans les pays d’Europe de l’Est entre 1945 et 1947, l’obtention des conquêtes sociales et démocratiques en occident et les indépendances politiques des ex-colonies d’Afrique et d’Asie.

Ces victoires ouvrières, populaires et nationales résultèrent du rapport des forces issu de la victoire de l’URSS et des peuples contre le nazisme et le fascisme mondial. A l’époque, les impérialistes US et occidentaux firent de gros efforts pour le maintien du capitalisme dans les pays d’Europe de l’Ouest, pour mettre en œuvre par la répression, les assassinats et la corruption des « décolonisations » qui préservaient une domination semi-coloniale et pour dresser un « cordon sanitaire » protecteur contre la « contagion communiste ».

Dans le contexte international actuel de contre-révolution bourgeoise impérialiste, les résistances nationales, démocratiques, anti-impérialistes et sociales, malgré le rapport des forces encore favorable aux impérialistes et leurs alliés bourgeois nationaux compradores, se manifestent dans certaines victoires électorales, notamment en Amérique Latine. Les luttes sociales, nationales et démocratiques débouchent par-ci par-là, dans les urnes, sur des victoires portant au pouvoir, à l’instar de Salvador Allende au Chili dans les années 70, des forces de gauche révolutionnaires, des patriotes démocrates, des anti-impérialistes.

C’est cela qu’expriment les victoires électorales du père Aristide à Haïti en 1991, puis en 2004 avant d’être chassé par le putsch franco-étatsunien, de Lula au Brésil, de Chavez au Venezuela, d’Evo Morales en Bolivie, d’Ortega au Nicaragua, de Correa en Equateur, du Front Farabundo Marti au Salvador, etc., ainsi que la contestation de millions d’électeurs en faveur d’Obrador au Mexique contre la fraude du candidat pro-US et même le coup d’état d’Obama contre le président légitime Zelaya au Honduras.

En Amérique du Sud, la lutte anti-impérialiste prend l’allure de victoires électorales des forces politiques révolutionnaires anti-impérialistes et antilibérales qui s’opposent à la social-démocratie sur le plan idéologique et politique et sont plutôt proches du PC Cubain. Les expériences nationales antilibérales et anti-impérialistes amérindiennes et bolivariennes ont pour source d’inspiration le socialisme Cubain et sa résistance exemplaire, ce qui est en opposition totale avec la politique de l’Internationale Socialiste (IS) au service de l’impérialisme US et UE.

Le front patriotique antilibéral et anti-impérialiste, réunissant les forces ouvrières, paysannes, les nationalités opprimées comme les Amérindiens premier habitants du continent, les travailleurs de l’économie informelle, les populations des favelas, des bidonvilles, l’intelligentsia contestataire et voire même des sections plus ou moins importantes de la bourgeoisie nationale selon les pays, s’est forgé dans les luttes sociales, populaires et démocratiques avant de culminer dans des fronts électoraux victorieux.

C’est ainsi qu’il faut également comprendre les victoires des peuples français et néerlandais lors des référendums sur la Constitution Européenne. Même si les expériences en Europe et aux USA, le cœur du capitalisme mondial, sont balbutiantes, la ligne de fracture entre sociaux-libéraux (ou gauche social-démocrate et écologiste réformiste) et antilibéraux (ou gauche populaire, ouvrière et communiste internationaliste) passe ici par l’opposition à « la gauche de la gauche » à la construction du bloc impérialiste chauvin, raciste, atlantiste et anti-communiste qu’est l’UE.

Cette évolution correspond à une nouvelle étape, succédant à la période de défaite des années 80/90, marquée par la montée en puissance progressive à partir de 1995 des résistances sociales, populaires et nationales. Ces victoires électorales sont le contre-pied de l’utilisation par l’UE et les USA des élections pour prendre le contrôle de pays entiers et poursuivre le démantèlement des Etats nations ou multinationaux. C’est le cas des prétendues « révolutions à fleurs » ou autres « révolutions oranges » ou « vertes » en Ukraine, en Géorgie, en ex-Yougoslavie, en Iran, au Zimbabwe, etc.

Le RCC pense que nous devons réexaminer ces approches dans un bilan nécessaire pour comprendre pourquoi la seconde expérience victorieuse de révolution prolétarienne, après la Commune qui a duré trois mois, a été vaincue après 70 ans d’existence dont environ 35 années d’édification victorieuse du socialisme et comprendre pourquoi les expériences en Amérique du sud produisent des résultats d’avant-gardes dont il faut s’inspirer pour aller de l’avant. Et ce, dans la perspective d'une troisième et nouvelle expérience définitivement victorieuse, issue de la matrice de la Révolution d'Octobre 1917.



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