Mohamed
Ali, né le 17 janvier 1942 et décédé le 3
juin 2016, a fait l'objet d'hommages provenant de divers horizons, y
compris de ceux et celles qui l'ont réprimé au nom de
l'impérialisme US présenté comme la "plus
grande démocratie du monde". Certains ont célébré
le "plus grand boxeur de tous les temps", d'autres le
"militant des droits civiques" ou encore en positif ou en
négatif "le musulman". Chacun y est allé des
multiples dimensions du personnage, le sportif, le politique et le
religieux selon sa lecture des enjeux d'aujourd'hui. Mais que nous
apprend justement la vie de Mohamed Cassius Ali Clay sur le
capitalisme impérialiste US ?
De
Cassius Clay à Mohamed Ali
Mohamed Ali a fait de la
boxe un art, voire une poésie. Ali est considéré
à juste titre comme le plus grand boxeur professionnel en
catégorie poids lourd de tous les temps. Victime de la
répression raciste de la "démocratie" Yankee
qui lui enleva pour le punir son titre de champion du monde durant 4
ans au moins, il réalisa la performance unique de revenir sur
le ring pour reconquérir sur sa "terre africaine" du
Congo selon sa propre expression son titre arbitrairement perdu. La
symbolique est d'autant plus forte que ce pays est celui des martyrs
des indépendances africaines que sont P. Lumumba, P. Mulélé
et L.D. Kabila.
Le capitalisme étatsunien
associe l'exploitation de classe des travailleurs avec l'oppression
des minorités nationales amérindiennes, noires et
chicanos hispaniques. La majorité écrasante des enfants
et jeunes noirs discriminés par le système du Jim Crow
(apartheid US qui a succédé à l'esclavage) n'a,
jusque de nos jours, d'autre avenir que les cases toxicomanies,
trafics de drogue, délinquances, prisons, chairs à
canon dans les multiples guerres coloniales US. Les noirs sont 13% de
la population totale, mais font près de 50% de la population
carcérale des USA. Et ceux ou celles des quartiers populaires
qui "réussissent" sont musiciens ou sportifs. C'est
le cas de celui qui est né sous le nom de Cassius Marcellus
Clay et qui en rejoignant la Nation of Islam en 1965 changea son nom
en Mohamed Ali.
La période que
couvrent les exploits sportifs de celui qui volait sur le ring "comme
un papillon" et qui "piquait comme une abeille"
est celle du mouvement des droits civiques contre la ségrégation
raciale aux USA.
Dès 1954,
l'ouvrière couturière noire Rosa Park défiait le
racisme d'Etat US en refusant de céder sa place à un
blanc dans le bus. Ces actes illégaux de rébellion
anti-raciste vont se multiplier dans tout le pays contre le système
de ségrégation raciale qui opprime la minorité
noire descendante d'esclave.
De retour avec la
médaille d'or des jeux olympiques de Rome en 1960, Mohamed Ali
se voit qualifié par la presse raciste "d'authentique
jeune américain à 100%", alors qu'il reste
confronté au fait qu'aux USA dans les fast-food "on ne
sert pas les nègres".
Pour
briser les chaînes du racisme vis à vis des descendants
d'esclaves, Cassius Clay va utiliser à la fois la boxe et la
rupture avec le nom et la religion imposés par les maîtres
esclavagistes. Mohamed Ali explique : "Cassius
Clay est un nom d’esclave. Je ne l’ai pas choisi, Je ne
l’ai pas voulu. Je suis Mohamed Ali, un nom libre, et j’insiste
pour que les gens l’utilisent quand ils parlent à moi et
de moi".
La rupture d'avec le nom et la religion du propriétaire
d'esclave est ici radicale. L'assimilation pour mieux déraciner
et posséder l'esclave ou le colonisé est une
caractéristique majeure du système capitaliste
esclavagiste, colonial ou néocolonial. C'est ainsi que comme
Malcom X, il devint une des voix du combat pour l'égalité
des droits entre blancs et noirs aux USA.
La recherche de leur
véritable identité, de leurs racines dépouillées
de la colonisation mentale dont parlent Franz Fanon et Ngugi Wa
Tchiong'o est une permanence dans la quête d'émancipation
anti-esclavagiste et anti-coloniale des esclaves et des colonisés.
Il faut absolument faire le deuil de tout ce que le maître
esclavagiste, le colonisateur a légué de force à
l'esclave ou au colonisé.
Malcolm
X et Mohamed Ali
D'autres militants de
renom de cette époque africanisent tout simplement leur nom
comme Stokely Carmichael qui devient Kwame Touré et s'installe
jusqu'à sa mort en Guinée considérée
comme "terre natale" de ses ancêtres africains pour
lui avoir donné refuge contre la répression liberticide
des USA, la Guinée qui a opté pour l'indépendance
contre la "communauté Française" coloniale du
Général De Gaulle.
Mohamed Ali a dû
faire face aux calomnies des médiamensonges racistes qui le
présentaient faussement comme "un raciste insolent, un
ingrat, une tête brulée qui haïssait tous les
blancs". Bien entendu, c'est encore le cas aujourd'hui partout
où des victimes lèvent la tête pour lutter contre
l'oppression des minorités Noire, Arabe, Rrom, Musulmane, etc.
comme on le voit encore aux Etats Unis et dans les pays de l'Union
Européenne (UE).
Mohamed
Ali, Tommy Smith, John Carlos, Rosa Park, Kwame Touré, Malcom
X, Martin Luther King, les Black Panthers, les Black Power, le Parti
Communiste des USA avec notamment Angela Davis ou Harry Haywood, etc.
sont quelques figures marquantes de ce mouvement de libération
anti-ségrégationniste aux Etats Unis.
Tommy Smith, John
Carlos aux Jeux Olympiques de Mexico en 68
Le mouvement des "droits
civiques" d'alors est en réalité le prolongement
interne aux USA du vaste mouvement de libération nationale des
peuples contre le système colonial qui a, dans le sillage de
la victoire de l'URSS contre la bête immonde fasciste, mis fin
aux empires coloniaux formels des pays impérialistes :
l'Angleterre et la France.
Il
est tout à fait significatif de signaler ici que quand Ali est
réprimé pour avoir refusé de faire la guerre aux
Vietnamiens, il ne retrouvera son titre de champion du monde des
lourds professionnels qu'en réalisant, après plusieurs
d'années d'interruption de la compétition, l'exploit
exceptionnel de battre le champion du monde invaincu de l'époque.
Les capitalistes alors décident d'acheter à coups de
millions de dollars le champion du monde de la catégorie lourd
des boxeurs amateurs, triple champion des jeux olympiques de 1972,
1976, 1980: Le Cubain Teofilo Stenvenson. Les promoteurs US qui
croient que tout s'achète et qui rêvaient déjà
des millions de dollars qu'ils pourraient empocher en organisant une
confrontation entre Téofilo Stenvenson et Mohamed Ali tombent
des nues devant la réponse cinglante de Teofilo Stenvenson :
"Qu’est-ce
que représentent 8 millions de dollars comparativement à
l'amour de 8 millions de Cubains ?".
A sa mort non seulement Mohamed Ali et son successeur Cubain Felix
Savon, triple champion du monde amateur lui aussi, lui ont rendu
hommage, et surtout Fidel Castro déclara : "Teofilo
mérite la reconnaissance de notre peuple grâce à
ses exploits sportifs. Il est un exemple encore plus grand quand il
déclare qu'il ne changera pas son peuple pour tous les dollars
du monde, aucun autre boxeur amateur n'a autant brillé dans
l'histoire de ce sport. Gloire éternelle à sa mémoire
!".
Mohamed
Ali et Teofilo Stenvenson
A
la lutte contre la guerre coloniale US au Vietnam
En
1966, Mohamed Ali refuse l'incorporation dans un centre de
recrutement de l'armée étatsunienne et dénonce
l'agression militaire barbare contre le Vietnam. Il est condamné
à une amende de 10.000 dollars, 5 ans d'emprisonnement, perd
sa licence de boxe et son titre de champion du monde. Ali fait appel,
il n'ira pas en prison, mais est exclu de toute compétition
jusqu'à la décision de la cour Suprême en 1971
qui le rétablit
dans
ses droits. Ali déclare : "Je
n’ai pas de problème avec les Vietcongs. Les Vietcongs
sont des Asiatiques noirs. (…)
Je
ne veux pas avoir
à
combattre des Noirs".
Il ajoute: " Je
n’ai rien contre les Vietcongs. Aucun Vietnamien ne m’a
jamais traité de négro"
et conclut en 1967 lors d’une manifestation contre la guerre du
Vietnam à Chicago : "Dans
le ring, il y a un arbitre pour arrêter le combat si un
combattant risque d’être trop blessé. La boxe n’a
rien à voir avec la guerre et ses mitrailleuses, ses bazookas,
ses grenades et ses bombardiers''.
Par
cette prise de position anti-guerre et son refus de devenir chair à
canon de l'impérialisme, Ali contribue tout comme Malcom X,
Martin Luther King et le Parti Communiste des USA à rapprocher
puis à fusionner jusqu'à une certain point le
"mouvement des droits civiques" des descendants d'esclaves
victimes de l'apartheid aux Etats-Unis, les grèves de la
classe ouvrière multiraciales et les mobilisations populaires
contre les bombardements sauvages et criminels US sur le Vietnam avec
utilisation d'armes interdites par les conventions internationales
comme le napalm et autres défoliants. Cette guerre fera trois
millions de morts vietnamiens. Il faut rappeler que les noirs furent
utilisés comme chair à canon lors de la guerre 14/18 et
39/45 pour ensuite continuer à subir la ségrégation
raciale du capitalisme US.
C'est
donc le tournant anti-guerre qui va faire peur à
l'impérialisme US. C'est ce début de jonction entre les
marches, grèves et manifestations des minorités noires
opprimées, des minorités rescapées du génocide
amérindien et les travailleurs de la majorité blanche
qui va pousser le système capitaliste US à éliminer
physiquement Malcom X, puis Martin Luther King, à persécuter
les Black Panthers, les Black Power et les communistes comme Angela
Davis. Il faut dire que le refus de faire la guerre au Vietnam a été
une contribution importante, voire décisive de Mohamed Ali à
la convergence entre les luttes spécifiques, celles des
minorités opprimées et la lutte de classe globale des
travailleurs contre la classe des oppresseurs et exploiteurs
bourgeois US.
Répression,
crimes et corruption vont être utilisés à fond
pour arriver à bout du mouvement et diviser le peuple
multinational des USA. Les puissances coloniales ont procédé
exactement de la même manière pour juguler les
mouvements indépendantistes radicaux au profit de solutions
néocoloniales dans les années 50 et 60 en Afrique.
Ainsi les luttes pour les droits civiques vont faire émerger
ce que certains appellent "une classe moyenne" noire dont
le plus illustre aujourd'hui est l'actuel président Obama.
Mohamed Ali, même diminué par la maladie, sera lui-même
utilisé comme "ambassadeur itinérant" de
l'impérialisme US pour abuser les gouvernants néocoloniaux
d'Afrique.
La
lutte contre l'esclavage, le Jim Crow, le racisme d'Etat sont des
étapes dans la marche vers l'égalité et le
socialisme
Encore
une fois, la seule lutte sur le continent américain au
XVIIIème et au XIXème siècle qui a été
à la fois indépendantiste et anti-esclavagiste a été
celle de Haïti. On comprend que la "malédiction"
qui frappe ce petit pays, grand par son histoire, est que les
esclavagistes, les colonialistes et les impérialistes lui ont
fait chèrement payé jusque de nos jours cet héroïsme
historique libérateur.
Les
USA ont obtenu l'indépendance contre l'Angleterre, mais ont
bâti leur développement capitaliste sur deux piliers :
le premier est l'esclavage, remplacé par l'apartheid qu'est le
Jim Crow, ensuite par le racisme d'Etat dont une des manifestations
actuelles sont ces assassinats massifs racistes perpétrés
par la police en toute impunité et le second est
l'exploitation de classe de tous les travailleurs de toutes les
nationalités et nations qui composent la fédération
multinationale étatsunienne.
Le
mouvement des "droits civiques" et ses figures marquantes
anti-racistes des années 60 n'ont ainsi fait que relever le
flambeau brandi près de 100 ans auparavant par les précurseurs
comme Frederick Douglass,
esclave affranchi qui mobilisa les noirs (185.000) aux côtés
des nordistes contre les sudistes esclavagistes pendant la guerre de
sécession pour obtenir de Lincoln l'abolition officielle de
l'esclavage aux USA.
Frederick
Douglass devait aussi se battre contre les prétextes
justifiant l'esclavage par les prétendus "démocrates
et républicains" bien-pensants d'alors tout comme Mohamed
Ali, Malcom X, Martin Luther King, Kwame Touré et Angela Davis
devaient le faire contre le système de l'apartheid US dans les
années d'après-guerre. Il en est de même
actuellement de la nécessaire lutte contre le racisme d'Etat
US dont la manifestation la plus récente est cette vague de
crimes policiers visant les Noirs.
Les
passages que vous allez lire n'ont pris aucune ride et semblent avoir
traversé les âges pour "répondre" à
ceux et celles qui aujourd'hui encore tentent de justifier la
négrophobie, l'arabophobie, la rromophobie et l'islamophobie
sans oublier le sionisme israélien, le colonialisme, le
néocolonialisme et les guerres coloniales actuelles de
l'OTAN/USA/UE. En effet toutes ses tares intrinsèques du
capitalisme s'appuient sur un a-priori explicite et implicite selon
lequel "les barbares doivent être modernisés par
les civilisés, la liberté et l'humanité sont des
exclusivités Occidentales". Ces prétextes sous des
formes différentes sont une permanence de l'hégémonie
multiséculaire de l'Occident capitaliste impérialiste.
Ainsi
Frederick Douglass démontrait au XIXème siècle
l'hypocrisie des "pères fondateurs", quasiment tous
esclavagistes, de la "plus grande démocratie du monde"
:
"Le
sujet dont je veux vous parler, concitoyens, c'est l'esclavage en
Amérique. Je veux vous faire voir ce jour (le
4 juillet, jour de l'indépendance) du
point de vue de l'esclave... Que l'on tourne vers les déclarations
d'hier ou vers les professions de foi d'aujourd'hui, la conduite de
notre nation reste aussi hideuse et révoltante. L'Amérique
se ment à elle-même à propos de son passé,
se ment à elle-même en ce moment et se fait la
solennelle promesse de continuer à se mentir à
elle-même à l'avenir... qu'un esclave est un être
humain ? Ce fait est établi... Les propriétaires
d'esclaves eux-mêmes font la preuve qu'ils en conviennent par
les lois et règlements qu'ils promulguent. Ils l'admettent
quand ils punissent la désobéissance des esclaves...
Pourquoi cela, sinon parce qu'on sait fort bien que l'esclave est un
être moral, intelligent et responsable ? L'humanité de
l'esclave est donc admise par les faits que les livres de loi, dans
les Etats du Sud, sont remplis de mises en garde interdisant, sous
risque de peines sévères, d'apprendre à lire ou
à écrire aux esclaves. Qu'on me montre des lois
semblables concernant les bêtes des champs et je consentirai
peut-être à débattre de l'humanité des
esclaves. Le jour où les chiens de vos rues, les oiseaux de
vos cieux, les troupeaux de vos collines, les poissons de vos mers et
les reptiles rampants seront incapables de distinguer un esclave
d'une bête, ce jour-là je serai disposé à
débattre avec vous de l'humanité des esclaves ! Pour le
moment, il suffit d'affirmer que la race nègre est humaine,
comme toutes les autres. N'est-il pas ahurissant qu'il nous soit
demandé de le prouver à nous qui, ..., labourons,
plantons, et moissonnons en nous servant d'innombrables outils; à
nous qui érigeons des maisons, construisons des ponts,
fabriquons des bateaux et travaillons pour cela tous les métaux
– cuivre, fer, bronze, argent et or -; à nous qui sommes
clercs, secrétaires, ou marchands et qui pour cela devons lire
et écrire, à nous qui comptons dans nos rangs des
avocats, des médecins, des prêtres, des poètes,
des auteurs, des éditeurs, des orateurs et des professeurs; à
nous qui prenons part à toutes les activités dans
lesquelles sont engagés les autres hommes"
(Discours
prononcé le 5 juillet 1852, Mémoires
d'un esclave,
Lux Editeur, Montréal, Québec).
Frederick
Douglass
L'esclave
Frederick Douglass démontrait aussi la barbarie inhérente
au capitalisme esclavagiste sceau de naissance de "la plus
grande démocratie du monde" : "Il
n'y a pas un seul homme sous la voûte céleste qui ne
sache que maintenir un homme en esclavage est mal sitôt que
c'est de lui qu'il s'agit. Quoi ! Il me faudrait donc arguer qu'il
est mal de transformer des hommes en bêtes sauvages, de les
priver de leur liberté, de les faire travailler sans salaire,
de les laisser dans l'ignorance de leurs liens avec les autres
humains, de les battre avec des bâtons, de les rosser jusqu'à
ce qu'ils rendent l'âme, de les mettre aux fers, de les chasser
avec des chiens, de les vendre aux enchères, de briser leurs
familles, de les édenter, de brûler leurs chairs et de
les affamer jusqu'à ce qu'ils soient dociles et soumis à
leurs maîtres? Cela, non, je ne le ferai pas. J'ai un meilleur
emploi de mon temps et de ma force à combattre pareilles
affirmations"
(idem).
Les
années 50, 60, 70 sont celles où se déroulaient
en même temps le combat anti-apartheid en Afrique du Sud,
Nelson Mandela était arrêté et jeté en
prison, et les mouvements et guerres de libération nationale
des pays colonisés, notamment d'Afrique. Là aussi c'est
remarquable de faire le parallèle avec le combat de l'ANC et
du Parti Communiste d'Afrique du Sud contre l'apartheid qui fut aboli
suite à sa défaite en Angola face au MPLA et à
la solidarité internationaliste de Cuba.
En
ce sens les luttes pour les "droits civiques" des années
60, plus précisément contre le racisme institutionnel
US et pour l'égalité des droits entre les descendants
d'esclaves et les descendants d'esclavagistes, sont partie prenante
du mouvement pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
consécutif à la grande guerre patriotique de libération
anti-nazie menée par l'URSS qui avait su briser l'entente des
impérialistes pour rallier les pays anti-fascistes comme les
USA et le Royaume Uni contre le camp fasciste (Allemagne, Italie,
Japon).
La
nature criminelle et tyrannique du capitalisme étatsunien et
européen est clairement exposée par Frederick Douglass
au XIXème siècle et l'actualité de ce début
du XXIème siècle ne fait que confirmer cette vérité
:
"Que
signifie donc pour un esclave votre 4 juillet? Voici ma réponse.
C'est un jour, plus que n'importe quel autre jour de l'année,
qui lui révèle la cruauté et l’écœurante
injustice dont il est sans cesse victime. Pour lui, votre fête
est une imposture; la liberté que vous vantez, un sacrilège;
la grandeur de votre nation, une misérable fanfaronnade; vos
cris de joie lui semblent vides et sans cœur ; vos
dénonciations des tyrans, d'un inconcevable culot; vos appels
à la liberté et à l'égalité sont
pour lui une vaine caricature; à ses yeux, vos prières,
vos hymnes, vos sermons, vos actions de grâce et tout votre
solennel étalage de religion ne sont que de la boursouflure,
du cynisme, de la fraude, du mensonge et de l'hypocrisie – un
mince voile jeté sur des crimes dont rougirait une nation de
sauvages. Nulle part au monde il n'y a une nation qui soit coupable
de crimes aussi sanglants et aussi ignobles que ceux que commettent
en ce jour et à cette heure les citoyens des Etats-Unis. Allez
où il vous plaira; cherchez là où vous le
voudrez; fouillez toutes les monarchies et tous les despotismes du
vieux monde, rendez-vous en Amérique du Sud; recensez tous les
abus que vous trouverez; lorsque vous en serez arrivés au
dernier, réunissez tous vos faits, puis comparez-les à
ce qui se passe quotidiennement dans notre nation. Vous conclurez
alors comme moi qu'en matière de révoltante barbarie et
d'insolente hypocrisie, les Etats-Unis d'Amérique restent sans
rival"
(idem).
Quand
on relit ces passages du discours tenu en 1852 par Frederick Douglass
en regardant l'actualité d'aujourd'hui des crimes racistes de
la police aux USA, de l'islamophobie d'Etat en France et dans les
pays de l'UE, de la fascisation et des guerres coloniales de
l'OTAN/USA/UE au Moyen-Orient, en Afrique voire en Ukraine, on est
frappé par la grande actualité des propos et
caractérisations de l'impérialiste criminel USA/UE
hégémonique sur le monde entier. Force est d'en
conclure que, finalement, il n'y a vraiment rien de nouveau sous le
soleil. En effet à travers les âges on retrouve à
peu de choses près les mêmes prétextes à
l'oppression et l'exploitation de la bourgeoise prédatrice et
les mêmes réponses des victimes. Seules les formes
changent, le fond exploiteur et oppresseur demeure le même.
Libéralisme,
racisme, fascisme et guerres sont inévitables sous la
domination de l'impérialisme occidental
Les
Nazis ont tenté sur la base du capitalisme financier allemand
de s'emparer de toute l'Europe comme étape pour asseoir la
domination pour "mille ans du IIIème Reich" sur le
monde. L'URSS les a stoppés et vaincus.
Les
USA, qui sont arrivés dans la seconde guerre mondiale à
la dernière heure, ont profité du fait qu'ils ont été
épargnés et gardé leur puissance industrielle,
financière et militaire intacte pour s'ériger comme
leader du camp capitaliste et engager la "guerre froide"
contre l'URSS affaiblie par la perte de près de 30 millions de
martyrs, dont 3 millions de communistes les plus aguerris, par la
destruction de 70.000 villes et villages, etc.
Les
USA ont ainsi pu imposer " l'american way of life" libéral
comme l'alpha et l'omega de sa "gouvernance mondiale" après
la défaite de l'URSS et la restauration du capitalisme dans la
majorité des pays du camp socialiste.
Ils
ont proclamé le triomphe de la "fin de l'histoire"
présentant le mode de production capitaliste comme "éternel".
Sur cette base, les USA suivis de l'UE ont ainsi imposé la
mondialisation du libéralisme comme politique économique,
sociale et culturelle de destruction des conquêtes sociales et
démocratiques de la période de l'existence de l'URSS.
Les guerres dites "humanitaires ou pour la démocratie"
ont été érigées en "gouvernance"
mondiale avec pour véritable objectif le maintien de leur
domination sur le monde.
Leurs
partenaires pour réaliser ce projet tyrannique de la
"mondialisation" capitaliste sous direction US sont les
impérialismes européens en voie d'unification dans
l'UE, les monarchies intégristes religieuses des pétrodollars
et la réhabilitation des fascistes et Nazis.
Les
"Mickey, Mc Do, jeux vidéos guerriers ou pornographiques,
télé-réalités, Apple, Twits, Facebook, la
vente de la drogue et des armes, etc." sont les outils de "
l'american way of life", de l'impérialisme mercantile et
culturel US, voire occidental.
Mais
le vernis sur les illusions, qui font rêver un temps mais
jamais tout le temps, s'étiole sous les coups de boutoirs de
la crise systémique du capitalisme et de la loi du
développement inégal pour laisser apparaître la
réalité hideuse des contradictions fondamentales du
capitalisme mondialisé que sont : les contradictions
Capital/Travail, Impérialisme/Peuples, Nations opprimées
(notamment les pays qui défendent leur indépendance),
Capitalisme/rescapés du camp socialiste temporairement vaincu
(Chine, Vietnam, Corée du Nord, Cuba) et même
contradictions Inter-impérialistes (USA/UE/Japon) même
si la contre-tendance qui se manifeste est celle de leur unité
contre les pays dominés et surtout les pays dits "émergents"
que sont les BRICS, voire les expériences anti-libérales
et anti-impérialistes d'Amérique du Sud, en particulier
des pays de l'ALBA.
Fidel
Castro et Mohamed Ali
Le
modèle de " l'american way of life" a été
ébranlé, voire écorché par les luttes du
mouvement des droits civiques dans les années 60/70. La
résistance et la victoire du Vietnam contre le "colosse
aux pieds d'argile" yankee, celle de la Corée du Nord et
les Révolutions chinoise et cubaine ont démasqué
l'image de "puissance anti-colonialiste" que les USA ont
tenté de se donner lors de la "crise du canal de Suez"
en exigeant avec l'URSS le retrait de la soldatesque anglo-française
et sioniste israélienne d'Egypte en 1956.
Aujourd'hui
l'hégémonie des prédateurs US et UE sur le monde
prend la forme de la fabrication d'un "ennemi terroriste",
lequel est, par ailleurs, sciemment conçu par l'Occident
impérialiste en alliance avec les Monarchies des pétrodollars
pour donner les prétextes des guerres coloniales en Afrique,
au Moyen-Orient.
Les
USA et l'UE ont déjà allumé la guerre en Europe
en bombardant l'ex-Yougoslavie et en réhabilitant les
fascistes en Ukraine dans le cadre de leur politique d'encerclement
et de désintégration des pays de l'ex-camp socialiste,
en particulier la Russie. Guerres et réhabilitation du
fascisme sont accompagnées de mensonges d'état comme
celui de Bush pour attaquer l'Irak en 2003.
Ces
guerres nécessitent en retour la fabrication d'un "ennemi
intérieur musulman" dans le dessein sordide d'obtenir le
consentement des populations et leur acceptation des régressions
sociales comme la réduction des salaires et la destruction des
droits conquis de haute lutte à l'époque où la
seule existence de l'URSS et du camp socialiste faisait peur aux
capitalistes.
C'est
cela l'essence de l'idéologie et de la stratégie du
"choc de civilisation" ou des "guerres de
civilisation" ou encore de la soi-disant "guerre de la
modernité contre la tradition", de la "guerre de la
civilisation occidentale contre les barbares" africains,
asiatiques et sud-américains. Alors qu'ils cherchent à
interdire la production d'armes nucléaires à d'autres
pays, rappelons que les USA sont les seuls à avoir osé
balancer la bombe atomique sur le Japon pour obtenir leur reddition.
Voilà
pourquoi nous avons de nouveau besoin que réémergent
des figures comme les Mohamed Ali, les Malcom X et les partis
communistes qui ont, au XXème siècle, permis les
avancées sociales et démocratiques dans la marche
historique de l'humanité vers la société
socialiste.
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