En
Bolivie, au Venezuela, en Equateur, au Brésil, etc., les
peuples élisent coup sur coup une gauche révolutionnaire,
anti-libérale, anti-impérialiste à orientation
socialiste qui augmente les salaires, sort des millions de
travailleurs de la pauvreté, leur permet l'accès
gratuit aux soins et à l'éducation, protège
l'environnement, dénonce les guerres, prône la paix et
la coopération pacifique sur la base de l'égalité
entre les peuples, œuvre au développement national par
la réalisation de la souveraineté nationale et
populaire.
A
Cuba, en Chine, au Vietnam et en Corée du Nord, ces pays
rescapés de la défaite du camp socialiste des années
89/90, dirigés par des partis communistes au pouvoir, le
progrès social et le développement économique,
technique, scientifique et culturel sont aussi au rendez vous.
Ces
progrès dus aux politiques anti-libérales de tels
pouvoirs opèrent des transformations progressistes et
pacifiques du rapport des forces géostratégiques
favorables aux peuples, notamment à ceux encore sous le joug
des impérialistes US et de l'UE au détriment de
l'impérialisme.
A
ces pays révolutionnaires à orientation socialiste
dirigés par des partis communistes ou par une gauche
anti-libérale et anti-impérialiste se joignent de plus
en plus des pays gouvernés par des bourgeoisies nationalistes
comme la Russie, l'Inde, l'Iran, l'Afrique du Sud, le Zimbabwe, la
Syrie, l'Argentine, l'Angola, la RDC, etc, qui secouent le joug
hégémonique des Etats-Unis et des puissances de l'UE,
lesquels ont saccagé, cinq siècles durant, le monde par
l'exploitation de classe, les génocides, l'esclavage et la
colonisation.
Tel
est le constat objectif que font de plus en plus de peuples à
travers le monde.
Vingt
quatre ans après avoir sablé le champagne en proclamant
la « fin de l'histoire », quelles sont
les réponses des forces capitalistes et impérialistes à
cette évolution progressiste ? Que doivent faire les
peuples aux USA et dans chaque pays de l'UE, comme les autres peuples
du monde, pour préserver la paix, le progrès social,
économique, écologique et culturel ?
Combattre
l'hégémonie du réformisme
Avant
la défaite du camp socialiste dans les années 90, les
bourgeoisies des puissances impérialistes confrontées
au socialisme réel, dont l'existence galvanisait les luttes
des classes ouvrières et populaires, avaient été
contraintes à concéder ce qu'il est convenu d'appeler
la « société de consommation à
crédit » et les indépendances formelles
des ex-colonies souvent transformées en néo-colonies.
Cette
évolution forcée du capitalisme mondial a été
accompagnée d'une intense guerre idéologique contre le
socialisme qualifié « d'impérialisme »
ou de « social-impérialisme »,
contre le mouvement ouvrier présenté comme « dépassé »,
d'une réorganisation de l'exploitation de classe au fur et à
mesure de la concentration du capital à l'échelle
mondiale, avec la formation de grands groupes monopolistes
transnationaux, d'une nouvelle division internationale du travail, du
commerce mondial, de la finance mondiale et des rapports entre Etats
oppresseurs et peuples opprimés à l'échelle du
globe entier.
Une
offensive gigantesque a été menée par les
classes dominantes pour soumettre le mouvement ouvrier à une
aristocratie et une bureaucratie ouvrière, et associant des
bourgeoisies des pays faibles anciennement colonisés au
système mondial de l'exploitation de l'homme par l'homme.
Cette
oeuvre de sauvetage du système capitaliste a été
accomplie, au sortir de la seconde guerre mondiale, par la pression
militaire, financière, culturelle, idéologique et
politique de l'impérialisme sur l'URSS, par l'encerclement du
camp socialiste, par la division du mouvement communiste
international et par la soumission des bourgeoisies nationales
apatrides des semi-colonies. Le résultat en a été
la défaite des premières expériences
d'édification d'une société sans patron, sans
capitaliste.
Retenue
pendant 70 ans d'existence de socialisme réel par son instinct
de survie pour ne pas tout perdre, une fois la défaite du
socialisme réel obtenue, la bourgeoisie impérialiste
des USA et de l'UE a ainsi pu donner libre cours à son
instinct naturel prédateur pour engager à coups de
bulldozer la destruction des conquêtes sociales et
démocratiques qu'elle avait concédées auparavant
face aux luttes sociales et populaires et se lança dans de
nouvelles aventures guerrières.
Les
concepts de démocratie réduit au multipartisme,
plus exactement au bipartisme en opposition au « pouvoir
du peuple par le peuple et pour le peuple », de
liberté ramenée à l'individualisme
contre le collectif, de réussite personnelle
individuelle contre l'égalité collective, de
classe moyenne contre la classe ouvrière et de
propriété privée contre la propriété
collective sont devenus l'alpha et l'oméga du mensonge de
la funeste « fin de l'histoire »
humaine.
A
l'instar de ses prédécesseurs qui avaient rallié
« l'union sacrée » de la
bourgeoisie en 1914 pour s'engager dans la boucherie de la sale
guerre, la social-démocratie, devenue depuis lors bourgeoise
et impérialiste, s'est muée en social-libéralisme
pour mieux servir le capitalisme.
A
ceux qui s'illusionnent encore sur les « socialistes »,
il suffit de lire -comme nous y invitent Michel et Monique
Pinçon-Charlot dans leur essai « La violence des
riches »- François Hollande sous le pseudonyme
de Jean François Trans, Jean Michel Gaillard conseiller
référendaire à la Cour des Comptes et maître
de conférence à l’ENA, Jean Pierre Jouyet,
inspecteur des finances et président du club Démocratie
2000, Jean Yves Le Drian actuel ministre de la défense,
Jean Pierre Mignard ancien de la direction politique du PSU et d’une
organisation catholique de défense des Droits de l’Homme,
tous auteurs d’un ouvrage « La gauche bouge »
publié en 1985 : « Finis les rêves,
enterrés les illusions, évanouies les chimères.
Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément
être équilibrés, les prélèvements
obligatoires abaissés, les effectifs de la police renforcés,
la Défense nationale préservée, les entreprises
modernisées, l’initiative libérée. Il
ne s’agit plus à la fin du XXéme siècle
d’assurer la représentation politique de la classe
ouvrière alors que les catégories sociales perdent en
cohésion et que le salariat s’est profondément
recomposé, ou de renforcer encore l’Etat providence
alors que celui ci parvient de plus en plus difficilement à se
financer et que les risques traditionnels sont correctement couverts.
(…) le conservatisme qui n’est plus un réflexe
de riches, mais une nécessité des pauvres. (Face)
au capitalisme salvateur et au marché libérateur,
jamais les Français n’ont été aussi
frileux devant les mutations, craintifs face à l’avenir,
pessimiste sur leur destin, hostile au changement et à la
mobilité. Réhabilitation de l’argent quand
il vient à manquer ? … En période de crise,
on n’est plus indulgent et tolérant que jamais à
l’égard de ceux qui réussissent, car on y voit le
premier signe d’une amélioration qui pourrait être
générale. En réhabilitant, non sans
opportunité, l’entreprise et la réussite, la
gauche, avec l’ardeur du néophyte, retrouve des accents
que la droite n’osait plus prononcer, depuis des lustres, de
peur d’être ridicule. Mais prenons garde d’en faire
trop : pour faire oublier nos frasques égalitaristes, ne
gommons pas notre vocation sociale » (p.98 à
100, édition Zones).
On
voit clairement ici annoncé l'actuel programme pro-patronal
libéral mis en application, conséquence des diktats de
la dictature de l'UE. La social-démocratie a abandonné
depuis 1984 les aspects keynésiens qui suintaient encore de
son programme de gouvernement avant 1981 et qui ne servaient qu'à
duper puis à « plumer la volaille communiste ».
Le
mouvement communiste pourtant né de la rupture d'avec les
traîtres socialistes lors de la guerre impérialiste du
début du XXéme siècle, mais toujours miné
par le réformisme, s'est laissé et se laisse encore
abuser en conciliant avec cette social démocratie. La
contagion réformiste a ainsi pénétré les
forces communistes et progressivement désarmé le
mouvement ouvrier et populaire. Le spectre de la « fin
de l'histoire » a semé désarroi et
affaiblissement des positions révolutionnaires d'abord en
s'emparant de la tête du mouvement communiste, puis celle des
syndicats de lutte de classe et des mouvements populaires combattifs.
Les
concepts de gauche amalgamant PS, PCF, Verts et d'extrême
gauche, élaborés dans les laboratoires idéologiques
de la bourgeoisie ont été imposé par les médias
pour accompagner l'effacement des frontières idéologiques
et politiques qui avaient existé de 1920 -fondation du PCF-
aux années précédents l'eurocommunisme,
le programme commun de la gauche, puis la gauche plurielle.
L'objectif socialiste, première étape de l'édification
de la société communiste, a été abandonné
au profit du « partage des richesses »
donc de la « moralisation » du
capitalisme. C'est l'économisme qui consiste à réduire
le programme politique aux réformes d'augmentation des
salaires que tout syndicaliste digne ce nom revendique. « Moraliser
le capitalisme » (sic!) c'est justement le piège
irréaliste qu'alimente le fil continu entre la
social-démocratie, l'écologie politique, le trotskisme
et les directions du mouvement communiste et syndical.
Un
début de rupture, pour le moment non complètement
assumé, a été amorcé avec la victoire du
NON au traité constitutionnel européen (TCE) avec
l'émergence des Collectifs anti-libéraux et du Front de
Gauche, bientôt suivi de l'échec patent de la stratégie
réformiste du « syndicalisme rassemblé ».
Après des décennies de suivisme, les forces de la
gauche anti-libérale, qui tentent de se démarquer de la
social-démocratie libérale, peinent à prendre le
chemin de la rupture idéologique et politique nécessaire
pour dégager une alternative révolutionnaire contre la
prétendue « fin de l'histoire »
éternelle que serait le capitalisme. Rompre avec le PS
définitivement et conséquemment est la tâche qui
incombe aux véritables communistes, aux syndicalistes de lutte
des classes et aux démocrates progressistes anti-libéraux.
Combattre
le fascisme qui dévoie la lutte des classes
Mais
même si la crise systémique et ses effets socialement
dévastateurs provoquent une différenciation sociale en
cours au sein du monde du travail et des populations, dont la
résistance antilibérale naissante est une expression
politique, la soumission à l'idéologie bourgeoise se
poursuit encore aujourd'hui au sein même des forces politiques
anti-libérales. En même temps certains secteurs
capitalistes commencent à se rendre compte que leur système
est de moins en moins crédible et que leur capacité à
duper les travailleurs et les peuples commence à s'essoufler.
C'est
ce qu'on peut lire sous la plume de Paul Polman, PDG d’Unilever,
et Lynn Forester, PDG de Rothschild, auteurs d’un article
intitulé « pour un capitalisme moral et
inclusif, il faut moraliser le capitalisme en mettant fin à la
dictature du court terme et en luttant contre l’exclusion
sociale » : « Le capitalisme a mené
l’économie du monde à des niveaux de prospérité
sans précédents. Mais il s’est aussi montré
lourdement dysfonctionnel. Il encourage souvent une vision à
court terme, contribue à de profondes disparités entre
les riches et les pauvres, et tolère l’imprudence dans
le traitement du capital environnemental. Si ces coûts ne
peuvent être contrôlés, il se pourrait que l’on
abandonne le capitalisme – et avec lui, le meilleur espoir de
l’humanité pour la croissance économique et la
prospérité. Il est donc temps d’envisager
les nouveaux modèles de capitalisme émergent partout
dans le monde – surtout le capitalisme conscient, le
capitalisme moral et le capitalisme inclusif. (…) Tout système
générant de tels excès tout en excluant autant
de personnes se voit confronté au risque de rejet public.
Étonnamment, les effets négatifs du capitalisme
s’intensifient alors même que la confiance dans les
institutions publiques chute à des niveaux historiques. (…)
Déçus à la fois par l’Etat et par le
marché, les gens se demandent de plus en plus si le
capitalisme tel que nous l’appliquons vaut le coût. Nous
constatons ceci dans les mouvements comme Jour de la Terre et Occupy
Wall Street. Un peu partout dans le monde – des pays du
Printemps arabe au Brésil, à la Turquie, au Venezuela,
et à l’Ukraine, les opinions publiques frustrées
descendent dans la rue. Réagir aux échecs du
capitalisme moderne implique une gouvernance forte et une coopération
intense entre le monde des affaires, les gouvernements, et les ONG.
(…) Aucun de nous ne peut s’épanouir dans un
monde où un milliard de personnes se couche chaque soir avec
la faim au ventre et 2,3 milliards n’ont pas accès à
des installations sanitaires; Et les entreprises ne peuvent
s’épanouir là où la confiance de l’opinion
dans l’avenir et les institutions n’a jamais été
aussi mince. La route sera longue, mais nous sommes certains que la
transformation requise est en marche… La conférence sur
le capitalisme inclusif représente un autre pas en avant. En
l’espace d’une génération nous serons
capables de redéfinir le capitalisme et de construire une
économie globale durable et équitable (sic!) »
(La Tribune du 28 mai 2014).
Parallèlement
aux inquiétudes de certains secteurs de la bourgeoisie
impérialiste pour leur système et leurs institutions,
la crise systémique et la broyeuse sociale, mise en branle par
les gouvernements successifs de droite et de « gauche »
pour maintenir les profits maximums du MEDEF, provoquent
inexorablement la hausse de l'abstention et continuent de faire le
lit électoral du Front National et des autres forces fascistes
dans les pays impérialistes de l'UE et des USA.
Au
XVIIème congrès du PCbUS en 1934, Staline précisait
que « la victoire du fascisme en Allemagne, il ne faut
pas seulement la considérer simplement comme un signe de
faiblesse de la classe ouvrière et comme le résultat
des trahisons perpétrées contre elle par la
social-démocratie qui a frayé la route au fascisme. Il
faut la considérer aussi comme un signe de faiblesse de la
bourgeoisie, comme un signe montrant que la bourgeoisie n’est
plus en mesure d’exercer le pouvoir par les vieilles méthodes
du parlementarisme et de la démocratie bourgeoise, ce qui
l’oblige à recourir dans sa politique intérieure,
aux méthodes terroristes de gouvernement; comme un signe
attestant qu’elle n’a plus la force de trouver une issue
à la situation actuelle sur la base d’une politique
extérieure de paix, ce qui l’oblige à
recourir à une politique de guerre ».
Retenons
donc trois conditions fondamentales pour que le capital ait besoin du
fascisme au pouvoir : a) Une menace sérieuse du
prolétariat révolutionnaire sur fond de crise générale
du système impérialiste et le développement
subséquent d’une lutte de classe offensive sous la
direction d’un Parti Communiste révolutionnaire pour la
prise du pouvoir ; b) L’impossibilité pour la
bourgeoisie de gouverner par les méthodes de la démocratie
parlementaire, d’utiliser le réformisme social-démocrate
de droite ou de gauche pour neutraliser la montée en puissance
de la lutte de classe ; c) La nécessité immédiate
d’une dictature terroriste du capital financier pour écraser
les organisations et le mouvement ouvrier révolutionnaire.
Si
ces trois conditions étaient réunies tant en Allemagne
en 1933 qu’en Italie en 1921, aucune de ces conditions n’est
complètement atteinte pour l'instant ni aux Etats-Unis, ni
dans les principales puissances de l'UE. En effet le mouvement
ouvrier et populaire est toujours dominé par le réformisme.
Le discrédit montant des institutions bourgeoises (Exécutif,
législatif, judiciaire) s'accélère certes et
s'est considérablement renforcé sous l'effet des crises
des subprimes et de l'euro. Pour le moment le signal principal
de ce discrédit est l'abstention majoritaire, qui reste un
rejet passif, la combativité ouvrière et populaire est
parcellaire et sectorielle, la force électorale fasciste
montante est relativisée par l'abstention montante toujours
largement majoritaire.
Dans
un tel contexte, néanmoins évolutif, la fonction
principale dévolue par la bourgeoisie au parti fasciste est de
diviser le mouvement ouvrier et populaire pour empêcher l'unité
de classe des travailleurs contre la classe des capitalistes. Ce rôle
diviseur du fascisme détermine la nature raciste, xénophobe,
islamophobe, rromophobe, misogyne de sa propagande.
Mais
depuis 2005 surtout, le fascisme étale sa démagogie
sociale pour récupérer la victoire du NON de classe au
traité constitutionnel européen. Le FN apparaît
ainsi comme le seul parti qui prône, certes mensongèrement,
la sortie de l'euro, et de ce fait récupère
électoralement une part du regain de colère sociale
légitime. L'augmentation du coût réel de la vie
suite à l'adoption de l'euro, l'adoption antidémocratique
du traité de Lisbonne pour effacer la victoire du NON au TCE,
les ravages sociaux brutaux imposés par l'UE à la
Grèce, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et Chypre ont fini de
laminer « l'europhorie ». La crise des
subprimes s'est transformée en crise de la dette des
Etats qui avaient été mis à contribution pour
sauver les banques. Dans ces conditions, on doit donc se préparer
à un nouveau soubresaut dans la crise systémique du
capitalisme qui renforcera encore plus les politiques d'austérité
actuelles, amplifiera davantage le rejet de l'euro et de l'UE, et
pourrait aggraver les contradictions inter-impérialistes
internes à l'UE au point que le maintien de la zone euro telle
quelle serait intenable. Une telle évolution de la situation
pourrait entraîner la possibilité d’un FN ou d’une
combinaison politique l'incluant comme recours pour la bourgeoisie
parce qu'il est le seul parti bourgeois ayant une certaine base de
masse liée à sa soit-disant « sortie
concertée de l'euro ».
Cette
situation pose une équation majeure aux forces anti-libérales,
syndicales, associatives et politiques qui ont été à
la base de cette formidable victoire populaire, celle de livrer
bataille contre la récupération fasciste en s'emparant
du mot d'ordre de la sortie de l'euro, de l'UE, du TAFTA et de
l'OTAN.
C'est
le programme révolutionnaire et internationaliste que l'on
doit opposer au ralliement total de la social-démocratie au
programme de « notre » bourgeoisie
impérialiste, soumise au « besoin d'aire »
du capital allemand et US dominants. Cette soumission de la social
démocratie dans le sillage de la droite, est signée
comme suit par Laurent Fabius, Pierre Mauroy et Michel Rocard, tous
ténors et hauts responsables de l’Internationale
Socialiste, dans un texte intitulé « socialistes
de toute l’Europe, unissez vous! » : « Le
socialisme dans un seul pays n’a évidemment plus de sens
(sic!). Si l’on veut être efficace et peser vraiment sur
le cours des choses, les politiques à mettre en oeuvre et les
régulations à construire se situent désormais à
l’échelle des continents et du monde. (…) La
social-démocratie se définit par la recherche d’un
triple compromis entre le capital et le travail, le marché et
l’État, la compétition et la solidarité.
(…) Les trois compromis de la social-démocratie doivent
donc être actualisés, nos méthodes réformées
et internationalisées. (…) Il faut aussi éviter
tout repli sur soi, car le déséquilibre actuel qui fait
des États-Unis l’acteur dominant du système
international doit être corrigé. (…) La
refondation de la social démocratie passera d’abord par
l’Europe. (…) devant les enjeux de la gouvernance
internationale… l’Europe constitue le bon échelon
d’intervention et de représentation. (…) nous
voyons ce qu’elle peut d’ores et déjà dans
la sphère économique ! Puissance douce, soft power,
comme diraient les Anglo-Saxons ? (…) un monde qui se
structurera autour de quatre ou cinq grands ensembles régionaux,
dont l’Europe. (…) la social-démocratie doit
prendre appui sur l’Europe » (Le Monde du
29 octobre 2002).
On
savait que la social-démocratie et dans son sillage l'écologie
politique et les courants trotskistes avaient rallié l’OTAN
de l'occident impérialiste contre l'URSS et le camp
socialiste, mais maintenant il s'agit du ralliement au libéralisme
politique, programme unique dicté par l'UE aux gouvernements
successifs, notamment sociaux démocrates depuis 1984.
Quatre-vingt
sept ans plus tôt, Lénine dénonçait déjà
ainsi le chauvinisme eurocrate du social impérialisme de la
« gauche » socialiste : « L'opportuniste
allemand Gerhard Hildebrand, qui fut en son temps exclu du parti pour
avoir défendu l'impérialisme et qui pourrait être
aujourd'hui le chef du parti dit 'social-démocrate'
d'Allemagne, complète fort bien Hobson en préconisant
la formation des 'Etats-Unis d'Europe occidentale' (sans la Russie)
en vue d'actions 'communes'... contre les Noirs d'Afrique, contre le
'grand mouvement islamique', pour l'entretien 'd'une armée et
d'une flotte puissantes' contre la 'coalition sino-japonaise', etc. »
(Impérialisme stade suprême du capitalisme, chapitre
VIII). Cette dénonciation de l'opportunisme social-démocrate
de l'époque par Lénine n'est-elle pas encore d'une
actualité éclatante?
Les
communistes, les progressistes anti-libéraux et les
syndicalistes de lutte des classes doivent lutter pour la sortie de
l'OTAN, mais aussi pour la sortie de l'euro et de l'UE.
Le
mot d'ordre des « Etats-Unis d'Europe »
n'est ni marxiste ni scientifique (et cela quelque soit l'époque,
y compris au 19ème siècle, époque de Marx et
Engels et du « capitalisme ascendant »). Et il
l'est moins encore à l'époque du capitalisme des
monopoles, de la fusion du capital bancaire et industriel qui a donné
naissance au capitalisme financier, à l'impérialisme,
stade suprême du capitalisme.
Le
développement inégal est la loi absolue du
développement de l'impérialisme. Que les impérialistes
de l'UE aient eu besoin de forger, de 1945 jusqu'en 1991, le bloc des
« Etats-Unis d'Europe », d'abord sous la
houlette des USA pour « endiguer » le
communisme, puis depuis 1992 sous la houlette à la fois de
l'impérialisme allemand et US (qui sont à la fois
alliés contre les autres peuples, notamment les pays
« émergents » et concurrents
selon les intérêts de leurs monopoles rivaux) ne peut et
ne doit pas conduire à accepter l’intégration
d'une quelconque manière dans l'UE, cette facette particulière
du processus de la mondialisation capitaliste actuelle. La
construction de l'UE est une alliance des bourgeoisies impérialistes
européennes contre le reste de l'humanité.
C'est
pourquoi, Lénine a vu très tôt que le slogan des
« Etats-Unis socialistes d'Europe »
étaient « soit impossible, soit réactionnaire ».
« Impossible »:
A l'époque en 1915 le mot d'ordre trotskiste (en fait du
social-démocrate Parvus, que Trotski plagie) des « Etats-Unis
socialistes d'Europe » se confondait tout simplement
avec les « Etats-Unis socialistes du monde »
parce que les principales puissances impérialistes qui
dominaient le monde étaient européennes alors que la
reste de l'humanité en constituait la périphérie
exploitée et dominée. Dans ces conditions donc le
socialisme advenant en Europe devenait forcément mondial,
vu le rapport des forces de l'époque au plan mondial. Cette
« impossibilité » était
aussi due au fait que les « Etats-Unis socialistes »
étaient tendanciellement contenus et contredits par la loi du
développement inégal du capitalisme et du processus
révolutionnaire rendant inévitable la « révolution
dans un seul pays ou groupe de pays ».
« Réactionnaire »:
Parce que la loi du développement inégal du capitalisme
explique que les puissances impérialistes européennes
ont été surpassées, après 1945, par
l'hégémonie des impérialistes US, lesquels ont
lancé la construction du bloc européen dans le cadre de
leur combat pour vaincre l'URSS et le camp socialiste. Mais cette
union de capitalistes qu'est l'UE, forgée notamment par un
rapport de forces internes au sous-continent européen, ne peut
se faire qu'en détruisant toutes les conquêtes sociales
et démocratiques, qu'en paupérisant massivement les
travailleurs et les peuples, qu'en ouvrant les vannes de la
fascisation à l'intérieur et en se lançant dans
les aventures guerrières agressives à l'extérieur.
C'est d'ailleurs ce qui arrive actuellement partout dans tous les
pays de l'espace de l'UE.
Certes,
aujourd'hui, le slogan des « Etats-Unis communistes
d'Europe » (sic!), que propagent démagogiquement
les opportunistes droitiers et les trotskistes en soutenant de fait
l'UE bourgeoise, ne se confond pas et ne peut pas se confondre, comme
du temps de Lénine, avec « les Etats-Unis
communistes du monde » vue l'existence de puissances
capitalistes mondiales comme les USA et l'avènement sur la
scène mondiale des puissances non capitalistes (Cuba, Vietnam,
Corée du nord, Chine) et capitalistes (Russie, Inde, Brésil,
etc. mais pas encore impérialistes au sens Léniniste)
que sont les pays « émergents ».
D'ailleurs
à ce propos les expériences en cours des rescapés
du camp socialiste comme la Chine, la Corée du nord, le
Vietnam, Cuba, tous gouvernés par des Partis Communistes, sont
à étudier sérieusement quand à leur
nature de classe, leur place dans la « mondialisation
capitaliste » actuelle et leur rôle spécifique
dans l'évolution du rapport des forces entre travail et
capital, entre peuples et impérialisme, entre socialisme et
capitalisme, etc..
Mais
il n'y a rien, absolument rien de révolutionnaire,
d'internationaliste ou de scientifique dans la propagande des
trotskistes, quasiment tous pro-UE au nom de la prétendue
lutte contre le « nationalisme », sauf
qu'ils combattent le « nationalisme »
des Etats-Nations au profit du « nationalisme »
chauvin et fascisant de l'UE supranationale. Selon les trotskistes,
l'écologie politique et la social-démocratie, il y
aurait un « internationalisme »
spécifique à l'UE et cet « internationalisme »
aurait donc maintenant une frontière, celle de la nouvelle
« nation » (sic!) en construction qu'est
l'UE.
Le
chauvinisme pro-UE est une arme bourgeoise impérialiste contre
la stratégie révolutionnaire de dislocation de l'UE par
la mobilisation populaire pour la sortie de l'euro et de l'UE
atlantiste, étape par laquelle doit passer et passera
probablement la révolution socialiste dans un pays ou un
groupe de pays, dans cet espace économique et politique
impérialiste européen.
Il
faut faire remarquer ici que le Front de Gauche avec son slogan
chimérique « d'Europe sociale »
est fortement marqué par cette influence social-démocrate,
écologiste et trotskiste pro-UE. C'est aussi en cela que ce
cartel électoral des partis anti-libéraux qu'est le
Front de Gauche, reste un front dominé par la petite
bourgeoisie et l'aristocratie ouvrière, aujourd'hui en voie de
paupérisation mais jusque récemment encore intégrée
dans le système bourgeois de collaboration de classe pro-UE.
Cela ne doit pas être perdu de vue, même si le Front de
Gauche est une étape par laquelle il faut passer pour
enraciner le combat anti-libéral au sein des masses et pousser
à l'intervention des classes populaires, principalement celle
de la classe ouvrière.
Les
critiques de plus en plus vives viennent des Gauches anti-libérales
et communistes d'Amérique du Sud contre la « gauche
européenne » incapable d'élaborer une
alternative anti-capitaliste et anti-impérialiste au pouvoir
du capital et de s'opposer concrètement aux guerres coloniales
de l'UE.
Dès
lors il doit être dit clairement que seule l'intervention
ouvrière prolétarienne frayera la voie à la
démarcation puis à la rupture d'avec l'illusion de
l'Europe sociale. C'est d'ailleurs ce que l'on commence à
voir à travers la grève des cheminots contre le
saucissonnage de la SNCF, celle d'Air France contre les compagnies
low cost et celle de la SNCM contre la libéralisation
imposés par l'UE et son credo, « la concurrence
libre et non faussée ». Ces grèves
annoncent un début de passage de l'abstention dans les urnes à
la résistance active contre les diktats de l'UE que nous
devons continuer de pousser en avant.
C'est
aussi pour toutes ces raisons que Staline le 14 octobre 1952, dans
son discours de clôture du XIXème congrès du
PCUS, soulignait fort justement que la question de la souveraineté
nationale et populaire redevient centrale pour les peuples et pour
les communistes y compris dans les Etats impérialistes
d'Europe : « Autrefois, la bourgeoisie était
considérée comme la tête de la nation, elle
défendait les droits et l’indépendance de la
nation, les plaçant « au dessus de tout ».
Maintenant, il ne reste plus trace du « principe
national ». Maintenant, la bourgeoisie troque les droits
et l’indépendance de la nation contre des dollars. Le
drapeau de l’indépendance nationale et de la
souveraineté nationale est jeté par-dessus bord. Sans
aucun doute, c’est à vous, représentants des
partis communistes et démocratiques, de relever ce drapeau et
de le porter en avant si vous voulez être des patriotes, si
vous voulez devenir la force dirigeante de la nation »
(Numéro spécial des Cahiers du communisme,
novembre 1952).
Les
forces communistes et anti-libérales, les syndicalistes de
lutte de classe, à l'instar des générations
précédentes, celle de la Commune, doivent prendre la
tête du combat de la souveraineté nationale et populaire
pour briser cette prison des peuples qu'est l'UE.
Combattre
les guerres contre les peuples
Lénine
avait déjà analysé que l’impérialisme,
stade suprême du capitalisme, est l’époque du
« maintien artificiel du capitalisme à l’aide
de colonies, de monopoles, de privilèges et d’oppression
nationale ».
Dès
sa naissance le capitalisme en tant que mode de production a été
marqué par ce que d’aucun appelle aujourd’hui
« mondialisation » ou
« globalisation ». En effet, la classe
sociale porteuse de ce système économique et social, la
bourgeoisie (le patronat ou encore les actionnaires) et
son appropriation des moyens de production, a été
boostée dans sa conquête de la puissance économique
et politique par la découverte et la mainmise sur les sources
de matières premières minérales comme le
charbon, le fer, l’or et les matières premières
agricoles comme la laine, le coton, le café dont
l’exploitation exigeait une main d’œuvre ayant
comme seule bien sa force de travail manuelle et/ou intellectuelle :
la classe ouvrière, le prolétariat.
C’est
ainsi qu’est né le système colonial,
parallèlement à la contradiction capital –
travail, par la conquête militaire brutale du continent
américain, le génocide des Amérindiens qui est
le premier grand crime contre l’humanité de l’ère
moderne, l’émigration massive des populations
européennes pour peupler le continent américain
complétée par la traite et l’esclavage des Noirs
d‘Afrique. Du 15ème au 18ème siècle, le
sous-continent européen sera à la fois la puissance
technologique, industrielle, financière, militaire,
stratégique et géopolitique. C’est en Europe
qu’arrivaient les matières premières pillées
en Amérique pour être transformées en produits
industriels.
Au
19ème et 20ème siècle, la seconde phase de la
« mondialisation » capitaliste s’opéra
par la conquête des empires coloniaux en Afrique et en Asie.
L’Europe, notamment sa partie ouest, bientôt suivie des
USA, étaient « l’atelier du monde »
transformant les matières premières agricoles et
minières en produits industriels de consommation.
Toutes
les guerres coloniales du capitalisme naissant, puis du capitalisme
en développement et enfin du capitalisme arrivé à
maturité se partageant le monde par la conquête de
vastes empires coloniaux, sans omettre les guerres
inter-impérialistes comme la guerre de 1914-1918 et la seconde
guerre mondiale antifasciste de 1939 à 1945, ont ceci de
caractéristique : elles ont été faites pour
s’emparer de la main d’œuvre transformée en
esclaves ou asservie par le travail forcé et des sources de
matières premières, pour transformer dans les pays
impérialistes les matières premières minérales
et agricoles en marchandises industrielles et générer
le maximum de profit.
Or
ce qui caractérise l’évolution actuelle, suite
aux luttes de libération nationale, au 18ème et début
du 19ème siècle sur le continent américain dans
le sillage des indépendances des USA et de Haïti, puis
celles du 20ème siècle impulsées et soutenues
par la Révolution Bolchevique, l’URSS et le camp
socialiste victorieux du Nazisme, ce sont les pays dits « émergents »
comme la Chine, l’Inde, le Brésil, le Vietnam, l'Afrique
du Sud, la Corée du Nord et les nouvelles expériences
révolutionnaires, progressistes, antilibérales comme le
Venezuela, la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua, le Salvador,
le Pérou, etc., qui s’appuient sur l’héroïque
résistance économique, culturelle, politique et
idéologique de Cuba socialiste.
Ces
pays deviennent les nouveaux « pays ateliers »
qui produisent tout ce que la planète consomme, en particulier
tout ce que consomment l’UE et les USA, lesquels se
« désindustrialisent »
progressivement pour se transformer, par le biais de la
financiarisation et de l'explosion du capital fictif, en rentiers
parasites vivant de la spéculation et de l’usure.
Cette
évolution objective inexorable de la division internationale
du travail au cours de cette troisième phase de la
« mondialisation ou globalisation »,
c'est-à-dire de l’internationalisation du capital et de
la recherche du profit maximum, confère un caractère
particulier au nouveau cycle des guerres d’agressions
coloniales de l’impérialisme US et de l'UE contre les
peuples.
En
effet, le nouveau cycle des guerres est engendré par la
nécessité pour l’impérialisme de contrôler
les sources de matières premières stratégiques
indispensables au développement des pays dits « émergents ».
Il s’agit pour les rentiers parasites des USA et de l'UE de
générer des profits colossaux en contrôlant et en
rendant les pays « émergents »
dépendants d’eux pour l’accès aux matières
premières dont ils ont besoin pour continuer à se
développer. Par leur mainmise sur les richesses stratégiques
des pays producteurs, les USA et l’UE s’érigent en
usuriers rentiers fixant les conditions d’accès aux
matières premières aux pays « émergents ».
Les Firmes Transnationales peuvent ainsi spéculer sur les
prix, fixer les taxes, poser leurs conditions, organiser le sabotage
des économies ou les affaiblir, mener la guerre commerciale et
donc continuer à exploiter et dominer l’économie
mondiale. C'est cela la base matérielle réelle de la
tendance à la fusion de plus en plus prononcée entre
militarisation, spéculation et financiarisation des économies
des USA et de l'UE.
Voilà
pourquoi l’impérialisme se lance dans les guerres
actuelles de « faible ou moyenne intensité »
contre les pays récalcitrants encore sous développés
pour les asservir. C’est le cas des deux guerres contre l’Irak,
de la guerre contre l’ex-Yougoslavie (la Serbie), de celles
contre l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, la Libye,
la Syrie, l'Ukraine, etc. Il s’agit d’en finir avec des
pays et des peuples qui refusent de se soumettre au diktat des
impérialistes, et qui donc, malgré la nature bourgeoise
ou féodale de leur régime, rejettent la domination
impérialiste et cherchent même parfois à
développer leur pays pour en faire des pays émergents
et indépendants.
L’Irak
de Saddam Hussein, la Libye de Khadafi, la Syrie de Bachar El Assad,
l'Ukraine de la République Populaire du Donbass sont justement
ce type de pays ou de régions où les nationalisations
des secteurs économiques stratégiques, des richesses du
sol et du sous sol les ont dotés d’un indice du
développement humain (IDH) qu’on ne trouve nulle part
dans les pays soumis à l’impérialisme de l’UE
et des USA. Mieux ; en empêchant l'accès sans
contre partie aux richesses naturelles aux firmes transnationales des
USA et de l'UE, ces pays ont souvent investi dans des réalisations
économiques, éducatives, sanitaires et sociales qui les
mettent sur les rails du développement. C’est justement
cela qui est détruit par les agresseurs impérialistes
qui, à coups de bombes et de missiles, s’évertuent
à ramener ces pays à « l’âge
de pierre » pour ensuite utiliser le système
inique de la dette et de la dépendance pour les asservir au
profit de leurs entreprises privées au nom soi-disant de « la
reconstruction». L'objectif des impérialistes est
encore plus ignoble comme on le voit en Irak et en Libye. Cette
destruction massive des infrastructures, des réalisations
économiques, sociales et culturelles est accompagnée du
pillage des œuvres historiques et des assassinats ciblés
des ingénieurs, des savants, des chercheurs, des professeurs
des pays agressés afin les rendre dépendants pour une
ou plusieurs générations. Pour atteindre ces buts
inhumains et prédateurs, les impérialistes mettent à
contribution les forces moyen-âgeuses, théocraties et
djihadistes islamistes, les fondamentalistes évangélistes
chrétiens, les sionistes colonialistes et les fascistes nazis
comme on peut le voir dans les pays du Moyen-Orient, en Palestine, en
Afrique, dans les Balkans et en Ukraine. C’est aussi en cela
que l’impérialisme, c’est la barbarie.
De
Brzezinski, conseiller d'Etat US, qui a créé et
mobilisé les djihadistes d'El Qaïda en Afghanistan aux
Takfiristes, aux Wahabites de l'Etat Islamique en Libye, en Irak et
en Syrie jusqu'aux Nazis en Ukraine, sans oublier Israël contre
le peuple Palestinien, c'est le même scénario terroriste
meurtrier contre l'indépendance et la souveraineté des
peuples que Joe Biden, vice-président d’Obama confesse
ainsi: « Les Turcs sont de grands amis, ainsi que les
Saoudiens et les résidents des Emirats arabes unis (EAU) et
autres. Mais leur seul intérêt était de renverser
le président syrien Bachar al-Assad. Pour cela, ils ont mené
une guerre par procuration entre les sunnites et les chiites et ont
fourni des centaines de millions de dollars et des dizaines de
milliers de tonnes d'armes à tous ceux qui acceptent de lutter
contre (Bachar) al-Assad » (Afrique-Asie,
novembre 2014).
Cette
situation montre que le monde est de nouveau divisé en camp
de la guerre, représenté par les USA, l'UE, leurs
alliés des théocraties religieuses fondamentalistes,
les sionistes israéliens, les fascistes en Ukraine et les
réseaux terroristes qu'ils financent et arment et en camp
de la paix, représenté par les pays « émergents »,
les Etats anti-libéraux et anti-impérialistes
d'Amérique du Sud et les peuples qui subissent les agressions
armées des impérialistes. Telle est la réalité
objective de l'état actuel du monde. Tel est l'enjeu
fondamental dont les forces communistes, anti-libérales et
syndicalistes de lutte des classes dans les différents Etats
impérialistes de l'UE doivent prendre conscience.
Or
cette prise de conscience est encore diffuse et tarde à
émerger, même si les mensonges des impérialistes
pour déclencher leurs guerres deviennent de plus en plus
flagrants et dupent de moins en moins de monde. En effet, les
travailleurs et les peuples emprisonnés dans l'UE prennent
progressivement conscience de la dangerosité des guerres
impérialistes, d'autant plus que, non seulement de nombreux
soldats y meurent, mais aussi que des jeunes d'ici deviennent
djihadistes, ce qui accroît le danger d’un retournement
contre leurs commanditaires impérialistes, comme l'a fait Ben
Laden, ex-agent de la CIA, engagé en Afghanistan contre le
communisme.
Ces
aventures guerrières des USA, d'Israël et de l'UE
conduisent peu à peu l'humanité vers une nouvelle
conflagration mondiale qui opposera le camp de la guerre (USA,
Israël, UE, etc) et le camp de la paix (les Etats rescapés
du camp socialiste, anti-libéraux et anti-impérialistes
et les pays capitalistes non impérialistes au sens Léniniste).
Le
« ni, ni » qui consiste à
renvoyer dos à dos l'agresseur et le bourreau impérialiste
US, UE et Israélien et l'agressé victime Afghan,
Irakien, Libyen, Syrien, Yougoslave/Serbe et Ukrainien du Donbass
s'est révélé et se révèle comme un
soutien chauvin criminel aux guerres coloniales des puissances
capitalistes.
Dans
le contexte de quasi disparition des mouvements internationalistes
pour la paix, les forces communistes et anti-libérales, les
syndicalistes de lutte de classe, à l'instar des générations
précédentes, doivent absolument faire le lien entre
régression sociale dans les pays impérialistes (USA et
UE) et guerres à l'extérieur menées par « nos »
bourgeoisies en quêtes de profit maximum. Il y a un lien
dialectique entre la faiblesse des résistances ouvrières
et populaires à l'offensive anti-sociale à l'intérieur
et la quasi-inexistence de mobilisations de classes, citoyennes et
internationalistes des peuples contre les agressions militaires à
l'extérieur. Ce sont deux faces de la même médaille,
baromètre du réformisme dominant qui explique l'état
de faiblesse programmatique et militant des forces communistes,
anti-libérales et syndicales de lutte des classes. Il faut
oeuvrer à remédier à cela pour aller résolument
de l'avant.
Vaincre
le réformisme pour renverser le capitalisme
Ce
que le monde du travail et les peuples ont vécu et vivent
encore depuis le triomphe momentané de l'impérialisme
contre le camp socialiste, contre l'URSS dans les années 90,
avait pourtant fait déjà l'objet de l'avertissement
suivant de J.V. Staline: « Qu'adviendrait-il si le
capital réussissait à écraser la
République des Soviets ? Une période de la plus
noire réaction s'en suivrait. La classe ouvrière et
les peuples opprimés seraient pris à la
gorge. Les positions du communisme international seraient perdues.. »
(Encore une fois sur la déviation social-démocrate
dans notre parti).
En
effet le « pouvoir absolu » dictatorial
du capital s'est soldé et se solde encore par les offensives
contre toutes les conquêtes sociales et la massification de la
pauvreté dans les « pays riches »,
le retour du fascisme sur le devant de la scène politique et
les agressions militaires renouvelées contre les peuples,
étapes vers une conflagration mondiale, une nouvelle guerre
mondiale. Les agressions multiples et protéiformes des
impérialistes US et de l'UE contre les peuples et la misère
dans laquelle ils mettent leurs propres peuples font partie de la
marche vers l'affrontement entre camp de la paix et camp de la
guerre. Cette sombre perspective qui se dessine exige que les
internationalistes des deux côtés se parlent, échangent
et discutent franchement pour définir et lutter ensemble
contre les fauteurs de guerres impérialistes.
Devant
la barbarie du capitalisme libéré temporairement du
contre poids que constituait le camp socialiste, l'URSS, les Gauches
antilibérales et anti-impérialistes d'Amérique
du Sud à l'initiative des nouvelles expériences
révolutionnaires en cours expriment avec une exigence
fraternelle la critique du réformisme des communistes et de la
« gauche européenne » : « La
vie des révolutionnaires et des communistes, disent-ils,
est toujours marquée par les défaites. C'est
justement pour cela que l'on est révolutionnaire et
communiste, pour apprendre en permanence et avancer à partir
de la défaite et des conditions nouvelles qu'elle crée,
et chercher les espaces, les chemins de l'émancipation. Ce ne
sont donc pas seulement des défaites politiques partielles ou
des changements techniques dans la production qui expliquent
l'actuelle débandade et la stratégie défensive
des forces révolutionnaires européennes. Je crois que
l'on vit aujourd'hui une défaite intellectuelle et morale, une
perte de contenu de l'horizon alternatif qui définit la gauche
dans le monde » (Avaro Garcia Linera, vice président
de l'Etat plurinational de la Bolivie, Regard sur les Gauches,
éditions Espaces Marx).
Les
Gauches d'Amérique du Sud appellent ainsi les forces
communistes, anti-libérales et les syndicalistes de luttes des
classes d'Europe à ne pas « rester prostrés
face à la défaite ou occulter son sens, paralysant
ainsi notre âme. Il faut revenir sur ces luttes, de manière
théorique et pratique, il faut en tirer les leçons et
avancer sans complexe. Nous avons besoin d'une gauche sans complexe
face à l'avenir... Les nouvelles générations
doivent assumer les erreurs et les faiblesses comme des expériences,
pour ne pas les répéter, mais au contraire pour
continuer à regarder l'horizon et l'avenir. C'est un effort
collectif pour construire les nouveaux horizons de notre époque...
Notre tâche commune..., c'est de sortir du néolibéralisme.
Notre première tâche, c'est d'en finir avec la croyance
selon laquelle le néolibéralisme serait un régime
naturel, un régime indépassable, un régime qui
n'a pas de limite et pas d'alternative. Evitons l'abattement et la
démoralisation historique de la société
contemporaine...Cet horizon alternatif de société, que
nous appelons communisme, sera obligatoirement pluriel, non homogène,
géographiquement différencié et temporellement
discontinu » (idem).
Comme
l'écrit Alvaro Garcia Linera, « il est temps de
cesser de porter le deuil » de la défaite
subie, après 70 ans d'expériences de construction du
socialisme, pour reprendre le chemin ardu qui a permis aux
générations précédentes de défier
puis vaincre l'impérialisme.
La
crise systémique actuelle de l'impérialisme et ses
effets ravageurs, mortels et criminels ouvrent les yeux plus que
milles discours sur la nature sauvage et inhumaine réelle du
capitalisme et sur la nécessité de son renversement
inévitable.
Pour
reprendre le chemin de la révolution, comme l'ont entamé
nos camarades d'Amérique du Sud et comme le font les rescapés
du camp socialiste que sont Cuba, le Vietnam, la Corée du Nord
et la Chine, il faut en finir avec le complexe de l'oeuvre
gigantesque réalisée par les anciens que l'entreprise
mensongère de salissage éhonté de la bourgeoisie
mondiale ne cesse de criminaliser. Il faut retrouver la confiance en
nous et notre histoire de luttes victorieuses contre le capitalisme,
car la puissance idéologique, morale, l'éthique,
l'intelligence stratégique et tactique et les prouesses de nos
anciens sont et doivent être des motifs de fierté et des
points d'appui pour les générations prolétariennes
révolutionnaires actuelles.
Nous
assumons et devons assumer, en matérialistes dialecticiens par
l'étude scientifique critique, le travail formidable accompli
par nos anciens et leurs impressionnantes avancées
progressistes pour débarrasser l'humanité de la
parenthèse historique d'horreur prédatrice et de crimes
sans fin qu'engendrent le capitalisme et l'impérialisme. Ils
et elles, nous ont montré que c'était possible et comme
le dit Frantz Fanon, c'est à nous de parachever en
accomplissant notre mission.
Dépoussiérant
les mensonges que la nature barbare et tyrannique de l'impérialisme
dévoile peu à peu aux yeux des travailleurs et des
peuples et forgeant un programme alternatif contre la régression
sociale, le fascisme et les guerres, les communistes, les
antilibéraux et les syndicalistes de luttes des classes
peuvent et doivent oeuvrer à mettre en rang de bataille les
masses laborieuses, ses bâtisseurs de la civilisation nouvelle
sans patron, sans capitalistes que sont les ouvriers, les paysans,
les travailleurs et les peuples opprimés. Le combat contre la
régression sociale, le fascisme et la guerre passe
inexorablement par la sortie de l'UE et constitue la principale ligne
de fracture délimitant les deux côtés de la
barricade entre réformistes pro-UE et révolutionnaires
anti-capitalistes.
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