Le
spectre de la guerre qui hante l’humanité est dans nos
murs. Depuis 1991 se sont succédé l’Irak, la
Somalie, la Yougoslavie, l’Afghanistan, la Palestine, la Côte
d’Ivoire, la Libye, le Mali et maintenant l’échec
provisoire en Syrie. Ces guerres ont été et sont à
l’instigation des puissances impérialistes – USA
et UE (en particulier Royaume Uni et France) – qui dominent,
exploitent et oppriment le reste de la planète depuis le 16éme
siècle. Les mêmes puissances et leurs monopoles
capitalistes alimentent aussi les guerres locales en Congo RDC, en
Centrafrique, en Somalie, en Colombie, etc.
Parallèlement
les diktats libéraux économiquement et socialement
désastreux imposés aux pays, Etats, Nations et peuples
dominés du Sud sont importés par le capital financier
monopoliste à l’intérieur même des pays
riches au nom de la « dette » et des
« déficits » écrasant toutes les
conquêtes sociales et démocratiques obtenues par le
mouvement ouvrier et populaire à partir de 1945.
Guerres
et régression sociale sont à la base de la montée
du fascisme dans les pays capitalistes dominants et aussi dans les
pays du Sud.
Guerres
et régression sociale sont les deux faces de la même
médaille du capitalisme mondial en crise.
Le
Cercle Henri Barbusse n’a cessé, par ses écrits
antérieurs sur chacune des guerres, sur chaque offensive
libérale et sur chaque montée électorale du
fascisme ou chaque action terroriste fasciste, de tirer la sonnette
d’alarme sur ses phénomènes inhérents à
l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, et à
sa crise systémique.
Nous
voulons montrer ici le lien dialectique entre ces phénomènes,
dénoncer les obstacles idéologiques et politiques à
la prise de conscience de classe qui empêchent le développement
libre et large de la lutte des classes contre le capitalisme en
crise, ses régressions sociales, anti-démocratiques et
ses guerres de « faible » et
« moyenne intensité », étape vers
la guerre mondiale impérialiste.
EMPRUNTS
DE LA DEMOCRATIE AU FASCISME
Cette
affirmation peut sembler exagérée à beaucoup vu
le voile de l’apparence d’une « démocratie
pluraliste » aux USA et dans l’UE. Certains
opposeront plutôt la comparaison avec l’Angleterre, la
France au 19éme siècle pour réfuter le parallèle
avec les fascismes du 20éme siècle en raison de la
différence réelle entre les deux formes de la dictature
de classe du pouvoir bourgeois : « démocratique »
aux USA et dans l’UE et terroriste avec le Nazisme et le
militarisme impérial au Japon.
Mais
la forme ne doit pas nous cacher le fond, c’est à dire
quelle classe servent les formes parlementaires pluralistes ou
tyranniques du pouvoir d’Etat ? La nature de classe entre
démocratie bourgeoise et fascisme est la même, à
savoir la classe des capitalistes, mais à partir de 1945
l’impérialisme sous des apparences « démocratiques »
a beaucoup emprunté au fascisme dans la lutte contre le
communisme, le camp socialiste et l’URSS en plus de ses
tendances liberticides naturelles.
On
peut voir les manifestations de ces emprunts au fascisme avec
l’espionnage mondial de la NSA, les tortures de Guantanamo et
Abu Graïb, les prisons secrètes US dans les pays
d’Europe, le paiement par Strauss Kahn de l’argent pour
éviter la condamnation par les tribunaux, le vote parjure des
parlementaires pour contourner le NON du peuple au TCE, la
décision de justice sans effet concret pour les Contis qui
annule la fermeture de l’entreprise, la fabrication par des
lois racistes de sans papiers comme main d’œuvre quasi
gratuite, la destruction impunie de l’écosystème
par les grandes entreprises capitalistes, l’existence reconnue
dans le budget des entreprises, notamment aux USA, de sommes
destinées à corrompre les parlementaires, le pouvoir
des lobby des armes qui provoquent les tueries mêmes d’enfants
robotisés par les jeux et films, l’impunité des
crimes racistes, la toute puissance du complexe militaro-industriel à
l’origine des guerres, le trafic de la drogue mondialement
organisé, le droit de polluer contre de l’argent des
grands monopoles capitalistes, la marchandisation de tout (
santé, éducation, eau, l’air, les enfants, etc.).
La
« démocratie »,
c’est le pouvoir de l’argent roi, celui du capital
financier US et de l’UE qui a mis en place et commande les
institutions financières à son seul profit (OMC, FMI,
Banque Mondiale). Il en est de mêmes des institutions
politiques, judiciaires et militaires comme l’ONU, la CPI, le
TPI et l’OTAN, etc. C’est un programme unique des partis
dominants du bipartisme droite et gauche couvert par le vernis du
multipartisme.
La
« démocratie », c’est encore
l’organisation des coups d’état dans les
semi-colonies pour y installer des pro-consuls qui exécutent
les décisions prises par le capitalisme financier et ses
puissances étatiques que sont les USA et l’UE, ce sont
des firmes monopolistes comme AREVA, TOTAL , SHELL, EXON MOBILE,
NESTLE, UNITED FRUIT… qui contrôlent le sous sol, le sol
de pays entiers au détriment des populations surexploitées
et opprimées et parfois réduites à la faim,
c’est ainsi la mise à mort de la souveraineté des
petites Nations, c’est le diktat des plans d’ajustement
structurel libéraux, l’imposition de monnaies coloniales
comme le CFA aux pays de l’ex-Afrique Occidentale Française
(AOF) et l’ex-Afrique Equatoriale Française (AEF) de
l’ex-empire colonial Français d’Afrique, plans
libéraux qui sont aujourd’hui ré-importés
dans les pays impérialistes eux mêmes, etc.
Toutefois
les peuples et les travailleurs ne sont pas indifférents à
la forme démocratique du pouvoir de classe. Celle-ci résulte
d’ailleurs historiquement des luttes sociales et démocratiques
des peuples et des travailleurs et est, à ce titre, partie
prenante du processus de transformation révolutionnaire de la
société. Mais
il est faux et mensonger de considérer que cette différence
entre démocratie et dictature a une portée autre que de
forme. La forme démocratique de la gouvernance bourgeoise ne
supprime pas la nature de classe du pouvoir bourgeois dans la société
capitaliste. L’hégémonie idéologique du
libéralisme, qui a remplacé les politiques keynésiennes
après 1968, renforce encore plus la mainmise sur l’Etat
du capital financier. C’est cela au fond le Capitalisme
Monopoliste d’Etat (CME) que l’opportunisme
euro-communiste a défini comme une sorte de « dépassement de
l’état classique bourgeois »
pour alimenter l’illusion que « l’Etat
démocratique » perd sa
nature de classe pour devenir un « Etat
au dessus des classes » de la
société bourgeoise. Il y a là une confusion
délibérée entre concessions bourgeoises dues au
rapport des forces entre capital et travail et changement de nature
de classe de l’Etat qui ne peut résulter que du
renversement de la dictature de la bourgeoisie par la révolution
prolétarienne.
En
réalité le passage du capitalisme naissant à son
stade suprême fait que « L'impérialisme
est l'époque du capital financier et des monopoles, qui
provoquent partout des tendances à la domination et non à
la liberté. Réaction sur toute la ligne, quel que soit
le régime politique, aggravation extrême des
antagonismes dans ce domaine également : tel est le résultat
de ces tendances. De même se renforcent particulièrement
l'oppression nationale et la tendance aux annexions, c'est-à-dire
à la violation de l'indépendance nationale (car
l'annexion n'est rien d'autre qu'une violation du droit des nations à
disposer d'elles-mêmes)… A quoi il faut ajouter que ce
n'est pas seulement dans les pays nouvellement découverts,
mais aussi dans les anciens, que l'impérialisme conduit aux
annexions, au renforcement du joug national et, partant, à
l'exaspération de la résistance »
(Lénine, chapitre IX de son ouvrage Impérialisme, stade
suprême du capitalisme).
Ces
tendances liberticides de l’impérialisme se révèlent
surtout dans les périodes de crise du système comme le
montre actuellement l’évolution socialement régressive
et guerrière et la fascisation des USA et de l’UE.
L’hégémonie mondiale exercée par les USA
et la crise de surproduction capitaliste mettent en exergue de plus
en plus clairement, comme nous l’enseigne Lénine le fait
que « la superstructure politique
qui coiffe la nouvelle économie, le capitalisme
monopoliste..., c’est le tournant à partir de la
démocratie vers la réaction politique... En politique
extérieure tout comme en politique intérieure,
l’impérialisme tend à enfreindre la démocratie,
à instaurer la réaction »
(Une Caricature du marxisme).
C’est
ainsi qu’il existe une variété de superstructures
politiques sous la dictature du capital financier, lesquelles
expriment toutes, à différents degrés, la
tendance liberticide fondamentale inhérente à
l’impérialisme à enfreindre la démocratie,
à instaurer la réaction, la dictature. En fait ces
variétés de superstructures politiques reflètent
en général le rapport de force entre le capital et le
travail dans la lutte des classes dans un pays donné, à
un moment donné.
Sans
confondre démocratie et fascisme, force est de constater qu’en
période de crise, la tendance naturelle à couver et
emprunter au fascisme s’accentue sous le capitalisme dans le
but préserver le taux de profit maximum. De ce point de vue on
peut dire que la démocratie capitaliste féconde en
période de crise le fascisme. C’est cela la fascisation
qui voit récupérer par les partis bourgeois
« classiques »
de droite et de gauche des discours et des pratiques répressives
empruntés au fascisme.
Cette
évolution a été préparée par le
contexte de relative évolution « tranquille »
sans crise majeure du capitalisme de 45 aux années 68, ces
conquêtes ont engendré d’importantes illusions
dans le mouvement ouvrier et dans les pays du Tiers Monde sur la
« société de
consommation » à crédit,
sur la « démocratie au
dessus des classes » et sur les
indépendances formelles d’ex-colonies. Ainsi quand
recommença la crise générale de l’impérialisme,
le mouvement ouvrier, populaire et les peuples opprimés
avaient été désarmés par le réformisme
social-démocrate et la capitulation des bourgeoisies
nationales apatrides.
CAUSES
SYSTEMIQUES DES NOUVELLES GUERRES COLONIALES DES USA ET DE L’UE
Dès
sa naissance, le capitalisme en tant que mode de production a été
marqué par ce que d’aucun appelle aujourd’hui la
« mondialisation ou
globalisation » ou, comme le dit L.
Parizot du MEDEF du « besoin
d’aire » . En effet la
classe sociale porteuse de ce système économique et
social, la bourgeoisie, a été boostée dans sa
recherche de la puissance économique et politique par la
découverte des matières premières minérales
comme le charbon, le fer métal, l’or et les matières
premières agricoles comme la laine, le coton, le café
dont l’exploitation exigeait une main d’œuvre ayant
comme seule possession la force de travail manuelle et/ou
intellectuelle : la classe ouvrière, le prolétariat.
C’est
ainsi qu’est né, parallèlement à la
contradiction capital – prolétariat, le système
colonial par la conquête militaire brutale du continent
américain, le génocide des amérindiens qui est
le premier grand crime contre l’humanité de l’ère
moderne, l’émigration massive des populations
européennes pour peupler le continent américain
complétée par la traite et l’esclavage des noirs
d‘Afrique. Du 15éme au 18éme siècles, le
sous continent européen sera à la fois la puissance
technologique, industrielle, financière, militaire,
stratégique et géopolitique. C’est en Europe
qu’arrivaient les matières premières pillées
en Amérique pour être transformées en produits
industriels. Au 19éme et 20éme siècles, la
seconde phase du « besoin d’aire »
capitaliste s’opéra par la conquête des empires
coloniaux. L’Europe, notamment sa partie ouest, bientôt
suivie des USA étaient « l’atelier
du monde » transformant les
matières premières agricoles et minières en
produits industriels de consommation.
Toutes
les guerres coloniales du capitalisme naissant, puis du capitalisme
en développement et enfin du capitalisme arrivé à
maturité qui s’est partagé le monde par la
conquête de vastes empires coloniaux, sans omettre les guerres
inter-impérialistes comme la guerre de 1914-1918 pour un
nouveau partage du monde, ont ceci de caractéristique :
elles ont été faites pour s’emparer des sources
de matières premières et de main d’œuvre
asservie comme esclave ou par le travail forcé afin de
transformer les richesses naturelles en marchandises industrielles.
La division du travail obéissait à la règle
suivante : Aux ouvriers des pays impérialistes la
transformation industrielle et aux peuples colonisés
l'extraction des minéraux et la production agricole.
Or
les luttes de libération nationale, au 18éme et début
du 19éme siècle sur le continent américain dans
le sillage des indépendances des USA et de Haïti, puis
celles du 20éme siècle impulsées et soutenues
par la Révolution Bolchevique, l’URSS et le camp
socialiste victorieux du Nazisme ont produit les dits pays
« émergents » comme la Chine,
l’Inde, le Brésil, le Vietnam et les nouvelles
expériences révolutionnaires, progressistes,
antilibérales comme le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur,
le Nicaragua, le Salvador, le Pérou, etc., qui s’appuient
sur l’héroïque résistance économique,
culturelle, politique et idéologique de Cuba.
Les
nouvelles conditions de réalisation du profit maximum
confèrent un caractère particulier au nouveau cycle des
guerres d’agressions coloniales de l’impérialisme
US et de l’UE contre les peuples.
En
effet le nouveau cycle des guerres impérialistes est engendré
par la nécessité pour l’impérialisme de
contrôler les sources de matières premières
stratégiques indispensables au développement des « pays
émergents ». Il s’agit de générer
des profits colossaux en contrôlant et rendant les « pays
émergents » dépendants des puissances
impérialistes pour leur accès aux matières
premières dont ils ont besoin pour continuer à se
développer. Par leur mainmise sur les richesses stratégiques
des pays producteurs, les USA et l’UE s’érigent en
usuriers rentiers fixant les conditions d’accès aux
matières premières des « pays
émergents ».
Les
monopoles du Dow Jones, du CAC40 ou du Nikkei, etc. peuvent ainsi
spéculer sur les prix, fixer les taxes, poser leurs
conditions, organiser le sabotage des économies ou les
affaiblir, mener la guerre commerciale et donc continuer à
exploiter et dominer l’économie mondiale.
Voilà
ce qui rend nécessaire pour les impérialistes des USA
et de l'UE les actuelles guerres de « faible ou moyenne
intensité » contre les pays faibles sous
développés pour les asservir. C’est le cas des
deux guerres contre l’Irak, de la guerre contre
l’ex-Yougoslavie, de celles contre l’Afghanistan, la Côte
d’Ivoire, contre la Libye et la Syrie. Il s’agit d’en
finir avec des pouvoirs qui refusent de se soumettre au diktat des
impérialistes, qui donc malgré la nature bourgeoise ou
féodale de leur régime, rejettent la domination
impérialiste et même parfois cherchent à
développer leur pays pour en faire des pays indépendants
« émergents ».
L’Irak
de Saddam Hussein, la Yougoslavie de Milosevic, la Libye de Kadhafi,
la Côte d'Ivoire de Gbagbo, la Syrie de Assad… sont
justement ce type de pays où l’argent du pétrole
et des autres richesses nationales, par le biais des nationalisations
de la production, du raffinage et même de l’industrie
pétrochimique, a doté ces pays d’un indice du
développement humain (idh) qu’on ne trouve nullement
part dans les pays soumis et serviles à l’impérialisme
de l’UE et des USA. Mieux ces pays ont investi dans des
réalisations économiques, éducatives, sanitaires
et sociales qui ont sorti leur peuple de la misère comparée
aux néo-colonies des USA et de l'UE et qui les mettent
progressivement sur les rails du développement. C’est
justement cela qui est détruit par les agresseurs
impérialistes qui, à coups de bombes et de missiles,
s’évertuent à ramener ces pays à « l’âge
de pierre » pour ensuite s'emparer des richesses de
ces pays par le système inique de la dette et du profit pour
leurs entreprises privées au prétexte soi-disant de les
« reconstruire ». En plus comme en Irak
et en Libye, à cette destruction massive des infrastructures,
des réalisations économiques et sociales, à ce
pillage des œuvres historiques et à cette prédation
gloutonne, il faut ajouter les assassinats ciblés des
ingénieurs, des savants, des chercheurs, des professeurs des
pays agressés par les impérialistes afin les rendre
dépendants pour une ou plusieurs générations.
C’est aussi en cela que l’impérialisme, c’est
la barbarie, le totalitarisme terroriste.
Les
« pays émergents » sont devenus
les nouveaux « pays ateliers » qui
produisent tout ce que la planète consomme, en particulier
tout ce que consomment l’UE et les USA, lesquels se
« désindustrialisent »
progressivement sous la houlette des « délocalisations »
qui déterminent en partie la nouvelle division internationale
du travail pour devenir encore plus que par le passé des
« pays rentiers, usuriers vivant du capital fictif ».
Il s'agit là d'un phénomène décrit par
Lénine comme la tendance propre au parasitisme usurier et à
la putréfaction de l'impérialisme.
Cette
évolution objective de la division internationale du travail
au cours de cette troisième phase de la « mondialisation
ou globalisation », c'est-à-dire de
l’internationalisation du capital à la recherche
perpétuelle du maximum de profit, est expliquée par
Lénine lui même : « Le capitalisme en
développement connaît deux tendances historiques dans la
question nationale. La première : le réveil de la
vie nationale et des mouvements nationaux, la lutte contre toute
oppression nationale, la création d’États
nationaux. La seconde : le développement et la
multiplication de relations de toutes sortes entre les nations ;
la destruction des barrières nationales, la création de
l’unité internationale du capital, de la vie économique
en général, de la politique, de la science, etc. Ces
deux tendances constituent la loi universelle du capitalisme. La
première domine au début de son développement,
la seconde caractérise le capitalisme déjà mûr
et qui va vers sa transformation en une société
socialiste. » (« Notes critiques sur la
question nationale », Œuvres, t. 20, p. 20.).
Voilà pourquoi Lénine avertit :
« L’impérialisme a développé
les forces productives au point que l’humanité n’a
plus qu’à passer au socialisme ou bien à subir
pendant des années et même des dizaines d’années
la lutte armée des grandes puissances pour le maintien
artificiel du capitalisme à l’aide de colonies, de
monopoles, de privilèges et d’oppressions nationales de
toute nature » (« Le Socialisme et la
Guerre »).
C’est
ce pourrissement du capitalisme à son stade suprême,
lequel n’a plus rien d’autre à offrir aux
travailleurs et aux peuples que misère et guerres, qui aggrave
les contradictions entre capital et travail, entre impérialisme
et peuples opprimés, signes annonciateurs que ce système
économique prédateur agonise et doit s’effacer
pour laisser place au socialisme. L’impérialisme, c’est
l’insoluble contradiction fondamentale entre socialisation de
plus en plus mondialisée de la production et accaparement
privé des profits maximums par les actionnaires du capital
financier et des monopoles.
PROGRAMME
DE DOMINATION MONDIALE DES USA ET DE L’UE
Comme
tous les impérialismes dominants à toutes les périodes
de l’histoire, les USA tentent d’imposer une division
internationale du travail selon leurs besoins et au détriment
de leurs concurrents et des « pays émergents ».
Pour ce faire ils ont besoin de pérenniser leur hégémonie
militaire et leur domination politique. Dans ce contexte, la sortie
de la crise envisagée par les impérialistes américains
est « war save america » (la guerre
sauve l’Amérique). Les présidents du capital
financier, Bush et Obama, ne pouvaient qu’exécuter les
demandes claires de ses véritables grands électeurs que
sont le complexe militaro-industriel et les pétroliers US :
« A terme cela n’a aucun sens pour les compagnies
occidentales de dépenser d’immenses sommes pour
l’exploration du pétrole devant les côtes de
l’Angola et d’y travailler à des centaines de
mètres de profondeur sous la mer, alors qu’il y a un
gigantesque champ pétrolifère de 40 milliards de barils
en surface en Irak » (dixit un des princes du pétroles
US M. Telling).
En
outre, la consommation d’armes profite aux industries
d’armement, lesquelles constituent les principaux lobbies du
monde impérialiste. Et comme celles-ci passent des commandes à
de nombreux secteurs (électronique, automobile, moteur...),
c’est la quasi-totalité des gros monopoles qui en
profitent. Le chef économiste de la BBL, Peter Vanden Houte
résume cela avec cynisme: « aussi inhumain
que cela puisse paraître: pour l’économie
mondiale, « une toute petite guerre » serait
maintenant la meilleure solution. Une guerre à l’issue
« favorable » signifierait une diminution du
prix du pétrole et des taux d’intérêts, et
une relance des cours de la bourse » (AFP 21 septembre
2002). C’est à ce niveau qu’il faut comprendre
l’importance majeure des matières premières en
général et particulièrement celles stratégiques
comme le pétrole, le gaz, l’uranium, le coltan, l’or,
etc.
Les
idéologues et stratèges de l’impérialisme
états-uniens ont commencé à planifier leur
stratégie au milieu des années 80 au moment même
où le liquidateur contre-révolutionnaire Gorbatchev
entamait sa politique de destruction de l’URSS et du camp
socialiste. Schultz, chef de la diplomatie US en 1985 notait que
« nous sommes prêts à dissuader les
Soviétiques de livrer une guerre nucléaire totale ou
d’attaquer nos principaux alliés, mais il n’est
pas du tout évident que nous soyons aussi prêts et
organisés pour empêcher et contrer la zone grise des
défis intermédiaires auxquels nous avons le plus de
chances d’être confrontés, à savoir les
conflits de faible intensité » (Le Monde
Diplomatique, avril 1991).
Le
rapport de la commission sur la stratégie intégrée
à long terme US du 10 janvier 1988 intitulé « la
dissuasion sélective » précisait que
« ces conflits de faible ou de moyenne intensité
dans le tiers monde sont à l’évidence moins
dangereux que ne le serait toute guerre soviéto-américaine
et pourtant ils ont eu et auront un effet cumulatif négatif
sur l’accès des Etats-Unis à des régions
critiques »(idem). Henri Kissinger préconisait
déjà « qu’il faut donc qu’en
plus de notre force nucléaire de représailles, nous
constituions des unités qui puissent intervenir rapidement et
soient à même de faire sentir leur puissance »
(idem). Gaspar Weinberger, Secrétaire d’Etat US à
la défense de l’époque en concluait que « la
priorité élevée que nous avons attribuée
au Spécial Operation Force (SOF) reflète notre
sentiment que les conflits de faible intensité sont la menace
à laquelle nous allons le plus vraisemblablement avoir à
faire face dans les années à venir »
(idem).
C’est
à cela aussi que servent les adhésions suscitées
des pays de l’ex-camp socialiste à l’OTAN, en plus
du rapprochement de l’OTAN aux portes de la Communauté
des Etats Indépendants (CEI), de l’affaiblissement, du
démantèlement de la Russie et de l’encerclement
de la Chine. C’est ce qui amène le PCBUS de Nina
Andrééva à faire le constat suivant : « par
leurs effectifs (3,7 millions de soldats et officiers) et le niveau
de leur équipement en armes modernes, les armées de
l'OTAN surpassent déjà maintenant les armées de
la Russie et de la Chine réunies. L'application des décisions
adoptées à Prague en novembre 2002 augmentera encore
les troupes de l'OTAN de 227.000 soldats et officiers, de 5.000 chars
et de 500 avions de combat.. Le rayon d'action de l'arme nucléaire
tactique englobera non seulement les secteurs Nord-Ouest de la
Russie, mais également ceux du centre. Mais l'affaire ne se
limite pas à cela, c'est-à-dire que la Georgie,
l'Azerbaïdjan, l'Ukraine frappent avec toujours plus
d'insistance à la porte de l'OTAN. A la rencontre de Prague,
on a également examiné la question de l'élargissement
de la coopération de l'OTAN avec les pays neutres: la
Finlande, la Suède., l'Autriche et la Suisse »
(tiré des Nouvelles d’URSS, N°41, février
2003). Ainsi pour préserver leur hégémonie,
les États-Unis n’hésitent pas à «
recourir aux mesures préventives unilatérales de
caractère militaire à l'encontre des Etats qui, de
l'avis de Washington, peuvent présenter une menace potentielle
pour les USA. Ce postulat, camouflé derrière la
nécessité de lutter contre le terrorisme international,
répudie totalement les principes de la souveraineté et
de l'égalité des Etats qui ont été
confirmés comme principes intangibles du droit international
depuis déjà la paix de Westphalie en 1648. Dans les
Statuts de l’ONU, la menace d'employer la force ou son emploi
contre l'inviolabilité territoriale ou l'indépendance
des États sont reconnus comme illégaux, tandis que la
«guerre préventive» est définie comme crime
de guerre par le Tribunal de Nuremberg » (déclaration
du PCbUS in Nouvelles d’URSS, N°41).
Remontons
plus loin dans le passé. Il faut signaler qu’un
mémorandum de septembre 1950 du Département d’Etat
US éclaire nettement le sens de ce qui arrive aujourd’hui
à travers les guerres d’agression états-unienne :
« Le contrôle de cette source d’énergie,
le pétrole, importante dans la paix comme dans la guerre est
un objectif souhaitable en soi (…). Les gouvernements des
Etats-Unis devraient s’efforcer de développer au maximum
les concessions (pétrolières) américaines »
(Le Monde Diplomatique, avril 1991). Et David L. Boren, sénateur,
président de la Commission chargée du renseignement
(CIA), d’élargir le champ d’application de la
stratégie hégémonique US du « nouvel
ordre mondial » né de la défaite de
l’URSS : « Nous avons eu des relations
étranges et symbiotiques avec l’URSS (…). Le
déclin de l’Union Soviétique (…) pourrait
tout aussi bien entraîner le déclin des Etats-Unis (…).
Les pays européens, le Japon et d’autres pays ont
volontiers accepté la direction américaine au cours des
décennies passées. Pourquoi ? Parce qu’ils
avaient besoin de nous (…). Seront-ils désireux, dans
ce nouveau contexte, d’accepter la direction des Etats-Unis,
comme c’était le cas, il y a quelques mois ? Je ne
le pense pas » (idem).
Comme
nous l’écrivions dans notre analyse intitulée
« Nous sommes tous Irakiens et Palestiniens »,
La Maison Blanche n’hésite plus à menacer
ouvertement même ses « alliés »
européens et japonais (en plus de la Russie et de la Chine).
Elle déclare dans The National Security Strategy of the United
States of America de septembre 2002 : « Nos forces
seront suffisamment puissantes pour dissuader tout adversaire qui
tenterait de dépasser, ne fût-ce même que
d’égaler, la puissance militaire des Etats-Unis »
(brochure du Cercle Henri Barbusse, conférence sur la
guerre du Golfe d’avril 1991).
C’est
le Dr. Peter Pham, conseillé des départements d’état
et de la défense US qui l’explique encore plus
ouvertement : « parmi les buts ultimes de
l’AFRICOM, était le but de protéger les accès
en hydrocarbures et autres ressources stratégiques dont
l’Afrique est riche, une tâche qui incluait de s’assurer
contre la vulnérabilité de ces richesses naturelles et
de s’assurer qu’aucunes tierces parties comme la Chine,
L’inde, le Japon ou la Russie, ne puissent obtenir un monopole
ou des traitements de faveur »( cité par F.
William Engdahl, mondialisation.ca du 27 septembre 2011). Il ajoute
les précisions suivantes : « Ces ressources
et richesses naturelles font de l’Afrique une cible facile pour
les attentions de la République Populaire de Chine, dont la
dynamique économique… a une soif quasi insatiable de
pétrole et de besoins pour d’autres ressources
naturelles. La Chine importe à l’heure actuelle
approximativement 2,6 millions de barils de pétrole brut par
jour, environ la moitié de cette consommation, de l’ordre
de 765.000 barils par jour, environ un tiers de ses importations,
proviennent de ses sources africaines, spécialement du Soudan,
de l’Angola et du Congo (Brazzaville). Est-ce étonnant
donc par conséquent qu’aucune région du monde
autre que l’Afrique ne rivalise avec l’intérêt
stratégique de la Chine ces dernières années…
De manière intentionnelle ou non, beaucoup d’analystes
attendent que l’Afrique, spécifiquement les états
du long de sa très riche côte occidentale, va devenir le
théâtre d’une concurrence stratégique entre
les Etats-Unis et sa seule réelle concurrence à
l’échelle globale, la Chine, alors que les deux pays
cherchent à étendre leur influence et sécuriser
l’accès aux ressources » (idem).
On
aura tous compris qu’il s’agit ici des bases du programme
militaire de préservation de la domination mondiale de
l’impérialisme US. Ce programme nécessite la mise
en place d’un « axe » occidental
avec ses alliés des puissances de l’UE, d’Israël
qui intègre aussi les théocraties féodales
moyenâgeuses intégristes de l’Arabie Saoudite, du
Qatar, des Emirats Arabes, du Koweït, etc. L’alliance avec
les islamistes fascistes (qui utilisent la religion à des fins
politiques, ce qui n’a rien à voir avec la grande
majorité des musulmans) n’est pas nouvelle. Cette
alliance avec les réseaux terroristes des « fous
de dieu » d’El-qaïda avait été
nouée contre la République laïque, démocratique
d’Afghanistan, l’armée soviétique et le
communisme.
USA
ET UE SONT AU MONDE CE QU’ONT ETE LES FASCISMES ALLEMAND,
JAPONAIS
Dans
les années 30, les Nazis avaient mis en place un programme
d’écrasement du mouvement ouvrier trop influencé
à leur goût par le communisme à l’intérieur
de leurs pays, de destruction par la guerre totale de l’URSS au
nom de « l’espace vital » et de
conquête de l’hégémonie mondiale en faisant
main basse sur les territoires de leurs autres concurrents
impérialistes en plus de leurs possessions coloniales.
La
différence notable réside dans le fait que l’hégémonie
mondiale des capitalistes Anglais des 18éme et 19éme
siècle s’est réalisée par la conquête,
l’annexion et l’exploitation de vastes « empires
coloniaux » en Amérique, en Asie, dans le
pacifique et en Afrique. Cette hégémonie consistait à
se tailler la part du lion des colonies au détriment des
autres rivaux Français, Espagnoles, Portugais, Allemands, etc.
et à réduire les populations en main d’œuvre
esclave à exterminer par le travail et les massacres.
Les
impérialistes fascistes du 20éme siècle ont,
eux, importé et appliqué les mêmes méthodes
en annexant directement les territoires des autres concurrents
impérialistes en Europe en plus de leurs colonies. C’est
dans ce cadre qu’il faut situer la transformation des
« populations inférieures »
(Slaves, Juifs, Serbes, Gitans/Tziganes) en main d’œuvre
esclave à exterminer quand on en a plus besoin. Appliquer aux
« Etats et Nations des seigneurs »
colonialistes les recettes de la barbarie totalitaire coloniale est à
la base du « particularisme » chauvin
qui consiste à différencier la sauvagerie des fascistes
en Europe et celle des colonialistes dans les autres parties du monde
tout en alimentant cette sordide « compétition
mémorielle » entre victimes des différents
génocides du capitalisme sous sa forme coloniale ou fasciste.
A
partir de 1945, les USA ont pris la tête du monde capitaliste
pour obtenir la défaite du socialisme, de l’URSS par
« l’endiguement du communisme »,
le « American Way of life »,
l’utilisation des ex-nazis dans la lutte contre le
socialisme réel, les guerres de « faibles
intensité » comme celle du Vietnam, la division
du mouvement communiste international par le Titisme puis par le
révisionnisme et l’eurocommunisme, le rapprochement avec
la Chine, la corruption des partis communistes de certains grands
pays impérialistes, le soutien au mouvement national bourgeois
conciliateur dans les pays colonisés, l’aide à la
répression des mouvements de libération nationale
révolutionnaire et des communistes comme en Indonésie,
la déstabilisation du camp socialiste avec les « dissidents »,
la montée au pouvoir et la capitulation progressive des
révisionnistes en URSS et dans le camp socialiste.
Cette
stratégie US et de ses alliés Européens et
Japonais s’est déroulée aussi par des
concessions aux luttes ouvrières et populaires et aux
luttes de libération nationale, lesquelles ont débouché
sur d’importantes conquêtes sociales, démocratiques
dans les pays impérialistes et les indépendances
nationales des ex-colonies.
A
partir des années 70, le capitalisme entre en crise
structurelle de surproduction. Les institutions de Brettons Woods
(FMI, la Banque Mondiale), le GATT puis plus tard l’OMC seront
les instruments du capital financier dominé par les grands
patrons de Wall Street pour, au nom de la « dette du
tiers monde », mettre sous coupe réglée
les pays du Sud sous la forme des plans libéraux d’ajustement
structurel, les dévaluations monétaires en Amérique
du sud, au Moyen Orient et en Afrique. C’est le triomphe de la
pensée unique libérale qui, expérimentée
dans les pays du Sud sous la forme des recettes libérales, est
maintenant ré-importée dans les pays impérialistes
eux mêmes.
Le
tournant majeur sera la défaite du camp socialiste et la
restauration du capitalisme en URSS que l’idéologue US
Francis Fukuyama définira comme « la fin de
l’histoire » annonciatrice du « capitalisme
éternel ».
Libéré
de la bride qu’était le camp socialiste qui le retenait,
l’impérialisme US et UE s’est lancé à
l’échelle nationale de chaque pays et du monde dans un
vaste programme libéral de remise en cause des acquis sociaux
et démocratiques des travailleurs conquis par les luttes dans
la période précédente et de guerres coloniales
pour en finir avec les conquêtes nationales démocratiques
des peuples, Etats et Nations anciennement colonisés en
accélérant le processus de « re-mondialisation »
du capital.
Toutefois,
les rescapés de la défaite du camp socialiste dans
lesquels le facteur national avait été un moteur
important et décisifs des révolutions populaires comme
la Chine, le Vietnam, la Corée du nord, Cuba, bientôt
rejoints par les ex-colonies comme l’Inde et les pays de l’ALBA
(Venezuela, Bolivie, Equateur, Nicaragua, etc.) plus la Russie et
l’Afrique du Sud se sont maintenus hors de la soumission au
diktat occidental. Et sur la base de politiques anti-libérales,
s’appuyant sur la maîtrise par l’Etat de leviers
économiques stratégiques, ces pays sont devenus des
« pays émergents » qui résistent
et combattent l’hégémonie mondiale des puissances
impérialistes d’Amérique du nord et d’Europe.
Attirés
par les « marchés » de ces pays
et les taux de profit plus élevés, les monopoles
capitalistes se sont lancés dans les délocalisations
mises à profit par les « pays émergents »
pour s’engager à combler et rattraper leur retard
économique, industriel, technologique, scientifique, financier
et militaire.
Ce
développement économique est en train de bouleverser le
rapport des forces géostratégiques et géopolitiques
au détriment des puissances impérialistes US et de
l’UE. D’où leur hystérie guerrière
dans le but de préserver et pérenniser leur hégémonie
séculaire.
RETOUR
A L’INTERNATIONALISME CONTRE L’IMPERIALISME
Face
à la guerre impérialiste déroulée par les
USA avec ses alliés de l’UE et des Emirats salafistes,
wahabites, frères musulmans des pétrodollars, le
mouvement ouvrier et progressiste des puissances fauteurs de guerres
est désarmé et les pays victimes subissent les
agressions impérialistes.
Ainsi
on a assisté à la capture du président Gbagbo en
Côte d’Ivoire, de Milosevic en ex-Yougoslavie et aux
assassinats de Saddam en Irak et Kadhafi en Libye. A chaque fois
l’ONU, son Conseil de Sécurité, ont docilement
obéi aux injonctions guerrières des USA et des va-t-en
guerre de l’UE. Les impérialistes US, Français,
Anglais, Israéliens et les théocraties des pétrodollars
se sont autoproclamés représentants de la « communauté
internationale ».
Mais
les alliés aussi doivent être soumis au partage
des rôles que décident les USA et exécuter leurs
exigences comme le montre l’apparent rôle
« d’avant-garde » en Libye de
Cameron et Sarkozy et de Hollande en Syrie avec l’échec
retentissant que l’on doit à Poutine et au Parti
Communiste de Chine.
Il
s’agit là d’un bouleversement stratégique
d’une portée et d’une importance majeure. En
effet, depuis 1991 le nouveau cycle des guerres coloniales décidé
par les USA vient enfin seulement de buter sur l’opposition
déterminée des BRICS (Brésil, Russie, Inde,
Chine et Afrique du Sud) et de l’Alliance Bolivarienne
d’Amérique du sud.
Cette
situation nouvelle reflète à la fois la prise de
conscience de la dangerosité des impérialistes US et de
l’UE pour le monde et la nécessité de constituer
un front mondial des Etatsn des Nations et des peuples pour y faire
face. Le vote du parlement Anglais contre la guerre en Syrie découle
du fait que c’est l’un des rares pays dans lequel un
mouvement pacifique n’a cessé de se manifester à
chaque guerre. Ce vote est aussi un facteur important qui a contraint
Obama à en appeler au Congrès en plantant Hollande en
plein milieu du gué de ses délires guerriers.
Mais
alors où en est ce qui reste du mouvement ouvrier communiste,
de la gauche révolutionnaire progressiste, du mouvement
démocratique pour la paix ? Comment se fait-il qu’il
semble inexistant ? Pourquoi ignore t-on le lien évident
entre régression sociale dans les pays agresseurs et guerres
impérialistes à l’extérieur ?
Le
Cercle Henri Barbusse partage cette interpellation de la « gauche
occidentale » par les 86 partis de la gauche Sud
Américaine lors du XVIIéme Forum de Sao Paulo à
Managua : « Le montage médiatique occidental
contre la Libye et la collaboration avec cette campagne de la part de
tant de courants qui se disent de gauche ou anti-impérialistes
marquent le point de non-retour pour de nombreuses personnes. Ce fut
un moment où il était encore possible de retarder et de
rendre plus difficile l’agression barbare tramée contre
la Libye par le gouvernement des États-Unis et ses
pions-complices de l’OTAN. A ce moment la grande majorité
de l’opinion de gauche dans les pays du bloc occidental
appuyait le schéma agressif impérialiste contre la
Libye » (Dick Emanuelson, Jorge Capelán et Toni
Solo).
Réagissant
à l’échec de l’agression impérialiste
contre la Syrie, c’est l’organisation trotskiste NPA qui
exprime de la manière la plus limpide ce que l’on ne
peut que qualifier de complicité avec Obama/Hollande/Cameron :
« Sans que le monde
en prenne conscience, l’insurrection syrienne est en train
d’écrire une des pages les plus héroïques de
l’histoire des révolutions populaires. Déterminé
à faire tomber une dictature aussi féroce que
corrompue, rarement un peuple aura résisté aussi
longtemps, quasiment abandonné face à ses ennemis »
(Brève
déclaration du NPA du Vendredi 18 octobre 2013). Leur
résolution du CPN 22 septembre 2013 déclare « Il
y a donc de nombreuses justifications contre l’intervention
militaire occidentale. Mais il y en a aussi de nauséabondes,
comme celles des pro-Bachar et de l’extrême
droite mondiale, qui défendent la dictature au nom de la
lutte contre le ‘terrorisme islamiste’. (…) Les
anticapitalistes et les révolutionnaires ont un rôle
irremplaçable pour convaincre largement que la révolution
syrienne mérite d’être défendue, contre
tous les impérialismes, et contre les mensonges propagés
pour la dénigrer, y compris à gauche, qui aboutissent à
renvoyer dos à dos les camps en présence, au profit de
la montée du racisme anti-arabe. Nous cherchons en même
temps à soutenir toutes les initiatives visant à aider
les forces qui partagent notre combat pour l’organisation du
mouvement ouvrier et populaire en toute indépendance de
classe, pour la poursuite de la révolution syrienne vers une
société sans exploitation ni oppression. Dans ce cadre,
nous relayons la campagne de solidarité financière avec
le Courant de la Gauche Révolutionnaire syrien ».
C’est la même rengaine trotskiste présentant
Saddam, Milosevic, Kadhafi, Assad comme les « principaux
ennemis à abattre », exactement ce que veulent
et font les impérialistes.
Cette
position trotskiste social-démocrate est à l’extrême
opposée de celle des 86 partis Sud Américain qui
déclarent fermement : « La résolution
appelle à ‘ mettre fin immédiatement aux
bombardements, aux actions militaires en Libye et à organiser
un dialogue national pour que de manière souveraine et sans
ingérence le peuple libyen puisse décider de son
avenir’. Les dirigeants de la gauche latino-américaine
demandent aux Nations Unies de créer une commission
internationale pour stopper le conflit armé, et réaffirment
leur soutien aux initiatives de paix de l’ALBA, de l’Union
Africaine et du groupe intégré par le Brésil, la
Russie, la Chine et l’Afrique du Sud ».
La
gauche révolutionnaire et progressiste Sud Américaine
précise fort justement : « Rappelons que
l’information selon laquelle le dictateur Kadhafi ‘bombarde
la population de Tripoli’, qui fut le déclic émotionnel
de la résolution de l’ONU et des campagnes médiatiques
pour l’intervention, a depuis été démentie
par les envoyés sur place de Il Manifesto (Italie), de
Telesur, ainsi que par des experts de l’armée russe et
états-unienne... Paradoxalement les massacres croissants de
civils libyens par l’OTAN, les massacres au Yémen, au
Bahreïn, en Afghanistan, en Palestine, en Côte d’Ivoire,
etc. ou les initiatives de paix latino-américaine et
africaine, n’ont suscité qu’un moindre intérêt
de ces secteurs. Ce déclin idéologique s’explique
de diverses manières : coupure des secteurs populaires,
glissement à droite de la société européenne,
repositionnement défensif face aux émancipations du
Sud, condescendance par rapport aux gauches d’autres
continents, catharsis anti-Chavez et images de marque
‘anti-totalitaires’ à soigner sous la pression de
la dictature médiatique, etc. » (idem).
Différenciant
nettement les processus révolutionnaires en Tunisie et en
Egypte des déstabilisations prétextes des guerres
coloniales en Libye, Côte d’ivoire, en Syrie, nos
camarades de la gauche Latino-américaine ajoutent : « Les
rébellions populaires dans les pays arabes parmi lesquelles se
détachent la Tunisie et l’Egypte nous montrent que les
peuples ne peuvent rester passifs éternellement mais nous
rappellent aussi que la réaction mondiale et l’impérialisme
ne resteront jamais indifférents et feront ce qu’il faut
pour empêcher la poussée révolutionnaire ».
Montrant
la complicité de la gauche européenne, ils rappellent
que la colonisation est encore une réalité de ce monde
sous le joug des impérialistes US et Européens :
« La persistance du colonialisme constitue une
situation particulièrement grave pour notre continent, qui
affecte directement Puerto Rico, la Martinique, la Guadeloupe,
Curaçao, Aruba, Bonaire, la "Guyane française"
et les îles Malouines argentines » (idem) sans
oublier la Kanaky, la Réunion, etc.
Ce
débat pose la question fondamentale de l’internationalisme
prolétarien et de la solidarité entre les peuples sans
lesquels l’impérialisme ne peut être vaincu. Il
pose la question de la liaison indissoluble entre révolution
prolétarienne dans les pays impérialistes et
révolutions nationales anti-impérialistes dans les pays
opprimés.
En
1915, Lénine démasquait les opportunistes qui
soutenaient la guerre impérialiste ainsi: « Les
(communistes) ont toujours entendu par guerre ‘défensive’
une ‘guerre juste’, dans ce sens(...) que les
(communistes) reconnaissent et continuent de reconnaître
le caractère légitime, progressiste, juste de la
‘défense de la patrie’ ou d’une ‘guerre
défensive’. Par exemple, si demain le Maroc déclarait
la guerre à la France, l’Inde à l’Angleterre,
la Perse ou la Chine à la Russie etc... ce seraient des
guerres justes, défensives quel que soit celui qui commence et
tout (communiste) appellerait de ses vœux la victoire
des Etats opprimés, dépendants, lésés
dans leurs droits, sur les grandes puissances oppressives,
esclavagistes, spoliatrices »(Le socialisme et la
Guerre).
Et
Staline expliquait la justesse de cette politique révolutionnaire
par le fait que « le Léninisme a prouvé,
et la guerre impérialiste et la Révolution en Russie
l’ont confirmé, que la question nationale ne peut être
résolue qu’en liaison avec la Révolution
Prolétarienne et sur le terrain de celle-ci. Qu’en
Occident, le chemin de la victoire passe par l’alliance
révolutionnaire avec le mouvement de libération des
colonies et des pays dépendants contre l’impérialisme.
La question nationale est une partie de la question générale
de la Révolution Prolétarienne, une partie de la
Dictature du Prolétariat »(Question Nationale
et Coloniale).
La
question du soutien internationaliste à la lutte des peuples
opprimés est « une partie de la question
générale de la révolution prolétarienne
subordonnée à l’ensemble et demandant a être
examinée du point de vue de l’ensemble »(Staline,
idem). Aussi pour déterminer une position internationaliste,
il faut comprendre le fait que « dans les conditions de
l’oppression impérialiste, le caractère
révolutionnaire du mouvement national n’implique pas
nécessairement l’existence d’éléments
prolétariens dans le mouvement, l’existence d’une
base démocratique du mouvement » (idem).
Enfin Staline cite l’exemple donné par Lénine
qui disait que « la lutte de l’émir afghan pour
l’indépendance de l’Afghanistan est objectivement
une lutte révolutionnaire, malgré le tour monarchiste
des conceptions de l’Emir et de ses partisans, car, elle
affaiblit, désagrège et sape l’impérialisme.
Cependant que la lutte des démocrates et des « socialistes »
à tout crin, des révolutionnaires et républicains
tels que par exemple Kerenski et Tsérétéli,
Renaudel et Scheidemann, Tchernov et Dan, Henderson et Clynes,
pendant la guerre impérialiste (pour la défense de
la patrie) était une lutte réactionnaire, car elle
avait pour résultat de maquiller, de consolider, de faire
triompher l’impérialisme »(idem,
Staline).
Objectivement
Saddam, Milosevic, Kadhafi, Gbagbo, Assad, Béchir, Mugabe,
etc., par leur résistance participent à saper, à
affaiblir, à désagréger l’hégémonie
criminelle des impérialistes US et de l’UE. Leur
résistance démasque les impérialistes en
accélérant la prise de conscience des travailleurs et
des peuples sur la nature guerrière intrinsèque du
capitalisme mondialisé. Leur résistance facilite
jusqu’à un certain point, pour autant que la classe
ouvrière s’en saisisse, la compréhension entre
régression sociale, paupérisation des travailleurs en
occident et guerres coloniales.
De
même les seuls qui méritent vraiment le « prix
Nobel de la paix » ne sont pas les infâmes
Obama, UE ou AIEA, mais Poutine et Xi Jinping que le NPA qualifie
« d’extrême droite » (sic !)
pour avoir momentanément arrêtés par leur fermeté
les bras armés des gredins impérialistes de l’OTAN
en Syrie et ont donc sauvé la paix. C’est ainsi que la
presse impérialiste s’est tue honteusement sur cette
information décisive révélée par
Afrique Asie de novembre : « Deux missiles balistiques
sont détectés en Méditerranée par les
radars de la station d’Armavir … de
Krasnodar...appartenant aux Forces de défense aérospatiales
russes en charge de la surveillance du Proche-Orient …l’un
des missiles est neutralisé par un intercepteur russe ;
le second s’abîme en mer, vraisemblablement à la
suite du déclenchement de contre-mesures
électroniques…Ultérieurement l’état-major
syrien confirme les tirs en annonçant qu’aucun
projectile n’a touché son territoire…ces deux
missiles en question sont de type Blue Sparrow. Fabriqué par
la firme Israélienne Rafael…Après la
neutralisation des deux missiles, la direction du renseignement russe
a contacté son homologue américaine pour l’informer
que ‘frapper Damas équivaudrait à frapper
Moscou’. Nos sources militaires russes ajoutent avoir
‘délibérément omis, dans le communiqué
officiel, la phase d’interception des deux missiles, pour
sauvegarder la relation bilatérale, afin de ne pas provoquer
d’escalade. Enfin il s’agissait de confirmer à nos
interlocuteurs la présence d’un important dispositif
aéronaval russe en Méditerranée’.
L’événement du 3 septembre 2013 aurait ainsi
provoqué des échanges ‘soutenus, suivis et
constructifs’ entre Moscou et Washington avant le sommet du
G-20 de Saint Pétersbourg (5 au 6 septembre 2013) ».
Il
est loin le temps où le PCF mettait en grève des
milliers, des centaines de milliers d’ouvriers contre la guerre
coloniale du Rif Marocain dans les années 20, où le
mouvement communiste international impulsait les luttes sociales et
anti-guerres comme celle du Vietnam, de l’Algérie dans
les années 60.
Les
trotskistes, les sociaux démocrates continuent aujourd’hui
encore leurs basses œuvres pour paralyser le mouvement ouvrier
et les peuples dans leurs luttes légitimes contre le capital
financier et camouflent par le « Ni Saddam, ni Kadhafi,
ni Assad, ni Iran-Ni impérialistes » leur
soutien conscient aux impérialistes des USA et de l’UE.
Sauf
que l’implication de la Russie et de la Chine, qui ont empêché
la guerre annoncée par Hollande contre la Syrie, re-dispose
les forces en présence à l’échelle
planétaire. Il apparaît maintenant de plus en plus que
le globe se divise en deux fronts constitutif de la géopolitique
mondiale : le front des agresseurs impérialistes que sont
les USA, l’UE, Israël, les théocraties des
pétrodollars pour maintenir leur hégémonie
mondiale et le front des pays, peuples, Nations, Etats agressés
qui résistent aux va-t-en-guerre qui prennent le chemin des
Nazis d’autant.
Les
impérialistes fabriquent en inversant les rôles des
« ennemis de la paix, des terroristes, des dictatures
qu’il faut punir, et dont il faut débarrasser les
peuples », ils se donnent la posture des
« civilisateurs » d’antan au nom
du « droit d’ingérence humanitaire »,
ils disent que la « paix est à ce prix »,
mais comme l’enseigne Karl Marx démasquant les
prédateurs capitalistes : « De tous les dogmes
des politiques fanatiques de notre temps, aucun n’a causé
autant de dommage que celui qui dit: ‘pour obtenir la paix, on
doit préparer la guerre’. Cette grande vérité,
dont la caractéristique notable est qu’elle contient un
grand mensonge: le cri de guerre, qui a appelé toute l’Europe
à s’armer et à générer un tel
fanatisme belligérant que chaque nouveau traité de paix
est vu comme une nouvelle déclaration de guerre, et est
avidement exploité. Au moment où les Etats d’Europe
sont devenus autant de champs armés, dont les mercenaires
brûlent du désir de bondir l’un sur l’autre
et de se trancher la gorge l’un l’autre pour la plus
grande gloire de la paix, la seule considération avant chaque
déclenchement de guerre concerne simplement les insignifiants
détails de savoir de quel côté on doit être.
Aussitôt que cette considération fortuite est réglée
de façon satisfaisante par les parlementaires diplomatiques
avec l’aide du vieux slogan ‘pour obtenir la paix,
on doit préparer la guerre’, l’une de ces guerres
de civilisation commence dont la barbarie frivole appartient au
meilleur temps des voleurs de grands chemins, et que leurs perfidies
astucieuses appartiennent exclusivement à la période la
plus moderne de la bourgeoisie impérialiste »(cité
dans Correspondance Internationale N°3, printemps 1981).
L’humanité
va vers des épreuves encore plus graves que celles imposées
au monde par le projet Nazi d’hégémonie
mondiale qui a causé plus de 50 millions de morts parce que
« La loi qui convient le mieux à la notion de
loi économique fondamentale du capitalisme est celle de la
plus-value, celle de la naissance et de l’accroissement du
profit capitaliste. En effet, elle détermine les traits
essentiels de la production capitaliste. (...) Les traits principaux
et les exigences de la loi économique fondamentale du
capitalisme actuel pourraient être formulés à peu
près ainsi : assurer le profit capitaliste maximum par
l’exploitation, la ruine et l’appauvrissement de la
majorité de la population d’un pays donné, par
l’asservissement et le pillage systématique des peuples
des autres pays, surtout des pays arriérés, et enfin
par les guerres et la militarisation de l’économie
nationale utilisées pour assurer les profits les plus
élevées » (J. Staline, Les Problèmes
économiques du socialisme en U.R.S.S., 1952).
Cette
marche à pas forcés des impérialistes vers la
guerre, notamment l’affrontement militaire avec la Russie et la
Chine, l’Inde et le Brésil, pour ne citer que les pays
qui, par leur développement économique, changent les
rapports des forces en présence au détriment des
impérialistes US et de l’UE conduit à une
conflagration mondiale qui sera fatale, croyons nous, aux brigands
impérialistes US et de l’UE.
Le
rôle et la tâche des communistes est de se mettre à
la tête des travailleurs et des peuples pour jeter à
jamais le capitalisme mondialisé à la poubelle de
l’histoire. Les travailleurs, le mouvement communiste, les
forces progressistes anti-libérales doivent dire NON aux
guerres coloniales et les peuples doivent résister aux
agressions terroristes impérialistes. Et dans le cas d’une
guerre mondiale déclenchée par les USA et l’UE,
par exemple contre la Chine et la Russie, la réponse doit être
le défaitisme révolutionnaire qui conduira au
renversement révolutionnaire de la dictature du capital.
Ce
travail passe par l’organisation des luttes et dès que
possible de la contre offensive du mouvement ouvrier confronté
à la régression sociale en faisant la liaison active de
ce front intérieur avec les résistances des peuples,
des Nations, des Etats visés par le nouveau cycle des guerres
impérialistes.
Pour
faire et réaliser cela, il faut régler le compte sur le
plan idéologique et politique à l’opportunisme de
droite social-démocrate et à l’opportunisme de
gauche trotskiste. Tel est le travail à accomplir aujourd’hui,
travail que les communistes éparpillés doivent prendre
en charge dans l’unité d’action, étape vers
l’unification dans un seul et même parti communiste.
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