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Crise du capitalisme, récession sociale et nouveau cycle des guerres impérialistes

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Le spectre de la guerre qui hante l’humanité est dans nos murs. Depuis 1991 se sont succédé l’Irak, la Somalie, la Yougoslavie, l’Afghanistan, la Palestine, la Côte d’Ivoire, la Libye, le Mali et maintenant l’échec provisoire en Syrie. Ces guerres ont été et sont à l’instigation des puissances impérialistes – USA et UE (en particulier Royaume Uni et France) – qui dominent, exploitent et oppriment le reste de la planète depuis le 16éme siècle. Les mêmes puissances et leurs monopoles capitalistes alimentent aussi les guerres locales en Congo RDC, en Centrafrique, en Somalie, en Colombie, etc.

Parallèlement les diktats libéraux économiquement et socialement désastreux imposés aux pays, Etats, Nations et peuples dominés du Sud sont importés par le capital financier monopoliste à l’intérieur même des pays riches au nom de la « dette » et des « déficits » écrasant toutes les conquêtes sociales et démocratiques obtenues par le mouvement ouvrier et populaire à partir de 1945.

Guerres et régression sociale sont à la base de la montée du fascisme dans les pays capitalistes dominants et aussi dans les pays du Sud.

Guerres et régression sociale sont les deux faces de la même médaille du capitalisme mondial en crise.

Le Cercle Henri Barbusse n’a cessé, par ses écrits antérieurs sur chacune des guerres, sur chaque offensive libérale et sur chaque montée électorale du fascisme ou chaque action terroriste fasciste, de tirer la sonnette d’alarme sur ses phénomènes inhérents à l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, et à sa crise systémique.

Nous voulons montrer ici le lien dialectique entre ces phénomènes, dénoncer les obstacles idéologiques et politiques à la prise de conscience de classe qui empêchent le développement libre et large de la lutte des classes contre le capitalisme en crise, ses régressions sociales, anti-démocratiques et ses guerres de « faible » et « moyenne intensité », étape vers la guerre mondiale impérialiste.


EMPRUNTS DE LA DEMOCRATIE AU FASCISME   

Cette affirmation peut sembler exagérée à beaucoup vu le voile de l’apparence d’une « démocratie pluraliste » aux USA et dans l’UE. Certains opposeront plutôt la comparaison avec l’Angleterre, la France au 19éme siècle pour réfuter le parallèle avec les fascismes du 20éme siècle en raison de la différence réelle entre les deux formes de la dictature de classe du pouvoir bourgeois : « démocratique » aux USA et dans l’UE et terroriste avec le Nazisme et le militarisme impérial au Japon.

Mais la forme ne doit pas nous cacher le fond, c’est à dire quelle classe servent les formes parlementaires pluralistes ou tyranniques du pouvoir d’Etat ? La nature de classe entre démocratie bourgeoise et fascisme est la même, à savoir la classe des capitalistes, mais à partir de 1945 l’impérialisme sous des apparences « démocratiques » a beaucoup emprunté au fascisme dans la lutte contre le communisme, le camp socialiste et l’URSS en plus de ses tendances liberticides naturelles. 

On peut voir les manifestations de ces emprunts au fascisme avec l’espionnage mondial de la NSA, les tortures de Guantanamo et Abu Graïb, les prisons secrètes US dans les pays d’Europe, le paiement par Strauss Kahn de l’argent pour éviter la condamnation par les tribunaux, le vote parjure des parlementaires pour contourner le NON du peuple au TCE, la  décision de justice sans effet concret pour les Contis qui annule la fermeture de l’entreprise, la fabrication par des lois racistes de sans papiers comme main d’œuvre quasi gratuite, la destruction impunie de l’écosystème par les grandes entreprises capitalistes, l’existence reconnue dans le budget des entreprises, notamment aux USA, de sommes destinées à corrompre les parlementaires, le pouvoir des lobby des armes qui provoquent les tueries mêmes d’enfants robotisés par les jeux et films, l’impunité des crimes racistes, la toute puissance du complexe militaro-industriel à l’origine des guerres, le trafic de la drogue mondialement organisé, le droit de polluer contre de l’argent des grands monopoles capitalistes, la marchandisation  de tout ( santé, éducation, eau, l’air, les enfants, etc.).

La « démocratie », c’est le pouvoir de l’argent roi, celui du capital financier US et de l’UE qui a mis en place et commande les institutions financières à son seul profit (OMC, FMI, Banque Mondiale). Il en est de mêmes des institutions politiques, judiciaires et militaires comme l’ONU, la CPI, le TPI et l’OTAN, etc. C’est un programme unique des partis dominants du bipartisme droite et gauche couvert par le vernis du multipartisme.

La « démocratie », c’est encore l’organisation des coups d’état dans les semi-colonies pour y installer des pro-consuls qui exécutent les décisions prises par le capitalisme financier et ses puissances étatiques que sont les USA et l’UE, ce sont des firmes monopolistes comme AREVA, TOTAL , SHELL, EXON MOBILE, NESTLE, UNITED FRUIT… qui contrôlent le sous sol, le sol de pays entiers au détriment des populations surexploitées et opprimées et parfois réduites à la faim, c’est ainsi la mise à mort de la souveraineté des petites Nations, c’est le diktat des plans d’ajustement structurel libéraux, l’imposition de monnaies coloniales comme le CFA aux pays de l’ex-Afrique Occidentale Française (AOF) et l’ex-Afrique Equatoriale Française (AEF) de l’ex-empire colonial Français d’Afrique, plans libéraux qui sont aujourd’hui ré-importés dans les pays impérialistes eux mêmes, etc.

Toutefois les peuples et les travailleurs ne sont pas indifférents à la forme démocratique du pouvoir de classe. Celle-ci résulte d’ailleurs historiquement des luttes sociales et démocratiques des peuples et des travailleurs et est, à ce titre, partie prenante du processus de transformation révolutionnaire de la société. Mais il est faux et mensonger de considérer que cette différence entre démocratie et dictature a une portée autre que de forme. La forme démocratique de la gouvernance bourgeoise ne supprime pas la nature de classe du pouvoir bourgeois dans la société capitaliste. L’hégémonie idéologique du libéralisme, qui a remplacé les politiques keynésiennes après 1968, renforce encore plus la mainmise sur l’Etat du capital financier. C’est cela au fond le Capitalisme Monopoliste d’Etat (CME) que l’opportunisme euro-communiste a défini comme une sorte de « dépassement de l’état classique bourgeois » pour alimenter l’illusion que « l’Etat démocratique » perd sa nature de classe pour devenir un « Etat au dessus des classes » de la société bourgeoise. Il y a là une confusion délibérée entre concessions bourgeoises dues au rapport des forces entre capital et travail et changement de nature de classe de l’Etat qui ne peut résulter que du renversement de la dictature de la bourgeoisie par la révolution prolétarienne.        

En réalité le passage du capitalisme naissant à son stade suprême fait que « L'impérialisme est l'époque du capital financier et des monopoles, qui provoquent partout des tendances à la domination et non à la liberté. Réaction sur toute la ligne, quel que soit le régime politique, aggravation extrême des antagonismes dans ce domaine également : tel est le résultat de ces tendances. De même se renforcent particulièrement l'oppression nationale et la tendance aux annexions, c'est-à-dire à la violation de l'indépendance nationale (car l'annexion n'est rien d'autre qu'une violation du droit des nations à disposer d'elles-mêmes)… A quoi il faut ajouter que ce n'est pas seulement dans les pays nouvellement découverts, mais aussi dans les anciens, que l'impérialisme conduit aux annexions, au renforcement du joug national et, partant, à l'exaspération de la résistance » (Lénine, chapitre IX de son ouvrage Impérialisme, stade suprême du capitalisme).

Ces tendances liberticides de l’impérialisme se révèlent surtout dans les périodes de crise du système comme le montre actuellement l’évolution socialement régressive et guerrière et la fascisation des USA et de l’UE. L’hégémonie mondiale exercée par les USA et la crise de surproduction capitaliste mettent en exergue de plus en plus clairement, comme nous l’enseigne Lénine le fait que « la superstructure politique qui coiffe la nouvelle économie, le capitalisme monopoliste..., c’est le tournant à partir de la démocratie vers la réaction politique... En politique extérieure tout comme en politique intérieure, l’impérialisme tend à enfreindre la démocratie, à instaurer la réaction » (Une Caricature du marxisme).

C’est ainsi qu’il existe une variété de superstructures politiques sous la dictature du capital financier, lesquelles expriment toutes, à différents degrés, la tendance liberticide fondamentale inhérente à l’impérialisme à enfreindre la démocratie, à instaurer la réaction, la dictature. En fait ces variétés de superstructures politiques reflètent en général le rapport de force entre le capital et le travail dans la lutte des classes dans un pays donné, à un moment donné.

Sans confondre démocratie et fascisme, force est de constater qu’en période de crise, la tendance naturelle à couver et emprunter au fascisme s’accentue sous le capitalisme dans le but préserver le taux de profit maximum. De ce point de vue on peut dire que la démocratie capitaliste féconde en période de crise le fascisme. C’est cela la fascisation qui voit récupérer par les partis bourgeois « classiques » de droite et de gauche des discours et des pratiques répressives empruntés au fascisme. 

Cette évolution a été préparée par le contexte de relative évolution « tranquille » sans crise majeure du capitalisme de 45 aux années 68, ces conquêtes ont engendré d’importantes illusions dans le mouvement ouvrier et dans les pays du Tiers Monde sur la « société de consommation » à crédit, sur la « démocratie au dessus des classes » et sur les indépendances formelles d’ex-colonies. Ainsi quand recommença la crise générale de l’impérialisme, le mouvement ouvrier, populaire et les peuples opprimés avaient été désarmés par le réformisme social-démocrate et la capitulation des bourgeoisies nationales apatrides.

CAUSES SYSTEMIQUES DES NOUVELLES GUERRES COLONIALES DES USA ET DE L’UE

Dès sa naissance, le capitalisme en tant que mode de production a été marqué par ce que d’aucun appelle aujourd’hui la « mondialisation ou globalisation » ou, comme le dit L. Parizot du MEDEF du « besoin d’aire » . En effet la classe sociale porteuse de ce système économique et social, la bourgeoisie, a été boostée dans sa recherche de la puissance économique et politique par la découverte des matières premières minérales comme le charbon, le fer métal, l’or et les matières premières agricoles comme la laine, le coton, le café dont l’exploitation exigeait une main d’œuvre ayant comme seule possession la force de travail manuelle et/ou intellectuelle : la classe ouvrière, le prolétariat.

C’est ainsi qu’est né, parallèlement à la contradiction capital – prolétariat, le système colonial par la conquête militaire brutale du continent américain, le génocide des amérindiens qui est le premier grand crime contre l’humanité de l’ère moderne, l’émigration massive des populations européennes pour peupler le continent américain complétée par la traite et l’esclavage des noirs d‘Afrique. Du 15éme au 18éme siècles, le sous continent européen sera à la fois la puissance technologique, industrielle, financière, militaire, stratégique et géopolitique. C’est en Europe qu’arrivaient les matières premières pillées en Amérique pour être transformées en produits industriels. Au 19éme et 20éme siècles, la seconde phase du « besoin d’aire » capitaliste s’opéra par la conquête des empires coloniaux. L’Europe, notamment sa partie ouest, bientôt suivie des USA étaient « l’atelier du monde » transformant les matières premières agricoles et minières en produits industriels de consommation.

Toutes les guerres coloniales du capitalisme naissant, puis du capitalisme en développement et enfin du capitalisme arrivé à maturité qui s’est partagé le monde par la conquête de vastes empires coloniaux, sans omettre les guerres inter-impérialistes comme la guerre de 1914-1918 pour un nouveau partage du monde, ont ceci de caractéristique : elles ont été faites pour s’emparer des sources de matières premières et de main d’œuvre asservie comme esclave ou par le travail forcé afin de transformer les richesses naturelles en marchandises industrielles. La division du travail obéissait à la règle suivante : Aux ouvriers des pays impérialistes la transformation industrielle et aux peuples colonisés l'extraction des minéraux et la production agricole.

Or les luttes de libération nationale, au 18éme et début du 19éme siècle sur le continent américain dans le sillage des indépendances des USA et de Haïti, puis celles du 20éme siècle impulsées et soutenues par la Révolution Bolchevique, l’URSS et le camp socialiste victorieux du Nazisme ont produit les dits pays « émergents » comme la Chine, l’Inde, le Brésil, le Vietnam et les nouvelles expériences révolutionnaires, progressistes, antilibérales comme le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua, le Salvador, le Pérou, etc., qui s’appuient sur l’héroïque résistance économique, culturelle, politique et idéologique de Cuba.

Les nouvelles conditions de réalisation du profit maximum confèrent un caractère particulier au nouveau cycle des guerres d’agressions coloniales de l’impérialisme US et de l’UE contre les peuples.

En effet le nouveau cycle des guerres impérialistes est engendré par la nécessité pour l’impérialisme de contrôler les sources de matières premières stratégiques indispensables au développement des « pays émergents ». Il s’agit de générer des profits colossaux en contrôlant et rendant les « pays émergents » dépendants des puissances impérialistes pour leur accès aux matières premières dont ils ont besoin pour continuer à se développer. Par leur mainmise sur les richesses stratégiques des pays producteurs, les USA et l’UE s’érigent en usuriers rentiers fixant les conditions d’accès aux matières premières des « pays émergents ».

Les monopoles du Dow Jones, du CAC40 ou du Nikkei, etc. peuvent ainsi spéculer sur les prix, fixer les taxes, poser leurs conditions, organiser le sabotage des économies ou les affaiblir, mener la guerre commerciale et donc continuer à exploiter et dominer l’économie mondiale.

Voilà ce qui rend nécessaire pour les impérialistes des USA et de l'UE les actuelles guerres de « faible ou moyenne intensité » contre les pays faibles sous développés pour les asservir. C’est le cas des deux guerres contre l’Irak, de la guerre contre l’ex-Yougoslavie, de celles contre l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, contre la Libye et la Syrie. Il s’agit d’en finir avec des pouvoirs qui refusent de se soumettre au diktat des impérialistes, qui donc malgré la nature bourgeoise ou féodale de leur régime, rejettent la domination impérialiste et même parfois cherchent à développer leur pays pour en faire des pays indépendants « émergents ».

L’Irak de Saddam Hussein, la Yougoslavie de Milosevic, la Libye de Kadhafi, la Côte d'Ivoire de Gbagbo, la Syrie de Assad… sont justement ce type de pays où l’argent du pétrole et des autres richesses nationales, par le biais des nationalisations de la production, du raffinage et même de l’industrie pétrochimique, a doté ces pays d’un indice du développement humain (idh) qu’on ne trouve nullement part dans les pays soumis et serviles à l’impérialisme de l’UE et des USA. Mieux ces pays ont investi dans des réalisations économiques, éducatives, sanitaires et sociales qui ont sorti leur peuple de la misère comparée aux néo-colonies des USA et de l'UE et qui les mettent progressivement sur les rails du développement. C’est justement cela qui est détruit par les agresseurs impérialistes qui, à coups de bombes et de missiles, s’évertuent à ramener ces pays à « l’âge de pierre » pour ensuite s'emparer des richesses de ces pays par le système inique de la dette et du profit pour leurs entreprises privées au prétexte soi-disant de les « reconstruire ». En plus comme en Irak et en Libye, à cette destruction massive des infrastructures, des réalisations économiques et sociales, à ce pillage des œuvres historiques et à cette prédation gloutonne, il faut ajouter les assassinats ciblés des ingénieurs, des savants, des chercheurs, des professeurs des pays agressés par les impérialistes afin les rendre dépendants pour une ou plusieurs générations. C’est aussi en cela que l’impérialisme, c’est la barbarie, le totalitarisme terroriste.

Les « pays émergents » sont devenus les nouveaux « pays ateliers » qui produisent tout ce que la planète consomme, en particulier tout ce que consomment l’UE et les USA, lesquels se « désindustrialisent » progressivement sous la houlette des « délocalisations » qui déterminent en partie la nouvelle division internationale du travail pour devenir encore plus que par le passé des « pays rentiers, usuriers vivant du capital fictif ». Il s'agit là d'un phénomène décrit par Lénine comme la tendance propre au parasitisme usurier et à la putréfaction de l'impérialisme.

Cette évolution objective de la division internationale du travail au cours de cette troisième phase de la « mondialisation ou globalisation », c'est-à-dire de l’internationalisation du capital à la recherche perpétuelle du maximum de profit, est expliquée par Lénine lui même : « Le capitalisme en développement connaît deux tendances historiques dans la question nationale. La première : le réveil de la vie nationale et des mouvements nationaux, la lutte contre toute oppression nationale, la création d’États nationaux. La seconde : le développement et la multiplication de relations de toutes sortes entre les nations ; la destruction des barrières nationales, la création de l’unité internationale du capital, de la vie économique en général, de la politique, de la science, etc. Ces deux tendances constituent la loi universelle du capitalisme. La première domine au début de son développement, la seconde caractérise le capitalisme déjà mûr et qui va vers sa transformation en une société socialiste. » (« Notes critiques sur la question nationale », Œuvres, t. 20, p. 20.).  Voilà pourquoi Lénine avertit :  « L’impérialisme a développé les forces productives au point que l’humanité n’a plus qu’à passer au socialisme ou bien à subir pendant des années et même des dizaines d’années la lutte armée des grandes puissances pour le maintien artificiel du capitalisme à l’aide de colonies, de monopoles, de privilèges et d’oppressions nationales de toute nature » (« Le Socialisme et la Guerre »).

C’est ce pourrissement du capitalisme à son stade suprême, lequel n’a plus rien d’autre à offrir aux travailleurs et aux peuples que misère et guerres, qui aggrave les contradictions entre capital et travail, entre impérialisme et peuples opprimés, signes annonciateurs que ce système économique prédateur agonise et doit s’effacer pour laisser place au socialisme. L’impérialisme, c’est l’insoluble contradiction fondamentale entre socialisation de plus en plus mondialisée de la production et accaparement privé des profits maximums par les actionnaires du capital financier et des monopoles.      


PROGRAMME DE DOMINATION MONDIALE DES USA ET DE L’UE

Comme tous les impérialismes dominants à toutes les périodes de l’histoire, les USA tentent d’imposer une division internationale du travail selon leurs besoins et au détriment de leurs concurrents et des « pays émergents ». Pour ce faire ils ont besoin de pérenniser leur hégémonie militaire et leur domination politique. Dans ce contexte, la sortie de la crise envisagée par les impérialistes américains est « war save america » (la guerre sauve l’Amérique). Les présidents du capital financier, Bush et Obama, ne pouvaient qu’exécuter les demandes claires de ses véritables grands électeurs que sont le complexe militaro-industriel et les pétroliers US : « A terme cela n’a aucun sens pour les compagnies occidentales de dépenser d’immenses sommes pour l’exploration du pétrole devant les côtes de l’Angola et d’y travailler à des centaines de mètres de profondeur sous la mer, alors qu’il y a un gigantesque champ pétrolifère de 40 milliards de barils en surface en Irak » (dixit un des princes du pétroles US M. Telling).

En outre, la consommation d’armes profite aux industries d’armement, lesquelles constituent les principaux lobbies du monde impérialiste. Et comme celles-ci passent des commandes à de nombreux secteurs (électronique, automobile, moteur...), c’est la quasi-totalité des gros monopoles qui en profitent. Le chef économiste de la BBL, Peter Vanden Houte résume cela avec cynisme: « aussi inhumain que cela puisse paraître: pour l’économie mondiale, « une toute petite guerre » serait maintenant la meilleure solution. Une guerre à l’issue « favorable » signifierait une diminution du prix du pétrole et des taux d’intérêts, et une relance des cours de la bourse » (AFP 21 septembre 2002). C’est à ce niveau qu’il faut comprendre l’importance majeure des matières premières en général et particulièrement celles stratégiques comme le pétrole, le gaz, l’uranium, le coltan, l’or, etc.

Les idéologues et stratèges de l’impérialisme états-uniens  ont commencé à planifier leur stratégie au milieu des années 80 au moment même où le liquidateur contre-révolutionnaire Gorbatchev entamait sa politique de destruction de l’URSS et du camp socialiste. Schultz, chef de la diplomatie US en 1985 notait que « nous sommes prêts à dissuader les Soviétiques de livrer une guerre nucléaire totale ou d’attaquer nos principaux alliés, mais il n’est pas du tout évident que nous soyons aussi prêts et organisés pour empêcher et contrer la zone grise des défis intermédiaires auxquels nous avons le plus de chances d’être confrontés, à savoir les conflits de faible intensité » (Le Monde Diplomatique, avril 1991).

Le rapport de la commission sur la stratégie intégrée à long terme US du 10 janvier 1988 intitulé « la dissuasion sélective » précisait que « ces conflits de faible ou de moyenne intensité dans le tiers monde sont à l’évidence moins dangereux que ne le serait toute guerre soviéto-américaine et pourtant ils ont eu et auront un effet cumulatif négatif sur l’accès des Etats-Unis à des régions critiques »(idem). Henri Kissinger préconisait déjà « qu’il faut donc qu’en plus de notre force nucléaire de représailles, nous constituions des unités qui puissent intervenir rapidement et soient à même de faire sentir leur puissance » (idem). Gaspar Weinberger, Secrétaire d’Etat US à la défense de l’époque en concluait que « la priorité élevée que nous avons attribuée au Spécial Operation Force (SOF) reflète notre sentiment que les conflits de faible intensité sont la menace à laquelle nous allons le plus vraisemblablement avoir à faire face dans les années à venir » (idem).

C’est à cela aussi que servent les adhésions suscitées des pays de l’ex-camp socialiste à l’OTAN, en plus du rapprochement de l’OTAN aux portes de la Communauté des Etats Indépendants (CEI), de l’affaiblissement, du démantèlement de la Russie et de l’encerclement de la Chine. C’est ce qui amène le PCBUS de Nina Andrééva à faire le constat suivant : « par leurs effectifs (3,7 millions de soldats et officiers) et le niveau de leur équipement en armes modernes, les armées de l'OTAN surpassent déjà maintenant les armées de la Russie et de la Chine réunies. L'application des décisions adoptées à Prague en novembre 2002 augmentera encore les troupes de l'OTAN de 227.000 soldats et officiers, de 5.000 chars et de 500 avions de combat.. Le rayon d'action de l'arme nucléaire tactique englobera non seulement les secteurs Nord-Ouest de la Russie, mais également ceux du centre. Mais l'affaire ne se limite pas à cela, c'est-à-dire que la Georgie, l'Azerbaïdjan, l'Ukraine frappent avec toujours plus d'insistance à la porte de l'OTAN. A la rencontre de Prague, on a également examiné la question de l'élargissement de la coopération de l'OTAN avec les pays neutres: la Finlande, la Suède., l'Autriche et la Suisse » (tiré des Nouvelles d’URSS, N°41, février 2003). Ainsi pour préserver leur hégémonie, les États-Unis n’hésitent pas à « recourir aux mesures préventives unilatérales de caractère militaire à l'encontre des Etats qui, de l'avis de Washington, peuvent présenter une menace potentielle pour les USA. Ce postulat, camouflé derrière la nécessité de lutter contre le terrorisme international, répudie totalement les principes de la souveraineté et de l'égalité des Etats qui ont été confirmés comme principes intangibles du droit international depuis déjà la paix de Westphalie en 1648. Dans les Statuts de l’ONU, la menace d'employer la force ou son emploi contre l'inviolabilité territoriale ou l'indépendance des États sont reconnus comme illégaux, tandis que la «guerre préventive» est définie comme crime de guerre par le Tribunal de Nuremberg » (déclaration du PCbUS in Nouvelles d’URSS, N°41).

Remontons plus loin dans le passé. Il faut signaler qu’un mémorandum de septembre 1950 du Département d’Etat US éclaire nettement le sens de ce qui arrive aujourd’hui à travers les guerres d’agression états-unienne : « Le contrôle de cette source d’énergie, le pétrole, importante dans la paix comme dans la guerre est un objectif souhaitable en soi (…). Les gouvernements des Etats-Unis devraient s’efforcer de développer au maximum les concessions (pétrolières) américaines » (Le Monde Diplomatique, avril 1991). Et David L. Boren, sénateur, président de la Commission chargée du renseignement (CIA), d’élargir le champ d’application de la stratégie hégémonique US du « nouvel ordre mondial » né de la défaite de l’URSS : « Nous avons eu des relations étranges et symbiotiques avec l’URSS (…). Le déclin de l’Union Soviétique (…) pourrait tout aussi bien entraîner le déclin des Etats-Unis (…). Les pays européens, le Japon et d’autres pays ont volontiers accepté la direction américaine au cours des décennies passées. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient besoin de nous (…). Seront-ils désireux, dans ce nouveau contexte, d’accepter la direction des Etats-Unis, comme c’était le cas, il y a quelques mois ? Je ne le pense pas » (idem).

Comme nous l’écrivions dans notre analyse intitulée « Nous sommes tous Irakiens et Palestiniens », La Maison Blanche n’hésite plus à menacer ouvertement même ses « alliés » européens et japonais (en plus de la Russie et de la Chine). Elle déclare dans The National Security Strategy of the United States of America de septembre 2002 : « Nos forces seront suffisamment puissantes pour dissuader tout adversaire qui tenterait de dépasser, ne fût-ce même que d’égaler, la puissance militaire des Etats-Unis » (brochure du Cercle Henri Barbusse, conférence sur la guerre du Golfe d’avril 1991).

C’est le Dr. Peter Pham, conseillé des départements d’état et de la défense US qui l’explique encore plus ouvertement : « parmi les buts ultimes de l’AFRICOM, était le but de protéger les accès en hydrocarbures et autres ressources stratégiques dont l’Afrique est riche, une tâche qui incluait de s’assurer contre la vulnérabilité de ces richesses naturelles et de s’assurer qu’aucunes tierces parties comme la Chine, L’inde, le Japon ou la Russie, ne puissent obtenir un monopole ou des traitements de faveur »( cité par F. William Engdahl, mondialisation.ca du 27 septembre 2011). Il ajoute les précisions suivantes : « Ces ressources et richesses naturelles font de l’Afrique une cible facile pour les attentions de la République Populaire de Chine, dont la dynamique économique… a une soif quasi insatiable de pétrole et de besoins pour d’autres ressources naturelles. La Chine importe à l’heure actuelle approximativement 2,6 millions de barils de pétrole brut par jour, environ la moitié de cette consommation, de l’ordre de 765.000 barils par jour, environ un tiers de ses importations, proviennent de ses sources africaines, spécialement du Soudan, de l’Angola et du Congo (Brazzaville). Est-ce étonnant donc par conséquent qu’aucune région du monde autre que l’Afrique ne rivalise avec l’intérêt stratégique de la Chine ces dernières années… De manière intentionnelle ou non, beaucoup d’analystes attendent que l’Afrique, spécifiquement les états du long de sa très riche côte occidentale, va devenir le théâtre d’une concurrence stratégique entre les Etats-Unis et sa seule réelle concurrence à l’échelle globale, la Chine, alors que les deux pays cherchent à étendre leur influence et sécuriser l’accès aux ressources » (idem).

On aura tous compris qu’il s’agit ici des bases du programme militaire de préservation de la domination mondiale de l’impérialisme US. Ce programme nécessite la mise en place d’un « axe » occidental avec ses alliés des puissances de l’UE, d’Israël qui intègre aussi les théocraties féodales moyenâgeuses intégristes de l’Arabie Saoudite, du Qatar, des Emirats Arabes, du Koweït, etc. L’alliance avec les islamistes fascistes (qui utilisent la religion à des fins politiques, ce qui n’a rien à voir avec la grande majorité des musulmans) n’est pas nouvelle. Cette alliance avec les réseaux terroristes des « fous de dieu » d’El-qaïda avait été nouée contre la République laïque, démocratique d’Afghanistan, l’armée soviétique et le communisme.

USA ET UE SONT AU MONDE CE QU’ONT ETE LES FASCISMES ALLEMAND, JAPONAIS

Dans les années 30, les Nazis avaient mis en place un programme d’écrasement du mouvement ouvrier trop influencé à leur goût par le communisme à l’intérieur de leurs pays, de destruction par la guerre totale de l’URSS au nom de « l’espace vital » et de conquête de l’hégémonie mondiale en faisant main basse sur les territoires de leurs autres concurrents impérialistes en plus de leurs possessions coloniales.

La différence notable réside dans le fait que l’hégémonie mondiale des capitalistes Anglais des 18éme et 19éme siècle s’est réalisée par la conquête, l’annexion et l’exploitation de vastes « empires coloniaux » en Amérique, en Asie, dans le pacifique et en Afrique. Cette hégémonie consistait à se tailler la part du lion des colonies au détriment des autres rivaux Français, Espagnoles, Portugais, Allemands, etc. et à réduire les populations en main d’œuvre esclave à exterminer par le travail et les massacres.

Les impérialistes fascistes du 20éme siècle ont, eux, importé et appliqué les mêmes méthodes en annexant directement les territoires des autres concurrents impérialistes en Europe en plus de leurs colonies. C’est dans ce cadre qu’il faut situer la transformation des « populations inférieures » (Slaves, Juifs, Serbes, Gitans/Tziganes) en main d’œuvre esclave à exterminer quand on en a plus besoin. Appliquer aux « Etats et Nations des seigneurs » colonialistes les recettes de la barbarie totalitaire coloniale est à la base du « particularisme » chauvin qui consiste à différencier la sauvagerie des fascistes en Europe et celle des colonialistes dans les autres parties du monde tout en alimentant cette sordide « compétition mémorielle » entre victimes des différents génocides du capitalisme sous sa forme coloniale ou fasciste. 

A partir de 1945, les USA ont pris la tête du monde capitaliste pour obtenir la défaite du socialisme, de l’URSS par « l’endiguement du communisme », le « American Way of life », l’utilisation des ex-nazis  dans la lutte contre le socialisme réel, les guerres de « faibles intensité » comme celle du Vietnam, la division du mouvement communiste international par le Titisme puis par le révisionnisme et l’eurocommunisme, le rapprochement avec la Chine, la corruption des partis communistes de certains grands pays impérialistes, le soutien au mouvement national bourgeois conciliateur dans les pays colonisés, l’aide à la répression des mouvements de libération nationale révolutionnaire et des communistes comme en Indonésie, la déstabilisation du camp socialiste avec les « dissidents », la montée au pouvoir et la capitulation progressive des révisionnistes en URSS et dans le camp socialiste.

Cette stratégie US et de ses alliés Européens et Japonais s’est déroulée aussi par des concessions  aux luttes ouvrières et populaires et aux luttes de libération nationale, lesquelles ont débouché sur d’importantes conquêtes sociales, démocratiques dans les pays impérialistes et les indépendances nationales des ex-colonies.

A partir des années 70, le capitalisme entre en crise structurelle de surproduction. Les institutions de Brettons Woods (FMI, la Banque Mondiale), le GATT puis plus tard l’OMC seront les instruments du capital financier dominé par les grands patrons de Wall Street pour, au nom de la « dette du tiers monde », mettre sous coupe réglée les pays du Sud sous la forme des plans libéraux d’ajustement structurel, les dévaluations monétaires en Amérique du sud, au Moyen Orient et en Afrique. C’est le triomphe de la pensée unique libérale qui, expérimentée dans les pays du Sud sous la forme des recettes libérales, est maintenant ré-importée dans les pays impérialistes eux mêmes.

Le tournant majeur sera la défaite du camp socialiste et la restauration du capitalisme en URSS que l’idéologue US Francis Fukuyama définira comme « la fin de l’histoire » annonciatrice du « capitalisme éternel ».

Libéré de la bride qu’était le camp socialiste qui le retenait, l’impérialisme US et UE s’est lancé à l’échelle nationale de chaque pays et du monde dans un vaste programme libéral de remise en cause des acquis sociaux et démocratiques des travailleurs conquis par les luttes dans la période précédente et de guerres coloniales pour en finir avec les conquêtes nationales démocratiques des peuples, Etats et Nations anciennement colonisés en accélérant le processus de « re-mondialisation » du capital.

Toutefois, les rescapés de la défaite du camp socialiste dans lesquels le facteur national avait été un moteur important et décisifs des révolutions populaires comme la Chine, le Vietnam, la Corée du nord, Cuba, bientôt rejoints par les ex-colonies comme l’Inde et les pays de l’ALBA (Venezuela, Bolivie, Equateur, Nicaragua, etc.) plus la Russie et l’Afrique du Sud se sont maintenus hors de la soumission au diktat occidental. Et sur la base de politiques anti-libérales, s’appuyant sur la maîtrise par l’Etat de leviers économiques stratégiques, ces pays sont devenus des « pays émergents » qui résistent et combattent l’hégémonie mondiale des puissances impérialistes d’Amérique du nord et d’Europe.

Attirés par les « marchés » de ces pays et les taux de profit plus élevés, les monopoles capitalistes se sont lancés dans les délocalisations mises à profit par les « pays émergents » pour s’engager à combler et rattraper leur retard économique, industriel, technologique, scientifique, financier et militaire.

Ce développement économique est en train de bouleverser le rapport des forces géostratégiques et géopolitiques au détriment des puissances impérialistes US et de l’UE. D’où leur hystérie guerrière dans le but de préserver et pérenniser leur hégémonie séculaire. 

RETOUR A L’INTERNATIONALISME CONTRE L’IMPERIALISME

 

Face à la guerre impérialiste déroulée par les USA avec ses alliés de l’UE et des Emirats salafistes, wahabites, frères musulmans des pétrodollars, le mouvement ouvrier et progressiste des puissances fauteurs de guerres est désarmé et les pays victimes subissent les agressions impérialistes.

Ainsi on a assisté à la capture du président Gbagbo en Côte d’Ivoire, de Milosevic en ex-Yougoslavie et aux assassinats de Saddam en Irak et Kadhafi en Libye. A chaque fois l’ONU, son Conseil de Sécurité, ont docilement obéi aux injonctions guerrières des USA et des va-t-en guerre de l’UE. Les impérialistes US, Français, Anglais, Israéliens et les théocraties des pétrodollars se sont autoproclamés représentants de la « communauté internationale ».

Mais les alliés aussi doivent être soumis au partage des rôles que décident les USA et exécuter leurs exigences comme le montre l’apparent rôle « d’avant-garde » en Libye de Cameron et Sarkozy et de Hollande en Syrie avec l’échec retentissant que l’on doit à Poutine et au Parti Communiste de Chine.

Il s’agit là d’un bouleversement stratégique d’une portée et d’une importance majeure. En effet, depuis 1991 le nouveau cycle des guerres coloniales décidé par les USA vient enfin seulement de buter sur l’opposition déterminée des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et de l’Alliance Bolivarienne d’Amérique du sud.

Cette situation nouvelle reflète à la fois la prise de conscience de la dangerosité des impérialistes US et de l’UE pour le monde et la nécessité de constituer un front mondial des Etatsn des Nations et des peuples pour y faire face. Le vote du parlement Anglais contre la guerre en Syrie découle du fait que c’est l’un des rares pays dans lequel un mouvement pacifique n’a cessé de se manifester à chaque guerre. Ce vote est aussi un facteur important qui a contraint Obama à en appeler au Congrès en plantant Hollande en plein milieu du gué de ses délires guerriers.  

Mais alors où en est ce qui reste du mouvement ouvrier communiste, de la gauche révolutionnaire progressiste, du mouvement démocratique pour la paix ? Comment se fait-il qu’il semble inexistant ? Pourquoi ignore t-on le lien évident entre régression sociale dans les pays agresseurs et guerres impérialistes à l’extérieur ?                           

Le Cercle Henri Barbusse partage cette interpellation de la « gauche occidentale » par les 86 partis de la gauche Sud Américaine lors du XVIIéme Forum de Sao Paulo à Managua : « Le montage médiatique occidental contre la Libye et la collaboration avec cette campagne de la part de tant de courants qui se disent de gauche ou anti-impérialistes marquent le point de non-retour pour de nombreuses personnes. Ce fut un moment où il était encore possible de retarder et de rendre plus difficile l’agression barbare tramée contre la Libye par le gouvernement des États-Unis et ses pions-complices de l’OTAN. A ce moment la grande majorité de l’opinion de gauche dans les pays du bloc occidental appuyait le schéma agressif impérialiste contre la Libye » (Dick Emanuelson, Jorge Capelán et Toni Solo).

Réagissant à l’échec de l’agression impérialiste contre la Syrie, c’est l’organisation trotskiste NPA qui exprime de la manière la plus limpide ce que l’on ne peut que qualifier de complicité avec Obama/Hollande/Cameron : « Sans que le monde en prenne conscience, l’insurrection syrienne est en train d’écrire une des pages les plus héroïques de l’histoire des révolutions populaires. Déterminé à faire tomber une dictature aussi féroce que corrompue, rarement un peuple aura résisté aussi longtemps, quasiment abandonné face à ses ennemis » (Brève déclaration du NPA du Vendredi 18 octobre 2013). Leur résolution du CPN 22 septembre 2013 déclare « Il y a donc de nombreuses justifications contre l’intervention militaire occidentale. Mais il y en a aussi de nauséabondes, comme celles des pro-Bachar et de l’extrême droite mondiale, qui défendent la dictature au nom de la lutte contre le ‘terrorisme islamiste’. (…)  Les anticapitalistes et les révolutionnaires ont un rôle irremplaçable pour convaincre largement que la révolution syrienne mérite d’être défendue, contre tous les impérialismes, et contre les mensonges propagés pour la dénigrer, y compris à gauche, qui aboutissent à renvoyer dos à dos les camps en présence, au profit de la montée du racisme anti-arabe. Nous cherchons en même temps à soutenir toutes les initiatives visant à aider les forces qui partagent notre combat pour l’organisation du mouvement ouvrier et populaire en toute indépendance de classe, pour la poursuite de la révolution syrienne vers une société sans exploitation ni oppression. Dans ce cadre, nous relayons la campagne de solidarité financière avec le Courant de la Gauche Révolutionnaire syrien ». C’est la même rengaine trotskiste présentant Saddam, Milosevic, Kadhafi, Assad comme les « principaux ennemis à abattre », exactement ce que veulent et font les impérialistes. 

Cette position trotskiste social-démocrate est à l’extrême opposée de celle des 86 partis Sud Américain qui déclarent fermement : « La résolution appelle à ‘ mettre fin immédiatement aux bombardements, aux actions militaires en Libye et à organiser un dialogue national pour que de manière souveraine et sans ingérence le peuple libyen puisse décider de son avenir’. Les dirigeants de la gauche latino-américaine demandent aux Nations Unies de créer une commission internationale pour stopper le conflit armé, et réaffirment leur soutien aux initiatives de paix de l’ALBA, de l’Union Africaine et du groupe intégré par le Brésil, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud ».

La gauche révolutionnaire et progressiste Sud Américaine précise fort justement : « Rappelons que l’information selon laquelle le dictateur Kadhafi ‘bombarde la population de Tripoli’, qui fut le déclic émotionnel de la résolution de l’ONU et des campagnes médiatiques pour l’intervention, a depuis été démentie par les envoyés sur place de Il Manifesto (Italie), de Telesur, ainsi que par des experts de l’armée russe et états-unienne... Paradoxalement les massacres croissants de civils libyens par l’OTAN, les massacres au Yémen, au Bahreïn, en Afghanistan, en Palestine, en Côte d’Ivoire, etc. ou les initiatives de paix latino-américaine et africaine, n’ont suscité qu’un moindre intérêt de ces secteurs. Ce déclin idéologique s’explique de diverses manières : coupure des secteurs populaires, glissement à droite de la société européenne, repositionnement défensif face aux émancipations du Sud, condescendance par rapport aux gauches d’autres continents, catharsis anti-Chavez et images de marque ‘anti-totalitaires’ à soigner sous la pression de la dictature médiatique, etc. » (idem).

Différenciant nettement les processus révolutionnaires en Tunisie et en Egypte des déstabilisations prétextes des guerres coloniales en Libye, Côte d’ivoire, en Syrie, nos camarades de la gauche Latino-américaine ajoutent : « Les rébellions populaires dans les pays arabes parmi lesquelles se détachent la Tunisie et l’Egypte nous montrent que les peuples ne peuvent rester passifs éternellement mais nous rappellent aussi que la réaction mondiale et l’impérialisme ne resteront jamais indifférents et feront ce qu’il faut pour empêcher la poussée révolutionnaire ».

Montrant la complicité de la gauche européenne, ils rappellent que la colonisation est encore une réalité de ce monde sous le joug des impérialistes US et Européens : « La persistance du colonialisme constitue une situation particulièrement grave pour notre continent, qui affecte directement Puerto Rico, la Martinique, la Guadeloupe, Curaçao, Aruba, Bonaire, la "Guyane française" et les îles Malouines argentines » (idem) sans oublier la Kanaky, la Réunion, etc.

Ce débat pose la question fondamentale de l’internationalisme prolétarien et de la solidarité entre les peuples sans lesquels l’impérialisme ne peut être vaincu. Il pose la question de la liaison indissoluble entre révolution prolétarienne dans les pays impérialistes et révolutions nationales anti-impérialistes dans les pays opprimés.

En 1915, Lénine démasquait les opportunistes qui soutenaient la guerre impérialiste ainsi: « Les (communistes) ont toujours entendu par guerre ‘défensive’ une ‘guerre juste’, dans ce sens(...) que les (communistes) reconnaissent et continuent de reconnaître le caractère légitime, progressiste, juste de la ‘défense de la patrie’ ou d’une ‘guerre défensive’. Par exemple, si demain le Maroc déclarait la guerre à la France, l’Inde à l’Angleterre, la Perse ou la Chine à la Russie etc... ce seraient des guerres justes, défensives quel que soit celui qui commence et tout (communiste) appellerait de ses vœux la victoire des Etats opprimés, dépendants, lésés dans leurs droits, sur les grandes puissances oppressives, esclavagistes, spoliatrices »(Le socialisme et la Guerre).

Et  Staline expliquait la justesse de cette politique révolutionnaire par le fait que « le Léninisme a prouvé, et la guerre impérialiste et la Révolution en Russie l’ont confirmé, que la question nationale ne peut être résolue qu’en liaison avec la Révolution Prolétarienne et sur le terrain de celle-ci. Qu’en Occident, le chemin de la victoire passe par l’alliance révolutionnaire avec le mouvement de libération des colonies et des pays dépendants contre l’impérialisme. La question nationale est une partie de la question générale de la Révolution Prolétarienne, une partie de la Dictature du Prolétariat »(Question Nationale et Coloniale).

La question du soutien internationaliste à la lutte des peuples opprimés est « une partie de la question générale de la révolution prolétarienne subordonnée à l’ensemble et demandant a être examinée du point de vue de l’ensemble »(Staline, idem). Aussi pour déterminer une position internationaliste, il faut comprendre le fait que « dans les conditions de l’oppression impérialiste, le caractère révolutionnaire du mouvement national n’implique pas nécessairement l’existence d’éléments prolétariens dans le mouvement, l’existence d’une base démocratique du mouvement » (idem). Enfin Staline cite l’exemple donné par Lénine qui disait que « la lutte de l’émir afghan pour l’indépendance de l’Afghanistan est objectivement une lutte révolutionnaire, malgré le tour monarchiste des conceptions de l’Emir et de ses partisans, car, elle affaiblit, désagrège et sape l’impérialisme. Cependant que la lutte des démocrates et des « socialistes » à tout crin, des révolutionnaires et républicains tels que par exemple Kerenski et Tsérétéli, Renaudel et Scheidemann, Tchernov et Dan, Henderson et Clynes, pendant la guerre impérialiste (pour la défense de la patrie) était une lutte réactionnaire, car elle avait pour résultat de maquiller, de consolider, de faire triompher l’impérialisme »(idem, Staline).

Objectivement Saddam, Milosevic, Kadhafi, Gbagbo, Assad, Béchir, Mugabe, etc., par leur résistance participent à saper, à affaiblir, à désagréger l’hégémonie criminelle des impérialistes US et de l’UE. Leur résistance démasque les impérialistes en accélérant la prise de conscience des travailleurs et des peuples sur la nature guerrière intrinsèque du capitalisme mondialisé. Leur résistance facilite jusqu’à un certain point, pour autant que la classe ouvrière s’en saisisse, la compréhension entre régression sociale, paupérisation des travailleurs en occident et guerres coloniales.

De même les seuls qui méritent vraiment le « prix Nobel de la paix » ne sont pas les infâmes Obama, UE ou AIEA, mais Poutine et Xi Jinping que le NPA qualifie « d’extrême droite » (sic !) pour avoir momentanément arrêtés par leur fermeté les bras armés des gredins impérialistes de l’OTAN en Syrie et ont donc sauvé la paix. C’est ainsi que la presse impérialiste s’est tue honteusement sur cette information décisive révélée par Afrique Asie de novembre : « Deux missiles balistiques sont détectés en Méditerranée par les radars de la station d’Armavir … de Krasnodar...appartenant aux Forces de défense aérospatiales russes en charge de la surveillance du Proche-Orient …l’un des missiles est neutralisé par un intercepteur russe ; le second s’abîme en mer, vraisemblablement à la suite du déclenchement de contre-mesures électroniques…Ultérieurement l’état-major syrien confirme les tirs en annonçant qu’aucun projectile n’a touché son territoire…ces deux missiles en question sont de type Blue Sparrow. Fabriqué par la firme Israélienne Rafael…Après la neutralisation des deux missiles, la direction du renseignement russe a contacté son homologue américaine pour l’informer que ‘frapper Damas équivaudrait à frapper Moscou’. Nos sources militaires russes ajoutent avoir ‘délibérément omis, dans le communiqué officiel, la phase d’interception des deux missiles, pour sauvegarder la relation bilatérale, afin de ne pas provoquer d’escalade. Enfin il s’agissait de confirmer à nos interlocuteurs la présence d’un important dispositif aéronaval russe en Méditerranée’. L’événement du 3 septembre 2013 aurait ainsi provoqué des échanges ‘soutenus, suivis et constructifs’ entre Moscou et Washington avant le sommet du G-20 de Saint Pétersbourg (5 au 6 septembre 2013) ».          

Il est loin le temps où le PCF mettait en grève des milliers, des centaines de milliers d’ouvriers contre la guerre coloniale du Rif Marocain dans les années 20, où le mouvement communiste international impulsait les luttes sociales et anti-guerres comme celle du Vietnam, de l’Algérie dans les années 60.

Les trotskistes, les sociaux démocrates continuent aujourd’hui encore leurs basses œuvres pour paralyser le mouvement ouvrier et les peuples dans leurs luttes légitimes contre le capital financier et camouflent par le « Ni Saddam, ni Kadhafi, ni Assad, ni Iran-Ni impérialistes » leur soutien conscient aux impérialistes des USA et de l’UE.

Sauf que l’implication de la Russie et de la Chine, qui ont empêché la guerre annoncée par Hollande contre la Syrie, re-dispose les forces en présence à l’échelle planétaire. Il apparaît maintenant de plus en plus que le globe se divise en deux fronts constitutif de la géopolitique mondiale : le front des agresseurs impérialistes que sont les USA, l’UE, Israël, les théocraties des pétrodollars pour maintenir leur hégémonie mondiale et le front des pays, peuples, Nations, Etats agressés qui résistent aux va-t-en-guerre qui prennent le chemin des Nazis d’autant.

Les impérialistes fabriquent en inversant les rôles des « ennemis de la paix, des terroristes, des dictatures qu’il faut punir, et dont il faut débarrasser les peuples », ils se donnent la posture des « civilisateurs » d’antan au nom du « droit d’ingérence humanitaire », ils disent que la « paix est à ce prix », mais comme l’enseigne Karl Marx démasquant les prédateurs capitalistes : « De tous les dogmes des politiques fanatiques de notre temps, aucun n’a causé autant de dommage que celui qui dit: ‘pour obtenir la paix, on doit préparer la guerre’. Cette grande vérité, dont la caractéristique notable est qu’elle contient un grand mensonge: le cri de guerre, qui a appelé toute l’Europe à s’armer et à générer un tel fanatisme belligérant que chaque nouveau traité de paix est vu comme une nouvelle déclaration de guerre, et est avidement exploité. Au moment où les Etats d’Europe sont devenus autant de champs armés, dont les mercenaires brûlent du désir de bondir l’un sur l’autre et de se trancher la gorge l’un l’autre pour la plus grande gloire de la paix, la seule considération avant chaque déclenchement de guerre concerne simplement les insignifiants détails de savoir de quel côté on doit être. Aussitôt que cette considération fortuite est réglée de façon satisfaisante par les parlementaires diplomatiques avec l’aide du vieux slogan ‘pour obtenir la paix, on doit préparer la guerre’, l’une de ces guerres de civilisation commence dont la barbarie frivole appartient au meilleur temps des voleurs de grands chemins, et que leurs perfidies astucieuses appartiennent exclusivement à la période la plus moderne de la bourgeoisie impérialiste »(cité dans Correspondance Internationale N°3, printemps 1981).

L’humanité va vers des épreuves encore plus graves que celles imposées au monde par le projet  Nazi d’hégémonie mondiale qui a causé plus de 50 millions de morts parce que « La loi qui convient le mieux à la notion de loi économique fondamentale du capitalisme est celle de la plus-value, celle de la naissance et de l’accroissement du profit capitaliste. En effet, elle détermine les traits essentiels de la production capitaliste. (...) Les traits principaux et les exigences de la loi économique fondamentale du capitalisme actuel pourraient être formulés à peu près ainsi : assurer le profit capitaliste maximum par l’exploitation, la ruine et l’appauvrissement de la majorité de la population d’un pays donné, par l’asservissement et le pillage systématique des peuples des autres pays, surtout des pays arriérés, et enfin par les guerres et la militarisation de l’économie nationale utilisées pour assurer les profits les plus élevées » (J. Staline, Les Problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S., 1952).

Cette marche à pas forcés des impérialistes vers la guerre, notamment l’affrontement militaire avec la Russie et la Chine, l’Inde et le Brésil, pour ne citer que les pays qui, par leur développement économique, changent les rapports des forces en présence au détriment des impérialistes US et de l’UE conduit à une conflagration mondiale qui sera fatale, croyons nous, aux brigands impérialistes US et de l’UE.

Le rôle et la tâche des communistes est de se mettre à la tête des travailleurs et des peuples pour jeter à jamais le capitalisme mondialisé à la poubelle de l’histoire. Les travailleurs, le mouvement communiste, les forces progressistes anti-libérales doivent dire NON aux guerres coloniales et les peuples doivent résister aux agressions terroristes impérialistes. Et dans le cas d’une guerre mondiale déclenchée par les USA et l’UE, par exemple contre la Chine et la Russie, la réponse doit être le défaitisme révolutionnaire qui conduira au renversement révolutionnaire de la dictature du capital.

Ce travail passe par l’organisation des luttes et dès que possible de la contre offensive du mouvement ouvrier confronté à la régression sociale en faisant la liaison active de ce front intérieur avec les résistances des peuples, des Nations, des Etats visés par le nouveau cycle des guerres impérialistes.

Pour faire et réaliser cela, il faut régler le compte sur le plan idéologique et politique à l’opportunisme de droite social-démocrate et à l’opportunisme de gauche trotskiste. Tel est le travail à accomplir aujourd’hui, travail que les communistes éparpillés doivent prendre en charge dans l’unité d’action, étape vers l’unification dans un seul et même parti communiste.



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