Nous
publions ici les extraits vidéos des interventions et du
débat, lors duquel ont été abordés les
thèmes de la classe ouvrière de France, du
syndicalisme, du parti de masse, du bolchevisme, de
l'internationalisme...
ainsi
que le texte de l'intervention du Cercle Barbusse à l'occasion
de cette commémoration du Congrès de Tours (également
accessible ci-dessus au format pdf).
Partie
1: Intervention de Pierre Thorez, historien de la Russie et fils
du dirigeant communiste Maurice Thorez
Partie
2: Intervention de Charles Hoareau, dirigeant syndical et
militant de l'organisation Rouges Vifs Marseille
Partie
3: Intervention de William Roger, pour le Cercle Henri Barbusse
de culture ouvrière et populaire
Partie
4: Intervention d'Hervé Poly, secrétaire général
de la fédération Pas de Calais du PCF
Partie
5: Intervention du PRCF et extraits du débat sur la classe
ouvrière de France
Partie
6: Intervention de la Coordination Communiste Nord Pas de Calais
Partie
7: Intervention du
Cercle Henri Barbusse
Partie
8: L'internationalisme prolétarien; la question du soutien
au peuple palestinien
Partie
9: Conclusion de la tribune
Intervention
du Cercle Henri Barbusse
pour
le 90ème anniversaire du PCF
Chers
camarades,
Nous
sommes réunis ce jour pour célébrer une date
essentielle de l’histoire du mouvement ouvrier français
et, partant, une date essentielle de l’histoire du mouvement
ouvrier international et du mouvement de libération nationale
international : la fondation, à Tours en décembre
1920, de la Section Française de l’Internationale
Communiste (SFIC), plus connue sous le nom de PCF.
Cette
histoire est la nôtre ; elle est celle de tous ceux qui
reconnaissent que le PCF a été un véritable
parti communiste – au-delà des appréciations
portées aujourd’hui sur ce qu’est devenu sur ce
parti, ce qu’est devenue sa politique. Et il nous faut en
saisir toute la portée, pour réaffirmer à la
face de tous ceux – des bourgeois aux trotskistes - qui n’ont
eu de cesse de salir le PCF et son histoire, qu’il y a eu dans
ce pays un authentique parti prolétarien de masse,
révolutionnaire, qui a su mener avec intelligence et
détermination la lutte de classe, y compris dans les
situations difficiles du Front Populaire, de la Résistance et
de la Libération qui nécessitaient des alliances de
classe. Pour réaffirmer aussi, à la face de ceux -
révisionnistes et autres déformateurs de l’idéologie
communiste tels ceux groupés autour de Robert Hue il y a
maintenant plus de 15 ans – que c’est parce que le
Parti né à Tours en 1920 était un Parti
léniniste de type nouveau qu’il a pu diriger avec
efficacité la lutte anticapitaliste, anticoloniale,
antifasciste, et non pas « malgré »
cette matrice fondatrice.
La
naissance du PC à Tours en 1920, comme la naissance du
Komintern, c’est-à-dire l’Internationale
Communiste en mars 1919, représentent une rupture dans
l’histoire du mouvement ouvrier, rupture au sens marxiste de
« saut qualitatif », passage à une forme
supérieur de l’organisation ouvrière. Sur
plusieurs points :
-
La conception léniniste
du parti : les communistes savent qu'il faut prendre le pouvoir pour
bâtir le socialisme et l'organisation du parti est ainsi
dépendante de cet objectif : alors qu’un parti
social-démocrate est organisé pour le jeu
parlementaire, un parti communiste l'est pour faire la révolution
et ensuite instaurer la dictature du prolétariat ;
- La
conception mondiale de la révolution alliant les trois fronts
: révolution prolétarienne dans les pays capitaliste
développés, révolution anticoloniale,
et construction du socialisme dans les pays socialistes. De
cette conception découle des responsabilités:
soutien aux pays socialistes, position anticolonialiste effective car
il s'agit de la même révolution mondiale.
Du
25 au 30 décembre 1920 se tint donc à Tours le XVIIIème
Congrès du Parti Socialiste SFIO. Quelques mois auparavant,
lors du Congrès de Strasbourg tenu en février 1920, la
SFIO s’était séparée officiellement de la
Deuxième Internationale, cette internationale réformiste
qui continuait à regrouper tous les partis qui n’avaient
pas suivi, ou pas encore suivi, la Troisième Internationale,
l’Internationale Communiste fondée à l’appel
du parti bolchévik russe en mai 1919.
Le
départ de la SFIO de l’Internationale Socialiste en
février 1919 – et sa non-adhésion immédiate
à l’Internationale Communiste comme le souhaitait l’aile
gauche du Parti – avait signifié la volonté
centriste de la majorité de poser leurs conditions à
Lénine et pour la « reconstruction d’une
nouvelle internationale unifiée ». Une délégation
de cette majorité – dont faisait alors partie Marcel
Cachin – assista à titre consultatif au IIème
Congrès de l’Internationale Communiste en juillet 1920.
Mais
le parti finit par basculer lors du Congrès de décembre
1920, par 3208 mandats en faveur de la motion Cachin-Frossard
d’adhésion au Komintern, contre 1022 mandats en faveur
de la motion des centristes Longuet-Paul Faure d’adhésion
conditionnelle, la droite menée par Léon Blum, qui
refusait explicitement l’adhésion, s’abstint
devant la défaite inévitable (397 mandats).
Bien
sûr, ce congrès, ce n’est pas une simple bataille
de motion, c’est la prise de conscience d’une majorité
du mouvement ouvrier révolutionnaire qu’il faut en finir
avec le passé de corruption et de compromission de la
social-démocratie, qu’il faut en finir avec la
tendance à réduire la lutte politique à la lutte
parlementaire menée par les intellectuels ou les tribuns,
qu’il faut en finir - tout simplement - avec le capitalisme qui
vient de jeter des millions d’hommes dans la boucherie de la
première guerre mondiale, …mais qu’il faut en
finir tout de suite, à l’image des héroïques
Russes qui ont pris leur destin en main et qui construisent, à
présent, la patrie des ouvriers et des paysans. L’action
énergique d’un Lénine, face à
l’immobilisme d’un Marcel Sembat, d’un Léon
Blum, voire d’un Jean Longuet.
Le
combat du Congrès de Tours fut, en particulier, un
combat contre les centristes qui, avec des phrases de gauche en
faveur d’une adhésion « conditionnelle »,
refusaient, de fait, l’adhésion à l’IC. Les
centristes dénonçaient l’ingérence des
Russes dans les affaires intérieures du parti, jugeaient trop
contraignantes les 21 conditions d’adhésion votées
par le IIème congrès de l’IC, dénonçaient
toute organisation de type illégal ; ils rejetaient le
principe de l’exclusion des opportunistes, incompatible
soi-disant avec la « liberté d’opinion » ;
ils se prononçaient pour l’élection au suffrage
proportionnel des toutes les tendances, refusant ainsi le centralisme
démocratique.
Ce
combat contre les centristes fut parachevé, après le
vote de la motion d’adhésion, par un second vote qui
exigeait des membres du parti de s’incliner devant la décision
du Congrès ou alors… de partir : par 3247 mandats
contre 1398 mandats cette motion fut adoptée et le lendemain,
la minorité en tirait les conséquences en quittant ce
qui devenait le premier congrès du PC, pour « poursuivre
le congrès » de la SFIO maintenue.
Il
n’est pas inutile de citer largement ces fameuses 21 conditions
d’adhésion, qui caractérisaient le parti de type
nouveau, et que combattirent jusqu’au bout les éléments
hésitants qui ne voulaient pas s’engager sur le chemin
difficile de la construction d’un parti militant
révolutionnaire à cent lieues du parti socialiste
parlementariste.
1.
(…) Tous les organes de la presse du
Parti doivent être rédigés par des communistes
sûrs, ayant prouvé leur dévouement à la
cause du prolétariat. (…) La presse périodique
ou autre et tous les services d'éditions doivent être
entièrement soumis au Comité Central du Parti, que ce
dernier soit légal ou illégal. Il est inadmissible que
les organes de publicité mésusent de l'autonomie pour
mener une politique non conforme à celle du Parti. (…)
2.
Toute organisation désireuse d'adhérer
à l'Internationale Communiste doit régulièrement
et systématiquement écarter des postes impliquant tant
soit peu de responsabilité dans le mouvement ouvrier
(organisations de Parti, rédactions, syndicats, fractions
parlementaires, coopératives, municipalités) les
réformistes et les « centristes » et les
remplacer par des communistes éprouvés, - sans craindre
d'avoir à remplacer, surtout au début, des militants
expérimentés, par des travailleurs sortis du rang.
3.
(…)Il est d[u]
devoir [des
communistes] de créer partout,
parallèlement à l'organisation légale, un
organisme clandestin, capable de remplir au moment décisif,
son devoir envers la révolution. (…)
4.
Le devoir de propager les idées
communistes implique la nécessité absolue de mener une
propagande et une agitation systématique et persévérante
parmi les troupes. (…)
5.
Tout Parti désireux d'appartenir à
la III° Internationale, a pour devoir de dénoncer autant
que le social-patriotisme avoué le social-pacifisme hypocrite
et faux ; il s'agit de démontrer systématiquement
aux travailleurs que, sans le renversement révolutionnaire du
capitalisme, nul tribunal arbitral international, nul débat
sur la réduction des armements, nulle réorganisation
« démocratique » de la Ligue des Nations
ne peuvent préserver l'humanité des guerres
impérialistes.
6.
Dans la question des colonies et des
nationalités opprimées, les Partis des pays dont la
bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations,
doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et
nette. Tout Parti appartenant à la III° Internationale a
pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de
« ses » impérialistes aux colonies, de
soutenir, non en paroles mais en fait, tout mouvement d'émancipation
dans les colonies, d'exiger l'expulsion des colonies des
impérialistes de la métropole, de nourrir au cœur
des travailleurs du pays des sentiments véritablement
fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies
et des nationalités opprimés et d'entretenir parmi les
troupes de la métropole une agitation continue contre toute
oppression des peuples coloniaux.
7.
Tout Parti désireux d'appartenir à
l'Internationale Communiste doit poursuivre une propagande
persévérante et systématique au sein des
syndicats, coopératives et autres organisations des masses
ouvrières. Des noyaux communistes doivent être formés,
dont le travail opiniâtre et constant conquerra les syndicats
au communisme. (…)Ces noyaux communistes doivent être
complètement subordonnés à l'ensemble du Parti.
8.
Les Partis désireux d'appartenir à
l'Internationale Communiste ont pour devoir de réviser la
composition de leurs fractions parlementaires, d'en écarter
les éléments douteux, de les soumettre, non en paroles
mais en fait, au Comité Central du Parti, d'exiger de tout
député communiste la subordination de toute son
activité aux intérêts véritables de la
propagande révolutionnaire et de l'agitation.
9.
Les Partis appartenant à
l'Internationale Communiste doivent être édifiés
sur le principe de la centralisation démocratique. (…)
10.
Les Partis Communistes des pays où les
communistes militent légalement doivent procéder à
des épurations périodiques de leurs organisations, afin
d'en écarter les éléments intéressés
et petit-bourgeois.
11.
(…)Tout Parti désireux d'adhérer
à l'Internationale Communiste doit s'intituler Parti
Communiste de... (section de la III° Internationale Communiste).
(…) Il importe que la différence entre les Partis
Communistes et les vieux Partis « social-démocrates »
ou « socialistes » officiels qui ont vendu le
drapeau de la classe ouvrière soit plus nette aux yeux de tout
travailleur.
12.
Les Partis qui voudraient maintenant adhérer
à la III° Internationale, mais qui n'ont pas encore
modifié radicalement leur ancienne tactique, doivent
préalablement veiller à ce que les 2/3 des membres de
leur Comité Central et des Institutions centrales les plus
importantes soient composés de camarades, qui déjà
avant le 2° Congrès s'étaient ouvertement prononcés
pour l'adhésion du Parti à la III° Internationale.
(…).
13.
Les adhérents au Parti qui rejettent les
conditions et les thèses établies par l'Internationale
Communiste doivent être exclus du Parti. Il en est de même
des délégués au Congrès extraordinaire.
Tel
est le parti qui sortit du congrès de Tours, manifestant ainsi
clairement sa volonté d’être et de se comporter en
parti communiste. Car être communiste, militer en communiste,
il ne suffit pas de le vouloir, il faut un apprentissage, dans les
combats de la lutte de classe.
L’histoire
de la première décennie du PCF, c’est ainsi
l’histoire du processus de transformation d’un parti
encore marqué par le social-démocratisme au sortir du
congrès de Tours en un véritable parti communiste.
C’est le processus dit de bolchévisation, qui a fait du
PCF un grand parti révolutionnaire.
Cela
s’exprima par exemple dès l’année 1923,
dans la lutte contre l’occupation de la Ruhr par l’impérialisme
français. Un véritable baptême du feu car
l’opinion française était dominée par le
chauvinisme et donc les communistes agissaient nettement à
contre-courant. Les Jeunesses Communistes s’illustrèrent,
en appelant les soldats français, par le bais de leur bulletin
La Caserne, à fraterniser avec la population ouvrière
allemande. Le PC, avec la CGTU, organisa des manifestations dans les
grandes villes françaises, sous les mots d’ordre « A
bas l’occupation de la Ruhr, vive la paix avec les travailleurs
allemands ! » Et ils réussissaient, dans
leur propagande, à faire le lien avec les revendications
fondamentales de l’heure : la journée de 8 heures,
le repos hebdomadaire, etc. Le jeune PC se comporta avec honneur et
sens révolutionnaire. Ce fut une grande école pour les
cadres, forgeant ainsi une nouvelle génération de
combattants, de jeunes combattants. L’IC félicita
le PCF et salua son action comme un « exemple classique de
lutte contre la guerre ».
Peu
après, en 1925, survint la guerre du Rif, au Maroc, opposant
le jeune Etat indépendant du Rif dirigé par Abd El Krim
aux Etats espagnols et français, les puissances coloniales.
Contre la guerre, le Comité Central du PC forma un « comité
central d’action contre la guerre » pour impulser
une nouvelle campagne de fraternisation. Ce Comité est dirigé
par un jeune militant de 25 ans Maurice Thorez, alors secrétaire
permanent adjoint de la région Nord, et bientôt coopté
au Bureau Politique. Là aussi les Jeunesses Communistes sont à
la pointe du combat, luttant sans relâche pour la
« fraternisation des soldats français, espagnols,
arabes », pour « l’indépendance
totale du Maroc ». Les communistes impulsent aussi le
débat au sein de la CGTU, qui appelle en octobre 1925 à
une grève générale – 300 000
participants ! -, premier action de ce type contre le
colonialisme !
Cette
action anticoloniale fut d’autant plus exemplaire qu’elle
rompait nettement avec les positions social-impérialistes des
leaders traditionnels du mouvement ouvrier. Positions contre
lesquelles justement le jeune PCF a dû combattre, y compris en
son sein, pour s’affirmer comme un authentique parti
communiste.
Pensons
que lors du Congrès de Tours, les fédérations
d’Algérie de la SFIO – pourtant favorable à
l’adhésion à l’IC - exprimèrent des
réserves, lors de leur congrès fédéral,
sur la question coloniale, évoquant la « mission
civilisatrice de la France en Algérie »
(sic !), la colonisation étant perçue comme une
« condition nécessaire, indispensable à
l’avènement du socialisme » (sic !).
Cela reflétait bien sûr l’opinion des
métropolitains d’origine, majoritaires dans la
fédération ; mais plus largement, cela reflétait
l’opinion classique de la social-démocratie européenne,
marquée par un économisme déterministe qui
faisait de la classe ouvrière des pays les plus « avancés »
sur le plan du développement capitaliste le poste avancé
de la révolution mondiale, position avec laquelle précisément
Lénine et le léninisme rompit en démontrant qu’à
l’époque de l’impérialisme tous les pays et
les peuples étaient liés par une seule et même
chaîne et que la révolution commencerait là où
le maillon de la chaîne était le plus faible.
L’Internationale
Communiste apporta une aide au jeune PCF pour progresser sur cette
question qui fut abordé lors du IV congrès mondial en
1922, puis encore lors du Vème congrès mondial en 1924.
Peu à peu toutefois, le PCF fit sienne la thèse de
l’interaction du mouvement de libération sociale (dans
les métropoles) et du mouvement de libération nationale
(dans les colonies), rompant avec les conceptions chauvines et
européo-centristes négatrice du rôle fondamental
des luttes coloniales, de leur force comme foyer de réserve de
la révolution prolétarienne mondiale. En 1925, les
communistes algériens proclamaient : « les
revendications partielles ne peuvent en aucune circonstance masquer
le but final pour lequel nous luttons, c’est-à-dire
l’indépendance de l’Algérie ».
La
bolchévisation du PC dans ces années 1920
signifia aussi, bien sûr, un effort d’éducation
politique de l’ensemble des militants et des cadres. Fin 1924,
un envoyé de l’IC lors de la tenue de la première
école centrale du PCF considérait que le PC était
composé de « 20% de jauressisme, 10% de
marxisme, 20% de léninisme, 20% de trotskisme, 30% de
confusionnisme ». Un long chemin vers l’objectif
d’un parti léniniste ! Mais le parti entreprit un
effort sérieux, par le biais de cours, de conférences
éducatives, de publications de brochures et de traductions
d’œuvres fondamentales de Lénine, ou de Staline
qui, dans Les principes du léninisme, su exposer
clairement et simplement les idées directrices fondamentales
du socialisme scientifique. Tout cela contribua à forger de
nombreux militants ouvriers qui avaient peu passé de temps sur
les bancs de l’école républicaine, et de futurs
dirigeants, tels que Jacques Duclos, Fernand Grenier, Benoit Frachon.
Enfin,
la bolchévisation signifia, dans la pratique, l’enracinement
du Parti au cœur de la classe ouvrière, en passant d’une
organisation en sections territoriales construites autour des
circonscriptions électorales en une organisation basée
sur les cellules d’usines, dans l’objectif de conquérir
la majorité de la classe ouvrière. Cela signifiait la
nécessité pour le parti de se construire en se tournant
prioritairement vers la classe ouvrière, mais aussi de
dépasser l’héritage anarcho-syndicaliste laissant
aux seules sections syndicales la conduite des luttes dans
l’entreprise. En août 1924, le nouveau secrétaire
général du PCF – le cheminot Pierre Sémard
- était pour la première fois un ouvrier, symbole de la
réussite du PCF pour faire accéder aux premières
responsabilités des militants ouvriers. [Début d’une
tradition qui s’achèvera 70 ans plus tard avec la
nomination du représentant des élus Robert Hue.]
L’affirmation
plus forte du caractère prolétarien du PC passait aussi
par un travail solide au sein des syndicats, et notamment de la CGTU.
La CGTU, née en 1921 du regroupement des exclus de la CGT
réformiste, connut alors une forte croissance. Cela n’allait
pas sans problèmes : la génération d’avant
1914 qui dirigeait le CGTU était tournée vers les
préoccupations quotidiennes, tandis que les jeunes ouvriers
voulaient d’abord en finir avec le capitalisme, jugeant
« dépassée la lutte pour le
beefsteak ». Le mérite du PCF est d’avoir
réussi la fusion de ces deux générations,
permettant ainsi l’émergence d’un solide courant
de lutte de classe dans le mouvement syndical, d’abord dans la
CGTU, puis après 1935 dans la CGT réunifiée. Il
a su également attirer à lui de grands dirigeants
ouvriers qui ont fait le pas de l’engagement politique
communiste, tel Gaston Monmousseau, leader de l’aile
révolutionnaire de la CGT pendant la première guerre
mondiale, puis secrétaire général de la CGTU dès
1922, qui adhère au PC en 1925 puis intègre en 1926 son
Bureau Politique.
Un
engagement qui ne voulait pas dire tutelle du parti sur le syndicat
de classe. Comme le dit Staline lors de la séance du Comité
Exécutif de l’IC consacré à la question
française en 1926: « Il faut diriger les
syndicats par l’intermédiaire des communistes qui mènent
un travail constant dans les syndicats et non en dehors de ces
communistes. (…) Le Parti ne peut se consolider s’il ne
bénéficie de l’appui extrêmement sérieux
que constituent les syndicats et leurs dirigeants ».
Ainsi
voici rappelé quelques épisodes significatifs de
l’émergence du PCF comme authentique parti communiste
révolutionnaire. C’est ce parti trempé dans les
luttes des années 1920, réorganisé, armé
idéologiquement du marxisme-léninisme, stabilisé
au tournant des années 30 autour d’un noyau dirigeant
éprouvé bien qu’encore jeune – Thorez 30
ans, Duclos 34 ans, Frachon 37 ans – c’est ce parti qui
va avec habileté et détermination s’engager dans
la tactique du front populaire antifasciste puis, après la
trahison de la bourgeoisie française face à Hitler,
dans la tactique du front national de la résistance.
Des
pages glorieuses de l’histoire du PCF, sur lesquelles nous
revenons dans une brochure que nous rendons public aujourd’hui
même et que vous trouverez sur la table de littérature
du Cercle Henri Barbusse. (Le tome 2 de notre Contribution à
l’Histoire du PCF).
Des
pages glorieuses, qui ont values parfois calomnies, déformations,
et même aujourd’hui tentative de récupération
de la part de Sarkozy, ce qui est une forme d’hommage du vice à
la vertu ; ce qui montre comment le PCF, au fond, est
incontournable dans la mémoire de ce pays. On se souvient de
l’épisode Guy Môquet. Aujourd’hui, Sarkozy
rend hommage aux jeunes manifestants qui, il y a 90 ans précisément,
organisaient la première manifestation publique contre
l’occupant, le 11 novembre, place de l’Etoile devant
l’Arc de Triomphe…. mais sans dire que ces « jeunes »,
étudiants et lycéens, étaient sortis manifester
notamment à l’appel de l’Union des Etudiants et
Lycéens Communistes de France !
Bien
sûr, dans cette phase ascendante du Parti Communiste, il y a
des faiblesses, des penchants vers la déviation, séquelles
de l’héritage social-démocrate contre lequel
il n’a eu de cesse de lutter. Des insuffisances notamment
visibles lors du Front populaire quand le Parti combattait
insuffisamment la tendance lourde du mouvement ouvrier français
consistant à laisser les forces prolétariennes
subordonnées au large mouvement démocratique. En effet,
si le PC sut s’opposer aux gesticulations gauchistes et
trotskistes qui voyait dans le Front populaire le début de la
« révolution prolétarienne »,
dans ce combat il dévia toutefois à droite en ne
mesurant pas suffisamment que l’organisation des masses
devaient s’effectuer dans des Comités de base élus
du Front populaire et en ne prenant pas suffisamment ses distances
avec le parlementarisme et le légalisme. Ce même
problème reviendra à la Libération, en
1945-1947, ce qui vaudra au PCF une critique de sa politique lors de
la Conférence des Partis communistes européens tenue en
septembre à Szklarska Poreba (la conférence de
fondation du Kominform).
Déviation
aussi sur la question coloniale pendant le Front Populaire, qui
montre les difficultés à éradiquer les séquelles
du social-démocratisme. Alors que le VIIème Congrès
de l’Internationale Communiste en 1935 avait bien insisté
sur la nécessité, en ce qui concerne la lutte
antifasciste dans les colonies, de mettre en place un « front
populaire anti-impérialiste », alliant lutte contre
le fascisme et lutte pour l’indépendance nationale (les
monopoles coloniaux étant les plus sûrs tenants du
fascisme)… dans la pratique l’alliance avec les peuples
coloniaux proposé par le PCF devenait l’alliance avec la
« France démocratique du front Populaire » ;
l’intervention de Maurice Thorez à Alger en février
1939 porte ainsi sur la nécessité de « l’union
du peuple algérien autour du peuple français ».
Réactivation au fond, sous une forme modifiée, des
appels de Jaurès à la « mission
civilisatrice de la France républicaine».
Ces
penchants vers la déviation au moment du Front populaire,
penchants qui seront réactivés dans les combats de la
Libération ; ces tendances du PCF à absolutiser le
Front Populaire, c’est-à-dire à vouloir en faire
une tactique valable en tous lieux et en tous moments, même
quand les conditions ont manifestement changés (voir le
soutien au « front républicain » de Guy
Mollet en 1956), tout cela ne permet pas de nier que le PCF a été
le meilleur parti révolutionnaire prolétarien que la
France ait connu, en dépit de ses faiblesses.
Le
Cercle Henri Barbusse considère, et c’était la
position de l’Internationale Communiste puis du Kominform
elle-même, à 100 lieux de la conception idéaliste
du « parti pur » chère aux trotskistes,
que le PCF a été un authentique parti communiste, qui a
su contester l’hégémonie du réformisme sur
le mouvement ouvrier et se placer ainsi comme force dirigeante des
luttes ouvrières et populaires, permettant les conquêtes
sociales et démocratiques.
Bien
sûr un Parti communiste ne peut se développer qu’en
menant une lutte contre l’opportunisme, en éliminant les
opportunistes de ses rangs. Tant que subsistera l’impérialisme
source matérielle de la politique de conciliation avec le
capital, il n’y aura pas de parti communiste « pur »,
complètement « parfais ». Mais il faut
au moins que la lutte contre l’opportunisme soit menée,
du haut en bas de l’organisation, constamment. Quand cette
lutte n’est plus menée, voire même quand
l’opportunisme fini par être diffusé par le
sommet… on entre alors dans un processus objectif de
dé-communisation du PCF.
Ainsi
à la phase ascendante du Parti Communiste des années
1920 aux années 1950-1060, a succédée une longue
phase descendante, durant laquelle le révisionnisme
(c’est-à-dire la révision du marxisme sur le plan
idéologique), et l’opportunisme vont peu à peu
s’épanouir, conduisant de fait à un processus de
social-démocratisation objective du PCF.
Différentes
étapes dans ce processus :
-
hésitations centristes de la direction du PCF sous Thorez,
Duclos, Frachon qui a, à la fois, concilié et résisté
face à l’offensive anti-staliniste de la direction
révisionniste du PCUS vite relayée par
l’impérialisme ;
-
centrisme face à l’opportunisme de droite antisoviétique
qu’est « l’eurocommunisme », puis
son adoption plus tard ;
-
tournant opportuniste du « programme commun PS/PCF»
fondé sur la théorie révisionniste de la
conquête parlementaire du pouvoir qui a entraîné
ensuite l’abandon idéologique de la dictature du
prolétariat en 1976;
-
premiers travaux pratiques de la collaboration de classe au pouvoir
en 1981, puis répétition aggravée sous
l’appellation de la « gauche plurielle »
en 1997/2002 ;
-
la chute du mur de Berlin, la défaite du socialisme réel
et la désintégration du camp socialiste et la
restauration du capitalisme en URSS dans les années 90 ont
précipité et accéléré le cours
opportuniste du PCF sous la forme de la « mutation »
au nom du « communisme à la française »,
résurgence d’une déviation chauvine ancienne qui
fut longtemps combattue au sein du PCF avec l’aide du Komintern
et du Kominform.
Le
PCF à partir des années 1970, 1980 surtout et 1990,
devenait de plus en plus le parti des « classes moyennes »
et de l’aristocratie ouvrière de plus en plus
bureaucratisée, base matérielle de la « mutation »
idéologique social-démocrate antisoviétique et
anti-communiste.
Les
travaux pratiques de la collaboration de classe, notamment dans le
gouvernement de la « gauche plurielle » ont
contribué aux défaites successives des luttes ouvrières
et populaires, prolongées par l’effondrement électoral
du PCF.
Si
la participation au gouvernement du PCF en 1981 était déjà
un pas dans la collaboration de classe, ce dernier démissionna
sous la houlette de G. Marchais dès le « tournant
de la rigueur et de l’austérité budgétaire ».
L’opportunisme minait fortement le PCF, mais la résistance
interne d’une partie significative de la base poussa à
la démarcation sans parvenir à une rectification
idéologique et une indépendance électorale.
En
1997, sous la houlette de Robert Hue, que l’on peut appeler le
« Gorbatchev français », la situation
s’était aggravée, après plusieurs années
d’offensive de la direction sur le thème de la nécessité
d’une « mutation » idéologique du
PCF.
L’abandon
du marxisme-léninisme, de l’internationalisme
prosoviétique, de la lutte pour la transformation
révolutionnaire de la société, du renversement
de la dictature de la bourgeoisie, de l’expropriation des
capitalistes et l’édification de la société
socialiste par la dictature du prolétariat sans et contre la
bourgeoisie, tous ces abandons ont fait consensus progressivement
dans la direction du PCF de Georges Marchais à aujourd’hui.
Le
PCF s’est engagé d’abord de façon critique
sous Georges Marchais, puis entièrement dans
l’alliance/soumission au PS en privilégiant la défense
des intérêts de l’aristocratie ouvrière, et
non de l’ensemble de la classe ouvrière, ce qui a
conduit à l’effacement du rôle et de la place des
militants ouvriers d’avant-garde au profit du rôle des
élus de plus en plus issus des couches petites bourgeoises. De
là le passage inévitable à la collaboration avec
Robert Hue.
Tel
est le processus dans le PCF que l’on a connu ces deux
décennies.
Ce
qui devait arriver, arriva: la capitulation idéologique, puis
l’affaiblissement organisationnel furent suivis de
l’effondrement électoral du PCF. Laissant un vide que,
parallèlement, le capital s’empresse de remplir par les
trotskistes et les écologistes.
A
chaque étape du processus réformiste, des communistes
ont organisé la résistance à l’intérieur
puis petit à petit à l’extérieur du PCF.
Ainsi se sont formés à l’intérieur et à
l’extérieur du PCF des réseaux et groupes de
militants communistes engagés dans le combat pour reconstruire
un mouvement communiste révolutionnaire organisé.
Il
s’agit d’un besoin objectif, non seulement parmi les
communistes éparpillés, voire encore divisés,
mais ce besoin d’un parti authentiquement communiste se fait
sentir aujourd’hui surtout comme une exigence même des
luttes sociales et démocratiques contre les politiques de
liquidation des conquêtes sociales et démocratiques de
l’époque de l’existence de l’URSS et du camp
socialiste et de paupérisation des travailleurs et des peuples
au centre du système impérialiste mondial que sont
l’UE, les USA et les autres pays de la Triade.
Mais
ce Parti ne se construira pas, ou plutôt ne se reconstruira
pas, s’en tenir compte de plusieurs éléments :
-
les luttes et résistances de classe à
l’offensive prédatrice du capital, mais aussi les luttes
et résistances démocratiques et patriotiques à
l’offensive néocoloniale de l’impérialisme
génèrent des différenciations au sein même
de l’aristocratie ouvrière et font émerger de
nouveaux dirigeants d’avant-garde issus des luttes sociales et
nationales progressistes qu’il faut gagner au
marxisme-léninisme.
-
Au sein même du PCF et du MJCF, en lien avec
les luttes de classe, la tendance à l’adaptation au
système se heurte inévitablement à une
contre-tendance révolutionnaire, qui fait émerger à
chaque instant de nouveaux militants, voire de nouveaux groupes qui
veulent « rester communistes » sur les bases
fondatrices du Parti fondé au Congrès de Tours ;
C’est
en tenant compte de cette dynamique de la lutte de classe, et de son
reflet y compris à l’intérieur du PCF en dépit
de son programme objectivement réformiste et simplement
anti-libéral, que le Cercle Henri Barbusse, et les
organisations regroupés avec lui au sein du rassemblement des
Cercles Communistes, a bâti sa politique.
Dès
le début des années 1990, en développant la
défense de l’objectif de la reconstruction par la mise
en place d’un cadre indépendant des « communistes
qui veulent rester communistes »,
mais sans sectarisme vis à vis des militants du PCF qui se
pensent voire agissent en communistes. Il s’agissait, il s’agit
d’œuvrer « au
rassemblement des deux processus dans et hors du PCF »
(cf. Bases d’Unité et d’Action – 1998).
En
2004, nous appelions à voter pour la liste autonome du PCF du
Nord/Pas-de-Calais, saisissant le fait objectif que cette liste, sur
laquelle se trouvaient ou qui étaient soutenu par les
dirigeants syndicaux les plus combatifs des luttes sociales contre
les attaques du capital, saisissant ainsi le fait que cette liste
était l’expression de la défense des intérêts
immédiats de la classe ouvrière.
En
2007, parmi les différentes candidatures, divisées,
issues du camp antilibéral objectivement constitué dans
la foulée de la bataille du Non à la constitution
européenne impérialiste, nous appelons à voter
MG Buffet, prenant en compte le fait qu’il s’agissait
aussi, et notamment face à Besancenot, de défendre les
traditions communistes qu’incarne objectivement aux yeux de
millions d’ouvriers le PCF.
En
2010, nous soutenons et participons au moins dans deux régions
(Nord-Pas-de-Calais et Alsace) aux listes autonomes constituées
avec le PCF, force motrice du front populaire anti-libéral en
constitution à la gauche de la social-démocratie
social-libérale.
La
reconstruction du Parti révolutionnaire marxiste-léniniste
de la classe ne peut être qu’un processus
dialectique qui connaîtra des phases de développement
quantitatif et des sauts qualitatifs. Elle se situe en conséquence
à l’inverse d’une auto-proclamation, d’une
attente idéaliste d’une émergence spontanée
par les luttes sociales ou d’un aveuglement sur l’espoir
que des dirigeants faillis s’amendent et retrouve le chemin de
la lutte de classe.
Les
résistances anti-libérales et anti-impérialistes
parfois victorieuses (en Amérique Latine notamment) annoncent
que des masses travailleuses et des peuples opprimés
commencent à secouer la torpeur de la soumission et de la
résignation qui ont marqué la période de la
défaite du socialisme, de l’implosion de l’URSS et
de la restauration du capitalisme.
Commence
aussi à s’essouffler l’offensive tout azimut de
l’impérialisme qui profitait de sa victoire temporaire
pour imposer la pensée et la pratique politique unique du
libéralisme dans le but d’obtenir le maximum de profit
et étendre ainsi la mondialisation capitaliste à tous
les coins et recoins de la planète.
De
novembre/décembre 95, en passant par la victoire du NON au
référendum, celle contre le CPE, aux luttes - mêmes
vaincues, parfois partiellement - contre la retraite en 2003, puis
celles des dockers-marins, des cheminots, RATP en 2007 et la révolte
des quartiers populaires en 2005, la lutte récente de
l’automne 2010 contre la réforme des retraites, toutes
ces résistances et luttes sociales ainsi que les mobilisations
altermondialistes sont des mouvements qui montrent la sortie
progressive des masses laborieuses de l’apathie, et la montée
en puissance de la contestation sociale.
Ce
facteur pose la nécessité de l’unité
d’action des communistes, où qu’ils se trouvent,
et la nécessité du réarmement idéologique
du mouvement communiste, c’est-à-dire du réarmement
marxiste-léniniste pour passer de l’anti-libéralisme
à l’anti-capitalisme et reconstruire ainsi un vrai parti
communiste, en capacité d’être l’avant-garde
réelle des luttes des classes, des résistances
ouvrières et populaires, à l’avant-garde du front
populaire de résistance anti-libérale en constitution,
front qui est une nécessité objective pour briser la
bipolarisation politique droite/gauche et créer un nouveau
rapport de force, étape vers la lutte anti-capitaliste,
c’est-à-dire la suppression de la propriété
privée des moyens de production et d’échange et
l’édification d’une société
socialiste.
Dans
ce travail politique des communistes marxistes-léninistes
d’aujourd’hui, nous n’en oublions pas –
au-delà des programmes des uns et des autres – l’enjeu
des traditions, de l’héritage, des cultures sociales,
politiques et idéologiques. C’est en ce sens que le PCF
–tel qu’il est et au-delà de son programme que
nous jugeons non communiste, social-démocrate en fait –
est selon nous, comme nous l’avions déjà montré
en 2007 en soutenant MG Buffet, naturellement l’élément
central du front populaire antilibéral en constitution.
En
effet si le PCF de l’époque de Thorez et Duclos n’a
rien à voir sur le plan idéologique, politique,
organisationnel et électoral avec le PCF social-démocratisé
actuel, un certain héritage, des traits pérennes ont
traversé les temps et continuent à œuvrer en
profondeur au sein du mouvement ouvrier et donc au sein des
organisations politiques et syndicales ouvrières. Par
ailleurs, la base du PCF reste une base ouvrière, et en
particulier une base réunissant les éléments
avancés de la classe. On peut vérifier cela par le fait
que très souvent les dirigeants ouvriers des luttes sociales
actuelles sont pour beaucoup soit des adhérents, soit des
sympathisants du PCF.
La
stratégie du capital est d’empêcher la
reconstruction d’un parti communiste révolutionnaire
s’inspirant de la seule expérience révolutionnaire
ayant vaincu la bourgeoisie dans un pays et édifié une
société socialiste débarrassée de la
propriété privée des moyens de production.
C’est
ainsi que les forces politiques sur lesquelles compte le capital pour
faire obstacle à la reconstruction d’un parti de la
révolution socialiste sont :
- D’abord
il y a la « mutation » enclenchée par la
direction du PCF qui se résume à la transformation du
PCF en parti social-démocrate, y compris avec des tendances
reconnues en son sein. L’affaiblissement électoral du
PCF résulte de la colère des classes populaires contre
l’abandon de la lutte des classes, sa participation aux
gouvernements patronaux et sa dépendance de plus en plus
grande vis à vis du PS pour ses élus nationaux
(députés) et locaux (collectivités
territoriales). Historiquement la bourgeoisie a d’abord
affaibli idéologiquement le PCF en détruisant de
l’intérieur, avec l’aide des révisionnistes,
ses fondements marxistes-léninistes, puis l’a l’affaibli
sur le plan organisationnel par la liquidation des cellules
d’entreprises et sa direction prolétarienne et sur le
plan électoral en l’inféodant au PS. La
bourgeoisie est consciente que la tradition et la culture ouvrière
et communiste qui marque le PCF et qui peut, avec son nouveau virage
anti-libéral combatif, continuer à inspirer les jeunes
générations, ses liens – affaiblis mais toujours
existants - avec le monde du travail, sont objectivement un facteur
de résistance anti-libérale aujourd’hui,
notamment dans les usines, dans les entreprises et les lieux de
travail.
- Ensuite
il y a le projet d’un grand parti trotskiste à la
« gauche » du PCF. L’opération
NPA, portée par le télégénique
Besancenot, est la dernière tentative en date.
- Puis
il y a les Verts chez qui se retrouvent bon nombre d’ex-maoïstes
qui ont la charge de capter les éléments des classes
moyennes de sensibilité écologiste pour les détourner
des questions sociales.
- Enfin,
autour de Mélenchon, s’agitent des militants
social-démocrates de gauche, anti-communistes dont le projet
est un « linkspartei » dans lequel doivent se
diluer les partis existants – notamment le PCF - et les
militants-citoyens individuels. Sa ligne est celle de la recherche
vaine d’une 3ème
voie entre réformes et révolution.
Son programme est certes peu différent de celui du PCF
d’aujourd’hui, en réalité, mais le PCF, par
le fait même qu’il s’appelle encore ainsi et se
situe objectivement dans l’Histoire du PCF fondé à
Tours, est encore trop « prisonnier » de ce
« vice fondateur » originel selon les
mélenchonnistes et il importe de le « dépasser »
par substitution.
Voilà
dans quel contexte nous nous situons aujourd’hui. Voilà
ce qui fonde notre volonté et notre pratique unitaire au sein
de la ‘famille’ communiste. Voilà ce qui fonde
notre attachement à cet acte fondateur – dont nous
célébrons aujourd’hui le 90ème
anniversaire – le Congrès de Tours, d’où
émergea, sorti des scories du social-démocratisme, un
Parti de type nouveau, un parti léniniste, le PC section
française de l’Internationale Communiste.
Voilà
ce qui fonde notre volonté – dans l’intérêt
des travailleurs et de leurs familles, dans l’intérêt
des peuples opprimé – d’œuvrer patiemment à
la ré-émergence d’un tel parti communiste.
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