Lors de la guerre du Golfe, les Etats-Unis ont imposé leur « nouvel ordre mondial» profitant de la mise à mort de l'URSS par l
Lors
de la guerre du Golfe, les Etats-Unis ont imposé leur «
nouvel
ordre mondial » profitant
de la mise à mort de l'URSS par la trahison de Gorbatchev.
L'effondrement (temporaire) de l'URSS laissait pleine mesure à
l'hégémonisme états-unien dans un monde
désormais unipolaire. Les impérialistes et leurs
idéologues nous ont alors loué l'avènement d'une
ère de paix et de prospérité. Les interventions
de l'OTAN contre la Yougoslavie et l'Afghanistan, la nouvelle guerre
en préparation contre l'Irak ouvrent les yeux des masses sur
la nature agressive et guerrière de la soi-disant « pax
americana ».
I)
Les causes immédiates de la guerre
Rechercher
une solution à l'approfondissement de la crise générale
de l'impérialisme
La
guerre constitue une bouffée d'air pour l'économie
capitaliste en pleine crise. Celle-ci est arrivée dans une
phase aiguë. Après les multiples crises locales (Mexique
94, Asie 97, Brésil et Argentine 98, Russie 99, nouvelle crise
en Argentine...), ce sont les trois pôles impérialistes
(USA, UE et Japon) qui sont simultanément touchés.
Rappelons que ces signes étaient présents avant le 11
septembre 2001. La consommation d'armes profite aux industries
d'armement, lesquelles constituent les principaux lobbies du
monde impérialiste. Et comme celles-ci passent des commandes à
de nombreux secteurs (électronique, automobile, moteur...),
c'est la quasi-totalité des gros monopôles qui en
profite. Le chef économiste d'une multinationale (la BBL),
Peter VandenHoute résume: « aussi inhumain que cela
puisse paraître, pour l'économie mondiale, «
une toute petite guerre » serait maintenant la
meilleure solution. Une guerre à l'issue « favorable
» signifierait une diminution du prix du pétrole
et des taux d'intérêts, et une relance des cours de la
bourse» (AFP - 21 septembre 2002). Evidemment, ce sont les
travailleurs et les peuples qui feront les frais de cette guerre.
Franklin Spinney, spécialiste américain de la défense,
a déclaré: « le choix d'un budget militaire de
4% du Produit National Brut signifie une déclaration de
guerre à la sécurité sociale et aux besoins de
santé ». Le même phénomène se
passe en France, engendrant l'augmentation des dotations policières
et militaires (88 milliards d'euros rien que pour le nouveau
porte-avions) et une nouvelle attaque virulente s'annonce sur les
retraites et la sécu.
Une
guerre au bénéfice des pétroliers
Le
président des pétroliers Bush ne pouvait qu'écouter
les demandes claires de ses véritables « grands
électeurs » que sont les pétroliers
américains : « A terme cela n'a aucun sens pour les
compagnies occidentales de dépenser d'immenses sommes pour
l'exploration du pétrole devant les côtes de l'Angola et
d'y travailler à des centaines de mètres de profondeur
sous la mer, alors qu'il y a un gigantesque champ pétrolifère
de 40 milliards de barils en surface en Irak» (dixit
un des princes du pétroles US, M. Telling). Cette guerre pour
le pétrole ne profitera qu'aux compagnies pétrolières:
en effet, le prix du baril s'est écroulé en dessous du
prix d'avant le premier choc pétrolier de 1973, même si
le prix moyen à la pompe ne cesse d'augmenter.
Renverser
un régime qui se bat pour préserver sa souveraineté
nationale
L'Irak
mène une politique d'indépendance depuis longtemps
puisqu'elle tenait tête à l'impérialisme en
1973/74 en étant à l'origine de la création de
l'OPEP au moment où il nationalisait la production de pétrole.
Puis il nationalisa le raffinage en 1978/1980. L'arme irakienne
redoutée par les Etats-Unis est évidemment le pétrole
comme l'indique la déclaration de Kissinger dans « Does
America need a Foreign Policy» : « Un événement
de mauvais augure est apparu à l'automne 2000, lorsque Saddam
s'est efforcé de manipuler le marché des produits
pétroliers en diminuant régulièrement les
flux de pétrole autorisés sous le régime des
sanctions. Ces efforts doivent être traités pour ce
qu'ils sont: non pas un problème d'approvisionnement
et de demande en énergie, mais un défi à
la sécurité nationale» des USA. La tactique
impérialiste de pousser à la misère et à
la famine le peuple irakien pour le retourner contre ses dirigeants
n'aboutissant pas, la Maison Blanche envisage désormais
l'occupation pure et simple de l'Irak comme le confirme un article du
New York Times repris par Le Monde du 12/10/02. Les USA
cherchent par tous les moyens à renforcer leur contrôle
du Moyen-Orient. Les Etats-Unis ne peuvent plus se satisfaire du
régime saoudien comme principale base après Israël.
L'Etat sioniste ne parvient pas à écraser l'Intifada,
l'Irak continue de défier les Etats-Unis et les Européens
contournent de plus en plus l'embargo contre l'Irak, ce qui va
provoquer la reprise et la poursuite des bombardements des USA et de
la Grande-Bretagne. Pour échapper à la dépendance
vis-à-vis des USA en matière de pétrole, la
Chine, la Russie et le Japon font pression pour la levée de
l'embargo, les relations économiques entre l'Europe, l'Iran et
la Libye se développent. La loi américaine d'Amato
cherche à limiter ces relations commerciales. Les positions
US, refusant de ratifier les accords de Kyoto, rejetant
l'identification du sionisme au racisme comme l'avait fait
l'assemblée générale de l'ONU en 1975, méprisant
la qualification de l’« esclavage » comme
crime contre l'humanité et déniant le principe des
réparations, alimentent une montée de plus en plus
perceptible de l'anti-américanisme au sein des peuples. Après
l'agression de l' Afghanistan, après le soutien à
Israël, la reprise des bombardements contre l'Irak, la
destruction de la principale usine pharmaceutique du Soudan,
l'anti-américanisme a décuplé dans les pays
musulmans, en particulier en Arabie Saoudite. De plus, les attentats
ont montré que des membres du gouvernement d'Arabie Saoudite
étaient liés à Al Qaïda par
hostilité envers les Etats-Unis. L'Arabie Saoudite posait
d'ailleurs déjà problème (les dirigeants
saoudiens sont obligés pour sauver leur peau de prendre une
attitude plus hostile aux Etats-Unis) comme l'a montré le
déménagement de la base de commandement militaire de la
région au Qatar. Ainsi Richard Perl, stratège en chef
du Pentagone, déclarait dans le journal israélien
Yediot Aharonot du 27 mars 2002 : « D'après
moi, les Saoudiens ne font pas partie d'une solution, mais font
partie du problème... ». C'est donc dans une guerre
de très grande envergure en premier lieu pour le contrôle
du Moyen-Orient que les Etats-Unis ont décidé de se
lancer. Les premiers objectifs sont le renversement du régime
irakien par les USA et l'expulsion des Palestiniens de l'autre côté
du Jourdain par Israël. A terme, ce sont tous les pays de la
région désigné par le terme «d'axe du
mal» qui sont menacés: Iran, Libye, Syrie, etc.
C'est en effet, la poursuite de la politique d'intimidation entamée
après le 11 septembre. Les Etats-Unis n'ont jamais caché
que l'Afghanistan n'était qu'une première étape.
Les attentats contre le WTC (les preuves s'accumulent sur la
complicité des Etats-Unis) ont été le
prétexte d’un énorme chantage aux niveaux
intérieur et extérieur, dirigé par
l'administration Bush: « Vous êtes avec nous ou contre
nous ». Les Etats-Unis eurent momentanément les
mains libres pour agresser avec l'aide de leurs rivaux/alliés
européens l'Afghanistan, y provoquant plus de trois fois plus
de morts que dans le WTC (10000 morts contre 3000). il s'agit
de montrer à tous les pays du monde que les Etats-Unis
comptent pleinement utiliser leur supériorité militaire
dans les relations internationales. Les Etats-Unis pratiquent une
politique terroriste envers tous les peuples et les pays du monde.
Les attentats du 11 septembre rappellent en cela l'incendie du
Reichstag par les nazis, prétexte à l'écrasement
du Parti Communiste Allemand et du mouvement syndical et
démocratique. La guerre contre l'Irak est la poursuite de
cette politique avec le développement du concept de « guerre
préventive ». On a ainsi pu entendre Rumsfeld
déclarer sur la question de la production d'armes de
destruction massive par l'Irak que « L'absence de
preuve ne signifie pas la preuve de l'absence ». Avec
une telle formule, on peut justifier absolument toute agression.
II)
Contradictions inter-impérialistes
La
contradiction actuelle la plus exacerbée et la plus explosive
est celle entre les impérialistes. Avant 1991, celle-ci a été
en quelque sorte surdéterminée par leur opposition au
camp socialiste, depuis ces contradictions sont laissées à
leur libre cours. La crise structurelle qui frappe le monde
capitaliste pousse les différents capitalistes à une
lutte acharnée pour la (re)valorisation de leurs capitaux.
Entre eux aussi l’époque des compromis d'antan est de
plus en plus révolue. Depuis, c'est la montée en
puissance de la lutte entre les deux pôles les plus dynamiques
et offensifs, à savoir l'Union Européenne et les
Etats-Unis, pour le repartage du monde, qui provoque les guerres à
travers le monde.
Lutte
entre les impérialismes européen et US
Celle-ci
commence par l'accélération de la construction
européenne dès la fin des années 80, les
impérialistes n'étaient pas dupes sur la signification
de l'accès de Gorbatchev à la tête de l'URSS. Le
but fondamental de la construction européenne est la création
d'un bloc impérialiste capable de concurrencer économiquement
politiquement et militairement les Etats-Unis. Ces derniers
manœuvrent entre leur intérêt économique
pour le marché unique ouvert et leur crainte de ce nouveau
concurrent.
Cette
lutte se livre d'abord sur le terrain économique, sur lequel
les américains lâchent régulièrement du
terrain. Si les Etats-Unis représentaient 50% du Produit
Mondial Brut à la sortie de la seconde guerre mondiale, ils ne
représentent plus désormais que 25% à quasi
égalité avec l'Union Européenne. Ainsi, ils ont
été battus par l'Allemagne dans la course aux nouveaux
marchés de l'Est européen et avaient un retard
considérable dans le Sud de l'Europe notamment en Yougoslavie.
La
lutte sur le continent africain entre la France et les Etats-Unis
s'est acharnée. Ainsi, les Etats-Unis abandonnèrent
leur soutien à Mobutu à la fin de l'URSS, la France
poursuivant quant à elle son soutien jusqu'au bout. Les
Etats-Unis déçus par le non ralliement de Kabila à
leurs côtés provoqueront l'agression du Congo
démocratique par les armées du Rwanda et de l'Ouganda.
L'Algérie a horriblement souffert des manœuvres de ces
deux impérialistes avec les intégristes dans la lutte
pour les richesses gazières.
Les
Européens, en particulier la France et l'Allemagne, n'ont eu
de cesse de contourner les embargos américains notamment ceux
contre Cuba, l'Iran, la Libye et l'Irak. Les Etats-Unis réagiront
avec la loi Helms-Burton contre Cuba, la loi d'Amato
contre l'Iran et la Libye et la reprise des bombardements contre
l'Irak.
Pour
contrer les prétentions impérialistes européennes
et pour renforcer son contrôle sur la Russie et la Chine, les
Etats-Unis ont repris l'offensive dans le seul domaine où leur
domination est sans conteste (pour l'instant): le terrain militaire.
La Maison Blanche n'hésite plus à menacer ouvertement
ses « alliés » européens
et japonais (en plus de la Russie et de la Chine). Elle déclare
dans The National Security Strategy of the United States of
America de septembre 2002 : « Nos forces seront
suffisamment puissantes pour dissuader tout adversaire qui tenterait
de dépasser, ne fût-ce même que d'égaler,
la puissance militaire des Etats-Unis ».
La
première étape est l'agression par l'OTAN de la
Yougoslavie. Les deux buts fondamentaux étaient en tout
premier lieu de renforcer l'encerclement militaire de la Russie (cf.
notre texte « la marche de l'OTAN contre la Russie»),
en second lieu de reprendre position sur le sud de l'Europe
convoité par l'Allemagne et l'Europe derrière elle. A
cette époque déjà, les impérialistes
européens se sont retrouvés contraints de suivre afin
de ne pas tout perdre. Un autre but non négligeable était
de briser la volonté d'indépendance nationale de la
Yougoslavie. Milosevic dans son procès dénonce les
médias mensonges et toutes les exactions de l'OTAN, des
Etats-Unis et de l'Allemagne. Si les Etats-Unis gagnèrent
militairement, ils durent concéder beaucoup sur le terrain
économique comme le prouve la présence de l'euro-mark
au Kosovo.
Les
attentats du 11 septembre sonnent le début de la seconde étape
de cette contre-offensive à la contestation de son
hégémonisme. L' Afghanistan permet aux Etats-Unis de
renforcer ses pressions militaires contre la Russie et la Chine, de
contrôler une voie possible pour les richesses gazières
de l'Asie Centrale et de contraindre les européens à
les suivre dans une nouvelle guerre. Mais, là aussi le succès
n'est pas total. Sur le terrain notamment, les américains ont
été obligés de concilier avec l'Alliance du Nord
alliée des Russes que les français ont aussi soutenue.
L'Europe, en particulier la France, se lance aussi en réponse
à la politique américaine de militarisatio, avec la
construction d'un porte-avions, l'accroissement du budget militaire
et celui de la répression intérieure (délire
sécuritaire...).
La
poursuite de cette étape, l'Irak et le Moyen-orient, s'intègre
dans cette volonté de neutraliser ses « partenaires »
et « alliés ». En effet, les Européens,
les Japonais et les Chinois dépendent très fortement de
l'or noir du Moyen-Orient au contraire des USA. Ce n'est pas pour des
raisons humanitaires que les Européens contournaient l'embargo
frappant l'Irak. Les divergences actuelles de la France, de
l'Allemagne avec les USA sur la question irakienne en sont la suite
logique.
La
cause fondamentale de cette guerre est donc la nécessité
pour les Etats-Unis de contrer militairement les remises en cause des
autres impérialistes de son leadership économique par
le contrôle du pétrole et du gaz, matières
premières stratégiques indispensables à
l'économie.
La
situation confirme l'analyse de Joseph Staline qui disait en 1952 : «
En apparence, la sérénité règne
partout. les Etats Unis d'Amérique ont réduit à
la portion congrue l'Europe Occidentale, le Japon et autres pays
capitalistes qui, tombés dans les griffes de Etats-Unis
exécutent docilement leurs injonctions. Mais on aurait tort de
croire que cette sérénité puisse se maintenir
pour l'éternité, que ces pays supportent sans fin la
domination et le joug des Etats-Unis d'Amérique, qu'ils
n'essaieront pas de s'arracher du joug américain pour
s'engager sur le chemin de l'indépendance (…).
Penser que ces pays n'essaieront pas de se relever, de briser le
régime des Etats-Unis et de s'engager sur le chemin de
l'indépendance, c'est croire aux miracles ». Les
faits confirment la thèse de Lénine : «
L'impérialisme, c'est la guerre ».
Ne
nous trompons pas d'alliés
Les
oppositions de la France et de l'Allemagne ne doivent cependant pas
créer d'illusions, ceux-ci ont la même nature rapace que
les Etats-Unis. S'il est possible d'utiliser ces contradictions au
niveau tactique comme ont su le faire Kabila père pour libérer
le Congo de Mobutu, Castro pour desserrer l'embargo frappant Cuba, il
serait dangereux pour les anti-impérialistes conséquents
de perdre de vue les contradictions inter-impérialistes
montantes. Le vrai-faux débat USA/France au Conseil de
Sécurité de l'ONU sur « l'automaticité
ou non » de l'attaque militaire contre l'Irak en est une
illustration. En effet, il ne s'agit pas d'une véritable
opposition à l'embargo et à la guerre contre l'Irak.
USA et Europe sont unis au fond contre le droit à la
souveraineté et à l'indépendance nationale de
l'Irak. Mais restent opposés sur les objectifs prédateurs
contradictoires des uns et des autres.
Au
demeurant la France, l'Allemagne (l'UE) et le Japon n'ayant pas
(encore) les moyens militaires de leurs velléités
participeront par un moyen ou un autre à cette nouvelle guerre
pour défendre leurs intérêts impérialistes
et ne pas tout perdre. Or, certaines thèses, soutenues y
compris par des anti-impérialistes sincères, nous
semblent dangereuses sur ce point. En effet, analyser les Etats-Unis
comme une puissance non seulement hégémonique (ce qui
est juste), mais fasciste est une terrible erreur que les
rivaux impérialistes (UE, Japon) des USA peuvent manipuler.
Ramener le fascisme à l'hégémonisme est une
incroyable méprise. Cela incite qu'on le veuille ou non à
envisager un front anti-US avec les autres impérialismes. Or,
dans un texte intitulé «Socialistes de toute
l'Europe, unissez vous! », Laurent Fabius, Pierre Mauroy et
Michel Rocard déclarent: « ...le socialisme dans un
seul pays n 'a évidemment plus de sens. Si l'on veut être
efficace et peser vraiment sur le cours des choses, les politiques à
mettre en œuvre et les régulations à construire
se situent désormais à l'échelle des continents
et du monde. (...) La social-démocratie se définit
par la recherche d'un triple compromis entre le capital et le
travail, le marché et l'Etat, la compétition et la
solidarité. (...) Les trois compromis de la
social-démocratie doivent donc être actualisés,
nos méthodes réformées et internationalisées.
(...) Il faut aussi éviter tout repli sur soi, car le
déséquilibre actuel qui fait des Etats-Unis l'acteur
hyperdominant du système international doit être
corrigé. (...) La refondation de la social-démocratie
passera d'abord par l'Europe. (...) devant les enjeux de la
gouvernance internationale … l'Europe constitue le bon échelon
d'intervention et de représentation. (...) nous voyons
ce qu’elle peut d'ores et déjà dans la sphère
économique! Puissance douce, soft power, comme diraient les
Anglo-saxons? (...) Un monde qui se structurera autour de
quatre ou cinq grands ensembles régionaux, dont l'Europe.
(...) la social-démocratie doit prendre appui sur
l'Europe» (Le Monde du 29 octobre 2002). Ce texte
annonce le passage de la Social-démocratie Européenne
de principale force atlantiste à l'époque du face à
face capitalisme (USA) et socialisme (l'URSS) à une force
agissant pour l'émergence d'un impérialisme Européen
hégémonique. Nous avons déjà montré
que les Etats-Unis ne sont pas devenus fascistes et que même
leur omnipotence est contestée notamment par l'impérialisme
européen montant (voir notre contribution à l'analyse
du fascisme au séminaire du PTB de 2000). La confusion entre
hégémonisme et fascisme conduit à expliquer les
guerres d'agression US à partir des thèses absurdes du
type « les Etats-Unis puissance démoniaque ».
Etats-Unis
fascistes?
Quant
à la prétendue nature fasciste des Etats-Unis, il faut
distinguer la tendance inhérente de l'impérialisme à
nier les règles démocratiques bourgeoises (Lénine
disait: «l'impérialisme, c'est la réaction sur
toute la ligne»), voire dans certaines conditions la
tendance à la fascisation qui peut prendre plusieurs formes:
influence de plus en plus forte des idées fascistes sur la
classe politique traditionnelle, participation des fascistes au
gouvernement comme en Italie, poussée électorale d'un
Le Pen en France... et le fascisme au pouvoir qui est la dictature
terroriste ouverte du capital. Il y a aujourd'hui une tendance
dangereuse à confondre toute politique répressive,
toute répression et le fascisme. Or, quand on veut livrer une
guerre, il faut d'abord mater les arrières. Les impérialistes,
Etats-Unis en tête, ont utilisé le choc émotionnel
du 11 septembre pour renforcer leur arsenal juridique et policier
contre les oppositions populaires, les minorités nationales et
les immigré(e)s. Mais, les pays européens ne sont pas
en reste, comme en témoigne le délire sécuritaire
en France et les lois qui l'accompagnent. Faisons remarquer que le
fascisme au pouvoir serait la mise à mort du mouvement
ouvrier, y compris sa tendance réformiste, et la liquidation
de toute protestation même démocratique. Les mouvements
sociaux et démocratiques existant seraient transformés
en bains de sang comme en Israël contre les Palestiniens.
La
fascisation actuelle provoquée par la crise de surproduction,
par l'intensification de la lutte pour le repartage du monde et par
l'existence de partis politiques fascistes actifs, est une réalité
objective à ne pas surestimer, mais il ne faut pas non plus la
sous-estimer.
En
effet, les masses ne laisseront pas le fascisme passer facilement
comme elles l'ont montré entre les deux tours des
présidentielles en France. La lutte contre la fascisation et
le fascisme peut être une arme efficace pour contrecarrer les
plans impérialistes, si on ne l'affaiblit pas avec des appels
avant l'heure ou une confusion entre fascisme et simple répression
bourgeoise.
III)
Soutien à l'Irak
Les
positions ambiguës servent l'impérialisme
Certaines
forces politiques prétendent dénoncer l'impérialisme
US et ses projets de guerre mais relaient la campagne médiatique
de l'administration américaine ou des Etats européens
contre l'Irak. Il est en effet caractéristique de lire dans le
texte du PCF que le peuple irakien souffrait de Saddam Hussein avant
même le blocus (il faut dire qu'en 1991, si le PCF était
contre la guerre il soutenait la « solution »
de l'embargo), de lire sur une des affiches de la LCR « ni
terrorisme, ni guerre impérialiste... ». Le
problème est donc d'abord l'Irak qui serait « terroriste »
(que dire alors des Etats-Unis et d'Israël?). La constellation
trotskiste (LO, LCR, etc.) revendique à chaque guerre
d'agression impérialiste un « ni-ni »
renvoyant dos à dos agresseurs et agressés, bourreaux
et victimes. Il en est de même des Verts et du PS. Ces
positions « ni-ni » se sont révélées
complètement inefficaces pour la mobilisation et surtout en
pratique ont servi et servent le camp du bourreau: l'impérialisme.
En effet une barricade n'a que deux cotés. Relayer les
attaques des impérialistes contre le camp irakien, c'est les
aider à démobiliser le nécessaire mouvement
anti-guerre. Mais, même sans tomber dans les caricatures des
réformistes et autres trotskistes, certains anti-impérialistes
sincères se refusent à défendre l'Irak. Ils
s'engluent dans des considérations locales ou passéistes
et parlent du caractère « dictatorial de Saddam
Hussein, du droit des Kurdes, de l'élimination des
communistes... » (bref, les mêmes prétextes
que ceux de la guerre du Golfe). Comme si les impérialistes
faisaient la guerre pour les Kurdes (ceux-ci sont malgré tout
mieux lotis en Irak, où notamment l'enseignement en kurde est
autorisé, que chez le grand ami des USA et de l'Europe: la
Turquie), comme si ils la faisait pour les communistes ou le peuple
irakien! Quant au caractère dictatorial de l'Irak, c'est
oublier que nos propres régimes sont des dictatures
démocratiques bourgeoises au même titre que le régime
irakien. Bush n'est président que par magouilles électorales,
Chirac ne s'est fait élire au second tour que par rejet du
candidat fasciste auquel il était confronté; Chirac n'a
pas dépassé 14% des votes des inscrits, donc à
peine 10% de la population, les étrangers ne votant pas.
A
contrario, l'opposition aux USA qu'exprime Saddam Hussein depuis la
guerre du Golfe l'a légitimé auprès du peuple
irakien, des peuples Arabes et du Tiers-Monde. Objectivement la
défense du droit des pays et peuples à la souveraineté
et à l'indépendance nationale est l'enjeu majeur de la
guerre défensive que mènent le peuple et le régime
irakien. Comme nous le démontrions lors de la guerre du Golfe,
dans les conditions de l'oppression impérialiste, le caractère
révolutionnaire anti-impérialiste du mouvement national
n'est pas déterminé exclusivement par l'existence
d'éléments prolétariens mais aussi et avant tout
par le sens, les objectifs et les revendications démocratiques
et anti-impérialistes du mouvement en présence. C'est
pourquoi, lors de la guerre impérialiste de 14/18, Lénine
considérait à juste titre que « la lutte de
l'émir afghan pour l'indépendance de l'Afghanistan est
objectivement une lutte révolutionnaire, malgré les
conceptions monarchistes de l'émir et de ses partisans car
elle affaiblit, désagrège et sape l'impérialisme.
Cependant que la lutte des démocrates et des « socialistes »
à tout crin, des révolutionnaires et républicains
tels les Kerenski et Tséretelli, Renaudel et Scheidemann,
Tchernov et Dan, Henderson et Clynes [aujourd'hui, il faudrait
les remplacer par Robert Hue, Marie-George Buffet, Alain Krivine,
Arlette Laguiller, Dominique Voynet, Cohn-Bendit, etc.] pendant la
guerre impérialiste (pour la défense de la patrie)
était une lutte réactionnaire, car elle avait pour
résultat de maquiller, de consolider, de faire triompher
l’impérialisme» (Lénine cité par
Staline dans Question nationale et coloniale, p.180-182).
Précisons
qu'avant la guerre du Golfe, le régime irakien avait fait de
l'Irak un Etat relativement développé pour un pays du
tiers-monde et avait obtenu des résultats intéressants
dans les domaines de l'éducation, de la santé, du droit
des femmes... Ce régime est donc aussi une autre forme de
dictature démocratique bourgeoise. L'acharnement des
impérialistes yankees et européens à désarmer
l'Irak - le prétexte en est le mensonge de « la
4e armée du monde » -
fait partie du stratagème impérialiste pour désarmer
les résistances ouvrières, populaires et nationales.
L'Irak
est objectivement du côté des progressistes
Pour
saisir la nécessité pour les progressistes, les
anti-impérialistes et les communistes de ne pas se contenter
de dénoncer l'impérialisme mais de prendre fait et
cause pour l'Irak, il faut comprendre l'importance de la question
nationale à cette époque de re-mondialisation du
capitalisme et donc de recolonisation.
Lénine
avait déjà analysé que l'impérialisme est
l'ère du «maintien artificiel du capitalisme à
l'aide de colonies, de monopoles, de privilèges et
d'oppression nationale ». La chute du camp socialiste a
signifié la reprise du processus de mondialisation
impérialiste interrompu par le retrait du marché
capitaliste de la Russie avec la Révolution Socialiste
d'Octobre 1917, puis des différents pays allant de Berlin et
La Havane à Pékin. Or, ces concentrations et
internationalisations qui constituent la re-mondialisation ne peuvent
supporter les entraves que sont devenues les Etats-Nations ou
multinationaux. C'est notamment dans une recolonisation du Sud et des
pays de l'ex-camp socialiste, que se sont lancés les
impérialistes. Ainsi, tout Etat qui met des limites à
la libre exploitation par les impérialistes, en premier lieu
états-uniens, sont donc taxés d'« Etats voyous
», à l'instar de Cuba, de la Corée du Nord,
de la Yougoslavie, du Zimbabwe, ... et de l'Irak: A contrario, toute
résistance nationale dirigée contre les impérialistes
affaiblit tout le système d'exploitation impérialiste.
Ainsi, pour tous ceux qui comme nous considèrent que
l'impérialisme est le principal ennemi de l'humanité
laborieuse, tous ceux qui défendent la souveraineté
nationale des pays faibles font partie intégrante du combat
progressiste. Tout comme à l'époque de la seconde
guerre mondiale, l'Allemagne nazie et ses alliés japonais et
italiens constituaient l'ennemi principal et faisait donc du
bourgeois De Gaulle un allié objectif du prolétariat.
Dans ce sens, Saddam Hussein est le De Gaulle irakien.
Pour
l'unité de la résistance au Nord et au Sud contre le
nouvel ordre mondial impérialiste
Momentanément
tétanisées par la chute du mur de Berlin, les luttes
commencent à se réveiller contre les politiques
économiques, sociales, écologiques et anti-nationales
catastrophiques du capital. Le mouvement anti-mondialisation qui a
réussi à organiser des contre-manifestations massives à
tous les sommets des impérialistes depuis Seattle en est une
preuve. Ce mouvement doit développer le rapprochement et la
solidarité internationaliste avec les résistances
nationales des Etats et des peuples sous domination impérialiste:
-
Les impérialistes ont pensé que les derniers régimes
socialistes s'effondreraient mais les dirigeants de ces pays,
notamment cubains et nord-coréens, sont restés liés
aux masses et préservent leur indépendance nationale.
-
De même des dirigeants confrontés à la nouvelle
attitude agressive des impérialistes ont pris le chemin de la
résistance nationale. C'est la voie prise par Slobodan
Milosevic qui continue de défier les impérialistes au
TPI et retourne ce procès en procès de l'impérialisme.
La politique de Mugabe de remise des terres des fermiers blancs aux
noirs du Zimbabwe fait partie de ce mouvement. Le sommet de
Johannesburg a été une tribune pour dénoncer
l'esclavage comme crime contre l'humanité, exiger des
réparations et le sionisme comme une des pires formes du
racisme.
-
La guerre contre la Yougoslavie a provoqué une nouvelle forme
d'opposition. En effet, cette agression a montré que les
impérialistes s'apprêtent à balkaniser tous les
pays multinationaux (la quasi-totalité des pays). Cette menace
n'épargne aucun pays à terme : Russie, Chine, Brésil,
Inde, etc., et y compris les Etats de l'Union Européenne. La
résistance se fraye progressivement un chemin chez des peuples
de plus en plus nombreux. Des luttes armées progressistes se
poursuivent aux Philippines, au Népal... et en Colombie sous
la direction des FARC.
-
La résistance la plus symbolique est la nouvelle Intifada des
Palestiniens qui montre à tous les peuples du monde qu'un
peuple uni, même très faiblement armé, peut
s'opposer à une armée sioniste qui a le soutien
inconditionnel des USA.
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Le régime irakien et son peuple continuent à défier
courageusement le diktat des Etats-Unis. Le mouvement anti-guerre qui
se développe doit absolument lier la dénonciation des
fauteurs de guerres impérialistes à celle de l'embargo
criminel et soutenir la revendication du désarmement des
puissances impérialistes et la souveraineté nationale
de l'Irak.
Les
luttes intestines des impérialistes les poussent à
mener des politiques de plus en plus réactionnaires au niveau
social, démocratique, national et provoquent en cela de plus
en plus de résistances. Tous les progressistes, les
démocrates, les anti-impérialistes et les communistes
doivent contribuer à affaiblir les impérialistes. Si
les impérialistes US et alliés/rivaux européens
déclenchent la guerre contre l'Irak après avoir opéré
un compromis entre eux, le mouvement contre la guerre doit absolument
soutenir en pratique l'idée de la défaite des
impérialistes.
Non
à la guerre contre l’Irak ! Non à l’embargo
contre l’Irak ! Respect du droit souverain de l’Irak !
Vive le peuple irakien ! Non à la guerre du pétrole
et des pétroliers ! A bas l’impérialisme !
Désarmement de l’impérialisme et de l’Etat
sioniste d’Israël ! Palestine libre et démocratique !
Pas de participation française à cette guerre !
France hors de l’OTAN !
9
novembre 2002
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