Rechercher sur le site

Retourner à la liste Imprimer 2000_reconstruction_PCF.pdf 2000
Rapport sur la stratégie de reconstruction du PCF

Contre la mutation, contre le trotskisme

Cercle Henri Barbusse de Culture Ouvrière et Populaire (CHB)

Le CHB considère qu’a existé en France un véritable parti communiste révolutionnaire et internationaliste, attesté par l’adhésion à la IIIème Internationale et confirmé par sa participation au Kominform.

Nous pensons aussi que le PCF mutant est devenu un parti ouvrier bourgeois, un parti social démocrate dont la faillite complète sous la houlette de Robert Hue est consacrée par sa participation au gouvernement de la « gauche plurielle » de Jospin. L’échec cuisant de « Bouge l’Europe » illustre la trahison totale et sans possibilité de retour en arrière des sociaux démocrates, qui se sont hissés à la direction du parti. A mesure que le PCF se convertit en défenseur de l'Europe impérialiste, son anti-américanisme d’antan change de nature. De résistance aux visées de domination de l’impérialisme US, celui ci devient défense chauvine de l’Europe impérialiste concurrente des USA. La « mutation » opportuniste du PCF en fait un parti de la guerre impérialiste, un parti de collaboration de classe anti-ouvrier, un parti de la misère sociale et de l’oppression des peuples par l’impérialisme français et européen. L’anti-stalinisme et l’antisoviétisme, que la direction du PCF partage avec les trotskistes, a préparé son ralliement complet à  la bourgeoisie et sa trahison des intérêts de classe du mouvement ouvrier et ceux des peuples opprimés. Cette situation nous impose de relever le drapeau du prolétariat là où les renégats l’ont laissé tomber.

LES RACINES HISTORIQUES DU REVISIONNISME DANS LE PCF

Jusqu’en 1976, lors du 22éme congrès du PCF qui abandonna la Dictature du Prolétariat, les éléments les plus droitiers étaient exclus du PCF par la direction révisionniste. Aujourd’hui, le retour au bercail des opportunistes est organisé, pendant que les révolutionnaires quittent le parti ou en sont expulsés. A la base de la montée du révisionnisme dans le PCF, on peut identifier les principaux facteurs suivants: 1) La stabilisation relative du capitalisme d’après-guerre et sa période d’expansion économique. 2) La transformation des empires coloniaux en des empires semi-coloniaux sous dépendance économique et stratégique de l’impérialisme. 3) L’élévation du niveau de vie par la « société de consommation » et l’émergence d’une aristocratie ouvrière corrompue par la période d’évolution relativement pacifique du capitalisme. 4) La satisfaction des besoins en main d’œuvre du capitalisme français par l’importation d’un salariat bon marché d’immigré(e)s. 5) La défaite et la purge progressive des bolcheviks dans le PCUS après l’assassinat de Staline, l’émergence du révisionnisme à la direction du PCF et la scission du Mouvement Communiste International.

LES TENDANCES INTERNES NEES DE LA SOCIAL-DEMOCRATISATION

La dégénérescence révisionniste du PCF ne s’est pas déroulée en une seule fois. Elle a pris la forme d’un processus dans lequel les rapports de force entre « poussée révisionniste » et « résistance communiste » ont débouché sur des équilibres différents. Thorez, Duclos, Marchais représentent chacun un état de ce rapport de forces entre courant communiste et courant révisionniste. Le véritable changement qualitatif s’opère avec l’arrivée de Robert Hue à la tête du Parti. Il représente, en effet, la défaite définitive des positions révolutionnaires dans le Parti. La dégénérescence du PCF s’est construite à partir de deux reniements des principes révolutionnaires: l’anti-bolchévisme et l’antisoviétisme. Si Thorez et Duclos continuent de défendre relativement le Bolchévisme (c’est à dire la lutte de classe anticapitaliste sans concession) et s’ils sont restés intransigeants face à la vague antisoviétique, leurs successeurs se déclarent anti-bolcheviks tout en continuant à défendre mollement l’URSS. Robert Hue, lui, proclame que l’essence de la « mutation » est l’anti-bolchévisme et l’antisoviétisme.

Les attaques contre Staline pendant tout le processus de dégénérescence sont, en fait, des agressions contre le Bolchévisme, qui se traduisent, en 1976, par l’abandon de la Dictature du Prolétariat. Parallèlement à l’abandon progressif des positions internationalistes, le PCF s’est aussi orienté vers le soi-disant « communisme national », précédé par le virage « eurocommuniste » et qui n’a été, en fait, qu’une phase de transition vers la « mutation » opportuniste actuelle.

Le virage vers « le communisme national » est une tentation permanente dans l’histoire du PCF. A l’époque de l’Internationale Communiste, cette déviation était combattue. Mais la racine historique et idéologique de cette déviation de droite réside dans la vision non critique du point de vue prolétarien de la révolution bourgeoise et donc dans une certaine obnubilation par le légalisme bourgeois, la démocratie bourgeoise.

La faillite idéologique du PCF a eu, bien entendu, une traduction politique et sociale dont les principaux éléments sont: 1) tendance à la scission entre les couches privilégiées de la classe ouvrière et les couches les plus précaires. Le PCF s’orientant progressivement vers la défense de l’aristocratie ouvrière; 2) mutation progressive des permanents de plus en plus nombreux et des élus du PCF en bureaucrates, concevant leur fonction comme un métier et non plus comme un mandat militant; 3) tendance à la scission entre fraction immigrée et fraction autochtone de la classe ouvrière, conduisant à minorer l’importance des revendications spécifiques des minorités nationales immigrées pour l’unité du mouvement ouvrier; 4) tendance à abandonner la nécessaire direction de la classe ouvrière dans les luttes démocratiques, c’est-à-dire le rôle dirigeant d’avant-garde du mouvement ouvrier sur la petite bourgeoisie; 5) tendance à présenter le secteur public comme « îlot » ou « préfiguration » du socialisme: confusion entre nationalisation et socialisme; 6) abandon progressif des concepts de classe conduisant à substituer au prolétariat, à la classe ouvrière, les notions générales et fourre-tout de « travailleurs », de « salariés ».

De tous les côtés, le prolétariat est attaqué: 1) en excluant les « employés » dont l’écrasante majorité sont des femmes-ouvrières; 2) en donnant une place stratégiquement dominante aux ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise (ictam), qui sont majoritairement partie prenante de la classe ouvrière (du fait de l’évolution technologique), mais qui ne recouvrent pas le cœur du prolétariat; 3) en ne considérant pas les millions de chômeurs et précaires comme partie intégrante de la classe ouvrière, etc.

C’est ce mouvement dialectique entre le changement de la base sociale du PCF d’une part et l’abandon des positions politiques marxistes d’autre part, qui débouche sur la social-démocratisation du PCF. La crise de surproduction du système capitaliste qui perdure, et la défaite du socialisme ont engendré un tournant qualitatif accélérant le passage du PCF révisionniste à la collaboration de classe.
Cette phase est la troisième de l’histoire contemporaine du PCF: La première est celle des conquêtes sociales et démocratiques de la libération nées des luttes antifascistes et liées aussi à l’impact de la victoire de l’URSS.

La seconde est celle de la contre-offensive bourgeoise s’appuyant sur la période d’expansion économique pour corrompre peu à peu l’aristocratie ouvrière. Ceci a été rendu possible par la surexploitation des colonies et l’appel massif à un sous-prolétariat immigré lui-même surexploité. Pour le PCF, cela s’est traduit par une défense de l’aristocratie ouvrière et l’enclenchement du processus de dégénérescence révisionniste.

La troisième étape est celle de la crise économique qui se poursuit et de la contre-révolution mondiale. Elle se traduit par la mutation du PCF en social-démocratie et engendre du même coup un processus de différenciation au sein de la classe ouvrière et notamment au sein de l’aristocratie ouvrière, et un processus de démarcation politique au sein même du PCF.

Depuis 1976, la fonction des éléments les plus droitiers a été de « pousser » le PCF toujours plus à droite au point que Georges Marchais, représentant de la bureaucratie ouvrière à la tête du PCF a préparé puis cédé la place à Robert Hue, représentant de la petite bourgeoisie. Le « PCF contrôlé par la fraction corrompue de la classe ouvrière » a muté en « PCF contrôlé par l’intelligentsia petite-bourgeoise étrangère à la classe ouvrière ». Ce sont les élus, d’origine sociale petite-bourgeoise majoritairement, qui se sont emparés de la direction du PCF. Ce processus de social-démocratisation a été jalonné par des départs à chaque étape de liquidation des aspects prolétariens et marxistes du PCF. L’attachement à l’URSS a été un des derniers verrous qui, dès qu’il a sauté, a laissé libre cours à la « mutation huiste ». L’antisoviétisme déclaré est devenu le socle idéologique de la jonction avec le trotskisme et du rejet du Marxisme-léninisme. L’antistalinisme demeure le fil blanc qui lie les sociaux démocrates aux révisionnistes. Mais entre les sociaux-démocrates déclarés et les révisionnistes anti-collaborationnistes, il y a des contradictions qui font qu’une alliance avec ces derniers contre la « mutation » et le trotskisme est non seulement possible, mais nécessaire.

Les communistes opposés à la mutation rejettent la collaboration de classe au gouvernement, ils s’opposent à l’antisoviétisme, ils sont contre les agressions impérialistes, ils refusent la construction du centre impérialiste européen (UE), ils dénoncent les effets socialement dévastateurs de la crise du capitalisme, ils expriment par-là une inquiétude grandissante au sein de l’aristocratie ouvrière, laquelle subit aussi les effets néfastes de la crise de l’impérialisme.

Une des manifestations politiques de cette opposition grandissante est la montée de plus en plus perceptible au sein même du PCF de l’opposition à la politique initiée par la « mutation ». La Fédération du Pas de Calais est un concentré de ce processus. Attirés par le discours trotskiste en apparence radical, certains se tournent vers une alliance avec les entristes trotskistes pour s’opposer à Robert Hue. Cette jonction débouche sur la cristallisation au sein du PCF du « droit aux tendances », c’est à dire sur la social-démocratisation organisationnelle du PCF. C’est l’option de l’actuelle direction huiste et de ceux qui continuent de prêcher de rester dans le PCF, c’est à dire d’y former une « tendance de gauche » (Coordination des Militants qui a scissionné de la Coordination Communiste). D’autres sont attirés par le discours pseudo-radical de LO et LCR. C’est l’option du « grand parti trotskiste à la gauche » du PCF. La question est de savoir si nous serons en capacité de nous appuyer sur les traditions, certes en recul, anti-social-démocrates et anti-trotskistes au sein du PCF pour éviter ces deux écueils aux éléments prolétariens. Pour y arriver, il faut que le front actuellement éclaté d’opposition à la mutation se rassemble pour assumer la lutte dans et hors du PCF en ayant pour cible la « mutation » et le trotskisme. Au sein de chaque regroupement qui refuse la « mutation », l’axe de la lutte est la condamnation de la conciliation avec les trotskistes, le rejet de la tendance conciliatrice au sein du PCF. Notre objectif immédiat est d’arriver à rompre le face à face en vase clos au sein du PCF pour engager l’ensemble du front à assumer une activité de masse indépendante fondée sur le développement de la lutte de classe, tout en poursuivant les interventions au sein du PCF pour éveiller et rallier ceux qui y sont encore.

LE DANGER TROTSKISTE

Nous pensons enfin que le capital, dans son offensive contre les positions du mouvement ouvrier, dans cette période de crise générale structurelle du système impérialiste mondial, ne s’appuie pas seulement sur les capitulards de l’actuelle direction du PCF. Il a plusieurs fers au feu: les écologistes et les trotskistes en particulier.

Dans les Bases d’unité et d’action du CHB, nous disions : « Le CHB œuvre au rassemblement des deux processus dans et hors du PCF pour qu’un tel front émerge, conscients que nous sommes que, parallèlement, le capital s’empresse de remplir par les trotskistes et les écologistes le vide laissé à « gauche » au fur et à mesure de la mutation réformiste du PCF » (mai 1998). En effet, la contre-révolution bourgeoise mondiale s’est appuyée, entre autre, sur le trotskisme pour vaincre l’URSS et le Mouvement Communiste International. Le « gauchisme » trotskiste est même utilisé, de nos jours, pour capter la radicalité grandissante des masses laborieuses confrontées à l’asservissement accru du capital. Les mots d’ordre trotskistes de « réquisition des entreprises », « d’interdiction des licenciements » rappellent les actions de la démocratie petite-bourgeoise radicale qui « squatte des logements », mais ne constituent pas un programme de révolution socialiste, laquelle en appelle à l’expropriation des capitalistes et à la dictature du prolétariat. Les trotskistes, tout comme la liste « Bouge l’Europe », sont pour « l’Europe de Maastricht » au nom de « l’impossibilité de la révolution socialiste dans un seul pays ». En ce sens, ils accompagnent à « gauche » la construction de l’Europe du capital, puissance impérialiste concurrente de l’impérialisme Yankee et Nippon. Les trotskistes, tout comme la liste « Bouge l’Europe », sont partisans de la formule « centriste » du « ni, ni » inventée par le bourgeois social-démocrate François Mitterrand, ce complice du génocide rwandais de 1994. D’abord lors de l’agression de l’Irak, c’était « ni Saddam, ni l’impérialisme », puis « ni l’OTAN, ni Milosevic », tel était le slogan des va-t-en-guerre camouflés lors de la « marche guerrière de l’OTAN vers la Russie » (titre de notre brochure) à travers l’agression de la Yougoslavie.

Le danger d’une recomposition trotskiste à « gauche » du PCF-mutant, piloté par le capital, pour empêcher toute reconstruction d’un véritable PCF poursuivant la voie initiée par la Révolution d’Octobre et les meilleures traditions révolutionnaires du PCF né au Congrès de Tours, est l’autre obstacle, en plus de celui que constitue l’actuelle direction opportuniste du PCF, que nous devons combattre. Il y a les organisations trotskistes déclarées (LO, LCR, PT, etc.), mais il y a aussi les trotskistes cachés, les semi-trotskistes qui pratiquent l’entrisme dans le PCF, dans les diverses tentatives de regroupement des communistes. Cette vieille tradition trotskiste exige de nous une vigilance et une lutte sérieuse pour éclairer l’avant-garde ouvrière sur les projets du capital de recomposition trotskiste à « gauche » du PCF-mutant.

NOS TACHES DANS LE FRONT ANTI-MUTATION

Nous sommes à l’étape des cercles, d’où la création du CHB. Le Cercle regroupe les communistes les plus unis au stade actuel d’émiettement du mouvement communiste engendré par la défaite du socialisme, de l’URSS. Nous devons poursuivre le travail de développement qualitatif (formation idéologique) et quantitatif (les trois niveaux d’unité) dans le cadre du principe léniniste: « se démarquer pour s’unir ».

Mais le processus de démarcation s’opère aussi au sein du PCF entre les huïstes d’une part et les communistes anti-sociaux-démocrates d’autre part, entre la petite bourgeoisie et une partie de plus en plus importante de l’aristocratie ouvrière. A chaque étape de liquidation, il y a des pans entiers du PCF qui entrent peu ou prou en opposition. Le rapprochement des regroupements aujourd’hui éparpillés des opposants à la « mutation » doit aller dans le sens d’une mise en place d’un cadre de rassemblement de ces éléments du PCF à bolchéviser. Mais la direction même du PCF social-démocratisé tente de garder en son sein toutes les tendances contestataires. Des groupes (cellules, regroupements informels, sections...) commencent à s’exprimer contre la mutation. Les échecs électoraux du PCF mutant favorisent cette « éclosion de cent écoles, de cent fleurs ». Des tentatives, parfois sincères, parfois suspectes de rassemblement de l’opposition éparpillée voient le jour. Dans toute cette constellation, la Coordination Communiste et le groupe « Communistes » animé par Rolande Perlican constituent les pôles les plus conséquents vers lesquels il faut développer un travail de rapprochement et d’unification, en veillant aussi à l’unité d’action contre l’actuelle direction huïste du PCF. La lutte idéologique contre les conciliateurs qui veulent coûte que coûte devenir une tendance reconnue dans le PCF mutant doit être aussi poursuivie avec fermeté. En effet, à l’intérieur de la Coordination Communiste, du groupe « Communistes » et en direction des autres, nous devons cibler le trotskisme, le semi-trotskisme et les tendances à la transformation du mouvement d’opposition au PCF mutant en une tendance révisionniste de « gauche » au sein du PCF. Cette orientation, à l’étape actuelle, de résistance à la mutation et à la collaboration de classe, est fondamentale. Il faut donc une unité d’action en direction des masses en lutte contre le capital, qui favorise en même temps l’émergence d’un cadre de lutte politique et idéologique pour la constitution d’une avant-garde réellement prolétarienne, réellement révolutionnaire et réellement communiste, étape décisive dans la reconstruction du Parti Communiste de France. En ce sens, on a besoin d’un Front d’opposition le plus large possible contre la « mutation » qui réunit toutes les forces disponibles et attire les éléments hésitants.

Nous devons « lutter pour éviter la réédition du sectarisme caractéristique du maoïsme qui, dans les années 60/70, s’est érigé en opposition centriste et révisionniste au révisionnisme khrouchtchévien » (Bases d’unité et d’action du CHB). « Une longue lutte idéologique et politique est nécessaire pour briser les effets néfastes de l’antistalinisme, c’est à dire de l’anticommunisme, sur les forces saines qui résistent aujourd’hui dans et hors du PCF » (idem).

Nous devons, ici, nous inspirer de Lénine et des Bolcheviks, qui ont fondé et gardé le POSDR uni de 1898 à 1912 avant de rompre organisationnellement avec les Menchéviks. Dans le POSDR, les bolcheviks ont mené une lutte politique et idéologique intransigeante pour que s’instituent les « juges de ces tristes aspects de la vie de notre parti... les nombreux praticiens révolutionnaires dévoués à la cause, qui n’ont point pris part à la bagarre » (Projet de résolution sur les mesures visant à rétablir la paix dans le parti - janvier 1904, tome 7, p161). Même après la défaite de la révolution de 1905, Lénine a poursuivi la polémique avec les opportunistes pour préparer les conditions efficientes de la rupture d’avec les renégats et les conciliateurs. C’est à la veille de la crise majeure née de la guerre impérialiste qu’il lance la formule: « Deux congrès, deux partis », titre d’un de ses articles de 1912. S’inspirer ne signifie pas imiter.

Mais ce serait faire le jeu du capital, des opportunistes, des conciliateurs révisionnistes que de s’isoler des éléments qui entrent en opposition dans et hors du PCF au fur et à mesure de la liquidation et de la faillite du PCF mutant. En effet, l’opposition à Robert Hue découle des effets dévastateurs de la politique de collaboration de classe dans un contexte de crise du système capitaliste-impérialiste. Cette opposition est un reflet de la résistance des travailleurs et non du passage du mouvement ouvrier à l’offensive. La pire des erreurs, il faut le dire tout net, est « d’imaginer » une offensive de l’état major, non encore constitué et en voie de constitution, complètement coupé de son armée. Cela ne peut conduire qu’à la défaite et faciliter la tâche au capital. La tactique bolchevik commande que l’on tienne rigoureusement compte de l’état réel et non supposé, du rapport des forces, de la lutte de classe, pour définir les tâches de la reconstruction du PCF. Comme victimes des politiques en cours, de la gestion social-démocrate de la crise de l’impérialisme, la majorité écrasante des militants, des ouvriers prennent peu à peu conscience des abandons huïstes. Les acquis sociaux et démocratiques du mouvement ouvrier sont laminés les uns après les autres. Mais les coups du capital se succèdent en s’attaquant aux différents secteurs du monde du travail. La phase actuelle de privatisation et de libéralisation du secteur public et parapublic est celle de l’offensive calculée, programmée contre les bastions fondamentaux du mouvement ouvrier en France qui ont bénéficié des plus grands acquis (SNCF, France Télécom, Compagnies aériennes, EDF, Automobiles, les industries d’armements... et les banques). Restructurations, fusions, rachats, faillites frappent de plus en plus ces secteurs en vue de la création de multinationales à dimension européenne et planétaire. La base sociale du révisionnisme, l’aristocratie ouvrière, est de plus en plus attaquée. Un processus de différenciation s’opère déjà dans ce milieu entre ceux qui défendent les acquis, l’écrasante majorité, et ceux qui accompagnent la précarisation, la flexibilisation et la privatisation. Pour appâter ce milieu, le gouvernement de la « gauche plurielle » s’appuie sur les ministres communistes, sur les directions syndicales de plus en plus réformistes et sur les 35 heures. Il procède aussi par petits coups, évitant l’attaque frontale, à la manière du gouvernement de droite Juppé. C’est une des leçons que le capital a tirée du bras de fer de novembre/décembre 1995. C’est pour cela que la coalition social-démocrate (PS-Verts-PCF) a été portée au pouvoir. C’est aussi pour cela que Chirac a été élu sur le thème de la « fracture sociale ».

Partant de ces caractéristiques essentielles du moment et tenant compte des avancées notables de nos positions auprès de la majorité de ceux qui entrent en « dissidence » par rapport à la collaboration de classe du PCF, nos objectifs se définissent comme suit: 1) La recherche d’une expression et d’une intervention commune avec la Coordination Communiste et le groupe « Communistes » de Rolande Perlican, auquel nous devons reconnaître le rôle de premier violon; 2) Elargir l’alliance, à travers l’unité d’action des communistes éparpillés contre les politiques du gouvernement et orienter l’activité des différents regroupements en direction des luttes ouvrières et populaires; 3) Poursuivre le travail idéologique et politique du CHB en vue de la bolchévisation et du rassemblement par l’unité d’action de l’ensemble du mouvement de résistance et de rejet du PCF mutant.

12 novembre 2000


Retourner à la liste Haut de page


RCC, 2024 | http://www.rassemblementcommuniste.fr/chb | cerclebarbusse@gmail.com