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Réflexions sur le maoïsme - Chapitre 3

Le socialisme selon Mao

CHAPITRE 3 : LE SOCIALISME SELON MAO

Les maoïstes prétendent que la théorie de « la démocratie nouvelle » est un développement du marxisme-léninisme, permettant aux communistes des pays semi-coloniaux de pouvoir mener à terme la révolution. Or, non seulement cette théorie est une négation des thèses de Lénine, Staline et de l’I.C. sur la révolution dans les pays semi-coloniaux, mais elle est à la base de l’incapacité qu’a eu le P.C.C. à assurer le passage à l’étape socialiste de la révolution. Les classiques du marxisme-léninisme et l’I.C. ont, depuis bien longtemps, défini les principes et voies de transition au socialisme dans les pays semi-coloniaux sous le nom de « dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie ». La théorie de la « démocratie nouvelle » est une négation de la thèse marxiste-léniniste de la dictature démocratique du prolétariat et de la paysannerie. La « démocratie nouvelle » de Mao a certes permis des progrès considérables dans les tâches démocratiques et antiféodales, mais elle a rendu flou la question des étapes de la révolution et celle des alliances de classes permettant de passer à l’étape socialiste de la révolution. Elle a débouché sur une bien étrange conception du socialisme.

1) La confusion des étapes de la révolution

Un point commun entre le trotskisme et le maoïsme est la confusion dans les étapes de la révolution. L’I.C. avait depuis bien longtemps souligné la tendance du P.C.C. à la confusion dans les étapes de la révolution. Ainsi l’analyse par l’I.C. des travaux et décisions du IVème congrès du P.C.C. aboutit à la critique suivante: « Le quatrième congrès commit une erreur fondamentale en n’exposant pas d’une façon détaillée ces revendications partielles de la paysannerie (...). Cette erreur provenait d’une fausse conception des étapes de la révolution chinoise. Ainsi, dans les thèses du quatrième congrès sur le « mouvement national-révolutionnaire », il était dit que l’étape du front unique de libération nationale serait immédiatement suivie de l’étape de la révolution socialiste prolétarienne. L’étape de la révolution agraire, qui devait constituer la suite de la révolution anti-impérialiste et la consolider, était donc sautée »[1].

La question des étapes n’est pas une question secondaire pour les marxistes-léninistes. Elle détermine les tâches à l’ordre du jour et l’attitude à adopter envers les différentes classes sociales. La première étape dite « du front unique de libération nationale » s’oppose essentiellement à l’impérialisme et suppose une alliance avec la « bourgeoisie nationale ». La seconde a pour tâches premières les tâches agraires et suppose le renforcement de l’alliance entre le prolétariat et la paysannerie sous la forme de la « dictature révolutionnaire de la paysannerie et du prolétariat ». La troisième étape concerne le socialisme et se traduit par la victoire de la dictature du prolétariat. Bien entendu, les étapes de la révolution ne sont pas séparées l’une de l’autre par une « muraille de Chine ». En fonction de la situation nationale concrète et du rapport de forces entre classes sociales, les tâches de deux étapes peuvent plus ou moins s’entremêler sans néanmoins remettre en cause l’existence des différentes étapes. Voici comment Staline stigmatise l’opposition trotskiste à propos des étapes de la révolution chinoise:

« Celui qui n’a pas compris qu’il n’y a pas de révolution qui dans son développement ne passe par plusieurs étapes, celui qui n’a pas compris qu’il y a trois étapes dans le développement de la révolution chinoise, celui-là n’a rien compris ni au marxisme, ni à la question chinoise »[2].

La position de Staline est l’application à la situation chinoise des thèses de Lénine sur la possibilité de sauter l’étape du capitalisme pour les pays semi-coloniaux à condition que le processus révolutionnaire se déroule sous la direction du prolétariat et de son parti:

« L’Internationale Communiste doit mettre de l’avant avec les bases théoriques appropriées la proposition qu’avec l’aide du prolétariat des pays avancés, les pays arriérés peuvent aller directement au système soviétique et, à travers certaines étapes de développement, au communisme, sans avoir à passer au travers de l’étape capitaliste »[3].

L’I.C. développa cette thèse de Lénine en soulignant l’importance de la « dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie » dans cette transition au socialisme. Bien avant que soit terminée l’étape de la libération nationale, les communistes ont l’intelligence des étapes ultérieures et se préparent à les diriger. En particulier, ils ont conscience de l’affrontement inévitable avec la « bourgeoisie nationale » et s’y préparent. Voici ce que le projet de Programme de l’I.C., adopté en 1928, avance à propos des semi-colonies:

« Dans les colonies et semi-colonies, où la classe ouvrière joue un rôle plus ou moins important et où la bourgeoisie, ou bien est déjà dans le camp de la contre-révolution avérée, ou bien est en voie d’y passer par suite du développement du mouvement de masse prolétarien et paysan, les partis communistes doivent s’orienter vers l’hégémonie du prolétariat, vers la dictature du prolétariat et de la paysannerie, qui se transforme en dictature de la classe ouvrière. Dans ces pays, les partis communistes doivent concentrer principalement leur attention sur la création d’organisations de masses du prolétariat (syndicats) et d’unions paysannes révolutionnaires, sur l’élaboration de revendications et de mots d’ordre concernant directement la classe ouvrière, sur la propagande de l’indépendance du prolétariat en tant que classe, de son hostilité foncière à la bourgeoisie, cette hostilité ne devant aucunement être supprimée par la possibilité d’accords momentanés avec elle; (...) »[4].

Nous avons déjà souligné dans notre premier chapitre l’ampleur des divergences entre l’I.C. et le P.C.C. à propos de la place de la paysannerie dans la révolution. Pour l’I.C. en effet, seul le prolétariat est à même de diriger l’alliance entre la paysannerie et le prolétariat dans le cours du processus révolutionnaire. Seul le prolétariat, même minoritaire, dispose d’une « hostilité foncière » à l’égard de la bourgeoisie. L’erreur du P.C.C. sur la classe dirigeante de la révolution devait inévitablement conduire à une sous-estimation de la nécessité d’une rupture avec la « bourgeoisie nationale ». Mao considérera en conséquence la « bourgeoisie nationale » comme une des classes dirigeantes de la « démocratie nouvelle ». Pourtant Staline avait déjà averti de l’existence de deux voies pour la révolution chinoise: celle de la rupture avec la bourgeoisie nationale et celle du capitalisme. Ecoutons-le:

« Ou bien la bourgeoisie nationale écrase le prolétariat, fait des compromis avec l’impérialisme et ensemble lance une campagne contre la révolution pour être en mesure de mettre fin à cette dernière en établissant la domination du capitalisme;

Ou bien le prolétariat écarte la bourgeoisie nationale, consolide son hégémonie, et assume la direction des larges masses du peuple travailleur dans les villes et dans les campagnes, pour être en mesure de vaincre la résistance de la bourgeoisie nationale, assurer la victoire complète de la révolution démocratique bourgeoise, et graduellement la convertir en révolution socialiste avec toutes les conséquences qui en découlent »[5].

L’analyse est claire. La tâche des communistes chinois en 1949 n’est ni de prétendre passer directement au socialisme comme le proclament les trotskistes, ni de s’allier avec la « bourgeoisie nationale » comme le propose Mao dans sa « démocratie nouvelle ». Elle est d’instaurer la « dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie » pour combattre la « bourgeoisie nationale » et mener à leurs termes les tâches de la révolution démocratique bourgeoise — et en particulier les tâches agraires et anti-féodales — afin de permettre un développement des forces productives et ainsi enclencher le passage graduel à l’étape socialiste.

Voyons maintenant ce que Mao propose dans la « démocratie nouvelle ».

2) La démocratie nouvelle ou l’alliance avec la bourgeoisie nationale

Mao écrit son texte « La démocratie nouvelle » en 1940, c’est à dire bien avant que la Chine soit libérée des occupants impérialistes. Il continue à cette période à considérer que la révolution chinoise ne comporte que deux étapes, malgré les critiques déjà anciennes de l’I.C. que nous avons mentionnées plus haut:

« Le cours historique de la révolution chinoise doit se diviser en deux phases: la première, c’est la révolution démocratique, la seconde, la révolution socialiste; ce sont deux processus révolutionnaires de nature différente. Ce que nous appelons démocratie n’est plus maintenant la démocratie de vieille catégorie (souligné par nous). Ce n’est plus la vieille démocratie, mais la démocratie de nouvelle catégorie, la démocratie nouvelle »[6].

La démocratie nouvelle correspond donc en apparence pour Mao à ce que Staline et l’I.C. appellent la « dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie ». En toute logique marxiste-léniniste, le but de cette étape aurait dû être de briser l’influence de la bourgeoisie nationale, de mener à bien les tâches agraires et anti-féodales et de préparer ainsi le passage à l’étape socialiste. Au lieu de cela, Mao propose de remplacer la « dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie » :

« Dans sa première phase, une telle révolution dans un pays colonial et semi-colonial, par son caractère social, reste encore essentiellement une révolution démocratique bourgeoise, et ses revendications tendent objectivement à frayer la voie au développement du capitalisme; néanmoins, cette révolution n’est déjà plus l’ancien type de révolution, dirigée par la bourgeoisie, et ayant pour but d’établir une société capitaliste et un Etat de dictature bourgeoise. Elle est une révolution de type nouveau, dirigée par le prolétariat, et ayant pour but d’établir, dans cette première phase, une société de démocratie nouvelle et un Etat de dictature exercée en commun par toutes les classes révolutionnaires (souligné par nous)»[7].

Voici comment en 1949 Mao définit ces « classes révolutionnaires »:

« Qu’entend-on par peuple? En Chine, dans la phase actuelle, le peuple, c’est la classe ouvrière, la paysannerie, la petite-bourgeoisie et la bourgeoisie nationale. Sous la direction de la classe ouvrière et du Parti communiste, ces classes s’unissent, forment leur propre Etat, élisent leur propre gouvernement et exercent la dictature sur les valets de l’impérialisme, c’est à dire sur la classe des propriétaires fonciers et sur la bourgeoisie bureaucratique (...) »[8].

La confusion entre les deux premières étapes de la révolution conduit Mao à vouloir maintenir l’alliance de classes de la première étape (la libération nationale) au cours de la seconde étape (la révolution démocratique bourgeoise, agraire et anti-féodale). La bourgeoisie nationale devient ainsi une des classes « révolutionnaires » au cours de la « démocratie nouvelle ». Les quatre étoiles du drapeau chinois symbolisent l’alliance de ces quatre « classes révolutionnaires ».

3) La bourgeoisie nationale et le socialisme

La confusion des étapes ne se limite pas aux deux premières étapes de la révolution. Mao considère que l’alliance avec la bourgeoisie nationale peut perdurer y compris dans l’étape socialiste de la révolution. Dans son texte « De la juste solution des contradictions au sein du peuple » daté de 1957, Mao considère que le passage à l’étape socialiste de la révolution est d’ores et déjà effectué, mais que cela ne change rien aux alliances de classes antérieures:

« Dans notre pays, les contradictions entre la classe ouvrière et la bourgeoisie nationale font partie des contradictions qui se manifestent au sein du peuple. La lutte de classes entre la classe ouvrière et la bourgeoisie nationale relève en général de la lutte des classes au sein du peuple, car, dans notre pays, la bourgeoisie nationale présente un double caractère. Dans la période de la révolution démocratique, d’une part elle présentait un caractère révolutionnaire et, d’autre part, une tendance au compromis avec l’ennemi. Dans la période de la révolution socialiste, d’une part elle exploite la classe ouvrière et en tire profit, mais en même temps elle soutient la Constitution et se montre disposée à accepter la transformation socialiste (...). Les contradictions entre la classe ouvrière et la bourgeoisie nationale sont des contradictions entre exploités et exploiteurs qui sont par elles-mêmes antagonistes. Cependant, dans les conditions de notre pays, si l’on traite comme il faut les contradictions antagonistes entre ces deux classes, elles peuvent se transformer en contradiction non antagoniste, elles peuvent être résolues de façon pacifique »[9].

Mao est ici fidèle à sa théorie du « déplacement dialectique » remplaçant dans « des conditions données » une contradiction principale en une contradiction secondaire, « l’aspect principal » d’une contradiction en « aspect secondaire » et une contradiction antagoniste en une contradiction non antagoniste. Cela conduit Mao à considérer que la bourgeoisie nationale « accepte les transformations socialistes ».

Déjà en 1928, Staline avait démasqué le mythe d’une intégration de la bourgeoisie au socialisme, position développée alors par Boukharine:

« Les capitalistes de la ville et des campagnes, les koulaks et les concessionnaires qui s’intègrent dans le socialisme, voilà à quelle ineptie en vient Boukharine. Non, camarades, nous n’avons pas besoin d’un tel « socialisme ». Que Boukharine le garde pour lui. Jusqu’à présent, nous, marxistes-léninistes, nous pensions qu’entre les capitalistes de la ville et des campagnes, d’une part, et la classe ouvrière, de l’autre, il existait une inconciliable (souligné par Staline) opposition d’intérêts. C’est précisément là-dessus que repose la théorie marxiste de la lutte de classes (...). De deux choses l’une: ou bien il existe une opposition inconciliable entre la classe des capitalistes et la classe des ouvriers arrivés au pouvoir et ayant organisé leur dictature, ou bien cette opposition d’intérêts n’existe pas, et alors il ne reste qu’une chose: proclamer l’harmonie des intérêts de classes »[10].

Mao considère de manière idéaliste et anti-marxiste que la bourgeoisie nationale peut par « l’éducation » s’intégrer au socialisme. Nous retrouvons ici l’aspect idéaliste de la pensée Mao Tsé-Toung concernant « la transformation du monde subjectif de chacun ». Ecoutons Mao:

« Durant les quelques années qui viennent de s’écouler, la plupart des industriels et des commerçants se sont mis volontairement à l’étude et ont obtenu des progrès notables. (...). Après avoir suivi des cours pendant quelques dizaines de jours, beaucoup d’industriels et de commerçants, de retour dans leurs entreprises, découvrent qu’ils parlent plus souvent un langage commun avec les ouvriers et les représentants de la participation de l’Etat, ce qui est tout au bénéfice du travail commun. Ils comprennent par leur propre expérience que la poursuite de l’étude et de la rééducation leur est profitable »[11].

La collaboration avec la « bourgeoisie nationale » n’est pas de courte durée. Elle prend la forme des entreprises dites « mixtes » dans lesquelles les anciens propriétaires continuent d’être rémunérés par une part fixe des bénéfices de leurs anciennes entreprises lorsqu’ils continuent d’en assurer la direction. Voici comment Robert Guillain décrit la rencontre avec un des membres de la « bourgeoisie nationale » en... 1965:

« Chez M. Liu, pour la première fois depuis que je suis arrivé en Chine, je me retrouve dans un décor comme autrefois, ou comme à Hongkong: grand salon luxueux, orné de peintures de maître chinois de l’époque Ming, fauteuils et divans aux coussins de soie, parquets cirés, fleurs dans les vases de porcelaine ancienne. Une bonne sert le thé. Le chauffeur attend dans le jardin avec la voiture. Et dans un tel cadre, c’est une cocasse expérience que d’entendre chanter les louanges du communisme par un capitaliste. A-t-on cherché à le rabaisser dans son entreprise? « J’étais directeur général nommé par moi-même; je suis maintenant directeur général nommé par l’Etat » dit-il d’un ton jovial. N’a-t-on pas modifié son traitement? « Pas du tout, je suis payé comme avant: 670 yuans par mois » (l’équivalent de 1340 nouveaux francs) dit-il en s’éventant de son éventail en ivoire. A-t-on rogné son capital? « Bien au contraire, l’Etat a fait tout si honnêtement, et même si généreusement, que ce vase, par exemple, coté 5 à mon catalogue, on me l’a coté 8 à l’inventaire, et mes usines évaluées 3 600 000 à mon bilan, on me les a comptées 7 400 000 » Et les intérêts? « Mes 5 % me sont payés en espèces, et je les dépense comme je l’entends. Pas de retenue. Pas non plus d’impôts. » (...). Un officiel me dira plus tard à Pékin que pour tout le pays il y a ainsi, en chiffres ronds, deux millions de capitalistes qui touchent les intérêts fixes versés par l’Etat. Là-dessus, il y aurait environ cent mille « gros », le reste étant généralement du menu fretin »[12].

Au niveau politique, ces membres de la « bourgeoisie nationale » sont représentés par les « partis démocratiques »: « M. Liu dirige cinq usines textiles, avec plus de 11 000 ouvriers. Il est président de la Fédération des Associations commerciales et industrielles de Shanghai, autrement dit, de la fédération des capitalistes repentis de son espèce. Il est enfin député à l’Assemblée nationale, comme membre d’un parti créé spécialement pour lui et ses semblables: l’Association pour la Construction démocratique du pays »[13].

Ces partis politiques dits « démocratiques » ne disparaîtront jamais du paysage politique chinois et pourront ainsi être redynamisés lorsque, après la mort de Mao, l’ouverture de la Chine aux capitaux étrangers se fit sur une grande échelle. Voici comment la presse chinoise en parle en 1983:

« La Chine compte maintenant huit partis démocratiques: le Comité révolutionnaire du Kuomintang de Chine, la Ligue démocratique de Chine, l’Association pour la Construction démocratique de la Chine, l’Association chinoise pour la démocratie, le Parti démocratique paysan et ouvrier de Chine, le Zhi Gong Dang de Chine, la Société Jiu San et la Ligue pour l’autonomie démocratique de Taiwan. (...). Les relations entre le P.C.C. et les partis démocratiques ne sont pas celles entre un parti au pouvoir et une opposition. Ce sont des relations de coopération entre des partis frères ayant le P.C.C. comme noyau de direction »[14].

Le « socialisme » de Mao ne se limite bien entendu pas à cette « intégration » de la « bourgeoisie nationale ». L’essentiel est ailleurs. L’Etat de « démocratie nouvelle » hérite de l’essentiel du secteur industriel qui avait été confisqué par les Japonais et qu’avait récupéré le Kuomintang. La propriété étatique en Chine n’est donc pas essentiellement le résultat d’une expropriation de la bourgeoisie mais un héritage de l’histoire:

« Deuxième atout du prolétariat: l’appareil d’Etat dont il vient de s’emparer, et avec lui le contrôle de l’essentiel de l’appareil de production industriel chinois qui, confisqué par les Japonais, avait échu au régime du Kuomintang après la défaite de ces derniers: 2858 entreprises employant 750 000 ouvriers et produisant 41 % de la valeur globale de la production des grandes entreprises, soit 58 % de l’énergie électrique, 68 % du charbon, 97 % de l’acier, 68 % du ciment et 53 % des filés de coton »[15].

La Chine commence sa vie indépendante avec une économie dévastée, une production agricole à l’abandon du fait de la guerre civile, une production industrielle en chute libre et une inflation galopante. De 1949 à 1956, le nouveau régime prit pour l’essentiel des mesures justes, c’est à dire répondant aux besoins de l’étape bourgeoise démocratique de la révolution : des mesures allant dans le sens de la résolution de la question agraire et de l’édification d’une base économique nationale indépendante. L’aide internationaliste de l’Union Soviétique et de Staline allait aider considérablement le nouvel Etat. A partir de 1956, c’est à dire quand la Chine prétend entrer dans l’étape socialiste, Mao s’écartera de cette voie. Nous y reviendrons.

4) 1949-1956 : les progrès de la révolution national-démocratique

a) La réforme agraire :

Compte tenu de l’importance quantitative de la petite paysannerie, la question agraire était la plus urgente. La réforme agraire allait permettre de démanteler les rapports féodaux à la campagne. La loi sur la réforme agraire est adoptée le 28 juin 1950. Voici comment la revue Etudes soviétiques d’Octobre 1953 décrit les succès de cette réforme agraire:

« La réforme agraire chinoise a brisé les piliers séculaires de la propriété féodale et seigneuriale et mis fin à l’exploitation féodale des paysans. Des millions de paysans sans-terre et mal lotis ont reçu 46 millions d’hectares de terre labourable confisquée aux propriétaires fonciers. Avant la victoire de la révolution populaire en Chine, propriétaires fonciers et koulaks, qui ne constituaient qu’un dixième de la population rurale, possédaient les trois quarts des terres labourables. Les koulaks ont perdu leurs forces. Les paysans moyens, qui constituaient seulement un cinquième de la population rurale, en représentent actuellement les quatre cinquièmes. Le nombre des paysans pauvres et des ouvriers agricoles est passé de 70 % de la population rurale à 10-20 % »[16].

Les progrès de la coopération sont également mis en évidence par la revue soviétique. La coopération prend dans cette phase trois formes distinctes: Les groupes temporaires d’entraide au travail, les groupes permanents d’entraide au travail et les coopératives agricoles de production. Dans les groupes d’entraide, la terre et les moyens de production ne sont pas collectivisés. Seuls les instruments agricoles et le bétail acquis en commun sont propriété commune. Les groupes temporaires ne fonctionnent que pendant les grands travaux agricoles alors que les groupes permanents fonctionnent toute l’année. Les coopératives agricoles de production fusionnent la terre en un seul bloc, chaque paysan conservant cependant le droit de propriété sur son terrain. Les résultats de la réforme agraire et de l’entraide sont impressionnants:

« Sur les 90 millions d’exploitations paysannes du pays, 35 millions sont maintenant rassemblées dans des groupes d’entraide au travail. (...). Les groupes d’entraide au travail luttent efficacement contre les calamités agricoles et obtiennent de meilleurs rendements que les paysans individuels. Les groupes de la Chine du Nord ont acheté l’an dernier 70 000 charrues, 130 000 norias et près de 80 000 autres instruments agricoles. Les trois formes d’association agricole de production portent un double caractère, à la fois coopératif et de propriété individuelle. Grâce à la réforme agraire, le bien-être des paysans s’accroît constamment, ainsi que le montre par exemple l’élévation de leur pouvoir d’achat. (...). La production agricole a dépassé en 1952 le niveau atteint avant la guerre contre les impérialistes japonais. La récolte de céréale qui s’est élevée l’an dernier à 163 700 000 tonnes, doit s’accroître du tiers à la fin du plan quinquennal. On prévoit que dans 10 ans, ou un peu plus, elle atteindra 275 à 300 millions de tonnes »[17].

La réforme agraire entamée en juin 1950 est, on le saisit, conforme à l’étape de la révolution nationale-démocratique, même si Mao s’évertue à l’appeler « démocratie nouvelle ». Les formes de la coopération, c’est à dire les rapports sociaux de production, correspondent aux besoins du développement des forces productives qui restent rudimentaires. Un développement vers des formes plus élevées de coopération à une grande échelle nécessite en effet un développement de l’industrie permettant une mécanisation de l’agriculture.

b) Les succès du premier plan quinquennal industriel :

Les quatre premières années du nouveau régime furent celles de la reconstruction avec l’aide de l’Union Soviétique. Les succès furent dans ce domaine également importants. La production d’Acier passait de 158.000 tonnes en 1949 à 1.350.000 en 1952; celle du charbon de 32 millions de tonnes à 66 millions; celle de l’électricité de 4 milliards de kwh à 7 milliards; celle du pétrole de de 121.000 tonnes à 436.000. Pendant cette période de reconstruction, des milliers d’experts soviétiques aidaient au redémarrage des entreprises et des dizaines de milliers d’ouvriers et de techniciens chinois allaient se former en U.R.S.S. Voici comment Mao parle de cette aide en février 1954, à l’occasion du quatrième anniversaire de la signature du traité soviéto-chinois d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle:

« L’aide sincère et désintéressée prêtée à la Chine par le gouvernement et le peuple de l’Union Soviétique est d’une extrême importance pour l’accélération de l’industrialisation socialiste en Chine »[18].

Une fois la reconstruction accomplie, pouvait se mettre en place le premier plan quinquennal couvrant la période 1953-1957. Conformément à l’analyse marxiste-léniniste, la priorité est accordée à l’industrie lourde. L’aide de l’Union Soviétique est également essentielle. Voici comment Le Quotidien du peuple du 16 février 1954 décrit ce premier quinquennat industriel:

« Le premier plan quinquennal de notre pays a comme foyer principal le développement de l’industrie lourde. Les 141 projets à grandes échelles pour lesquels l’U.R.S.S. nous accorde son aide en forment le noyau. Nous devons préserver ce secteur crucial qui a une importance décisive, concentrer un nombre de cadres supérieurs, de grandes quantités de capital, et toutes sortes de ressources pour soutenir la construction de ces 141 projets »[19].

Sur le plan industriel également, l’industrialisation en Chine durant le premier plan quinquennal se déroule selon les principes marxistes-léninistes avec en particulier la priorité à l’industrie lourde comme base du développement de toute l’économie. Les résultats du premier plan quinquennal sont parlant: la production d’acier passe à 5.400.000 tonnes en 1957, celle du charbon à 131 millions de tonnes, celle de l’électricité à 16 milliards de kWh et celle du pétrole à 1.500.000 tonnes.

Ces résultats n’empêcheront pas Mao de critiquer cette période en 1960, en affirmant:

« Pendant la première période qui suivit la libération de tout le pays, nous n’avons pas acquis d’expérience dans la gestion de l’économie nationale. Aussi avons-nous dû, au cours de la période du premier plan quinquennal imiter les méthodes soviétiques, bien que celles-ci ne nous aient pas satisfaits »[20].

Entre temps, Mao a en effet écrit son texte sur « Les dix grands rapports » qui sont une critique de l’expérience d’édification du socialisme sous Lénine et Staline et un plaidoyer pour un socialisme petit-bourgeois.

5) Le grand bond en avant, les communes populaires et les dix grands rapports

Nous avons vu dans un chapitre antérieur les critiques de Mao à l’égard de Joseph Staline, autant sur les questions de la révolution chinoise que sur celles concernant l’histoire de l’Union Soviétique. Nous avons mis en évidence que Mao reprenait à son compte les critiques bourgeoises les plus éculées concernant l’histoire de la révolution bolchévique. A partir de 1955, Mao ajoute un chapitre à l’antistalinisme en critiquant les positions prises par Staline dans la construction du socialisme.

a) Coopération et mécanisation :

Dans son texte « Sur le problème de la coopération » daté du 31 juillet 1955, Mao avance une nouvelle thèse antimarxiste concernant la résolution de la question agraire. S’appuyant une nouvelle fois sur l’affirmation d’une « spécificité chinoise », il affirme en effet que la coopération doit précéder l’utilisation des machines agricoles. La mécanisation ne serait donc pas nécessaire à la collectivisation sur une grande échelle de l’agriculture chinoise.

Voici ce que dit Mao à ce propos:

« Dans le domaine de l’agriculture, la coopération doit précéder l’utilisation de gros outillages, étant donné les conditions de notre pays »[21]. Plus loin il ajoute: « En raison des conditions économiques propres à notre pays, la refonte technique sera plus longue à réaliser que la réforme sociale »[22].

Le texte de Mao est une réponse aux positions développées au sein du P.C.C. demandant une position moins « aventuriste » et « volontariste » en matière de collectivisation de l’agriculture:

« Certains camarades ont même cru trouver dans l’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique des arguments pour critiquer ce qu’ils appellent la précipitation et la progression aventureuse dans le développement actuel de notre coopération agricole »[23].

Mao a beau ici encore se revendiquer de l’exemple soviétique (bientôt il s’en démarquera explicitement), il développe une nouvelle fois un raisonnement idéaliste. Sa position volontariste peut se résumer de la manière suivante: les rapports de production doivent en matière de coopération se développer avant même que nous ne disposions des forces productives permettant la mécanisation de l’agriculture.

Ce débat n’est pas nouveau et Staline y a déjà répondu dès 1928. Dans son célèbre discours « De la déviation de droite dans le Parti Communiste (bolchévik) de l’Union Soviétique », voici comment il aborde la question des conditions de la collectivisation:

« Ensuite, peut-on affirmer qu’il y a deux ou trois ans, nous étions à même de financer sérieusement les kolkhoz et les sovkhoz, d’assigner à cet effet des centaines de millions de roubles? Non, on ne peut l’affirmer. Vous savez bien que nous manquions de ressources même pour développer ce minimum d’industrie à défaut duquel toute industrialisation est impossible en général, à plus forte raison la reconstruction de l’agriculture. Pouvions-nous enlever ces ressources à l’industrie qui forme la base de l’industrialisation du pays pour les transmettre aux kolkhoz et aux sovkhoz? Il est évident que nous ne le pouvions pas. Et aujourd’hui, nous avons les ressources nécessaires pour développer les kolkhoz et les sovkhoz.

Enfin, peut-on affirmer qu’il y a deux ou trois ans, nous avions déjà dans l’industrie une base suffisante pour un approvisionnement intense de l’agriculture, en machines, en tracteurs, etc. Non, on ne peut l’affirmer. A ce moment, la tâche était de créer une base industrielle minimum pour approvisionner dans l’avenir l’agriculture en machines et en tracteurs. C’est pour créer cette base que nous avions dépensé nos maigres ressources financières. Et aujourd’hui? Aujourd’hui nous disposons de cette base industrielle pour l’agriculture. En tout cas, cette base se crée chez nous à un rythme accéléré. Ainsi, ce n’est que ces derniers temps que se sont créées chez nous les conditions nécessaires au développement en masse des kolkhoz et des sovkhoz »[24].

Staline, en matérialiste, envisage la collectivisation de masse non pas à partir de la « volonté », mais à partir de la constitution d’une base matérielle permettant la mécanisation de l’agriculture. La priorité à l’industrie lourde est ce qui permet d’envisager ensuite la collectivisation sur une base matérielle moderne. Au contraire, « refonte technique » et « réforme sociale », pour reprendre les termes de Mao, sont envisagés simultanément par les maoïstes.

En fait, même si Mao se couvre de l’argument des « conditions spécifiques de la Chine », c’est le caractère universel de l’expérience soviétique qu’il remet en cause. Il théorisera cette remise en cause dans son texte « Les dix grands rapports », qui est la base théorique du révisionnisme maoïste.

b) Les dix grands rapports :

Le texte « Les dix grands rapports » est un discours prononcé par Mao en avril 1956 à une réunion élargie du bureau politique. Il s’agit du bilan que fait Mao de l’expérience de développement économique de la Chine depuis 1949. Mao aborde successivement les rapports: 1) entre industrie et agriculture, entre industrie lourde et industrie légère; 2) entre industrie côtière et industrie de l’intérieur; 3) entre édification économique et défense nationale; 4) entre l’Etat, les unités de production et les producteurs individuels; 5) entre administration centrale et administrations locales; 6) entre nationalité Han et minorités nationales; 7) entre le parti et les sans-parti; 8) entre révolution et contre-révolution; 9) entre ce qui est juste et ce qui est erroné; 10) entre la Chine et les autres pays.

Au travers de ce texte, Mao critique systématiquement les principes essentiels de la construction du socialisme en Union Soviétique et propose de les remplacer par d’autres:

« Ce qui mérite une attention particulière, ce sont les insuffisances et les erreurs apparues au cours de l’édification socialiste de l’Union Soviétique, et qui ont été mis à jour récemment. Voudriez-vous faire le même détour? Dans le passé, c’est en profitant de ses expériences et leçons que nous avons pu nous épargner quelques détours; aujourd’hui, celles-ci devraient à plus forte raison, nous servir de mise en garde »[25].

Lorsque Mao parle d’une « mise à jour récente », il parle des calomnies de Khrouchtchev sur Staline. Khrouchtchev proposa une série de réformes économiques révisionnistes telles que par exemple le développement prioritaire de l’industrie légère, la nécessité d’une planification moins rigide et d’une décentralisation, etc. Mao ne fait que reprendre les théories khrouchtchéviennes pour les appliquer à la Chine.

Étudions quelques exemples:

1. La priorité à l’industrie lourde :

Pour les marxistes-léninistes, la construction du socialisme s’opère à partir d’une priorité à accorder à l’industrie lourde. Sans cette priorité, il n’est pas possible d’édifier la base matérielle du socialisme, ni d’envisager une collectivisation de l’agriculture basée sur des forces productives modernes. Sans cette priorité, il n’est pas non plus possible de développer une économie nationale indépendante du marché capitaliste mondial. Enfin, dans des pays comme l’U.R.S.S. ou la Chine, cette priorité est encore renforcée du fait du retard technique. Voici ce que Staline répondait à ceux qui demandaient un « ralentissement » du rythme de l’industrialisation:

« Le point de départ de nos thèses, c’est que le développement à un rythme rapide de l’industrie en général, de la production des moyens de production en particulier, est le premier fondement et la clé de l’industrialisation du pays, le premier fondement et la clé de la transformation de toute notre économie nationale sur la base d’un développement socialiste. (...). Nous avons rattrapé et dépassé les pays capitalistes les plus avancés en établissant un régime politique nouveau, le régime des soviets. C’est fort bien. Mais cela ne suffit pas. Pour assurer la victoire définitive du socialisme dans notre pays, il faut aussi rattraper et dépasser ces pays sous le rapport technique et économique. Nous y parviendrons, ou bien c’en sera fait de nous. Ce n’est pas seulement vrai pour l’édification du socialisme. C’est aussi vrai si nous voulons sauvegarder l’indépendance de notre pays au milieu de l’encerclement capitaliste. (...). Mais n’oublions pas non plus que si l’industrie est le fondement essentiel, l’agriculture à son tour constitue la base du développement de l’industrie, à la fois parce qu’elle est un marché qui absorbe ses produits, qu’elle fournit matières brutes et denrées alimentaires, et qu’elle est la source de réserves dont l’exportation permet d’importer les équipements nécessaires à l’économie nationale »[26].

Dans « Les dix grands rapports », Mao maintient formellement la priorité à l’industrie lourde mais tout son raisonnement conduit à une nouvelle théorie: la théorie du développement simultané de l’industrie lourde, de l’industrie légère et de l’agriculture. On comprend mieux dès lors pourquoi il estimait, dans son texte sur la coopération, que celle ci ne nécessitait pas au préalable un développement de l’industrie permettant de fournir tracteurs et machines agricoles. Dans son texte « De la juste solution des contradictions au sein du peuple » en 1957, il développe plus avant cette thèse de la manière suivante:

« La voie de l’industrialisation dont il est question ici concerne surtout le rapport entre l’industrie lourde, l’industrie légère et l’agriculture du point de vue de leur développement. Il est certain que l’industrie lourde est le noyau de notre édification économique. Cependant nous devons en même temps accorder notre pleine attention au développement de l’agriculture et de l’industrie légère. La Chine est un grand pays agricole, dont la population est rurale à plus de 80%, le développement de l’industrie doit aller de pair avec celui de l’agriculture. C’est seulement ainsi que l’industrie aura des matières premières et des débouchés, qu’il sera possible d’accumuler des fonds relativement importants pour créer une puissante industrie lourde »[27].

Bien sûr, Mao a raison de souligner la complémentarité du développement de l’agriculture et de l’industrie. Par contre, ce qu’il oublie de préciser, c’est que cet enchaînement dans le développement des deux secteurs ne peut se réaliser que sur la base d’une accumulation industrielle préalable. Celle-ci est en effet la base matérielle sur laquelle se bâtit la construction d’une agriculture mécanisée qui, à son tour, permet le développement plus poussé de l’industrie. C’est pour cette raison que la priorité à l’industrie lourde que soulignait Staline est absolument nécessaire. A la loi de la priorité à l’industrie lourde, le P.C.C. a substitué une théorie du développement simultané des secteurs et des formules vagues telles que: « Prendre l’agriculture pour base et l’industrie pour facteur dirigeant » ou encore « Confirmer l’agriculture en tant que base du développement économique et l’industrie en tant que facteur essentiel, avec, comme levier principal, dans l’industrie l’acier et, dans l’agriculture, les céréales » ou enfin « marcher sur les deux jambes ».

A ces mots d’ordres confus s’opposent les formulations claires de l’U.R.S.S. de l’époque de Lénine et Staline. Voici comment le Manuel d’économie politique résume l’importance de la priorité à l’industrie lourde:

« Le développement de l’industrie lourde est la clé de la transformation socialiste de l’agriculture sur la base d’un outillage mécanique perfectionné. En fournissant à l’agriculture des tracteurs, des moissonneuses-batteuses et d’autres machines agricoles, l’industrie socialiste permet la naissance et le développement à la campagne des nouvelles forces productives indispensables à la victoire du régime kolkhozien. L’industrialisation socialiste entraîne une augmentation des effectifs de la classe ouvrière; elle accroît son importance et son rôle dirigeant dans la société; elle renforce les bases de la dictature de la classe ouvrière et son alliance avec la paysannerie. L’industrialisation socialiste garantit l’indépendance technique et économique, ainsi que la capacité de défense du pays qui construit le socialisme face à l’hostilité du monde capitaliste »[28].

La théorie maoïste du développement simultané aboutira dans les faits à un ralentissement des investissements destinés à l’industrie lourde : les ressources sont consacrées prioritairement à l’industrie légère et à l’agriculture. Si ce choix a permis la réalisation de l’autosuffisance alimentaire, il a eu pour conséquence d’empêcher le développement industriel sur une grande échelle. Cela conduira à terme la Chine à l’ouverture au capital extérieur comme « moyen de modernisation » de l’économie. Voici comment le journal Drapeau rouge décrit la répartition des investissements pour la province du Hunan:

« La main-d’œuvre, le matériel et les fonds ont été accordés selon l’ordre suivant: l’agriculture, l’industrie légère et l’industrie lourde. Environ un tiers de l’acier laminé dans la province a été destiné à l’agriculture depuis ces dernières années et 38 % du fond de la construction de base a été affecté, directement ou indirectement, à l’agriculture. Dans la répartition de la main-d’œuvre, la priorité a été donnée à l’agriculture »[29]

2. Le financement de l’accumulation industrielle:

La seconde remise en cause de l’expérience soviétique en matière économique se trouve dans la question du financement de l’industrialisation. Dans des pays essentiellement agricoles comme la Chine et l’U.R.S.S., l’accumulation industrielle doit trouver des fonds pour pouvoir se développer. Ce débat n’est pas nouveau et les marxistes-léninistes y ont déjà répondu. L’accumulation industrielle sera financée par le « tribut agricole ». Cette question est connue en U.R.S.S. sous le nom des « ciseaux ». La surimposition momentanée de la paysannerie est une nécessité de l’industrialisation. Voici comment Staline répond à Boukharine sur cette question:

« Est-il exact que cette surimposition de la paysannerie existe en réalité? Oui, c’est exact. Comment l’appelons-nous autrement? Nous l’appelons autrement les « ciseaux », le « drainage » des ressources de l’agriculture vers l’industrie, en vue de hâter le développement de notre industrie. Ce « drainage » est-il nécessaire? Il n’existe pas de divergence parmi nous quant à savoir si ce « drainage », mesure provisoire, est nécessaire, si nous voulons véritablement que l’industrie continue de se développer à un rythme rapide. Or nous devons à tout prix stimuler l’essor rapide de l’industrie, car il est nécessaire non seulement à l’industrie elle-même, mais avant tout à l’agriculture, à la paysannerie qui, aujourd’hui, a besoin surtout de tracteurs, de machines agricoles, d’engrais. (...). Cet impôt additionnel est-il à la mesure des forces de la paysannerie? Oui, il l’est? Pourquoi? Parce que, tout d’abord, le prélèvement de cet impôt additionnel s’effectue alors que la situation matérielle de la paysannerie est en voie d’amélioration constante. En second lieu, parce que le paysan possède en propre une exploitation rurale dont les revenus lui permettent de payer l’impôt additionnel, ce qui n’est pas le cas pour l’ouvrier, qui n’a pas d’exploitation personnelle et qui, néanmoins, consacre toutes ses forces à l’industrialisation. En troisième lieu, parce que le taux de l’impôt additionnel diminue d’année en année. Avons-nous raison de dire, en parlant de cet impôt additionnel, qu’il est « quelque chose comme un tribut »? Parfaitement. Par ces mots nous donnons à entendre à nos camarades que l’impôt additionnel est odieux, indésirable et que son maintien pour une longue durée est inadmissible (...). Car, de deux choses l’une: Ou bien les boukhariniens reconnaissent l’inévitabilité - à l’heure actuelle - des « ciseaux » et du « drainage » des ressources de l’agriculture vers l’industrie, mais alors ils doivent reconnaître le caractère calomnieux de leurs accusations et le total bien-fondé du parti; ou bien ils contestent l’inévitabilité, à l’heure actuelle, des « ciseaux » et du « drainage », mais alors qu’ils le disent tout net, pour que le parti puisse les ranger parmi les adversaires de l’industrialisation de notre pays »[30].

La réponse de Mao est bien entendu toute autre. L’industrialisation est également souhaitée. La nécessité d’un surplus agricole est également reconnue. Mais Mao s’oppose au « drainage » et considère que c’est par l’échange entre l’agriculture et l’industrie que le surplus sera orienté vers l’industrie. Les conséquences sont importantes: le rythme du développement industriel devient dépendant de celui de l’agriculture et les branches industrielles concernées seront fonction des seuls besoins de l’agriculture. Se sont les intérêts immédiats de la paysannerie qui déterminent les équilibres entre industrie légère et industrie lourde par exemple et non plus comme en Union Soviétique les intérêts à long terme d’une économie nationale indépendante. Ce modèle d’accumulation est l’expression dans le domaine économique du prima accordé par Mao à la paysannerie sur la classe ouvrière. Le socialisme de Mao exprime plus un vague socialisme paysan que le socialisme scientifique marxiste. Voici comment Tchong Li-tcheng théorise le processus dans un article du journal Hongqi:

« Les ressources minières: équipements, matériaux et force techniques, etc. sont bien sûr des facteurs importants, indispensables pour le développement de l’industrie. Mais à juger le problème dans l’ensemble de l’économie nationale, c’est l’agriculture qui décide en définitive de l’envergure et du rythme du développement industriel »[31].

Edouard Poulain, à qui nous empruntons cette citation, défend le modèle économique maoïste et critique le « modèle stalinien ». Il fait partie de cette kyrielle d’intellectuels occidentaux qui ont soutenu le maoïsme pour son anti-stalinisme (avec entre autres Charles Bettelheim, Patrick Tissier, Jacques Charrière, etc.). Alors que ces « maoïstes » faisaient la différence entre Mao et Staline, les « marxistes-léninistes » eux, tentaient vainement de maintenir le mythe d’une continuité entre Staline et Mao.

La différence entre Mao et Staline se trouve dans la classe sociale que l’on prend comme épine dorsale de la construction du socialisme. Pour Staline, le socialisme est dirigé par la classe ouvrière et la paysannerie est une alliée. Pour Mao, c’est l’inverse. Les critiques faites par les Chinois et par les autres maoïstes au « modèle soviétique » ne sont pas neuves. Boukharine déjà dénonçait « l’exploitation féodale et militaire » de la paysannerie par le P.C.(b) U.S. Citons une nouvelle fois le camarade Staline:

« Une voix : - Pourtant, on ne s’est jamais servi de la notion de « tribut » par rapport au paysan moyen.

Staline: - Vous pensez peut-être que le paysan moyen est plus près du Parti que la classe ouvrière? Pour un marxiste, vous êtes un marxiste à la manque. Si l’on peut parler de « tribut » à l’égard de la classe ouvrière dont nous sommes le parti, pourquoi ne pourrait-on pas dire la même chose quand il s’agit du paysan moyen qui n’est en tout et pour tout que notre allié? (...). Je ne connais pas d’autre exemple dans l’histoire de notre Parti où ce dernier ait été accusé de pratiquer une politique d’exploitation féodale et militaire. Cette arme contre le Pari n’a pas été empruntée à l’arsenal des marxistes. Mais alors d’où vient-elle? De l’arsenal du leader des cadets[32], Milioukov. Lorsque les cadets veulent brouiller la classe ouvrière avec la paysannerie, ils disent d’habitude: Messieurs les bolchéviks, vous bâtissez le socialisme sur les ossements de la paysannerie. En soulevant du bruit autour du « tribut », Boukharine se fait le thuriféraire des sieurs Milioukov, il se traîne à la remorque des ennemis du peuple »[33].

c) Grand bond en avant et communes populaires :

Le modèle maoïste de développement possède donc des caractéristiques opposées à l’expérience de l’Union Soviétique: priorité de l’agriculture et de l’industrie légère sur l’industrie lourde, refus de l’accumulation socialiste par prélèvement d’un « tribut » sur la paysannerie, dépendance des rythmes de développement de l’industrie aux besoins immédiats de la paysannerie, développement des formes collectives à grandes échelles indépendamment de l’existence d’une base industrielle, priorité de la petite industrie locale sur la grande entreprise industrielle centralisée, etc.

Ce sont ces caractéristiques qui ont conduit au « grand bond en avant » et aux « communes populaires ». Le point de départ reste toujours le même: la soi-disant « spécificité chinoise ». Une nouvelle fois la mise en avant des particularités va servir à remettre en cause le caractère universel de la révolution d’Octobre et de l’expérience soviétique de construction du socialisme. Voici ce que déclare Liu Shaoqi dans son rapport au comité central du 5 mai 1958:

« Une partie de l’expérience des succès remportés par l’U.R.S.S. a un caractère essentiel et une valeur générale à l’étape actuelle de l’histoire de l’humanité. C’est le principal dans l’expérience soviétique. L’autre partie de cette expérience n’a pas une portée universelle. En outre, l’expérience de l’Union Soviétique comporte aussi des erreurs et des échecs »[34].

A l’occasion du deuxième plan quinquennal en 1958, le mot d’ordre du « grand bond en avant » est lancé. Ce mot d’ordre prétend rompre avec les « erreurs soviétiques ». Il prétend « décentraliser » le développement en multipliant les petites industries locales. C’est ce que Mao a appelé les « cinq développements simultanés »: industrie et agriculture; industrie lourde et industrie légère; industrie nationale et industrie locale; petites, moyennes et grandes entreprises; utilisation simultanée des méthodes modernes et des méthodes artisanales. L’Union Soviétique est ainsi accusée d’avoir sous-estimée l’agriculture, l’industrie légère, les petites et moyennes entreprises et les méthodes artisanales.

Concrètement, des milliers de petits hauts fourneaux, de petites cimenteries, de petits ateliers furent construits dans les campagnes chinoises. Plutôt que de s’attacher à la construction des grandes bases industrielles modernes dont le socialisme a besoin, le P.C.C. s’orienta vers la construction d’une « industrie de proximité » visant à répondre aux besoins immédiats de la paysannerie locale.

Dans la même année furent lancées les « communes populaires ». Celles-ci s’inscrivaient dans la droite ligne du « grand bond en avant »:

« Un des traits originaux de l’accumulation en République Populaire de Chine est le processus systématique d’industrialisation rurale qui date de la période du grand bond en avant. Cette orientation repose sur une politique fiscale non discriminatoire envers le secteur agricole; en effet, une grande partie du surplus est laissée au niveau local pour être directement investie par les paysans regroupés dans des unités collectives. L’objectif à long terme est de réaliser une industrialisation sans concentration urbaine, et d’éviter de la sorte un des principaux maux des pays en voie de développement. Dès 1958, la presse chinoise a souligné qu’un tel processus était une application directe de la ligne générale pour l’édification du socialisme »[35].

Ces propos d’un autre défenseur du « modèle chinois » met une nouvelle fois en évidence la rupture avec l’expérience soviétique à l’époque de Staline. Les communes populaires avaient trois objectifs essentiels: unir l’agriculture, l’industrie et le commerce en une seule unité économique et politique (enseignement, sécurité, justice, propriété de la terre et des moyens de productions étaient du ressort de la commune); collectiviser la vie quotidienne (réfectoire, jardins d’enfants, ateliers, etc.); réaliser une rémunération allant vers le principe « à chacun selon ses besoins ».

Le grand bond en avant et les communes populaires soulignent deux dimensions antimarxistes du modèle chinois. En premier lieu, nous avons affaire ici à une tentative de construire « le communisme » (« à chacun selon ses besoins ») avec des forces productives non correspondantes. Nous sommes plus en présence d’un communautarisme paysan que d’un processus d’édification d’un socialisme scientifique. En second lieu, l’autonomie des communes populaires fait plus penser à « l’autogestion yougoslave » qu’à un plan central national de développement.

Mao pense construire le socialisme à partir d’une révolution dans les « mentalités » et dans les « rapports de productions » alors qu’un tel changement est fortement dépendant de l’existence d’une base matérielle moderne sur une grande échelle. Voici ce que dit Staline à ce propos:

« Ce serait une erreur de croire que s’il y a kolkhoz, il y a tout ce qui est nécessaire pour la construction du socialisme. Ce serait une erreur encore plus grande de croire que les membres des kolkhoz sont déjà devenus des socialistes. Non, il faudra encore travailler beaucoup pour refaire le paysan-kolkhozien, pour corriger sa mentalité individualiste et en faire un vrai travailleur de la société socialiste. Et l’on y arrivera d’autant plus vite que les kolkhoz seront plus vite pourvus de machines et de tracteurs »[36].

Mao pense également construire le socialisme à partir de « l’autonomie des communes populaires », en développant l’industrialisation locale, alors qu’une des lois fondamentales du socialisme est celle du « développement harmonieux de l’économie ». Voici ce que disait déjà Lénine à ce propos:

 « Transformer l’ensemble du mécanisme économique de l’Etat en une seule grande machine, en

un organisme économique fonctionnant de telle sorte que des centaines de millions d’hommes sont dirigés d’après un plan unique »[37].

CONCLUSION

Sur la question du socialisme également, Mao met en avant les « spécificités chinoises » pour abandonner les principes marxistes-léninistes de la construction du socialisme. Sa théorie de la « démocratie nouvelle » est à première vue semblable à celle de la « démocratie populaire » développée dans les pays dits de « l’Est ». D’ailleurs le terme « démocratie nouvelle » est également employé par les Soviétiques pendant cette période, comme en témoigne le rapport de Jdanov au Kominform en 1947. Le P.C.C. et Mao insistent pourtant sur l’aspect « novateur » de cette théorie et sur son adéquation aux pays du « tiers-monde ».

Il y a en effet de grandes différences. Les « démocraties populaires » sont analysées comme des étapes transitoires vers le passage au socialisme sous la direction de la « dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie ». Dès 1947, le Kominform insiste sur la nécessité d’engager le passage à la nouvelle étape de la révolution et stigmatise ceux qui veulent maintenir la situation en l’Etat. La démocratie nouvelle de Mao, elle, prétend que la « bourgeoisie nationale » peut construire le socialisme. On ne saisit plus alors ce qui peut distinguer l’étape nationale-démocratique de la révolution et l’étape socialiste. En fait, Mao ne fait que reprendre ici les théories de Boukharine qui à la même période sont revendiquées par Tito dans son opposition au camp socialiste.

Avec une telle approche, le P.C.C. pouvait mener à bien les tâches nationales-démocratiques mais s’avérait incapable de diriger le passage à l’étape socialiste. Le premier plan quinquennal marque pour l’essentiel la réalisation des tâches nationales-démocratiques et la Chine a connu pendant cette période des succès importants. Cependant la Chine populaire n’a jamais été au-delà de cette première étape, même si certaines tâches socialistes ont été entamées dans le contexte de l’existence du camp socialiste et de l’aide de l’URSS. Ces aspects ont pu ne pas être visibles compte tenu du langage de « gauche » utilisé par Mao et le P.C.C. dans leur opposition au révisionnisme de Khrouchtchev.

Mao Tsé-Toung est une nouvelle fois celui qui a théorisé le révisionnisme en matière de construction économique par son texte « Sur les dix grands rapports ». Arguant une nouvelle fois de la « spécificité nationale » et du « refus du dogmatisme », il s’oppose à l’ensemble des principes de l’économie politique du socialisme. Il redécouvre ainsi les thèses bourgeoises de la priorité à l’industrie légère et à l’agriculture, de l’autonomie et de la « décentralisation » en matière de planification, du refus du « tribut » paysan en matière d’industrialisation, etc. C’est là un de ses autres points communs avec Tito qui défend déjà depuis 1948 ces « nouvelles priorités » compte tenu de la « spécificité » yougoslave. La bourgeoisie en tant que classe n’a pas été éliminée et l’indépendance économique n’a pas été assurée. Cela permettra ultérieurement à la Chine de pratiquer sa « politique d’ouverture » et des « quatre modernisations » qui signifient ouvertement l’entrée du grand capital international dans l’économie chinoise.



[1] Pour une Chine libre et forte, op. cit., pp. 24-25.

[2] Staline, De l’Opposition ; La situation internationale et la défense de l’U.R.S.S.

[3] Lénine, rapport de la commission nationale et coloniale, 26 juillet 1920.

[4] Projet de Programme de l’I.C., Bureau d’édition, Paris, 1928, p.38.

[5] Staline, Questions sur la révolution chinoise.

[6] Mao Tsé-Toung, La démocratie nouvelle, Editions en langues étrangères, Pékin, 1965, p. 5.

[7] Idem, p. 9.

[8] Mao Tsé-Toung, « De la dictature démocratique populaire », Oeuvres choisies, tome 4, Editions en langues étrangères, Pékin, 1969, p. 436.

[9] Mao Tsé-Toung, « De la juste solution des contradictions au sein du peuple », discours prononcé le 27 février 1957, in Ecrits philosophiques, op. cit., p. 121.

[10] Staline, « De la déviation de droite dans le P.C.B.U.S. », discours prononcé le 19 octobre 1928, in Oeuvres choisies, Editions 8 Nëntori, Tirana, 1980, pp. 341-342.

[11] Mao Tsé-Toung, « De la juste solution des contradictions au sein du peuple », op. cit., pp. 155-156.

[12] Robert Guillain, Dans 30 ans la Chine, Editions du Seuil, Paris, 1965, pp. 112-113.

[13] Idem, p. 113.

[14] An Zhiguo, « Les partis démocratiques et leur rôle », in La Chine après Mao, recueil de 80 articles de Beijing information, Pékin, 1983, pp. 67-68.

[15] Edouard Poulain, Le mode d’industrialisation socialiste en Chine, Maspero, Paris, 1977, p. 16.

[16] Revue Etudes soviétiques, n° 67, octobre 1953, p. 6.

[17] Idem, pp. 7-8.

[18] Message au camarade Malenkov, Etudes soviétiques, n° 72, mars 1954, p. 14.

[19] Article de Hsü Pang-i, cité in Edouard Poulain, op. cit., p. 28.

[20] Mao Tsé-Toung et la construction du socialisme, textes présentés par Hu Chi-hsi, Le Seuil, Paris, 1975, p. 181.

[21] Mao Tsé-Toung, « Sur le problème de la coopération agricole », Textes choisis, Editions en langues étrangères, Pékin, 1965, p. 441.

[22] Idem, p. 449.

[23] Idem, pp. 442-443.

[24] Staline, « De la déviation de droite dans le P.C.(B).U.S. », in Oeuvres choisies, op. cit., pp. 370-371.

[25] Mao Tsé-Toung, « Sur les dix grands rapports », Oeuvres choisies, tome V, op. cit., p. 306.

[26] Staline, « De l’industrialisation et de la déviation de droite », in Oeuvres choisies, op. cit., pp. 317 à 322.

[27] Mao Tsé-Toung, « De la juste solution des contradictions au sein du peuple », in Textes choisis, op. cit., p. 516-517.

[28] Manuel d’économie politique, éditions sociales, Paris, 1956, p. 370.

[29] Article de Yu Tchong-yuan, « La stimulation mutuelle du développement de l’agriculture et de l’industrie », cité in Edouard Poulain, op. cit., p. 153.

[30] Staline, « De l’industrialisation et de la déviation de droite dans le P.C. (b) de l’U.R.S.S. », op. cit., p. 357-358.

[31] Tchong Li-tcheng, « Synthétiser l’expérience acquise dans la juste solution des rapports entre l’industrie légère et l’industrie lourde », cité in Edouard Poulain, op. cit., p. 156.

[32] Le Parti des « cadets » (les « Constitutionnels Démocrates ») était le parti libéral russe au moment de la Révolution.

[33] Staline, « De l’industrialisation et de la déviation de droite dans le P.C.(b) de l’U.R.S.S. », op. cit., pp. 360-361.

[34] Liu Shaoqi, rapport au comité central du 5 mai 1958.

[35] Patrick Tissier, La Chine. Transformations rurales et développement socialiste, op. cit, p. 61.

[36] Staline, « Questions de politique agraire en U.R.S.S. », discours prononcé à la Conférence des Marxistes Spécialistes de la Question Agraire, 27 décembre 1929, in Oeuvres choisies, op. cit., p. 404.

[37] Lénine, rapport sur la guerre et la paix.


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