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Réflexions sur le maoïsme - Chapitre 2

Matérialisme dialectique ou idéalisme?

CHAPITRE 2 : MATERIALISME DIALECTIQUE OU IDEALISME

Les désaccords de Mao avec Staline et l’Internationale Communiste ne sont pas secondaires. Ils ne sont pas non plus sans liens entre eux. Trois divergences essentielles peuvent être repérer: la question du front dans les différentes étapes de la révolution, la question des étapes elles-mêmes et celle de la classe capable de diriger le processus révolutionnaire. Le point commun à ces dérives maoïstes se trouve dans le remplacement du matérialisme dialectique par une conception cyclique et métaphysique de la dialectique. Cette déviation du matérialisme dialectique a une base sociale: la petite paysannerie et sa conception du monde. En ce sens le maoïsme est une des variantes parmi d’autres du socialisme petit-bourgeois.

1) La base sociale du maoïsme

L’histoire du féodalisme chinois est marquée pendant des siècles par une succession de grands règnes impériaux, de révoltes paysannes contre les empereurs menées par des lettrés, de renversements de ces empereurs et de transformations de ces lettrés en nouvelle dynastie et en nouvelle oppression. La question paysanne est au cœur des affrontements sociaux depuis des siècles. Des masses de petits paysans se révoltent régulièrement pour exiger le partage des biens pris aux riches. Pour des raisons liées à l’état de développement des forces productives et des rapports de production, la traduction politique de ces révoltes fut l’espoir millénariste.

Les leaders encadrant ces insurrections sont marqués par une double caractéristique. D’une part, ils vivaient auprès de ces petits paysans et de ces paysans sans-terres et partageaient avec eux la soif de justice sociale et la haine de la classe dominante. D’autre part, ils étaient issus de la petite bourgeoisie (artisans, commerçants, lettrés bouddhistes, paysannerie moyenne, etc.) et interprétaient la réalité sociale à partir de leur classe d’appartenance. Ils ne pouvaient évoluer qu’à partir du système idéologique traditionnel.

Cet aspect est d’autant plus marqué que les théories dominantes de Confucius et de Mencius ont toujours donné lieu à une double interprétation. D’une part, la classe dominante s’en revendique pour légitimer sa domination. D’autre part, les révoltes paysannes s’en revendiquent également. La pénétration impérialiste occidentale à partir du milieu du XIXème siècle accroît la paupérisation des masses paysannes et d’autres classes sociales et humilie une partie importante des anciennes classes dominantes. L’effervescence révolutionnaire du début du siècle mélange des conceptions très différentes: prise de conscience nationale, constitution du prolétariat et de sa conscience de classe, nostalgie du passé, renouveau des doctrines traditionnelles, etc..

C’est dans ce contexte idéologique général que se constitue le P.C.C. L’urgence d’une rupture avec les formes de pensées issues du passé était forte. Seul le prolétariat en tant que classe sociale moderne pouvait opérer cette rupture en prenant la direction des révoltes paysannes. Or nous verrons plus loin que Mao se considère beaucoup plus comme l’héritier du passé chinois que comme représentant de la rupture qualitative marxiste d’avec les formes de pensées antérieures. Le marxisme sera en conséquence réinterprété à partir des conceptions traditionnelles, d’où son caractère hétéroclite mélangeant des formules marxistes et d’autres antimarxistes. C’est ce processus qui explique un certain nombre de thèses maoïstes telles que la « sinisation du marxisme », « la présentation de la pensée Mao Tsé-Toung comme nouvelle étape du marxisme-léninisme », etc.. L’insistance de l’I.C. sur la nécessité que le prolétariat dirige la révolution, indique sa compréhension du danger de ce type de « mélange » en Chine.

Les événements sanglants de 1927 vont éloigner de fait les communistes des villes et donc du prolétariat. Sur près de 60.000 militants essentiellement ouvriers, il n’en reste qu’une dizaine de mille. Les communistes sont contraints de se replier en milieu paysan. Cette situation issue du rapport de forces militaires fut transformée par Mao en stratégie. De 1927 à 1949, le P.C.C se coupa du prolétariat et recruta dans l’Armée rouge des centaines de milliers de paysans ruinés qui apportèrent avec eux leur idéologie et leur vision du monde. Le désaccord avec l’I.C. ne portait pas sur la question agraire comme nous l’avons montré plus haut mais sur l’urgence de maintenir un travail en direction du prolétariat, seule classe capable de diriger de manière conséquente la révolution.

2) Mao et le marxisme

Le maoïsme, en tant que synthèse d’idées traditionalistes et idéalistes des grands systèmes philosophiques chinois du passé et des analyses de la science marxiste-léniniste, se constitue bien avant la victoire de Mao dans le P.C.C. Ses prémisses sont présentes dès le début du siècle dans le petit cercle d’intellectuels influencés par la révolution d’Octobre. Arrêtons-nous sur cette période en comparant certaines analyses maoïstes aux points de vue de Li Dazhao (1888-1927), un des fondateurs du mouvement communiste en Chine, que Mao lui-même présente comme celui qui l’a initié au « marxisme »: « Grâce à Li Dazhao je me suis très vite orienté vers le marxisme »[1].

a) Le volontarisme et l’idéalisme :

Li Dazhao fait partie des intellectuels issus de la paysannerie pauvre qui, au début du siècle, sont révoltés par les inégalités dont souffre le peuple chinois et par les menaces de l’impérialisme japonais. Il adhéra au marxisme dans l’enthousiasme de la victoire de la révolution d’Octobre. Il fut un des premiers à se revendiquer ouvertement du marxisme et joua un rôle actif dans le recrutement de nombreux dirigeants du P.C.C. dont Mao:

« Parmi les membres de l’intelligentsia des années 18 et 19, Li était pratiquement le seul Chinois à défendre le bolchévisme (...). Entre-temps, le radicalisme de Li commençait à attirer l’attention d’un certain nombre de jeunes activistes de l’Université de Pékin. Vers la fin 1918, le bureau qu’occupait Li à la bibliothèque de l’Université devint célèbre sous le nom de « Chambre rouge » (...). Un nombre sans cesse croissant d’étudiants en quête d’une ligne politique et intellectuelle afflua dans le bureau du bibliothécaire de l’université de Pékin. Leurs noms étaient encore inconnus dans les milieux politiques et intellectuels de Chine, mais certains, et ils étaient nombreux, allaient devenir d’éminents dirigeants du Parti communiste chinois »[2].

Li Dazhao est impressionné par la force de la révolution d’Octobre et par sa capacité à entraîner les grandes masses ouvrières et paysannes. Il pense trouver dans le marxisme la théorie et l’idéologie permettant au peuple chinois de vaincre l’oppression nationale et l’intervention impérialiste. C’est à partir de préoccupations nationalistes et idéalistes qu’il aborde le marxisme. Il en découle une vision messianique et volontariste du marxisme. Tout était possible à n’importe quel moment pourvu que les révolutionnaires soient déterminés. Dans un article intitulé « la victoire du bolchévisme » en 1918, il écrit:

« Le bolchévisme mêle l’humanité entière en une seule masse énorme (...). Dans le courant d’un tel mouvement, massif et mondial, toute la lie de l’histoire... empereurs, nobles, seigneurs de la guerre, bureaucrates, militaristes, et capitalistes seront certainement anéantis comme s’ils avaient été frappés par la foudre (...). Désormais, on verra partout dans le monde le drapeau victorieux du bolchévisme et l’on entendra son chant triomphant. La cloche de l’humanitarisme résonne. L’aube de la liberté se lève. ».[3]

Nous sommes beaucoup plus proche ici de l’approche idéaliste trotskiste de la « révolution mondiale » que de l’analyse léniniste-staliniste. Nous sommes également en présence des échos des espérances millénaristes des révoltes paysannes du passé. Il n’est dès lors pas étonnant que le P.C.C. ait eu tant de dérive à propos des étapes de la révolution chinoise comme nous l’avons montré dans notre premier chapitre. Mao Tsé-Toung (comme de nombreux autres dirigeants du P.C.C.) a globalement la même dérive idéaliste et volontariste.

Pour Mao également, tout est question de volonté quelle que soit l’étape de la révolution. C’est ce qui le conduira à promouvoir une collectivisation en ne se préoccupant pas de l’état de développement des forces productives:

« Dans le domaine de l’agriculture, la coopération doit précéder l’utilisation du gros outillage, étant donné les conditions de notre pays »[4]. Généralisant son raisonnement, il inverse le raisonnement marxiste en considérant que les rapports de productions nouveaux peuvent se développer durablement sur la base de forces productives faibles: « Etant donné les conditions économiques où se trouve notre pays, la transformation de la technique sera plus longue à réaliser que la transformation sociale »[5]. C’est toujours en s’appuyant sur des « spécificités » que les révisionnistes justifient leurs déviations. Mao n’échappe pas à la règle.

Le même volontarisme antiscientifique est visible dans la politique du « grand bond en avant » et dans la décision de « brûler les étapes » de la collectivisation dans la mise en place des « communes populaires ». Ne pas tenir compte des conditions objectives, affirmer la primauté permanente des rapports de productions sur les forces productives, considérer que le communisme peut être construit sans l’existence de forces productives modernes, ce n’est pas du marxisme mais du « volontarisme idéaliste ». Voici ce que déclarait le P.C.C. en août 1958 à propos des communes populaires:

« Il semble que la réalisation du communisme en Chine n’est plus une perspective éloignée. Nous allons nous servir des communes populaires pour tenter activement d’ouvrir des voies nouvelles vers la société communiste »[6]. De la même façon le Quotidien du peuple pouvait écrire: « Les bourgeons du communisme poussent de tous côtés. La Chine va de l’avant à la vitesse d’une fusée

spatiale. Les octogénaires croient fermement qu’ils vivent déjà l’âge du communisme »[7]

b) Une dialectique cyclique :

L’appel au volontarisme est d’autant plus fort pour Li Dazhao qu’il considère que le retard économique et social est porteur d’une dynamique révolutionnaire plus grande. La révolution bolchévique est pour lui issue d’un « surplus d’énergie pour le développement » accumulé au cours des siècles de retard. La pauvreté et le retard sont en définitive révolutionnaires. Plus elles sont grandes et plus les potentialités révolutionnaires le sont. Nous sommes ici en présence de la très vielle dialectique taoïste posant que les contraires se changent l’un dans l’autre indéfiniment. Dans la tradition chinoise en effet, l’ensemble des phénomènes de l’univers est régi par le Tao qui est la synthèse, l’unité de deux principes contraires: le Yin et le Yang:

« Le spectacle de la plus arriérée des nations d’Europe émergeant soudain à l’avant-garde de la civilisation moderne, dans un incroyable défi au monde impérialiste occidental, ne satisfaisait pas seulement les aspirations nationalistes de Li, mais également l’intellectuel de la dialectique, qui voyait tout phénomène produire invariablement son opposé. D’après lui, la renaissance d’une Russie arriérée n’était que le prélude de la renaissance, plus dramatique encore, de la Chine arriérée. La théorie selon laquelle le retard de la Chine offrait d’immenses avantages tant pour l’élan que pour le contenu de son futur développement, alliée à la notion que tous les maux de la vieille Chine étaient sur le point de se transformer en leurs exacts contraires, constituaient autant de thèmes qui allaient séduire un nombre croissant d’intellectuels chinois »[8].

Mao non seulement reprend cette confusion entre dialectique marxiste et dialectique taoïste, mais tente de la théoriser. Alors que les classiques du marxisme-léninisme ont décrit depuis longtemps déjà les différentes lois de la dialectique, Mao les réduit à une seule: le principe de contradiction. Comparons les propositions de nos classiques et celles de Mao. Commençons par Engels:

« C’est donc de l’histoire de la nature et de celle de la société humaine que sont abstraites les lois de la dialectique. Elles ne sont précisément rien d’autre que les lois les plus générales de ces deux phases du développement historique, ainsi que de la pensée elle-même. Elles se réduisent pour l’essentiel aux 3 lois suivantes: - la loi du passage de la quantité à la qualité et inversement; - la loi de l’interpénétration des contraires; - la loi de la négation de la négation »[9].

Lénine insistera sur la signification de la catégorie de « négation » pour les marxistes. Elle ne se limite pas à la destruction de l’ancien. Elle implique également la conservation des éléments viables du passé. Elle comprend une certaine liaison entre l’ancien qui disparaît et le nouveau qui lui succède:

« Ni la négation nue, ni la négation irréfléchie, ni la négation sceptique..., ne sont caractéristiques et essentielles dans la dialectique — qui bien entendu contient en elle l’élément de la négation, et même comme son élément le plus important — non, mais la négation en tant que moment du développement qui maintient le positif »[10].

Nous avons souligné volontairement le point de vue de Lénine considérant la négation comme l’élément essentiel de la dialectique car Mao dira exactement le contraire. Cette existence de la négation et de la loi de la « négation de la négation » dont parle Engels est justement ce qui permet de rompre avec les limites des théorisations dialectiques antérieures. En effet, n’incluant pas cette loi, les dialectiques d’Héraclite ou du taoïsme concluaient inévitablement à une histoire cyclique. Pour Lénine, l’évolution ne se produit pas selon un cercle, ni selon une ligne droite, mais en spirale:

« Une évolution qui semble reproduire des stades déjà connus, mais sous une autre forme, à un degré plus élevé (« négation de la négation »); une évolution pour ainsi dire en spirale et non en ligne droite »[11].

Staline revient sur la même idée en insistant lui aussi sur la rupture avec les anciennes conceptions circulaires:

« C’est pourquoi la méthode dialectique considère que le processus du développement doit être compris non comme un mouvement circulaire, non comme une simple répétition du chemin parcouru, mais comme un mouvement progressif, ascendant, comme le passage de l’état qualitatif ancien à un nouvel état qualitatif, comme un développement qui va du simple au complexe, de l’inférieur au supérieur »[12].

Dans son ouvrage De la contradiction[13], Mao Tsé-Toung limite la méthode dialectique aux deux idées de « processus » et de « contradiction ». Il ne fait nulle part référence aux deux lois sur lesquelles insistent Engels, Lénine et Staline à savoir « la négation de la négation » et le « passage de la quantité à la qualité ». Il fait de longs développements sur la distinction entre « contradiction principale et contradiction secondaire » et « aspect principal et aspect secondaire de la contradiction », mais n’aborde à aucun moment les deux autres lois d’Engels qui permettent de ne pas concevoir l’histoire comme l’éternel recommencement du même, comme un développement circulaire.

Voici ce que dit Mao, dans un inédit, et le commentaire d’Alain Badiou, l’un des principaux théoriciens maoïstes français, qui publie cet inédit de Mao:

« Engels a parlé de trois catégories, mais en ce qui me concerne, il y a deux de ces catégories en lesquelles je ne crois pas. L’unité des contraires est la loi la plus fondamentale. La transformation de la qualité en quantité, et inversement, n’est rien d’autre que l’unité de la qualité et de la quantité considérées comme des contraires. Quant à la négation de la négation, cela n’existe pas du tout. La juxtaposition sur le même plan de la transformation de la qualité en quantité et inversement, de la négation de la négation, et de la loi de l’unité des contraires, c’est du « triplisme », ce n’est pas du monisme (...); il n’existe rien de telle que la négation de la négation. Affirmation, négation, affirmation, négation (...) dans le développement des choses: chaque maillon dans la chaîne des évènements est à la fois affirmation et négation (...) »[14]. Et Alain Badiou déclare: « Il va de soi que nous ne prenons pour l’instant position ni sur l’authenticité, ni sur l’exactitude de ces « inédits de Mao Tsé-Toung ». Toutefois la cohérence de ce passage avec les « 5 essais philosophiques » bien connus ne fait aucun doute (souligné par nous[15].

Engels avait déjà eu à combattre à son époque ce type de point de vue. M. Dühring prétendait déjà que la « négation de la négation » n’était qu’une des « fariboles hégéliennes ». Voici comment Engels lui répond ironiquement:

« Qu’est-ce donc que cette terrible négation de la négation qui gâche à ce point l’existence de M.Dühring et qui joue chez lui le même rôle de crime impardonnable que le péché contre le Saint-Esprit dans le christianisme? Une procédure très simple, qui s’accomplit en tous lieux et tous les jours, que tout enfant peut comprendre (...). Prenons un grain d’orge. Des milliards de grains d’orges semblables sont moulus, cuits et brassés, puis consommés. Mais si un grain d’orge de ce genre trouve les conditions qui lui sont normales, s’il tombe sur un terrain favorable, une transformation spécifique s’opère en lui sous l’influence de la chaleur et de l’humidité: il germe; le grain disparaît en tant que tel, il est nié, remplacé par la plante née de lui, négation du grain. Mais quelle est la carrière normale de cette plante? Elle croît, fleurit, se féconde et produit en fin de compte de nouveaux grains d’orge, et aussitôt que ceux-ci sont mûrs, la tige dépérit, elle est niée à son tour. Comme résultat de cette négation de la négation nous avons derechef le grain d’orge du début, non pas simple, mais en nombre dix, vingt, trente fois plus grand »[16].

Pour Engels, la négation n’est pas simple élimination et la négation de la négation simple retour à la case départ. Elles sont des dépassements, c’est à dire des progrès. Nous rejoignons ici l’idée d’un développement en spirale défendu par Lénine. L’élimination de deux lois essentielles de la dialectique conduit le maoïsme à considérer que le déplacement des contradictions est permanent comme dans les allers-retours permanents entre le Yin et le Yang. Voici comment Mao analyse la question des contradictions pour la Chine:

« Dans les pays semi-coloniaux comme, par exemple, la Chine, les rapports entre la contradiction principale et les contradictions secondaires forment un tableau complexe. Dans le cas d’une guerre d’agression lancée par les impérialistes contre un tel pays, ses différentes classes, à l’exception de la petite clique des traîtres à la nation, peuvent s’unir provisoirement pour mener la guerre nationale contre l’impérialisme. Dans ce cas, la contradiction entre l’impérialisme et le pays considéré devient la contradiction principale et toutes les contradictions entre les différentes classes à l’intérieur du pays (y compris la contradiction principale entre le régime féodal et les masses populaires) reculent provisoirement au second plan et n’occupent qu’une position subordonnée. Tel fut le cas en Chine dans la guerre de l’Opium en 1840, la guerre sino-japonaise de 1894, la guerre de Yihotourans en 1900 et l’actuelle guerre sino-japonaise »[17].

La contradiction principale pourrait ainsi se transformer en contradiction secondaire et inversement. Que la question nationale exige dans des circonstances données des alliances de classes et un front unique de libération nationale est une affirmation élémentaire du marxisme. Cela ne signifie pas que la contradiction principale et la contradiction secondaire ont permuté. Cela signifie simplement que depuis l’apparition de l’impérialisme, la question nationale est elle-même une question de classe. C’est ce qui a amené Staline à considérer les mouvements nationaux comme partie intégrante de la révolution mondiale, au côté des pays socialistes et de la lutte de la classe ouvrière dans les pays des Etats capitalistes. Mao confond ici ce qui vient au premier plan dans des circonstances données et ce qui est déterminant en dernière instance pour reprendre une formule d’Engels. Oublier les liens entre la situation nationale et la situation internationale dans l’analyse des contradictions, c’est faire du nationalisme et non du marxisme.

Voici comment Staline décrit l’importance des mouvements nationaux de libération nationale:

« L’immense portée mondiale de la Révolution d’Octobre consiste surtout justement en ce qu’elle a: 1) Elargi le cadre de la question nationale, en la transformant de question particulière de la lutte contre le joug national en question générale de l’affranchissement des peuples opprimés, des colonies et semi-colonies, à l’égard de l’impérialisme. (...). 3) Jeté par là-même un pont entre l’Occident socialiste et l’Orient asservi, en constituant un nouveau front de révolutions qui va des prolétaires de l’Occident, par la révolution de Russie, aux peuples opprimés de l’Orient, contre l’impérialisme »[18].

Mao poursuit son raisonnement en affirmant l’existence de « déplacement » entre « l’aspect principal et l’aspect secondaire » d’une contradiction:

« Des deux aspects de la contradiction, il en est un qui, inévitablement, est le principal, l’autre étant le secondaire. Le principal, c’est celui qui joue le rôle dominant dans la contradiction. Le caractère des choses et des phénomènes est au fond déterminé par l’aspect principal de la contradiction qui occupe la position dominante. Mais cette position des aspects de la contradiction n’est pas immuable — l’aspect principal et l’aspect secondaire de la contradiction se convertissent l’un en l’autre et le caractère des phénomènes se modifie en conséquence. »[19].

Alors que Engels, Lénine et Staline parlent de « négation » et de « négation de la négation » et de passage de l’accumulation quantitative à la transformation qualitative, Mao parle de « conversion » d’un pôle à un autre, d’une contradiction à l’autre. Mao répond à certaines critiques en précisant sa pensée. Voici ce qu’il dit de la contradiction entre rapport de production et forces productives

« D’aucuns estiment qu’il existe des contradictions auxquelles cette thèse ne s’applique pas; si, par exemple, dans la contradiction entre les forces productives et les rapports de production, l’aspect principal est constitué par les forces productives; dans la contradiction entre la théorie et la pratique, l’aspect principal est constitué par la pratique; dans la contradiction entre la base économique et la superstructure, l’aspect principal est représenté par la base économique, la position respective des aspects, soi-disant, ne subit aucune permutation. C’est là une conception propre au matérialisme mécaniste et non au matérialisme dialectique. Bien entendu, les forces productives, la pratique et la base économique jouent en général le rôle principal, décisif et celui qui le nie n’est pas un matérialiste. Il faut reconnaître toutefois que dans des conditions déterminées, les rapports de production, tout comme la théorie ou la superstructure, peuvent, à leur tour, jouer le rôle décisif, principal »[20].

Si Marx et Engels ont mis en évidence que la superstructure pouvait rétroagir sur l’infrastructure, si Lénine a mis en évidence clairement l’importance de la théorie pour la pratique, si les rapports de productions ont bien entendu une action sur le développement des forces productives, cela n’a rien à voir avec le soi-disant déplacement de l’aspect principal de la contradiction. Mao aura beau nous traiter de mécaniste, c’est lui qui fait preuve, avec ses déplacements, d’idéalisme. Nous retrouvons ici le subjectivisme volontariste que nous avons rencontré précédemment. Que peut bien signifier en effet l’affirmation que la superstructure ou les rapports de production sont l’aspect principal de la contradiction, même « dans des conditions déterminées »? Tout simplement que tout est possible à condition d’avoir une superstructure révolutionnaire ou des rapports de production révolutionnaires, même avec un sous-développement des forces productives. On comprendra alors, comme le soulignait déjà l’I.C., que le P.C.C. a toujours eu des difficultés avec les étapes de la révolution. Le socialisme devient alors possible avec des forces productives limitées comme pour le « grand bond en avant » et le communisme est à portée de la main avec la seule collectivisation accélérée comme pour les « communes populaires ». Ecoutons Marx sur ces questions:

« Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent dans des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté. Ces rapports de production correspondent à un stade déterminé du développement de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base réelle sur quoi s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de consciences sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne la vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais, au contraire, c’est leur existence sociale qui détermine leur conscience. Ayant atteint un certain niveau de développement, les forces productives de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec le régime de propriété au sein duquel elles ont évolué jusqu’alors. De facteurs de développement des forces productives, ces rapports deviennent des entraves de ces forces. Alors s’ouvre une ère de révolution sociale »[21].

Dans un autre texte, Marx résume l’aspect déterminant des forces productives avec une formule d’une grande clarté:

« Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain, le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel »[22].

Cela ne veut pas dire que Marx sous-estime le rôle des rapports de productions ou de la superstructure, mais que ceux-ci sont déterminés en dernière instance par l’infrastructure, même dans « des conditions déterminées ».

Engels parle aussi des autres facteurs que l’infrastructure:

« C’est Marx et moi-même, partiellement, qui devons porter la responsabilité du fait que, parfois, les jeunes donnent plus de poids qu’il ne lui est dû au côté économique. Face à nos adversaires, il nous fallait souligner le principe essentiel nié par eux, et alors nous ne trouvions pas toujours le temps, le lieu, ni l’occasion de donner leur place aux autres facteurs qui participent à l’action réciproque. Mais dès qu’il s’agissait de présenter une tranche d’histoire, c’est à dire de passer à l’application pratique, la chose changeait et il n’y avait pas d’erreur possible »[23].

Nul besoin donc d’un quelconque déplacement de « l’aspect principal de la contradiction » pour inclure dans l’analyse le rôle de la superstructure et des rapports de production. Nous avons laissé pour l’instant les propos que tient Mao sur la théorie et la pratique parce qu’ils remettent en cause la théorie marxiste de la connaissance que nous aborderons ci-dessous.

Terminons sur cet aspect du déplacement, en soulignant un dernier « déplacement » sur la question des « contradictions antagonistes et des contradictions non antagonistes ». Voici ce que Mao développe à ce propos:

« Suivant le développement concret des choses et des phénomènes, certaines contradictions primitivement non antagonistes se développent en contradictions antagonistes, alors que d’autres primitivement antagonistes se développent en contradictions non antagonistes (...). L’histoire du Parti communiste de l’U.R.S.S. nous a montré que les contradictions entre les conceptions justes de Lénine et de Staline et les conceptions erronées de Trotski, Boukharine et autres, ne se sont pas manifestées tout au début sous une forme antagoniste, mais que par la suite, elles sont devenues antagonistes»[24].

Mao confond ici la perception de la contradiction à un moment donnée et la contradiction elle-même. La contradiction entre le léninisme et le trotskisme a été antagoniste dès le début, même si c’est la défaite théorique des trotskistes au sein du parti qui les conduira ensuite seulement à se démasquer entièrement. Il est vrai que d’autres maoïstes nous tiendront des propos similaires sur la seconde guerre mondiale en affirmant que celle-ci n’était pas antifasciste dès le début et qu’elle ne le serait devenue qu’en 1941 après l’agression nazie contre l’U.R.S.S. De la même façon, le P.C.C. pourra justifier ainsi sa politique de soutient aux U.S.A., la contradiction antagoniste devenant non antagoniste du fait de l’émergence d’une nouvelle « contradiction principale » avec le « social-impérialisme soviétique ». Décidément, ces théorisations sur les déplacements permettent de justifier tous les revirements de la politique chinoise.

c) Une théorie idéaliste de la connaissance :

Li Dazhao initiateur de Mao au marxisme considérait que les idées révolutionnaires étaient indépendantes de l’existence d’une classe révolutionnaire. Ce n’était plus l’existence sociale qui déterminait la conscience comme pour Marx, mais l’inverse. De nouveau nous sommes en présence d’une conception idéaliste:

« Li Dazhao percevait de manière très différente la voie vers le socialisme. Premièrement, il attribuait à la presque totalité des hommes une conscience de classe socialiste latente, un « esprit de coopération mutuelle » inné, commun à tous les êtres humains depuis des temps immémoriaux, et qui émergerait au cours de la lutte révolutionnaire. Tandis qu’il défendait avec ardeur la nécessité et le caractère souhaitable de la lutte des classes, il la considérait comme un affrontement qui dépendait au moins autant des forces de l’esprit humain que des forces de production. En fait, il alla jusqu’à affirmer que « le pouvoir de la conscience humaine est tout à fait spontané » »[25].

Nous sommes bien en présence d’un subjectivisme idéaliste et volontariste. Li Dazhao a rejoint, comme beaucoup d’autres dirigeants du P.C.C., le marxisme sans rompre avec l’idéalisme de la vieille philosophie chinoise. Nous sommes aux antipodes des analyses de Marx:

« L’existence d’idées révolutionnaires à une certaine époque présuppose l’existence d’une classe révolutionnaire »[26].

C’est le même type de conviction que celle de Li Dazhao qui conduit Mao à considérer que la théorie est, « dans des conditions déterminées », « l’aspect principal de la contradiction ». Encore faut-il préciser qu’avec une telle analyse, il ne s’agit pas de « théorie » au sens scientifique du terme mais « d’idéologisme ». Il ne s’agit pas ici d’un simple problème de terme ou de traduction. Dans un autre texte présenté par les maoïstes comme un « développement du marxisme-léninisme » (De la pratique), Mao revient sur sa théorie idéaliste de la connaissance:

« La lutte du prolétariat et des peuples révolutionnaires pour la transformation du monde implique la réalisation des tâches suivantes: la transformation du monde objectif comme celle du propre monde subjectif de chacun — la transformation des propres capacités cognitives de chacun comme celle du rapport existant entre le monde subjectif et le monde objectif »[27].

Nous sommes ici aux antipodes de la théorie marxiste-léniniste de la connaissance. Depuis les travaux de Marx, nous savons en effet que la transformation « du monde subjectif » est le résultat de la transformation du « monde objectif ». Depuis les précisions de Lénine, nous savons que la connaissance ou pour reprendre les termes de Mao « le monde subjectif » est un reflet dans la conscience des hommes du réel, c’est à dire du « monde objectif ». Il est en conséquence impossible pour un marxiste de transformer le « rapport entre le monde objectif et le monde subjectif ». Voici ce que Lénine nous apprend:

« La connaissance est le processus par lequel la pensée s’approche infiniment et éternellement de l’objet. Le reflet de la nature dans la pensée humaine doit être compris non d’une façon « morte », « abstraite », non sans mouvement, sans contradiction, mais dans le processus éternel du mouvement, de la naissance de contradictions et de leur résolution »[28]. C’est justement pour cela que la théorie est nécessaire. Elle permet par l’abstraction de découvrir les lois qui guident le monde objectif et ainsi de dépasser le premier degré de la connaissance que sont les sensations et les intuitions: « De l’intuition vivante à la pensée abstraite, et d’elle à la pratique, tel est le chemin dialectique de la connaissance du vrai, de la connaissance de la réalité objective »[29]. Sans cette activité théorique, l’homme ne peut pas saisir l’essence des phénomènes, c’est à dire les lois qui les régissent, et il ne peut en conséquence agir pour transformer le monde: « la pensée s’élevant du concret à l’abstrait ne s’éloigne pas... de la vérité, mais s’approche d’elle. Les abstractions de matière, de loi naturelle, l’abstraction de la valeur, etc. en un mot toutes les abstractions scientifiques (justes, sérieuses, pas arbitraires) reflètent la nature plus profondément, plus fidèlement, plus complètement »[30].

Nulle trace chez Lénine, on le voit, de la « transformation du monde subjectif de chacun » et encore moins de la « transformation du rapport existant entre le monde subjectif et le monde objectif ». Nous sommes en présence avec Mao, d’une tentative de faire fusionner éclectiquement l’idée de Confucius d’un « travail sur soi » (« la transformation du monde subjectif de chacun ») avec la théorie marxiste de la connaissance.

Les deux textes que les maoïstes présentent comme fondamentaux  — « De la contradiction » et « De la pratique » — sont construits de la même façon. D’abord Mao rappelle justement les thèses marxiste-léninistes, pour glisser ensuite comme « continuité » ou « développement » des points de vues idéalistes: la thèse du « déplacement » pour le premier texte et celle de la transformation du monde subjectif pour le second. En fait, nous sommes en présence d’un dualisme philosophique honteux qui, comme l’a montré Lénine, est en réalité un idéalisme. Entre le matérialisme et l’idéalisme, il n’y a en effet pas de troisième voie. Voici comment Lénine parlait de ces tentatives de conciliations des inconciliables:

« Le malheur des machistes russes qui s’avisent de « concilier » Mach et Marx, c’est de s’être fié aux professeurs réactionnaires de philosophie et, l’ayant fait, ils ont glissé sur un plan incliné. Leurs diverses tentatives pour développer et compléter Marx se fondent sur des procédés d’une extrême simplicité. On lisait Ostwald, on croyait Ostwald, on exposait Ostwald et l’on disait: marxisme. On lisait Mach, on croyait Mach, on exposait Mach et l’on disait: marxisme. On lisait Poincaré, on croyait Poincaré, on exposait Poincaré et on disait: marxisme »[31].

Nous pourrions paraphraser Lénine et dire que « le malheur de Mao est de ne pas avoir rompu avec l’idéalisme de la philosophie chinoise ancienne et, ne l’ayant pas fait, il a glissé sur un plan incliné ». De la même façon, des milliers de militants du mouvement maoïste en Europe ne connaissaient en guise de marxisme que les oeuvres de Mao. Ici aussi la paraphrase est possible « On lisait Mao, on croyait Mao, on exposait Mao et on disait sincèrement: marxisme ».

C’est pourtant le même Mao Tsé-Toung qui apporte sa voix une nouvelle fois à la critique du camarade Staline:

« Marx, Engels, Lénine n’agissaient pas ainsi. Ils s’appliquaient à étudier et approfondir les diverses questions de leur temps ou du passé, et invitaient les autres à faire de même. (...). Staline était moins fort. Par exemple, on considérait à son époque la philosophie classique allemande, philosophie idéaliste, comme une réaction de l’aristocratie allemande contre la révolution française. Une telle conception est une négation complète de la philosophie allemande. Staline a rejeté en bloc la science militaire de l’Allemagne; selon lui, puisque les Allemands ont perdu la guerre, leur science militaire ne vaut plus rien, et par conséquent, les ouvrages de Clausewitz ne méritent plus qu’on les lise. Il y a pas mal de métaphysique chez Staline et il a appris à beaucoup de gens à la pratiquer »[32].

On ne peut que constater la ressemblance avec les critiques portées à Staline par les révisionnistes yougoslaves:

« Dans ses analyses théoriques, Staline a dévié de la méthode de la dialectique matérialiste vers le subjectivisme et la métaphysique. Cependant, compte non tenu du caractère de certaines de ses théories, il est évident qu’un tel monopole idéologique devait conduire à la dogmatisation du marxisme et du léninisme »[33]

CONCLUSION

« De même qu’on ne juge pas un individu par l’idée qu’il se fait de lui-même, de même on ne saurait juger une telle époque de bouleversement sur la conscience qu’elle a d’elle-même ». Cette phrase de Marx dans la « préface à la critique de l’économie politique » est valable pour la Chine en général et pour Mao en particulier. Mao et les dirigeants du P.C.C. ont pu croire sincèrement que la « pensée Mao Tsé-Toung » était une « troisième étape » après le marxisme et le léninisme. Là n’est pas l’important. L’essentiel est dans le constat que le maoïsme n’a pas permis au P.C.C. de conduire la Chine vers le socialisme du fait de son caractère anti-marxiste. Pour les mêmes raisons, les partis maoïstes d’Europe n’ont pas réussi à conquérir l’avant-garde de la classe ouvrière.

La faiblesse du P.C.C. et de Mao depuis sa création a été son incapacité à opérer la rupture avec les modes prémarxistes et idéalistes de pensée de la Chine ancienne. Dans de nombreux autres pays aussi, cette incapacité à faire rupture entraîne la reproduction des mêmes erreurs petites-bourgeoises. Sans cette rupture en effet, il ne peut y avoir conquête de l’avant-garde ouvrière et donc il ne peut y avoir de réel parti communiste. Voici ce que Jdanov disait à ce propos en critiquant le philosophe soviétique Alexandrov qui sous-estimait l’importance de la rupture entre le marxisme et les philosophes pré-marxistes:

« L’auteur représente l’histoire de la philosophie et le progrès des idées et des systèmes philosophiques comme une évolution régulière par l’accumulation de changements quantitatifs. (...). Mais c’est là de la métaphysique. L’apparition du marxisme fut une véritable découverte, une révolution dans la philosophie. Evidemment comme toute découverte, comme tout bond, toute rupture dans la progression, tout passage à un nouvel état, cette découverte n’a pu se produire sans aucune accumulation préalable de changements quantitatifs, dans le cas présent, des apports de la philosophie avant les découvertes de Marx et Engels. Il est manifeste que l’auteur ne comprend pas que Marx et Engels ont fondé une nouvelle philosophie qualitativement différente de tous les systèmes précédents, quelques progressifs qu’ils fussent. (...). Les formules vagues de l’auteur masquent l’énorme importance révolutionnaire de la géniale découverte de Marx et Engels, en mettant l’accent sur ce qui unit Marx aux philosophies antérieures sans montrer qu’avec Marx commence une période entièrement nouvelle de l’histoire de la philosophie, la philosophie scientifique »[34].

En Chine, non seulement l’aspect rupture du marxisme a été sous-estimé, mais cette déviation a été théorisée sous-prétexte de tenir compte des particularités nationales. La sinisation du marxisme-léninisme a consisté à prétendre s’appuyer sur les spécificités nationales pour justifier les déviations des principes du marxisme-léninisme, à prétendre combattre le « dogmatisme » pour se présenter comme modèle pour le « tiers-monde », à prétendre s’opposer au « mécanisme » pour s’inscrire dans la continuité des philosophies chinoises prémarxistes.

Dans d’autres pays aussi la sous-estimation de la rupture a renforcé les positions révisionnistes. En France par exemple, la surestimation de l’apport de la révolution française et la sous-estimation de la rupture que constituaient, d’abord la Commune puis la révolution d’Octobre, allait conduire vers les mêmes dérives.


[1] Edgar Snow, Etoile rouge sur la Chine, Stock, 1965, pp. 108-131.

[2] Maurice Meisner, « Li Dazhao ou les prémisses du modèle maoïste », in Les dirigeants de la Chine révolutionnaire (1850-1972), Calmann-Lévy, Paris, 1973, p. 311.

[3] Cité in Les dirigeants de la Chine révolutionnaire, op. cit., p. 310.

[4] Mao Tsé-Toung, « Sur le problème de la coopération agricole », in Oeuvres choisies, tome V, Editions en langues étrangères, Pékin, 1977, p. 210.

[5] Idem, p. 217.

[6] Résolution du 27 août 1958.

[7] Nguyen Minh Kiên, op.cit., p. 91.

[8] Maurice Meisner, op. cit., p. 310.

[9] Engels, Dialectique de la nature, Editions sociales, Paris, 1961, p. 69.

[10] Lénine, Cahiers philosophiques, p. 185, p. 76.

[11] Lénine, Oeuvres, tome 21, pp.49-p.77.

[12] Staline, Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique.

[13] Mao Tsé-Toung, De la contradiction.

[14] Mao Tsé-Toung, Unrehearsed, Ed. Penguin Books, 1974. Citation traduite par Alain Badiou, cf. ci-dessous.

[15] Alain Badiou, Théorie de la contradiction, Edition Maspero, Paris, 1976, p. 33.

[16] Engels, L’Anti-Dühring.

[17] Mao Tsé-Toung, « De la contradiction », in Ecrits philosophiques, La cité éditeur, Lausanne, 1963, pp. 83-84.

[18] Staline, « La question nationale et coloniale », in Le marxisme et la question nationale et coloniale, Editions sociales, Paris, 1949, p.92.

[19] Idem, p. 87.

[20] Idem, p. 92.

[21] Marx, Préface de la Critique de l’Economie politique.

[22] Marx, Misère de la Philosophie.

[23] Engels, Lettre à Joseph Bloch, 21-9-1890.

[24] Mao, De la contradiction, op. cit., pp. 109-110.

[25] Maurice Meisner, op. cit., p. 320.

[26] Marx, L’idéologie allemande, éditions sociales, Paris, 1966, p. 76.

[27] Mao Tsé-Toung, « De la pratique », in Ecrits philosophiques, op. cit., p. 36.

[28] Lénine, Cahiers philosophiques, p. 161, p.95.

[29] Lénine, idem, pp. 142-91.

[30] Idem, pp. 142-94.

[31] Lénine, Matérialisme et empiriocriticisme.

[32] Mao Tsé-Toung, « Discours prononcé à la conférence des secrétaires des comités du parti pour les provinces, municipalités et régions autonomes », janvier 1957, Oeuvres choisies, tome V, p. 398.

[33] Programme de la Ligue des Communistes de Yougoslavie, Editions de Belgrade, 1977, p. 55.

[34] A. Jdanov, Sur la littérature, la philosophie et la musique, Ed. Norman Bethune, Paris, 1972, p. 41.


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