Cercle Henri Barbusse, 52 allée du Lotus Bleu- V. d’Ascq- 59650-France
Dans
la lettre du PTB pour le Séminaire de mai 2000, on peut lire:
« En mai 2000, le séminaire, ... s’attachera
à clarifier: (...) La fascisation rampante et son
aboutissement, le fascisme ouvert, ne sont pas des phénomènes
étrangers à la démocratie bourgeoise; au
contraire ils sont des expressions de la dégénérescence
inévitable de la « démocratie »
bourgeoise à l’époque de l’impérialisme »
(Lettre du PTB). Plus loin, il y est dit: « le fascisme
allemand, non pas comme « l’exception »
de la démocratie impérialiste, mais comme expression
d’une évolution générale de l’impérialisme
en crise. Ses bases économiques et politiques, ses traits et
ses caractéristiques: en quoi le fascisme allemand a-t-il été
le précurseur de tendances générales de
l’impérialisme aujourd’hui »? Le
PTB se demande « comment faut-il évaluer
aujourd’hui la thèse de Dimitrov: L’arrivée
du fascisme au pouvoir, ce n’est pas la substitution ordinaire
d’un gouvernement bourgeois à un autre, mais le
remplacement d’une forme étatique de la domination de
classe de la bourgeoisie - la démocratie bourgeoise - par une
autre forme de cette domination, la dictature terroriste déclarée »?
Nous
devons le dire clairement: ces « interrogations »
du PTB, non seulement ne sont pas « nouvelles »
mais sont dangereuses et conduisent inévitablement au
révisionnisme trotskiste. Elles débouchent même
sur un point que l’impérialisme européen en
construction peut parfaitement mettre au devant: « de
la guerre antifasciste contre le Japon et l’Allemagne à
la guerre anti-néo-fasciste (sic!) contre les
Etats-Unis » (idem).
LA
LIGNE TACTIQUE JUSTE DU 7e
CONGRES DE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE: FRONT UNI ET FRONT
POPULAIRE
Cette ligne tactique a
traversé avec succès l’épreuve de vérité
qu’a été la seconde guerre mondiale. Elle a
permis la victoire contre la coalition fasciste allemande, italienne
et japonaise; Elle a fait échec aux plans de destruction de
l’URSS, du socialisme, concoctés par les impérialistes
de tous les pays; Elle a forcé les Etats impérialistes
de démocratie bourgeoise à s’allier avec l’URSS
contre l’alliance fasciste; Elle a élargi le camp
socialiste aux Démocraties Populaires en Europe et en Asie;
Elle a favorisé l’émergence et le développement
d’un vaste mouvement mondial anti-colonial qui a débouché
sur les indépendances nationales formelles des colonies; Elle
a facilité à la classe ouvrière des pays
impérialistes la conquête des acquis sociaux et
démocratiques indéniables que notre génération
actuelle de communistes et de travailleurs a de la peine à
préserver; Elle a donné un prestige et une autorité
ineffaçable aux communistes du monde entier. Tel est le bilan
concret à tirer de ce qu’a apporté la politique
de l’IC, du PCbUS, de l’Etat soviétique et du
Kominform.
Lénine
fut le premier à avoir entrevu la « possibilité
d’une grande guerre nationale en Europe ».
Polémiquant avec les gauchistes de son époque qui
niaient cette « possibilité »,
Lénine écrivait dès 1916: « Que
la guerre impérialiste actuelle de 1914-1916 se transforme en
une guerre nationale, c’est tout à fait improbable, car
la classe qui représente le mouvement en avant est le
prolétariat, qui tend objectivement à la transformer en
guerre civile contre la bourgeoisie, et puis aussi parce que les
forces des deux coalitions ne sont pas tellement différentes
et que le capital financier international a créé
partout une bourgeoisie réactionnaire. Mais il n’est
cependant pas permis de qualifier une telle transformation
d’impossible: si le
prolétariat européen était affaibli pour une
vingtaine d’années; si
cette guerre finissait par des victoires dans le genre de
celles de Napoléon et par l’asservissement d’une
série d’Etats nationaux parfaitement viables; si
l’impérialisme extra-européen (japonais et
américain surtout) se maintenait aussi une vingtaine d’années
sans aboutir au socialisme, par exemple à cause d’une
guerre nippo-américaine, alors une grande guerre nationale
serait possible en Europe. Ce serait une évolution qui
rejetterait l’Europe en arrière pour plusieurs dizaines
d’années. Cela est improbable, mais non pas impossible,
car il est antidialectique, antiscientifique, théoriquement
inexact, de se représenter l’histoire universelle
avançant régulièrement et sans heurts, sans
faire quelquefois des sauts gigantesques en arrière »
(A propos de la brochure de Junius). « L’affaiblissement
du prolétariat européen », on l’a
vu, dans les années 20/30 avec la défaite des
prolétariats italien, espagnol et surtout allemand. Les
États-Unis et le Japon se sont maintenus sans aboutir au
socialisme, l’un préservant la forme démocratique
bourgeoise de l’Etat capitaliste et l’autre passant à
un fascisme impérial. La guerre impérialiste de 14/18
se termina par le traité de Versailles qui asservissait
l’Allemagne, situation que les nazis vont, entre autre,
utiliser pour conquérir le pouvoir. L’avènement
des nazis au pouvoir dans un pays impérialiste aussi puissant
que l’Allemagne et la soumission par la guerre de toute
l’Europe aux nazis avant l’attaque contre l’URSS
ont été la base de la scission au sein de la
bourgeoisie, de la social-démocratie, dont la responsabilité
dans la défaite du mouvement ouvrier face aux fascistes a été
partout vérifiée entièrement, mais a été
aussi la base du front unique, puis du front populaire et enfin du
front et de la coalition des Etats antifascistes.
NON PAS « FASCISME
OU RÉVOLUTION SOCIALISTE »,
MAIS
FASCISME OU DÉMOCRATIE BOURGEOISE
« L’affaiblissement
du prolétariat européen » dont parlait
Lénine a été un facteur décisif de la
montée et de l’instauration d’une « dictature
terroriste ouverte des éléments les plus
réactionnaires, les plus chauvins et les plus impérialistes
du capital financier » (Comité Exécutif
de l’IC - XIIIe plénum -1933). Le VIIe
congrès de l’IC a adopté cette définition
scientifique du fascisme. Et Dimitrov a pu préciser: « Le
fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même.
C’est l’organisation de la répression terroriste
contre la classe ouvrière et la partie la plus révolutionnaire
de la paysannerie et des intellectuels. Le fascisme en politique
extérieure, c’est le chauvinisme sous sa forme la plus
grossière, cultivant une haine bestiale contre les autres
peuples » (VIIe congrès de l’IC,
juillet 1935). Quant au nazisme, cette variante allemande du
fascisme, Dimitrov le définit comme suit: « La
variété la plus réactionnaire du fascisme, c’est
le fascisme de type allemand. Il s’intitule impudemment
national-socialisme sans avoir rien de commun avec le socialisme. Le
fascisme hitlérien, ce n’est pas seulement un
nationalisme bourgeois, c’est un chauvinisme bestial. C’est
un système gouvernemental de banditisme politique, un système
de provocations et de tortures à l’égard de la
classe ouvrière et des éléments révolutionnaires
de la paysannerie, de la petite-bourgeoisie et des intellectuels.
C’est la barbarie médiévale et la sauvagerie.
C’est une agression effrénée à l’égard
des autres peuples et des autres pays ». « Le
fascisme allemand apparaît comme la troupe de choc de la
contre-révolution internationale, comme le principal
fomentateur de la guerre impérialiste, comme l’instigateur
de la croisade contre l’Union Soviétique, la grande
patrie des travailleurs du monde entier » (idem).
Au XVIIe congrès du PCbUS en 1934, Staline précise
que: « la victoire du fascisme en Allemagne, il ne
faut pas seulement la considérer simplement comme un signe de
faiblesse de la classe ouvrière et comme le résultat
des trahisons perpétrées contre elle par la
social-démocratie qui a frayé la route au fascisme. Il
faut la considérer aussi comme un signe de faiblesse de la
bourgeoisie, comme un signe montrant que la bourgeoisie n’est
plus en mesure d’exercer le pouvoir par les vieilles méthodes
du parlementarisme et de la démocratie bourgeoise, ce qui
l’oblige à recourir dans sa politique intérieure,
aux méthodes terroristes de gouvernement; comme un signe
attestant qu’elle n’a plus la force de trouver une issue
à la situation actuelle sur la base d’une politique
extérieure de paix, ce qui l’oblige à
recourir à une politique de guerre ». Cette
caractérisation du fascisme demeure à ce jour d’une
actualité vérifiée par les faits. Le fascisme
est le produit de l’impérialisme, principalement de la
crise du système capitaliste. Le remplacement d’une
« forme de la domination de classe de la
bourgeoisie -la démocratie bourgeoise- par une autre forme de
cette domination, la dictature terroriste déclarée »
est la substance essentielle de ce qu’est le fascisme. Le
fascisme constitue, dans des conditions déterminées, un
besoin réel de sauvetage, de préservation, de
pérennisation du capitalisme. C’est ainsi qu’il ne
peut être permis de confondre ce que Lénine appelle fort
justement « l’impérialisme, c’est
la réaction politique sur toute la ligne »
avec le fascisme. Si tout fasciste est impérialiste, tout
impérialiste n’est pas fasciste. En général,
les partis fascistes se développent dans une lutte contre les
partis « traditionnels » (de droite et
de « gauche ») du capital, même si
à un certain stade de leur développement, les éléments
bourgeois de ces partis (de droite comme de « gauche »)
rejoignent le parti fasciste.
La
combinaison de la répression et de la démagogie sociale
ou nationaliste-chauvine est aussi inhérente à la
démocratie bourgeoise quelle que soit sa forme parlementaire
ou autre. L’accent est bien sûr mis ici sur la corruption
de l’aristocratie ouvrière, de la bureaucratie
syndicale, sur le réformisme comme moyen de division et
d’affaiblissement du mouvement ouvrier. C’est lorsque ce
mécanisme de duperie sociale, de contrôle social du
mouvement ouvrier devient inefficace, que l’autorité des
partis bourgeois « traditionnels »
s’effondre, que le capital met en selle le fascisme. La
fonction sociale et politique du réformisme s’épuisant,
le besoin se fait sentir pour le capital de détruire le
mouvement ouvrier organisé par la force. Évidemment le
fascisme naît en général en se présentant
comme une force « anti-capitaliste, anti-bourgeoise »
pour se faire une base de masse au sein de la petite bourgeoisie, des
classes moyennes, des ouvriers déclassés et arriérés.
Au-delà des particularités nationales qui influent
nécessairement sur la propagande fasciste, cette
caractéristique de la démagogie sociale
(anti-bureaucratisme, anti-corruption, etc.) et nationaliste-chauvine
et raciste, on la retrouve chez les fascistes italiens avec
Mussolini, chez les nazis hitlériens, et chez Haider ou Le Pen
de nos jours.
LE
PTB RÉPÈTE LES ERREURS DE R. PALME DUTT
S’il
est vrai, comme le dit la lettre du PTB, que « la
fascisation rampante et son aboutissement, le fascisme ouvert, ne
sont pas des phénomènes étrangers à la
démocratie bourgeoise », il est faux et inexact
« qu’au contraire ils sont des expressions
inévitables de la « démocratie »
bourgeoise à l’époque de l’impérialisme ».
Le PTB reprend mot pour mot la vision mécaniste et kautskiste
de Raziani Palme Dutt qui fut critiquée et rejetée
par l’IC lors du VIIe congrès. Le fascisme
est justement à la fois une des « expressions »,
mais aussi la négation de la forme démocratique
bourgeoise de la dictature du capital. L’erreur de nos
camarades du PTB est d’établir une équation
directe, statique donc non dialectique entre le « monopole »
caractéristique économique fondamentale de
l’impérialisme et la superstructure politique fasciste.
Or,
du point de vue de l’économie impérialiste comme
l’indique Lénine « les monopoles qui se
forment par la libre concurrence ne détruisent pas celle-ci,
ils existent, au contraire, au-dessus d’elle et à côté
de celle-ci, provoquant une série de contradictions,
frottements, conflits, particulièrement aigus et rudes »
(L’impérialisme, stade suprême du capitalisme).
Les monopoles ne sont pas non plus unis entre eux, ils sont en
rivalité, ils s’opposent, s’affrontent et
finalement l’un prend le dessus sur l’autre. En outre
comme le dit Lénine « la loi du développement
inégal du capitalisme est une loi absolue de
l’impérialisme ». C’est d’ailleurs
là la cause fondamentale de la guerre commerciale et donc de
l’inévitabilité des conflits militaires
inter-impérialistes. Le fascisme n’est pas non plus
« inévitable », en ce sens que
comme nous l’enseigne Lénine « la
superstructure politique qui coiffe la nouvelle économie, le
capitalisme monopoliste..., c’est le tournant à partir
de la démocratie vers la réaction politique... En
politique extérieure tout comme en politique intérieure,
l’impérialisme tend à enfreindre la démocratie,
à instaurer la réaction » (Une
caricature du marxisme). C’est ainsi qu’il existe une
variété de superstructures politiques sous le
capital financier, lesquelles expriment toutes, à différents
degrés, la tendance fondamentale inhérente à
l’impérialisme à enfreindre la démocratie,
à instaurer la réaction. En fait ces variétés
de superstructures politiques reflètent en général
le rapport de force entre le capital et le travail dans la lutte de
classe d’un pays donné à un moment donné.
Bien que tous frappés par la crise de surproduction des années
30, les USA, l’Angleterre... ont gardé une forme
étatique bourgeoise non fasciste, même si la répression
contre les communistes, contre la classe ouvrière y sévissait
aussi. Mais l’IC a combattu à l ’époque
la tendance à voir dans le new deal de Roosevelt le
fascisme. Le PTB affirme que la « démocratie
bourgeoise dégénère inévitablement
en fascisme » et tend sur cette base à ériger
« le fascisme allemand, non pas comme « l’exception »
de la démocratie impérialiste, mais comme expression
d’une évolution générale de
l’impérialisme ». Cette thèse
conduit inévitablement à la problématique
mécanique posée par Palme Dutt: « fascisme
ou révolution socialiste ». Ainsi la dictature
de classe de la bourgeoisie serait condamnée à chuter
inévitablement comme un fruit mûr de son arbre. Or, il
n’existe pas de situation sans issue pour la bourgeoisie, sinon
le facteur subjectif (rôle du Parti), élément
fondamental pour toute révolution sociale, serait sans
importance. C’est là prendre entièrement à
contre-pied les leçons fondamentales que Marx et Engels ont
tirées de la défaite de la COMMUNE, celles que Lénine
a pu ensuite tirer de la défaite de la Révolution de
1905 sans lesquelles le triomphe de la Grande Révolution
d’Octobre 1917 n’aurait pas été possible.
R.
Palme Dutt disait en 1934, il y a donc 66 ans, que le « fascisme
serait précisément une société de la
décadence organisée »; il fondait toute
sa théorie « fascisme ou révolution
socialiste » sur la conception selon laquelle le
fascisme, c’est finalement l’expression de la
destruction accélérée des forces productives
par l’impérialisme. R. Palme Dutt déclare: « Le
développement moderne de la technique et des forces de
production a atteint le point où les formes capitalistes
existantes sont toujours de plus en plus difficiles à
concilier avec le développement ultérieur de la
production et avec l’application de la technique. (...) Il faut
qu’une chose mette fin à l’autre. Ou bien le
développement des forces de production doit préparer sa
fin au capitalisme, ou bien le maintien du capitalisme doit signifier
la fin du progrès de la production et de la technique et le
début d’un mouvement régressif... Deux
voies seulement s’ouvrent devant la société
actuelle. L’une d’elles c’est la tentative
d’étrangler les forces de production, la tentative de
retenir leur développement, d’anéantir les forces
matérielles et humaines, (...) L’autre alternative
conduit dans le monde entier à l’organisation de la
société communiste » (Fascisme et
Révolution, 1934). L’erreur ici consiste en une vision
non dialectique et unilatérale de ce que Lénine a
appelé « l’impérialisme c’est
le capitalisme en putréfaction, c’est le capitalisme
décadent » dont la tendance générale
consiste à « freiner le développement
des forces productives ». Mais Lénine
en bon dialecticien écrit aussi ceci: « Ce
serait une erreur de croire que cette tendance à la
putréfaction est incompatible avec une croissance rapide du
capitalisme. Telles branches d’industrie, telles couches de la
bourgeoisie, tels pays manifestent à l’époque
impérialiste, avec une force plus ou moins grande, l’une
ou l’autre de ces tendances. Dans l’ensemble, le
capitalisme croît avec infiniment plus de rapidité que
naguère, mais cette croissance devient, d’une façon
générale, non seulement plus inégale, mais
cette inégalité se traduit aussi en particulier dans la
putréfaction des pays les plus riches en capital »
(L’impérialisme, stade suprême du capitalisme).
Ceci est largement confirmé par le boom technologique des
dernières décennies avec le nucléaire, la
robotisation, l’informatique, l’électronique et
les télécommunications.
CRISE GÉNÉRALE
DE L’IMPÉRIALISME ET DÉFAITE DU SOCIALISME:
A
QUOI PEUT MENER LA CONFUSION DES CAMARADES DU PTB?
L’évolution
du capitalisme, de la crise générale de l’impérialisme
depuis 1945 a vu se succéder d’abord la période
de « reconstruction » d’après
guerre, puis celle d’une stabilité relative du
capitalisme qu’on a appelé aussi période « de
prospérité ou d’expansion économique »,
puis enfin la crise de surproduction structurelle des débuts
années 70 qui perdure jusqu’aujourd’hui. La crise
générale du système capitaliste mondial fait
rage. Le facteur décisif qui va déterminer tous les
autres dans les années 45/60 a été décrit
par la « déclaration sur les problèmes
de la situation internationale » lors de la
fondation du Kominform: « Ce désaccord [entre
l’URSS et les USA] dans la détermination des buts
de la guerre et des tâches relatives à l’organisation
du monde d’après guerre n’a cessé de
s’approfondir depuis la fin des hostilités. Deux lignes
politiques opposées se sont manifestées: à l’un
des pôles, la politique de l’URSS et des autres pays
démocratiques, qui vise à saper l’impérialisme
et à renforcer la démocratie; au pôle opposé,
la politique des États-Unis et de l’Angleterre, qui vise
à renforcer l’impérialisme et à étrangler
la démocratie. Et parce que l’URSS et les démocraties
nouvelles sont devenues un obstacle à la réalisation
des plans impérialistes de lutte pour la domination mondiale
et pour l’écrasement des mouvements démocratiques,
une croisade est organisée contre elles. (...) Ainsi deux
camps se sont formés dans le monde: d’une part, le camp
impérialiste et antidémocratique, qui a pour but
essentiel l’établissement de la domination mondiale de
l’impérialisme américain et l’écrasement
de la démocratie et, d’autre part, le camp
anti-impérialiste et démocratique, dont le but
essentiel consiste à saper l’impérialisme, à
renforcer la démocratie, à liquider les restes du
fascisme. La lutte entre ces deux camps, entre le camp impérialiste
et le camp anti-impérialiste, se déroule dans les
conditions de l’accentuation continue de la crise générale
du capitalisme, de l’affaiblissement des forces du capitalisme
et de l’affermissement des forces du socialisme et de la
démocratie » (Conférence
d’Information des neuf partis Communistes en Pologne, septembre
1947).
La
défaite de l’URSS, du socialisme vaincu par
l’encerclement capitaliste et trahi par ses dirigeants
corrompus ouvre pour le prolétariat mondial et les peuples
opprimés, à partir de 1985/1991, une nouvelle période
réactionnaire. L’anti-soviétisme,
l’anti-communisme qui fut, entre 1945 et 1985 dans le contexte
« d’un monde bipolaire », le
prétexte pour assurer l’hégémonie de
l’impérialisme américain sur le soi-disant
« monde libre » a cédé la
place à « un monde unipolaire »
dominé par les USA. Dans ce contexte nouveau, la tendance à
la monopolisation de la domination mondiale par les USA s’est
renforcée. La puissance militaire et stratégique en est
le facteur décisif. L’alternance au pouvoir entre la
droite et la « gauche » social-démocrate
se généralise avec l’affaiblissement, puis
l’auto-liquidation accélérée des ex-partis
communistes révisionnistes hégémoniques au sein
de la classe ouvrière. Ces partis, quand ils ne se sabordent
pas tout simplement, comme dans les pays de l’ex-camp
socialiste, se transforment en partis sociaux démocrates. Ils
sont ainsi intégrés dans le jeu politicien
« classique » de la démocratie
bourgeoise.
Or,
la crise de l’impérialisme pousse à la
restructuration, aux fusions, rachats, aux alliances entre monopôles
capitalistes qui deviennent ainsi tentaculaires et planétaires:
c’est ce que la bourgeoisie appelle la « mondialisation »,
phénomène lié à la tendance au
développement gigantesque des monopoles que Lénine a
explicité dans son ouvrage magistral Impérialisme,
stade suprême du capitalisme. Ce processus de
« globalisation » du capital s’opère
sous nos yeux à travers une concurrence économique,
financière et commerciale qui met aux prises les différents
monopoles, trusts, cartels, mais aussi les différents pays
impérialistes. Cette guerre commerciale, financière et
économique conduit inévitablement à la guerre
inter-impérialiste tout court. Sortant d’un monde
« bipolaire » dans lequel l’affrontement
entre le socialisme et l’impérialisme s’est
cristallisé dans l’opposition URSS/USA, les
impérialistes américains, européens et japonais
se retrouvent face à face dans une rivalité qui rythme
le processus d’entente, de fusions, de rachats et d’alliance
entre les monopoles. Pour s’opposer à la domination
américaine, le capital financier européen a impulsé,
en l’accélérant, la construction du pôle
impérialiste de l’Union Européenne(UE). C’est
donc très dangereux et très inquiétant d’agiter,
comme le fait le PTB, le thème « de la guerre
antifasciste contre le Japon et l’Allemagne à la guerre
anti-néo-fasciste contre les Etats-Unis ».
La défaite de
l‘URSS, du socialisme et la crise générale du
système capitaliste mondial entraînent un accroissement
de l’asservissement des peuples opprimés et une
liquidation des acquis sociaux et démocratiques que
l’impérialisme avait été obligé de
concéder au prolétariat et aux peuples opprimés
dans la période d’existence du camp socialiste. La
contre-révolution bourgeoise mondiale ouvre les vannes d’une
course effrénée au profit maximum qui écrase
toutes les conquêtes sociales et démocratiques d’hier
du prolétariat mondial et des peuples du Tiers Monde. Les
agressions barbares de l’impérialisme contre l’Irak,
puis contre la Yougoslavie reflètent, à la fois, la
tendance de l’impérialisme américain à
préserver et renforcer sa domination mondiale, mais aussi
reflètent la concurrence inter-impérialiste sur la base
de la loi du développement inégal. La
contre-révolution, c’est un saut en arrière, un
recul sur le plan historique, politique et sociale. Le prolétariat
mondial et les peuples opprimés subissent aujourd’hui
les effets réactionnaires de la contre-révolution
bourgeoise triomphante. La répression contre-révolutionnaire
est d’une amplitude autrement plus grande que la réaction
sanglante répressive de la bourgeoisie européenne après
la Commune de 1871. En outre, pour vaincre l’URSS, les
impérialistes ont beaucoup utilisé l’arsenal
idéologique des fascistes; ils ont même utilisé
la technique de la criminalisation en propageant le mensonge grossier
que « nazisme et communisme, c’est pareil ».
Mais, il n’est toutefois pas permis de confondre toute
répression bourgeoise, tout mensonge bourgeois à la
mode fasciste avec le fascisme. Il y a un processus de fascisation
induit par la contre-révolution bourgeoise actuelle dont la
base est la crise générale du capitalisme et
l’affaiblissement relatif de l’influence des sociaux
démocrates sur les travailleurs et les peuples. Cette
situation explique en partie la montée des forces fascistes
comme le Front National de Le Pen ou de Bruno Mégret en
France, Jörg Haider en Autriche, etc. L’alternance
« droite-gauche » s’est réalisée
en Europe en partie par la montée électorale des
fascistes et l’effondrement des PC révisionnistes pieds
et poings liés à la social-démocratie
officielle. On aura remarqué aussi que ce sont les forces de
la « gauche du capital » qui ne cessent
d’agiter le « danger fasciste »
pour duper les masses et les empêcher ainsi de s’extraire
de l’influence nocive de la social-démocratie officielle
et des ex-PC mutés en partis sociaux démocrates. Là
aussi les thèmes du PTB peuvent alimenter un sectarisme
gauchiste typique des trotskistes. Dans un contexte d’inexistence
de PC et donc de lutte pour en édifier, les déviations
de droite et de « gauche » sur la question de
la fascisation, du fascisme, sont des dangers qu’il faut
combattre résolument.
Face à la tâche
de reconstruction de nouveaux partis communistes, la ligne tactique
du 7e Congrès est encore d’une très
grande utilité théorique et pratique. L’aspect
déterminant de la contre-révolution bourgeoise actuelle
qui a vaincu temporairement l’URSS, le socialisme, est notre
défaite idéologique. En effet, le drame est que de 1960
à nos jours, sous la houlette des révisionnistes
khrouchtchéviens, trotskistes, titistes, maoïstes, du PTA
d’Enver Hoxha, tour à tour, selon les intérêts
du moment, toutes les manifestations répressives du capital
ont été qualifiées de « prélude
au fascisme ou carrément de fascisme », comme
si la répression n’était pas congénitalement
liée à la démocratie bourgeoise, une des formes
étatiques que peut prendre la dictature du capital. Nous
devons donc sur ce point aussi nous réapproprier l’apport
incontournable, l’enseignement fondamental de l’IC, du
PCbUS, du Kominform pour recommencer la lutte!
15 mars 2000
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