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Sur le fascisme

Contribution au Séminaire Communiste International "Impérialisme, fascisation et fascisme"

Cercle Henri Barbusse, 52 allée du Lotus Bleu- V. d’Ascq- 59650-France

Dans la lettre du PTB pour le Séminaire de mai 2000, on peut lire: « En mai 2000, le séminaire, ... s’attachera à clarifier: (...) La fascisation rampante et son aboutissement, le fascisme ouvert, ne sont pas des phénomènes étrangers à la démocratie bourgeoise; au contraire ils sont des expressions de la dégénérescence inévitable de la « démocratie » bourgeoise à l’époque de l’impérialisme » (Lettre du PTB). Plus loin, il y est dit: « le fascisme allemand, non pas comme « l’exception » de la démocratie impérialiste, mais comme expression d’une évolution générale de l’impérialisme en crise. Ses bases économiques et politiques, ses traits et ses caractéristiques: en quoi le fascisme allemand a-t-il été le précurseur de tendances générales de l’impérialisme aujourd’hui »? Le PTB se demande « comment faut-il évaluer aujourd’hui la thèse de Dimitrov: L’arrivée du fascisme au pouvoir, ce n’est pas la substitution ordinaire d’un gouvernement bourgeois à un autre, mais le remplacement d’une forme étatique de la domination de classe de la bourgeoisie - la démocratie bourgeoise - par une autre forme de cette domination, la dictature terroriste déclarée »?

Nous devons le dire clairement: ces « interrogations » du PTB, non seulement ne sont pas « nouvelles » mais sont dangereuses et conduisent inévitablement au révisionnisme trotskiste. Elles débouchent même sur un point que l’impérialisme européen en construction peut parfaitement mettre au devant: « de la guerre antifasciste contre le Japon et l’Allemagne à la guerre anti-néo-fasciste (sic!) contre les Etats-Unis » (idem).

LA LIGNE TACTIQUE JUSTE DU 7e CONGRES DE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE: FRONT UNI ET FRONT POPULAIRE

Cette ligne tactique a traversé avec succès l’épreuve de vérité qu’a été la seconde guerre mondiale. Elle a permis la victoire contre la coalition fasciste allemande, italienne et japonaise; Elle a fait échec aux plans de destruction de l’URSS, du socialisme, concoctés par les impérialistes de tous les pays; Elle a forcé les Etats impérialistes de démocratie bourgeoise à s’allier avec l’URSS contre l’alliance fasciste; Elle a élargi le camp socialiste aux Démocraties Populaires en Europe et en Asie; Elle a favorisé l’émergence et le développement d’un vaste mouvement mondial anti-colonial qui a débouché sur les indépendances nationales formelles des colonies; Elle a facilité à la classe ouvrière des pays impérialistes la conquête des acquis sociaux et démocratiques indéniables que notre génération actuelle de communistes et de travailleurs a de la peine à préserver; Elle a donné un prestige et une autorité ineffaçable aux communistes du monde entier. Tel est le bilan concret à tirer de ce qu’a apporté la politique de l’IC, du PCbUS, de l’Etat soviétique et du Kominform.

Lénine fut le premier à avoir entrevu la « possibilité d’une grande guerre nationale en Europe ». Polémiquant avec les gauchistes de son époque qui niaient cette « possibilité », Lénine écrivait dès 1916: « Que la guerre impérialiste actuelle de 1914-1916 se transforme en une guerre nationale, c’est tout à fait improbable, car la classe qui représente le mouvement en avant est le prolétariat, qui tend objectivement à la transformer en guerre civile contre la bourgeoisie, et puis aussi parce que les forces des deux coalitions ne sont pas tellement différentes et que le capital financier international a créé partout une bourgeoisie réactionnaire. Mais il n’est cependant pas permis de qualifier une telle transformation d’impossible: si le prolétariat européen était affaibli pour une vingtaine d’années; si cette guerre finissait par des victoires dans le genre de celles de Napoléon et par l’asservissement d’une série d’Etats nationaux parfaitement viables; si l’impérialisme extra-européen (japonais et américain surtout) se maintenait aussi une vingtaine d’années sans aboutir au socialisme, par exemple à cause d’une guerre nippo-américaine, alors une grande guerre nationale serait possible en Europe. Ce serait une évolution qui rejetterait l’Europe en arrière pour plusieurs dizaines d’années. Cela est improbable, mais non pas impossible, car il est antidialectique, antiscientifique, théoriquement inexact, de se représenter l’histoire universelle avançant régulièrement et sans heurts, sans faire quelquefois des sauts gigantesques en arrière » (A propos de la brochure de Junius). « L’affaiblissement du prolétariat européen », on l’a vu, dans les années 20/30 avec la défaite des prolétariats italien, espagnol et surtout allemand. Les États-Unis et le Japon se sont maintenus sans aboutir au socialisme, l’un préservant la forme démocratique bourgeoise de l’Etat capitaliste et l’autre passant à un fascisme impérial. La guerre impérialiste de 14/18 se termina par le traité de Versailles qui asservissait l’Allemagne, situation que les nazis vont, entre autre, utiliser pour conquérir le pouvoir. L’avènement des nazis au pouvoir dans un pays impérialiste aussi puissant que l’Allemagne et la soumission par la guerre de toute l’Europe aux nazis avant l’attaque contre l’URSS ont été la base de la scission au sein de la bourgeoisie, de la social-démocratie, dont la responsabilité dans la défaite du mouvement ouvrier face aux fascistes a été partout vérifiée entièrement, mais a été aussi la base du front unique, puis du front populaire et enfin du front et de la coalition des Etats antifascistes.

NON PAS « FASCISME OU RÉVOLUTION SOCIALISTE »,

MAIS FASCISME OU DÉMOCRATIE BOURGEOISE

« L’affaiblissement du prolétariat européen » dont parlait Lénine a été un facteur décisif de la montée et de l’instauration d’une « dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins et les plus impérialistes du capital financier » (Comité Exécutif de l’IC - XIIIe plénum -1933). Le VIIe congrès de l’IC a adopté cette définition scientifique du fascisme. Et Dimitrov a pu préciser: « Le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie la plus révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. Le fascisme en politique extérieure, c’est le chauvinisme sous sa forme la plus grossière, cultivant une haine bestiale contre les autres peuples » (VIIe congrès de l’IC, juillet 1935). Quant au nazisme, cette variante allemande du fascisme, Dimitrov le définit comme suit: « La variété la plus réactionnaire du fascisme, c’est le fascisme de type allemand. Il s’intitule impudemment national-socialisme sans avoir rien de commun avec le socialisme. Le fascisme hitlérien, ce n’est pas seulement un nationalisme bourgeois, c’est un chauvinisme bestial. C’est un système gouvernemental de banditisme politique, un système de provocations et de tortures à l’égard de la classe ouvrière et des éléments révolutionnaires de la paysannerie, de la petite-bourgeoisie et des intellectuels. C’est la barbarie médiévale et la sauvagerie. C’est une agression effrénée à l’égard des autres peuples et des autres pays ». « Le fascisme allemand apparaît comme la troupe de choc de la contre-révolution internationale, comme le principal fomentateur de la guerre impérialiste, comme l’instigateur de la croisade contre l’Union Soviétique, la grande patrie des travailleurs du monde entier » (idem). Au XVIIe congrès du PCbUS en 1934, Staline précise que: « la victoire du fascisme en Allemagne, il ne faut pas seulement la considérer simplement comme un signe de faiblesse de la classe ouvrière et comme le résultat des trahisons perpétrées contre elle par la social-démocratie qui a frayé la route au fascisme. Il faut la considérer aussi comme un signe de faiblesse de la bourgeoisie, comme un signe montrant que la bourgeoisie n’est plus en mesure d’exercer le pouvoir par les vieilles méthodes du parlementarisme et de la démocratie bourgeoise, ce qui l’oblige à recourir dans sa politique intérieure, aux méthodes terroristes de gouvernement; comme un signe attestant qu’elle n’a plus la force de trouver une issue à la situation actuelle sur la base d’une politique extérieure de paix, ce qui  l’oblige à recourir à une politique de guerre ». Cette caractérisation du fascisme demeure à ce jour d’une actualité vérifiée par les faits. Le fascisme est le produit de l’impérialisme, principalement de la crise du système capitaliste. Le remplacement d’une « forme de la domination de classe de la bourgeoisie -la démocratie bourgeoise- par une autre forme de cette domination, la dictature terroriste déclarée » est la substance essentielle de ce qu’est le fascisme. Le fascisme constitue, dans des conditions déterminées, un besoin réel de sauvetage, de préservation, de pérennisation du capitalisme. C’est ainsi qu’il ne peut être permis de confondre ce que Lénine appelle fort justement « l’impérialisme, c’est la réaction politique sur toute la ligne » avec le fascisme. Si tout fasciste est impérialiste, tout impérialiste n’est pas fasciste. En général, les partis fascistes se développent dans une lutte contre les partis « traditionnels » (de droite et de « gauche ») du capital, même si à un certain stade de leur développement, les éléments bourgeois de ces partis (de droite comme de « gauche ») rejoignent le parti fasciste.

La combinaison de la répression et de la démagogie sociale ou nationaliste-chauvine est aussi inhérente à la démocratie bourgeoise quelle que soit sa forme parlementaire ou autre. L’accent est bien sûr mis ici sur la corruption de l’aristocratie ouvrière, de la bureaucratie syndicale, sur le réformisme comme moyen de division et d’affaiblissement du mouvement ouvrier. C’est lorsque ce mécanisme de duperie sociale, de contrôle social du mouvement ouvrier devient inefficace, que l’autorité des partis bourgeois « traditionnels » s’effondre, que le capital met en selle le fascisme. La fonction sociale et politique du réformisme s’épuisant, le besoin se fait sentir pour le capital de détruire le mouvement ouvrier organisé par la force. Évidemment le fascisme naît en général en se présentant comme une force « anti-capitaliste, anti-bourgeoise » pour se faire une base de masse au sein de la petite bourgeoisie, des classes moyennes, des ouvriers déclassés et arriérés. Au-delà des particularités nationales qui influent nécessairement sur la propagande fasciste, cette caractéristique de la démagogie sociale (anti-bureaucratisme, anti-corruption, etc.) et nationaliste-chauvine et raciste, on la retrouve chez les fascistes italiens avec Mussolini, chez les nazis hitlériens, et chez Haider ou Le Pen de nos jours.

LE PTB RÉPÈTE LES ERREURS DE R. PALME DUTT

S’il est vrai, comme le dit la lettre du PTB, que « la fascisation rampante et son aboutissement, le fascisme ouvert, ne sont pas des phénomènes étrangers à la démocratie bourgeoise », il est faux et inexact « qu’au contraire ils sont des expressions inévitables de la « démocratie » bourgeoise à l’époque de l’impérialisme ». Le PTB reprend mot pour mot la vision mécaniste et kautskiste de Raziani Palme Dutt qui fut critiquée et rejetée par l’IC lors du VIIe congrès. Le fascisme est justement à la fois une des « expressions », mais aussi la négation de la forme démocratique bourgeoise de la dictature du capital. L’erreur de nos camarades du PTB est d’établir une équation directe, statique donc non dialectique entre le « monopole » caractéristique économique fondamentale de l’impérialisme et la superstructure politique fasciste.

Or, du point de vue de l’économie impérialiste comme l’indique Lénine « les monopoles qui se forment par la libre concurrence ne détruisent pas celle-ci, ils existent, au contraire, au-dessus d’elle et à côté de celle-ci, provoquant une série de contradictions, frottements, conflits, particulièrement aigus et rudes » (L’impérialisme, stade suprême du capitalisme). Les monopoles ne sont pas non plus unis entre eux, ils sont en rivalité, ils s’opposent, s’affrontent et finalement l’un prend le dessus sur l’autre. En outre comme le dit Lénine « la loi du développement inégal du capitalisme est une loi absolue de l’impérialisme ». C’est d’ailleurs là la cause fondamentale de la guerre commerciale et donc de l’inévitabilité des conflits militaires inter-impérialistes. Le fascisme n’est pas non plus « inévitable », en ce sens que comme nous l’enseigne Lénine « la superstructure politique qui coiffe la nouvelle économie, le capitalisme monopoliste..., c’est le tournant à partir de la démocratie vers la réaction politique... En politique extérieure tout comme en politique intérieure, l’impérialisme tend à enfreindre la démocratie, à instaurer la réaction » (Une caricature du marxisme). C’est ainsi qu’il existe une variété de superstructures politiques sous le capital financier, lesquelles expriment toutes, à différents degrés, la tendance fondamentale inhérente à l’impérialisme à enfreindre la démocratie, à instaurer la réaction. En fait ces variétés de superstructures politiques reflètent en général le rapport de force entre le capital et le travail dans la lutte de classe d’un pays donné à un moment donné. Bien que tous frappés par la crise de surproduction des années 30, les USA, l’Angleterre... ont gardé une forme étatique bourgeoise non fasciste, même si la répression contre les communistes, contre la classe ouvrière y sévissait aussi. Mais l’IC a combattu à l ’époque la tendance à voir dans le new deal de Roosevelt le fascisme. Le PTB affirme que la « démocratie bourgeoise dégénère inévitablement en fascisme » et tend sur cette base à ériger « le fascisme allemand, non pas comme « l’exception » de la démocratie impérialiste, mais comme expression d’une évolution générale de l’impérialisme ». Cette thèse conduit inévitablement à la problématique mécanique posée par Palme Dutt: « fascisme ou révolution socialiste ». Ainsi la dictature de classe de la bourgeoisie serait condamnée à chuter inévitablement comme un fruit mûr de son arbre. Or, il n’existe pas de situation sans issue pour la bourgeoisie, sinon le facteur subjectif (rôle du Parti), élément fondamental pour toute révolution sociale, serait sans importance. C’est là prendre entièrement à contre-pied les leçons fondamentales que Marx et Engels ont tirées de la défaite de la COMMUNE, celles que Lénine a pu ensuite tirer de la défaite de la Révolution de 1905 sans lesquelles le triomphe de la Grande Révolution d’Octobre 1917 n’aurait pas été possible.

R. Palme Dutt disait en 1934, il y a donc 66 ans, que le « fascisme serait précisément une société de la décadence organisée »; il fondait toute sa théorie « fascisme ou révolution socialiste » sur la conception selon laquelle le fascisme, c’est finalement l’expression de la destruction accélérée des forces productives par l’impérialisme. R. Palme Dutt déclare: « Le développement moderne de la technique et des forces de production a atteint le point où les formes capitalistes existantes sont toujours de plus en plus difficiles à concilier avec le développement ultérieur de la production et avec l’application de la technique. (...) Il faut qu’une chose mette fin à l’autre. Ou bien le développement des forces de production doit préparer sa fin au capitalisme, ou bien le maintien du capitalisme doit signifier la fin du progrès de la production et de la technique et le début d’un mouvement régressif...  Deux voies seulement s’ouvrent devant la société actuelle. L’une d’elles c’est la tentative d’étrangler les forces de production, la tentative de retenir leur développement, d’anéantir les forces matérielles et humaines, (...) L’autre alternative conduit dans le monde entier à l’organisation de la société communiste » (Fascisme et Révolution, 1934). L’erreur ici consiste en une vision non dialectique et unilatérale de ce que Lénine a appelé « l’impérialisme c’est le capitalisme en putréfaction, c’est le capitalisme décadent » dont la tendance générale consiste à « freiner le développement des forces productives ». Mais Lénine en bon dialecticien écrit aussi ceci: « Ce serait une erreur de croire que cette tendance à la putréfaction est incompatible avec une croissance rapide du capitalisme. Telles branches d’industrie, telles couches de la bourgeoisie, tels pays manifestent à l’époque impérialiste, avec une force plus ou moins grande, l’une ou l’autre de ces tendances. Dans l’ensemble, le capitalisme croît avec infiniment plus de rapidité que naguère, mais cette croissance devient, d’une façon générale, non seulement plus  inégale, mais cette inégalité se traduit aussi en particulier dans la putréfaction des pays les plus riches en capital » (L’impérialisme, stade suprême du capitalisme). Ceci est largement confirmé par le boom technologique des dernières décennies avec le nucléaire, la robotisation, l’informatique, l’électronique et les télécommunications.

CRISE GÉNÉRALE DE L’IMPÉRIALISME ET DÉFAITE DU SOCIALISME:

A QUOI PEUT MENER LA CONFUSION DES CAMARADES DU PTB?

L’évolution du capitalisme, de la crise générale de l’impérialisme depuis 1945 a vu se succéder d’abord la période de « reconstruction » d’après guerre, puis celle d’une stabilité relative du capitalisme qu’on a appelé aussi période « de prospérité ou d’expansion économique », puis enfin la crise de surproduction structurelle des débuts années 70 qui perdure jusqu’aujourd’hui. La crise générale du système capitaliste mondial fait rage. Le facteur décisif qui va déterminer tous les autres dans les années 45/60 a été décrit par la « déclaration sur les problèmes de la situation internationale » lors de la fondation du Kominform: « Ce désaccord [entre l’URSS et les USA] dans la détermination des buts de la guerre et des tâches relatives à l’organisation du monde d’après guerre n’a cessé de s’approfondir depuis la fin des hostilités. Deux lignes politiques opposées se sont manifestées: à l’un des pôles, la politique de l’URSS et des autres pays démocratiques, qui vise à saper l’impérialisme et à renforcer la démocratie; au pôle opposé, la politique des États-Unis et de l’Angleterre, qui vise à renforcer l’impérialisme et à étrangler la démocratie. Et parce que l’URSS et les démocraties nouvelles sont devenues un obstacle à la réalisation des plans impérialistes de lutte pour la domination mondiale et pour l’écrasement des mouvements démocratiques, une croisade est organisée contre elles. (...) Ainsi deux camps se sont formés dans le monde: d’une part, le camp impérialiste et antidémocratique, qui a pour but essentiel l’établissement de la domination mondiale de l’impérialisme américain et l’écrasement de la démocratie et, d’autre part, le camp anti-impérialiste et démocratique, dont le but essentiel consiste à saper l’impérialisme, à renforcer la démocratie, à liquider les restes du fascisme. La lutte entre ces deux camps, entre le camp impérialiste et le camp anti-impérialiste, se déroule dans les conditions de l’accentuation continue de la crise générale du capitalisme, de l’affaiblissement des forces du capitalisme et de l’affermissement des forces du socialisme et de la démocratie » (Conférence d’Information des neuf partis Communistes en Pologne, septembre 1947).

La défaite de l’URSS, du socialisme vaincu par l’encerclement capitaliste et trahi par ses dirigeants corrompus ouvre pour le prolétariat mondial et les peuples opprimés, à partir de 1985/1991, une nouvelle période réactionnaire. L’anti-soviétisme, l’anti-communisme qui fut, entre 1945 et 1985 dans le contexte « d’un monde bipolaire », le prétexte pour assurer l’hégémonie de l’impérialisme américain sur le soi-disant « monde libre » a cédé la place à « un monde unipolaire » dominé par les USA. Dans ce contexte nouveau, la tendance à la monopolisation de la domination mondiale par les USA s’est renforcée. La puissance militaire et stratégique en est le facteur décisif. L’alternance au pouvoir entre la droite et la « gauche » social-démocrate se généralise avec l’affaiblissement, puis l’auto-liquidation accélérée des ex-partis communistes révisionnistes hégémoniques au sein de la classe ouvrière. Ces partis, quand ils ne se sabordent pas tout simplement, comme dans les pays de l’ex-camp socialiste, se transforment en partis sociaux démocrates. Ils sont ainsi intégrés dans le jeu politicien « classique » de la démocratie bourgeoise.

Or, la crise de l’impérialisme pousse à la restructuration, aux fusions, rachats, aux alliances entre monopôles capitalistes qui deviennent ainsi tentaculaires et planétaires: c’est ce que la bourgeoisie appelle la « mondialisation », phénomène lié à la tendance au développement gigantesque des monopoles que Lénine a explicité dans son ouvrage magistral Impérialisme, stade suprême du capitalisme. Ce processus de « globalisation » du capital s’opère sous nos yeux à travers une concurrence économique, financière et commerciale qui met aux prises les différents monopoles, trusts, cartels, mais aussi les différents pays impérialistes. Cette guerre commerciale, financière et économique conduit inévitablement à la guerre inter-impérialiste tout court. Sortant d’un monde « bipolaire » dans lequel l’affrontement entre le socialisme et l’impérialisme s’est cristallisé dans l’opposition URSS/USA, les impérialistes américains, européens et japonais se retrouvent face à face dans une rivalité qui rythme le processus d’entente, de fusions, de rachats et d’alliance entre les monopoles. Pour s’opposer à la domination américaine, le capital financier européen a impulsé, en l’accélérant, la construction du pôle impérialiste de l’Union Européenne(UE). C’est donc très dangereux et très inquiétant d’agiter, comme le fait le PTB, le thème « de la guerre antifasciste contre le Japon et l’Allemagne à la guerre anti-néo-fasciste contre les Etats-Unis ».

La défaite de l‘URSS, du socialisme et la crise générale du système capitaliste mondial entraînent un accroissement de l’asservissement des peuples opprimés et une liquidation des acquis sociaux et démocratiques que l’impérialisme avait été obligé de concéder au prolétariat et aux peuples opprimés dans la période d’existence du camp socialiste. La contre-révolution bourgeoise mondiale ouvre les vannes d’une course effrénée au profit maximum qui écrase toutes les conquêtes sociales et démocratiques d’hier du prolétariat mondial et des peuples du Tiers Monde. Les agressions barbares de l’impérialisme contre l’Irak, puis contre la Yougoslavie reflètent, à la fois, la tendance de l’impérialisme américain à préserver et renforcer sa domination mondiale, mais aussi reflètent la concurrence inter-impérialiste sur la base de la loi du développement inégal. La contre-révolution, c’est un saut en arrière, un recul sur le plan historique, politique et sociale. Le prolétariat mondial et les peuples opprimés subissent aujourd’hui les effets réactionnaires de la contre-révolution bourgeoise triomphante. La répression contre-révolutionnaire est d’une amplitude autrement plus grande que la réaction sanglante répressive de la bourgeoisie européenne après la Commune de 1871. En outre, pour vaincre l’URSS, les impérialistes ont beaucoup utilisé l’arsenal idéologique des fascistes; ils ont même utilisé la technique de la criminalisation en propageant le mensonge grossier que « nazisme et communisme, c’est pareil  ». Mais, il n’est toutefois pas permis de confondre toute répression bourgeoise, tout mensonge bourgeois à la mode fasciste avec le fascisme. Il y a un processus de fascisation induit par la contre-révolution bourgeoise actuelle dont la base est la crise générale du capitalisme et l’affaiblissement relatif de l’influence des sociaux démocrates sur les travailleurs et les peuples. Cette situation explique en partie la montée des forces fascistes comme le Front National de Le Pen ou de Bruno Mégret en France, Jörg Haider en Autriche, etc. L’alternance « droite-gauche » s’est réalisée en Europe en partie par la montée électorale des fascistes et l’effondrement des PC révisionnistes pieds et poings liés à la social-démocratie officielle. On aura remarqué aussi que ce sont les forces de la « gauche du capital » qui ne cessent d’agiter le « danger fasciste » pour duper les masses et les empêcher ainsi de s’extraire de l’influence nocive de la social-démocratie officielle et des ex-PC mutés en partis sociaux démocrates. Là aussi les thèmes du PTB peuvent alimenter un sectarisme gauchiste typique des trotskistes. Dans un contexte d’inexistence de PC et donc de lutte pour en édifier, les déviations de droite et de « gauche » sur la question de la fascisation, du fascisme, sont des dangers qu’il faut combattre résolument.

Face à la tâche de reconstruction de nouveaux partis communistes, la ligne tactique du 7e Congrès est encore d’une très grande utilité théorique et pratique. L’aspect déterminant de la contre-révolution bourgeoise actuelle qui a vaincu temporairement l’URSS, le socialisme, est notre défaite idéologique. En effet, le drame est que de 1960 à nos jours, sous la houlette des révisionnistes khrouchtchéviens, trotskistes, titistes, maoïstes, du PTA d’Enver Hoxha, tour à tour, selon les intérêts du moment, toutes les manifestations répressives du capital ont été qualifiées de « prélude au fascisme ou carrément de fascisme », comme si la répression n’était pas congénitalement liée à la démocratie bourgeoise, une des formes étatiques que peut prendre la dictature du capital. Nous devons donc sur ce point aussi nous réapproprier l’apport incontournable, l’enseignement fondamental de l’IC, du PCbUS, du Kominform pour recommencer la lutte!

15 mars 2000


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