FEU DANS LES BALKANS :
De
nouveau les projecteurs des médias sont braqués sur ce
qui reste de la Yougoslavie.
L'humanité
est au bord de la guerre comme elle l'a été par deux
fois dans ce siècle. Les fauteurs de guerre de I'OTAN
déversent des tonnes de bombes sur les peuples de Yougoslavie
au nom de la soi-disant « défense des minorités
nationales ». Les média-mensonges renouent à
nouveau comme à l'époque des conflits en Croatie, en
Slovénie et en Bosnie, avec le thème éculé
du « méchant » Serbe et du « bon »
Albanais. Avec le Kosovo, le processus de désintégraton
de la Yougoslavie se poursuit sous l'égide des impérialistes
de l'Union Européenne sous domination allemande et des USA.
INTOX,
MEDIAMENSONGES, DESINFORMATION AU SERVICE DE L'AGRESSION,
DE
L'OPPRESSION DES PEUPLES ET DE L'EXPLOITATION DES TRAVAILLEURS!
Pour
renverser et liquider Ceaucescu, des corps inhumés ont été
déterrés à Timisoara, puis présentés
au monde entier. Pas un seul mort sur la place Tien an men a-t-on
appris plus tard, alors que tous ont vu ce char rouler en direction
d'un des manifestants. Saddam Hussein aurait débranché
les couveuses dans une maternité du Koweït, il aurait
provoqué une marée noire dans laquelle des oiseaux ont
été mazoutés, il aurait eu la « quatrième
armée du monde ».
Aujourd'hui,
on assiste au même scénario: « à
Pristina, les Serbes auraient rassemblé 100000 personnes pour
les expulser, les hommes auraient été séparés
des femmes et des enfants et regroupés dans un stade. Le
correspondant de l'AFP dément après vérification
(...). Après avoir annoncé l'assassinat par les Serbes
du poète Fehmi Agani, négociateur à Rambouillet,
l'OTAN dément. (..) Ibrahim Rugova? Mercredi 31 mars, Wesley
Clark (commandant suprême de I'OTAN) est inquiet sur le sort
réservé au leader pacifiste kosovar. Il serait blessé.
Trois heures plus tard, Rugova indemne reçoit deux
journalistes dans sa maison de Pristina et demande l'arrêt des
bombardements » (Le journal du Dimanche du 04/04/99).
Se
souvient-on qu'en Bosnie les troupes de l’islamiste Izetbegovic
ont tiré sur leur propre population pour provoquer les frappes
de l'OTAN contre les Serbes? Que le fameux obus qui, en février
1995, fut tiré sur le marché de Sarajevo ne l'était
pas par les Serbes, selon les experts même de I'OTAN? Selon les
intérêts des impérialistes, le même peut
être un « démocrate » aujourd'hui
et devenir un « dangereux nazi » demain. Qui se
souvient que Juppé, alors Premier Ministre, accusait en 1994
l'armée bosniaque d'être responsable de la guerre parce
qu'elle « considère que c'est par la guerre
qu'elle peut atteindre ses objectifs et non par la négociation »
(Le Monde du 03/02/94) avant de s'aligner en bon roquet des
USA et de l'Allemagne derrière les frappes de I'OTAN conte les
Serbes ?
A-t-on
oublié que 700000 Serbes ont été chassés
de Croatie et de Bosnie? Qu'ont alors fait les organisations
humanitaires si promptes à s'émouvoir aujourd'hui?
A-t-on oublié que Tudjman, le président de la Croatie
sécessionniste, se félicitait publiquement que sa femme
ne soit « ni juive ni serbe » (cité
par G. Baudson, Europe des fous, Paris 1993, p.60). Dans son livre
publié en 1989 à regret « les impasses de la
vérité historique », Tudjman y écrit
que moins d'un million de juifs ont péri dans l'holocauste, et
que « le nouvel ordre établi par Hitler pouvait
être justifié par la nécessité de se
débarrasser des juifs » (cité in New York
Times service, 21/04/93).
Quant
à Izetbegovic, le président bosniaque, dans son livre
intitulé « La déclaration islamique »
on peut lire ceci: « Il ne peut y avoir de paix ni de
coexistence entre la foi Islamique et les Institutions
panislamiques » ou encore « Ayant le
droit de gouverner lui-même son monde, l'Islam exclut
clairement le droit et la possibilité de la mise en oeuvre
d'une idéologie étrangère sur son territoire. Il
n'y a donc pas de principe de gouvernement laïque et l'Etat doit
être l'expression et le soutien de concepts moraux de la
religion » (cité par G. Baulson, op. cit. p.
27). Utilisant le masque de l'Islam pour arriver à ses fins,
le fasciste Izetbegovic en appelle à « la
réalisation de l'Islam dans tous les domaines de la vie privée
des particuliers, dans la famille et la société, par la
renaissance de la pensée islamique et la citation d'une
communauté islamique unique du Maroc à l'Indonésie »
(idem).
L'UCK
séparatiste du Kosovo est bâti dans le même moule
fasciste. Il n'est pas étonnant que le FIS algérien,
selon le journal El Watan, lui apporte son soutien! Voilà
les « amis » de l'Occident « civilisé
et démocratique » qui sont présentés
comme des agneaux victimes du loup serbe. Ceci n'est pas sans
rappeler les fameux « combattants afghans de la liberté
contre l'envahisseur soviétique », dont on découvre
aujourd'hui la barbarie médiévale et fasciste. Ces
intégristes fascistes afghans furent soutenus, financés
et armés au nom de « l'ingérence
humanitaire » des Kouchner et autres émules de
l'idéologie des « droits de l'homme »
contre le communisme.
LA
YOUGOSLAVIE, OBSTACLE SUR LA ROUTE VERS LA RUSSIE
Pourquoi
les impérialistes marchent vers la Russie alors que l'Union
Soviétique n'existe plus? Il y a plusieurs aspects. D'abord le
capitalisme russe n' est pas stabilisé. La Russie
d'aujourd'hui est ouverte à tous vents, à la
pénétration des capitaux américains, allemands,
français, japonais, etc. Mais le vent peut tourner: le retour
au pouvoir des communistes, ou l'arrivée au pouvoir de
nationalistes hostiles à l'Occident peut mettre fin à
cette situation, fermant à nouveau le vaste marché
russe aux appétits capitalistes. Les impérialistes se
préparent activement à intervenir pour « restaurer
la démocratie du marché » à Moscou.
Pour ce faire, ils ont besoin d'être présents aux portes
de la Russie, en soumettant à leur loi tous les alliés
potentiels de celle-ci.
Les
américains essaient ainsi d'encercler progressivement la
Russie par les bases de I'OTAN. Les USA ont une présence
militaire en Italie, en Grèce, en Turquie, ils ont déjà
acquis des points d'appui en Bosnie (Tuzla), en Macédoine
(Kumanovo et Pétrovec), sur la côte dalmate et en
Albanie. L'OTAN a intégré la Pologne, la Hongrie et la
Tchéquie dans son giron. L'ancienne base soviétique de
Taszar en Hongrie est aujourd'hui à la disposition des
troupes de I'OTAN. Il ne reste plus en fait que Belgrade qui refuse
que s'installent au Kosovo 30.000 soldats de I'OTAN. C'est ce refus
que le peuple yougoslave paye de son sang.
Il
y a un autre aspect. La marche vers l'est, c'est la course vers les
nouveaux marchés des ex-pays socialistes entreprise par les
différentes puissances impérialistes, notamment les USA
et l'Allemagne. L'armée et la guerre sont au service de leur
stratégie économique. Les USA veulent éliminer
l'Allemagne de sa nouvelle terre d'expansion qu'est l'Europe de l'Est
et la Russie; ils mettent en avant l'OTAN. Mais l'impérialisme
allemand, pour rester dans la course, agit de concert avec les USA
dans le cadre de I'OTAN en y entraînant l'Union Européenne
(qu'ils souhaitent renforcer pour qu'un jour elle puisse faire
vraiment le poids face aux USA).
AUJOURD'HUI
MILOSEVIC, HIER SADDAM HUSSEIN, …A QUI LE TOUR DEMAIN?
En
refusant d'accueillir sur le sol yougoslave 30 000 soldats de l'OTAN
comme le lui demandait l'Occident, le chef du nouveau parti
socialiste serbe et chef d'Etat élu de la Yougoslavie,
Slobodan Milosevic, hier adulé par l'Occident prêt à
l'accueillir au sein de l'Intemationale Socialiste, est devenu le
« Hitler des Balkans ». C'est aussi,
l'insoumission de Fidel Castro et de la Corée du Nord, qui est
à l'origine de l'embargo et de l'état de guerre imposés
par les USA à ces pays socialistes. N'importe quel prétexte
peut être utilisé par l'impérialisme yankee pour
sévir sur ces peuples qui résistent.
Après
le génocide des indiens, l'esclavage des noirs, le massacre
des arabes irakiens qui se poursuit, c'est maintenant la tuerie des
slaves de Yougoslavie. « Chassez le naturel, il revient au
galop »! Cet adage caractérise parfaitement la
nature intrinsèque de l'impérialisme yankee. Les bombes
qui assassinent par milliers les populations de Yougoslavie ouvrent
certainement plus les yeux des peuples à travers le monde que
mille discours.
Cette
prise de conscience du danger que constitue le « nouvel
ordre mondial » de l'impérialisme US peut être
illustrée par les propos suivants du Renmin Ribao,
organe central du PC Chinois: « La question du Kosovo
prend sa source dans des contradictions complexes entre nationalités
et n'est qu'une affaire interne à la République
fédérale de Yougoslavie. (...) A l'heure actuelle, le
monde ne compte pas plus de 200 Etats, mais plus de 2500 minorités
nationales. Mis à part quelques Etats dont la population est
d'une seule nationalité, beaucoup de pays sont confrontés
à la question des minorités. Si l'on préconise
le séparatisme, le monde ne va-t-il pas vers le chaos?
Rappelons que la Chine compte plus de 50 minorités nationales,
avec des conflits ouverts au Tibet et au Xinjiang. Les Etats
souverains doivent régler pacifiquement la question des
minorités en garantissant les mêmes droits à
toutes les nationalités » (cité par
Courrier International du premier au 7 avril 1999).
Le
Premier Ministre indien Vajpayee condamne les frappes de l'OTAN et
annonce que son pays « réfléchit à
la possibilité de constituer un axe triangulaire avec la
Russie et la Chine pour faire monter la pression internationale
contre les attaques aériennes sur la Yougoslave ».
L'Etat indien fait remarquer à juste titre que l'on ne peut
« accepter qu'un pays puisse en « punir »
un autre pour son approche de la question du fédéralisme,
de la dévolution et de l'autonomie régionale, ou pour
sa manière de combattre une guerre civile ou le terrorisme,
c'est faire un dangereux précédent », et
ce « d'autant que l'Inde, la Russie et la Chine, comme
le gouvernement serbe au Kosovo, sont confrontés à des
groupes séparatistes et ont condamné les attaques
aériennes » (idem).
Il
faut le dire: demain, quand les impérialistes voudront en
découdre avec la Russie, ils proclameront que celle-ci ne
respecte pas les droits des Tchétchènes ou d'une autre
minorité nationale. La campagne idéologique aujourd'hui
prépare aussi les campagnes idéologiques de demain.
LE
NATIONALISME DEFENSIF DE LA YOUGOSLAVIE
La
prétendue « communauté internationale »
des Clinton, Chirac/Jospin/Gayssot (PC de Robert Hue), Tony Blair et
Schröder/Fischer (Verts) utilisent aujourd'hui les
Albanais du Kosovo pour vassaliser la Yougoslavie, comme ils ont
utilisé hier les Kurdes d'Irak pour occuper le nord de ce
pays. Les mêmes qui disent « défendre les
Kurdes d'Irak opprimés par le tyran Saddam Hussein »
ont kidnappé le dirigeant kurde du PKK, Abdullah Ucalan, pour
le livrer au régime turc tortionnaire et génocidaire
(cf. le génocide arménien).
De
même en 1994, n'a-t-on pas vu le social-démocrate
« civilisé » Mitterrand organiser, avec
l'opération Turquoise, le repli des génocidaires
rwandais dans l'Est du Zaïre au nom du soi-disant « droit
d'ingérence humanitaire », après que la
légion étrangère se soit mouillée
jusqu'au cou dans l'extermination les Tutsis? Et rappelons que Gamal
Abdel Nasser, président anticolonialiste d'Egypte avait été
traité par le socialiste Guy Mollet, président du
Conseil, « d'Hitler d'Egypte ». C'était
lors de l'occupation du canal de Suez par les troupes colonialistes
françaises, anglaises et israéliennes en 1956. C'est
aussi le cas de Yasser Arafat et de l'OLP qui furent qualifiés
de « terroristes », avant d'être reçus
en grande pompe à la Maison Blanche. Il en est de même
de Nelson Mandala et de l'ANC. Tous ont capitulé devant le
gendarme du monde.
La
criminalisation de tous ceux qui résistent à la
politique hégémonique des impérialistes fait
partie de la stratégie de soumission des opinions
démocratiques, progressistes et pacifistes et de camouflage
des véritables objectifs capitalistes esclavagistes. A ce
propos, les « démocrates » impérialistes
ont été à bonne école, celle de Goebbels.
Dès 1946, le premier ministre anglais Winston Churchill fut le
précurseur, lorsqu'il reprit de Goebbels la formule devenue
célèbre du « rideau de fer tombant sur
Europe », que le nazi avait prononcé en 1944.
C'est
ainsi que Slobodan Milosevic est diabolisé au nom du fait
qu'il aurait rejeté l'accord de Rambouillet. Mais Milosevic
n'a pas refusé le principe de l'autonomie pour la province
yougoslave du Kosovo, il s'est opposé simplement à
l'occupation militaire coloniale du Kosovo par 30000 soldats de
l'OTAN. Quel pays souverain, quel dirigeant patriote accepterait
l'ingérence étrangère dans les affaires
intérieures de son Etat? Faut-il croire que Chirac, Jospin,
Gayssot, Voynet, Chevènement, eux, accepteraient un
déploiement de l'OTAN pour « protéger »
les indépendantistes corses? Le prétexte trouvé
pour l'agression le l'OTAN contre la Yougoslavie est au demeurant
largement démasqué par le fait qu'en novembre 1998, les
représentants des communautés nationales du Kosovo,
aussi bien serbe qu'albanaise - notamment Ibrahim Rugova (mais sauf
l'UCK bras armé de la Bundeswehr et de la ClA) - ont
signé un accord prévoyant une large autonomie du Kosovo
et le respect des droits démocratiques des communautés
qui y cohabitent: « Les signataires de cet accord (…)
arment leur engagement sur la position selon laquelle toutes les
communautés nationales sont mutuellement égales sans
tenir compte de leur nombre, par conséquent Il ne peut y avoir
de discrimination entre elles. (...) Conscients que l'autonomie de
chaque communauté nationale et du territoire du Kosovo est une
condition préalable pour surmonter les tensions
inter-ethniques et les conflits; Gardant à l'esprit
l'expérience et les solutions légales développées
au cours d'une longue vie en commun, les signataires ont accepté
les principes suivants: une solution pacifique et une approche
politique des problèmes du Kosovo réalisées par
le dialogue sont les seuls moyens acceptables pour une solution
durable, juste et humaine (...); toutes solutions pour le Kosovo
doivent respecter l'intégrité territoriale, la
souveraineté et les frontières reconnues
internationalement de la République Fédérale de
Yougoslavie, la solution doit être fondée sur le respect
total de l'égalité de tous les citoyens et des
communautés nationales du Kosovo » (Source
lntemet) Il doit être dit avec force que ce sont les va-t-en
guerre de l'OTAN, de l'UCK et les médias à leur solde
qui ont saboté à dessein la résolution du
problème de la montée du séparatismes au Kosovo.
Des
lueurs d'espoir fondées sur l'internationalisme communiste se
sont fait jour à la faveur de la provocation meurtrière
des bellicistes et revanchards impérialistes. Plusieurs Partis
Communistes des Balkans dont le Parti Communiste d'Albanie et le
Nouveau Parti Communiste de Yougoslavie lancent cet appel vibrant aux
forces anti-impérialistes, progressistes, pacifistes et
démocratiques: « Les peuples des Balkans sont
plongés à nouveau dans la guerre. Les classes
dirigeantes des pays de l'OTAN, en particulier les USA, poursuivant
leur politique de soumission aux intérêts impérialistes
ont depuis dix ans suscité des conflits parmi les peuples des
Balkans. Aujourd'hui, ils ont décidé de déclencher
une agression ouverte contre un Etat souverain. Demain, ils seront
capables de plonger tous les Balkans dans une guerre fratricide. Les
partis communistes des Balkans condamnent l'intervention de l'OTAN
dans notre région. Ils expriment la conviction que les deux
peuples Serbe et Albanais, comme les autres peuples des Balkans, sont
capables du résoudre eux-mêmes pacifiquement leurs
problèmes et sans intervention étrangère. Nous
appelons les peuples des Balkans à unir leur combat contre la
guerre de l'OTAN et l'intervention US contre toute
intervention étrangère, pour éviter une guerre
fratricide entre les peuples des Balkans » (24/03/99).
Les
attaques et les mensonges des impérialistes, une fois n'est
pas coutume, visent les bourgeoisies nationalistes qui contestent
leur domination. Cela révèle, une fois de plus, que
l'impérialisme, système d'exploitation et d'oppression,
ne peut survivre que par le « maintien artificiel du
capitalisme à l'aide de colonies, de monopoles, de privilèges
et d'oppression nationale de toute nature » (Lénine).
Ce
fait est encore plus accentué aujourd'hui en raison de la
crise de surproduction du système impérialiste,
laquelle accroît les rivalités inter-impérialistes
pour l'accaparement des sources de matières premières
et les débouchés pour les produits manufacturés
et les services. La crise financière et économique qui
est en train de faire le tour du monde en se rapprochant de plus en
plus du centre du système (Europe et USA), après
l'Asie, l'Amérique Latine, la Russie est un des facteurs
décisifs du déclenchement de l'agression coloniale de
l'OTAN en Yougoslavie.
La
guerre a été précédée par une
attaque du Dollar contre I'Euro, puis par un affrontement à
l'OMC entre les USA et l'Union Européenne sur les échanges
commerciaux, et enfin le torpillage récent par l'UE de la
tentative prématurée des USA d'imposer l'Accord
Multilatéral sur les Investissements (A.M.I.). Contrairement à
l'absurdité petite-bourgeoise véhiculée par
Gorbatchev, il n'y a pas et ne peut y avoir de « nouvelle
mentalité » chez les impérialistes, parce
que tout simplement, comme le dit Staline, la loi fondamentale qui
détermine les politiques impérialistes agressives,
c'est: « assurer le maximum de profit capitaliste en
exploitant en ruinant, en appauvrissant la majeure partie du la
population civile d'un pays donné, en asservissant et en
dépouillant de façon systématique les peuples et
en militarisant l'économie nationale en vue d'assurer le
maximum de profits » (Les problèmes économiques
du socialisme, 1952).
Les
guerres impérialistes sont inévitables sur la base de
cette loi. Le capitalisme mondial en crise pousse les impérialistes
à une course pour les marchés à conquérir
et les sources de matières premières à
contrôler: « c'est justement la nécessité
de réaliser les profits maximum qui pousse le capitalisme de
monopole à des actes hasardeux comme l'asservissement et le
pillage systématique des colonies et des autres pays arriérés;
la transformation d'une série de pays indépendants en
pays dépendants; l'organisation de nouvelles guerres qui sont
pour les brasseurs d'affaires du capitalisme actuel de meilleurs
business leur permettant de tirer le maximum de profits, enfin les
efforts tentés pour conquérir la domination économique
mondiale » (Staline, idem).
L'IMPERIALISME,
C'EST LA GUERRE !
A
l'époque du camp socialiste et de l'URSS - ce rempart de la
paix depuis 1945 et ce facteur décisif de la victoire sur la
horde barbare fasciste - les impérialistes bombardaient le
prolétariat international et les peuples opprimés du
monde par une quantité colossale de propagande sur la
nécessité d'empiler les armes jusqu'au ciel pour
« préserver la paix ». Puis, après
la victoire de la subversion impérialiste et la faillite
complète du révisionnisme moderne de Tito,
Khrouchtchev, Brejnev et Gorbatchev, les impérialistes ont
promis un « nouvel ordre international de liberté,
de démocratie et de prospérité »
sous l'égide de l'armada de l'OTAN. Mais très vite avec
la guerre du Golfe, ils ont expliqué au monde que la poursuite
de l'accumulation des armes par eux et eux seuls était pour le
« bien de l'Humanité ». Cette vieille
politique coloniale de la canonnière prend la forme d’un
« nous voulons montrer la détermination de
l'OTAN à s'opposer aux agressions, aux massacres et à
la déportation serbe des civils albanais et réduite la
capacité de Milosevic, le Dracula des Balkans, à faire
la guerre au Kosovo ».
De
même qu'en 1991, il fallait soi-disant « en finir
avec le dictateur sanguinaire Saddam Hussein ». Ainsi
leur « nouvel ordre mondial » continue toujours
de se baser sur cette tromperie séculaire des classes
exploiteuses dirigeantes selon laquelle « pour préserver
la paix il faut préparer la guerre ». Les
impérialistes engloutissent ainsi des milliards de dollars
dans les armes les plus sophistiquées pour soumettre les
peuples et les travailleurs.
Karl
Marx dénonçait, il y a plus de 140 ans, cette perfidie
qui mène l'Humanité aux « marécages
de l'histoire »: « De tous les dogmes des
politiques fanatiques de notre temps, aucun n'a causé autant
de dommages que celui qui dit: « pour obtenir la
paix, on doit préparer la guerre ». Cette
grande vérité, dont la caractéristique notable
est qu'elle contient un grand mensonge: le cri de guerre, qui a
appelé toute l'Europe à s'armer et à générer
un tel fanatisme belligérant que chaque nouveau traité
de paix est vu comme une nouvelle déclaration de guerre, et
est avidement exploité. Au moment où les Etats d'Europe
sont devenus autant de champs armés, dont les mercenaires
brûlant du désir de bondir l'un sur l'autre et de se
trancher la gorge l'un l'autre pour la plus grande gloire de la paix,
la seule considération avant chaque déclenchement de
guerre concerne simplement les insignifiants détails de savoir
de quel côté on doit être. Aussitôt que
cette considération fortuite est réglée de façon
satisfaisante par les parlementaires diplomatiques avec l'aide du
vieux slogan « pour obtenir la paix, on doit préparer
la guerre », l'une de ces guerres de civilisation commence
dont la barbarie frivole appartient au meilleur temps des voleurs de
grands chemins, et que leurs perfidies astucieuses appartiennent
exclusivement à la période la plus moderne de la
bourgeoisie impérialiste » (cité dans
Correspondance Internationale n°3, printemps 1981).
Déjà
Karl Marx prédisait l'émergence de la « période
la plus moderne de la bourgeoisie impérialiste » et
maintenant, longtemps après sa mort, le monde vit à
travers la sauvagerie du « droit du plus fort ».
L'incroyable comptabilité macabre des « efforts »
de la bourgeoisie impérialiste pour « préserver
la paix » s'accompagne toujours de ces efforts monumentaux
pour tromper l'humanité sur le fait que l'impérialisme,
c'est inévitablement la guerre.
LE
MOUVEMENT DE LA PAIX EST PIEGE
La
diabolisation est une tactique des impérialistes pour arriver
à leurs fins. Elle leur a permis d'utiliser de l'uranium
appauvri contre le peuple irakien. Nous devons tirer les leçons
de la guerre du Golfe, du démembrement de la Yougoslavie et de
la défaite du socialisme et de I'URSS. Or, le mouvement des
peuples pour la paix est complètement piégé à
chaque fois par l'embourbement, soit dans des considérations
passéistes qui n'ont rien à voir avec l'actualité
du moment, soit dans les illusions semées par le
parlementarisme bourgeois, d'une démocratie formelle.
Les
impérialistes se permettent même de ne plus respecter la
procédure habituelle de la « déclaration de
guerre soumise au Parlement », ils décident et
c'est tout. L'OTAN a complètement mis de côté ce
« machin » qu'est l'ONU. Les USA ont
repris les bombardements contre l'Irak en ignorant ouvertement l'ONU.
Saddam Hussein tout comme Slobodan Milosevic ont été
encensés tour à tour par les Etats agresseurs qui leur
reprochent maintenant leur insoumission.
Et
pourtant, les sociaux-démocrates pacifistes, les
révisionnistes-mutants du communisme, les trotskistes
continuent de renvoyer dos à dos agresseurs et agressés,
tant dans la guerre du Golfe que dans celle de Yougoslavie. Ces
renégats du mouvement ouvrier passent leur temps à
répéter comme des perroquets les discours hypocrites
des impérialistes sur les « droits des minorités
kurdes d’Irak, albanaises de Yougoslavie »,
empêchant ainsi l'émergence d'un véritable
mouvement les travailleurs et des peuples pour la paix. Ils sèment
ainsi délibérément la confusion entre guerre
défensive et guerre impérialiste d'agression.
En
1915, Lénine démasquait les opportunistes qui
soutenaient la guerre impérialiste ainsi: « Les
socialistes ont toujours entendu par guerre « défensive »
une « guerre juste », dans ce sens (...) que
les socialistes reconnaissent et continuent de reconnaître le
caractère légitime, progressiste, juste de la « défense
de la patrie » ou d'une « guerre défensive ».
Par exemple, si demain le Maroc déclarait la guerre à
la France, l'Inde à l'Angleterre, la Perse ou la Chine à
la Russie etc... ce seraient des guerres justes, défensives
quelque soit celui qui commence et tout socialiste appellerait de ses
vœux la victoire des Etats opprimés, dépendants,
lésés dans leurs droits, sur les grandes puissances
oppressives, esclavagistes, spoliatrices » (Le
socialisme et la guerre).
Staline
expliquait une telle politique révolutionnaire par le fait que
« le Léninisme a prouvé et la guerre
impérialiste et la révolution de Russie l'ont confirmé,
que la question nationale ne peut être résolue qu'en
liaison avec la révolution prolétarienne et sur la base
de celle-ci, qu'en Occident, le Chemin de la victoire passe par
l'alliance Révolutionnaire avec le mouvement de libération
des colonies et des pays dépendants contre l'impérialisme.
La question nationale est une partie de la question générale
de la révolution prolétarienne, une partie de la
question de la dictature du prolétariat »
(Staline, Les principes du Léninisme). La question du soutien
internationaliste à la lutte des peuples opprimés est
« une partie de la question générale de
la révolution prolétarienne, subordonnée à
l'ensemble et demandant à être examinée du point
de vue de l'ensemble » (idem).
Pour
déterminer une position internationaliste, il faut assimiler
le fait que « dans les conditions de l'oppression
impérialiste, le caractère révolutionnaire d'un
mouvement national n'implique pas nécessairement l'existence
d'éléments prolétariens dans le mouvement,
l'existence d'une base démocratique du mouvement »
(idem). Faisant allusion au rôle de la social-démocratie
qui soutint pendant la guerre impérialiste de 1914-1918 sa
propre bourgeoisie au nom le « l'union sacrée »,
Staline indiquait: « la lutte de l'émir afghan
pour l'indépendance de l'Afghanistan est objectivement une
lutte révolutionnaire, malgré le tour monarchiste des
conceptions de l'émir et de ses paysans, car elle affaiblit,
désagrège et sape l'impérialisme; alors que la
lutte [pour la défense de la patrie] des démocrates
et des « socialistes » à tous crins, des
« révolutionnaires » et républicains
(...) pendant la guerre impérialiste était une lutte
réactionnaire, car elle avait pour résultat de
maquiller, de consolider, de faire triompher l'impérialisme »
(Staline, idem).
LA
REEMERGENCE DU QUATRIEME
REICH ALLEMAND
LIBERAL,
SOCIAL-DEMOCRATE ET « VERT-KAKI » !
En
Slovénie et en Croatie, Etats fédérés de
la Yougoslavie, les forces nationalistes ont agi sous l'impulsion des
revanchards allemands. « Sans l'aide des allemands,
nous n'aurions jamais pu résister » déclarait,
le 27/09/91, le porte parole du président Tudjman au journal
Frankfurter Allgemeine Zeitung.
« L'éclatement
de la Yougoslavie, l'Allemagne l'a obtenu avec le soutien de
l'Autriche, de la Hongrie, de l'Italie et du Vatican, c'est-à-dire
les mêmes Etats que ceux qui ont soutenu la Croatie fasciste
durant la seconde guerre mondiale » notait froidement
le Département d'Etat américain dans Der Spiegel
le 23/12/1992. William Zimmerman, ancien ambassadeur US en
Yougoslavie ne pouvait que constater: « nous avons
découvert plus tard que Genscher, ministre allemand des
affaires étrangères, avait été en contact
quotidien avec son homologue croate. Il encourageait la Croatie à
quitter la Fédération et à déclarer
l'indépendance » (cité dans Coved
Action, hiver 92/93).
Le
17 décembre 1991, après des débats
interminables, l'Union Européenne fixe la reconnaissance de
toutes les républiques lui veulent se séparer de la
Yougoslavie au 15 janvier 1992, à condition que leur
constitution respecte le principe du droit des minorités.
Mais sans attendre, le 23 décembre 1991, le gouvernement Kohl
reconnaît la Croatie et la Slovénie, bientôt suivi
en cela par le Vatican le 12 janvier 1992. Alors, malgré la
note de la commission Badinter disant que « les droits
des minorés ne sont pas suffisamment garantis »,
tous les Etats de l'Union Européenne, les uns après les
autres, reconnaissent ces créations artificielles de la
volonté allemande et entérinent ainsi le démembrement
d'un Etat membre de I'ONU. Kohl peut se réjouir en déclarant
que la décision de reconnaissance de la Slovénie et de
la Croatie par l'UE « constitue une importante victoire
de la politique allemande » (Solidaire du
05/05/93).
Il
y a un intérêt économique de la Grande Allemagne
à cette politique d'émiettement des Etats de l'Est. Le
capital allemand est le principal investisseur dans les pays de
l'ex-camp socialiste.
Les
armes allemandes, à la recherche de coûts inférieurs
en matière de salaires, de taxes et de matières
premières, créent des joint-ventures (jusqu'à
1500 en Pologne, pour l'achat de Skoda par Volkswagen...). Plus d'un
tiers du commerce entre l'Europe orientale et l'Occident passe par
l'Allemagne, selon une étude le l'ONU en 1991. L'Europe de
l'Est est une terre de colonisation pour les cartels allemands. Le
président du regroupement des industriels allemands pour les
affaires en Europe orientale l'avoue: « Il s'agit de
notre marché naturel… ce marché nous amènera
peut-être dans la même position que celle que nous
occupions avant la première guerre mondiale »
(Solidaire, 03/03/1993).
Dans
les Balkans, l'impérialisme allemand s'est appuyé sur
ses alliés historiques pour mettre en route la réalisation
de son vieux rêve expansionniste, lequel par deux fois en
1914/18 et en 1939/45, a buté sur l'opposition intransigeante
de la Serbie. Comme le notait le général français
Pierre Gallois: « depuis le début de l'année
1991 - et sans doute avant - l'Allemagne armait la Croatie via
l'Italie, la Hongrie et la Tchécoslovaquie: ainsi, plus d'un
millier de véhicules transportèrent des armes légères,
mais aussi des engins antichars et antiaériens, des munitions
et des ateliers de réparations » (Le Quotidien
de Paris, 28/01/93). Ces matériels militaires furent pris sur
les stocks de l'armée de l'ex-République Démocratique
Allemande (RDA). Et un responsable du département d'Etat
américain de commenter: « Les Allemands sont à
présent tellement plus stables et tellement plus puissants que
quiconque en Europe, qu'ils peuvent obtenir tout ce qu'ils veulent »
(Solidaire, 05/05/93).
La
politique hégémonique et expansionniste de
l'impérialisme allemand renaissant, en vue d'émietter
en micro-Etats les pays de l'Est, notamment la Yougoslavie, a été
sanctifiée au sommet de la Conférence sur la Sécurité
et la Coopération en Europe (CSCE) de Paris en 1990 par la
mise au devant de la règle - que l'impérialisme a
toujours nié jusqu'ici - du « droit des minorités
et des peuples à l'autodétermination ».
L'exemple yougoslave montre que le but de cela était le
démembrement des Etats multinationaux de l'ex-camp socialiste.
L'Europe
impérialiste sous domination allemande a décrété
que les 19,6% de Croates auraient le droit de se séparer de la
Yougoslavie, sous le prétexte que les Serbes, 36,2% de la
population totale, sont majoritaires. Puis l'OTAN a imposé
« l'indépendance » de la
Bosnie-Herzégovine. L'Europe, l'ONU et l'OTAN se sont
évertuées à bombarder en 1994/1995 les positions
Serbes de Bosnie, au nom de la défense de la « souveraineté »
des islamistes d'Izetbegovic. Et cela en jugeant comme « criminel
et fasciste » que les 31,4% de Serbes veuillent se séparer
d'une Bosnie où les Musulmans formaient 43,7% de la
population.
Où
est la logique? Il faut se rendre à l'évidence.
L'impérialisme allemand, en détruisant avec la
complicité du renégat Gorbatchev un Etat parfaitement
viable, indépendant et souverain depuis 45 ans, la République
Démocratique Allemande, au nom du principe de la soi-disant
« autodétermination des allemands » a
introduit l'ethnicisation des relations internationales.
Les
Serbes vivaient dans un seul et unique Etat depuis 1918 - la
Yougoslavie - même si les populations serbes étaient
réparties dans plusieurs républiques fédérées,
en Croatie, en Slovénie, en Bosnie et dans la région du
Kosovo. Cet éparpillement des nationalités dans les
Balkans, dans les ex-pays socialistes est une donnée
permanente et générale. L'impérialisme allemand
a détruit des Etats comme la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie,
exactement comme l'avait fait Hitler dans la période
1933/1945. En 1939 aussi, Hitler a envahi la Tchécoslovaquie
pour « libérer » les Allemands des
Sudètes « opprimés par la majorité
tchèque ».
Dès
lors que par la volonté les multinationales allemandes (pas
totalement dénazifiées) l'impérialisme allemand
renouait avec sa vieille politique ethnique en reconstituant la
Grande Allemagne, il devenait quasiment inévitable que les
nationalistes bourgeois de toutes les nationalités, quelles
qu'elles soient, exigent « l'autodétermination »
et cherchent à créer des Etats selon ce principe « une
ethnie = un Etat ». L'agitation fébrile des
impérialistes européens et américains, qui
désignent hypocritement et unilatéralement les Serbes
comme « ethnicistes », ne peut cacher le
racisme et l'ethnicisation institutionnelle qu'a introduit
officiellement l'impérialisme allemand dans le règlement
des problèmes intérieurs des Etats.
RIVALITES
INTER-IMPERIALISTES DANS LES BALKANS
Dans
l'agression barbare et criminelle de L'OTAN contre la Yougoslavie
apparaît aussi une autre dimension. La directive du Conseil
National le Sécurité (NSDD54) US intitulée
« Politique des Etats-Unis à l'égard de
l'Europe de l'Est » (septembre 1932), directive qui devait
trouver une suite en mars 1984 avec le document MSDD133 sur la
politique US envers la Yougoslavie, fixait le but des USA comme suit:
« La politique des États-Unis sera de promouvoir
la tendance vers une structure économique yougoslave orientée
vers le marché et de développer les relations
économiques US avec la Yougoslavie d'une manière qui
renforce ses liens avec les démocraties industrialisées »
(Solidaire, 17/02/92).
Cette
stratégie américaine des années 1980 a été
mise en échec par la décision de l'Allemagne de faire
éclater la Yougoslavie. L'impérialisme américain
mis sur la touche lors de la séparation de la Slovénie
et de la Croatie va cependant se réintroduire dans les Balkans
lors de la séparation de la Bosnie. Le plan US était
l'imposition d'un « accord croato-musulman »,
lequel aurait entraîné le limogeage du chef du
gouvernement croate de Bosnie, Maté Boban, incarnation de la
volonté sécessionniste des Croates de Bosnie. Les
impérialistes américains introduisaient ainsi la
dimension « religieuse » en réponse à
« l'ethnicisme » des impérialistes
allemands. C'est là un facteur essentiel de la contradiction
grandissante entre les deux impérialismes. En mettant
temporairement fin au projet de Tudjman d'obtenir l'autonomie de la
partie croate de la Bosnie comme étape vers le rattachement à
la semi-colonie croate de l'Allemagne, l'ingérence
impérialiste favorisait, du même coup, la poussée
séparatiste au Kosovo.
Dès
1990, l'Allemagne, la Turquie et l'Arabie Saoudite finançaient
l'UCK. The Times, journal anglais, donne l'information que
l'UCK était aussi financée « par l'argent
provenant du trafic de la drogue. Selon ce journal faisant autorité,
les polices de trois pays européens en liaison avec Europol,
ont établi ces liens. En Allemagne et en Suisse notamment, des
kosovars vendent de la drogue et expédient les recettes en
espèces à l'UCK... l'AIbanie, qui joue un rôle
clé dans l'acheminement de l'argent aux kosovars, est au
centre du trafic d'héroïne en Europe »
(L'Hebdo/La Vie Ouvrière-CGT, 26 mars au premier avril 1999).
L'impérialisme Yankee a repris en main l'UCK dans le cadre de
sa politique d'hégémonie mondiale.
Qu'on
ne s'y trompe pas, l'effondrement de l'URSS a laissé libre
cours à une course effrénée des USA et de
l'Europe dont la locomotive est la Grande Allemagne, pour le contrôle
absolu des pays issus du dépeçage de l'ex-camp
socialiste. Berlin ayant gagné la Slovaquie, la Slovénie
et la Croatie, Washington s'est appuyé sur la Bosnie islamiste
pour bloquer la marche des multinationales allemandes vers les
Balkans. Pour rester dans la course, l'impérialisme allemand
doit agir au sein le l'OTAN avec son allié/concurrent
américain, mais il fait tout pour entraîner dans sa
politique l'Union Européenne qu'il domine. C'est tout le sens
de la montée de l'exigence, de plus en plus affirmée,
d'une « Europe de la défense et d'une politique
étrangère commune » dont nous bassinent les
oreilles tous les partisans de l'Europe impérialiste en
construction.
L'enjeu
économique fondamental de la contradiction inter-impérialiste
grandissante entre les USA et l'Europe est signalé par le
quotidien allemand Die Zeit de mars 1995 en ces termes: « Les
champs de pétrole du Kazakhstan, ceux de gaz du Turkménistan
et les réserves d'or noir de l'Azerbaïdjan constituent un
espace qui peut prendre, pour les cinquante prochaines années,
une importance égale à celle de la région du
Golfe aujourd'hui ». En effet, les Balkans constituent
un axe stratégiques pour l'accès au pétrole du
Moyen-orient, en plus de celui de la Mer Caspienne et du Kazakhstan.
La Yougoslavie a le malheur d'être à la conjonction des
trois voies de communication qui relient le fleuve Danube et les axes
Nord-sud et Ouest-est à travers les montagnes balkaniques.
C'est
en cela que la Yougoslavie fait obstacle en tant que territoire
incontournable, à l'expansionnisme prédateur des
puissances impérialistes, notamment les États-Unis et
l'Allemagne. L'enjeu le la désintégration de la
Yougoslavie se pose comme suit: contrôler ce pays ou le réduire
à niant.
LA
CONTRE REVOLUTION ANTICOMMUNISTE:
TRIOMPHE
DU NATIONALISME BOURGEOIS ET RECOLONISATION DES PAYS DE L'EST
En
URSS et en Europe de l'Est, la restauration du capitalisme signifie
le triomphe du nationalisme bourgeois, voire du fascisme. La
Yougoslavie n'a pas échappé à cette règle.
Peu
se rappellent aujourd'hui que le régime de Tito a été
encensé par les impérialistes lors de la « guerre
froide ». Tito a été brandi par les
impérialistes comme le modèle de la « résistance
au stalinisme ». Tito a été utilisé
pour organiser et encourager le révisionnisme dans le camp
socialiste.
L'homme
d'Etat anglais Eden notait en décembre 1949 que « l'exemple
et l'influence de Tito peuvent changer de façon décisive
le cours des événements en Europe centrale et
orientale » (Daily Telegraph, 12/12/1949). Et
la tactique de Tito, présentant en démagogue
révisionniste-trotskiste « l'autogestion »
comme le socialisme « démocratique »,
était parfaitement en phase avec le jeu de l'impérialisme
pour qui « le titisme reste seulement une force dans la
mesure que le maréchal Tito peut prétendre être
communiste » (The Times, 13/09/1949).
Le
Mouvement Communiste International le dénonçait pendant
ce temps comme traître à la cause du communisme. On sait
que la lutte contre le titisme par le Kominform était entre
autres une dénonciation de la déviation nationaliste
selon laquelle on pouvait adopter une position « neutre »
dans la confrontation imposée à l'URSS et au camp
socialiste par l'encerclement capitaliste.
La
collaboration du régime titiste avec les impérialistes
sur la base de « l'autogestion », promue comme
modèle de « socialisme anti-stalinien »,
a conduit la Yougoslavie à un endettement massif qui, en 1980,
atteignait la somme de 20 milliards de dollars. Voilà pourquoi
l'impérialisme aimait ce « socialisme »-là!
Le Fond Monétaire International (FMI) estimait d'ailleurs que
la Yougoslavie, tout comme la Pologne, faisaient partie de ses
meilleurs élèves à l'Est de l'Europe. La
pénétration des capitaux impérialistes fut
accélérée par l'abandon de l'autogestion
elle-même en 1988/89. La privatisation s'empara du pays.
Ainsi
dès 1991, le secteur privé représentait 76,8%
des entreprises en Serbie-Monténegro, 30,4% en Croatie et
32,2% en Slovénie. Bien sûr les impérialistes
étaient les principaux bénéficiaires de ce
bradage, surtout les capitalistes allemands dans les républiques
fédérées de Slovénie et de Croatie. Le
résultat en Yougoslavie fut une véritable récession
qui fit chuter la production de plus de 10%. Plus de 1200 entreprises
furent frappées par des procédures de mise en
liquidation, jetant à la rue plus de 500000 travailleurs. Le
chômage fit 1,4 millions victimes.
Toutefois,
il est faux de croire que la Croatie et la Slovénie furent
exploitées par les autres républiques de Yougoslavie.
Les entreprises en Croatie et en Slovénie versaient entre
1,56% et 1,97% de leur produit social à un fond pour le
développement des régions retardataires. En
contrepartie, elles recevaient les matières premières
des régions moins développées. Le budget fédéral
transférait 0,53% à 0,25% du revenu national au secteur
social des régions moins riches. L'ensemble des ressources
ainsi redistribuées ne dépassait pas 2 à 3% du
produit social de la Slovénie et de la Croatie (tiré de
Race & Class, n°48: The desintegration of Yougoslavia,
p.61).
Il
est certain que l'abandon de la planification centralisée
socialiste par Tito dès les années 1950 ne permettait
pas l'atténuation des différenciations entre les
nationalités et les républiques de la Yougoslavie.
L'autogestion
favorise la concurrence entre entreprises, donc entre républiques,
ce qui fait que le nationalisme reste la règle majeure des
relations entre républiques. L'adoption des prix mondiaux
imposés par les impérialistes et des règlements
en devises a aggravé les difficultés d'exportation de
chacune des républiques yougoslaves et a accru leur dépendance
vis-à-vis des pays impérialistes. En particulier,
l'impérialisme allemand a développé sa mainmise
financière et économique sur la Slovénie et la
Croatie, entraînant du même coup, à la faveur de
la défaite de l'URSS, la résurgence des courants
nationalistes bourgeois réactionnaires et séparatistes.
La
différenciation entre les républiques yougoslaves s'est
accélérée au fur et à mesure de la
pénétration impérialiste dans la période
1980/1991, le taux de chômage variait de 2% en Slovénie
à 28% en Macédoine et 57% au Kosovo, et les salaires en
Macédoine étaient réduits aux 2/5e de
ceux en vigueur en Croatie ou en Slovénie.
DE
LA DEFAITE DE L'URSS...
...A
LA GUERRE EN EUROPE
Se
souvient-on aujourd'hui que c'est à Versailles, haut lieu de
la monarchie française qui fut renversée sous les coups
du « petit peuple » en 1792, que les
impérialistes affublés de leur larbin Gorbatchev ont
levé, en novembre 1990, leurs coupes de champagne à la
réussite de leur seconde phase d'offensive contre le
socialisme. La première s'étant achevée par la
formidable subversion anticommuniste qui conduisit à la
« chute du mur de Berlin » en 1989. Les
impérialistes fêtaient leur victoire à la
Conférence sur la Sécurité et la Coopératif
en Europe (CSCE) promettant une ère nouvelle de « sécurité,
de stabilité et de coopération en Europe »,
proclamant « révolue l'ère de la
confrontation et de la division en Europe » et
évoquant « la démocratie fondée
sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales, la
prospérité par la liberté économique et
la justice sociale ».
La
social-démocratie se joignait à cette orgie
versaillaise au nom de la nécessité de « sortir
de Yalta, cet héritage du stalinisme »: « Est-ce
que pour succéder à l'ordre injuste de Yalta, nous
allons être capables de mettre en place un autre ordre qui soit
celui du droit, de la paix et de la justice, ou bien est-ce qu'à
cet ordre injuste va succéder un désordre qui donnera
la loi au plus puissant et au plus riche parce qu'il a le pétrole
et qu'il a à sa disposition l'armement »
(Laurent Fabius cité par Le Monde du 08/01/91).
Cette
démagogie servit de prétexte à la tuerie massive
et à l'embargo planifiés et organisés par la
coalition impérialiste réunie par les USA contre ce
peuple de 13 millions d'habitants qu'est l'Irak. Le massacre du
peuple irakien se poursuit avec l'embargo économique et les
bombardements, qui continuent malgré les provocations
démasquées de cet agent de la CIA qu'est le chef de
I'UNSCOM.
Sept
mois après ces promesses de Versailles concernant un « monde
meilleur et radieux », la guerre éclatait d'abord
entre les Etats fédérés de la Yougoslavie puis
entre les différentes nationalités composant cet Etat
qui, depuis 1945, avait vécu dans la stabilité. La
vision social-démocrate « d'un capitalisme mondial
organisé et civilisé », capable d'éviter
les rivalités inter-impérialistes et les conflits, se
révèle bien être une fiction, fiction dont le
seul but est de paralyser le mouvement ouvrier et les peuples en
faisant croire à la possibilité d'un monde pacifique
sous l'impérialisme. Ceux qui par naïveté ou par
faiblesse d'esprit ont pu penser que la destruction du socialisme, de
l'URSS signalait l'instauration d'un « monde de paix, de
sécurité, de stabilité, de liberté et de
prospéré » ont été brutalement
désenchantés par les bruits de botte dans le Golfe et
en Yougoslavie.
Les
épisodes du génocide rwandais, de l'opération
Rester Hope en Somalie, les massacres onusiens en Irak, les
guerres qui pullulent en Afrique, en Asie et en Amérique
Latine dans lesquelles sont toujours impliqués les
impérialistes rivaux et aujourd'hui en Yougoslavie montrent
que la fiction réformiste de l'ultra-impérialisme est
aussi fausse et mensongère de nos jours qu'elle ne l'était
hier, quand elle a été formulée par le
social-démocrate Kautsky à la veille de l'attentat de
Sarajevo en 1914.
Le
PCF naquit alors en réaction à la faillite complète
de la social-démocratie, qui avait rejoint la bourgeoisie et
pour la défense de la révolution d'Octobre 1917.
Maurice Thorez déclarait: « La classe ouvrière
et le peuple de France ne feront jamais la guerre à l'URSS ».
L'ironie de l'histoire veut que le PCF mutant de Robert Hue participe
au gouvernement Jospin de la misère et de la guerre, c'est à
dire au premier pas guerrier de I'OTAN vers la Russie.
HALTE
A L'AGRESSION DE L'OTAN ! DISSOLUTION DE L'OTAN !
POUR
DES COMITES CONTRE LA GUERRE IMPERIALISTE!
Par
deux fois en ce siècle en 1914/18 et en 1939/45,
l'impérialisme a conduit l'Humanité au carnage. Par
deux fois, la boucherie impérialiste et fasciste a été
stoppée par les communistes. Plus que jamais, avec les guerres
du Golfe et de Yougoslavie, l'Humanité découvre dans la
douleur la nature criminelle de la trahison gorbatchévienne
qui a conduit à la défaite de l'URSS et à la
destruction du socialisme.
Lénine
disait dans son article Les peuples des Balkans et la diplomatie
européenne que « les peuples des Balkans
pourraient reprendre à leur compte les paroles que disaient
nos serfs dans le passé: « Plus que de tous les
maux, protégeons-nous de la colère et de l'amour des
seigneurs [et de l'OTAN!] ». Pour les paysans et
les ouvriers des Balkans, en effet, l'intervention des puissances
européennes - qu'elle soit hostile ou soi-disant amicale -
signifie uniquement qu'aux conditions générales de
l'exploitation capitaliste viennent s'ajouter toutes sortes d'autres
obstacles au libre développement » (Pravda
n°114, 16/10/1912). Déjà à l'époque
le gouvernement anglais proclamait que « l'Europe ne
permettrait pas que les Balkans soient mal gouvernés »,
ce à quoi Lénine répondait « la
seule chose que la bourgeoisie européenne, même la plus
libérale, peut apporter dans les Balkans c'est un soutien à
ce qui est en train de pourrir, un soutien à la stagnation et
une entrave bureaucratique à la liberté. Car enfin,
c'est bien « l'Europe » qui empêche que
soit instituée une République Fédérale
Balkanique » (idem).
Nous
sommes actuellement dans une phase de recolonisation impérialiste
des peuples de l'ex-camp socialiste, des peuples opprimés du
Tiers Monde et de liquidation des acquis sociaux et démocratiques
conquis de haute lutte par les générations précédentes
de communistes et de travailleurs, recolonisation par la pression
économique sous l'égide des institutions de Bretton
Woods et par la guerre comme en Irak et en Yougoslavie. Cela pose
l'impérieuse nécessité de reconstituer un
mouvement communiste capable, une fois encore, d'arrêter la
horde sanguinaire impérialiste. Pour cela, il nous faut
renouer avec la théorie et la pratique marxiste-léniniste,
à partir desquelles nous pourrions faire l'analyse concrète
de la réalité concrète. C'est ainsi que Marx
lui-même a procédé après la défaite
de la Commune. C'est ainsi que nous devons procéder après
la défaite de l'URSS et la restauration du capitalisme, pour
aller de l'avant. Dans ce travail, tout en organisant la lutte contre
l'impérialisme, nous devons partir de l'apport décisif
et fondamental du PCF du Congrès de Tours, de l'Internationale
Communiste, de l'URSS et du PCUS.
Pour
commencer à contrecarrer la marche de l'OTAN vers la Place
Rouge de Moscou, rassemblons toutes les forces de paix dans des
comités contre l'agression de la Yougoslavie par l'OTAN!
24 avril 1999
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