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Feu dans les Balkans!

La marche guerrière de l'OTAN vers la Russie

FEU DANS LES BALKANS :

De nouveau les projecteurs des médias sont braqués sur ce qui reste de la Yougoslavie.

L'humanité est au bord de la guerre comme elle l'a été par deux fois dans ce siècle. Les fauteurs de guerre de I'OTAN déversent des tonnes de bombes sur les peuples de Yougoslavie au nom de la soi-disant « défense des minorités nationales ». Les média-mensonges renouent à nouveau comme à l'époque des conflits en Croatie, en Slovénie et en Bosnie, avec le thème éculé du « méchant » Serbe et du « bon » Albanais. Avec le Kosovo, le processus de désintégraton de la Yougoslavie se poursuit sous l'égide des impérialistes de l'Union Européenne sous domination allemande et des USA.

INTOX, MEDIAMENSONGES,  DESINFORMATION AU SERVICE DE L'AGRESSION,

DE L'OPPRESSION DES PEUPLES ET DE L'EXPLOITATION DES TRAVAILLEURS!

Pour renverser et liquider Ceaucescu, des corps inhumés ont été déterrés à Timisoara, puis présentés au monde entier. Pas un seul mort sur la place Tien an men a-t-on appris plus tard, alors que tous ont vu ce char rouler en direction d'un des manifestants. Saddam Hussein aurait débranché les couveuses dans une maternité du Koweït, il aurait provoqué une marée noire dans laquelle des oiseaux ont été mazoutés, il aurait eu la « quatrième armée du monde ».

Aujourd'hui, on assiste au même scénario: « à Pristina, les Serbes auraient rassemblé 100000 personnes pour les expulser, les hommes auraient été séparés des femmes et des enfants et regroupés dans un stade. Le correspondant de l'AFP dément après vérification (...). Après avoir annoncé l'assassinat par les Serbes du poète Fehmi Agani, négociateur à Rambouillet, l'OTAN dément. (..) Ibrahim Rugova? Mercredi 31 mars, Wesley Clark (commandant suprême de I'OTAN) est inquiet sur le sort réservé au leader pacifiste kosovar. Il serait blessé. Trois heures plus tard, Rugova indemne reçoit deux journalistes dans sa maison de Pristina et demande l'arrêt des bombardements » (Le journal du Dimanche du 04/04/99).

Se souvient-on qu'en Bosnie les troupes de l’islamiste Izetbegovic ont tiré sur leur propre population pour provoquer les frappes de l'OTAN contre les Serbes? Que le fameux obus qui, en février 1995, fut tiré sur le marché de Sarajevo ne l'était pas par les Serbes, selon les experts même de I'OTAN? Selon les intérêts des impérialistes, le même peut être un « démocrate » aujourd'hui et devenir un « dangereux nazi » demain. Qui se souvient que Juppé, alors Premier Ministre, accusait en 1994 l'armée bosniaque d'être responsable de la guerre parce qu'elle « considère que c'est par la guerre qu'elle peut atteindre ses objectifs et non par la négociation » (Le Monde du 03/02/94) avant de s'aligner en bon roquet des USA et de l'Allemagne derrière les frappes de I'OTAN conte les Serbes ?

A-t-on oublié que 700000 Serbes ont été chassés de Croatie et de Bosnie? Qu'ont alors fait les organisations humanitaires si promptes à s'émouvoir aujourd'hui? A-t-on oublié que Tudjman, le président de la Croatie sécessionniste, se félicitait publiquement que sa femme ne soit « ni juive ni serbe » (cité par G. Baudson, Europe des fous, Paris 1993, p.60). Dans son livre publié en 1989 à regret « les impasses de la vérité historique », Tudjman y écrit que moins d'un million de juifs ont péri dans l'holocauste, et que « le nouvel ordre établi par Hitler pouvait être justifié par la nécessité de se débarrasser des juifs » (cité in New York Times service, 21/04/93).

Quant à Izetbegovic, le président bosniaque, dans son livre intitulé « La déclaration islamique » on peut lire ceci: « Il ne peut y avoir de paix ni de coexistence entre la foi Islamique et les Institutions panislamiques » ou encore « Ayant le droit de gouverner lui-même son monde, l'Islam exclut clairement le droit et la possibilité de la mise en oeuvre d'une idéologie étrangère sur son territoire. Il n'y a donc pas de principe de gouvernement laïque et l'Etat doit être l'expression et le soutien de concepts moraux de la religion » (cité par G. Baulson, op. cit. p. 27). Utilisant le masque de l'Islam pour arriver à ses fins, le fasciste Izetbegovic en appelle à « la réalisation de l'Islam dans tous les domaines de la vie privée des particuliers, dans la famille et la société, par la renaissance de la pensée islamique et la citation d'une communauté islamique unique du Maroc à l'Indonésie » (idem).

L'UCK séparatiste du Kosovo est bâti dans le même moule fasciste. Il n'est pas étonnant que le FIS algérien, selon le journal El Watan, lui apporte son soutien! Voilà les « amis » de l'Occident « civilisé et démocratique » qui sont présentés comme des agneaux victimes du loup serbe. Ceci n'est pas sans rappeler les fameux « combattants afghans de la liberté contre l'envahisseur soviétique », dont on découvre aujourd'hui la barbarie médiévale et fasciste. Ces intégristes fascistes afghans furent soutenus, financés et armés au nom de « l'ingérence humanitaire » des Kouchner et autres émules de l'idéologie des « droits de l'homme » contre le communisme.

LA YOUGOSLAVIE, OBSTACLE SUR LA ROUTE VERS LA RUSSIE

Pourquoi les impérialistes marchent vers la Russie alors que l'Union Soviétique n'existe plus? Il y a plusieurs aspects. D'abord le capitalisme russe n' est pas stabilisé. La Russie d'aujourd'hui est ouverte à tous vents, à la pénétration des capitaux américains, allemands, français, japonais, etc. Mais le vent peut tourner: le retour au pouvoir des communistes, ou l'arrivée au pouvoir de nationalistes hostiles à l'Occident peut mettre fin à cette situation, fermant à nouveau le vaste marché russe aux appétits capitalistes. Les impérialistes se préparent activement à intervenir pour « restaurer la démocratie du marché » à Moscou. Pour ce faire, ils ont besoin d'être présents aux portes de la Russie, en soumettant à leur loi tous les alliés potentiels de celle-ci.

Les américains essaient ainsi d'encercler progressivement la Russie par les bases de I'OTAN. Les USA ont une présence militaire en Italie, en Grèce, en Turquie, ils ont déjà acquis des points d'appui en Bosnie (Tuzla), en Macédoine (Kumanovo et Pétrovec), sur la côte dalmate et en Albanie. L'OTAN a intégré la Pologne, la Hongrie et la Tchéquie dans son giron. L'ancienne base soviétique de Taszar en Hongrie est aujourd'hui à la disposition des troupes de I'OTAN. Il ne reste plus en fait que Belgrade qui refuse que s'installent au Kosovo 30.000 soldats de I'OTAN. C'est ce refus que le peuple yougoslave paye de son sang.

Il y a un autre aspect. La marche vers l'est, c'est la course vers les nouveaux marchés des ex-pays socialistes entreprise par les différentes puissances impérialistes, notamment les USA et l'Allemagne. L'armée et la guerre sont au service de leur stratégie économique. Les USA veulent éliminer l'Allemagne de sa nouvelle terre d'expansion qu'est l'Europe de l'Est et la Russie; ils mettent en avant l'OTAN. Mais l'impérialisme allemand, pour rester dans la course, agit de concert avec les USA dans le cadre de I'OTAN en y entraînant l'Union Européenne (qu'ils souhaitent renforcer pour qu'un jour elle puisse faire vraiment le poids face aux USA).

AUJOURD'HUI MILOSEVIC, HIER SADDAM HUSSEIN, …A QUI LE TOUR DEMAIN?

En refusant d'accueillir sur le sol yougoslave 30 000 soldats de l'OTAN comme le lui demandait l'Occident, le chef du nouveau parti socialiste serbe et chef d'Etat élu de la Yougoslavie, Slobodan Milosevic, hier adulé par l'Occident prêt à l'accueillir au sein de l'Intemationale Socialiste, est devenu le « Hitler des Balkans ». C'est aussi, l'insoumission de Fidel Castro et de la Corée du Nord, qui est à l'origine de l'embargo et de l'état de guerre imposés par les USA à ces pays socialistes. N'importe quel prétexte peut être utilisé par l'impérialisme yankee pour sévir sur ces peuples qui résistent.

Après le génocide des indiens, l'esclavage des noirs, le massacre des arabes irakiens qui se poursuit, c'est maintenant la tuerie des slaves de Yougoslavie. « Chassez le naturel, il revient au galop »! Cet adage caractérise parfaitement la nature intrinsèque de l'impérialisme yankee. Les bombes qui assassinent par milliers les populations de Yougoslavie ouvrent certainement plus les yeux des peuples à travers le monde que mille discours.

Cette prise de conscience du danger que constitue le « nouvel ordre mondial » de l'impérialisme US peut être illustrée par les propos suivants du Renmin Ribao, organe central du PC Chinois: « La question du Kosovo prend sa source dans des contradictions complexes entre nationalités et n'est qu'une affaire interne à la République fédérale de Yougoslavie. (...) A l'heure actuelle, le monde ne compte pas plus de 200 Etats, mais plus de 2500 minorités nationales. Mis à part quelques Etats dont la population est d'une seule nationalité, beaucoup de pays sont confrontés à la question des minorités. Si l'on préconise le séparatisme, le monde ne va-t-il pas vers le chaos? Rappelons que la Chine compte plus de 50 minorités nationales, avec des conflits ouverts au Tibet et au Xinjiang. Les Etats souverains doivent régler pacifiquement la question des minorités en garantissant les mêmes droits à toutes les nationalités » (cité par Courrier International du premier au 7 avril 1999).

Le Premier Ministre indien Vajpayee condamne les frappes de l'OTAN et annonce que son pays « réfléchit à la possibilité de constituer un axe triangulaire avec la Russie et la Chine pour faire monter la pression internationale contre les attaques aériennes sur la Yougoslave ». L'Etat indien fait remarquer à juste titre que l'on ne peut « accepter qu'un pays puisse en « punir » un autre pour son approche de la question du fédéralisme, de la dévolution et de l'autonomie régionale, ou pour sa manière de combattre une guerre civile ou le terrorisme, c'est faire un dangereux précédent », et ce « d'autant que l'Inde, la Russie et la Chine, comme le gouvernement serbe au Kosovo, sont confrontés à des groupes séparatistes et ont condamné les attaques aériennes » (idem).

Il faut le dire: demain, quand les impérialistes voudront en découdre avec la Russie, ils proclameront que celle-ci ne respecte pas les droits des Tchétchènes ou d'une autre minorité nationale. La campagne idéologique aujourd'hui prépare aussi les campagnes idéologiques de demain.

LE NATIONALISME DEFENSIF DE LA YOUGOSLAVIE

La prétendue « communauté internationale » des Clinton, Chirac/Jospin/Gayssot (PC de Robert Hue), Tony Blair et Schröder/Fischer (Verts) utilisent aujourd'hui les Albanais du Kosovo pour vassaliser la Yougoslavie, comme ils ont utilisé hier les Kurdes d'Irak pour occuper le nord de ce pays. Les mêmes qui disent « défendre les Kurdes d'Irak opprimés par le tyran Saddam Hussein » ont kidnappé le dirigeant kurde du PKK, Abdullah Ucalan, pour le livrer au régime turc tortionnaire et génocidaire (cf. le génocide arménien).

De même en 1994, n'a-t-on pas vu le social-démocrate « civilisé » Mitterrand organiser, avec l'opération Turquoise, le repli des génocidaires rwandais dans l'Est du Zaïre au nom du soi-disant « droit d'ingérence humanitaire », après que la légion étrangère se soit mouillée jusqu'au cou dans l'extermination les Tutsis? Et rappelons que Gamal Abdel Nasser, président anticolonialiste d'Egypte avait été traité par le socialiste Guy Mollet, président du Conseil, « d'Hitler d'Egypte ». C'était lors de l'occupation du canal de Suez par les troupes colonialistes françaises, anglaises et israéliennes en 1956. C'est aussi le cas de Yasser Arafat et de l'OLP qui furent qualifiés de « terroristes », avant d'être reçus en grande pompe à la Maison Blanche. Il en est de même de Nelson Mandala et de l'ANC. Tous ont capitulé devant le gendarme du monde.

La criminalisation de tous ceux qui résistent à la politique hégémonique des impérialistes fait partie de la stratégie de soumission des opinions démocratiques, progressistes et pacifistes et de camouflage des véritables objectifs capitalistes esclavagistes. A ce propos, les « démocrates » impérialistes ont été à bonne école, celle de Goebbels. Dès 1946, le premier ministre anglais Winston Churchill fut le précurseur, lorsqu'il reprit de Goebbels la formule devenue célèbre du « rideau de fer tombant sur Europe », que le nazi avait prononcé en 1944.

C'est ainsi que Slobodan Milosevic est diabolisé au nom du fait qu'il aurait rejeté l'accord de Rambouillet. Mais Milosevic n'a pas refusé le principe de l'autonomie pour la province yougoslave du Kosovo, il s'est opposé simplement à l'occupation militaire coloniale du Kosovo par 30000 soldats de l'OTAN. Quel pays souverain, quel dirigeant patriote accepterait l'ingérence étrangère dans les affaires intérieures de son Etat? Faut-il croire que Chirac, Jospin, Gayssot, Voynet, Chevènement, eux, accepteraient un déploiement de l'OTAN pour « protéger » les indépendantistes corses? Le prétexte trouvé pour l'agression le l'OTAN contre la Yougoslavie est au demeurant largement démasqué par le fait qu'en novembre 1998, les représentants des communautés nationales du Kosovo, aussi bien serbe qu'albanaise - notamment Ibrahim Rugova (mais sauf l'UCK bras armé de la Bundeswehr et de la ClA) - ont signé un accord prévoyant une large autonomie du Kosovo et le respect des droits démocratiques des communautés qui y cohabitent: « Les signataires de cet accord (…) arment leur engagement sur la position selon laquelle toutes les communautés nationales sont mutuellement égales sans tenir compte de leur nombre, par conséquent Il ne peut y avoir de discrimination entre elles. (...) Conscients que l'autonomie de chaque communauté nationale et du territoire du Kosovo est une condition préalable pour surmonter les tensions inter-ethniques et les conflits; Gardant à l'esprit l'expérience et les solutions légales développées au cours d'une longue vie en commun, les signataires ont accepté les principes suivants: une solution pacifique et une approche politique des problèmes du Kosovo réalisées par le dialogue sont les seuls moyens acceptables pour une solution durable, juste et humaine (...); toutes solutions pour le Kosovo doivent respecter l'intégrité territoriale, la souveraineté et les frontières reconnues internationalement de la République Fédérale de Yougoslavie, la solution doit être fondée sur le respect total de l'égalité de tous les citoyens et des communautés nationales du Kosovo » (Source lntemet) Il doit être dit avec force que ce sont les va-t-en guerre de l'OTAN, de l'UCK et les médias à leur solde qui ont saboté à dessein la résolution du problème de la montée du séparatismes au Kosovo.

Des lueurs d'espoir fondées sur l'internationalisme communiste se sont fait jour à la faveur de la provocation meurtrière des bellicistes et revanchards impérialistes. Plusieurs Partis Communistes des Balkans dont le Parti Communiste d'Albanie et le Nouveau Parti Communiste de Yougoslavie lancent cet appel vibrant aux forces anti-impérialistes, progressistes, pacifistes et démocratiques: « Les peuples des Balkans sont plongés à nouveau dans la guerre. Les classes dirigeantes des pays de l'OTAN, en particulier les USA, poursuivant leur politique de soumission aux intérêts impérialistes ont depuis dix ans suscité des conflits parmi les peuples des Balkans. Aujourd'hui, ils ont décidé de déclencher une agression ouverte contre un Etat souverain. Demain, ils seront capables de plonger tous les Balkans dans une guerre fratricide. Les partis communistes des Balkans condamnent l'intervention de l'OTAN dans notre région. Ils expriment la conviction que les deux peuples Serbe et Albanais, comme les autres peuples des Balkans, sont capables du résoudre eux-mêmes pacifiquement leurs problèmes et sans intervention étrangère. Nous appelons les peuples des Balkans à unir leur combat contre la guerre de l'OTAN et l'intervention US contre   toute intervention étrangère, pour éviter une guerre fratricide entre les peuples des Balkans » (24/03/99).

Les attaques et les mensonges des impérialistes, une fois n'est pas coutume, visent les bourgeoisies nationalistes qui contestent leur domination. Cela révèle, une fois de plus, que l'impérialisme, système d'exploitation et d'oppression, ne peut survivre que par le « maintien artificiel du capitalisme à l'aide de colonies, de monopoles, de privilèges et d'oppression nationale de toute nature » (Lénine).

Ce fait est encore plus accentué aujourd'hui en raison de la crise de surproduction du système impérialiste, laquelle accroît les rivalités inter-impérialistes pour l'accaparement des sources de matières premières et les débouchés pour les produits manufacturés et les services. La crise financière et économique qui est en train de faire le tour du monde en se rapprochant de plus en plus du centre du système (Europe et USA), après l'Asie, l'Amérique Latine, la Russie est un des facteurs décisifs du déclenchement de l'agression coloniale de l'OTAN en Yougoslavie.

La guerre a été précédée par une attaque du Dollar contre I'Euro, puis par un affrontement à l'OMC entre les USA et l'Union Européenne sur les échanges commerciaux, et enfin le torpillage récent par l'UE de la tentative prématurée des USA d'imposer l'Accord Multilatéral sur les Investissements (A.M.I.). Contrairement à l'absurdité petite-bourgeoise véhiculée par Gorbatchev, il n'y a pas et ne peut y avoir de « nouvelle mentalité » chez les impérialistes, parce que tout simplement, comme le dit Staline, la loi fondamentale qui détermine les politiques impérialistes agressives, c'est: « assurer le maximum de profit capitaliste en exploitant en ruinant, en appauvrissant la majeure partie du la population civile d'un pays donné, en asservissant et en dépouillant de façon systématique les peuples et en militarisant l'économie nationale en vue d'assurer le maximum de profits » (Les problèmes économiques du socialisme, 1952).

Les guerres impérialistes sont inévitables sur la base de cette loi. Le capitalisme mondial en crise pousse les impérialistes à une course pour les marchés à conquérir et les sources de matières premières à contrôler: « c'est justement la nécessité de réaliser les profits maximum qui pousse le capitalisme de monopole à des actes hasardeux comme l'asservissement et le pillage systématique des colonies et des autres pays arriérés; la transformation d'une série de pays indépendants en pays dépendants; l'organisation de nouvelles guerres qui sont pour les brasseurs d'affaires du capitalisme actuel de meilleurs business leur permettant de tirer le maximum de profits, enfin les efforts tentés pour conquérir la domination économique mondiale » (Staline, idem).

L'IMPERIALISME, C'EST LA GUERRE !

A l'époque du camp socialiste et de l'URSS - ce rempart de la paix depuis 1945 et ce facteur décisif de la victoire sur la horde barbare fasciste - les impérialistes bombardaient le prolétariat international et les peuples opprimés du monde par une quantité colossale de propagande sur la nécessité d'empiler les armes jusqu'au ciel pour « préserver la paix ». Puis, après la victoire de la subversion impérialiste et la faillite complète du révisionnisme moderne de Tito, Khrouchtchev, Brejnev et Gorbatchev, les impérialistes ont promis un « nouvel ordre international de liberté, de démocratie et de prospérité » sous l'égide de l'armada de l'OTAN. Mais très vite avec la guerre du Golfe, ils ont expliqué au monde que la poursuite de l'accumulation des armes par eux et eux seuls était pour le « bien de l'Humanité ». Cette vieille politique coloniale de la canonnière prend la forme d’un « nous voulons montrer la détermination de l'OTAN à s'opposer aux agressions, aux massacres et à la déportation serbe des civils albanais et réduite la capacité de Milosevic, le Dracula des Balkans, à faire la guerre au Kosovo ».

De même qu'en 1991, il fallait soi-disant « en finir avec le dictateur sanguinaire Saddam Hussein ». Ainsi leur « nouvel ordre mondial » continue toujours de se baser sur cette tromperie séculaire des classes exploiteuses dirigeantes selon laquelle « pour préserver la paix il faut préparer la guerre ». Les impérialistes engloutissent ainsi des milliards de dollars dans les armes les plus sophistiquées pour soumettre les peuples et les travailleurs.

Karl Marx dénonçait, il y a plus de 140 ans, cette perfidie qui mène l'Humanité aux « marécages de l'histoire »: « De tous les dogmes des politiques fanatiques de notre temps, aucun n'a causé autant de dommages que celui qui dit: « pour obtenir la paix, on doit préparer la guerre ». Cette grande vérité, dont la caractéristique notable est qu'elle contient un grand mensonge: le cri de guerre, qui a appelé toute l'Europe à s'armer et à générer un tel fanatisme belligérant que chaque nouveau traité de paix est vu comme une nouvelle déclaration de guerre, et est avidement exploité. Au moment où les Etats d'Europe sont devenus autant de champs armés, dont les mercenaires brûlant du désir de bondir l'un sur l'autre et de se trancher la gorge l'un l'autre pour la plus grande gloire de la paix, la seule considération avant chaque déclenchement de guerre concerne simplement les insignifiants détails de savoir de quel côté on doit être. Aussitôt que cette considération fortuite est réglée de façon satisfaisante par les parlementaires diplomatiques avec l'aide du vieux slogan « pour obtenir la paix, on doit préparer la guerre », l'une de ces guerres de civilisation commence dont la barbarie frivole appartient au meilleur temps des voleurs de grands chemins, et que leurs perfidies astucieuses appartiennent exclusivement à la période la plus moderne de la bourgeoisie impérialiste » (cité dans Correspondance Internationale n°3, printemps 1981).

Déjà Karl Marx prédisait l'émergence de la « période la plus moderne de la bourgeoisie impérialiste » et maintenant, longtemps après sa mort, le monde vit à travers la sauvagerie du « droit du plus fort ». L'incroyable comptabilité macabre des « efforts » de la bourgeoisie impérialiste pour « préserver la paix » s'accompagne toujours de ces efforts monumentaux pour tromper l'humanité sur le fait que l'impérialisme, c'est inévitablement la guerre.

LE MOUVEMENT DE LA PAIX EST PIEGE

La diabolisation est une tactique des impérialistes pour arriver à leurs fins. Elle leur a permis d'utiliser de l'uranium appauvri contre le peuple irakien. Nous devons tirer les leçons de la guerre du Golfe, du démembrement de la Yougoslavie et de la défaite du socialisme et de I'URSS. Or, le mouvement des peuples pour la paix est complètement piégé à chaque fois par l'embourbement, soit dans des considérations passéistes qui n'ont rien à voir avec l'actualité du moment, soit dans les illusions semées par le parlementarisme bourgeois, d'une démocratie formelle.

Les impérialistes se permettent même de ne plus respecter la procédure habituelle de la « déclaration de guerre soumise au Parlement », ils décident et c'est tout. L'OTAN a complètement mis de côté ce « machin » qu'est l'ONU. Les USA ont repris les bombardements contre l'Irak en ignorant ouvertement l'ONU. Saddam Hussein tout comme Slobodan Milosevic ont été encensés tour à tour par les Etats agresseurs qui leur reprochent maintenant leur insoumission.

Et pourtant, les sociaux-démocrates pacifistes, les révisionnistes-mutants du communisme, les trotskistes continuent de renvoyer dos à dos agresseurs et agressés, tant dans la guerre du Golfe que dans celle de Yougoslavie. Ces renégats du mouvement ouvrier passent leur temps à répéter comme des perroquets les discours hypocrites des impérialistes sur les « droits des minorités kurdes d’Irak, albanaises de Yougoslavie », empêchant ainsi l'émergence d'un véritable mouvement les travailleurs et des peuples pour la paix. Ils sèment ainsi délibérément la confusion entre guerre défensive et guerre impérialiste d'agression.

En 1915, Lénine démasquait les opportunistes qui soutenaient la guerre impérialiste ainsi: « Les socialistes ont toujours entendu par guerre « défensive » une « guerre juste », dans ce sens (...) que les socialistes reconnaissent et continuent de reconnaître le caractère légitime, progressiste, juste de la « défense de la patrie » ou d'une « guerre défensive ». Par exemple, si demain le Maroc déclarait la guerre à la France, l'Inde à l'Angleterre, la Perse ou la Chine à la Russie etc... ce seraient des guerres justes, défensives quelque soit celui qui commence et tout socialiste appellerait de ses vœux la victoire des Etats opprimés, dépendants, lésés dans leurs droits, sur les grandes puissances oppressives, esclavagistes, spoliatrices » (Le socialisme et la guerre).

Staline expliquait une telle politique révolutionnaire par le fait que « le Léninisme a prouvé et la guerre impérialiste et la révolution de Russie l'ont confirmé, que la question nationale ne peut être résolue qu'en liaison avec la révolution prolétarienne et sur la base de celle-ci, qu'en Occident, le Chemin de la victoire passe par l'alliance Révolutionnaire avec le mouvement de libération des colonies et des pays dépendants contre l'impérialisme. La question nationale est une partie de la question générale de la révolution prolétarienne, une partie de la question de la dictature du prolétariat » (Staline, Les principes du Léninisme). La question du soutien internationaliste à la lutte des peuples opprimés est « une partie de la question générale de la révolution prolétarienne, subordonnée à l'ensemble et demandant à être examinée du point de vue de l'ensemble » (idem).

Pour déterminer une position internationaliste, il faut assimiler le fait que « dans les conditions de l'oppression impérialiste, le caractère révolutionnaire d'un mouvement national n'implique pas nécessairement l'existence d'éléments prolétariens dans le mouvement, l'existence d'une base démocratique du mouvement » (idem). Faisant allusion au rôle de la social-démocratie qui soutint pendant la guerre impérialiste de 1914-1918 sa propre bourgeoisie au nom le « l'union sacrée », Staline indiquait: « la lutte de l'émir afghan pour l'indépendance de l'Afghanistan est objectivement une lutte révolutionnaire, malgré le tour monarchiste des conceptions de l'émir et de ses paysans, car elle affaiblit, désagrège et sape l'impérialisme; alors que la lutte [pour la défense de la patrie] des démocrates et des « socialistes » à tous crins, des « révolutionnaires » et républicains (...) pendant la guerre impérialiste était une lutte réactionnaire, car elle avait pour résultat de maquiller, de consolider, de faire triompher l'impérialisme » (Staline, idem).

LA REEMERGENCE DU QUATRIEME REICH ALLEMAND

LIBERAL, SOCIAL-DEMOCRATE ET « VERT-KAKI » !

En Slovénie et en Croatie, Etats fédérés de la Yougoslavie, les forces nationalistes ont agi sous l'impulsion des revanchards allemands. « Sans l'aide des allemands, nous n'aurions jamais pu résister » déclarait, le 27/09/91, le porte parole du président Tudjman au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung.

« L'éclatement de la Yougoslavie, l'Allemagne l'a obtenu avec le soutien de l'Autriche, de la Hongrie, de l'Italie et du Vatican, c'est-à-dire les mêmes Etats que ceux qui ont soutenu la Croatie fasciste durant la seconde guerre mondiale » notait froidement le Département d'Etat américain dans Der Spiegel le 23/12/1992. William Zimmerman, ancien ambassadeur US en Yougoslavie ne pouvait que constater: « nous avons découvert plus tard que Genscher, ministre allemand des affaires étrangères, avait été en contact quotidien avec son homologue croate. Il encourageait la Croatie à quitter la Fédération et à déclarer l'indépendance » (cité dans Coved Action, hiver 92/93).

Le 17 décembre 1991, après des débats interminables, l'Union Européenne fixe la reconnaissance de toutes les républiques lui veulent se séparer de la Yougoslavie au 15 janvier 1992, à condition que leur constitution respecte le principe du droit des minorités. Mais sans attendre, le 23 décembre 1991, le gouvernement Kohl reconnaît la Croatie et la Slovénie, bientôt suivi en cela par le Vatican le 12 janvier 1992. Alors, malgré la note de la commission Badinter disant que « les droits des minorés ne sont pas suffisamment garantis », tous les Etats de l'Union Européenne, les uns après les autres, reconnaissent ces créations artificielles de la volonté allemande et entérinent ainsi le démembrement d'un Etat membre de I'ONU. Kohl peut se réjouir en déclarant que la décision de reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie par l'UE « constitue une importante victoire de la politique allemande » (Solidaire du 05/05/93).

Il y a un intérêt économique de la Grande Allemagne à cette politique d'émiettement des Etats de l'Est. Le capital allemand est le principal investisseur dans les pays de l'ex-camp socialiste.

Les armes allemandes, à la recherche de coûts inférieurs en matière de salaires, de taxes et de matières premières, créent des joint-ventures (jusqu'à 1500 en Pologne, pour l'achat de Skoda par Volkswagen...). Plus d'un tiers du commerce entre l'Europe orientale et l'Occident passe par l'Allemagne, selon une étude le l'ONU en 1991. L'Europe de l'Est est une terre de colonisation pour les cartels allemands. Le président du regroupement des industriels allemands pour les affaires en Europe orientale l'avoue: « Il s'agit de notre marché naturel… ce marché nous amènera peut-être dans la même position que celle que nous occupions avant la première guerre mondiale » (Solidaire, 03/03/1993).

Dans les Balkans, l'impérialisme allemand s'est appuyé sur ses alliés historiques pour mettre en route la réalisation de son vieux rêve expansionniste, lequel par deux fois en 1914/18 et en 1939/45, a buté sur l'opposition intransigeante de la Serbie. Comme le notait le général français Pierre Gallois: « depuis le début de l'année 1991 - et sans doute avant - l'Allemagne armait la Croatie via l'Italie, la Hongrie et la Tchécoslovaquie: ainsi, plus d'un millier de véhicules transportèrent des armes légères, mais aussi des engins antichars et antiaériens, des munitions et des ateliers de réparations » (Le Quotidien de Paris, 28/01/93). Ces matériels militaires furent pris sur les stocks de l'armée de l'ex-République Démocratique Allemande (RDA). Et un responsable du département d'Etat américain de commenter: « Les Allemands sont à présent tellement plus stables et tellement plus puissants que quiconque en Europe, qu'ils peuvent obtenir tout ce qu'ils veulent » (Solidaire, 05/05/93).

La politique hégémonique et expansionniste de l'impérialisme allemand renaissant, en vue d'émietter en micro-Etats les pays de l'Est, notamment la Yougoslavie, a été sanctifiée au sommet de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) de Paris en 1990 par la mise au devant de la règle - que l'impérialisme a toujours nié jusqu'ici - du « droit des minorités et des peuples à l'autodétermination ». L'exemple yougoslave montre que le but de cela était le démembrement des Etats multinationaux de l'ex-camp socialiste.

L'Europe impérialiste sous domination allemande a décrété que les 19,6% de Croates auraient le droit de se séparer de la Yougoslavie, sous le prétexte que les Serbes, 36,2% de la population totale, sont majoritaires. Puis l'OTAN a imposé « l'indépendance » de la Bosnie-Herzégovine. L'Europe, l'ONU et l'OTAN se sont évertuées à bombarder en 1994/1995 les positions Serbes de Bosnie, au nom de la défense de la « souveraineté » des islamistes d'Izetbegovic. Et cela en jugeant comme « criminel et fasciste » que les 31,4% de Serbes veuillent se séparer d'une Bosnie où les Musulmans formaient 43,7% de la population.

Où est la logique? Il faut se rendre à l'évidence. L'impérialisme allemand, en détruisant avec la complicité du renégat Gorbatchev un Etat parfaitement viable, indépendant et souverain depuis 45 ans, la République Démocratique Allemande, au nom du principe de la soi-disant « autodétermination des allemands » a introduit l'ethnicisation des relations internationales.

Les Serbes vivaient dans un seul et unique Etat depuis 1918 - la Yougoslavie - même si les populations serbes étaient réparties dans plusieurs républiques fédérées, en Croatie, en Slovénie, en Bosnie et dans la région du Kosovo. Cet éparpillement des nationalités dans les Balkans, dans les ex-pays socialistes est une donnée permanente et générale. L'impérialisme allemand a détruit des Etats comme la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, exactement comme l'avait fait Hitler dans la période 1933/1945. En 1939 aussi, Hitler a envahi la Tchécoslovaquie pour « libérer » les Allemands des Sudètes « opprimés par la majorité tchèque ».

Dès lors que par la volonté les multinationales allemandes (pas totalement dénazifiées) l'impérialisme allemand renouait avec sa vieille politique ethnique en reconstituant la Grande Allemagne, il devenait quasiment inévitable que les nationalistes bourgeois de toutes les nationalités, quelles qu'elles soient, exigent « l'autodétermination » et cherchent à créer des Etats selon ce principe « une ethnie = un Etat ». L'agitation fébrile des impérialistes européens et américains, qui désignent hypocritement et unilatéralement les Serbes comme « ethnicistes », ne peut cacher le racisme et l'ethnicisation institutionnelle qu'a introduit officiellement l'impérialisme allemand dans le règlement des problèmes intérieurs des Etats.

RIVALITES INTER-IMPERIALISTES DANS LES BALKANS

Dans l'agression barbare et criminelle de L'OTAN contre la Yougoslavie apparaît aussi une autre dimension. La directive du Conseil National le Sécurité (NSDD54) US intitulée « Politique des Etats-Unis à l'égard de l'Europe de l'Est » (septembre 1932), directive qui devait trouver une suite en mars 1984 avec le document MSDD133 sur la politique US envers la Yougoslavie, fixait le but des USA comme suit: « La politique des États-Unis sera de promouvoir la tendance vers une structure économique yougoslave orientée vers le marché et de développer les relations économiques US avec la Yougoslavie d'une manière qui renforce ses liens avec les démocraties industrialisées » (Solidaire, 17/02/92).

Cette stratégie américaine des années 1980 a été mise en échec par la décision de l'Allemagne de faire éclater la Yougoslavie. L'impérialisme américain mis sur la touche lors de la séparation de la Slovénie et de la Croatie va cependant se réintroduire dans les Balkans lors de la séparation de la Bosnie. Le plan US était l'imposition d'un « accord croato-musulman », lequel aurait entraîné le limogeage du chef du gouvernement croate de Bosnie, Maté Boban, incarnation de la volonté sécessionniste des Croates de Bosnie. Les impérialistes américains introduisaient ainsi la dimension « religieuse » en réponse à « l'ethnicisme » des impérialistes allemands. C'est là un facteur essentiel de la contradiction grandissante entre les deux impérialismes. En mettant temporairement fin au projet de Tudjman d'obtenir l'autonomie de la partie croate de la Bosnie comme étape vers le rattachement à la semi-colonie croate de l'Allemagne, l'ingérence impérialiste favorisait, du même coup, la poussée séparatiste au Kosovo.

Dès 1990, l'Allemagne, la Turquie et l'Arabie Saoudite finançaient l'UCK. The Times, journal anglais, donne l'information que l'UCK était aussi financée « par l'argent provenant du trafic de la drogue. Selon ce journal faisant autorité, les polices de trois pays européens en liaison avec Europol, ont établi ces liens. En Allemagne et en Suisse notamment, des kosovars vendent de la drogue et expédient les recettes en espèces à l'UCK... l'AIbanie, qui joue un rôle clé dans l'acheminement de l'argent aux kosovars, est au centre du trafic d'héroïne en Europe » (L'Hebdo/La Vie Ouvrière-CGT, 26 mars au premier avril 1999). L'impérialisme Yankee a repris en main l'UCK dans le cadre de sa politique d'hégémonie mondiale.

Qu'on ne s'y trompe pas, l'effondrement de l'URSS a laissé libre cours à une course effrénée des USA et de l'Europe dont la locomotive est la Grande Allemagne, pour le contrôle absolu des pays issus du dépeçage de l'ex-camp socialiste. Berlin ayant gagné la Slovaquie, la Slovénie et la Croatie, Washington s'est appuyé sur la Bosnie islamiste pour bloquer la marche des multinationales allemandes vers les Balkans. Pour rester dans la course, l'impérialisme allemand doit agir au sein le l'OTAN avec son allié/concurrent américain, mais il fait tout pour entraîner dans sa politique l'Union Européenne qu'il domine. C'est tout le sens de la montée de l'exigence, de plus en plus affirmée, d'une « Europe de la défense et d'une politique étrangère commune » dont nous bassinent les oreilles tous les partisans de l'Europe impérialiste en construction.

L'enjeu économique fondamental de la contradiction inter-impérialiste grandissante entre les USA et l'Europe est signalé par le quotidien allemand Die Zeit de mars 1995 en ces termes: « Les champs de pétrole du Kazakhstan, ceux de gaz du Turkménistan et les réserves d'or noir de l'Azerbaïdjan constituent un espace qui peut prendre, pour les cinquante prochaines années, une importance égale à celle de la région du Golfe aujourd'hui ». En effet, les Balkans constituent un axe stratégiques pour l'accès au pétrole du Moyen-orient, en plus de celui de la Mer Caspienne et du Kazakhstan. La Yougoslavie a le malheur d'être à la conjonction des trois voies de communication qui relient le fleuve Danube et les axes Nord-sud et Ouest-est à travers les montagnes balkaniques.

C'est en cela que la Yougoslavie fait obstacle en tant que territoire incontournable, à l'expansionnisme prédateur des puissances impérialistes, notamment les États-Unis et l'Allemagne. L'enjeu le la désintégration de la Yougoslavie se pose comme suit: contrôler ce pays ou le réduire à niant.

LA CONTRE REVOLUTION ANTICOMMUNISTE:

TRIOMPHE DU NATIONALISME BOURGEOIS ET RECOLONISATION DES PAYS DE L'EST

En URSS et en Europe de l'Est, la restauration du capitalisme signifie le triomphe du nationalisme bourgeois, voire du fascisme. La Yougoslavie n'a pas échappé à cette règle.

Peu se rappellent aujourd'hui que le régime de Tito a été encensé par les impérialistes lors de la « guerre froide ». Tito a été brandi par les impérialistes comme le modèle de la « résistance au stalinisme ». Tito a été utilisé pour organiser et encourager le révisionnisme dans le camp socialiste.

L'homme d'Etat anglais Eden notait en décembre 1949 que « l'exemple et l'influence de Tito peuvent changer de façon décisive le cours des événements en Europe centrale et orientale » (Daily Telegraph, 12/12/1949). Et la tactique de Tito, présentant en démagogue révisionniste-trotskiste « l'autogestion » comme le socialisme « démocratique », était parfaitement en phase avec le jeu de l'impérialisme pour qui « le titisme reste seulement une force dans la mesure que le maréchal Tito peut prétendre être communiste » (The Times, 13/09/1949).

Le Mouvement Communiste International le dénonçait pendant ce temps comme traître à la cause du communisme. On sait que la lutte contre le titisme par le Kominform était entre autres une dénonciation de la déviation nationaliste selon laquelle on pouvait adopter une position « neutre » dans la confrontation imposée à l'URSS et au camp socialiste par l'encerclement capitaliste.

La collaboration du régime titiste avec les impérialistes sur la base de « l'autogestion », promue comme modèle de « socialisme anti-stalinien », a conduit la Yougoslavie à un endettement massif qui, en 1980, atteignait la somme de 20 milliards de dollars. Voilà pourquoi l'impérialisme aimait ce « socialisme »-là! Le Fond Monétaire International (FMI) estimait d'ailleurs que la Yougoslavie, tout comme la Pologne, faisaient partie de ses meilleurs élèves à l'Est de l'Europe. La pénétration des capitaux impérialistes fut accélérée par l'abandon de l'autogestion elle-même en 1988/89. La privatisation s'empara du pays.

Ainsi dès 1991, le secteur privé représentait 76,8% des entreprises en Serbie-Monténegro, 30,4% en Croatie et 32,2% en Slovénie. Bien sûr les impérialistes étaient les principaux bénéficiaires de ce bradage, surtout les capitalistes allemands dans les républiques fédérées de Slovénie et de Croatie. Le résultat en Yougoslavie fut une véritable récession qui fit chuter la production de plus de 10%. Plus de 1200 entreprises furent frappées par des procédures de mise en liquidation, jetant à la rue plus de 500000 travailleurs. Le chômage fit 1,4 millions victimes.

Toutefois, il est faux de croire que la Croatie et la Slovénie furent exploitées par les autres républiques de Yougoslavie. Les entreprises en Croatie et en Slovénie versaient entre 1,56% et 1,97% de leur produit social à un fond pour le développement des régions retardataires. En contrepartie, elles recevaient les matières premières des régions moins développées. Le budget fédéral transférait 0,53% à 0,25% du revenu national au secteur social des régions moins riches. L'ensemble des ressources ainsi redistribuées ne dépassait pas 2 à 3% du produit social de la Slovénie et de la Croatie (tiré de Race & Class, n°48: The desintegration of Yougoslavia, p.61).

Il est certain que l'abandon de la planification centralisée socialiste par Tito dès les années 1950 ne permettait pas l'atténuation des différenciations entre les nationalités et les républiques de la Yougoslavie.

L'autogestion favorise la concurrence entre entreprises, donc entre républiques, ce qui fait que le nationalisme reste la règle majeure des relations entre républiques. L'adoption des prix mondiaux imposés par les impérialistes et des règlements en devises a aggravé les difficultés d'exportation de chacune des républiques yougoslaves et a accru leur dépendance vis-à-vis des pays impérialistes. En particulier, l'impérialisme allemand a développé sa mainmise financière et économique sur la Slovénie et la Croatie, entraînant du même coup, à la faveur de la défaite de l'URSS, la résurgence des courants nationalistes bourgeois réactionnaires et séparatistes.

La différenciation entre les républiques yougoslaves s'est accélérée au fur et à mesure de la pénétration impérialiste dans la période 1980/1991, le taux de chômage variait de 2% en Slovénie à 28% en Macédoine et 57% au Kosovo, et les salaires en Macédoine étaient réduits aux 2/5e de ceux en vigueur en Croatie ou en Slovénie.

DE LA DEFAITE DE L'URSS...

...A LA GUERRE EN EUROPE

Se souvient-on aujourd'hui que c'est à Versailles, haut lieu de la monarchie française qui fut renversée sous les coups du « petit peuple » en 1792, que les impérialistes affublés de leur larbin Gorbatchev ont levé, en novembre 1990, leurs coupes de champagne à la réussite de leur seconde phase d'offensive contre le socialisme. La première s'étant achevée par la formidable subversion anticommuniste qui conduisit à la « chute du mur de Berlin » en 1989. Les impérialistes fêtaient leur victoire à la Conférence sur la Sécurité et la Coopératif en Europe (CSCE) promettant une ère nouvelle de « sécurité, de stabilité et de coopération en Europe », proclamant « révolue l'ère de la confrontation et de la division en Europe » et évoquant « la démocratie fondée sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales, la prospérité par la liberté économique et la justice sociale ».

La social-démocratie se joignait à cette orgie versaillaise au nom de la nécessité de « sortir de Yalta, cet héritage du stalinisme »: « Est-ce que pour succéder à l'ordre injuste de Yalta, nous allons être capables de mettre en place un autre ordre qui soit celui du droit, de la paix et de la justice, ou bien est-ce qu'à cet ordre injuste va succéder un désordre qui donnera la loi au plus puissant et au plus riche parce qu'il a le pétrole et qu'il a à sa disposition l'armement » (Laurent Fabius cité par Le Monde du 08/01/91).

Cette démagogie servit de prétexte à la tuerie massive et à l'embargo planifiés et organisés par la coalition impérialiste réunie par les USA contre ce peuple de 13 millions d'habitants qu'est l'Irak. Le massacre du peuple irakien se poursuit avec l'embargo économique et les bombardements, qui continuent malgré les provocations démasquées de cet agent de la CIA qu'est le chef de I'UNSCOM.

Sept mois après ces promesses de Versailles concernant un « monde meilleur et radieux », la guerre éclatait d'abord entre les Etats fédérés de la Yougoslavie puis entre les différentes nationalités composant cet Etat qui, depuis 1945, avait vécu dans la stabilité. La vision social-démocrate « d'un capitalisme mondial organisé et civilisé », capable d'éviter les rivalités inter-impérialistes et les conflits, se révèle bien être une fiction, fiction dont le seul but est de paralyser le mouvement ouvrier et les peuples en faisant croire à la possibilité d'un monde pacifique sous l'impérialisme. Ceux qui par naïveté ou par faiblesse d'esprit ont pu penser que la destruction du socialisme, de l'URSS signalait l'instauration d'un « monde de paix, de sécurité, de stabilité, de liberté et de prospéré » ont été brutalement désenchantés par les bruits de botte dans le Golfe et en Yougoslavie.

Les épisodes du génocide rwandais, de l'opération Rester Hope en Somalie, les massacres onusiens en Irak, les guerres qui pullulent en Afrique, en Asie et en Amérique Latine dans lesquelles sont toujours impliqués les impérialistes rivaux et aujourd'hui en Yougoslavie montrent que la fiction réformiste de l'ultra-impérialisme est aussi fausse et mensongère de nos jours qu'elle ne l'était hier, quand elle a été formulée par le social-démocrate Kautsky à la veille de l'attentat de Sarajevo en 1914.

Le PCF naquit alors en réaction à la faillite complète de la social-démocratie, qui avait rejoint la bourgeoisie et pour la défense de la révolution d'Octobre 1917. Maurice Thorez déclarait: « La classe ouvrière et le peuple de France ne feront jamais la guerre à l'URSS ». L'ironie de l'histoire veut que le PCF mutant de Robert Hue participe au gouvernement Jospin de la misère et de la guerre, c'est à dire au premier pas guerrier de I'OTAN vers la Russie.

HALTE A L'AGRESSION DE L'OTAN ! DISSOLUTION DE L'OTAN !

POUR DES COMITES CONTRE LA GUERRE IMPERIALISTE!

Par deux fois en ce siècle en 1914/18 et en 1939/45, l'impérialisme a conduit l'Humanité au carnage. Par deux fois, la boucherie impérialiste et fasciste a été stoppée par les communistes. Plus que jamais, avec les guerres du Golfe et de Yougoslavie, l'Humanité découvre dans la douleur la nature criminelle de la trahison gorbatchévienne qui a conduit à la défaite de l'URSS et à la destruction du socialisme.

Lénine disait dans son article Les peuples des Balkans et la diplomatie européenne que « les peuples des Balkans pourraient reprendre à leur compte les paroles que disaient nos serfs dans le passé: « Plus que de tous les maux, protégeons-nous de la colère et de l'amour des seigneurs [et de l'OTAN!] ». Pour les paysans et les ouvriers des Balkans, en effet, l'intervention des puissances européennes - qu'elle soit hostile ou soi-disant amicale - signifie uniquement qu'aux conditions générales de l'exploitation capitaliste viennent s'ajouter toutes sortes d'autres obstacles au libre développement » (Pravda n°114, 16/10/1912). Déjà à l'époque le gouvernement anglais proclamait que « l'Europe ne permettrait pas que les Balkans soient mal gouvernés », ce à quoi Lénine répondait « la seule chose que la bourgeoisie européenne, même la plus libérale, peut apporter dans les Balkans c'est un soutien à ce qui est en train de pourrir, un soutien à la stagnation et une entrave bureaucratique à la liberté. Car enfin, c'est bien « l'Europe » qui empêche que soit instituée une République Fédérale Balkanique » (idem).

Nous sommes actuellement dans une phase de recolonisation impérialiste des peuples de l'ex-camp socialiste, des peuples opprimés du Tiers Monde et de liquidation des acquis sociaux et démocratiques conquis de haute lutte par les générations précédentes de communistes et de travailleurs, recolonisation par la pression économique sous l'égide des institutions de Bretton Woods et par la guerre comme en Irak et en Yougoslavie. Cela pose l'impérieuse nécessité de reconstituer un mouvement communiste capable, une fois encore, d'arrêter la horde sanguinaire impérialiste. Pour cela, il nous faut renouer avec la théorie et la pratique marxiste-léniniste, à partir desquelles nous pourrions faire l'analyse concrète de la réalité concrète. C'est ainsi que Marx lui-même a procédé après la défaite de la Commune. C'est ainsi que nous devons procéder après la défaite de l'URSS et la restauration du capitalisme, pour aller de l'avant. Dans ce travail, tout en organisant la lutte contre l'impérialisme, nous devons partir de l'apport décisif et fondamental du PCF du Congrès de Tours, de l'Internationale Communiste, de l'URSS et du PCUS.

Pour commencer à contrecarrer la marche de l'OTAN vers la Place Rouge de Moscou, rassemblons toutes les forces de paix dans des comités contre l'agression de la Yougoslavie par l'OTAN!

24 avril 1999


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