Qui a libéré l’Europe du fascisme
Cette
brochure a pour objet, modestement vu le volume de notre étude,
de réfuter un certain nombre de falsifications historiques
qui, si elles ne sont pas réfutées déboucheraient
sur un rejet nihiliste du rôle joué par l'Union
Soviétique tout au long de son existence en tant qu'Etat
Socialiste multinational.
A
l'occasion du 50ème anniversaire du débarquement, une
campagne est lancée, notamment à l'égard des
jeunes générations, dont l'objectif est de présenter
la seconde guerre mondiale avant tout comme un conflit opposant les
troupes Anglo-américaines à la Wehrmacht allemande,
minorant ou même ignorant la contribution majeure de l'URSS à
la victoire historique sur le fascisme.
A
l'heure où pour la première fois depuis l'après-guerre,
des ministres fascistes entrent au sein du gouvernement italien, il
faut que les jeunes générations sachent quels furent
les adversaires irréductibles du fascisme.
Les
falsifications historiques que nous voulons évoquer touchent
plusieurs questions: quelle fut la puissance qui contribua à
battre la machine de guerre allemande? L'intervention
anglo-américaine est-elle désintéressée?
(Le PC(b)US sous Staline fut-il fidèle aux enseignements de
Lénine?) L'URSS a-t-elle trahi la Révolution mondiale?
Quel rôle fut joué par la Résistance française?
Toutes les classes participant à la Résistance
étaient-elles unies?
Les
origines de la seconde guerre mondiale
La
crise du capitalisme en 1929 se traduisit par des conséquences
dramatiques: Krach financier entraînant chômage massif,
ruine des petits propriétaires. Alors que la jeune Union
Soviétique, grâce à un premier plan quinquennal
connaissait un bond en avant sans précédent historique,
le capitalisme était miné de divers côtés
: « contradictions et conflits entre les puissances
impérialistes, multitude des peuples coloniaux soulevés
par la lutte, prolétariat révolutionnaire des
métropoles, dictature du prolétariat révolutionnaire
dans L'URSS détenant l'hégémonie du mouvement
révolutionnaire mondial, la résolution internationale
est en marche. » (Programme du VIe Congrès de
l'Internationale Communiste, p. 50).
Dès
lors, pour échapper à ses contradictions, le
capitalisme choisit de se lancer dans la préparation d'une
nouvelle guerre. Or pour engager les prolétaires dans un
conflit qui les opposera à leurs frères de classe, il
faut au préalable : « avoir maté
l'arrière » (J .V. Staline).
Dans
un tel contexte, le capital financier allemand misa sur le fascisme
pour barrer la route au mouvement révolutionnaire et frappa
très fort les organisations démocratiques et
révolutionnaires.
« Il
faut regarder la victoire du fascisme en Allemagne, non seulement
comme un signe de faiblesse de la classe ouvrière et le
résultat de la trahison perpétrée contre
celle-ci par la social-démocratie qui a frayé la route
au fascisme, il faut la considérer également comme un
signe de faiblesse de la bourgeoisie... Cette dernière n'est
plus en état d'exercer son pouvoir au moyen des anciennes
méthodes du parlementarisme bourgeois et de la démocratie
bourgeoise ». (J.V. Staline, Rapport au 17ème
Congrès du PC(b)US).
La
venue au pouvoir du parti nazi était aussi « un
signe prouvant qu'elle (la bourgeoisie) n'a plus la force de
trouver une issue à la situation actuelle sur la base d'une
politique extérieure de paix, ce qui l'oblige à
recourir à la politique de guerre » (J.V.
Staline).
Dès
lors, face au danger de guerre, à l'écrasement des
libertés démocratiques bourgeoises, le Mouvement
Communiste International (MCI) devait trouver les voies nouvelles
pour barrer la route au fascisme. Cela était nécessaire
pour dépasser les points de vue dogmatiques dans le MCI qui ne
voyaient pas la nécessité d'une politique nouvelle.
Dimitrov leur rappelle cette vérité : « l'ascension
du fascisme au pouvoir n'est pas la simple succession d'un
gouvernement bourgeois par un autre ».
Le
fascisme se prononce pour la « haine raciale, la
domination des « nations élues », la
soumission des autres nations et la prise de possession de leurs
territoires, l'esclavage économique des nations dominées
et le pillage de leurs richesses nationales, la destruction des
libertés démocratiques, l'institution à
l'échelle mondiale du régime hitlérien »
(J.V. Staline).
Le
7ème Congrès de l'Internationale Communiste, théorisant
le front unique prolétarien réalisé en France à
l'initiative du PCF, allait lancer la tactique de Front Populaire
Antifasciste, à partir de la résistance spontanée
massive de la classe ouvrière luttant contre la dictature
terroriste ouverte du capital financier-, les changements survenus
dans la tactique touchaient aussi la politique extérieure de
l'URSS; Ce fut la politique de « sécurité
collective ».
Il
s'agissait de réaliser des alliances avec les Etats
impérialistes non-agresseurs qui n'avaient pas intérêt
à une guerre pour le repartage du monde. Cette politique
visait, en isolant les fascistes allemands et italiens, avec le
soutien du prolétariat international et des forces
démocratiques, à empêcher un nouveau conflit
déclenché par l'Allemagne.
Staline
et le PC(b)US œuvrèrent pour une politique d'alliance
avec la France, l'Angleterre, la Tchécoslovaquie. Mais
l'anticommunisme des Etats bourgeois fut le plus fort. Lors de la
guerre civile espagnole, déclenchée par les forces
réactionnaires s'opposant au « frente popular »,
les Etats bourgeois démocratiques choisirent la voie de la
capitulation, sous couvert de « non-intervention »
alors que les Etats fascistes s'illustraient sinistrement par leurs
bombardements, causant d'innombrables destructions comme celle de
Guernica. L'URSS répondit pleinement à sa mission
internationaliste et fut la seule à soutenir pleinement la
cause de l'antifascisme, de la démocratie, de la paix en
Espagne. L'occupation à l'autre bout de la terre, de la
Mandchourie par le Japon, le dépeçage de la
Tchécoslovaquie par l'Allemagne avec la bénédiction
coupable de la France et de la Grande-Bretagne, le refus de ces deux
pays de conclure avec l'URSS une alliance défensive, autant
d'étapes vers l'embrasement général par la
guerre.
Le
Pacte de non-agression germano-soviétique
En
juillet 1939, on savait qu'Hitler s'apprêtait à envahir
la Pologne. Staline souhaitait l'établissement d'un pacte
Soviéto-Franco-Britannique protégeant la Pologne de
l'agression allemande. Nouveau refus. Dès lors, si I'URSS ne
voulait pas rester seule face à une coalition de tous les pays
impérialistes (Hitler ne pouvant se battre sur deux fronts),
il lui fallait conclure avec l'Allemagne un pacte de non-agression,
visant à sauvegarder momentanément une « paix
donnée ».
On
sait combien ce « pacte » est l'objet de
commentaires fielleux tant des historiens bourgeois que des
révisionnistes et autres trotskistes.
Rappelons
tout d'abord que la situation ne permettait pas d'autre voie : « Au
mois d'août 1939. Donald Mc Lean nous envoya de France des
rapports fiables qui témoignaient de la réticence des
gouvernements français et britannique à apporter leur
soutien à l'URSS dans le cas d'une guerre avec l'Allemagne.
Cette information confirmait les renseignements que le réseau
de Cambridge - Philby, Mc Lean, Burgess, nous avait fournis... à
savoir que le Premier Ministre britannique Chamberlain et Sir John
Simon, chancelier de l'échiquier, envisageaient la conclusion
d'un accord secret avec Hitler en vue d'apporter leur soutien à
celui-ci dans le cas d'un conflit militaire avec l'Union
Soviétique. » (Mission spéciales -
Mémoires du maître-espion soviétique, Pavel
Soudoplatov).
Autre
témoignage ; Celui de Nina Andreeva, dirigeante des
Communistes-Bolchéviques en ex-URSS : « Le pacte
intitulé « Molotov - Ribbentrop » qui
est maintenant l'objet d'attaques injustes de tous les côtés,
nous a aidé à gagner nos futurs alliés dans la
coalition contre Hitler, qui jusqu'en 1939 n'étaient pas prêts
à accepter cette union. Grâce au pacte, l'impérialisme
n'a pas pu créer une coalition unie anti-soviétique ».
Les
trotskistes ont crié à la « trahison ».
Selon eux tout accord économique ou politique avec un pays
impérialiste est un abandon de la ligne révolutionnaire.
Ils dénoncent chaque traité comme étant du
« nationalisme étroit », même
lorsque ce traité permit de sauver l'Etat soviétique
comme à Brest-Litovsk en 1918, ou en 1939 avec le pacte
germano-soviétique. Ils essaient d'accuser Staline et l'URSS
en se camouflant derrière leur prétendu « léninisme ».
Ils ont d'ailleurs « le mérite » d'avoir
été les pionniers dans cette « tactique »
qui consiste à revendiquer Lénine pour attaquer Staline
et... la Dictature du Prolétariat. De Khrouchtchev à
Gorbatchev la liste est longue de ceux qui « voulaient
renouer avec le léninisme » et pour cela
diffusaient une campagne anti-Staline. On en connaît les
résultats avec la destruction de l'URSS et du camp socialiste
en Europe !
Ce
que cachent le trotskisme et la bourgeoisie, c'est que la décision
de signer un pacte de non-intervention avec l'Allemagne fut en tout
point conforme avec les enseignements de Lénine dont « les
révolutionnaires de la phrase » ne citent jamais
ces passages: « Jusqu'à ce qu'éclate la
révolution socialiste mondiale, jusqu'à ce qu'elle
embrasse plusieurs pays et qu'elle soit suffisamment puissante pour
vaincre l'impérialisme international, il est du devoir des
socialistes qui se sont emparés du pouvoir dans un seul pays
(particulièrement dans un pays arriéré) de ne
pas accepter l'affrontement contre un géant impérialiste.
Leur devoir est de chercher à éviter l'affrontement,
d'attendre que les conflits entre les impérialistes les
affaiblissent encore davantage et rapprochent l'heure de la
révolution dans les autres pays. Il est de notre devoir
d'évaluer le rapport de force et de ne pas venir en aide aux
impérialistes en leur rendant plus facile la lutte contre le
socialisme » (Lénine, Lettre aux ouvriers
américains).
Le
PC(b)US sous la direction de Staline mit en œuvre une tactique
d'unité nationale et internationale contre le fascisme. Sage
politique car le fascisme bénéficiait d'un immense
rapport de forces; il était installé au pouvoir dans
les pays suivants: Allemagne, Italie. Espagne, Portugal, Hongrie,
Roumanie, Slovaquie, Yougoslavie,
Bulgarie,
Pologne, Finlande. Par des conquêtes militaires, le parti nazi
réussit à exporter le fascisme dans les pays occupés:
France, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Norvège, etc. L'Afrique
du Nord tombe aussi sous le joug hitlérien. La Turquie, la
Suède, la Suisse restées « neutres »
permettaient à l'Allemagne de dominer en quasi totalité
l'Europe sauf le confinent britannique et la Russie Soviétique.
Les
fascistes bénéficiaient de solides complicités
par l'existence de « 5ème colonne » en
Angleterre et aux Etats-Unis. Le Japon s'emparait de l'Asie. C'est
dans ce monde-là que devait œuvrer le PC(b)US! Cette
politique de larges fronts antifascistes des peuples était la
seule à être réaliste et juste. Le Front
Populaire marqua des points, en ajournant le fascisme ici et là,
et en retardant le déclenchement de la guerre, en armant aussi
les peuples de la haine contre fascisme, mais les contradictions
inter-impérialistes et socialisme-capitalisme furent les plus
fortes, rendant dès lors, la guerre mondiale inéluctable.
La
guerre d'agression hitlérienne contre l'Union Soviétique
Le
22 juin 1941, les troupes allemandes déclenchaient la guerre
et pénétraient en URSS. Par la « Blitzkrieg »
(guerre-éclair), les fascistes espèrent briser l'Union
Soviétique dans un délai très court.
Les
rumeurs couraient auparavant qu'avec l'élimination des cadres
de l'armée rouge partisans de la restauration du capitaliste,
comme Toukhatchevski, l'armée soviétique était
« décapitée ».
Des
traîtres comme Trotski, sous couvert de phrases
« révolutionnaires » du type :
« l'impulsion pour le mouvement révolutionnaire
des ouvriers soviétiques sera donnée vraisemblablement
par des événements extérieurs »
(souligné par nous Cercle Barbusse).
Encourageant
l'Allemagne dans sa politique d'agression, Trotski ne cessait
d'évoquer la « faiblesse » de l'Armée
Rouge : « Berlin sait parfaitement jusqu'à quel
degré de démoralisation, la clique du Kremlin a
entraîné l'armée et la population pour sa propre
auto-préservation... Staline continue à saper la force
morale et la résistance du pays en général ».
« Il ne faut surtout pas exagérer la force de
l'armée rouge ».
Ludo
Martens dans son livre « Un autre regard sur Staline »
a raison d'écrire ces lignes : « Dans sa haine
du communisme, Trotski incite ainsi les nazis à la guerre
contre l'URSS. Lui « fin connaisseur » des
affaires de l'URSS apprend aux nazis qu'ils ont toutes les chances de
gagner la guerre contre Staline: l'armée et la population sont
démoralisées (faux), Staline sape la résistance
(faux), les staliniens capituleront dès le début de la
guerre (faux!) » (p.217).
Nul
doute que les nazis encouragés par de tels commentaires
croyaient à une victoire facile et rapide. Dès le
premier jour de la guerre, la résistance soviétique
s'organisa sous la direction de Staline. On sait que Khrouchtchev
prétendit que Staline le 22 juin « démoralisé »,
« abandonna » son poste pendant les huit
premiers jours de la guerre. Les preuves existent maintenant de ce
mensonge!
L'ouvrage
de P. Soudoplatov, mentionné précédemment
infirment les calomnies des révisionnistes modernes :
« Staline n'était pas paralysé par la
panique après l'invasion allemande. Il a reçu, dans son
bureau du Kremlin, un flot ininterrompu de visiteurs... parmi les
personnes introduites figurent certains membres du bureau
politique..., des personnalités imposantes du parti et du
gouvernement ainsi que des militaires de haut rang »
(p.531, avec photocopie des signatures des visiteurs).
Les
nazis visent à une guerre d'extermination rayant de la carte
le premier Etat socialiste au monde :
« L'ennemi
est cruel inexorable il s'assigne pour but de rétablir le
pouvoir des grands propriétaires fonciers, de restaurer le
Tsarisme... il s'agit ainsi de la vie ou de la mort de l'état
soviétique ».
Plus
loin, Staline fixe les devoirs de chaque citoyen soviétique :
« Le grand Lénine, qui a créé
notre Etat a dit que la qualité essentielle des hommes
soviétiques doit être le courage, la vaillance,
l'intrépidité dans la lutte, la volonté de se
battre aux côtés du peuple contre les ennemis de notre
patrie... » (J.V. Staline, discours du 6 juillet 41).
Le
plan des nazis appelé « Barbarossa »
vise à prendre les centres névralgiques de l'URSS :
Leningrad, Moscou, les puits de pétrole de Bakou. Les efforts,
sacrifices consentis par les Soviétiques sont immenses, face à
une machine de guerre rôdée par toutes les agressions
précédentes. La résistance soviétique à
l'appel du Parti bolchevik est héroïque, les communistes
sont à l'avant-garde de l'effort de guerre.
Le
blocus de 900 jours à Leningrad, contourné
partiellement au prix d'un courage et d'une ingéniosité
extrême, la bataille de Moscou furent des épisodes qui
redonnèrent confiance en leurs forces aux peuples du monde
entier.
La
bataille de Moscou marque un premier coup d'arrêt au mythe de
« l'invincibilité » hitlérienne :
« Devant Moscou, les fascistes avaient perdu plus de
500 000 hommes, 1 300 chars, 2 500 canons, plus de 15 000 véhicules,
automobiles et beaucoup d'autres matériels. L'armée
d'Hitler ne connaissait encore de telles pertes » (K.
Rokossovsky. Le devenir du soldat).
Cette
résistance du peuple soviétique multinational, son
courage indomptable, eurent pour effet d'élever la solidarité
avec l'URSS de toute l'humanité progressiste et démocratique,
exerçant à son tour une pression sur les gouvernements
bourgeois de Grande-Bretagne et des Etats-Unis, d'autant que
l'hégémonie des fascistes allemands menaçait à
terme les intérêts de ces puissances impérialistes,
en les écartant du « repartage du monde ».
Avant
la seconde guerre mondiale, on clamait « dans la presse
que les États-Unis d'Amérique avaient réduit
l'Europe à la portion congrue, que l'Allemagne ne pouvait plus
se relever, qu'il ne devait plus y avoir de terres entre pays
capitalistes... Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne entendaient
diriger l'Allemagne, une fois relevée contre l'Union
Soviétique, l'utiliser contre le pays du socialisme.
L'Allemagne, cependant a dirigé ses forces, en premier lieu
contre le bloc anglo-franco-américain. Et lorsque l'Allemagne
hitlérienne eut déclaré la guerre à
l'Union Soviétique, le bloc anglo-franco-américain loin
de se rallier à l'Allemagne hitlérienne fut obligé
au contraire de se coaliser avec l'URSS contre l'Allemagne
hitlérienne. » (Staline, Les problèmes
économiques du socialisme en URSS).
Ainsi,
l'un des mérites du Parti Bolchevique et de Staline
personnellement fut de savoir utiliser au profit de l'URSS et en
dernière instance du mouvement révolutionnaire mondial
les contradictions impérialistes. C'est là le sens de
la tactique d'unité nationale (dans chaque pays) et d'unité
internationale (à l'échelle mondiale) de toutes les
forces sociales et Etats intéressés à
l'écrasement du fascisme hitlérien et japonais. Là
aussi, les trotskistes crient à la « trahison »,
eux qui durant la guerre appelaient à la « fraternisation
avec les ouvriers en uniforme de la Wehrmarcht! » et
d'invoquer Lénine à leur rescousse. On sait que la
politique du PC(b)US fut couronnée de succès et que la
Grande-Bretagne et les Etats-Unis furent obligés de soutenir
l'Union Soviétique dans sa guerre contre la tyrannie fasciste.
Certains
auteurs trotskistes évoquèrent alors la « collaboration
de classe » menée par l'URSS, ou font la fine
bouche devant les appels de Staline à la défense de la
patrie, sur cette base, ils en viennent à opposer
« l’internationaliste » que fut
(incontestablement) Lénine au « nationaliste
grand-Russe » qu'aurait été Staline (faux).
Lénine a toujours envisagé comme possible une guerre de
défense nationale menée par l'URSS.
« La
Russie marche vers une nouvelle et véritable guerre
nationale, vers la guerre pour la sauvegarde et la consolidation du
pouvoir des Soviets. Il se peut qu'une autre époque, comme il
y eut l'époque des guerres napoléoniennes, soit celle
des guerres libératrices (des guerres et non d'une seule)
imposées par les envahisseurs â la Russie des Soviets.
Cela est possible. »
La
vie a confirmé pleinement les thèses de Lénine.
Le PC(b)US sous la direction de Staline a su mener une telle « guerre
nationale imposée par les envahisseurs ».
Beaucoup
de militants actuels, que nous qualifierons de semi-trotskistes,
c'est-à-dire incapables de se séparer de la
problématique de la « 4ème Internationale »
des origines, critiquent la tactique d'unité internationale
contre le fascisme. Leurs erreurs ont plusieurs sources :
incompréhension de la loi du développement inégal
qui détermine les guerres entre pays capitalistes et la
possibilité de révolution prolétarienne dans le
« maillon le plus faible ». Cette loi a été
mise à jour par Lénine! Sous-estimation du danger que
faisait courir le fascisme à l'égard de l'humanité
toute entière, avec sa politique d'extermination raciale, sa
volonté de détruire toutes les libertés
démocratiques bourgeoises et les Etats nationaux. Pour les
trotskistes ou semi-trotskistes, le fascisme est un régime
capitaliste « comme les autres », s'allier avec
des forces bourgeoises contre le fascisme est donc une « trahison »
de la « révolution mondiale ». D'où
leur incompréhension de la nature antifasciste de la seconde
guerre mondiale.
A
cet égard, nous recommandons d'étudier ces lignes
écrites par Lénine : « Ils font mine de
ne pas comprendre la différence qui existe entre une entente
des socialistes avec la bourgeoisie (nationale et étrangère)
contre les ouvriers, contre les travailleurs, et une
entente conclue avec la bourgeoisie d'une couleur contre la
bourgeoisie d'une autre couleur nationale pour la sauvegarde des
ouvriers qui ont triomphé de leur bourgeoisie afin de
permettre au prolétariat de tirer parti de l'antagonisme qui
divise les différents groupements de la bourgeoisie »
(souligné par nous, Cercle Barbusse) (Lénine, lettre
aux ouvriers Américains).
La
politique suivie par le Parti Bolchevique, est donc en tout point
fidèle à l'esprit du léninisme. On peut même
dire qu'adaptée à l'analyse concrète d'une
situation concrète.
La
politique impulsée par Staline est du léninisme en
actes. L'humanité était menacée par un péril
sans précédent qui aurait signifié la
destruction de la classe ouvrière organisée dans chaque
pays occupé sa transformation en « esclaves
modernes », préfiguration de ce qu'aurait été,
en cas de victoire fasciste, le capitalisme monopoliste esclavagiste.
Le
PC(b)US a donc eu raison de rechercher toutes les alliances possibles
(même les plus instables et précaires) avec les forces
sociales très larges décidées à s'opposer
au fascisme.
La
guerre a été antifasciste dès son début,
non une guerre de libération prolétarienne contre le
camp impérialiste coalisé. Sa tâche historique
était de sauvegarder la civilisation, la démocratie
(même bourgeoise), les Etats nationaux et leur souveraineté.
La
réalisation de cette tache était une étape
indispensable vers la libération des chaînes
du système capitaliste. Ceux qui feignent d'ignorer un tel
enjeu, auraient conduit le prolétariat au chaos.
Staline avait souligné ainsi les dangers d'une destruction de
l'URSS dans ces termes :
« Qu'adviendrait-il
si le capital parvenait à écraser la république
des soviets? On verrait s'installer une ère de la
plus noire réaction dans tous les pays capitalistes et
coloniaux, la classe ouvrière et les peuples opprimés
seraient saisi à la gorge, les positions du communisme
international seraient perdues. » (Contre
la déviation de droite, souligné par nous CHB).
Qu'est-ce
qui fait que nous ne vivons pas sous le joug du Troisième
Reich, prévu par les nazis pour durer 1000 ans? Qu'est-ce qui
nous permet de débattre librement de cette question? C'est
l'Union Soviétique, sa classe ouvrière, son Etat
multinational, son Parti Communiste, son Armée Rouge, son
commandant en chef Staline! La défense de l'Etat de dictature
du prolétariat en URSS s'est faite en jonction avec la lutte
de tous les peuples pour la sauvegarde de leurs droits, libertés,
nation.
L'héroïsme
des Soviétiques symbolisé par les Batailles de Moscou,
Stalingrad, Koursk, par la chevauchée vers Berlin est la
source de nos libertés (même restreintes) actuelles.
Le
deuxième front : Le rôle du débarquement et des
troupes anglo-américaines
Avant
la victoire de Stalingrad, « l'opinion publique »
était persuadée de la victoire d'Hitler. L'objectif des
nazis était de démembrer l'URSS et de partager les
« dépouilles » avec le Japon, en cas de
défaite de l'URSS.
Dans
cette hypothèse, l'Allemagne, le Japon seraient devenus
maîtres du monde (probablement avant de s'entre-déchirer)
et auraient obligé sans doute les Américains à
des négociations. Dans ces conditions aussi, la
Grande-Bretagne aurait été une proie facile, ses
colonies seraient passées aux mains de l'impérialisme
allemand : cela aurait signifié l'extermination des uns,
l'esclavage des autres.
Une
« cinquième colonne » nazie était
active sur le continent américain: qu'on songe à des
hommes comme Lindbergh ou le père de John Kennedy! Plus au
sud, les fascistes alliés de l'Italie de Mussolini étaient
au pouvoir au Paraguay et en Argentine.
Encerclés
par le fascisme, minés de l'intérieur, les Etats-Unis
auraient été conduits à capituler lors des
« négociations » évoquées
précédemment. Le Reich aurait ainsi établi sa
domination mondiale. Chaque phénomène engendre son
contraire, mais à quel prix ?
Les
nazis endoctrinaient par de véritables « lavages de
cerveaux » les peuples dominés: Que reste-t-il en
Allemagne occidentale des grandes traditions ouvrières du
début du siècle? En 1932, aux dernières
élections, les communistes du KPD recueillirent 6 millions de
voix. La classe ouvrière vota en grande majorité pour
les partis communiste et social-démocrate (11 millions de
suffrages). La classe ouvrière allemande était la plus
avancée d'Europe. Tout cela en 12 ans fut détruit par
les fascistes, que reste-t-il aujourd'hui de ses traditions
prolétariennes en Allemagne Occidentale? Rien ou presque.
L'exemple est tout aussi valable pour l'Alsace. Solide terre
d'influence du PCF avant la guerre où annexée par le
Reich, cette force a été annihilée jusqu'à
maintenant! L'Union Soviétique face à de tels alliés
que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne devaient mener de pair
fermeté stratégique et extrême souplesse dans la
tactique.
En
1941, les alliés avaient promis l'ouverture rapide d'un second
front pour soulager l'Union Soviétique qui supportait seule le
poids de la guerre.
Deux
ans plus tard, effrayés par la machine de guerre hitlérienne,
désireuse de voir l'Union Soviétique s'affaiblir dans
cette guerre meurtrière et destructrice, les Etats-Unis et la
Grande-Bretagne n'avaient toujours pas ouvert de « second
front ».
Après
la victoire de Stalingrad, « véritable tournant de
la seconde guerre mondiale », les impérialistes
anglo-américains ont commencé à paniquer, leur
projet fondé sur le wait and see (attendre et voir) qui
envisageait l'affaiblissement mutuel de l'Allemagne (un dangereux
concurrent à la domination mondiale) et de l'URSS (1er Etat
socialiste au monde) devenait caduc du fait de la poussée de
l'Armée Rouge. Une question les obsédait les forces
armées soviétiques allaient-elles libérer
l'ensemble de l'Europe du joug nazi? Dans ces conditions
qu'adviendrait-il du système capitaliste? Voilà la
véritable raison de l'ouverture du deuxième front. Il
s'agit donc d'une véritable falsification historique, quand on
met couramment sur le même pied l'apport tardif et calculé
des Anglo-Américains et la contribution éclatante,
décisive de l'Union Soviétique.
Le
but est de cacher que l'Union Soviétique socialiste a libéré
l'humanité du fascisme.
Des
résultats ont été obtenus par cette campagne de
falsification, puisque un sondage récent le montre : 10% des
jeunes seulement savent que l'URSS se battait contre l'Allemagne
nazie! Il fut un temps, juste après guerre où le
révisionnisme historique était impossible et où
les hommes d'Etat bourgeois vantaient le rôle décisif de
l'URSS. Le général Catroux écrit dans ses
mémoires: « L'union Soviétique et c'est
là sa gloire a inscrit dans les pages de l'histoire des
peuples, un exemple qui n'a pas de précédent,
car dans les années de crise de 41-42, elle a su nourrir sa
lutte avec ses seules armées et avec sa seule substance dans
la résistance indéfectible, sans les
héroïques défenseurs de Stalingrad, sans la
stratégie puissante et l'inébranlable volonté du
Maréchal Staline, la victoire définitive qui a été
le fruit de l'effort commun de tous les alliés n'aurait pas pu
être acquise. La face du monde eût été
changée » (souligné par nous,
CHB)
Sur
le rôle de la résistance nationale en France et le poids
du débarquement allié
Rappelons
donc que c'est l'URSS qui en brisant l'armée allemande a rendu
possible le mouvement insurrectionnel en territoire occupé et
le débarquement anglo-américain.
Sur
le front de l'Est, pendant 47 mois, la Wehrmacht opposa à
l'Armée Rouge 250 divisions! Sur le second front, troupes
anglo-américaines et résistants faisaient face à
60 divisions. D'ailleurs, contrairement à une falsification
historique devenue idée dominante entre l'action
des résistants insurgés et le débarquement,
c'est le premier qui a été décisif.
Cela
mérite d'être dit car même des militants
marxistes-léninistes se laissent prendre au piège de
l'historiographie bourgeoise. Ainsi Michèle Luc dans son
ouvrage documenté « La lutte de classe et le
système politique en France », écrit: « Le
temps de l'insurrection populaire a été réduit
au strict minimum, et elle n'a eu lieu qu'au moment du débarquement
de Normandie ». (p.7)
Ce
qui revient à placer les Forces Résistantes Armées
en forces d'appoint des troupes anglo-américaines! Nous allons
tenter de rétablir la vérité à ce sujet.
Du
point de vue stratégique, c'est en effet le plan
insurrectionnel patiemment préparé sous la direction du
PCF qui joua un rôle capital.
Le
général Eisenhower, commandant en chef des troupes du
débarquement l'évalue à « 15
divisions régulières ». En effet quand les
chars d'assaut des troupes anglo-américaines se heurtaient à
la résistance acharnée de la Wehrmacht, les FTP-FFI
agissaient comme infanterie sur les flancs des armées
allemandes.
Le
général anglais Montgomery qualifie leur action de
« considérable ».
L'insurrection
libéra seule la France au sud d'une ligne Nantes-Orléans-Dijon
et à l'ouest d'une ligne Dijon-Avignon.
Le
général Eisenhower évalue ainsi les mérites
des FTP-FFI : « La concentration ennemie dans la zone
de combat de Normandie pendant les six premières semaines de
la campagne s'effectuait seulement au rythme d'une demi-division par
jour en moyenne. La marche de ces renforts fut rendue lente et
hasardeuse par les efforts combinés des aviations alliées
et des patriotes français ».
En
Normandie, 7 divisions de premier échelon furent débarquées,
les troupes FFI étaient deux fois plus nombreuses. En
septembre 1994 les unités organisées des FTP-FFI
regroupaient 500 000 hommes soit en réalité 30
divisions (et non pas 15 comme l'estimait Eisenhower).
Les
forces de débarquement n'ont été en définitive
qu'un des facteurs concourant à l'écrasement de
l'ennemi.
L'élargissement
de la tête de pont s'avéra d'ailleurs pénible,
sans la fixation par la guérilla d'importants effectifs
ennemis, sans les retards considérables apportés au
déplacement des troupes allemandes chassées des villes
libérées, les difficultés rencontrées par
les troupes anglo-américaines auraient été très
difficiles à surmonter.
Ainsi,
les armées du Général Montgomery mirent deux
mois à libérer Caen!
Les
origines de l'insurrection nationale
La
Résistance a
été un puissant mouvement de masse entraînant de
larges couches de la population, animée de longue date par le
PCF. Le Parti Communiste a défini les conditions politiques de
l'insurrection.
Les
deux fondements de la résistance antifasciste étaient
l'union de « tous les patriotes épris de liberté »
(Staline) et l'action armée contre l'occupant. L'appel du 10
juillet 1940 signé de Maurice Thorez et Jacques Duclos avait
fixé la ligne stratégique en précisant
l'objectif: Liberté, Indépendance, Renaissance de la
France.
La
force déterminante étant la classe ouvrière
unissant autour d'elle l'ensemble des couches populaires. Dans les
faits, ce rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la
résistance antifasciste contre le régime de Vichy et le
nazisme s'exprime pour ne citer qu'un exemple par la magnifique et
héroïque grève des mineurs du
Nord-Pas-de-Calais.
Durant
la guerre fut aussi établie comme jamais auparavant (qu'on
songe aux causes de la défaite de la Commune!) l'alliance
classe ouvrière/paysannerie. Cette dernière ravitailla
au péril de sa vie les maquisards et participa aux combats
pour la Libération.
Le
succès de l'insurrection corse, dès septembre 1943, a
montré qu'un soulèvement pouvait triompher en l'absence
de tout débarquement. La condition du succès étant
la mobilisation des masses les plus larges.
Toutes
les formes de lutte furent utilisées: grèves,
manifestations, sabotage, etc. Des grèves générales
furent organisées comme à Marseille (25/26 mai 1944).
L'objectif était clair, empêcher tout compromis
anglo-américain avec des éléments de l'appareil
d'Etat fasciste du type Badoglio (« ancien »
dignitaire fasciste devenu « chef » du
gouvernement d'unité résistante en Italie!). Or toutes
sortes d'opérations similaires étaient envisagées
par les Américains autour de personnages douteux comme
l'Amiral Darlan! La bourgeoisie française largement compromise
avec la « collaboration » avait toutefois une
solution de rechange pour maintenir « l'ordre établi »
avec le Général de Gaulle.
L'unité
nationale antifasciste ne gommant évidemment pas les
contradictions et la lutte de classe.
La
bourgeoisie gaulliste diffusait l'attentisme en faisant dépendre
la libération nationale du débarquement
anglo-américain. Le BCRA (gaulliste) refusait de livrer les
armes aux résistants. Le PCF dut mener la lutte sur deux
fronts : contre la « collaboration » et contre
l'attentisme.
Le
PCF lança alors le mot d'ordre : « Les armes se
conquièrent sur l'ennemi ; même non armée ou
insuffisamment armée, l'insurrection nationale représente
une armée formidable contre l'occupant ». Cela
rejoignait l'appel de Staline (6-11-1943) : « L'éruption
du soulèvement populaire contre les oppresseurs fascistes
mûrit dans les pays occupés de l'Europe. »
Au
moment du débarquement allié, les armées
soviétiques poursuivaient leur avancée ininterrompue:
libération totale du territoire soviétique (bataille de
Biélorussie), puis libération de la Roumanie, Finlande,
Hongrie, Pologne, Bulgarie, Yougoslavie. Comme l'insurrection
nationale gagnait du terrain en France, la bourgeoisie gaulliste se
rangeait derrière les troupes anglo-américaines.
L'impérialisme
américain et britannique avait d'ailleurs pour objectif de
maintenir l'ordre capitaliste menacé par la montée
des forces populaires et par l'avancée des forces soviétiques
libératrices. L'intervention britannique en Grèce
libérée en représente la preuve.
Les
opérations de débarquement de juin à août
1944 représentent moins une véritable initiative
stratégique militaire des anglo-américains qu'une
obligation de classe pour pérenniser le système
capitaliste et prendre pied en Europe pour instaurer leur domination
économique et politique, à un moment où la
résistance portait des coups très rudes à la
machine de guerre allemande. Les forces d'occupation comptaient « 70
à 90 attentats terroristes par jour ». La
résistance n'était pas le fait des seuls Français,
l'internationalisme prolétarien n'était pas un vain
mot.
En
France se trouvaient 25 camps de concentration où étaient
enfermés des dizaines de milliers de Soviétiques. Dans
ces camps étaient créés des comités
antifascistes qui avaient pour objectif outre l'éducation
politique de leurs membres, de préparer leur évasion
afin de rejoindre les maquis.
Ainsi
au printemps 1944, 35 unités composées de Soviétiques
opéraient en France avec un organe de direction coopérant
avec le Comité Central du PCF. Boris Porik, lieutenant de
l'Année Rouge, mit sur pied 11 groupes de sabotage dans le
Pas-de-Calais. Taskine lui se spécialisa avec son groupe dans
le sabotage des voies ferrées. Boris Porik fut tué au
combat. Son nom et son exemple ne seront jamais oubliés! La
MOI (main d'œuvre immigrée) apporta une précieuse
contribution à la lutte armée, regroupant Espagnols
antifranquistes, Italiens antifascistes, Arméniens, Polonais,
Algériens, Juifs d'Europe Centrale, que rendront immortels les
noms du Colonel Gilles (Joseph Epstein) et celui de Manouchian et de
son groupe.
Telle
était la situation au printemps 1944, le Comité Central
du PCF à l'occasion du premier mai lançait cet
avertissement: « sous les coups répétés
que l'Armée Rouge lui inflige sur le front germano-soviétique,
Hitler est contraint de retirer des troupes de l'Ouest et affaiblit
ses positions dans tous les pays occupés de l'Europe
Occidentale ».
Eté
1944: insurrection nationale et débarquement
Fin
mai 1944, le Commandement anglo-américain concentre des forces
en Grande-Bretagne: 39 divisions, 10 brigades, 11 000 avions, 6 000
navires.
Les
forces fascistes à l'ouest sont bien plus faibles. Il y a
certes 60 divisions (France, Pays-Bas, Belgique) mais incomplètement
équipées.
Les
5-6 juin: 5 000 navires traversent la Manche sur un front de 30 km,
200 avions décollent, 2 divisions US, 3 britanniques
commencent à débarquer et se heurtent à une
forte résistance allemande. Les craintes des alliés
sont grandes: « nous risquions toujours de voir les
opérations s'enliser dans une guerre des tranchées avec
les énormes pertes que les Français et les Anglais
avaient subi en 1914-18 » (Eisenhower, « Mon
6 Juin », p.66)
Fin
juin, ces craintes sont partiellement confirmées, le seul
succès important est la prise de Cherbourg (26 juin).
Saint-Lô, au prix de lourdes pertes ne tombe qu'après 43
jours de combat! Les bombardements anglo-américains sont
intensifs, beaucoup de civils fuient les villes. Pendant ce temps,
les FFI s'emparent des lignes de communication, le Comité
Central du PCF déclare : « Que partout les
communistes aient à cœur de se montrer parmi les
meilleurs dans la lutte libératrice. Il appartient aux
dirigeants communistes à tous les échelons de faire
preuve d'esprit d'initiative et de pousser au maximum tous les
avantages. »
Appel,
aussi, est lancé à former partout des comités de
libération locaux et départementaux.
Du
6 juin au 4 juillet 1944, les combats avec les partisans avaient
coûté aux troupes allemandes 79 000 hommes et 5 000
prisonniers. Le Général Koenig (gaulliste) envoie un
télégramme (aux partisans) : « Freiner au
maximum l'activité de guérilla » (le PCF
dans la résistance, p. 273).
Le
commandement des FTP-FFI, le COMAC passe outre et poursuit ses
opérations militaires. Les Allemands se livrent alors à
des représailles barbares : Oradour-sur Glane,
Saint-Genis-Laval, Mayeux en Touraine. Leur plan était même
de déporter toute la population masculine de 17 à 55
ans! Dans le Vercors, la Wehrmacht livre une offensive brutale. 700
maquisards seront tués. Avant de mourir, leur dernier
télégramme est significatif que l'attentisme des gens
de Londres est perçu comme une trahison ! « Demandons
ravitaillement en hommes. vivres, matériel, moral de la
population excellent mais se retournera rapidement contre vous, si
vous ne prenez pas de dispositions immédiates et nous serons
d'accord avec eux pour dire que ceux qui sont à Londres et
Alger sont considérés comme des criminels et des
lâches. »
Leur
héroïsme n'aura pas été vain (en fait les
maquisards du Vercors ont été abandonnés à
leur sort par les stratèges de l'attentisme!). La pression
constante exercée sur la Wehrmacht permet aux troupes
anglo-américaines d'accentuer leur avance durant l'été
1944 (Loire-Atlantique, Finistère).
Six
divisions allemandes sont anéanties, l'insurrection nationale
gagne tout le sud-ouest: Tarbes, Toulouse, Pau. Le 28 août, les
Allemands quittent Bordeaux, les FFI font 40 000 prisonniers.
Marseille, Nice se libèrent avant même l'arrivée
des alliés.
La
veille l'Etat-major des FFI et le comité de libération
donnent l'ordre d'insurrection dans le Nord, le Pas-de Calais. Les
combats sont durs dans les villes: 2 000 prisonniers de la Wehrmacht.
Les résistants ont libéré Lille, Roubaix,
Tourcoing. Les Allemands sont rejetés en Belgique, dans la
forêt ardennaise, partisans belges et français capturent
les soldats cachés.
En
septembre, Lyon est libéré au prix de nombreuses vies
humaines.
Le
point culminant de la lutte de libération nationale fut Paris.
Les troupes alliées se trouvaient près de la capitale.
L'Etat-major anglo-américain avait prévu de contourner
Paris pour poursuivre des opérations dans d'autres
directions. En raison de l’insurrection montante, il dut
réviser ses plans initiaux.
En
Juin, les FFI s'étaient livrées à 93 opérations
militaires. Elles regroupaient 25000 combattants auxquels il faut
adjoindre 50000 membres des milices patriotiques.
Les
Allemands avaient 20000 soldats à Paris, ainsi que 60 pièces
d'artillerie, 80 chars, 60 avions. Des renforts venaient du sud.
Durant
l'été se succèdent grèves et
manifestations : « Les FFI doivent les soutenir de
toutes leurs forces » (Rol-Tanguy, Chef d'Etat-major
des FFI).
Le
10 août, c'est la grève des cheminots, le 15, des
employés et fonctionnaires de police, des services publics
municipaux. Les Gaullistes sont effrayés; Parodi, en leur nom,
demande la reprise du travail. Le bureau du Conseil National de la
Résistance (CNR) rejette sa demande.
Le
18 août à l'appel de la CGT, commence la grève
générale. Le PCF affiche, le même jour, l'appel
suivant : « Nous appelons le peuple de Paris et de sa
grande banlieue à l'insurrection libératrice. Tous au
combat! Tel est le devoir qui s'impose à toute la population
de la région parisienne ».
Le
19 août, 43 des 80 quartiers de Paris sont libérés.
Les Gaullistes tentent alors de mettre fin à l'insurrection.
Des négociations s'ouvrent entre Parodi et le Général
Von Choltitz (gouverneur militaire de Paris). Ils s'entendent pour un
cessez-le-feu provisoire, en échange de l'évacuation
promise par les Allemands.
Pierre
Villon, au nom du PCF, se prononce contre toute trêve, sinon
les troupes allemandes iront semer la guerre ailleurs.
Le
colonel Rol-Tanguy (PCF) donne l'ordre de dresser des barricades. Le
21 août, 61 quartiers sont libérés. Les unités
FFI des localités de banlieue libérée sont
envoyées en renfort. Le général de Gaulle
contacte alors les Anglo-américains: « Etant
donné la disposition presque complète des forces de
police et des forces allemandes à Paris... de graves troubles
sont à prévoir dans la capitale avant très peu
de temps. » (De Gaulle, Mémoires de guerres,
T.2, p. 702)
Eisenhower
dépêche alors la IIème DB de Leclerc (composée
aussi de nombreux peuples coloniaux). Les traditions de « chair
à canon » restaient vivaces! Toutefois, la
libération de Paris est entrée dans la phase finale.
Le
25 août, Leclerc et Rol-Tanguy reçoivent la capitulation
de Von Choltitz. De Gaulle a alors pour souci d'établir son
pouvoir afin de sauver le système capitaliste.
Eisenhower,
dans ses mémoires, rappelle que De Gaulle lui demanda de
« prêter provisoirement » deux divisions
américaines pour: « faire une démonstration
de force et consolider nos positions »
(souligné par nous, CHB).
En
résumé, l'intervention anglo-américaine visait
face à l'avance soviétique, à empêcher
l'URSS de libérer toute l'Europe, mettant ainsi en péril
le capitalisme. Ensuite, le rôle principal dans la libération
de la France fut joué par la Résistance, les troupes de
débarquement jouant un rôle important mais subordonné.
Les
menaces sur l'alliance antifasciste: le double jeu de l'impérialisme
anglo-américain
Les
manuels d'histoire visent à minimiser voire plus récemment
à ignorer la part essentielle prise par l'URSS dans la
victoire sur le fascisme. La Grande-Bretagne, les Etats-Unis
apparaissent ainsi comme les « forces qui ont libéré
l'Europe ». Cette falsification va jusqu'à ignorer
la part déterminante de l'offensive de l'Armée Rouge en
janvier 1945 qui a sauvé les Anglo-américains de la
catastrophe dans les Ardennes! De même au sujet du
débarquement, K. Vorochilov précisait les faits
suivants:
« A
la suite de ces opérations (celles de 1944), les alliés
balkaniques de l'Allemagne furent mis hors de combat : la Roumanie
royaliste, la Bulgarie tsariste, la Finlande fascisante et la Hongrie
de Horthy. Tous les envahisseurs fascistes furent chassés des
frontières de l'URSS et les opérations militaires
entièrement transférées sur le territoire de
l'ennemi » (K. Vorochilov: Bolchevik n°24. 1949)
En
1944 sur le front oriental furent mises hors de combat 136 divisions
allemandes, obligeant l'Etat-major fasciste à transférer
32 divisions prises sur le front ouest. J.V. Staline constate:
« Sans
les opérations offensives vigoureuses de l'Armée Rouge
au cours de cet été (1944), opérations qui ont
rivé à notre front près de 200 divisions
allemandes, les troupes de nos alliés n'auraient pu de sitôt
avoir raison des troupes allemandes et les jeter hors de l'Italie
Centrale, de la France, de la Belgique » (J.V.
Staline, Sur la grande guerre de l'Union Soviétique pour le
salut de la patrie, p. 152).
Les
victoires de l'armée soviétique avaient donc créé
toutes les conditions permettant aux Anglo-américains
d'attaquer le fauve fasciste sur son flanc occidental. Pourtant en
septembre 1944, à la frontière allemande, les troupes
US s'arrêtent. Les prétextes donnés sont
dérisoires. La stratégie d'Eisenhower ne fut déterminée
ni par « les mauvaises routes », ni par les
« remparts défensifs » mais par la
politique trouble des impérialistes anglais et américains.
France, Italie, Belgique libérées, on évitait la
« mainmise » soviétique sur toute
l'Europe. De plus, on voulait contraindre l'URSS à une guerre
de longue durée pour l'épuiser davantage. Le Maréchal
soviétique Vorochilov explique : « Le sabotage
dissimulé mais évident de la création du
second-front à l'ouest... a eu comme conséquence la
concentration de toute l'armée allemande contre l'URSS ».
Longtemps,
les impérialistes ont eu l'espoir secret que la Wehrmacht
arrêterait l'Armée Rouge sur le Dniepr, puis la Vistule,
l'Oder, la Neisse, etc. L'accord Churchill-Eisenhower stipulait les
points suivants :
« 1°)
Occuper une place d'armes commune pour pénétrer à
l'intérieur de l'Allemagne en cas de nécessité.
2°) Se dépêcher d'occuper la France afin de ne pas
permettre aux masses populaires de ce pays de remporter la victoire »
(N. Lapine : les falsificateurs de l'histoire de la seconde guerre
mondiale. 1949).
En
novembre 1944, les soldats anglo-américains sont mis en congé!
Les soviétiques à ce sujet constatèrent:
« L’abondante publicité qui accompagna le
départ de l'armée anglaise et d'une partie de l'armée
allemande en « repos d'hiver » fit comprendre à
tous en Occident que les Allemands pouvaient tranquillement
concentrer leurs forces à l'est! » (Kraminov,
« Le second front », p. l 55, l948).
Pendant
ce temps, les services secrets redoublaient de manœuvre. A
Genève, le chef de l'OSS (ancêtre de la CIA), Allen
Dulles, rencontre des émissaires du chef de la Gestapo
Himmler, sur le thème d'une « paix séparée ».
Ce qui n'empêche pas nos éléments trotskistes ou
semi-trotskistes de critiquer l'URSS pour sa politique
« opportuniste ».
Rappelons
ce qui était en jeu alors: « Politiquement la
meilleure solution aurait été d'abandonner le front
occidental et de concentrer toute les forces contre les Russes. Cela
aurait mis dans les mains des Anglo-américains, la totalité
de l'Allemagne et de l'Autriche et porté un coup décisif
au prestige russe. » (Fuller : historien anglais)
De
leur côté, les Allemands mettaient leurs derniers
espoirs dans la désagrégation de la coalition
anti-hitlérienne.
En
janvier 1944, des militaires organisent un coup d'Etat visant à
favoriser une « paix séparée »
avec les Anglo-américains et à mener une croisade
contre le bolchevisme.
Cookridge,
des services secrets britanniques est cité par Ludo Martens
dans sa brochure « Fascisme et anti-communisme »:
« Si les projets des conspirateurs avaient abouti, ils
auraient sans doute conduit à une paix séparée
avec les puissances occidentales et ensuite sans aucun doute à
un pacte antisoviétique entre le nouveau gouvernement
allemand, les Britanniques et les Américains ».
(p. 45)
La
brochure précédente du Cercle Henri Barbusse « La
dissolution de l'Internationale Communiste » traite aussi
des manœuvres du Général Patton, qui rêvait
d'en découdre avec l'URSS.
Dans
cette sombre histoire, le mouvement des peuples contre le fascisme,
l'avancée rapide des troupes soviétiques, les
résistances nationales, la diplomatie habile et souple de
Staline et Molotov obligèrent les dirigeants anglo-américains
à maintenir la « grande alliance » et à
respecter les engagements pris devant l'opinion publique
démocratique.
La
contribution immortelle de l'Union Soviétique à la
cause de la paix, de la démocratie, du socialisme
L'URSS
a sauvé non seulement le peuple soviétique mais aussi
l'ensemble de L'Humanité. Les nazis vouaient les peuples
vaincus à l'extermination ou à l'esclavagisme. La
seconde guerre mondiale a causé des pertes humaines et
matérielles incalculables. 23 millions de morts pour le seule
Union Soviétique. 3 millions de communistes sur les 5 millions
de membres du PC(b)US.
La
guerre a été une redoutable épreuve pour le
régime socialiste. Il a su prouver sa popularité, sa
vivacité, la fraternité militante de ses peuples.
« En
dépit des épreuves multiples de ces années,
l'état d'âme de millions de Soviétiques
correspondait à l'optimisme social, basé sur la
confiance en l'avenir. Le courage dont les Soviétiques ont
fait preuve dans leur combat avec l'ennemi, la conscience du devoir
social, la volonté et la fermeté pour surmonter les
difficultés, l'esprit d'initiative et de confiance en soi, le
fait d'être prêt à prendre des risques et le sens
des responsabilités, tels étaient les traits principaux
des Soviétiques, créés par l'époque
nouvelle » (Nina Andreeva).
L'URSS
a vaincu le fascisme parce que les hommes et les femmes de cet Etat
de dictature du prolétariat étaient dotés des
moyens immenses que l'édification du socialisme dans les
années 20 et 30 avaient mis entre leurs mains, parce que ces
hommes luttaient aussi pour « leur socialisme »,
parce que la cinquième colonne qui causa tant de mal à
la France avait été éliminée lors des
procès de 37 et 38.
La
guerre a vérifié le bien-fondé de la tactique de
Front Populaire, qui a conduit les forces ouvrières et
révolutionnaires à la victoire sur le fascisme. La
guerre a confirmé la validité de la conception
léniniste-stalinienne du processus révolutionnaire
mondial.
Conséquence
de la défaite du fascisme et de la deuxième étape
de la crise générale du capitalisme, les classes
ouvrières de toute une série de pays en jonction avec
l'Armée Rouge libératrice ont œuvré à
des révolutions anti-impérialistes conduisant à
des révolutions prolétariennes et à la formation
d'un vaste camp socialiste de Berlin à Pékin. Le
mouvement de libération nationale, bénéficiant
du soutien internationaliste de l'URSS a secoué le joug des
vieilles puissances impérialistes dans les colonies et
semi-colonies, entraînant la « désagrégation
du système colonial » (Jdanov). Les droits
démocratiques ont progressé dans les pays capitalistes,
par l'existence d'un vaste camp socialiste favorisant la lutte des
classes dans les pays du capital.
Tous
ces résultats obtenus face à un ennemi bestial et
féroce - le fascisme - se sont vus remis en cause par
l'impérialisme qui ne renonce jamais à reconquérir
ce qui a été perdu, et par le révisionnisme
moderne de Khrouchtchev à Gorbatchev qui a ruiné et
désagrégé lentement le camp socialiste et les
PCF, PCI, etc. Pourtant le sacrifice des héroïques
soldats soviétiques continuera de servir d'exemple à
tous les combattants pour la libération nationale et sociale.
Gloire
à chaque soldat, quelque soit sa nationalité, qui au
sacrifice de sa vie a contribué à libérer
l'Humanité de la « bête immonde »
(Brecht) !
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