Le coup d’Etat en URSS
En
1985, lors de l'avènement de M. Gorbatchev, il diagnostiquait
l'existence d'une situation de « pré-crise »
caractérisée par la stagnation surtout sur le plan
économique. Ce prétexte très peu argumenté
à l'époque de la « crise imminente »
amena la nouvelle direction du PCUS et de l'Etat soviétique à
enclencher la « Pérestroïka »
qualifiée pernicieusement de « révolution
dans la révolution », en ce sens que « dès
les premiers pas de la réforme, il est devenu évident
que celte dernière serait condamnée si elle n'était
pas dotée d'un moteur dans le domaine politique »
(la « Glasnost »). Ainsi, selon Gorbatchev, il
s'agissait d'instaurer le « pluralisme socialiste »,
« l'économie de marché socialiste »,
et une « nouvelle mentalité fondée sur les
valeurs universelles »; et tout ceci en dehors de la lutte
de classe… Que
sont devenues aujourd’hui ces belles promesses idylliques ?
GORBATCHEV
PREND LE CONTROLE DU PCUS
Gorbatchev
est arrivé à la tête du parti et de l'Etat
soviétique dans une lutte contre l'ancienne direction
brejnévienne. Qui ne se souvient de la purge par groupes
entiers de ceux que la presse occidentale qualifiait de
« dinosaures » des instances dirigeantes
du parti et de l'Etat? Une des péripéties de cette
prise de contrôle du parti fut la démission d'Egor
Ligatchev sous les applaudissements significatifs des médias
occidentaux. Au même moment était orchestré et
organisé le renversement des brejnéviens au pouvoir
dans les pays de l'Est (l'un après l'autre et dans un ordre de
succession bien calculé, les Jivkov, Honecker et Ceausescu).
Le rôle de Gorbatchev et des occidentaux saute aux yeux dans la
subversion dans les pays de l'Est. Le faux charnier de Timisoara
n'est que le sommet de l'iceberg dans la manipulation tendant à
fourvoyer les peuples et les opinions publiques sur la réalité
des évènements dans l'ancien camp socialiste. Mais
restait le PCUS, dans lequel plusieurs tendances s'étaient
formées à la base, en réponse à la
mainmise gorbatchévienne. Et la création du Parti
Communiste de Russie était une réaction de ceux que la
presse bourgeoise nomme « conservateurs ».
Prendre le contrôle des instances dirigeantes du parti est une
chose, mais c'est vraiment autre chose que d'amener 20 millions de
communistes à se plier au dessein d’une restauration
capitaliste en URSS. D'où la nécessité de rompre
le pouvoir du PCUS en tant que parti sur l'Etat Soviétique,
cette grande conquête d'octobre 1917. La réforme du code
électoral fut le premier pas décisif dans ce sens.
Gorbatchev organisa le retour à la vieille technique éculée
(vu les taux d'abstentions en occident) des « circonscriptions
territoriales », fondement du pouvoir des capitalistes en
Occident. Le principe des « circonscriptions de
production » avec les élections à partir du
lieu de travail, base du pouvoir des travailleurs (ouvriers,
paysans-kholkhoziens et soldats) fut abandonné. Dès
lors, c'est à un véritable assaut de l'intelligentsia
petite bourgeoisie sur les Soviets que l'on assista. D'autant qu'avec
l'adoption de la loi sur le « travail individuel et
coopératif » en 1987, Gorbatchev consacrait le
pouvoir de « l'individu », c'est à dire
le retour au parlementarisme à l'occidentale.
LA
LIQUIDATION DES SOVIETS
OUVRIERS, PAYSANS ET SOLDATS...
La
campagne électorale fut l'occasion d'une offensive sans
commune mesure contre l'histoire du PCUS, de la révolution
d'octobre, de la formation de l'URSS et de l'édification
socialiste. Jamais on aura vu une telle débauche de
falsifications historiques, contrevérités, de
dénigrements, de diffamations présentant celle-ci comme
une série de crimes, de mensonges, de complots,
d'assassinats... De tels agissements qui sous d'autres cieux auraient
entraîné des procès pour diffamations, sont et
restent impunis. Par complaisance intéressée,
Gorbatchev lui même devait s'en donner à cœur joie
avec les falsificateurs de l'histoire héroïque des
peuples d'URSS, de sa glorieuse classe ouvrière et de sa
paysannerie. La « glasnost » n'aura été
que le moyen par lequel les descendants des classes réactionnaires
renversées par la révolution d'Octobre et des Nepmen
et koulaks dépossédés par la socialisation
et la collectivisation de l'industrie et de l'agriculture ont relevé
la tête et se sont emparés lors des élections de
pans entiers du pouvoir d'Etat. Il ne pouvait en être autrement
car cette attaque contre l'histoire du parti et du premier Etat des
ouvriers et des paysans du monde avait pour but de jeter le discrédit
sur le parti de Lénine, la Révolution qu'il a conduit
et l'Etat qu'il a édifié. La falsification de
l'histoire fut le seul programme électoral de toutes les
forces anti-communistes.
L'idéologie
que ces forces ont opposé au communisme fut et reste le
nationalisme, y compris le nationalisme grand-russe dont Eltsine est
un porte parole. La mise sur pied du régime présidentiel
gorbatchévien fut le second volet de cette expulsion
orchestrée du parti au pouvoir. L'abolition de l'article 6 de
la Constitution sur le rôle dirigeant du parti n'était
que la consécration de la dépossession du parti de tous
ses pouvoirs d'Etat. Qui peut nier que toute la politique menée
par Gorbatchev, toutes ses décisions étaient prises en
dehors du parti est bel et bien dans le cadre des nouvelles
institutions présidentielles? Tout le monde a pu voir que
Gorbatchev n'aura fait que mettre le parti devant des décisions
prises en dehors de ses instances régulières et souvent
contre le PCUS, que ce dernier était appelé à
admettre ensuite. De même, tous les gorbatchéviens qui
furent promus à la tête des différentes instances
du système présidentiel agissaient non pas au compte du
PCUS, mais n'étaient responsables que devant le conseil
présidentiel et le nouveau Soviet Suprême issu des
élections.
UN
COUP D'ETAT CONTRE LE PCUS
Tout
ce beau monde s'entendait sur l'objectif inavoué de restaurer
le capitalisme en URSS. Mais il fallait réaliser cela tout en
préservant l'Union, voire même la transformer en Empire.
Ce qui devait arriver arriva. Le démon du nationalisme utilisé
comme instrument idéologique contre l'internationalisme
communiste agissait tout naturellement contre l'Union elle même.
Ils étaient tous d'accord pour miner le PCUS de l'intérieur,
pour le transformer en parti social-démocrate candidat à
l'adhésion à l'Internationale Socialiste comme
l'annonçait le dernier rapport de Gorbatchev au CC du PCUS.
Mais il n'était pas prévu d'accepter le démembrement
du pays. C'est là que réside le problème
essentiel qui a conduit au coup d'Etat du 19 août 1991. A la
réunion du G7, les impérialistes ont exigé de
Gorbatchev des mesures décisives en matière de
privatisation de l'économie, mais aussi de démembrement
de l'URSS. L'empressement des occidentaux à reconnaître
l'indépendance des Pays Baltes en est une preuve évidente.
Et Gorbatchev avait pris des engagements en ce sens, comme il vient
de le faire maintenant. Mais il fallait un « choc »
pour faire passer cette pilule amère en contrebande.
L'acceptation par Gorbatchev des exigences impérialistes était
un écart par rapport aux plans initiaux conçus avec ses
amis du Conseil Présidentiel. Mais en même temps c'était
un piège tendu dans lequel ils sont tombés en agitant
le mensonge infantile que l'on sait sur la soi-disant « maladie
du président ».
On
a rapporté d'ailleurs qu'il y a eu une « discussion
houleuse » entre eux et Gorbatchev. Mais rien ne nous a
été dit sur le contenu précis de cette dispute.
Par contre la déclaration des putschistes est essentiellement
axée sur la question de « l'Union ».
En
fait le coup d'Etat ouvrait la voie à l'interdiction du PCUS
et du PCR, à la répression des communistes. Il s'agit
d'une vaste provocation dont le but est de détruire toute
l’organisation des 14 millions de communistes attachés à
la cause et au parti de Lénine et qui refusent de « renier
leurs principes », qui n'accepteront jamais la destruction
de leur patrie socialiste et la restauration capitaliste.
La
bande des putschistes n'était pas des naïfs comme tentent
de l'accréditer les médias. Comment se fait-il que
Eltsine ait pu traverser tout Moscou de sa datcha au Parlement Russe
pour y faire son fameux appel à la « grève
générale », superbement ignoré par
les travailleurs soviétiques?
Que
signifie l'invitation étrangement naïve du chef du KGB
(membre du conseil présidentiel) et putschiste, à
Eltsine pour que ce dernier l'accompagne voir Gorbatchev prétendument
mis à l'écart? Comment se fait-il que les putschistes
aient permis à ce même Gorbatchev d'enregistrer une
cassette vidéo dénonçant le putsch? Comment
expliquer ce choix pour le moins étrange de troupes si peu
enclines à donner l'assaut contre la « Maison
Blanche » du parlement Eltsinien ? Quels sont ces drôles
de putschistes qui auront tout fait pour échouer
lamentablement? Nous faut-il vraiment croire que ces comploteurs, qui
auront agi en « grands professionnels » pour
renverser les régimes des pays de l'Est, ne sont que de
vulgaires amateurs?
Toutes
ces questions et bien d'autres faits nous font penser que la piste
d'une vaste provocation dirigée contre les communistes et
leurs partis est à prendre avec beaucoup de sérieux.
L'interdiction aux communistes du droit à s'organiser, la
saisie des biens et des finances du PCUS et l'interdiction de toute
commémoration de la révolution d'Octobre dans le pays
montre bien le but non dit de cette provocation. La démission
honteuse de Gorbatchev, son appel scandaleux et anti-démocratique
à « l'auto-dissolution du PCUS », la
chasse aux sorcières contre les communistes et l'interdiction
de leur presse l'atteste avec éloquence.
Un
proche conseiller de Gorbatchev, invité par le « refondateur »
Jack Ralite, ancien ministre de la santé de Mitterand, Alexis
Kojemiakov, vient d'affirmer que le coup d'Etat avait marqué
« la fin de la Perestroïka telle qu'elle avait été
conçue depuis 1985, c'est à dire comme tentative de
réformer le système par le compromis »
et que le PCUS n'avait fait que consommer « son
démantèlement sur le plan moral, puis au plan des idées
et au plan organisationnel » (Le Monde du
14/9/91). N'est-ce pas ce qu'a fait Gorbatchev: Démanteler le
PCUS au « plan moral », puis au « plan
des idées » et provoquer un « choc
puissant » pour le détruire au « plan
organisationnel" » Et le « système
du compromis » fut l'outil qui permit la prise du contrôle
du PCUS et l'expulsion du parti au pouvoir avant la mise en oeuvre de
la liquidation en cours cette fois par l'interdiction et la
répression. A bien des égards, les évènements
depuis le putsch ressemblent fort à une réédition
de l'incendie du Reichstag, le parlement allemand, en 1933, qui
fut attribué faussement aux communistes par les nazis qui en
étaient les vrais auteurs. Mais comme on le sait ce « choc
puissant » fut utilisé par les Hitlériens
pour abolir le PC allemand et envoyer les communistes dans les
premiers camps de concentration. Comment comprendre autrement la mise
en accusation précipitée d'un parti dont le secrétaire
général (au moment des faits, Gorbatchev l'était
encore) était désigné comme la principale
victime des putschistes? N'est-ce pas son adjoint au PCUS, Vladimir
Ivachkova, qui a ouvertement et dès les premières
heures exigé au nom du parti que le « président
et secrétaire général puisse s'exprimer en
public »? Comment ne pas comprendre alors que suite à
tant de faits et bien d'autres encore, le parti et les communistes
subissent les affres de la dictature de droite et d'extrême
droite qui se met clairement en place en URSS avec la bénédiction
des Impérialistes? Comment ne pas voir que ceci est le vrai
sens de cette provocation orchestrée et menée demain de
maître?
D'ailleurs
les putschistes ne font aucune référence au parti dans
leur déclaration instituant leur « comité
pour l'Etat d'urgence ». Et pour cause, car c'est au
système présidentiel à l'américaine
qu'ils doivent leurs fonctions dans l'Etat, le parti exclu du pouvoir
par Gorbatchev n'étant plus le centre des décisions
d'Etat. Un tel système exige au contraire la transformation
des partis en machines au service des hommes d'Etat, lesquels
gouvernent au profit des classes exploiteuses en voie de constitution
en URSS.
LUTTER
POUR REVENIR A NOTRE FUTUR
Durant
les 61 heures d'existence du « comité pour l'Etat
d'urgence », les Soviétiques ont vu réapparaître
dans les magasins des denrées qui avaient disparu. Comment ne
pas se souvenir que devant le Soviet Suprême, Krioutchov,
chef du KGB, l'un des auteurs du coup d'Etat, avait dénoncé
le caractère « artificiel de la pénurie »?
C'est dire que l'on ne peut que s'interroger sur la réalité
même de la « pénurie des biens de
consommation » en URSS? Se peut-il qu'il y ait une
orchestration voulue et intéressée d'une telle pénurie?
Et quel rôle joue Gorbatchev dans une telle situation? Qu'il y
ait des problèmes sur le plan économique, nous n'en
doutons pas. Mais ne sont-ils pas exagérés, gonflés
dans le but sordide de discréditer l'économie
socialiste et de crédibiliser l'alternative capitaliste?
Nous
retenons avec une forte attention que les communistes dans leur
masse, la classe ouvrière et la paysannerie kolkhozienne se
sont démarqués tant des putschistes gorbatchéviens
que des restaurateurs Eltsiniens et gorbatchéviens. C'est très
important pour la suite des évènements. Nous comprenons
aussi qu'après toutes ces décennies de révisionnisme,
une certaine distanciation s'est opérée entre le parti
et les masses. Mais devant les mesures restauratrices en cours et
dont l'essentiel est à venir, le fil rompu peut et doit être
renoué. C'est cela le cauchemar des Gorbatchev, Eltsine et
consorts. C'est là la véritable raison de la chasse aux
communistes et l'interdiction frappant leurs partis. La classe
ouvrière a besoin de son parti pour se constituer en force
politique indépendante et organisée pour sa lutte de
classe en vue de la conquête du pouvoir politique.
Nous
devons, communistes, ouvriers, peuples opprimés et démocrates,
nous mobiliser pour éventrer ce vaste complot et cette
provocation cynique dans une solidarité internationaliste
contre l'interdiction du PCUS, du PCR et contre la chasse aux
sorcières en URSS. Nous devons agir pour le droit à
l'organisation des communistes et la levée de tout interdit
les frappant. Tous les biens, locaux, journaux et finances du PCUS et
du PCR doivent être restitués. Nous devons prendre les
capitalistes au mot, pour la défense des libertés
démocratiques et des droits acquis des travailleurs. Nous
devons comprendre que le moment est propice pour les forces du
capital et les impérialistes qui tentent de reprendre tous les
droits et acquis conquis hier de haute lutte, avec l'apport du
mouvement communiste international.
De
même qu'hier l'existence même de l'URSS socialiste avec
les grands acquis des travailleurs galvanisait par son exemple la
lutte de la classe ouvrière mondiale dans les pays occidentaux
et les luttes des peuples opprimés contre la domination
impérialiste, de même la défaite actuelle va et
est déjà utilisée par les capitalistes et les
impérialistes pour reprendre ce qu'ils avaient été
obligés de céder hier sous les coups des luttes.
L'ennemi
de classe ne reculera devant aucun moyen, devant aucune méthode.
Il agira et agit déjà dans le sens de réaliser
le rêve impossible de la « fin de l'histoire »
comme l'annonce un conseiller de Bush, Francis Fukuyama. Partout une
attaque sans commune mesure contre les organisations communistes
qui refusent de se saborder va et se développe déjà
parallèlement aux agressions contre le monde du travail et les
peuples, Le sort présent des peuples irakien et palestinien en
est une illustration, et Bush rêve déjà d'enlever
de son pied l'épine cubaine avec l'aide de Gorbatchev et
d’Eltsine.
Gageons
que nous saurons tirer les leçons de cette défaite
temporaire de notre Classe, que nous saurons, malgré les
péripéties de l'histoire, retrouver le chemin de notre
futur dans la voie ouverte par la Commune et par Octobre 1917.
Le
communisme reste et demeure l'avenir du monde !
Septembre
1991
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