Ce
sera donc, à nouveau, un second tour Macron – Le Pen. Le
scénario rêvé par Macron, et préparé
par lui depuis 5 ans. Le scénario qu’il fallait
absolument éviter car entre la droite réactionnaire
macronienne et la fasciste modernisée Le Pen, le peuple est
pris en tenaille.
C’est
pour éviter le remake d’une telle situation qu’il
était important de tout faire pour faire accéder
Jean-Luc Mélenchon au second tour, afin d’offrir aux
électeurs la possibilité d’avoir un vrai choix de
2ème tour, et potentiellement la victoire pour une gauche de
rupture : antilibérale, antifasciste, eurocritique,
écologiste et antiguerre.
La
belle réussite du candidat de l’Union populaire
Jean-Luc
Mélenchon termine 3ème avec
22% des voix. Il ne lui aura manqué que 1,2 points pour passer
devant Le Pen (23,2%) et se qualifier pour ce second tour.
Il
a pourtant rassemblé 7,7 millions d’électeurs,
avec des scores importants dans la France populaire des villes et des
champs et des scores significatifs dans les grandes villes, notamment
grâce au vote des quartiers populaires avec une forte présence
de populations d’origine immigrée : la France de la
diversité multiculturelle s’est clairement opposée
à une France repliée sur elle-même et sa pureté
imaginaire vantée par Zemmour et Le Pen.
L’aspiration
au changement, à construire une alternative populaire
antilibérale, antifasciste et démocratique s’est
exprimée de façon magistrale et devra continuer à
s’exprimer. Nous, comme communistes, y avons pris notre part et
continuerons à la prendre.
On
peut comprendre la déception profonde de millions de gens,
mais il faut retenir ce formidable élan et ce score jamais
atteint lors des deux précédentes campagnes (11,1% en
2012; 19,6% en 2017) à partir duquel il faudra construire une
résistance politique à l’ultra-libéralisme
macronien.
Certes
le MEDEF/CAC40 avec l’aide de ses médias et de ses
sondages a gagné dans l’immédiat une bataille en
imposant le piège Macron contre Le Pen, libéralisme
fascisant contre fascisme au second tour de la présidentielle.
La
division de notre camp antilibéral, antifasciste, antiguerre,
écologiste et eurocritique a été le principal
obstacle qui a empêché de déjouer ce piège
Macron-Le Pen, alors évitons de rejouer le même match
perdant-perdant aux législatives !
Le
PS et l’EELV sont des libéraux va-t-en-guerre qui ont
encore une fois démontré dans la présidentielle
qu’ils sont au service du MEDEF/CAC40 et de l’UE du
capital financier et de l’OTAN. Tout comme la
bipolarisation « droite - gauche », le peuple
les a rejetés comme partis du grand patronat dont les profits
explosent pendant que la pauvreté interne explose et que les
aventures guerrières à l’extérieur se
multiplient.
Au
second tour : ne pas sous-estimer le fascisme lepéniste
La
classe ouvrière et le peuple ont subi Macron et sa politique
de la broyeuse sociale, liberticide, guerrière et du racisme
diviseur. Nous ne sommes pas près d’oublier ses lois
antisociales, la répression des Gilets Jaunes, sa
privatisation de l’hôpital, sa gestion calamiteuse de la
pandémie, son mépris du peuple. Mais nous le disons
franchement : la colère est compréhensible, mais
il faut garder la tête froide et nous pensons que le remède
serait pire que le mal.
L’accélération
de la fascisation symbolisée par l’occupation de la
scène politique par le discours de haine de Zemmour et la
« modération » tactique qui banalise Le
Pen ne doit pas nous faire oublier que ce sont là deux faces
de la même médaille fasciste, qui partagent par ailleurs
avec Macron le libéralisme en matière économique
et sociale.
Si
tous sont pour la guerre de classe de la bourgeoisie contre les
travailleurs, les précaires et les pauvres, Le Pen y ajoute la
guerre d’une partie des travailleurs contre une autre partie
des travailleurs, divisant profondément le peuple avec des
concepts racistes comme la « préférence
nationale ».
Il
y a des expériences qu’il vaut mieux faire éviter
au peuple. Le Pen, avec ses nouveaux airs de respectabilité,
n’en reste pas moins l’incarnation d’un courant
politique fasciste, et il ne faut pas prendre cela à la
légère, au risque de n’avoir que ses yeux pour
pleurer ensuite.
Entre
fascisme lepéniste et macronisme qui, par sa politique
réactionnaire, pave la voie au fascisme, il reste une
différence. Les travailleurs et populations
d’origine immigrée, en particulier du Maghreb ou
d’Afrique noire, les communautés musulmanes aussi,
sentent cette différence. Le Pen au pouvoir signifierait pour
elles un gouvernement de guerre civile ouverte.
Plus
largement, l’extrême-droite au pouvoir serait encore un
accélérateur considérable de la fascisation de
la société, en laissant libre cours à la haine
des troupes de choc des nervis fascistes contre les travailleurs
(attaques des piquets de grève…) et leurs organisations
syndicales (risquant d’être ouvertement réprimées
sous prétexte de « trouble à l’ordre
public » ou d’atteinte à la « liberté
du travail »), contre les femmes aussi et contre les
minorités de toutes sortes.
Pour toutes ces
raisons, nous appelons à voter contre Le Pen en utilisant, à
contre-cœur, le seul bulletin restant à notre
disposition: le bulletin Macron
Législatives
: unité de notre camp antilibéral, antifasciste,
antiguerre, écologiste, eurocritique !
Au-delà
des erreurs et même des fautes sectaires dont tout le monde
connaît les responsables qui ont divisé à la
Présidentielle notre camp antilibéral, antifasciste,
antiguerre, écologiste et eurocritique, nous devons absolument
rassembler à nouveau pour les législatives les forces
politiques de la FI, du PCF et de la reconstruction communiste.
Celles qui avaient su mener la campagne victorieuse du NON au TCE.
Celles qui avaient porté en 2012, puis 2017 la candidature de
Mélenchon. Celles qui ont soutenu la rébellion sociale
légitime des Gilets Jaunes, la contestation de la gestion
pro-patronale de la pandémie du covid, les mobilisations
ouvrières, antiracistes, antifascistes, anti-violences
policières, climatiques, pour la régularisation des
sans-papiers. Celles qui appellent à sortir de l’OTAN, à
la Paix, notamment en Ukraine, à la solidarité avec le
peuple palestinien martyr et à une relation décolonisée
avec l’Afrique.
Comme
l’a indiqué Mélenchon lui-même dans son
discours au soir du 1er tour,
une nouvelle force politique (le « pôle populaire »)
a émergé à gauche avec la fin du piège
bourgeois de la bipolarisation « droite-gauche » ;
nous demandons à la France Insoumise / Union populaire de
prendre toutes les initiatives pour rassembler notre camp social et
politique pour les législatives.
Ce
n’est qu’un début, continuons le combat ! Dès
juin dans les législatives et dès demain dans les
luttes sociales !
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