« Je
mesure combien les décisions prises peuvent heurter et
susciter des craintes et des oppositions. Faut-il pour autant
renoncer à changer notre pays, notre quotidien ? Non. Car ce
serait abandonner ceux que le système a déjà
abandonné, ce serait trahir nos enfants, leurs enfants après
eux, qui alors, auraient à payer le prix de nos renoncements.
C’est pour cela que la réforme des retraites sera menée
à son terme »
Voilà
le message délivré par le Président Macron aux
français au soir du 31 décembre en guise de bonne année
aux travailleurs de ce pays.
Alors
que la France n’a pas connu un mouvement social d’une
telle ampleur et d’une telle durée depuis plus de 15
ans, les vœux du Président Macron sonnent comme une
déclaration de guerre à toutes celles et ceux qui
depuis plus d’un mois ont sacrifié leur salaire, leur
vie familiale pour se dresser contre le projet de loi sur la retraite
à points. C’est une déclaration de guerre à
tous les travailleurs de ce pays avec ou sans emploi. C’est une
déclaration de guerre à toutes celles et ceux qui ont
construit le pacte social en 1945, au sortir de la victoire sur le
fascisme. C’est une déclaration de guerre au modèle
basé sur la solidarité intergénérationnelle
pour lui substituer un modèle individualiste et porteur de
régression sociale.
Car
plus personne n’est dupe. Ce système conduit
mécaniquement à une baisse drastique des niveaux de
pensions et/où à un allongement de la durée du
travail. Les exemples de l’Allemagne (où les retraites
ont baissé de 10 % par rapport aux salaires, où
2,7 millions de personnes de plus de 65 ans vivent sous le seuil de
pauvreté) et de la Suède (où l’on doit
travailler jusqu’à 68,5 ans pour toucher le montant
qu’ils avaient avant la réforme, à 65 ans), sont
là pour en témoigner.
En
réalité, cette réforme concoctée dans les
coulisses de Bruxelles, vise à baisser les pensions en Europe
et ouvrir la porte aux vautours de la capitalisation, les fonds de
pension comme celui qui vient de mettre sur la paille des milliers de
routiers états-uniens.
Les
faux arguments...
Système
universel contre régimes spéciaux :
Avec
le système à points tout le monde est logé à
la même enseigne ! Voilà un argument rabâché
par le cercle gouvernemental et relayé par les chiens de garde
de la presse aux ordres. On oublie que le terme universel est
rattaché au progrès de l’humanité :
en quoi un système basé sur l’exploitation et le
pillage des salariés peut prétendre à cet
adjectif ? Il y a des régimes spéciaux car
justement tout le monde n’exerce pas le même métier
et qu’il faut prendre en compte les spécificités.
Et puis d’ailleurs, si le système qu’on nous
propose est synonyme de « progrès social »
(dixit Macron), pourquoi ne pas en faire profiter la police et les
militaires ? pourquoi doivent-ils se sacrifier en conservant
leurs régimes spéciaux ?
Chaque
euro cotisé ouvre les mêmes droits :
Les
points acquis ne seront convertis en euros que le jour du départ
à la retraite. Le nombre de points dépend donc du
salaire et de la durée de travail. Mais la valeur d’un
point n’est pas connue et donc jusqu’au jour du départ
à la retraite, on ne sait pas combien on va toucher. De plus,
si la population vieillit, s’il y a moins de contributions
sociales, s’il y a de nouvelles crises financières, si
la dette publique augmente, si le montant des pensions dépasse
les 14% du PIB… la valeur des points retraite diminue. La
pension à points rend le montant de la pension dépendante
de facteurs qui n’ont rien à voir avec votre salaire.
C’est donc une tombola, comme l’appelle nos amis belges !
Par
contre, pour les gros salaires (supérieurs à 10 000€
mensuels), ils pourront placer leur argent dans les fonds de
pensions. C’est de cette manière que les assurances et
les courtiers veulent faire main basse sur 200 milliards d’euros
qui étaient injectés normalement dans le système
solidaire ! Et ces fonds de pension seront proposés à
terme à l’ensemble des travailleurs pour compenser la
faiblesse des pensions macronisées qu’on nous prépare !
Avec tous les risques que cela comporte comme au moment de la crise
des subprimes aux Etats-Unis !
La
population vieillit, il y a de moins en moins d’actifs :
C’est
vrai mais à qui la faute ? Certainement pas aux millions
de travailleurs sans emploi qui restent sur le carreau, ni aux
millions de précaires vivant sous le seuil de pauvreté.
C’est le résultat d’un système qui exploite
avec pour seul objectif d’augmenter les profits de quelques
milliardaires au détriment de dizaines de millions de
travailleurs. C’est le résultat d’une politique de
désindustrialisation, de délocalisation des emplois.
En
réalité, elle est là la solution :
relocaliser l’emploi (qui permet d’augmenter le nombre
d’actifs), augmenter les salaires et taxer lourdement les
entreprises françaises qui délocalisent.
On
doit travailler plus longtemps car on vit plus longtemps :
Ce
vieil argument procède d’un raisonnement mécaniste
qui ne résiste pas très longtemps ; D’abord
on vit plus longtemps en partie parce que la durée du travail
a pendant très longtemps diminué avant de repartir à
la hausse depuis les différentes réformes sur les
retraites. La qualité du système de santé est
aussi une des causes de cette augmentation, mais le système se
dégrade et l’accès aux soins pour les plus
démunis est de plus en plus difficile. Ensuite, l’espérance
de vie n’est pas la même pour les cadres que pour les
ouvriers (6 ans de moins). Enfin, l’espérance de vie en
bonne santé est aussi plus faible et là c’est 10
ans de moins pour l’ouvrier par rapport au cadre. Donc,
l’ouvrier vit moins et encore moins en bonne santé.
C’est dire qu’il profitera très peu de sa
retraite !
Et
puis, le progrès social qu’invoque systématiquement
Macron et sa bande, ne serait pas justement l’opposé de
ce qu’il propose : travailler moins longtemps, pour
pouvoir profiter d’une retraite bien méritée et
réduire le nombre de travailleurs sans emploi et de
précaires ? Pourquoi laisser un stock de travailleurs
sans emploi et chercher à tout prix à maintenir les
anciens en activité ? Pour tirer les salaires vers le
bas, les pensions vers le bas, la société vers le bas
et en contrepartie engraisser les parasites du CAC 40 qui n’en
ont jamais assez.
Comme en Belgique,
nous pouvons et nous devons gagner !
En
Belgique, le gouvernement a voulu faire passer la même réforme.
C’est d’une seule voix que les organisations syndicales
et les partis politiques de gauche ont su mobiliser les salariés
et faire reculer le gouvernement avec un seul mot d’ordre :
non à cette réforme. C’est ce message clair forgé
et mené dans l’unité qui a permis la victoire.
En France, la victoire
est proche. L’exécutif montre les muscles mais déjà
leur unité se lézarde. Il nous faut amplifier le
mouvement de grève, et paralyser l’économie. Les
capitalistes ont horreur d’une seule chose : que l’on
touche à leur portemonnaie. Par la grève et les
manifestations, par l’arrêt de la production, c’est
comme cela que nous les ferons plier.
Et
surtout ne nous laissons pas leurrer ; L’âge pivot
est une fumisterie et une arnaque pour démobiliser les
travailleurs. Ne nous laissons pas piéger et comme nos
camarades belges, disons non ensemble à cette réforme.
C’est la seule revendication envisageable si l’on veut la
victoire. Et elle est à portée de main !
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