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Retourner à la liste Imprimer 2020_06_14_traore.pdf Juin 2020
De Floyd à Traoré: Stop au racisme d'Etat!

Déclaration de la Coordination Communiste

La manifestation de masse de plus de 100 000 personnes à Paris ce samedi et de plusieurs milliers de personnes dans d’autres villes de France contre les violences policières racistes, à l’initiative du Collectif Adama Traoré (qui milite pour que justice soit faite sur son assassinat il y a quatre ans, et sur tous les autres meurtres racistes perpétrés par la police) est un évènement historique de cette dernière période sociale, n’en déplaise à tous ceux qui veulent cantonner la lutte antiraciste à sa seule dimension « sociétale ».

Le mouvement actuel s’inscrit évidemment dans le cadre des révoltes populaires aux Etats-Unis à la suite du meurtre de George Floyd par la police de Minneapolis, qui trouve un écho dans l’ensemble des pays impérialistes occidentaux où le racisme est une constante de la répression antisociale. Mais il serait réducteur de réduire les manifestations en France à une simple « réplique » du séisme US : en France aussi, il faut le répéter, le racisme est institutionnel, et les manifestations actuelles dépassent largement la lutte contre le « racisme en général ». Il marque un bond en avant de la dimension politique de cette lutte antiraciste.

Les manifestants imposent enfin un débat qui s’organise maintenant autour d’une question fondamentale : le racisme, policier en l’occurrence ici (même s’il existe dans bien d’autres appareils d’Etat en France), est bien « systémique », « institutionnel » et non le fait de « quelques  policiers marginaux ». Evidemment il y a dans la police des agents qui ne sont pas racistes, il y a même des policiers qui, du fait de leur couleur de peau ou de leur religion, sont mêmes – et ils en témoignent- victimes de racisme par leurs collègues et leur hiérarchie, … mais le racisme dénoncé par les manifestations d’aujourd’hui, est bien un « racisme d’Etat », même si beaucoup y compris dans le camp progressiste ont eu tendance à le nier au nom des « valeurs républicaines » et de la « laïcité contre les communautarismes ». Réalité pourtant reconnue aujourd’hui par le « Défenseur des droits » Jacques Toubon qui dénonce les « discriminations systémiques » de la Police dans un rapport récent.

Idéologiquement, ce racisme d’Etat a pris de nos jours des formes beaucoup plus subtiles qu’à l’époque coloniale, où il se déchainait de façon brutale et sans fard. L’islamophobie en est aujourd’hui une des formes les plus raffinées, puisqu’elle permet de stigmatiser une très large part de notre classe ouvrière dans un but assez clair de division sociale, tout en préservant les « apparences » d’un état républicain « laïc »… Face à l’ampleur du mouvement contre le racisme et les violences policières, la macronie, par la voix de Castaner, l’homme des lacrymo et des matraques depuis deux ans, joue un jeu pervers : d’un côté, évidemment, il ne lâche rien sur la question de la justice de classe raciste et sur celle de la répression quotidienne dans nos quartiers populaires ; d’un autre, en affichant très vite des propos « contre le racisme dans la police », il excite les forces les plus réactionnaires dans une stratégie de diversion par le clash, remettant en selle le RN qui reste, pour LREM, son meilleur faire-valoir. Face aux actes symboliques du mouvement (dont les attaques de statues de colonialistes et de fascistes encore à l’honneur en France sont les plus médiatisés), faute de pouvoir récupérer le mouvement lui-même (comme on a coutume de le faire depuis l’édulcoration des luttes antiracistes de 1984 par le PS-SOS Racisme), l’Etat et les médias à ses ordres mettent tout en œuvre pour stigmatiser les manifestants (accusés aussi, la ficelle comme à être grosse, d’ « antisémitisme ») et ériger en face toutes les forces réactionnaires de ce pays, à commencer par les fractions les plus racistes de la police.

La Coordination Communiste 59-62 / Rassemblement Communiste appelle toutes les forces progressistes et antiracistes à poursuivre cet élan salvateur contre le racisme d’Etat, samedi 20 juin à Lille, place de la République, devant la funeste statue du Général Faidherbe, grand colonisateur de l’Afrique de l’Ouest au XIXème.

Vive le nouveau souffle politique de « la France d’après » ! C’est ce souffle-là, comme celui de toutes les luttes de classe actuelles comme le 16 juin avec les soignants, qu’il faut entretenir et développer, car elles convergent naturellement : Ils ne nous diviseront plus !



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