La manifestation de
masse de plus de 100 000 personnes à Paris ce samedi et de
plusieurs milliers de personnes dans d’autres villes de France
contre les violences policières racistes, à
l’initiative du Collectif Adama Traoré (qui milite pour
que justice soit faite sur son assassinat il y a quatre ans, et sur
tous les autres meurtres racistes perpétrés par la
police) est un évènement historique de cette dernière
période sociale, n’en déplaise à tous ceux
qui veulent cantonner la lutte antiraciste à sa seule
dimension « sociétale ».
Le mouvement actuel
s’inscrit évidemment dans le cadre des révoltes
populaires aux Etats-Unis à la suite du meurtre de George
Floyd par la police de Minneapolis, qui trouve un écho dans
l’ensemble des pays impérialistes occidentaux où
le racisme est une constante de la répression antisociale.
Mais il serait réducteur de réduire les manifestations
en France à une simple « réplique »
du séisme US : en France aussi, il faut le répéter,
le racisme est institutionnel, et les manifestations actuelles
dépassent largement la lutte contre le « racisme en
général ». Il marque un bond en avant de la
dimension politique de cette lutte antiraciste.
Les manifestants
imposent enfin un débat qui s’organise maintenant autour
d’une question fondamentale : le racisme, policier en
l’occurrence ici (même s’il existe dans bien
d’autres appareils d’Etat en France), est bien
« systémique », « institutionnel »
et non le fait de « quelques policiers marginaux ».
Evidemment il y a dans la police des agents qui ne sont pas racistes,
il y a même des policiers qui, du fait de leur couleur de peau
ou de leur religion, sont mêmes – et ils en témoignent-
victimes de racisme par leurs collègues et leur hiérarchie,
… mais le racisme dénoncé par les manifestations
d’aujourd’hui, est bien un « racisme d’Etat »,
même si beaucoup y compris dans le camp progressiste ont eu
tendance à le nier au nom des « valeurs
républicaines » et de la « laïcité
contre les communautarismes ». Réalité
pourtant reconnue aujourd’hui par le « Défenseur
des droits » Jacques Toubon qui dénonce les
« discriminations systémiques » de la
Police dans un rapport récent.
Idéologiquement,
ce racisme d’Etat a pris de nos jours des formes beaucoup plus
subtiles qu’à l’époque coloniale, où
il se déchainait de façon brutale et sans fard.
L’islamophobie en est aujourd’hui une des formes les plus
raffinées, puisqu’elle permet de stigmatiser une très
large part de notre classe ouvrière dans un but assez clair de
division sociale, tout en préservant les « apparences »
d’un état républicain « laïc »…
Face à l’ampleur du mouvement contre le racisme et les
violences policières, la macronie, par la voix de Castaner,
l’homme des lacrymo et des matraques depuis deux ans, joue un
jeu pervers : d’un côté, évidemment,
il ne lâche rien sur la question de la justice de classe
raciste et sur celle de la répression quotidienne dans nos
quartiers populaires ; d’un autre, en affichant très
vite des propos « contre le racisme dans la police »,
il excite les forces les plus réactionnaires dans une
stratégie de diversion par le clash, remettant en selle le RN
qui reste, pour LREM, son meilleur faire-valoir. Face aux actes
symboliques du mouvement (dont les attaques de statues de
colonialistes et de fascistes encore à l’honneur en
France sont les plus médiatisés), faute de pouvoir
récupérer le mouvement lui-même (comme on a
coutume de le faire depuis l’édulcoration des luttes
antiracistes de 1984 par le PS-SOS Racisme), l’Etat et les
médias à ses ordres mettent tout en œuvre pour
stigmatiser les manifestants (accusés aussi, la ficelle comme
à être grosse, d’ « antisémitisme »)
et ériger en face toutes les forces réactionnaires de
ce pays, à commencer par les fractions les plus racistes de la
police.
La Coordination
Communiste 59-62 / Rassemblement Communiste appelle toutes les forces
progressistes et antiracistes à poursuivre cet élan
salvateur contre le racisme d’Etat, samedi 20 juin à
Lille, place de la République, devant la funeste statue du
Général Faidherbe, grand colonisateur de l’Afrique
de l’Ouest au XIXème.
Vive le nouveau
souffle politique de « la France d’après » !
C’est ce souffle-là, comme celui de toutes les luttes de
classe actuelles comme le 16 juin avec les soignants, qu’il
faut entretenir et développer, car elles convergent
naturellement : Ils ne nous diviseront plus !
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