L'attentat
contre la Mosquée de Bayonne à coups de fusils et
tentative d'incendie, qui a fait des blessés graves, est une
conséquence directe de l'atmosphère islamophobe créée
à la veille
d’un puissant mouvement
de grève généralisée contre le
saccage des
retraites, alors que les colères montent de toute part
(hospitaliers, cheminots, pompiers, Gilets jaunes …). La
bourgeoisie ressort son
arme abjecte de division massive :
l’islamophobie. Il y a un an, au début du mouvement des
Gilets Jaunes, cette arme avait été aussi agitée.
Ainsi,
à Dijon un élu RN Julien ODOUL s’est senti
autorisé à invectiver une maman accompagnant une sortie
scolaire car elle était voilée et n’avait rien à
faire, selon lui, dans l’enceinte du Conseil Régional à
ce titre. Dans la foulée, le Ministre de l’Education
Jean-Michel Blanquer a affirmé être personnellement
opposé à ce que des mères voilées
accompagnent les élèves lors des sorties scolaires, en
dépit de la loi donc qui l’autorise… montrant une
fois de plus que le RN dictait l’agenda politique dans ce pays,
et que le gouvernement Macron est prêt à tout pour
ouvrir des contre-feux pour éviter les sujets sociaux
brûlants.
La
réaction du RN Odoul n’est pas surprenante en soi, mais
on notera le caractère décomplexé de cette
saillie islamophobe, et le fait que son argumentaire se fait au nom
d’une déformation de la laïcité, qu’il
instrumentalise dans un esprit de guerre contre les religions, alors
que la loi
de 1905 pose simplement la question de la neutralité de l’Etat
vis-à-vis des religions. Le Sénat vient d’en
rajouter en votant à l’instigation de la droite LR
l’interdiction faite aux femmes portant un voile d’accompagner
les sorties scolaires.
Avec
les saillies d’un Zemmour qui continue à faire l’honneur
des plateaux télés, le climat ambiant dans ce pays vise
à faire du musulman un objet de suspicion systématique.
Dis avec les mots de Macron, cela s’appelle une « société de
vigilance », comme il nous l’a exposé lors de
son allocution télévisée à la suite de
l’attaque barbare à la Préfecture de Police de
Paris.
En
fait de « vigilance », cela vise à
créer une
société de la suspicion généralisée dans
laquelle plus personne ne fera confiance à personne et où
le musulman sera d’office suspect d’être
un « terroriste » en
puissance. Ainsi le travailleur musulman
est enfermé dans un schéma caricatural d’ennemi
de notre pays. Et cela va loin déjà : les
Ministères de l’Enseignement supérieur et de
l’Education Nationale ont édicté des guides de
« détection » de la radicalisation chez
les élèves et les personnels. La fascisation de la
société est en marche. La route est pavée,
progressivement, par ce gouvernement, entre répression de
masse et tentative de division des travailleurs. Le RN n’est
qu’un poisson pilote de
la délation généralisée qui rappelle les
heures sombres du pétainisme.
Et
à force de montrer du doigt, certains passent à l’acte.
Les
agressions racistes, islamophobes se multiplient depuis des années,
mais avec l’attentat de Bayonne, commis par un ancien candidat
du RN, chacun doit mesurer les conséquences terribles de ce
relativisme de l’Etat à l’égard de
l’islamophobie. La ligne rouge est franchie et d’aucuns
s’autorisent désormais à mettre à mort des
personnes pour des motifs d’appartenance religieuse. A quand le
retour des pogroms ?
L’absence
de réaction de l’Etat à la hauteur de la
situation est révélatrice d’un deux poids deux
mesures scandaleux. Dans d’autres circonstances (l’assassinat
d’un prêtre dans l’église de Saint-Etienne
du Rouvray en juillet 2016 par exemple), le Chef de l’Etat
était sur place dès le lendemain. A Bayonne, non
seulement le qualificatif d’« attentat »
est refusé, mais en 24h l’auteur des faits est
déjà expertisé sur le plan psychiatrique et est
déclaré atteint d’une « altération
partielle du discernement »…..
Le
gouvernement glisse sur l’effet islamophobie pour diviser la
société et tenter de dévoyer
la résistance contre les
conséquences du rouleau compresseur qui précipite les
travailleurs dans la misère. Force
est de constater que depuis Mitterrand, c'est une
coutume que chaque échéance électorale
soit précédée par des événements
souvent tragiques laissant libre cours à une hystérie
électoraliste raciste arabophobe, négrophobe,
rromophobe et maintenant islamophobe.
La
réalité sociale du pays, c’est que la colère
gronde contre le régime ultra libéral qu’entend
lui faire subir E. Macron. Après presque un an de lutte des
gilets jaunes, de plus en plus de secteurs professionnels sont au
bord de la révolte : les cheminots, la RATP, les
enseignants, les hospitaliers, les pompiers… Sans compter
toutes les entreprises où les travailleurs se battent pour de
meilleurs salaires pour vivre
dignement. La perspective d’une mobilisation massive le 5
décembre pour
stopper la contre-réforme des
retraites avec reconduction immédiate du mouvement plane sur
le gouvernement Macron.
La
Coordination Communiste / Rassemblement Communiste
condamne le racisme
d’Etat au service de la division de la classe ouvrière qui
prend maintenant la forme de la délation pétainiste et
qui ouvre des portes à la peste brune. Tous
ceux qui tiennent de tels propos doivent être sanctionnés
par la justice.
Plus que jamais, face à ces tentatives de division de notre
classe, nous nous battrons pour l’unité des
travailleurs, et sur le plan politique, pour la construction du front
de résistance anti-libéral, antifasciste, euro-critique
et anti-guerre qui permettra d’inverser le rapport de force
contre la bourgeoisie.
Comme
le rappelait Aragon, la lutte contre le nazisme fut menée en
commun par « celui qui croyait au ciel » et
« celui qui n’y croyait pas ». Encore
aujourd’hui, tous les travailleurs croyants de toutes
confessions ou non croyants doivent se réunir dans un même
front contre leurs ennemis communs.
Ce
front démocratique, citoyen, social politico-syndical et
associatif doit se rassembler dans l'action autour des revendications
non exhaustives suivantes :
-
Pénalisation de l'islamophobie tout comme le sont
l'antisémitisme et le racisme ;
-
Droit de vote aux immigrés résidents à toutes
les élections ;
-
Abrogation des lois anti-immigrées, notamment la loi de 2004
interdisant le voile à l'école qui piétine le
fait que la laïcité à l'école s'applique au
programme scolaire, aux locaux et aux adultes mais pas aux enfants ;
-
Respect du droit d'asile, notamment pour les exilés, réfugiés
fuyant les guerres d'agression de l'OTAN, de « notre »
impérialisme français ;
-
Régularisation des Sans Papiers ;
-
Enseignement, du primaire à l'université, de l'histoire
des migrations, de leurs apports aux conquêtes démocratiques
et sociales en France.
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