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Retourner à la liste Imprimer 2019_05_11_islamophobie.pdf Nov 2019
Attentat contre la mosquée de Bayonne: L'islamophobie conduit au crime!

L'attentat contre la Mosquée de Bayonne à coups de fusils et tentative d'incendie, qui a fait des blessés graves, est une conséquence directe de l'atmosphère islamophobe créée à la veille d’un puissant mouvement de grève généralisée contre le saccage des retraites, alors que les colères montent de toute part (hospitaliers, cheminots, pompiers, Gilets jaunes …). La bourgeoisie ressort son arme abjecte de division massive : l’islamophobie. Il y a un an, au début du mouvement des Gilets Jaunes, cette arme avait été aussi agitée.

Ainsi, à Dijon un élu RN Julien ODOUL s’est senti autorisé à invectiver une maman accompagnant une sortie scolaire car elle était voilée et n’avait rien à faire, selon lui, dans l’enceinte du Conseil Régional à ce titre. Dans la foulée, le Ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a affirmé être personnellement opposé à ce que des mères voilées accompagnent les élèves lors des sorties scolaires, en dépit de la loi donc qui l’autorise… montrant une fois de plus que le RN dictait l’agenda politique dans ce pays, et que le gouvernement Macron est prêt à tout pour ouvrir des contre-feux pour éviter les sujets sociaux brûlants.

La réaction du RN Odoul n’est pas surprenante en soi, mais on notera le caractère décomplexé de cette saillie islamophobe, et le fait que son argumentaire se fait au nom d’une déformation de la laïcité, qu’il instrumentalise dans un esprit de guerre contre les religions, alors que la loi de 1905 pose simplement la question de la neutralité de l’Etat vis-à-vis des religions. Le Sénat vient d’en rajouter en votant à l’instigation de la droite LR l’interdiction faite aux femmes portant un voile d’accompagner les sorties scolaires.

Avec les saillies d’un Zemmour qui continue à faire l’honneur des plateaux télés, le climat ambiant dans ce pays vise à faire du musulman un objet de suspicion systématique. Dis avec les mots de Macron, cela s’appelle une « société de vigilance », comme il nous l’a exposé lors de son allocution télévisée à la suite de l’attaque barbare à la Préfecture de Police de Paris.

En fait de « vigilance », cela vise à créer une société de la suspicion généralisée dans laquelle plus personne ne fera confiance à personne et où le musulman sera d’office suspect d’être un « terroriste » en puissance. Ainsi le travailleur musulman est enfermé dans un schéma caricatural d’ennemi de notre pays. Et cela va loin déjà : les Ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Education Nationale ont édicté des guides de « détection » de la radicalisation chez les élèves et les personnels. La fascisation de la société est en marche. La route est pavée, progressivement, par ce gouvernement, entre répression de masse et tentative de division des travailleurs. Le RN n’est qu’un poisson pilote de la délation généralisée qui rappelle les heures sombres du pétainisme.

 

Et à force de montrer du doigt, certains passent à l’acte.

Les agressions racistes, islamophobes se multiplient depuis des années, mais avec l’attentat de Bayonne, commis par un ancien candidat du RN, chacun doit mesurer les conséquences terribles de ce relativisme de l’Etat à l’égard de l’islamophobie. La ligne rouge est franchie et d’aucuns s’autorisent désormais à mettre à mort des personnes pour des motifs d’appartenance religieuse. A quand le retour des pogroms ?

L’absence de réaction de l’Etat à la hauteur de la situation est révélatrice d’un deux poids deux mesures scandaleux. Dans d’autres circonstances (l’assassinat d’un prêtre dans l’église de Saint-Etienne du Rouvray en juillet 2016 par exemple), le Chef de l’Etat était sur place dès le lendemain. A Bayonne, non seulement le qualificatif d’« attentat » est  refusé, mais en 24h l’auteur des faits est déjà expertisé sur le plan psychiatrique et est déclaré atteint d’une « altération partielle du discernement »…..

 

Le gouvernement glisse sur l’effet islamophobie pour diviser la société et tenter de dévoyer la résistance contre les conséquences du rouleau compresseur qui précipite les travailleurs dans la misère. Force est de constater que depuis Mitterrand, c'est une coutume que chaque échéance électorale soit précédée par des événements souvent tragiques laissant libre cours à une hystérie électoraliste raciste arabophobe, négrophobe, rromophobe et maintenant islamophobe.

 

La réalité sociale du pays, c’est que la colère gronde contre le régime ultra libéral qu’entend lui faire subir E. Macron. Après presque un an de lutte des gilets jaunes, de plus en plus de secteurs professionnels sont au bord de la révolte : les cheminots, la RATP, les enseignants, les hospitaliers, les pompiers… Sans compter toutes les entreprises où les travailleurs se battent pour de meilleurs salaires pour vivre dignement. La perspective d’une mobilisation massive le 5 décembre pour stopper la contre-réforme des retraites avec reconduction immédiate du mouvement plane sur le gouvernement Macron.

 

La Coordination Communiste / Rassemblement Communiste condamne le racisme d’Etat au service de la division de la classe ouvrière qui prend maintenant la forme de la délation pétainiste et qui ouvre des portes à la peste brune. Tous ceux qui tiennent de tels propos doivent être sanctionnés par la justice. Plus que jamais, face à ces tentatives de division de notre classe, nous nous battrons pour l’unité des travailleurs, et sur le plan politique, pour la construction du front de résistance anti-libéral, antifasciste, euro-critique et anti-guerre qui permettra d’inverser le rapport de force contre la bourgeoisie.

Comme le rappelait Aragon, la lutte contre le nazisme fut menée en commun par « celui qui croyait au ciel » et « celui qui n’y croyait pas ». Encore aujourd’hui, tous les travailleurs croyants de toutes confessions ou non croyants doivent se réunir dans un même front contre leurs ennemis communs.

Ce front démocratique, citoyen, social politico-syndical et associatif doit se rassembler dans l'action autour des revendications non exhaustives suivantes :

- Pénalisation de l'islamophobie tout comme le sont l'antisémitisme et le racisme ;

- Droit de vote aux immigrés résidents à toutes les élections ;

- Abrogation des lois anti-immigrées, notamment la loi de 2004 interdisant le voile à l'école qui piétine le fait que la laïcité à l'école s'applique au programme scolaire, aux locaux et aux adultes mais pas aux enfants ;

- Respect du droit d'asile, notamment pour les exilés, réfugiés fuyant les guerres d'agression de l'OTAN, de « notre » impérialisme français ;

- Régularisation des Sans Papiers ;

- Enseignement, du primaire à l'université, de l'histoire des migrations, de leurs apports aux conquêtes démocratiques et sociales en France.



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