[VIDEO] Discours d'hommage de la Coordination aux soldats soviétiques morts en France en 1940 - 1945
Suivi du discours d'hommage aux "tirailleurs" des troupes coloniales, aux cotés du Comité des Sans Papiers 59
Chers
amis, Chers camarades,
Au nom de la Coordination
Communiste, je veux vous remercier pour votre présence ce
matin, ici en ce cimetière militaire d’Haubourdin où
sont rassemblés plus de 200 tombes de soviétiques morts
sur le sol français entre 1940 et 1945 pour la défaite
du nazisme et la libération de la France de l’occupation
nazie. Je veux remercier aussi la présence du Comité du
Nord de l’Association France-Russie, la présence de
l’Association de souvenirs militaires russes et soviétiques
en France, ainsi que les organisations qui ont répondu à
notre appel.
Dans
un second temps, nous poursuivrons tout à l’heure cette
cérémonie en accueillant le Comité des
Sans-Papiers qui arrivera de Lille à pied, et avec eux nous
rendrons hommage à d’autres oubliés de la 2ème
Guelle Mondiale : les « tirailleurs » des
troupes coloniales, morts pour la libération de la France du
nazisme, et qui sont également enterrées ici dans cette
même terre d’Haubourdin, unis à jamais à
ces russes et soviétiques, magnifique symbole
internationaliste.
Venir ici dans ce
cimetière militaire le 8 mai, chaque année depuis
bientôt 20 ans, c’est notre façon à nous de
célébrer le 8 mai 1945, date de la capitulation finale
de l’Allemagne nazie, date de la victoire des peuples contre le
nazisme.
Mais qui étaient
donc ces citoyens soviétiques enterrés ici sur notre
sol, dont aucun manuel d’histoire ne nous parle ?
Pour l’essentiel,
il s’agissait de prisonniers de guerre, militaires mais aussi
civils, arrêtés par les Allemands sur le front de l’Est
et transférés ici en France pour servir de main d’œuvre
et participer à la construction du Mur de l’Atlantique
ou à d’autres ouvrages défensifs. Il y avait
aussi parmi eux des immigrés russes antifascistes, qui
travaillaient notamment dans les mines de notre région et qui,
dès mai 1941, participèrent à la grande grève
des mineurs, acte massif de la résistance de la classe
ouvrière.
Il
faut rappeler que les premières organisations clandestines des
prisonniers de guerre soviétique furent créées
au début d’octobre 1942 dans le camp de
Beaumont-en-Artois dans le Pas-de-Calais. L’un des héros
les plus connus dans notre région, c’est le lieutenant
Vassyl Poryk, qui
dirigera un groupe de partisans soviétiques FTP dans le Bassin
Minier. L'activité pratique de ces résistants
soviétiques consistait à organiser des actes de
sabotages et de diversion dans les mines et à mener le travail
de propagande et d'agitation parmi les prisonniers des camps en
diffusant les communiqués et autres informations venant de
l'Union Soviétique.
Activité
non négligeable : à la dernière étape
de la libération de la France, jusque 10 000 Soviétiques
formaient 55 détachements, sans compter les centaines de
soviétiques intégrés dans des détachements
soviéto-français ou internationaux. Dans le
Nord-Pas-de-Calais, 10 détachements soviétiques ont
combattu les occupants.
Ces
héros ont contribué à notre libération.
Ils ont été l’expression vivante de l’alliance
libre des peuples libres qu’a signifiée l’alliance
antifasciste contre le nazisme. Nous ne devons pas les oublier !
Chers
amis, Chers camarades,
Au-delà
de ces combattants soviétiques morts en France, il faut rendre
hommage bien sûr, en ce 8 mai, à l’URSS elle-même,
qui a perdu 25 millions de ses enfants dans cette grande boucherie de
la deuxième guerre mondiale déclenchée par le
fascisme hitlérien. C’est le pays qui a payé le
plus lourd tribut à cette folie meurtrière déclenchée
par les éléments les plus réactionnaires et les
plus chauvins du capitalisme financier allemand pour écraser
le mouvement ouvrier et assurer la domination de ces monopoles.
Peut-on
imaginer : 1 soviétique sur 7 a perdu la vie au cours de
la guerre ! 25 millions de morts. 70 000 villes, cités
et villages ont été détruites, 98 000
fermes collectives détruites.
Personne
ne peut oublier ce peuple martyr. Personne ne doit oublier non plus
l’apport décisif de l’URSS et de son Armée
Rouge dans la victoire contre le nazisme :
Rappelons
que 85% des divisions militaires de l’Allemagne hitlérienne
ayant participé aux différents fronts de la guerre ont
été détruites par l’Armée Rouge,
670 sur 793 ; que l’Armée Rouge a détruit
75% des avions allemands, des pièces d’artillerie et des
blindés ; que 80% des victimes allemands l’ont été
sur le front germano-soviétique, soit 3 millions de soldats.
C’est
l’Armée Rouge qui a brisé l’armée
nazie et qui a fourni l’effort principal pour la libération
de l’Europe et donc de la France. Et cela jusqu’au bout,
jusque 1945 : même après le débarquement de
Normandie – ce second front tant attendu par les Soviétiques
pour les soulager un peu de l’effort principal qu’ils
supportaient depuis 1941 – même après ce
débarquement, l’Allemagne n’avait que 60 divisions
mobilisées à l’Ouest en France et en Italie,
alors qu’elle devait maintenir 235 divisions à l’Est
contre la pression gigantesque exercée par l’Armée
Rouge.
La
victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie fut aussi le
point de départ, donna un élan formidable au mouvement
de libération nationale et sociale, qui se concrétisera
dans le mouvement de décolonisation et la construction d’un
camp socialiste. En cette année 2019, nous célébrons
justement les 70 ans de la fondation de la République
Populaire de Chine, et les 60 ans de la Révolution cubaine.
Le
rôle essentiel de l’URSS dans la Victoire de 1945 était
reconnu à l’époque. Churchill eut ce mot :
« C’est
l’Armée Rouge qui a tordu les tripes de la machine de
guerre nazie ».
En juin 45, le New York Herald Tribune américain écrivait
: « l’Armée
Rouge a été de fait l’armée qui a libéré
l’Europe et la moitié de notre planète en ce sens
que sans elle, et sans les immenses sacrifices consentis par le
peuple russe, la libération du joug cruel du nazisme aurait
été tout simplement impossible ».
En
France, le Général De Gaulle déclarait alors :
« Les
Français savent ce qu’a fait la Russie soviétique
et savent que c’est elle qui a joué le rôle
principal dans leur libération ».
Aujourd’hui
toutefois, le révisionnisme historique a le vent en poupe,
l’URSS est rangée au rayon des « totalitarismes »
dans les manuels d’histoire, et l’amnésie
s’installe… pour le plus grand profit des fascistes qui
relèvent la tête.
Chers
amis, Chers camarades,
En
Ukraine, il y a 5 ans aujourd’hui, Vadim Papura, jeune komsomol
de 17 ans, mourrait avec 22 autres manifestants dans l’incendie
criminel de la maison des syndicats à Odessa. Un crime
fasciste resté impuni.
L’Europe
d’aujourd’hui, c’est la Hongrie de Viktor Orban qui
a réhabilité des figures majeures de la période
du régime fasciste de Horthy ; c’est l'Italie de
Salvini qui n’a de cesse de faire référence à
Mussolini ; c’est la Pologne qui mène la chasse aux
communistes. Et le mal s’étend : en Espagne, le
parti néo-franquiste Vox vient de faire son entrée au
Parlement avec plus de 10% des suffrages. Plus loin, au Brésil,
Bolsonaro, le geôlier de Lula, candidat naturel du peuple
brésilien, nous replonge aux temps de la dictature militaire
qu’il admire.
Mais
si les vents actuels sont mauvais, soufflants en sens contraire, de
l’Equateur qui livre Julian Assange le lanceur d’alerte,
au Venezuela qui fait face à une contre-révolution
téléguidée par Trump, nous savons que l’Histoire
n’est jamais finie et la résistance des peuples est une
réalité, l’Algérie nous en livrant un
magnifique exemple.
En
France depuis 6 mois, le peuple livre un combat farouche, avec
détermination, malgré les gaz lacrymogènes, les
coups de matraque, les LBD40, et les mensonges à répétition.
L’homme
de la « start-up nation », celui dont le
sobriquet de « Président des riches »
colle si bien à la peau, le roitelet Macron, est ébranlé
par le mouvement des Gilets Jaunes. Tout aura été
essayé pour diaboliser ce mouvement, notamment en le
qualifiant d’ « extrême-droite »,
de « poujadiste », comme si une revendication
populaire pour le « mieux vivre » pouvait être
« d’extrême-droite ».
L’Histoire
est, là, instrumentalisée au service de la défense
du système de domination capitaliste…. et dans le même
temps la fascisation réelle du pays va bon train : loi
dite « anti-casseurs » qui est une loi
« anti-manifestants », pratique de la
répression aveugle des manifestations, gardes à vues
abusives, ciblage des militants, etc.. Tout cela dans l’objectif
d’écarter toute opposition pour faire passer des lois
rétrogrades revenant sur tous les conquis du Conseil National
de la Résistance.
Chers
amis, Chers camarades,
Dans
ce cimetière d’Haubourdin, soviétiques ici,
tirailleurs des troupes coloniales là-bas, des centaines de
jeunes gens sont morts en luttant contre le fascisme, pour que plus
jamais la bête immonde ne surgisse de ce ventre fécond
qu’est ce système capitaliste en putréfaction.
Nous ne pouvons pas être amnésiques. Nous devons nous
inspirer du courage de ceux qui nous ont précédés.
Nous sommes des nains assis sur des épaules de géants.
Nous nous inclinons devant l’héroïsme de ces
partisans soviétiques, morts loin de leur patrie pour la
libération de l’humanité du joug nazi. Honneur
aux combattants soviétiques !
DISCOURS
D'HOMMAGE AUX “TIRAILLEURS” DES TROUPES COLONIALES
[Haubourdin
– 8 mai 2019]
Chers
amis, chers camarades,
La Coordination
Communiste est ici, dans ce cimetière militaire, tous les ans
le 8 mai, pour deux raisons. Nous venons d’abord de rendre
hommage aux tombes soviétiques présentes dans ce
cimetière : ces oubliés de tous ont combattu ici
dans la Résistance en France et ont payé de leur vie.
Avec vous les
sans-papiers, nous voulons rendre hommage à présent à
ces autres oubliés : les ‘tirailleurs’, ces
soldats originaires des colonies de l’empire français,
qui ont participé activement à la lutte contre le
fascisme hitlérien dans les rangs de l’armée
française au cours des combats de la seconde guerre mondiale.
Soviétiques là-bas, Africains ici : cette terre
d’Haubourdin unit des combattants de toutes origines,
magnifique symbole internationaliste.
Rappelons que ce sont
178 000 Africains et Malgaches et 320 000 Maghrébins
qui ont été appelés au combat dès
1939-1940, et souvent placés en première ligne lors des
combats de mai-juin 1940, quand l’armée française
en déroute faisait face à l’avancée des
troupes allemandes. Ils l’ont chèrement payé :
sur un total de 60 000 militaires français tués
pendant l’invasion allemande, un tiers appartiennent à
ces troupes coloniales.
Après
juin 1940, Pétain signant l’armistice avec l’Allemagne
nazie, une nouvelle armée française – celle de la
France libre - a été reconstituée par De Gaulle
pour continuer le combat : les ‘tirailleurs’ en
furent le fer de lance de cette nouvelle armée reconstituée
pour une large part en Afrique. Ils seront de toutes les batailles,
en Italie, lors du débarquement de Provence en août
1944, en franchissant les premiers le Rhin en 1945. A la fin de la
guerre, dans la 1ère
armée du Général de Lattre de Tassigny, sur
550 000 hommes, on comptait 134 000 Algériens,
73 000 Marocains, 26 000 Tunisiens et 92 000
ressortissants d’Afrique Noire, soit 60% de cette 1ère
armée.
Par ailleurs, dans la
Résistance intérieure, les ex-tirailleurs étaient
également présents : 5 000 Africains, évadés
des camps de prisonniers allemands, ont rejoint les rangs des FFI.
Sans oublier bien sûr, tous ces militants immigrés,
souvent déjà engagés avant-guerre, qui ont
poursuivi la lutte dans la Résistance.
Tels étaient les
hommes qui, hier, ont lutté pour notre liberté et dont
certains sont morts dans ce combat. Personne ne peut l’oublier,
personne ne doit l’oublier.
Chers amis, chers
camarades,
Hier, dans la Résistance
militaire pour la libération de la France, nous avons lutté
ensemble, au-delà de nos origines, de notre couleur de peau,
de nos religions ! Aujourd’hui, contre l’exploitation
capitaliste et pour les droits démocratiques, pour l’unité
de la classe ouvrière et du peuple, nous continuons le combat
ensemble !
Un combat d’autant
plus vital que l’aggravation de la crise du capitalisme fait
vaciller des vies et vaciller des consciences. Des Hommes et des
Femmes sont laissées dans la précarité la plus
totale, en danger de mort permanent et au milieu de la méditerranée.
Et pendant ce temps, l’accès des étrangers
extra-communautaires aux universités françaises sera
réservé à une élite financière
avec la hausse des frais d’inscription à une hauteur de
2 700 euros. Combien de familles pourraient supporter un tel coup ?
C’est à l’élite bourgeoise africaine à
la botte de la Françafrique que sera réservée
l’accès à l’Université française !
Chers amis, chers
camarades,
Dans le cadre des combats
communs que nous menons ensemble, la Coordination Communiste soutient
la marche « citoyenne et solidaire » partie le
28 avril symboliquement de la frontière italienne à
Vintimille, où les migrants sont bloqués et qui se
termine ce 8 mai à Calais.
Hier, comme aujourd’hui
et demain, les sans-papiers sont des êtres humains, pas des
marchandises ! Les tirailleurs ont versé leur sang pour
la France, une France ouverte et plurielle. C’est cette France
qu’ils ont défendue, c’est cette France que nous
défendons. Souvenons-nous !