Après
le score de la présidentielle qui a placé Jean-Luc
Mélenchon aux portes du 2nd
tour, après l’élection législative et ses
plus de 11% de voix confirmées, grâce aussi au dynamisme
de ses députés portés par l’investissement
sur le terrain des milliers de militants, la France Insoumise s’est
affirmée dans le rôle de premier
opposant à la politique de Macron,
place que lui reconnaît le peuple dans tous les sondages
d’opinion réalisés à ce jour.
La FI a apporté sa
contribution à la mobilisation contre les ordonnances Macron,
non seulement en appelant à chaque fois à participer
aux mobilisations décidées par les organisations
syndicales, mais en organisant une « Marche contre le coup
d’Etat social » le samedi 23 septembre à
Paris, marche qui a réuni près de 150 000
manifestants, pas seulement d’ailleurs des « insoumis »,
mais aussi des syndicalistes par exemple.
Malgré cela, le
sentiment est resté – attisé certes par des
médias friands de division – d’une mobilisation
séparée contre les ordonnances Macron : d’un
côté les syndicats lors de journées d’action
répétées ; de l’autre la France Insoumise.
Les uns et les autres en
venant cependant à justifier, de fait, cette séparation :
interventions d’un côté de cégétistes
voyant d’abord dans les initiatives de la FI une
« concurrence » mal venue, exprimant une
opinion selon laquelle le « terrain de la contestation
sociale » ne serait que celui des organisations
syndicales ; interventions de l’autre côté de
Jean-Mélenchon appelant publiquement, lors de son discours du
23 septembre, les syndicats à « prendre la tête
du mouvement » et en leur proposant un objectif (« le
million sur les Champs Elysées »)… puis,
faisant le bilan de cette « séparation »
un mois plus tard, critiquant l’échec de la stratégie
syndicale en pointant l’inefficacité de la séparation
institutionnalisée entre politique et syndical telle qu'elle
résulte d’une certaine compréhension de la
« Charte d’Amiens » (document de 1906
réglant les rapports entre « syndicat »
et « politique » auquel l’ensemble du
mouvement syndical continue à se référer).
Des liens nécessaires
entre syndicalisme et politique…
... et des difficultés
à les établir correctement
A l’instar du PCF
de la grande époque, quand celui-ci était la force
motrice de l’opposition populaire, la FI entend, fort
justement, se faire non seulement le relais politique de l’ensemble
des luttes de résistance, mais aussi être, en tant que
tel, un acteur de ces luttes de résistance, qu’elles
soient sociales ou encore écologiques ou démocratiques.
Cependant,
la jonction avec le mouvement social ne coule pas de source : il
y a l’existence bien sûr des organisations propres à
chaque secteur du mouvement social ; et également les
organisations politiques qui ont une influence dans le mouvement
social. Il y a ainsi une articulation à avoir dans la
construction d’un front politico-social. Pour le dire
clairement, c’est une erreur tactique de faire l’impasse
sur le PCF, qui a toujours une influence sur le mouvement social, et
notamment dans le mouvement syndical. Pour
mobiliser efficacement, oui « l’alignement de
sigles » est ici nécessaire.
Le terrain électoral
n’est en effet pas la même chose que le terrain des
mobilisations de masse qui implique de mobiliser les acteurs du
mouvement social, dans le respect des identités de chacun. Il
n’y a pas de raccourci possible.
Jean-Luc Mélenchon
ignore, superbement, l’existence du parti communiste, le
considérant comme un partenaire insignifiant. Si l’aura
du PC, de fait, n’est plus très reluisante, à
cause notamment de sa politique historiquement suiviste depuis 30 ans
à l’égard du PS qui en a fait son appendice, il
s’agit d’une organisation qui réunit encore
beaucoup de militants actifs dans les luttes. La FI doit en tenir
compte.
Le fait que ces militants
n’ont pas choisi, sauf une minorité, de rejoindre le
mouvement France Insoumise ne peut leur être opposé, car
ce n’est pas de cela qu’il s’agit : il ne
s’agit pas ici de déposer 1 candidature à une
élection, mais bien d’être efficace en
construisant le « front politico-social »
capable de mobiliser contre Macron.
Construire le « front
politico-social » sur un contenu
Par contre, bien sûr,
un « front » doit être borné.
C’est l’orientation qui prime, pas l’objectif du
rassemblement fourre-tout sur le plus petit dénominateur
commun. On le voit clairement avec certaines organisations syndicales
dont les positions les situent nettement du côté des
patrons et du gouvernement ; on le voit aussi avec certaines
organisations politiques, en particulier bien sûr le PS, qui a
lui aussi encore une « influence » dans le
mouvement social, mais une influence négative.
Pour ceux qui n’auraient
pas encore compris la véritable nature du PS, il suffit de
voir le formidable ralliement d’Olivier Dussopt, l’homme
qui retourne sa veste plus vite que son ombre, au gouvernement Macron
comme secrétaire d’Etat chargé de la Fonction
publique… 3 jours après avoir voté contre le
budget présenté par cette même équipe
gouvernementale !
Quant au mouvement
« Génération-s » de Benoît
Hamon... ces nouveaux habits ne peuvent faire oublier qu'il a joué
la carte de la division jusqu’au bout pendant l’élection
présidentielle ! Cette organisation, qui critique en
parole le social-libéralisme du PS pour s'allier avec le PCF
et EELV en cherchant à les détacher de la FI, n'est
qu'une manœuvre de plus pour donner une nouvelle virginité
à la social-démocratie.
Mais la France Insoumise,
force politique dominante dans le paysage de la résistance au
gouvernement, ne pourra déjouer toutes les manœuvres
qu'en poursuivant une ligne de rupture avec la social-démocratie
libérale et européiste, ligne que le PCF doit aussi
développer, pour qu'ensemble FI et PCF soient à
l’initiative de la constitution du front de lutte
politico-social contre le camp social-libéral et européiste
dirigé par Macron !
La
lutte de classe se mène sur tous les fronts. Face au rouleau
compresseur des attaques ultra-libérales et européistes
macroniennes, il faut structurer le front de la résistance
avec un programme
de lutte permettant de répondre aux intérêts les
plus immédiats des travailleurs et de leurs familles.
A
la France Insoumise d’œuvrer publiquement à
rassembler le camp anti-libéral et eurocritique politique et
syndical pour poursuivre le combat
contre les attaques incessantes de ce gouvernement de laminage des
acquis des travailleurs.
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