La
nouvelle députée Insoumise de la 17ème circonscription
de Paris, Danièle Obono est, depuis le 21 juin, l’objet
d’une campagne raciste de l’extrême-droite, relayée
par de nombreux journalistes, commentateurs et autres "experts".
Il lui est reproché d’avoir signé, avec des
dizaines de milliers d’autres signataires (dont d'autres
actuels députés 'France insoumise', qui bien sûr
ne sont pas visés par l'actuelle attaque), une pétition
de soutien au chanteur de rap du groupe ZEP, Saïdou et à
notre camarade Saïd Bouamama en 2012. Ces deux militants étaient
poursuivis en justice par un groupe d’extrême droite
l’AGRIF (Alliance générale contre le racisme et
pour le respect de l'identité française et chrétienne)
pour les paroles suivantes figurant dans une des chansons intitulée
« Nique la France-devoir d’insolence »
: «Nique
la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents
et ses réflexes paternalistes. Nique la France et son
histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses
délires capitalistes.»
Interrogée
sur cette signature lors des « grandes gueules »
de RMC, le 21 juin, elle a le malheur d’assumer et de défendre
sa signature. Dans l’heure une campagne raciste est impulsée
par de nombreux groupes d’extrême droite : Julien
Bacou, conseiller municipal Front National d’Albi lance une
pétition pour exiger sa démission ; le site
fasciste « Blanche Europe » titre « Danièle
Obono, la négresse députée de la « France
Insoumise » qui « nique la France »,
etc.
La
virulence de l’attaque ne peut se comprendre qu’en
prenant en compte qui est cette nouvelle députée. Née
au Gabon, arrivée en France à 11 ans, Danièle
Obono est la fille d’un opposant au pantin Omar Bongo, un des
principaux piliers de la Françafrique. Depuis de nombreuses
années, elle s’investit dans les luttes
antiracistes et des quartiers populaires, dans le combat contre les
violences policières et contre les discriminations racistes,
dans les mobilisations contre les guerres et contre les interventions
françaises en Afrique et au Moyen-Orient, dans le soutien au
peuple palestinien.
C’est
cette activité militante qui lui vaut d’être élue
à l’Assemblée Nationale. La campagne raciste qui
la touche ne vient pas simplement du fait qu’elle est noire. 8
autres députés sont également d’ascendance
africaine et ne sont pas attaqués. Ce que l’on ne
supporte pas ce sont les positions anticapitaliste et
anti-impérialiste de la nouvelle députée ;
Elle a en effet l’audace de se définir
comme « éco-socialiste, afro-féministe,
internationaliste, altermondialiste, panafricaniste ».
Des noirs serviles défendant les intérêts de
l’impérialisme français à l’Assemblée
ne posent aucun problème. Une députée noire
anticolonialiste, anti-raciste, antifasciste, anti-guerre et
eurocritique cela est insupportable aux yeux des défenseurs
de l’impérialisme et des fascistes français.
La
Coordination Communiste partage de nombreux combats de Danièle
Obono et appelle à lui apporter un soutien sans faille. Pas
touche à notre députée !
Ma
France insoumise
Par
Danièlle Obono
Source
En
février dernier, quand Jean-Luc Mélenchon a présenté
sa candidature à l’élection présidentielle
et lancé le mouvement de « La France insoumise »,
j’avoue, j’avoue : j’ai tiqué. C’est
mon côté gauche anti-impérialiste. Entre autres…
Mais j’ai quand même signé, comme on dit. J’ai
signé parce que j’ai été convaincue par la
clarté de l’analyse et de la stratégie (ça
c’est mon côté marxiste ;), par la
perspective de se lancer, enfin, en campagne (le côté
mouvementiste), et en gardant en tête les points, les
questions, les contradictions qu’il faudrait débattre et
dépasser pour construire ensemble. J’ai donc signé
et je me suis lancée. J’ai contribué à
l’élaboration du programme et participé à
la première convention nationale. J’ai co-organisé
un groupe d’appui local et l’élaboration des
livrets thématiques. Je me suis rendue aux quatre coins du
pays présenter « L’Avenir en commun »,
discuter, débattre, convaincre... J’ai rencontré
cette France insoumise. Elle est devenue « ma »
France insoumise.
Certain•e•s,
y compris parmi des ami•e•s et camarades, ne comprennent
pas toujours bien pourquoi ou comment moi, une internationaliste
anti-impérialiste, militante intersectionnelle afro-féministe
et antiraciste, j’ai pu me retrouver candidate de la France
insoumise élue à l’Assemblée nationale.
D’autres, comme celles et ceux qui vomissent leurs tombereaux
de haine sur les réseaux sociaux depuis ces derniers jours, en
abhorrent l’idée même et refuseront toujours, de
toute façon, d’en accepter la réalité. A
ces dernier•e•s, comme l’avait déjà si
bien dit le boxeur poète, mi abeille mi papillon, aux rageux
de son temps, je n’ai qu’un seul message à
adresser : « Black,
confident, cocky; my name, not yours; my religion, not yours ;
my goals, my own; get
used to me. »
Ou dit autrement : j’y suis, j’y reste, je ne
partirai pas ! J’y suis, j’y reste et je ne
marcherai pas au pas. J’y suis, j’y reste et je ne me
soumettrai pas. « Get.
Used. To. Me. »
Je
suis la France insoumise.
Celle
des Parisiennes qui en 1789 marchèrent sur Versailles pour
réclamer au roi du pain et des droits. Celle de Solitude, la
Fanm Doubout, qui vécut libre et mourut pour la liberté.
Celle de l’Union des femmes, de Louise l’institutrice,
Nathalie l’ouvrière relieuse, Elisabeth l’aristocrate
russe, des « pétroleuses », des
communardes. Celle des ouvrier•e•s et syndicalistes qui
arborèrent sur leurs vestes le premier triangle rouge pour
exiger la journée de 8 heures.
Je
suis la France insoumise comme
l’étaient les tirailleurs africains, sujets de l’Empire,
qui laissèrent leur vie dans les tranchées de la
Grande guerre. Comme l’était Lamine Senghor, gazé
à Verdun, docker à Marseille, dirigeant ouvrier,
militant internationaliste et candidat communiste dans le
18e arrondissement de Paris. Comme l’étaient les
militants indigènes de l’Union intercoloniale et du
journal « Le Paria » précurseurs de la
Tricontinentale.
Je
suis la France insoumise revendiquant
la mémoire et les luttes des grévistes de 1936 qui
arrachèrent au Front populaire les congés payés ;
de Missak Manouchian et des 22 autres membres des FTP-MOI
exécutés par le régime de Vichy et les Nazis le
21 février 1944 ; des porteurs et porteuses de valise du
réseau Jeanson et des manifestant•e•s du 17
octobre 61 ; des ouvrier•e•s qui occupèrent
leurs usines et des étudiant•e•s qui lancèrent
des pavés en mai 1968.
Je
suis la France insoumise qui
a marché contre le racisme et pour l’égalité
en 1983 ; celle qui a bloqué le pays pour sauver la Sécu
en 1995 ; celle qui a dit non au Traité constitutionnel
et celle qui s’est révoltée dans les quartiers
populaires en 2005 ; celle qui a fait abroger le CPE et celle
qui s’est opposée à la loi travail.
Je
suis 17 autres, 7 millions d’autres, des millions d’autres.
Qui ne plieront pas. Qui ne se soumettront pas. La tête dure,
le cœur tendre, poings levés, bras ouverts.
Convaincu•e•s, déterminé•e•s.
Pour que viennent les jours heureux et le goût du bonheur. Ca
prendra le temps qu’il faudra, mais ça viendra.
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