Cette
année est une année historique pour le mouvement
ouvrier car nous célébrons les 100 ans de la glorieuse
Révolution russe. Alors pourquoi ce lien entre le 8 mars,
journée internationale de la femme lancée à
l’initiative de Clara Zetkin et de l’Internationale
Socialiste et le début de la Révolution russe ?...Tout
simplement, parce qu’en cette année terrible à la
fois par sa résonnance historique mais aussi par les luttes
terribles qui s’annoncent en cette période de régression
sociale, il est bon de rappeler que la révolution démocratique
qui va renverser le régime féodal et le pouvoir
séculaire des Tsars a connu son tournant avec la manifestation
des femmes le 8 mars 1917 réclamant d’abord du pain et
le retour de leurs conjoints et fils partis au front.
La répression sauvage de cette révolte pour que cesse
le cauchemar quotidien de ces femmes, de ces mères va
engendrer une radicalisation des masses ouvrières et
populaires qui va balayer balayant d’abord le féodalisme
tsariste réactionnaire et instaurer la cohabitation entre un
double pouvoir : celui des Soviets et celui de la bourgeoisie.
Le gouvernement bourgeois trahira les aspirations à la paix du
peuple russe, ce qui débouchera sur un coup de balai d’une
ampleur inégalée aboutissant au premier état
socialiste dans le monde, l’URSS. Le 8 mars naît d’un
appel de la seconde conférence des femmes socialistes à
Copenhague en 1910 : une journée des femmes doit se
dérouler annuellement ! Au-delà des frontières
nationales, il fallait lutter pour le droit de vote, pour le droit de
protection des femmes et de leurs enfants et pour la libération
de la femme de la double oppression dans le capitalisme. En effet en
régime capitaliste, la femme est opprimée en tant
qu’ouvrière travailleuse et en tant que femme et mère
en raison l'instrumentalisation bourgeoise du patriarcat. Dès
1913 et 1914, des manifestations clandestines de femmes sont
organisées en Russie. Elles sont organisées grâce
au soutien des Bolcheviks à travers leur journal la Pravda et
de militantes communistes comme Alexandra Kollontaï. Déjà
la paix, dans le climat délétère qui précède
le déclenchement de la première guerre mondiale est au
cœur des revendications. En plein conflit mondial, à
l'initiative des militantes de la seconde Internationale ouvrière
est organisée le 8 mars 1915 à Oslo une manifestation
contre la guerre, prélude à la conférence de
Zimmerwald de 1915 La
révolte des femmes le 8 mars 1917 revendiquant dans les rues
le pain et la paix est une étape décisive dans le
processus qui débouchera sur la Révolution
d'Octobre. En
ce 8 mars 2017, un vibrant hommage doit être rendu à ces
ouvrières du textile qui ont osé affronter la chape de
plomb tsariste.
Elles ont été au coeur d'un processus qui verra son
aboutissement dans l’avènement du premier Etat construit
par les travailleurs et pour les travailleurs dans le monde. Et la
liberté des travailleurs ne peut être complète
s’il subsiste la moindre once d’oppression dans la
société : la libération des travailleurs de
l’aliénation capitaliste s’est donc forcément
accompagnée de la libération des femmes de leur
oppression spécifique. Une attention particulière est
apportée aux mères et à leurs enfants avec la
création en 1918 d’un département pour la
maternité et de l’enfance. L’égalité
politique et sociale est reconnue par la Constitution. Droit de vote
et d'éligibilité, mariage civil avec liberté
pour les deux époux de choisir leur nom après le
mariage, divorce express par consentement mutuel, droit à
l'avortement, congé maternité, développement des
structures collectives qui libèrent la femme de l'assignation
à résidence (laveries et cuisines collectives). Le
gouvernement bolchevique a été plus loin en termes
d'émancipation des femmes qu'aucun gouvernement avant lui.
Cela s’accompagnera d’une politique de formation
spécifique des femmes afin qu’elles puissent prendre
toute leur place à tous les échelons dans la
construction d’un nouveau monde qui se libère de
l’aliénation capitaliste. Pour la première fois,
une femme, Alexandra KOLONTAÏ, devient membre d’un
gouvernement, commissaire en charge des affaires sociales. Déjà
les 5 et 6 octobre 1789, c’est à l’initiative de
femmes qui refusaient de subir la disette qu’une marche sur
Versailles est organisée, contraignant le roi et sa famille à
se réfugier au palais des Tuileries. La places des femmes dans
la société fait qu’elles sont les premières
confrontées à la misère, à la précarité
qui nous submergent de plus en plus. Aujourd’hui, des enfants
dorment à la rue, des familles n’ont pas de quoi assurer
plus d’un repas par jour ! La faim revient. N’oublions
pas, non plus, que la guerre gronde aujourd’hui encore du fait
de la rapacité des vautours qui nous dirigent pour leurs seuls
intérêts. Aucune lutte de progrès ne se fera sans
participation des femmes : de Djamila Bouhired pendant la lutte
de libération nationale en Algérie à Leïla
Chahid figure de proue de la résistance palestinienne, ou la
dirigeante du PCF Martha Desrumaux déportée à
Ravensbruck, la communiste Emilienne Mopty qui organise la marche des
femmes de mineurs pendant la seconde guerre mondiale ou encore
l'immigrée Moldave communiste Olga Bancic résistante de
MOI-FTP, ce ne sont que quelques noms pour rappeler la mémoire
de toutes ces militantes des causes de progrès qui ont été
d'un apport essentiel dans la lutte pour l'émancipation
de la classe ouvrière et la libération nationale! Que
nos dirigeants craignent la juste colère des femmes
confrontées à la voracité des banquiers, des
actionnaires qui nous jettent sans vergogne dans la pauvreté
: ce
8 mars 1917 est là pour leur rappeler les foudres qu’ils
encourent !
La
lutte pour les droits des femmes est donc historiquement et
fondamentalement indissociable de la lutte générale
contre l'exploitation capitaliste, n'en déplaise à "la"
candidate fasciste des prochaines élections présidentielles
qui tente opportunément, comme d'autres, de s'en prévaloir
pour légitimer son programme antisocial.
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