Le
gouvernement vient de rendre public son projet de loi de réforme
du Code du Travail, présentée comme la dernière
grande « réforme » du quinquennat.
Dans
la continuité des lois « Macron » et
« Rebsamen », le projet porté par Myriam
El Khomri, la ministre du Travail, est une nouvelle attaque d’une
ampleur sans précédent contre les travailleurs,
illustrant une nouvelle fois au service de quelle classe sociale est
ce gouvernement qui se prétend de « gauche ».
En 53 articles et 131 pages, c’est en fait un retour en arrière
de plus de cent ans que veut nous imposer ce gouvernement du MEDEF,
comme dans un mauvais roman de science-fiction. Bienvenue dans le
nouveau 19ème siècle !
Véritable
autodafé du code du travail, le projet de loi répond
aux exigences du grand patronat jamais assouvi, jamais repu, prêt
à réinventer le servage pour préserver et
augmenter ses profits et ses dividendes, ce que les experts
médiatiques appellent « compétitivité ».
Pouvoir
imposer, comme au bon vieux temps, comme avant 1919, 12 heures de
travail par jour et soixante heures par semaine, rétablir le
travail des enfants en faisant travailler les apprentis mineurs 10
heures par jour et quarante heures par semaine, licencier sans
contrainte et à moindre frais en plafonnant les indemnités
prud’homales à 15 mois de salaire maximum pour les
salariés ayant 20 ans d’ancienneté ou plus,
contourner les organisations syndicales par l’instauration d’un
referendum d’entreprise pour obtenir des « accords »
inférieurs à la loi : Cette loi c’est
la loi du capitalisme décomplexé, sans entrave à
la réalisation de ses profits. Le grand patronat en
rêvait depuis des décennies, Hollande le fait.
Ce
projet s’inscrit dans un rapport de force pour l’instant
peu favorable aux travailleurs, qui sont sur la défensive et
manquent d’une représentation politique forte.
Cependant, la lutte des classes s’aiguise comme le démontrent
les luttes nombreuses pour l’augmentation des salaires, la
sauvegarde des emplois et des libertés syndicales, contre les
conséquences du libéralisme et des diktats de l’Union
Européenne. Les exemples emblématiques de la
mobilisation de soutien aux travailleurs d’Air France et de
Goodyear n’en sont que la partie la plus visible. La loi
« Travail » ne fait que renforcer une colère
montante, comme le prouve le succès de la pétition en
ligne qui atteint au moment où nous écrivons plus de
800 000 signatures.
Le
mépris de classe affiché par un Valls rigide et
suffisant, refusant de prendre les pétitions que lui tendait
un délégué CGT à l’usine Solvay de
Chalampé, n’y pourra rien changer. C’est au
contraire un aveu de faiblesse : la faiblesse de celui qui sait
que le succès de la pétition reflète un refus de
classe.
En
se donnant 15 jours de plus, jusqu’au 24 mars, pour présenter
en Conseil des Ministres le projet, le gouvernement est à la
manœuvre, pour essayer de s’assurer notamment un soutien
syndical, en s’appuyant sur les éléments
réformistes. Mais en dépit des trahisons à
venir d’organisations syndicales prêtes à
« négocier le poids des chaînes »
- la résistance s’organise : dès
le mercredi 9 mars, puis le jeudi 31 mars où
doit s’exprimer un front du refus politique et social. Ce
projet de loi ne doit pas passer ! Tous sur le pont !
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