Nous
étions nombreux ce samedi 30 mai, devant l’Assemblée
Nationale parjure qui fit passer par la fenêtre en 2008 un
traité que le peuple avait clairement rejeté par
référendum trois ans plus tôt.
Contre
un pilonnage médiatique d’une rare intensité
favorable au OUI, ce vote de classe fut un des évènements
majeurs de notre histoire politique récente. Les communistes
dans et hors du PCF qui avaient milité ensemble sur le terrain
pour le NON en 2005 et portent aujourd’hui encore le rejet
assumé de cette Union Européenne que d’aucun
continuent à maquiller sous les traits d’une illusoire
« Europe sociale », se sont rassemblé
hier dans l’unité à l’occasion des dix ans
de ce NON à l’Europe.
Pour
la sortie de l’OTAN et de l’UE, contre les impérialismes
français, allemand, européen, états-unien, le
RCC, le PRCF, le Réseau Faire Vivre et Renforcer le PCF ont
pris la parole successivement pour réaffirmer la portée
politique de ce NON et donner des perspectives au mouvement
communiste pour la souveraineté populaire et les droits
démocratiques et sociaux quotidiennement piétinés
par la dictature européenne du triumvirat
Merkel-Hollande-Juncker ! Une initiative importante qui en
amènera d’autres, pour élargir et renforcer notre
unité !
Vous
trouverez la vidéo et le texte du discours du RCC prononcé
par William Roger à cette occasion, ainsi que des photos du
rassemblement et une interview de nos camarades par une chaîne
de télévision iranienne.
Interview
par la chaîne de télévision iranienne de
militants de la Coordination Communiste lors de notre rassemblement
(VIDEO)









Chers
amis, chers camarades,
Nous
sommes réunis ce jour, 30 mai 2015, à proximité
de l’Assemblée Nationale, pour
célébrer une victoire, dénoncer une forfaiture,
et renouveler un engagement.
1.
Nous sommes réunis pour célébrer
une Victoire du mouvement ouvrier et populaire :
il y a 10 ans, le 29 mai 2005, par référendum, 54,67%
des votants rejetaient le « Traité établissant
une Constitution pour l’Europe », communément
appelé TCE.
13 ans après
l’échec du Non au référendum du 20
septembre 1992 contre le Traité de Maastricht, qui n’avait
été perdu que d’une courte tête, le peuple
gagnait ainsi cette seconde manche.
Cette victoire montrait
le mûrissement de la conscience populaire face au mythe
européen construit au nom de la paix depuis des décennies,
cette victoire montrait l’effritement du mythe de « l’Europe
sociale », dont la bourgeoisie et ses porte-voix de droite
et de gauche n’avaient eu de cesse de nous rebattre les
oreilles depuis des décennies. Cette victoire exprimait la
réaction de classe face à la casse sociale, aux
licenciements, aux délocalisations, au dumping social, face à
la machine à exploiter en commun qu’a été
depuis le début le « marché commun »,
la CEE (communauté d’exploitation européenne),
l’Union Européenne espace où la concurrence doit
être « libre et non faussée »
selon les termes fameux du Traité constitutionnel rejeté.
Ce vote du 29 mai 2005 a
constitué une gifle magistrale à la classe dominante, à
ses relais et agents – partis politiques, médias,
syndicats patronaux et syndicats ouvriers réformistes ;
les européistes en étaient convaincus : la
question soumise à référendum obtiendrait la
bénédiction de la population approuvant ceux qui sont
qualifiés pour la guider.
Les mois qui précédèrent
le vote, le Traité constitutionnel européen fut lu,
commenté, analysé, une culture juridique partagée
s'est déployée un peu partout : sur les lieux de
travail, sur les marchés, en famille, sur l’Internet,
etc. Les « citoyens ordinaires », quelquefois regroupés
dans des organisations militantes ou aidés par celles-ci, ont
affirmé une capacité à comprendre le sens du
texte et celui-ci a été rejeté, et ce, malgré
le « gratin » de la politique et les médias
dominants qui s’exprimaient, à plusieurs voix certes,
mais dans le même sens, et qui nous avaient répété
pendant plusieurs mois, sans discontinuer, une propagande puissante,
selon laquelle la seule réponse censée était le
oui.
En s’emparant du
débat, la classe ouvrière en particulier a fait preuve
d’une grande maturité, balayant notamment ceux qui, soit
avec des arguments droitiers soit avec des arguments gauchistes,
réduisent la lutte de classe à une stricte lutte
économique de l’ouvrier contre son patron, l’empêchant
de se saisir des questions politiques, des questions de contexte
politique, juridique, institutionnel dans lequel se déroule
notre combat.
Le vote NON du 29 mai
2005 a clairement été un vote de classe : 81% des
ouvriers ont voté NON, 79% des chômeurs ont voté
NON, quand 62% des cadres ont voté OUI. Denain dans le Nord,
ville martyrisée par la fermeture de la sidérurgie,
ville au revenu fiscal de référence le plus bas de
France, a voté à 75% pour le NON ; tandis qu’à
Neuilly sur Seine on votait à 82% pour le OUI.
2.
Nous sommes réunis aussi aujourd’hui pour
dénoncer une forfaiture,
et c’est le sens de notre présence près de
l’Assemblée Nationale parjure, près de ce lieu
qui est, nous dit-on, le lieu de l’expression de la démocratie.
En effet en février
2008, le Parlement (c’est-à-dire les députés
mais aussi les sénateurs), réuni en Congrès, a
ratifié par une très large majorité le Traité
à peine retouché que le peuple avait pourtant rejeté
3 ans plus tôt. La démocratie dite représentative
s’essuyait ainsi les pieds sur la démocratie directe. La
souveraineté du peuple méprisée, bafouée,
niée ! Parlementaires de l’UMP, du Centre et du PS
confondus, tous aussi « républicains »
les uns que les autres, ont choisi d’effacer d’un trait
de plume le vote du peuple le 29 mai 2005. Les résistants ne
furent qu’une minorité.
Cette
opération consistant à faire revenir par la fenêtre
un Traité chassé par la porte a été
l’œuvre de Sarkozy, alors président UMP de la
République, et de Hollande, alors Première secrétaire
du Parti Socialiste. On se souvient que les deux hommes avaient posé
symboliquement ensemble à la Une de Paris Match le 15 mars
2005, à la veille du Référendum. 3 ans plus
tard, ils s’entendent pour rafistoler le Traité rejeté
par le peuple et le faire adopter par des élus qui trahissent
ainsi le vote du peule. Rafistolage, car l’opération
lifting consiste par exemple à retirer la mention de la
« concurrence
libre et non faussée »
parmi les objectifs de l’Union, sous prétexte que la
concurrence est un moyen et non un objectif ; hypocrisie et
tartufferie… pour nos grands « démocrates »,
tout est bon pour essayer de faire passer la pilule en douceur.
Notons
tout de même, sur ce point, que le protocole n° 6
annexé au nouveau traité adopté par la voie
parlementaire en 2008 rappelle que « le
marché intérieur tel qu'il est défini à
l'article 3 du traité sur l'Union
européenne » (c'est-à-dire
dans l'article définissant les objectifs de
l'Union) « comprend
un système garantissant que la concurrence n'est pas
faussée »,
et que, à cet effet, l'Union « prend,
si nécessaire, des mesures dans le cadre des dispositions des
traités ».
La dictature européenne n’a pas cédé un
pouce et son arsenal réglementaire est en place.
Le
nouveau Traité – dit Traité de Lisbonne, entré
en vigueur depuis décembre 2009 - a renforcé l’Union
Européenne pour annihiler toute velléité de
changement dans les pays membres qui irait contre l’intérêt
des puissants. La France devient engagée par des traités
juridiquement contraignants aux termes desquels elle s’interdit
explicitement de mener une politique indépendante et accepte
de se soumettre au verdict des décisions communautaires. La
déclaration 17 relative à la primauté, annexée
à l’Acte final du traité de Lisbonne, précise
explicitement que « les
traités et le droit adopté par l’Union sur la
base des traités priment le droit des États membres ».
Il s’agit bien d’un carcan, d’une camisole de
force, que la bourgeoisie capitaliste a jeté sur le peuple
travailleur.
Ce carcan s’est
encore renforcé avec le Traité sur la stabilité,
la coordination et la gouvernance (le TSCG), communément
appelé « pacte budgétaire européen »,
qui est entré en vigueur en janvier 2013, et avec ce qui lui
était lié et qui est sa mise en œuvre, à
savoir la « règle d’or budgétaire »
adoptée en France par le Parlement en novembre 2012, y compris
par ceux qui n’avaient pas voté la ratification du pacte
budgétaire et qui se renièrent à cette
occasion.
Etape
après étape, la bourgeoisie cherche à nous
soumettre et a à sa disposition pour cela l’Union
Européenne et son arsenal juridique. Après les
élections législatives en Grèce, Jean-Claude
Junker, président de la Commission de l’UE, a traduit
l’esprit de l’intégration européenne en
confirmant crument la fin de la souveraineté des peuples : «
Il
ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités
européens
» - entretien au Figaro (29 janvier 2015), rappelant une fois
de plus que l’UE n’est pas réformable parce
qu’elle est par nature une construction juridique et
institutionnelle destinée à empêcher le peuple
travailleur à décider par lui-même de son avenir,
une construction destinée – pour reprendre le mot
célèbre de Lénine – à « étouffer
en commun le socialisme en Europe », comprendre par là :
« à étouffer la perspective
révolutionnaire ».
3.
Nous
sommes donc réunis ici aussi pour
renouveler un engagement,
celui pris en 2005 au moment de la bataille pour le Non :
l’engagement de poursuivre cette bataille aujourd’hui,
pour la souveraineté populaire, pour la sauvegarde des
intérêts vitaux de la classe ouvrière et des
larges couches populaires victimes de la marche à la guerre
économique, pour la paix. Le Non est en ce sens d’une
actualité brûlante.
Un sondage ces jours-ci
nous indique que si le vote de 2005 avait lieu aujourd’hui, les
Français seraient encore plus nombreux à dire NON :
62% des électeurs qui étaient en âge de voter en
2005 diraient NON, soit 7 points de plus. Le fruit amer de
l’expérience.
Il faut organiser et
préparer la rupture avec l’Union Européenne, avec
sa monnaie l’euro, avec ses alliances militaires, que ce soit
l’Otan ou l’embryonnaire Agence Européenne de
Défense.
La nation française
doit retrouver son indépendance monétaire, fiscale,
douanière pour reconquérir la maîtrise de ses
richesses par l’appropriation collective des grands moyens de
production et d’échange dans des formes diversifiées.
Elle doit établir de nouveaux rapports de coopérations
et d’échanges, dans la libre administration des hommes
et des femmes sur leurs ressources et le respect absolu de la
non-ingérence dans les affaires internes des pays, nations et
peuples souverains.
Ce combat-là,
anticapitaliste dans son essence, n’est pas, quant au fond, une
lutte nationale, même si elle en revêt inévitablement
cependant la forme puisque la nation est le cadre permettant la
souveraineté pour le peuple, c’est à ce niveau
que les conquêtes sociales ont été réalisées
et qu’elles peuvent être les mieux reconquises et
garanties. En ce sens, notre combat n’a rien de commun avec
celui du FN ou des autres secteurs de la bourgeoisie dite
souverainiste.
Le
FN propose une sortie de l'euro et une critique de l’UE qui
exprime le point de vue des éléments les plus
réactionnaires, les plus chauvins et les plus impérialistes
du capital financier français qui veulent contrôler et
diriger l’Union Européenne à la place de
l’Allemagne. Une « France forte dans une
Europe forte » tel est leur slogan, qui ne signifiera
que des larmes et du sang pour les travailleurs. Il faut noter dans
ce cadre-là que le
capital français n'a pas totalement abdiqué et cherche
parfois à utiliser les USA pour "rééquilibrer"
le rapport des forces dans certains domaines avec l'Allemagne, comme
l’a montré l'affaire du rachat du français Alstom
par l’américain Général Electric contre
l’allemand Siemens. En outre, le complexe militaro-industriel
français est entrain de plus en plus de jouer le rôle
pilote de l'économie en France, comme le montrent les ventes
militaires qui orientent de plus en plus ouvertement la politique
extérieure de l'impérialisme français. C'est là
un atout de l'impérialisme français que n'a pas encore
l'Allemagne.
Au
contraire donc des fascistes et autres souverainistes de droite qui
sont en fait les porte-paroles d’une France impérialiste,
notre « France » à nous est la France du
peuple travailleur, classe ouvrière devenue aujourd'hui
multicolore, multiculturelle et multireligieuse, qui combat pour sa
souveraineté, son unité de classe et l’égalité
entre toutes les Nations et tous les peuples, dans une perspective de
coopération au-delà des frontières (et pas
simplement d’ailleurs dans un « cadre européen »
qui n’est pas l’unique espace de la coopération
internationale).
Chers
amis, chers camarades,
Depuis
l’effondrement du camp socialiste dirigé par l’URSS,
le monde n’a jamais été aussi instable, et les
pays du camp capitaliste occidental s’enfoncent dans la ‘crise’
(crise de valorisation du capital), paupérisant des couches de
plus en plus importantes de travailleurs, la génération
actuelle des peuples de l’Union Européenne ayant un
niveau de vie plus bas que celle de nos parents, pour la première
fois depuis 1945. Il est vrai que la digue de protection des droits
et des acquis des travailleurs a sauté avec le Mur de Berlin
et que le Capital, revigoré, veut reprendre tout ce qu’il
a cédé pendant la période de « l’équilibre
stratégique » entre le capital et le travail, entre
1945 et la fin des années 1980. La « construction
européenne », c’est-à-dire le
processus de création d’un marché commun intégré
favorisant l’expansion des monopoles capitalistes des pays du
centre du système, contre les travailleurs de toute l‘Europe
et les peuples des pays dominés, n’est qu’un
projet totalitaire qui étouffe la liberté des peuples
au nom de la liberté des capitalistes, qui crée des
inégalités entre les peuples au nom de l’égalité
des droits des exploiteurs.
Bien
loin d’être l’homogénéisation des
conditions de vie, l’Europe, c’est l’homogénéisation
des conditions d’exploitation, la sauvegarde en tout lieu tout
moment d’un bon taux de profit pour les capitalistes, avec cure
d’austérité pour tous pour rétablir ce
taux de profit en cas de besoin.
L’Union Européenne, c’est une machine de guerre
pour broyer les peuples et les nations, un rouleur compresseur pour
laminer nos vies et nos emplois, une arme de destruction massive de
tous nos acquis sociaux !
L’Union
Européenne n’est pas la ‘maison commune’ des
peuples, c’est la ‘maison commune’ de la
bourgeoisie.
Le
RCC (Rassemblement des Cercles Communistes) se bat pour la sortie de
la France de l’Union Européenne. Les travailleurs ont
intérêt à ce que leurs adversaires soient divisés
et non unis, que le cartel des bourgeoisies européennes soit
le plus faible possible. De même les peuples du Tiers-Monde ont
tout intérêt à avoir en face d’eux, non pas
un seul bloc impérialiste ou un seul bloc de puissances
impérialistes, mais un adversaire divisé entre
plusieurs états impérialistes, voire un adversaire
affaibli qui laisse le champ libre à des concurrents
capitalistes indépendants en contradiction avec les grandes
puissances impérialistes, comme sont les BRICS aujourd’hui.
Tout
pas supplémentaire dans le renforcement de la construction
européenne – constitution commune, monnaie unique, armée
commune embryonnaire – ajoute une difficulté
supplémentaire aux travailleurs d’Europe confrontés
à un adversaire qui renforce son pouvoir, et cela éloigne
la perspective d’un changement révolutionnaire de
société dans chaque pays. Or c’est à un
tel changement qu’aspirent – certes encore confusément
– des millions de nos concitoyens qui se détournent
aujourd’hui de la vie politique et en particulier des forces
politiques qui incarnent la soumission aux diktats du capital. Comme
en 2005, pour redonner des perspectives d’avenir, des
perspectives progressistes d’une société libérée
du capitalisme, il faut lever les obstacles institutionnels que les
travailleurs ont devant eux, et cela commence par se libérer
des traités qui, étape après étape, sont
venus museler le peuple de France, limiter sa souveraineté.
Pour cela, nous devons exiger un référendum pour la
sortie des Traités. Nous devons exiger, à ceux qui
n’ont que le mot « démocratie » à
la bouche, que la démocratie directe s’exerce, et
qu’ainsi la souveraineté populaire soit rétablie.
En 2015 comme en 2005, continuons le combat !
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