Il fut
un temps où des dizaines de milliers de « boat
people » au large de nos côtes suscitaient l’émotion
et recevaient massivement une carte de séjour. Il fut un temps
où des révoltes étudiantes pouvaient remettre en
cause le système, où Charlie Hebdo criait « mort
aux vaches » et défiait le pouvoir en place, où
le FN ne dépassait pas 1% des suffrages, où les bavures
policières, les persécutions racistes provoquaient
indignation et révolte dans « l’opinion
publique »…
Que nous
ayons ou non connu cette époque visiblement révolue,
comment ne pas nous révolter aujourd’hui face à
un pouvoir d’Etat qui profite des manifestations spontanées
du mois de janvier pour instaurer un Patriot Act à la
française, laisse mourir en mer des milliers de réfugiés
fuyant des pays qu’il vient lui-même de mettre à
feu et à sang, convoque des écoliers au commissariat
pour « apologie de terrorisme » et chasse les
« jupes trop longues » jugées
anti-laïques au lycée. Comment ne pas nous révolter
quand Charlie Hebdo revendique, avec le soutien de toute la classe
dominante, le « droit au blasphème »
obsessionnel, non pas contre une religion d’Etat mais contre la
religion d’une partie de notre classe ouvrière, quand
toute la classe politique finit par s’inspirer d’un
FN désormais fréquentable pour stigmatiser à
longueur d’antenne la « racaille », le
« menace islamiste », les « banlieues »,
le « problème musulman », le « problème
de l’immigration »…
En
novembre 2005, des policiers chassaient dans un quartier populaires
deux jeunes écoliers nommés Zyed et Bouna. Ces
derniers, réfugiés sur un
site notoirement dangereux, périrent électrocutés.
Les enregistrements des échanges entre policiers font état
des propos suivants : « En même temps, s'ils
rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau ».
Durant 21 jours plus de 400 quartiers populaires s'étaient
révoltés pour protester contre cette mise en danger de
la vie d'enfants. Les policiers mis en cause viennent d’être
acquittés suite à dix ans de tergiversations, et ce non
sur la base d’une mise en danger de la vie d’autrui mais
de non-assistance à personne en danger ! Il fut un temps,
oui, où ce genre de bavure aurait fait scandale…
D’ailleurs,
pour beaucoup de travailleurs, de citoyens des quartiers populaires,
la coupe est pleine, et c’est sans doute souvent et
paradoxalement cette foi tant vilipendée par le système
politico-médiatique, qui leur donne le sang-froid suffisant
pour ne pas exploser… face à ce prétendu « Etat
des Droits de l’Homme », cet Etat des « Lumières »,
celui de la classe capitaliste qui prend chaque jour davantage
l’allure des Etats ségrégationnistes type Israël,
qui massacre les palestiniens avec le soutien de nos gouvernements,
type USA, où la police assassine chroniquement des noirs dans
une quasi-impunité judiciaire…
Contre
le racisme d’Etat, contre l’islamophobie, contre la
stigmatisation consciente et planifiée des quartiers
populaires, contre tout ce qui peut et veut diviser notre résistance
face à un système condamné, agonisant, en pleine
fuite en avant meurtrière, qui ne sème plus que misère
et guerre hors des frontières comme sur notre sol, la
Coordination Communiste adresse son soutien aux familles des victimes
et dénonce avec force la lepénisation préméditée
des esprits qui, toujours scandaleusement parée des « valeurs
les plus nobles », promet à notre peuple, si rien
ne s’y oppose, les mêmes catastrophes que celles qui se
sont abattues dans les années trente et quarante, dans une
crise capitaliste généralisée en tout point
similaire !
La
Coordination Communiste appelle tous les communistes, les démocrates,
les syndicalistes de classe, les antiracistes et antifascistes à
prendre toute la mesure de la gravité du verdict scandaleux
qui vient d'être prononcé. Au moins 95 cas similaires
sur ces dix dernières années se sont produits dans un
silence assourdissant des médias bourgeois.
La Coordination
Communiste appelle tous les communistes, les démocrates, les
syndicalistes de classe, les antiracistes et antifascistes à
œuvrer ensemble pour dire NON à l'apartheid d'Etat en
France et favoriser ainsi l'unité du camp des travailleurs
contre les politiques eurocrates atlantistes du PS à la suite
de la droite.
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