La
Coordination Communiste 59/62 dénonce la barbarie qui a frappé
le journal Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier. Elle présente
toutes ses condoléances aux familles des victimes et à
leurs proches.
Cet
attentat a frappé de stupeur des centaines de milliers de nos
concitoyens qui se sont rassemblés dès le premier soir
dans de très nombreuses villes. Il plonge dans l’inquiétude
les musulmans de France, et au-delà toutes les populations
d’origine maghrébine qui, instruits par l’expérience,
savent que vont repartir de nouveau les amalgames et les
stigmatisations.
Au-delà
en effet des 12 victimes de ce carnage, nous pensons aux victimes
« collatérales » : les musulmans,
cibles privilégiées d’une islamophobie galopante
dont un Zemmour ou un Houellebecq sont l’expression les plus
récentes, et de façon générale tous les
« arabes » vite désignés à
la vindicte publique par cette frange raciste de la population
française chauffée à blanc par le FN depuis 30
ans.
Sur
le plan politique, le FN ne peut que tirer profit de cette
situation : non seulement parce qu’il surfe sur ce climat
réactionnaire de rejet du bouc-émissaire musulman
« naturellement intégriste », mais parce
que le climat d’« Union sacrée »
va aujourd’hui jusqu’à intégrer le FN qui
peut, lui aussi, proclamer que « il est Charlie ».
La
Coordination Communiste met en garde contre les risques d’aggravation
du mal que l’on veut combattre si la nécessaire et
légitime expression de l’émotion et de la
solidarité avec les victimes se mue en un vaste front
républicain d’Union Sacrée au lieu de rechercher
les causes profondes de ce drame afin d’éviter qu’il
ne se reproduise.
Or
rechercher les causes profondes, c’est nécessairement
s’interroger sur le contexte de la montée de
l’islamophobie, forme moderne de l’arabophobie, et ses
conséquences.
A
la lutte des classes, les idéologues du capitalisme voudraient
substituer le « choc des civilisations », la
soi-disant guerre des cultures. L’islamophobie est ainsi une
arme pour la division des travailleurs.
Cette
islamophobie est largement nourrie par un racisme d’Etat :
depuis Peugeot dans les années 80 quand les grévistes
étaient traités de « terroristes »
en passant par l’interdiction de porter le voile dans les
années 90. Parallèlement, la religion musulmane est
présentée comme un frein à l’intégration
de ses jeunes pratiquants et même l’explosion des
banlieues de 2005, issue de la misère croissante qui y règne,
est désormais présentée comme un problème
culturel provoqué par les difficultés d’intégration
des jeunes musulmans dans la société française.
Par
cette stigmatisation, certains jeunes les plus fragiles sont ainsi,
par réaction, offerts en pâture par le gouvernement aux
extrémistes obscurantistes qui mènent le combat contre
le PKK et Bachar El-Assad au Kurdistan et en Syrie.
Pourtant,
l’impérialisme français n’est plus du tout
regardant sur ces pseudos incompatibilités culturelles quand
ces mêmes musulmans obscurantistes sont des dirigeants
politiques bourrés de pétro dollars comme au Qatar ou
en Arabie Saoudite. Le droit des femmes n’a pas le même
poids en Iran et dans ces deux pays.
De
même, le gouvernement français s’embarrassait de
beaucoup moins de considérations éthiques sur les
possibles incompatibilités avec les valeurs de la religion
musulmane quand il s’agissait de faire la chasse aux dirigeants
nationalistes d’Irak, de Libye, de Syrie en formant, en armant,
en soutenant financièrement des groupes terroristes
obscurantistes qui ne savent semer que le chaos et la mort. C’est
tout de même la France officielle qui, la première, a
reconnu en octobre 2011 le « Conseil National Syrien »
à dominante intégriste.
L’Etat
islamique (DAESH) à la frontière de la Turquie et de la
Syrie est le dernier exemple médiatique. Le gouvernement
français a beau jeu de dénoncer aujourd’hui ceux
qu’il a contribué à nourrir pour déstabiliser
le régime de Bachar El-Assad pas assez coopératif avec
ses intérêts.
A
l’inverse, quand en juillet 2014 on mourrait à Gaza sous
les bombes et que des milliers de citoyens en France, très
majoritairement de confession musulmane, voulaient exprimer leur
colère, le gouvernement PS prenait la décision
gravissime d’interdire une manifestation. Ce « deux
poids deux mesures » dans la nécessaire compassion
face aux victimes participe, aussi, d’une stigmatisation d’une
partie de la population de ce pays.
La
Coordination Communiste est attachée à la défense
de la laïcité, fondement de notre République, mais
d’une laïcité qui ne stigmatise pas les religions
et en particulier la religion musulmane, religion de minorités
opprimées en France.
La
Coordination Communiste est également convaincue que le combat
politique et social contre le capitalisme et pour une autre société
plus juste, plus solidaire, implique une rupture nette avec le
gouvernement PS, au risque sinon de servir de marche-pied au Front
national.
L’union
du peuple contre la barbarie terroriste ne signifie pas l’union
sacrée politique.
La
Coordination Communiste participe et continuera à participer
aux hommages rendus aux victimes.
|