Les
drapeaux oranges ne sont plus à la mode mais l’Ukraine
ressemble à celle de la « révolution
orange » menée à l’époque
par les « champions de la démocratie et de la
liberté » Ioutchenko et Timochenko (dixit les
médias européistes et atlantistes) contre
« l’impérialisme russe ».
« Révolution » dont on sait depuis,
notamment, le documentaire de Manon Loizeau « Les
Etats-Unis à la conquête de l'Est »
visible sur Dailymotion, que la « spontanéité »
a été organisée avec l’aide de la CIA.
Qui
dirige « l’opposition » ukrainienne ?
Cette
« opposition » actuelle est constituée
de 3 partis : « Patrie », l’UDAR et
« svoboda ». L’Union panukrainienne
« Patrie » d’Arseni Iatseniouk est
l’héritière du « Bloc Ioula
Timochenko ». Que celle-ci soit une escroc notoire ne
gène pas certains. Mais les écrits commencent à
se libérer comme cet article de médiapart qui démontre
que les accusations portées contre elles d’abus de
pouvoir, d’abus de biens sociaux voire de meurtres reposent bel
et bien sur des faits concrets et prouvés et que son procès
n’était pas une simple opération politique. Que
l’UE ait exigé sa libération dans ses
négociations avec le gouvernement ukrainien montre que
celle-ci n’a guère de scrupules dans le choix de ses
alliés mais il est vrai que celle-ci a été
troquée contre Ioutchenko en perte de vitesse par le suzerain
de l’UE que sont les USA. Rappelons ici que Timochenko s’est
alliée à des élections à svoboda.
L’UDAR
(« coup de poing ») regroupe lui aussi
des tenants « oranges » comme leur
nouvelle hégérie des médias occidentaux le
boxeur Vitali Klitschko. Ce résident permanent des États-Unis
et de l’Allemagne déclare, comme l’a révélé
le journal communiste ukrainien Vremia, la modique somme
de 12 millions de dollars aux USA, pour lesquels il ne paie pas
d’impôts, ce qui en fait un exilé fiscal (Cahuzac
en héros de la démocratie en quelque sorte !). Et,
surtout, l’UDAR est une officine allemande. En effet, Werner
Jostmeier (membre de la CDU et représentant du groupe PPE au
parlement européen) l’assume ouvertement : « Le
Think-Tank Konrad Adenauer (die Konrad Adenauer Stiftung) de la CDU a
donné à Klitchko pour mission de mettre sur pied un
parti politique chrétien-conservateur. Son rôle en tant
que chef du parti UDAR [...], il le prend très au sérieux.
Nous lui souhaitons beaucoup de succès. ».
Timochenko est donc le pion US tandis que Klitschko est le pion
allemand.
Quant
à svoboda (« liberté »),
c’est un parti fasciste, allié du Front National (FN),
dont le nom complet est « Parti
National Socialiste d'Ukraine » qui se
réclame héritière de « l’Organisation
des nationalistes ukrainiens »
(OUN) née en 1929 (ils reprirent temporairement l’ancien
sigle qui est une swatiska nazi stylisé) dont une fraction
créa une division Waffen SS « Galitchina »
commémorée tous les 28 avril par ce parti. Ce 1er
janvier, il organisa une manifestation de 25.000 néonazis à
la gloire du chef de guerre fasciste Stepan Bandera, l’autre
tendance de l’OUN qui se ‘’contenta’’
de s’allier à la Wermarcht... Mais les médias
européistes ne qualifient ce parti que de « nationalistes »
et non de néonazis. Cette opération a été
rendue possible du fait que svoboda a été le cheval de
Troie de la réhabilitation du fascisme dont une des
manifestations a été la « condamnation
des 2 totalitarismes »
(fascisme et socialisme) par le Parlement européen en 2009,
condamnation saluée par Svoboda comme une « victoire sur
le bolchévisme ».
De plus svoboda est la prolongation idéologique radicalisée
de l’ancien leader et ex-président Ioutchenko. En effet,
celui-ci initia la réhabilitation des ex-nazis ukrainiens.
Notamment, il signa un décret en 2007 de réhabilitation
officielle de Bandera et de l’OUN-UPA et de son chef militaire
Choukhevitch. Cette position a provoqué des manifestations
d’anti-fascistes réprimées dans l’indifférence
des médias européistes et atlantistes. Ces décrets
étaient le début de l’instauration d’un
climat idéologique réactionnaire prétendant que
« les
fascistes ukrainiens étaient eux aussi
‘pro-européens’ ». Ioutchenko
développa aussi (préparant le terrain à
svoboda), un antisémitisme, une tziganophobie
(rromophobie) et une russophobie exacerbés. Il n’y
a rien d’étonnant que la percée de ce parti et
son entrée au parlement ukrainien en 2012 coïncida
avec la dégringolade de « Notre Ukraine »
le parti de l’ancien pion US, soutenu par l’UE,
Ioutchenko. Ce parti est celui qui fournit l’essentiel des
troupes pour les coups de force fascistes.
C’est
donc ce conglomérat de partis liés aux oligarchies
ukrainiennes pro-européennes, européennes et
étatsuniennes qui représentent « la
démocratie et la liberté » pour les
européistes et les atlantistes : un club de
supporters d’une escroc notoire relais des USA et de l’UE
et une officine allemande dirigé par un exilé fiscal
aux USA alliés à des fascistes!
Mouvement
« pour la démocratie » ?
Les
gouvernements depuis 1992, dont les « oranges », ont
fait d’une république de l’URSS hautement
développée un des pays les plus pauvres (PIB par
habitants de 7.422 dollars contre, par exemple, 16.150 dollars pour
sa voisine biélorusse), des plus corrompus (tous partis
bourgeois confondus) et un peuple en voie d’extinction (7
millions d’habitants de moins depuis 1996).
Ainsi,
aux dires mêmes de journalistes pro-opposition, à part
sur la place Maidan et quelques rues avoisinantes et dans l’ouest
(essentiellement en Galicie où svoboda représente 30 %
de l’électorat) la vie en Ukraine se déroule
normalement. Et, tous les appels à la grève générale
ont été superbement ignorés par les travailleurs
d’Ukraine. Les « oranges-bruns »
ne mobilisent donc pas les masses populaires mais l’impopularité
du gouvernement bourgeois actuel empêche leur nécessaire
mobilisation contre ces « manifestants ».
Le
mouvement dure mais du fait non d’un réel soutien
intérieur mais du soutien extérieur notamment des
impérialistes US et de l’UE dans le sillage de
l’impérialisme allemand. Les multiples visites de Mc
Cain, ex-candidat à la présidentielle des USA, de
Kerry chef du département des affaires étrangères
US et d’officiels allemands aux manifestants fascistes
ukrainiens en sont les preuves éclatantes. Que dirait-on
qu’alors qu’un groupe fasciste occupe violemment des
bâtiments officiels français que des officiels Russes
viennent les soutenir et que la Russie interdise au gouvernement
français de faire respecter l’ordre public ?
Le
parti communiste ukrainien a très vite récolté 4
millions de signatures (3 millions suffisent selon la constitution
ukrainienne) pour exiger un referendum sur cet accord avec l’UE.
Pourquoi les 3 partis de « l’opposition »
n’acceptent-ils pas tout simplement l’organisation de
celui-ci ? Craindraient-ils le résultat ? Il
est donc clair que leur but réel n’a rien de
démocratique.
Les
objectifs des impérialistes : le pillage et la guerre
Ce
qui se cache derrière l’agitation fasciste en Ukraine,
c’est en réalité la volonté des USA et de
l’UE de poursuivre le démantèlement des
ex-pays socialistes pour les piller et exploiter la main d’œuvre
bien formée mais bon marché ukrainienne comme
l’ex-Yougoslavie en a fait les frais à la fin des
années90. L’Ukraine est aussi une étape vers
l’encerclement de la Russie par l’OTAN. En effet, aucune
offre d’adhésion à l’UE ne lui
est réellement proposée et profitant que l’Ukraine
ait besoin d’une aide de 20 milliards d’euros, l’UE,
avec l’aval US, a voulu la contraindre à un accord
prédateur digne des diktats libéraux et austéritaires
imposés à la Grèce, à l’Irlande, au
Portugal, à l’Espagne, à l’Italie et à
Chypre. Le gouvernement ukrainien, qui recherchait jusque-là
l’équilibre entre l’UE et de la Russie, a adopté
une position en refusant l’accord avec la première et en
acceptant la proposition de cette dernière d’aide
immédiate de 11 milliards et de baisse d’un tiers du
prix du pétrole. L’UE et les USA mènent donc, par
pions interposés, une lutte pour la « liberté »
oui mais de piller, de mettre un peuple aux ordres (quitte
à utiliser le fascisme) dans le seul but de faire des profits
et d’affaiblir la Russie qui contrarie objectivement leur
rapacité impérialiste.
La
violence fasciste qui se déploie actuellement en Ukraine n’est
en réalité que l’expression de l’expansionnisme
de l’UE et des USA impérialistes à la recherche
du profit maximum pour sauver le capitalisme de la débâcle.
Il s’agit là d’une des manifestations de la crise
d’un système mondialisé en déroute qui
broie les travailleurs ici, détruit leurs conquêtes
sociales et mène la guerre ailleurs comme en Irak,
Afghanistan, Yougoslavie, Libye, Côte d’Ivoire,
Mali, Soudan, Centre-Afrique etc.
Plus
que jamais à l’instar des communistes ukrainiens qui
exigent un referendum sur l’UE, la question décisive
est : l’Ukraine aux Ukrainiens sur la base de son droit à
l’indépendance et à la souveraineté
populaire.
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