La
droite décomplexée jubile ; Alain Juppé
demande « Pourquoi bouder notre plaisir ? »,
Jean-Pierre Raffarin salue « une vision lucide »,
François Baroin salue la « prise de
conscience » de Hollande,
tandis que François
Fillon
déclare que « s’il
y a une politique qui redonne confiance aux entreprises, je la
soutiendrai » et Borloo se dit « prêt à
soutenir le pacte de Hollande » (repris de Le Parisien du
15 janvier et de Le Monde du 16 janvier). Et Bruno Le Maire considère
que « Hollande donne raison à la droite »
(même édition de Le Parisien) et en effet les annonces
de celui qui n’a jamais été un ennemi de la
finance sortent tout droit du programme de… Sarkozy :
-
hold-up de 35 milliards par le dédouanement des cotisations
familiales pour les entreprises, édulcoré en « pacte
de responsabilité » ; Sarkozy avait déjà
chargé Yves Bur en 2009 d’explorer cette voie et
déclarait le 29 janvier 2012 : « La décision
que le gouvernement proposera au parlement sera d’exonérer
la cotisation totale ou partielle des cotisations familiales ou
patronales sur les salaires » ;
-
Hollande a repris le leitmotiv de la droite martelé par
Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2012 sous le
faux label de « lutte anti-fraude » en
pointant la somme dérisoire de 300 millions d’euros de
« fraude sociale », soit 266 fois moins que la
fraude fiscale estimée à 80 milliards d’euros,
faux label « anti-fraude » que l’affaire
Cahuzac vient d’enterrer. Ne soyons pas naïfs la véritable
cible est la sécu elle-même.
-
Hollande a confirmé, après Sarkozy, son alignement sur
l’Allemagne de Merkel où droite et socialistes forment
ensemble le gouvernement qui dirige l’UE puisque la France
« doit harmoniser les règles fiscales, notamment
pour les entreprises, entre la France et l’Allemagne » ;
-
Même
l’annonce de la réduction à une « quinzaine
de régions » que confirme le porte-parole des
députés socialistes Thierry Mandon est exactement une
proposition de Balladur à Sarkozy en 2009. Ce programme est en
droite ligne de la länderisation de la nation prévue
depuis le traité européen de Maastricht.
Après
avoir entériné le vote parjure de l’Assemblée
Nationale et du Sénat du TSCG, appelé aussi à
juste titre « traité Merkozy », après
avoir été le premier gouvernement étiqueté
de gauche à détériorer les retraites des
travailleurs (Tout comme Sarkozy, Hollande a écrit à
Barroso que le départ à la retraite s’effectuera
suite à l’allongement des cotisations en moyenne à
66 ans comme demandé par la commission européenne),
après n’avoir pas amnistié les nombreux
syndicalistes poursuivis par Sarkozy (et cela continue ainsi que dans
toute l’Union Européenne), après avoir augmenté
la TVA (comme début 2012 et partout dans l’UE)…
Hollande, « le
président “même pas peur !” »
selon les propos du président de l’Assemblée
Nationale C. Bartolone
a décidé de tomber le masque en jetant ouvertement aux
orties ses promesses électorales du « changement »
exprimé en 2012. Son prédécesseur avait annihilé
lui, avec la complicité du PS et des Verts, le « non »
au referendum de 2005. Ici comme ailleurs qu’importe la couleur
du gouvernement la dictature de l’Union Européenne
impose l’austérité aux travailleurs et aux
peuples.
« Hollande
et Gattaz, c’est du sérieux »
Si
la droite encourage, le
patronat commence à jubiler. Ainsi, le nouveau « patron
des patrons » P. Gattaz considère que « C’est
un discours qui va dans le bon sens. Il y a une prise de conscience
de la réalité de la France » ou encore le
patron de l’Oréal J.P. Agon qui parle d’« un
grand progrès pour la France » qui, n’en
doutant pas, « jouera le jeu du pacte de responsabilité ».
Car ce pacte consiste à donner un cadeau de 35 milliards
d’euros sur les 100 milliards que les preneurs d’otages
patronaux du MEDEF exigent sous le prétexte éculé
de créer 1 million d’emplois, soit 100.00 euros d’aide
par emploi. Or, pourquoi en serait-il ainsi ? L’argent ira
inévitablement dans la finance, la bourse et le capital fictif
qui propose de biens meilleurs profits capitalistes du fait des
politiques libérales de ces 30 dernières années,
notamment sous impulsion européenne. D’autre part, les
« économies budgétaires »
vont aggraver l’austérité et la casse des
services publics. L’appauvrissement du peuple travailleur va
continuer au nom de cette « politique de l’offre »
au patron. Étant donné l’affaiblissement de
l’Inspection du Travail et des contrôleurs fiscaux, les
contrôles annoncés par Hollande sont une duperie. La
droite qui prépare l’offensive patronale suivante
annonçait dès ce 16 janvier par le biais de Woerth
qu'« il n’y a pas de contreparties à avoir ».
De
l’argent, la baisse des salaires plus la casse des droits des
travailleurs contre des emplois est un chantage patronal récurrent.
Récemment, le plan Gallois dit de « compétitivité »
a été lancé en novembre 2012 et en novembre 2013
il y a 272.100 chômeurs de plus. L’ANI, « pacte »
dit de « sécurisation de l’emploi »
signé en janvier 2013 a fortement affaibli le code du travail
aggravant encore la précarité des emplois, aucune des
faibles garanties promises par le patronat n’a été
tenue et 1100 nouvelles vagues de licenciements massifs mal appelés
« plans sociaux » ont vu le jour en 1 an. Plus
anciennement Yvon Gattaz, père de l’autre, déclarait
le 20 juin 1986 « La suppression de l’autorisation
de licenciement devrait permettre de créer 300 000 à
400 000 emplois. », mais il y eut dans les faits 400 000
licenciements de plus. Hollande, après avoir décoré
le père en avril, a soutenu le fils à l’élection
du MEDEF qui déclara pendant la campagne : « Je
me fiche de la couleur du gouvernement. Je lui dis : vous allez
dans la bonne direction mais allez-y plus vite et plus fort. Et
faites-nous confiance, nous pouvons accompagner les réformes. »
Ce patronat, qui bénéficiait déjà de 100
milliards de réductions diverses et variées d’après
Pierre Moscovici lors d’une rencontre le 27 novembre 2012 à
Bercy sur le site internet « À perdre la raison »,
a reçu 20 nouveaux milliards de cadeaux en CICE (« crédit
d’impôt compétitivité-emploi »)
en 2013. Aucune contrepartie n’a été exigée,
l’argent est allé dans la poche des patrons et des
actionnaires avec l’efficacité que l’on a vu en
termes d’emplois.
Par
contre les travailleurs ont vu leurs salaires stagner, et par
conséquent leur pouvoir d’achat baisser, les smicards
n’ont reçu en tout et pour tout (en dehors de
l’augmentation minimale légale) qu’un « coup
de pouce » de 6 centimes par heure en 2012 et les chômeurs
ont vu leurs droits de plus en plus niés et les radiations se
multiplier.
Unir
dans la lutte et dans les urnes tous les travailleurs et toutes les
victimes de l’austérité
Donc
il n’y a pas à céder au chantage ni à
l’emploi, ni aux conditions de travail, ni en termes de
salaires de ces patrons assistés. C’est bel et bien
toujours la même politique d’austérité
libérale qui est pratiquée et qui loin d’être
« stupide » est une politique de classe en
faveur des riches (patrons, banquiers, actionnaires…) au
détriment des travailleurs et du peuple en général.
Ces
politiques anti-sociales eurocrates sont les causes véritables
de la montée du Front National (FN) lequel excelle sous la
houlette de la fille du papa dans la vulgarisation du racisme (ce que
le PS alimente désormais autant que l’UMP). Les
politiques libérales et la soumission à l’austérité
imposée par l’UE de la sociale-démocratie
flanquée des Verts sont le programme unique qu’elle
partage avec la droite qui jette le peuple dans la misère, le
chômage et impulse les aventures guerrières coloniales à
l’extérieur.
Nous
ne pourrons y donner un coup d’arrêt que si les
travailleurs et toutes les victimes des autres couches populaires, y
compris les petits patrons qui sont éliminés par les
gros du MEDEF, sont capables de s’unir et de mener
l’indispensable contre-offensive pour gagner les revendications
immédiates suivantes :
-
refus du dédouanement des cotisations familiales pour les
entreprises ;
-
augmentation des pensions et des salaires sur la base du SMIC à
1700 euros net ;
-
arrêt des licenciements et remboursement des aides
antérieures de l’État par les entreprises qui ont
licencié ;
-
retour aux taux de TVA de 7% et de 19,6 % ;
-
nationalisation des entreprises qui ferment ou délocalisent
sans indemnisation des patrons.
Lutter
pour la satisfaction de ces revendications immédiates est une
étape nécessaire vers la souveraineté nationale
populaire pour sortir de l’euro et de l’UE. Telle
est le tournant politique radicalement anti-austéritaire
auquel nous appelons les forces politiques anti-libérales
rassemblées dans le Front de Gauche !
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