Chantiers :
Que montre l’assassinat de dirigeant de gauche en Tunisie dans
la période actuelle ?
Najla :
Le camarade Chokri Belaid et Mohamed Brahmi ont été
assassinés de la même manière et par les mêmes
moyens. Ces deux assassinats dévoilent par conséquent
la même violence rétrograde, planifiée par le
régime complice. D’autre part, ces deux crimes ont
détruit toute illusion d’une « transition
démocratique » qui peut s’établir
avec le gouvernement de la coalition des classes issu des élections
de 23 Octobre 2011.
Personne
ne peut nier le fait que le parti islamiste « Ennahdha »
assume la grande part des responsabilités dans ces deux
assassinats. Mais, il ne faut pas tout de même isoler ces
crimes de la réalité des politiques impérialistes
qui a évidement une grande influence sur nos peuples en
Tunisie, en Syrie, en Egypte et dans tous les pays semi-colonisés
en particulier.
Chantiers :
Le peuple égyptien a montré qu’il ne voulait plus
des frères musulmans et de leur programme, en est-il de
même en Tunisie avec les alter-égo de Morsi ?
Najla :
Malgré l’insuffisance de la conscience politique chez la
plupart de nos concitoyens en Tunisie, les protestations contre le
gouvernement de Troïka, et principalement le parti islamiste
Ennahdha, se développent depuis des mois.
Ces
protestations se sont intensifiées surtout après
l’assassinat de Mohamed Brahmi. Il y a même eu des
mouvements de désobéissance civile et la création
des organisations autonomes dans certains gouvernorats de l’intérieur
comme Sidi Bouzid, le Kef et Gafsa.
Un sit-in permanent
s’est formé devant l’Assemblée Nationale
Constituante, qui a pour but la dissolution de cette ANC et le
renversement du gouvernement de Troïka. Bien qu’actuellement,
il y ait des tentatives de détournement de ces protestations
au profit des libéraux de droite, essentiellement le parti
« L’appel de la Tunisie », qui n’est
en fait que la nouvelle version du parti RCD de Ben Ali.
Chantiers :
En quoi Ennahdha n’est pas un parti « révolutionnaire »
mais bien capitaliste libéral ?
Najla :
Ennahdha n’est pas au pouvoir pour instaurer la démocratie
comme elle le prétend ni même pour faire régner
l’Islam comme elle le fait croire aux masses populaires
musulmanes, mais pour l’achèvement du plan de domination
de la Banque Mondiale et du FMI sur le pays. Leur plan est assez
simple à comprendre ; donner l’illusion de la
religion (Barbe, hidjab, burqa, …) tout en s’attaquant à
l’économie du pays et la mettre sous domination totale
de la Banque Mondiale à qui ils viennent d’emprunter 500
milliards.
Depuis
déjà 2 ans, il ne fait que baratiner et parler de
démocratie alors qu’en pratique, il continue la même
politique économique que Ben Ali. D’ailleurs, les
statistiques montrent une élévation des
taux de chômage (presque 30%), de pauvreté (24,7%) et de
l’émigration clandestine par conséquent.
Chantiers :
Comment interpréter les assassinats salafistes de militaires
tunisiens dans ce contexte ?
Najla :
Les mouvements salafistes ont toujours été le bras armé
des partis islamistes et la roue de secours de l’impérialisme
dans les pays arabes.
Après
deux ans à la tête du pouvoir, la politique capitaliste
pro-coloniale du parti Ennahdha a été exposée,
ils ont épuisé leurs alibis. Par conséquence,
ces agissements terroristes ont pour but la création d’un
état de chaos et de violence au profit des intérêts
et des projets impérialistes dans le pays. Ces agissements ont
eu lieu dans cette période précisément pour
intimider et démoraliser le processus révolutionnaire
en Tunisie.
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