Partant
d’étincelles multiples, au bout de onze ans de joug
autoritaire AKP, le peuple turc se rassemble avec toujours plus
d’ampleur, de force et de ténacité pour « dégager
Erdogan ! ». La répression immédiate et
brutale du pouvoir n’a pas empêché, des jours
durant, l’occupation des places et des rues des grandes villes
du pays jusque très tard dans la nuit.
Maquillée
par nos médias en simple révolte « contre un
projet immobilier » par exemple au départ, puis en
« printemps turc » quand il n’était
plus possible de masquer l’ampleur de la contestation
populaire, celle-ci prend un caractère clairement politique
dont la signification est lourde dans le contexte actuel :
-
Comme Etat intégralement soumis aux grandes puissances
impérialistes US et UE, il pratique sans sourciller
l’austérité violente prescrite par le capital
financier contre les travailleurs. C’est le peuple qui en paye
les frais, et ce n’est pas sans raisons si les forces
communistes et progressistes sont unies actuellement dans la rue pour
exiger le départ d’Erdogan et de son clan. Non seulement
le peuple ne veut pas entrer dans l’Europe, mais il ne veut pas
non plus que l’on copie la politique que celle-ci impose à
ses propres peuples ! Les travailleurs et les peuples de Turquie
exigent d’avoir leur part de la « croissance »
produite de leur sueur que les milliardaires turcs et les monopoles
impérialistes ont capté sous forme d’énormes
profits.
-
L’Etat turc est une pièce maîtresse de la
stratégie guerrière impérialiste actuellement
dirigée contre la Syrie : Membre de l’OTAN, bras
armé de l’hégémonie impérialiste
occidentale, il utilise ses provinces frontalières avec la
Syrie comme base arrière pour le repli, l’armement (y
compris chimique, rappelons-le), la formation et le remplacement des
mercenaires « jihadistes » (dont beaucoup ne
sont même pas syriens !) par les puissances coalisées
du Qatar, d’Israël, des Etats Unis, de la France, etc. De
plus en plus, les turcs manifestent leur totale opposition à
cette collaboration inique, et leur opposition à l’utilisation
de leur pays pour agresser l’Etat et le peuple de Syrie.
-
En Syrie, les multiples nationalités et communautés
religieuses vivaient en harmonie jusqu’à ce que
l’impérialisme occidental, par l’intermédiaire
d’organisations terroristes inféodées et armées
par les intégristes du Qatar et d’Arabie Saoudite, y
sèment le chaos. C’est tout à fait différent
en Turquie, où l’Etat maintient un semblant de cohésion
par des méthodes fascistes et une répression féroce
contre les minorités nationales et religieuses (Kurdes,
Alevis, etc.). L'AKP est en fait un pouvoir islamiste adoubé
par l'OTAN et Israël qui mine les fondements laïcs de
l'Etat Turc Kémaliste né dans les années vingt.
Que cet Etat qui réprime ses minorités,
participe au démantèlement de l’Etat syrien laïc
(c'est-à-dire qui protége ses communautés
religieuses contre l’hégémonie d’une seule,
qui assure la liberté égale de conscience pour tous),
est devenu on le comprend, de plus en plus inacceptable et
insupportable aux yeux du peuple turc. C’est une des dimensions
du soulèvement actuel.
-
Dans ce contexte, l’Etat turc démasque enfin sa
véritable nature pro-sioniste. De plus en plus associé
aux instances israéliennes dans cet inacceptable siège
de la Syrie, l’Etat turc révèle ses affinités
de classe avec le fascisme sioniste et avec les Frères
Musulmans au pouvoir directement ou indirectement en Egypte, en Libye
et en Tunisie. La secte des Frères Musulmans fut, rappelons
le, un outil de la C.I.A. pour contrer, à l’avantage des
USA, la montée des nationalismes arabes dans les années
50 et 60, dans l’Egypte de Nasser, mais aussi en Palestine, en
Irak, en Syrie… Au-delà d’une certaine démagogie
antisioniste, Erdogan n’avait pourtant pas levé le petit
doigt quand une flotille turque tentant d’apporter une aide
humanitaire au Gazaouis, avait été massacrée par
Israël ! Ce retour au giron US des ramifications actuelles
des Frères Musulmans contraste avec les actes de ceux qui,
au-delà des paroles, ont véritablement vaincu Israël
militairement : en particulier le Hezbollah libanais, qui a
chassé héroïquement l’armée
israélienne hors des frontières du Liban en 2006 !
Les valeureux combattants du Hezbollah sont actuellement aux cotés
de l’armée loyaliste syrienne contre les « djihadistes »
pro-impérialistes. Le peuple turc qui est profondément
solidaire de la résistance palestinienne, voit maintenant
clair face à ces curieux « antisionistes »
de parole qui travaillent maintenant main dans la main avec Israël !
Il
s’est trouvé des analystes pour déduire des
usurpations du pouvoir par ces forces pro-impérialistes
(Ennarda en Tunisie, Frères Musulmans en Egypte, CNT en Libye)
que les révolutions seraient toujours et par nature
« manipulées » voire « déclenchées »
par des « minorités agissantes », des
complots capables de tout prévoir… Preuve est encore
faite que si de tels complots ont bien existé, notamment en
Libye pour se débarrasser d’un dirigeant non aligné
comme Khadafi en profitant des soulèvements dans les pays
voisins, ou actuellement en Syrie pour asservir par tous les moyens
l’Etat syrien, cela ne constitue pas la règle : Les
peuples, en Tunisie, en Egypte, à Bahreïn, en Arabie
Saoudite, et aujourd’hui en Turquie, mais aussi en Syrie où
des millions de citoyens s’opposent et résistent aux
ingérences djihadistes, nous montrent clairement que les
quelques « stratèges » qui nous
asservissent ne peuvent pas tout prévoir ni tout maîtriser !
Vive
la lutte du peuple turc contre le gouvernement sioniste et
pro-impérialiste !
Vive
la lutte du peuple syrien contre la coalition impérialiste
US-UE-Israël-Qatar-Arabie Saoudite-Turquie !
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