Le
Dr. Oumar Mariko, Secrétaire Général du Parti
SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et
l’indépendance) et l'altermondialiste et ancienne
ministre de la Culture malienne Aminata Traoré se sont vus
refuser des visas le 15 avril dernier. Ces deux militants maliens
devaient intervenir au parlement européen le 16 avril et à
des conférences en Allemagne et en France pour exposer leurs
arguments et débattre de la situation au Mali.
Aminata
Traoré s’était pourtant vue accorder un visa pour
se rendre à Berlin du 17 au 19 avril, mais a été
informée en dernière minute par l’Ambassade
d’Allemagne que la France avait empêché
l’obtention d’un visa pour tous les pays de l’espace
Schengen. Ainsi, nous voyons que le pouvoir français sait se
faire entendre en Europe quand c’est pour museler le débat
démocratique ! L’absence de réaction du
parlement européen face au refus de laisser intervenir leurs
propres invités montrent, une fois encore, l’asservissement
complet de celui-ci envers les impérialismes européens.
Au
même moment le 22 avril, en application
de l'article 35 de la Constitution qui soumet toute intervention
militaire extérieure au vote des parlementaires au-delà
d'une durée de quatre mois, le parlement français
(Assemble Nationale et Sénat) a voté pour la poursuite
de l’opération Serval. Les élus du Front de
Gauche n’ont pas voté pour, certes, mais ils se sont
simplement abstenus ! Ce qui est aussi une forme d’abstention
par rapport à ces refus de visa aux deux personnalités
maliennes de gauche.Nous devons rappeler que cette « intervention »
est faite :
-
soi-disant contre le « terrorisme »
alors que, d’une manière ou d’une autre, le
pouvoir français est allié à des intégristes
en Irak, en Libye (où ont été armés les
djihadistes maliens), en Syrie, au Qatar, en Arabie Saoudite,…
Comme le dit Noam Chomsky, « la meilleure manière
de lutter contre le terrorisme, c’est de ne pas y
participer » ;
-
soi-disant pour « maintenir l’unité du
Mali »… mais en s’alliant aux séparatistes
du MNLA, qui s’allièrent eux-mêmes à des
intégristes, dont leurs forces occupent les villes du Nord, le
long de la frontière algérienne ;
-
soi-disant pour « aider le peuple malien » :
cet amour soudain est pourtant peu compatible à l’acharnement
dans l’expulsion de leurs ressortissants sans-papiers, alors
qu’aucun effort sérieux n’est apporté à
la question des plus de 400.000 réfugiés et déplacés
(405 296 à la date du 4 février selon le HCR), dont
74.000 en Mauritanie, avec un taux de mortalité infantile de
3,2 décès pour 10.000 chaque jour d’après
MSF ;
-
soi-disant « légitime car à l’appel
de l’Etat malien », mais celui-ci a été
mis en place sous la pression de la France via Sarkozy ; et
« conforme au droit international », mais
Hollande et Fabius ont mis l’ONU devant le fait accompli car la
résolution 2085 ne prévoyait que des troupes
africaines ;
-
pour œuvrer à la « démocratie »
en cherchant à imposer des élections précipitées,
elles sont prévues le 1er juillet, dans un pays
meurtri et non encore stabilisé et en ostracisant 2
intellectuels maliens ;
-
pour s’opposer au surcoût de 200 millions d’euros,
même les partisans les plus acharnés de l’austérité
budgétaire n’ont plus à rien à dire,
argent qui aurait pu soulager bien des souffrances ici ou là-bas.
Tous
ces éléments montrent que cette intervention est une
nouvelle guerre coloniale dont un des soucis principaux est le
maintien de la main mise d’AREVA sur l’uranium et dans la
perspective de s’approprier le pétrole du sud sahara
algérien au bénéfice de TOTAL. Voilà
ce qu’Aminata Traoré et Oumar Mariko voulaient, entre
autres, dire et dénoncer au cœur de l’Europe et en
France.
Ce
refus inacceptable de visa est la preuve ultime que la promesse de
Hollande de rompre avec la Françafrique est foulée aux
pieds comme la quasi-totalité des autres. Une politique
réactionnaire ici ne peut se développer en progressiste
là-bas et inversement.
·
Troupes françaises hors du Mali et d’Afrique !
·
Fin du pillage de l’Afrique !
·
Liberté de circulation des personnes !
·
Halte au muselage de l’expression démocratique en
France !
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